Lecture 2024-2025
La liste devrait commencer pour l'année scolaire mais je ne sais pas où mettre mes lectures du mois d'août. Je reprends SC après trois ans de prépa... En essayant de faire des commentaires pour les livres que je lis.
50 livres
créee il y a 3 mois · modifiée il y a 1 jourPhénoménologie de la perception (1945)
Sortie : 1945 (France). Essai, Philosophie
livre de Maurice Merleau-Ponty
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Après avoir lu trop d'extraits par ci par là depuis 3 ans, je me suis dis : il faut le lire. Ca fait partie d'une volonté plus large de creuser davantage la deuxième génération de la phénoménologie. La phéno me parle mais elle me parle surtout à travers Husserl. Du coup, j'ai décide de creuser.
Il y a plein de choses intéressantes à dire sur ce livre. C'est déjà un sérieux contraste entre une philosophie empirique et les prémisses d'une ontologie de la chair. Du côté d'une philosophie empirique, on trouve les références extrêmement précises aux sciences et aux scientifiques de son époque : somatologie, neurologie... On trouve l'utilisation de desseins, de schémas, de la Gestalt Theorie... Bien loin de Husserl ici et de son rejet de l'attitude naturelle. Si Merleau-Ponty rejetera cette recherche conjointe avec la facticité scientifique (au profit de ce qu'il nomme le "préobjectif"), je pense que ce motif peut être encore fécond, par exemple en le confrontant avec la tradition pragmatique (James notamment) ou comme le fait Benoist dans Le Bruit du Sensible. De l'autre côté donc, quelque chose de plus ontologique, de plus poétique, de plus existentielle. En témoigne l'avant-propos et l'introduction. "Le réel est un tissu solide". Le chapitre sur la parole parlante ou le chapitre sur la liberté, qui clôture le livre. Je suis moins fan de cela. C'est pourquoi Merleau-Ponty oscille, dans mon esprit, entre une philosophie existentielle post-heideggérienne assez ennuyante et au contraire une de plus belles phénoménologies post-husserliennes qui existe (j'entends par là un souci de méthode et du rigoureux, en gros).
C'est pourquoi ma partie préférée reste largement la première, centrée sur le corps en tant que corps propre, notamment sur la spatialité/motricité du corps propre et sur la sexualité. J'aime aussi les analyses de l'objet dans la deuxième partie. Sur la liberté, la temporalité, autrui, je trouve que Merleau-Ponty n'apporte pas grand chose.
En passant, Emmanuel Housset a publié sur Hal une lecture cursive de la PP qui est parfois utile pour éclairer le texte (même si je trouve que le cours est assez léger ; enfin une lecture cursive d'un livre de plus de 500 pages, ce n'est pas étonnant...)
La Mélancolie de la résistance (1989)
Az ellenállás melankóliája
Sortie : 2006 (France). Roman
livre de László Krasznahorkai
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
J'adore l'Europe de l'Est. Du coup, je profite de la fin de la prépa pour lire de la littérature de cette région. J'ai lu Solénoïde de Cartarescu récemment, c'était super. De la Hongrie, j'avais déjà lu, et beaucoup aimé, le Kaddish de Kertesz. Il me semble que Kertesz et Krasznahorkai sont les deux plus grands auteurs hongrois du 20e siècle. Il fallait donc que je lise un de ses romans.
Je ne sais pas trop pourquoi j'ai choisi celui-ci. J'ai vu il y a longtemps l'adaptation de Bela Tarr. Je m'étais endormi je crois, je me rappelais juste de la grosse baleine. Il n'y avait pas tellement de choix sur zlib donc j'ai pris celui-ci.
C'était bien, mais peut-être pas assez. J'ai beaucoup aimé la première partie, surtout le tout début dans le train, sans trop savoir pourquoi. Il y avait un côté thriller intéressant, quelque chose d'assez cinématographique. Après, les "Harmonies Werckmeister" c'était bien aussi, mais j'ai trouvé ça peut-être un peu lourdeau, trop nietzschéen, trop adolescent. Cette littérature post-humanité, je trouve ça finalement assez vain. Il n'empêche que certains passages étaient vraiment supers. J'adore quand Janos fait imiter le système solaire dans un bar. C'est vraiment bien.
Sur la fin, on retrouve quelque chose d'assez lourd, pas très subtil. Niveau stylistique, la construction des phrases est vraiment intéressante, même si c'est difficile de juger une traduction. C'est vraiment une écriture qui finit toujours par retomber sur ses pattes, c'est assez fascinant. Il faudrait écrire sur la phrase krasznahorkaienne.
Soi-même comme un autre (1990)
Sortie : 1990. Essai, Philosophie
livre de Paul Ricoeur
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
Là aussi, comme pour la PP de Merleau-Ponty, la volonté de lire en entier, dans sa systématicité, une oeuvre que je n'arrêtais pas de survoler et d'atomiser, extrait par extrait. Toujours aussi dans cette même volonté d'approfondir la deuxième génération de phénoménologues (menfin, Ricoeur fait-il vraiment partie de cette seconde génération ?). Honnêtement, j'adore vraiment Ricoeur. Peut-être mon philosophe français préféré. J'aime son didactisme, sa pédagogie, son ouverture (sérieusement qui arrive à caler de manière fluide et intéressante dans un même chapitre Anscombe, Parfit, Davidson, Heidegger, Ravaisson...), sa métaphilosophie, son souci de la concrétude... Lorsque l'on lit Ricoeur, il y a toujours un double éclaircissement. Vis-à-vis des théories qu'il discute et vis-à-vis de la thématique qu'il discute.
Toute personne en prépa devrait lire Ricoeur pour faire des dissertations de fou. Il y a trop d'exemples. Genre sur l'imitation ou la mimésis, la théorie de la triple mimésis (Temps et Récit I) permet de faire clairement un plan en trois parties qui s'articule parfaitement. Sur l'idéologie, il y a juste aussi à suivre la tripartition qu'il propose dans Du texte à l'action. Ou même sur l'identité personnelle ici, entre l'idem et l'ipse, Ricoeur met vraiment en place une dialectique facilement réappropriable. Il faut lire Ricoeur pour comprendre l'exercice de la dissertation amha.
Plus précisément, sur Soi-même comme un autre, j'ai aimé beaucoup de choses. Sur les quatre premières études "analytiques", Ricoeur a déjà l'intérêt de présenter des théories que personne ne présente alors qu'elles sont essentielles. J'ai lu un peu sur Strawson en anglais, mais la présentation qu'en fait Ricoeur éclaire vraiment sa métaphysique descriptive. C'est pareil pour Davidson et Anscombe, même si pour ces deux auteurs, la littérature critique a le mérite d'exister. Sur Austin, j'ai trouvé ça un peu léger (sans doute parce que c'est celui que j'ai largement le plus lu des 4). Il y a davantage à faire sur la théorie de l'énonciation, me semble-t-il, pour théoriser l'identité.
Les deux chapitres sur l'identité personnelle et narrative sont très bien. J'ai toujours été séduit par l'idée d'une identité narrative, qui me semble proche de mes intuitions intramondaines et quotidiennes. Pareil, Parfit est très bien présenté. Sur la petite éthique, le passage sur l'amitié par Aristote est super. Je trouve que la question de l'amitié a pas assez été creusé sur le plan ph
Les Elégies (1990)
Sortie : 1990 (France). Poésie
livre de Emmanuel Hocquard
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
J'avais le PDF sur mon téléphone pendant quelques jours, je lisais les élégie dans les trous de la vie. J'ai pas retenu grand chose. J'ai bien aimé le jeu graphique. Je le relirais un jour. J'aime bien faire des lectures comme ça, qui semblent ne rien apporter mais qui apportent quand même.
Les plus beaux textes de la Bible
Sortie : 19 janvier 2006 (France). Vie pratique
livre de Guy Bedouelle et André Turcat
Dear Teddie a mis 6/10.
Annotation :
Une flemme de log les livres que j'ai lu sur la théologie chrétienne. En gros je voulais lire des introductions sur la théologie chrétienne, sur l'exégèse biblique, et sur la bible en général.
J'ai lu :
- Que-sais-je sur la théologie de Bedouelle
- La Théologie, édition Eyrolles, manuel de base que je recommande, pour sa clarté et sa complétude
- Un peu des deux QSJ sur l'Ancien et le Nouveau Testament
Presque une systématicité à être d'accord avec l'hétérodoxie chrétienne et ses hérésies. Je déteste le catholicisme. Il faut être malade pour ne pas remettre en question le fonctionnement de l'Eglise catholique de nos jours... bref
Introduction à la théologie chrétienne (1974)
Sortie : 1974 (France). Essai, Philosophie
livre de Claude Tresmontant
Dear Teddie a mis 5/10.
Annotation :
Pas ouf. C'est fou le complexe de certains penseurs vis-à-vis des critères gnoséologiques et épistémiques des sciences expérimentales. Néanmoins, il est précis quant aux différents conciles, événements importants et la perspective généalogique a des avantages.
Paul Ricoeur (2013)
Sortie : 16 janvier 2013. Biographie
livre de Jean Grondin
Dear Teddie a mis 7/10.
Annotation :
Le QSJ est pas si mal. Sans doute trop centré sur l'herméneutique, mais c'est un choix assumé par Grondin. Je trouve ça difficile de toute façon de résumer l'oeuvre de Ricoeur tant elle est éclectique dans les méthodes philosophies choisies, ainsi que les thèmes traités. De ce point de vue, Grondin offre des clés pour une lecture systématique de l'oeuvre de Ricoeur. Mais encore faut-il que
La Construction de la réalité sociale (1966)
The Construction of Social Reality
Sortie : 1966. Essai, Philosophie
livre de John Searle
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Pas mal de temps que je l'avais acheté en passant un jour par Vrin. Je l'avais toujours mis de côté après avoir lu l'introduction en me disant qu'il fallait bien maîtriser Austin et la théorie des actes de langage. Je croyais alors qu'entre Austin et Searle, il n'y avait quasiment pas de différence... Lourde erreur... Au final, je l'ai lu parce que je ne savais pas quoi lire et que je voulais lire sur papier et pas en numérique. Il n'y a pas besoin d'être un spécialiste des speech acts pour comprendre le livre.
Le livre est intéressant même si un peu répétitif. Mais le style est clair et la première grande partie qui porte fondamentalement sur la construction de la réalité sociale ouvre quand même des perspectives : sur l'agentivité, sur l'assignation de fonction, sur la distinction entre règles constitutives et règles régulatives notamment. Je trouve que ça manque de développement sur l'intentionnalité collective, on ne comprend pas véritablement sa mise en place, sa genèse, son fonctionnement... De même, pour la notion d'Arrière-plan qui semble pouvoir être assimilée à plein d'autres concepts de l'histoire de la philosophie (à la fois continentale et analytique). Après, cette notion est présente dans toute l'oeuvre de Searle et il indique lui-même être allusif.
Ce qu'il y a de véritablement réjouissant dans cette première partie, c'est la mise en place d'une ontologie. Il me semble qu'en France, on est quand même bercé philosophiquement dans un climat post-kantien, obnubilé par la Ding an sich. Résultat : une certaine peur de statuer sur le réel et ses caractéristiques grâce à des outils logiques et linguistiques. Ainsi, lire de l'ontologie (ici ontologie sociale) me détend toujours.. Ce non-refus de l'ontologie peut d'ailleurs créer des ponts sympas, je le pense, entre phéno et analytique.
Le livre est aussi attrayant pour des personnes qui ont étudié la sociologie, voire pratiqué n'importe qu'elle science sociale. La perspective change par rapport aux théories sociales élaborées par la plupart des sociologues français et américains. Et, à part les pragma, pas sûr que beaucoup de sociologues actuels aient lu Searle et en aient tiré quelque chose. Alors qu'il y a évidemment quelque chose à en faire. Il faudrait que je me penche sur l'oeuvre de Laurence Kaufmann. En tout cas, la conclusion qui prône un certain naturalisme rationaliste en sociologie reste assez étrangère aux traditions sociologiques françaises.
Hilary Putnam, l'héritage pragmatiste
Sortie : 11 juillet 2002 (France). Essai, Philosophie
livre de Claudine Tiercelin
Dear Teddie a mis 6/10.
Annotation :
Livre assez étonnant pour introduire à Putnam. Pas hyper pédagogique, je trouve. Après, on retrouve quand même toutes les contributions essentielles de Putnam mais ça va un peu dans tout les sens.
J'aime vraiment Putnam, du peu que j'ai lu, un des premiers philosophes où je me dis faire une thèse sur lui, ce serait pas déconnant. J'aime bien sa philosophie des mathématiques notamment.
Les Braises
A gyertyák csonkig égnek
Sortie : 1942 (France). Roman
livre de Sándor Márai
Dear Teddie a mis 7/10.
Annotation :
Je continue dans la littérature hongroise avec peut-être LE classique.
(J'avais écrit tout une critique mais Senscritique est un site de fils de pute qui l'a supprimé.
Raison, vérité et histoire (1981)
Reason, Truth and History
Sortie : 15 novembre 1984 (France). Essai, Philosophie
livre de Hilary Putnam
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Il faudrait engager une réflexion métaphilosophique sur l'importance des expériences de pensée dans toute une partie de la tradition analytique : Parfit, Putnam, Goodman... C'est vraiment un procédé méthodologique très intéressant, comparable à d'autres sur le continent. Ricoeur, dans Soi-même comme un autre, engage un peu cela, en s'intéressant de près à la méthode des puzzling cases de Parfit. Ce n'est pas étonnant, il y a de vraies affinités entre les expériences de pensée et la variation eidétique husserlienne.
Je n'ai pas tout lu du livre, car je m'étais dit : allez on lit en anglais, mais c'était vraiment épuisant passé la centaine de pages. Mais, en bon kantien, j'adore Putnam.
(j'avais écrit une critique plus longue, mais elle a été supprimé. Je comprends toujours pas le fonctionnement du site).
Le Réalisme à visage humain (1990)
Realism with a Human Face
Sortie : 1994 (France). Essai, Philosophie
livre de Hilary Putnam
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
J'ai continué Putnam en français, j'avais le livre. L'introduction de James Conant est pas mal, je l'ai lu avec beaucoup d'attention. Sinon, on retrouve grosso modo les mêmes thématiques que dans Reason, Truth and History avec toutefois un accent davantage porté sur l'histoire de la pensée : confrontation avec l'externalisme sémantique de Kripke, référence constante à Stanley Cavell... On sent même le début du réalisme naturel pointer le bout de son nez. Je n'ai pas tout lu, il y a des articles vachement techniques. Ca me rappelle qu'il faudrait que je continue les maths et que je mette sérieusement à la logique... aaaah
William James : l'attitude empiriste
Sortie : novembre 2008 (France).
livre de Stéphane Madelrieux
Dear Teddie a mis 7/10.
Annotation :
Je ne connaissais quasiment rien à James, si ce n'est quelques truismes et banalités, ou ses divergences vis-à-vis d'autres philosophes (Husserl sur la conscience, Dewey sur l'expérience...). Mais, la littérature sur James en France reste relativement pauvre. Je ne suis pas sûr que l'ouvrage de Madelrieux soit le plus parfait en guise d'introduction. Il a le désavantage d'être rudement long. Je n'ai lu que la première et la deuxième partie (mine de rien plus de 300 pages) rejetant à plus tard la dernière partie. Le livre reste bon et très sourcé et permet une vue systématique de James mais j'avoue que les longs développements sur Renouvier, sur des psychologues allemands ou sur des médecins américains étaient un peu rébarbatifs, de mon point de vue. Après, le livre permet de développer, par ses références multiples, une vraie généalogie intellectuelle de l'oeuvre de James. Il faudra un jour que je relise ces deux parties.
Sur James plus particulièrement, des choses m'ont intéressées, d'autres moins. Son analyse de la conscience, en tant que lecteur de Husserl, m'a vraiment intéressé. Les concepts de "franges", de "halo"... sont vraiment porteurs d'une conceptualisation fine de la passivité, qu'on retrouve dans le Husserl post-1917. De même pour les analyses spatiales et temporelles. Le dépassement de l'empirisme et du nativisme me paraît globalement prometteur. Montrer qu'il y a une "base" innée qui permet ensuite le développement d'une certaine construction, ce sont des conceptions qu'on retrouve dans l'ontologie sociale de Searle par exemple. Le refus de l'associationnisme m'a parlé aussi, moi qui le prenait comme peu critiquable de l'intérieur, après avoir pas mal lu sur Hume. Sur le corps, j'avoue j'ai un peu sommeillé. La reprise de Renouvier m'a clairement ennuyé. Les néo ou post kantiens français, je trouve ça terriblement nul dès que j'en entends parler.
Je connaissais davantage déjà les choses présentées dans la deuxième partie, notamment sur la méthode pragmatique (j'ai un peu lu sur Peirce). Pas grand chose à dire sinon que l'exemple et l'image du pistolet pour développer une théorie de la signification-action, c'est vraiment stylé. La partie sur le "pragmatisme" m'a ennuyé aussi. Enfin, sur le pluralisme, c'était hyper intéressant. C'est vraiment ce qui m'a le plus parlé. Notamment sur le concept de nouveauté. On avait fait en classe, il y a plus d'un an, un exercice de dissertation sur la nouveauté. Je n'avais pas été convaincu du tout par
Le Même et l'Autre
Quarante-cinq ans de philosophie française (1933-1978)
Sortie : 1979 (France). Essai, Philosophie
livre de Vincent Descombes
Dear Teddie l'a mis en envie.
Annotation :
J'avais déjà lu quelques passages sur certains auteurs (Merleau-Ponty notamment). Là, j'ai lu le chapitre sur Derrida, en guise d'introduction à sa pensée. C'est très bien. J'adore toujours Descombes. Le portrait est parfois peut-être un peu trop caricatural. Mais, il introduit bien à ce qu'on pourrait appeler la grammaire de Derrida, plus qu'à sa pensée en tout cas. Puis, Descombes c'est toujours très imagé, très parlant quant aux exemples...
J'ai lu aussi le QSJ de Assouly sur Derrida en parallèle. Je l'ai trouvé un peu chiant. C'est rare les bons QSJ/Repères. Par exemple celui sur Nietzsche de Granier est vraiment super mais sinon, j'ai pas d'autres exemples en tête.
Le Tournant herméneutique de la phénoménologie (2003)
Sortie : 1 avril 2003. Essai, Philosophie
livre de Jean Grondin
Dear Teddie a mis 6/10.
Annotation :
Je viens de finir le livre en lisant le dernier chapitre sur Derrida. Globalement éclairant et cohérent. Je préfère quand même son QSJ sur l'herméneutique qui est plus clair.
La Voix et le Phénomène (1967)
Introduction au problème du signe dans la phénoménologie de Husserl
Sortie : février 2004 (France). Essai, Philosophie
livre de Jacques Derrida
Dear Teddie a mis 7/10.
Annotation :
Ca fait longtemps que j'avais acheté ce livre de Derrida. Je trouvais que le nom était beau et qu'une étude sur les Recherches Logiques de Husserl, c'était stylé.
Pour clôturer cette courte - inexistante presque - introduction à la pensée de Derrida, j'ai décidé de le lire. J'avais déjà lu quelques passages. Ce qui est assez fabuleux, c'est vraiment la méthodologie étonnante que met en place Derrida sur la lecture de RL1. Comme il le dit lui-même, on ne sait parfois plus si l'on est dans le commentaire ou dans l'interprétation. La précision du lire m'a, en tout cas, marqué.
Le livre est intéressant aussi parce qu'il offre finalement une entrée assez facile dans la pensée du premier Derrida, comme le fait son introduction à l'OG ou même De la Grammatologie. Notamment sur le concept de trace, de supplément d'origine, mais surtout comme déconstruction d'une métaphysique de la présence inhérente au projet soit-disant neutre métaphysiquement des RL de Husserl.
Ce qui est peut-être un peu décevant, c'est que, finalement, les grammaires de Husserl et Derrida semblent parfois presque incompatibles. Comme si Derrida s'auto-commentait presque. Les RL de Husserl restent extrêmement techniques, empreintes de Bolzano, de Brentano, du logicisme et des mathématiques de l'époque. Derrida ne s'appuie pas sur ces ressources logiques et mathématiques qui sont quand même au coeur de l'ouvrage, comme le montre par exemple les premiers travaux de J. Benoist.
La Denrée mentale (1995)
Sortie : 1995 (France). Essai, Philosophie
livre de Vincent Descombes
Dear Teddie a mis 6/10.
Annotation :
Ca faisait une éternité que je voulais lire ce livre mais il n'était pas disponible sur Internet. Dès que j'ai eu accès à la bibliothèque de Ulm, je suis allé le chercher et je l'ai lu.
Un peu déçu peut-être. En fait, un peu l'impression que le livre n'a valeur que négative en faisant un catalogue très critique du cognitivisme à la Fodor. Je suis un peu resté sur ma faim. L'impression que Descombes se perd parfois dans les détails sans que l'on sache vraiment pourquoi. En même temps, Descombes annonce dès le début que ce livre n'en est pas vraiment un sans les Institutions du Sens (que j'ai commencé à lire, mais arrêté après la partie sur le holisme, par flemme). Du coup, la position externaliste et social du mental n'est pas vraiment développé dans ce livre.
Ce que je trouve néanmoins intéressant, c'est l'intuition qu'a Descombes de relier deux thématiques que je n'avais jamais pensé à relier, malgré des sémantiques similaires : la philosophie de l'esprit (dans une veine analytique donc) et l'épistémologie des sciences sociales, c'est-à-dire, comme on le dit parfois, des sciences de l'esprit. Cela permet de dresser un joli pont entre des traditions différentes.
Ce que j'aime aussi chez Descombes, et donc aussi dans ce livre, c'est les exemples et leur inventivité formelle et matérielle.
Recherches logiques, tome 1 (1990)
Prolégomènes à la logique pure
Logische Untersuchungen
Sortie : 2003 (France). Essai, Philosophie
livre de Edmund Husserl
Dear Teddie l'a mis en envie.
Annotation :
Attention : J'ai lu La Phénoménologie des Recherches Logiques de R. Schérer et non les Recherches Logiques en elle-même (enfin, je les ai pas mal lu aussi). Le livre n'était pas dans la base de donnée, j'avais la flemme de le log, surtout avec la nouvelle version, ça ne marche pas, c'est une galère.
Le livre de Schérer est relativement bien, je trouve, même s'il date et qu'il n'est trop disponible, à part en bibliothèque. Perso, je l'ai emprunté en bibliothèque. En fait, c'est surtout la seule véritable introduction, pas trop technique, cursive et pédagogique, des Recherches Logiques de Husserl. C'est assez étonnant comment en France, Husserl, c'est le Husserl post-1913, notamment dans les bibliographies même si ça a changé pas mal depuis les années 90 (merci Jocelyn Benoist).
Le livre suit les RL des Prolégomènes à la Sixième Recherche Logique en exposant toujours le plan, les intentions des recherches et leurs structures. Ca reste assez technique. J'ai surtout travaillé sur les 5 premières. J'ai du relire 2 ou 3 fois sur chaque recherche, pour bien saisir et pour prendre des notes convenablement. Mais, j'étais quand même vachement content de pouvoir avoir quelque chose d'accessible sur les LU. Et surtout, quelque chose qui essaye relativement de sortir de l'interprétation.
C'est aussi ça le problème des Recherches Logiques, c'est que le texte est diablement équivoque, ce qui donne lieu à une profusion d'interprétations. Rien que sur RL1, j'ai du lire au moins 6 interprétations différentes : Derrida, Granel, Benoist, Gallerand... En bref, ça permet de faire le clair même si c'est un peu daté et que le livre ne bénéficie pas des avancées récentes en histoire de la philosophie.
Peut-être que maintenant je préfère le Husserl réaliste tiens...
Intentionnalité et langage dans les recherches logiques Husserl
Sortie : 19 septembre 2001 (France). Essai
livre de Jocelyn Benoist
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Du coup, j'ai enchaîné avec un des classiques de Benoist sur les Recherches Logiques. C'est un peu mon futur goat Jocelyn Benoist, je le sens, mais, en fait, je connais mieux son tournant réaliste que ses travaux en histoire de la philosophie sur le post-bolzanisme et le premier Husserl.
Après avoir une connaissance relativement claire des RL, le livre est asez aisé à lire. Il permet de bien resituer Husserl dans les astres qui l'entourent : Twardowski, Meinong, Marty, Frege... Le bémol, c'est Benoist qui s'amuse à ne pas structurer 40 pages d'un même chapitre en sous-parties. Ca rend la lecture éprouvante (mais ça permet aussi un vrai continuisme).
La lecture, en philosophe du langage, de ce Husserl, est vraiment intéressante. Perso, j'ai plutôt été baigné dans le partage qu'instaure Romano dans Au Coeur de la Raison entre une philosophie analytique langagière et une phénoménologie pré-langagière. Ici, c'est vraiment l'intention(n)alité du langage qui sert de paradigme à l'intentionalité des vécus de conscience. Ca permet de rendre compte avec plus de clarté des quatre premières Recherches Logiques. Je reste assez convaincu par l'analyse husserlienne de la signification, son détour du mythe de la signification quinien. Sur les objets généraux, c'est aussi clair la filiation et le rejet husserlien quant aux analyses psychologico-descriptives de Brentano.
Le livre de Benoist me semble vraiment utile pour sa recontextualisation du corpus husserlien, de la Philosophie de l'Arithmétique aux Recherches Logiques (voire aux cours sur la signification de 1908). Mais, il permet aussi de nouvelles réflexions comme celle sur l'intentionalité et le rejet d'une conception idéaliste-constitutive-transcendantale de l'intentionnalité comme constitution. Des choses restent assez peu claires, de par leur technicité et les connaissances requises. Je relirais certains passages, notamment la conclusion après avoir davantage bossé sur Frege.
L'Esprit et le Monde
Sortie : septembre 2007 (France). Essai, Philosophie
livre de John McDowell
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Un classique de la philosophie américaine des trente dernières années. Ca faisait pas mal de temps que je voulais le lire, le sachant peu long et relativement accessible (en gros, il n'y a pas de logique, prédicative, déontique ou modale...). C'est aussi que les mélanges récents entre philosophie analytique, pragmatisme et idéalisme allemand du 18e m'intéressent pas mal. En bon lecteur de Kant, je ne peux qu'être attiré par McDowell. Et puis, ça me permettait de lire en anglais, même si ce fut vraiment difficile, par moment.
La thèse centrale du livre – que le contenu de la perception est déjà conceptuel – reste, je trouve, difficile à comprendre. C'est assez flou. On comprend bien, par contre, que McDowell cherche à échapper à Charybde et Scylla, au mythe du donné (qu'il soit positiviste ou phénoménologique) et au cohérentisme davidsonien (plus généralement à l'idéalisme absolu). Malgré cette relative incompréhension, pas mal d'idées sont à retenir de mon côté : l'idée d'ouverture sur le monde (openess), l'idée de seconde nature dans une veine aristotélicienne, l'idée de Bildung couplée avec une naturalisation de la spontanéité kantienne, mais aussi plus techniquement la conception disjonctiviste de la perception, qui fait concert avec Austin.
Ce qui me met le plus mal à l'aise, c'est la non-rigueur mcdowellienne dans l'exégèse du texte de Kant. McDowell répète toujours les mêmes poncifs sur Kant, ne cite que rarement dans le texte et attaque parfois Kant sur des choses qu'il a lui-même pensé. Typiquement, McDowell accuse Kant de ne pas avoir pensé la "seconde nature". Mais, toute la philosophie de l'histoire et la philosophie du droit de Kant est bien cet effort de penser le rapprochement asymptotique de la nature et de la pensée sur un plan téléologique, pensé comme Bildung. Je trouve le reproche vraiment bizarre. Un peu comme quand Ricoeur fait des reproches aux analytiques dans une grammaire tout à fait différente de la leur.
Réduction et donation (1989)
Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie
Sortie : 1989 (France). Essai
livre de Jean-Luc Marion
Dear Teddie a mis 5/10.
Annotation :
Trop nul. Nan en vrai, il y a des trucs bien mais ça m'a tellement ennuyé. Le concept de donation est intéressant mais les longs développements oisifs sur Husserl et Heidegger, vraiment la flemme. Je n'aipas réussi à tout lire.
Deux textes me semblent plus intéressants que les autres. Le premier "La percée et l'élargissement" et le dernier, qui fait figure d'appendice qui permet d'ouvrir sur la suite de la trilogie de la donation : Etant donné et De surcroît. La contre-lecture de Derrida (La voix et le phénomène) que propose Marion dans le premier texte reste intéressante. Finalement, le concept central de la phénoménologie serait celui de donation contre la vision d'un Husserl intuitiste pénétré de part en part par la "métaphysique de la présence". Mais bon, avec le concept de donation, on obtient pas grand chose non plus.
Sa théorie des phénomènes saturés me semble plus intéressante que ce livre, qui fait figure, il me semble, de prolégomènes à la trilogie du donné...
Du point de vue logique (1953)
Neuf essais logico-philosophiques
From a Logical Point of View: Nine Logico-Philosophical Essays
Sortie : décembre 2003 (France). Essai, Philosophie
livre de Willard Van Orman Quine
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
« On What There Is » : Article très important dans l'histoire de la philosophie contemporaine. Il marque le renouveau de la métaphysique en contexte analytique. En effet, l'article se centre sur la question ontologique. L'argument est le suivant : être, c'est être la valeur d'une variable quantifiée dans un système logique. Cela permet de résoudre les paradoxes apparents des objets inexistants type Pégase... La résolution de ces paradoxes passe par la théorie des descriptions définies de Russell. Quine conclut sur le critère d'engagement ontologique des théories scientifiques : celui-ci doit être guidé par un souci de simplicité et d'économie ontologique.
« Two Dogmas of Empiricism » : Je ne l'ai pas relu. Je l'ai lu plusieurs fois, il y a pas mal de temps. Article encore une fois très important dans l'histoire de la philosophie contemporaine. Quine détruit la division positiviste entre analytique et synthétique par le concept de synonymie. Tout devient synthétique, ce qui permet une véritable naturalisation des systèmes scientifiques. Le deuxième critique le réductionnisme, tel qu'il est présent dans l'Aufbau de Carnap. Cela permet de mettre en place un holisme épistémologique : ce sont l'ensemble de nos propositions théoriques qui font l'expérience de la réalité en même temps.
« The Problem of Meaning in Linguistics » : Encore une fois, article extrêmement important, qui ouvre sur les thèmes quiniens du mythe de la signification et de l'indétermination de la traduction. Tout l'article est une expérience de pensée qui compare les démarches d'un grammairien et d'un lexicographe face à un langage totalement inconnu. Quine montre alors que le travail du grammairien est impossible sans le travail du lexicographe. En effet, pour mettre à jour des structures grammaticales, il faut remonter aux phomènes qui sont eux l'objet du lexicographe. Le lexicographe lui s'aide du concept de synonymie mais ne peut jamais être sûr qu'il trouve la même signification que celle utilisée par la population indigène. Le critère de substituabilité salva veritae n'étant pas suffisant. Bref, nous sommes en situation de traduction radicale. Quine introduit aussi une distinction opératoire entre la signification comme « avoir une signification » et la signification comme « synonymie ».
« Identity, Ostension and Hypostasis » : Article sans doute moins fondateur. Plus technique aussi. J'ai eu un peu de mal. En gros, on peut dire que le texte se centre sur le problème de l'identité
Empirisme et philosophie de l'esprit (1956)
Sortie : 1992 (France). Essai, Philosophie
livre de Wilfrid Sellars
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Livre très dense, qui part dans tous les sens. J'ai beaucoup de mal à comprendre Sellars, depuis que je connais un peu son oeuvre. J'avais lu l'article de Mathias Girel. Lu en entier le manuel de Bandini aux PUF mais ça restait relativement flou. Et, j'ai essayé de lire en entier. Je n'ai pas tout lu, mais j'ai bien travaillé avec le Study Guide que propose Brandom à la fin de l'ouvrage.
Beaucoup de thématiques intéressantes chez Sellars. Evidemment, le “mythe du donné”, la seule chose que l'on connaît de lui souvent. Ce qui est vraiment intéressant, c'est non pas de s'attaquer aux sense-datum à la Ayer mais vraiment à tous les types de donnés possibles. Je trouve que la thématique du “donné” est quelque chose de relativement porteur dans la philosophie actuelle, notamment à la suite des travaux de Jocelyn Benoist. Tant dans la phénoménologie que dans la philosophie analytique, le concept de “donné” est central. Je pense qu'il serait intéressant de creuser de mettre davantage en conflit “donné catégorial” et intuition catégoriale husserlienne.
On peut citer pêle-mêle d'autres idées très importantes : le refus de la distinction entre l'être et le paraître, l'idée d'une sémantique fonctionnelle et holiste, le dépassement du behaviourisme ryléen par le mythe de Jones...
Idées directrices pour une phénoménologie (1913)
Ideen zu einer reinen Phänomenologie und phänomenologischen Philosophie
Sortie : 1985 (France). Essai, Philosophie
livre de Edmund Husserl
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Relu pas mal de passages. Notamment la première section sur l'opposition fait/essence et la science éidétique que je n'avais jamais vraiment lu, obnibulé par la conscience ; malheureux idéalisme de jeunesse... Les Ideen sont vraiment un livre très étrange, pas très clair, creux mais en même temps extrêmemen riche. C'est une grande énigme. La controverse analytique sur le noème en témoigne.
Ce qui m'a intéressé lors de cette relecture extrêmement partielle, c'est ce qu'on pourrait appeler les "effets de structure" de Husserl. Malgré le caractère très épars des écrits de Husserl, on a parfois l'impression qu'il y a une véritable structure où tout se range. Jocelyn Benoist parle d'ailleurs du travail de Jacques English comme d'un structuralisme phénoménologique. On retrouve pas mal d'échos à cela dans les Ideen. En cela, la mise en place dès le début des paragraphes éidétiques est intéressant. Je pense que ce niveau structural de la phénoménologie transcendantale explose lorsque l'on met en parallèle réduction éidétique et réduction phénoménologique. La réduction éidétique est ce qui permet la réduction phénoménologique, en comprenant que ce qui fait l'essence de la conscience, c'est son indépendance vis-à-vis de la thèse d'existence du monde (dit grossièrement). Mais, en même temps, ce n'est qu'à partir d'une position phénoménologique, c'est-à-dire, après la réduction phénoménologique, que l'on peut véritablement contempler les essences. Le serpent se mange la queue et c'est vraiment très fort, je trouve.
L'idée de phénoménologie (2001)
Sortie : 2001 (France). Philosophie
livre de Jocelyn Benoist
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
Très beau livre du premier Jocelyn Benoist.
Le premier texte fait un retour réflexif sur l'histoire de la phénoménologie en France. Le texte n'a d'autre vertu que de rendre clair les différentes inflexions de la phénoménologie des 70s, 80s et 90s. Le texte est un peu daté au vu de l'énorme regain d'intérêt pour Husserl. Pour ma part, je trouve qu'il y a un peu un double destin de la phénoménologie husserlienne qui est très intéressant. D'un côté, on a Husserl qui fait l'épreuve de l'extraodinaire, de la limite, pour reprendre l'expression de Sebbah : on retrouve de ce côté le visage de Levinas, la déconstruction de Derrida, Michel Henry ou encore la théorie des phénomènes saturés de Marion. D'un autre côté, on a Husserl qui fait au contraire l'épreuve de l'ordinaire et du quotidien : on y retrouve tous les travaux sur le Lebenswelt, sur la société selon Husserl (Schütz, Bégout, voire Ricoeur et plein d'autres). Cette dualité me semble intéressante sur le plan de l'histoire des idées.
Le second texte est le plus fameux "Qu'est-ce qui est donné". C'est un peu une eidétique du donné. Benoist dégage trois possibilités du donné : le donné comme représentation hylémorphique, le donné comme présence et le donné comme extériorité. Il rejette les deux premières et modifie la troisième pour échapper à un mythe de l'intérieur/extérieur. Finalement, le donné est défini comme événement gratuit qui détotalise sans cesse le monde. C'est assez grandiloquent mais c'est un beau texte. Finalement, les trois grandes propriétés du donné sont les suivantes : sa contingence, son immédiateté et sa singularité. Le texte finit par une "déthéologisation" du donné qui n'est pas sans rappeler le titre du livre de Matthieu Contou.
Je suis passé assez vite sur le texte sur la subjectivité et celui sur la théologie, car pas hyper intéressé.
Enfin, le dernier texte questionne l'idée même de phénoménologie, c'est-à-dire d'une philosophie qui fait du voir sa modalité première et de la description sa méthode. Husserl et Wittgenstein sont mis en relation pour mieux critiquer la phénoménologie de l'extérieur.
Eléments de philosophie réaliste (2011)
Sortie : 24 mai 2011. Essai, Philosophie
livre de Jocelyn Benoist
Dear Teddie a mis 8/10.
Annotation :
Livre assez énigmatique, davantage un exercice de méthode d'une philosophie absolument réaliste qu'un contenu doctrinal fort. En cela, à sa lecture, le livre donne un double sentiment contradictoire. Celui d'une densité conceptuelle forte et en même temps, on reste un peu sur sa faim. Comme si le livre n'était que prolégomènes. Ca reste néanmoins très porteur.
Le but de Benoist, dans ce livre, c'est de montrer que toutes nos grandes catégories métaphysiques s'ancrent dans la réalité. Ainsi, en va-t-il de la représentation, de l'intentionalité, de la pensée... Plus précisément, ce réalisme est contextuel, c'est-à-dire que toutes nos activités dépendent toujours d'une certaine situation qui nous oriente dans nos activités. Ainsi, l'intentionalité est-elle réformée par une clause d'adéquation.
J'ai beaucoup aimé la thèse du "silence du contexte". Il y a encore beaucoup à faire de ce côté là, je pense. De même, l'usage des exemples est assez intéressant. Ce sont toujours des exemples très simples, ordinaires qui guident la réflexion.
Il faudrait que je le relise tout de même, ça reste très dense et je n'ai pas tout compris, ou plutôt saisi.
Le Pont sur la Drina (1945)
Na Drini ćuprija
Sortie : juillet 1999 (France).
livre de Ivo Andrić
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
C'est un peu du Bruno Latour ce livre en fait, faire l'histoire d'un objet, d'un pont avec sa temporalité inhérente... Magnifique.
Les Universaux (1989)
Une introduction partisane
Universals: An Opinionated Introduction
Sortie : 24 septembre 2010 (France). Essai, Philosophie
livre de David Armstrong
Dear Teddie a mis 7/10.
Annotation :
Livre très clair. Un peu ennuyant quand même. La métaphysique (notamment analytique) m'intéresse vraiment, mais au fond de moi, je n'arrive pas à croire en sa possibilité.
"There is no God’s Eye point of view that we can know or usefully imagine; there are only the various points of view of actual persons reflecting various interests and purposes that their descriptions and theories subserve. (‘Coherence theory of truth’; ‘Non-realism’; ‘Verificationism’; ‘Pluralism’; ‘Pragmatism’; are all terms that have been applied to the internalist perspective; but every one of these terms has connotations that are unacceptable because of their other historic applications.)" (Putnam, 1981)
Le Bruit du sensible (2013)
Sortie : novembre 2013. Essai, Philosophie
livre de Jocelyn Benoist
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
Un livre plus concret au sein du « tournant réaliste » de Jocelyn Benoist. Moins aride que Concepts et EPR. On sent dans le livre une méta-philosophie très wittgensteinienne et austinienne, où Benoist s'attache à dégonfler largement les faux problèmes de la philosophie de la perception.
Les buts sont multiples. Il faut déjà sortir du paradigme intentionaliste pour éviter de faire de la perception un simple corrélat d'une activité théorétique. Le réalisme de Benoist est bien présent : nous devons écouter le bruit du sensible. Cela passe notamment par affirmer la perméabilité du conceptuel et du perceptuel. Les deux ne sont pas séparés. Benoist réaffirme aussi, à plusieurs endroits, l'importance du contexte et de la situation. Benoist s'attaque aussi au faux débat du disjonctivisme, qui tend à traiter le motif perceptif comme un simple matériau dans une construction épistémique. De belles pages sont dédiées à l'hallucination et à l'illusion. Il ne faut pas traiter la perception comme une donnée extérieure.
Les trois chapitres sont, il me semble, les plus porteurs. Par le motif de la surprise, Benoist commence par réfuter une soi-disant intentionalité de la perception. La surprise témoigne bien d'une réalité qui nous guide dans notre perception et non l'inverse. La discussion croisée entre Husserl et Davidson est très intéressante, de même que l'exemple de la symphonie de Haydn. Sur le « silence des sens », un beau parallèle entre un Merleau-Ponty qui ne va pas jusqu'au bout et une belle redécouverte de Levinas par le son. Jusqu'au dernier chapitre qui va finir par définir la perception dans un cadre poétique et non plus théorétique.
Ce qui m'intéresse le plus dans ce livre, ça reste les réflexions sur le bruit. Benoist le dit : la philosophie n'aime pas le bruit. Je pense qu'il y a beaucoup à faire de de côté là. Le paradigme de la vue dans la philosophie de la perception devrait peut-être céder la place à une phénoménologie, du moins à une eidétique du son. On pourrait ici rapprocher Strawson et Levinas.
Les Individus (1959)
Essai de métaphysique descriptive
Individuals : An Essay in Descriptive Metaphysics
Sortie : 1973 (France). Essai, Philosophie
livre de Peter Frederick Strawson
Dear Teddie a mis 9/10.
Annotation :
Ca faisait bien longtemps que je voulais le lire, depuis que j'ai découvert Strawson et surtout depuis que j'avais feuilleté Soi-même comme un autre, où Ricoeur se sert de la théorie de Strawson pour penser l'identité. Mais il était difficile à trouver sur Internet, même en anglais. Au final, je l'ai trouvé en PDF en anglais mais j'ai continué en français, en l'empruntant à la bibliothèque, malgré une traduction relativement nulle. Je n'ai lu évidemment que la première partie.
C'était vraiment une lecture enrichissante. J'aime vraiment beaucoup l'idée de décrire minutieusement notre schème conceptuel commun, en s'intéressant à ses implications et à ses conditions d'utilisation. On est vraiment dans une métaphysique descriptive, ancrée empiriquement et qui utilise le langage ordinaire de la meilleure des manières possibles. C'est flagrant dans le Ier et le IIIe chapitre. Si les thèses défendues sont attaquables, la méthode elle me semble vraiment solide. C'est du moins ce que souligne Gareth Evans.
L'idée que les corps matériels sont des particuliers de base est assez porteuse. Elle permet de revenir à un système logique qui s'ancre dans l'empirie, notamment par le rôle des démonstratifs. Malgré la complexification toujours grandissante de notre schème conceptuel, il ne faut pas oublier que celui-ci, parce que spatio-temporellement unifié, recourt toujours sur des corps matériels identifiés. De même pour l'analyse des personnes. La solution au problème central de la philosophie de l'esprit est bien trouvée. Le commentaire de Leibniz est aussi très porteur, notamment dans la manière dont Strawson va "empiriciser" sa monadologie pour mieux la comprendre et la réfuter. Je pense par exemple à l'échiquier.
Deux choses m'ont proprement marqué. Tout d'abord, le chapitre II qui imagine un monde uniquement sonore et se demande s'il l'on pourrait identifier des particuliers dans ce monde. C'est une énorme expérience de pensée qui est vraiment fascinante. Et, il est vrai que, dans le problème de la perception et de la connaissance, il y a toujours un primat de la vue. Ici, Strawson procède vraiment à une éidétique du son. Ensuite, c'est l'idée, qui revient souvent, d'un argument transcendantal pour contrer les doutes du sceptique.