Lectures 2020
42 livres
créée il y a plus de 4 ans · modifiée il y a environ 2 ansL'Héritage d'Esther (1939)
Eszter hagyatéka
Sortie : 1939 (France). Roman
livre de Sándor Márai
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Rencontre mémorable avec l'un des maîtres de la littérature hongroise avec le personnage bouleversant d'une femme de la bourgeoisie confronté à l'homme qu'elle a toujours aimé et qui lui a presque tout pris. Il revient finir son oeuvre à l'image d'un funeste destin.
La Mort heureuse (1971)
Sortie : 1971 (France). Roman
livre de Albert Camus
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Prémisse, qui annonce "L'étranger", le premier roman d'Albert Camus paraît parfois confus, il n'en reste pas moins une belle réflexion anti-conformiste sur la quête du bonheur et à quel prix.
Caligula (1944)
Sortie : 1944 (France). Théâtre
livre de Albert Camus
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Classique des classiques de l'oeuvre camusienne, Caligula est une pièce violente qui arrache des vérités sur l'Homme aussi vite que son personnage exécute ces êtres qui ne vivent que dans le mensonge. Autant le dire, même si la formule est facile, Camus connait ses classiques du théâtre antique.
Le Malentendu (1944)
Sortie : 1944 (France). Théâtre
livre de Albert Camus
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Histoire sordide d'un quiproquo qui finit en fait divers. On ne peut qu'imaginer Maria Casarès dans le rôle aigri et froid de Martha, cette froideur du crime qui se veut vertueux, pour un avenir meilleur, une quête du bonheur aveuglante.
Mes prix littéraires
Meine Preise
Sortie : mai 2010 (France). Récit
livre de Thomas Bernhard
StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Mépris littéraires ! Comme c'est jouissif de lire Thomas Bernhard réglant ses comptes à la bonne société autrichienne. Un ton sarcastique qui donne lieu à des scènes de discours officiels irrésistibles et d'autres passages atypiques entre l'achat d'une maison en ruine et un accident de voiture en Yougoslavie. Un grand écrivain dont je lirais bien d'autres ouvrages je le sais !
Vie de Gérard Fulmard (2020)
Sortie : 3 janvier 2020. Roman
livre de Jean Echenoz
StanDC a mis 6/10.
Annotation :
Première vraie déception dans l'oeuvre de Jean Echenoz que j'apprécie pourtant beaucoup. Mais ici le style est parfois maladroit, j'ai du même me forcer un peu à le finir. Néanmoins il reste que l'auteur sais toujours nous imposer son humour dans une histoire abracadabrantesque, très bien construit, sur fond d'espionnage, de complot, d’enlèvement et d'appareil politique.
La Rébellion (1924)
Die Rebellion
Sortie : 1988 (France). Roman
livre de Joseph Roth
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
En lisant cette histoire, on pense au cinéma allemand (bien que nous soyons ici en Autriche) de Murnau notamment avec son personnage pittoresque, vétéran de la guerre, au départ respectueux de l'autorité, docile mais qui, par la force des choses, va devenir un paria, prompt à la rébellion. Joseph Roth écrit avec brio le mécanisme d'une société qui crée ses propres démons.
De guerre lasse (1985)
Sortie : 1985 (France). Roman
livre de Françoise Sagan
StanDC a mis 6/10.
Annotation :
Longtemps redouté, un ami m'avait convaincu de lire Françoise Sagan. J'ai entendu tout et son contraire concernant les talents littéraires ou non de cette auteure. Après cette lecture, je reste perplexe quant au style, avec des effets trop voyant et qui brouille assez le déroulement du récit. A voir pour une autre lecture pour me faire un meilleur avis.
Sanctuaire (1931)
Sanctuary
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de William Faulkner
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Choc littéraire avec un style qui m'avait déjà conquis surtout avec "Tandis que j'agonise, et d'autant plus que le livre est marqué par une scène de viol que Faulkner décrit avec une tension qui marque profondément le lecteur.
Le Journal d'une femme de chambre (1900)
Sortie : juillet 1900 (France). Roman
livre de Octave Mirbeau
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Une histoire sombre et violente, physiquement et socialement, sur la France de la fin du XIXe siècle, où plane les séquelles de l'affaire Dreyfus. Aucun personnage, aucun sexe, aucune catégorie sociale n'est épargné. Prendre cette histoire sous l'angle du journal intime d'une femme de chambre c'est permettre un récit sans concession, au cœur de ce monde bourgeois mais aussi des prolétaires.
Le 42e Parallèle (1930)
U.S.A. I
The 42nd Parallel
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de John Dos Passos
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Prouesse littéraire de John Dos Passos, Le 42e parrallèle, premier tome de sa trilogie USA, nous emporte dans une longue et riche chronique de l'Amérique du début du XXe siècle à travers des récits, plus ou moins d'égales qualités littéraires, de personnages venant de différent milieux sociaux, entrecoupés de retranscription des actualités de l'époque. Un auteur indispensable pour connaître le cœur des Etats-Unis et de son Histoire à taille humaine.
Le Flambeau dans l'oreille (1980)
Histoire d'une vie (1921-1931)
Die Fackel im Ohr - Lebensgeschichte 1921-1931
Sortie : 1982 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Elias Canetti
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Fascinant parcours que celui du prix Nobel de littérature Elias Canetti dont il s'agit ici du deuxième tome de son autobiographie consacré en grande partie à son apprentissage, son adolescence et son indépendance face à une mère qui rêve d'un destin de physicien pour lui qui ne rêve que de littérature. On suit avec plaisir son parcours, ses rencontres humaines et artistiques avec un riche portrait de l'Europe (et de l'Autriche plus particulièrement) de l'entre deux guerres.
Mauthausen
Sortie : 2 janvier 2020 (France). Autobiographie & mémoires, Récit
livre de Iakovos Kambanellis
StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Comparaît souvent au "Si c'est un homme" de Primo Levi, cet ouvrage remarquable de l'auteur de théâtre grec Iakovos Kambanellis n'en a de semblable que l'écho qu'il a pu avoir dans son pays respectif. Ces récits ont aussi à mes yeux l'intérêt de rendre une singularité dans une épreuve historique dans laquelle on ne pouvait y voir qu'une masse. Dans cette histoire précisément, ce qui emporte le lecteur c'est le souffle de vie qui ravale tout sur son passage même face aux pires horreurs qui y sont relatées pourtant. Le livre s'ouvre sur la libération du camp de Mauthausen, entre-coupé des scènes de détention, des travaux forcés et tortures comme une respiration profonde durant laquelle on manque de sombrer mais c'est la vie qui reprend le dessus. Enfin, ce qui surprend se sont les notes d'humour qui jalonnent ce récit et une histoire d'amour dans ses moments heureux comme dans ses déceptions car enfin de compte ils ne seront plus les mêmes mais la vie continue.
Le Procès (1925)
(traduction Alexandre Vialatte)
Der Prozess
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de Franz Kafka
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Voilà un classique qui me résistait depuis quelques temps ! Enfin je l'ai lu et je ne suis pas mécontent d'avoir adopté le style de Kafka. Une histoire rocambolesque, très inspirant sur les mécanismes du monde d'hier et qui porte un écho en la matière comparable au "1984" d'Orwell. J'avoue être toutefois resté un peu sur ma fin concernant la conclusion de ce foutoir juridique.
Je reste roi de mes chagrins (2019)
Sortie : 29 août 2019. Roman
livre de Philippe Forest
StanDC a mis 6/10.
Annotation :
Quelle déception ! J'ai entamé cette lecture avec les meilleurs intentions étant donné les bonnes critiques successives des livres de Philippe Forest et le sujet de ce livre-ci précisément à savoir la rencontre entre Churchill et un peintre avant-gardiste qui en fera un portrait plutôt controverser. Les deux hommes diffèrent beaucoup mais ont un point commun, ils ont tous les deux perdus l'un de leurs enfants. Une histoire qu'a malheureusement connu l'auteur. Mais de cette rencontre, Philippe Forest ne sait pas vraiment quoi en faire: une pièce de théâtre dans un décors flou, un récit historique, une autofiction... ? Quelques moments de grâce sauvent la face mais globalement je trouve que j'ai même été un peu trop souple pour ma note.
Rendez-vous à Positano (2015)
Appuntamento a Positano
Sortie : 9 mars 2017 (France). Roman
livre de Goliarda Sapienza
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Dernier chef d'oeuvre réédité en France de la trop tardivement reconnue auteure italienne Goliardo Sapienza, Positano, lieu fascinant où l'on croise Luchino Visconti, où les marques du temps n'ont pas de prises sur ses habitants. Il y a du réalisme magique dans cette histoire d'amour, d'amitié passionnelle entre deux beaux personnages féminins où l'on pense à Fedora de Billy Wilder. Tout ça dans une langue littéraire inimitable.
La Vie mode d'emploi (1978)
Sortie : 1978 (France). Roman
livre de Georges Perec
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Première lecture de Georges Perec, premier contact avec un auteur atypique d'un projet littéraire qui l'est tout autant. Je ne suis pas sûr d'avoir choisi le meilleur angle d'attaque pour le connaître tant la tâche s'est avéré conséquente. Non que le style de Perec soit ardu mais qu'il soit d'une grande densité. C'est ce qui en fait sa richesse mais aussi ce qui a pu provoquer chez moi, je l'avoue, une certaine lassitude. On traverse milles vies grâce à lui, à ce bâtiment et à ses personnages mais certains chapitres reviennent à la retranscription d'une liste de courses ou d'une suite de description de décors. Tout paraît bien étudié et bien ficelé et l'on prend conscience malgré tout d'être en face d'une oeuvre marquante de la littérature du XXe siècle.
L'Établi (1978)
Sortie : 1978 (France). Récit
livre de Robert Linhart
StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le sociologue Robert Linhart, fraîchement diplômé, se fait engager dans une usine Citroën pour toucher et connaître le monde ouvrier et les rouages du patronat. Entre course au profit, déshumanisation des employés et guerre des petits chefs, l'auteur nous fait partager son parcours. On entre a ses cotés dans la révolte, la grève, la solidarité ouvrière aujourd'hui bien mise à mal. Toutes ces choses sans intérêt dans la quête du profit. Lorsque les idéaux rencontre la dure réalité du terrain.
Les Soldats de Salamine (2001)
Soldados de Salamina
Sortie : février 2004 (France). Roman
livre de Javier Cercas
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Un écrivain en manque d'inspiration et de reconnaissance, un intellectuel phalangiste échappant de peu à une exécution sommaire, une rencontre avec Roberto Bolano et une autre avec un ancien roublard de la Résistance à Franco et soldat engagé volontaire du général Leclerc. Tout un programme pour mettre en lumière surtout la question de l'Histoire et de la Mémoire, deux entités étroitement liées. Et au final, un bel hommage aux oubliés de l'Histoire et à ses zones d'ombres. Le style par contre est assez décevant à mes yeux.
Taras Boulba (1843)
Тара́с Бу́льба
Sortie : janvier 1845 (France). Roman
livre de Nicolas Gogol
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Histoire épique de Taras Boulba et des braves cosaques face aux troupes turques, tatars, ukrainiennes, polonaises. Ils semblent bien seuls et pourtant leurs victoires les hissent à la hauteur de véritable légende. Le sang coule à flot autant que l'eau de vie. Mais que l'on en oublie pas pour autant des moments plus profonds dans ce conte entre un père et ses fils, le poids de l'héritage et les destins brisés.
Les Nuits d'octobre (1852)
Sortie : octobre 1852. Récit
livre de Gérard de Nerval
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Courte et planante pérégrination d'un poète dans le Paris du XIXe siècle, dans une nuit d'octobre au coté de passant puis d'un ami. Une belle flânerie au bord du rêve. On pense à Proust dans l'évocation des sentiments.
Pandora (1853)
Sortie : 1853. Recueil de nouvelles
livre de Gérard de Nerval
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Prose magnifique mais contenu ne paressant pas toujours lisible, on s'y perd un peu malheureusement dans ce cours texte dont les premières lignes restent pourtant envoûtantes. Gerard de Nerval se serait inspiré du style des contes germaniques.
Promenades et souvenirs (1854)
Sortie : 1854. Récit
livre de Gérard de Nerval
StanDC a mis 9/10.
Annotation :
Une lecture de style, avec un verbe bouleversant d'un homme qui se rattache à ses souvenirs, à la beauté pour ne plus sombrer dans la folie.
"L'expérience de chacun est le trésor de tous."
"Livré souvent aux soins des domestiques et des paysans, j'avais nourri mon esprit de croyances bizarres, de légendes et de vieilles chansons. Il y a avait là de quoi faire un poète, et je ne suis qu'un rêveur en prose."
Climats (1928)
Sortie : 1928 (France). Roman
livre de André Maurois
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
"Ce que j'ai compris de très important, depuis un an, c'est que, si l'on aime vraiment, il ne faut pas attacher trop d'importance aux actions des êtres qu'on aime. Nous avons besoin d'eux; eux seuls nous font vivre dans une certaine "atmosphère" (votre amie Hélène dit "un climat" et c'est très juste) dont nous ne pouvons nous passer". Phrase clé de ce roman où l'amour est à la fois poison et antidote. Tribulations amoureuses de la bourgeoisie du début du XXe siècle dans une langue très classique mais dont on retient surtout une lecture plaisante et d'une grande fluidité. On pense à François Mauriac. Belle surprise d'un livre dont j'avais vaguement entendu parlé et qui traînait dans ma bibliothèque.
Molloy (1951)
Sortie : 1951 (France). Roman
livre de Samuel Beckett
StanDC a mis 9/10.
Annotation :
Samuel Beckett est l'emblématique écrivain de l'absurde, un de ces auteurs difficiles à vendre à ceux qui n'auront pas la curiosité littéraire assez forte tellement son style bouscule les codes à l'image d'un Thomas Bernhard ou d'un Claude Simon chacun dans leur approche bien singulière de l'écrit, du romanesque. Il ne sert à rien de résumer ce livre, premier volet d'une trilogie qui a fait la réputation et abouti à la reconnaissance d'un grand écrivain. L'histoire est simple, sans grand intérêt. L'intérêt se situe plus dans les détails parfois comiques, se contredisant constamment, emprunt d'un pessimisme envers la nature humaine. Le livre est construit en deux parties: la première consacrée à Molloy où le curseur de l'absurde est plus fort que dans la deuxième consacrée à Moran, chargé de le retrouver. La langue de Beckett est un véritable choque, on en fait pas deux comme lui !
Seul dans Berlin (1947)
Jeder stirbt für sich allein
Sortie : 1967 (France). Roman
livre de Hans Fallada
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Livre au combien important et singulier de part ses origines et son époque, Seul dans Berlin fut achevé en 1947 précédent de peu la mort de son auteur la même année Hans Fallada alias Rudolf Ditzen. L'histoire offre une vision de la société allemande durant la Seconde Guerre Mondiale à travers un immeuble d'habitation où se mêle une famille de fanatique nazi, une femme juive apeuré, un vieux juriste qui consacre sa vie à la Justice et surtout un couple qui va basculer peu à peu dans une timide (mais au combien lourde de conséquence) rébellion après la mort de leur fils unique au front. A tout cela se rajoute un panel de personnages, des profiteurs de guerre et des citoyens lambda en prise avec leur contradiction offrant au lecteur un aperçu de cette société bien loin d'une masse fanatique aveugle envers le régime. On y ressent surtout la peur constante, la dérive des mentalités et l'impasse d'un régime qui condamne tout même ses plus fervents partisans. Malgré la noirceur qui se dégage du récit, il n'en reste pas moins un espoir, celui d'une insoumission à l'intolérable même si il conduit à un destin que l'on sait fatal. L'auteur tient lui-même à souligner que son livre est dédié "à la vie qui sans cesse triomphe de la honte et des larmes, de la misère et de la mort". On serait tenté d'y voir une tendre naïveté mais au vu de ce récit et de ce que l'auteur a vécu, on se dit aussi qu'il sait de quoi il parle. Seul bémol, mais qui a son importance pour moi, c'est le style de l'auteur assez maladroit mais qui peut être dû à une mauvaise traduction. On a parfois l'impression que certaines expressions ont été traduit par Google Traduction.
Les Oiseaux (1957)
Fuglane
Sortie : 1975 (France). Roman
livre de Tarjei Vesaas
StanDC a mis 7/10.
Annotation :
Histoire d'un simple d'esprit. Tarjei Vesaas nous conte l'histoire de Mattis, entretenu par sa sœur faute de pouvoir travailler, tout va basculer le jour où celle-ci découvre l'amour. Mattis évolue dans un monde où ses pensés l'envahissent et prennent le pas sur le monde réel. On se perd un peu dans ce récit notamment lorsque le personnage reste obnubilé par un banc de bécasse passant au dessus de la maison mais reste des moments de grâces comme ce long chapitre où Mattis aide deux jeunes femmes à traverser le lac. La scène ressemble à une métaphore antique que l'on partage avec plaisir avec ce personnage attachant.
Lambeaux (1997)
Sortie : 6 juin 1997 (France). Roman, Autobiographie & mémoires
livre de Charles Juliet
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Charles Juliet raconte à la deuxième personne du singulier l'histoire de cette mère biologique qu'il n'a pas connu, morte dans un hôpital psychiatrique et poursuit son livre en se racontant lui et sa deuxième mère, adoptive. On pourrait reprocher au livre son misérabilisme (surtout la deuxième partie) mais il n'empêche que les faits sont là et qu'il ne sont pas jo-jo. Il est question de filiation et d'héritage dans ce récit autobiographique. L'écriture et le processus se rapproche beaucoup de celui d'Annie Ernaux avec aussi une conscience sociologique. L'auteur traduit aussi le dur passage à l'écriture lorsqu'on ne se sent pas légitime en ce domaine mais plus largement lorsqu'on ne se sent pas légitime pour vivre tout simplement. Un mal-être comme un trait d'union avec cette mère biologique internée après une tentative de suicide. Comme si elle ne lui avait laissé que la mort en héritage. Heureusement, au terme de cette rétrospective personnelle c'est la vie qui est au bout du chemin.
La Pitié de Dieu (1961)
Sortie : 1961 (France). Roman
livre de Jean Cau
StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Incroyable prouesse littéraire que ce livre de Jean Cau, ancien secrétaire de Sartre (qui vira à droite pourtant, "cause à effet" on ne sait pas), prix Goncourt 1961. Le livre nous embarque au milieu de quatre détenus, Match le journaliste, Eugène l'ouvrier, Alex le boxeur et le Docteur. Tous racontent le récit de leurs crimes qu'ils s'empressent de désavouer à chaque instant. On ne sait jamais le vrai du faux, la raison de la folie, avec aussi un narrateur dont on ne saura jamais s'il est l'un d'eux ou s'il est un cinquième larrons. On pourrait s'y perdre et tout nous y amène tant les personnages se confondent (pour ne faire plus qu'un ?) et que même le lieu reste un mystère. Mais c'est d'une plume de main de maître que Jean Cau nous embarque dans ces histoires inextricables où tout se rejoint pourtant. Il y a de l'humour noir ainsi qu'une violence physique et psychologique mais toujours raisonnée. Le talent de Jean Cau est aussi dans ses dialogues où l'on reconnait un langage populaire chez l'ouvrier et le boxeur et un langage plus soutenu pour le docteur ou le journaliste, sans être caricatural. L'auteur ne juge pas ses personnages et l'on se croit même privilégié entant que lecteur de pouvoir assister aux réflexions de leur cercle très fermé malgré les aspects déroutant que cela inclus. Et Dieu dans tout ça ? Coupable ou innocent, peu importe, tous dépendent de son Salut ou veulent y croire. Mais si Dieu n'était pas si loin de cette cellule et de ceux qui l'occupent ?
L'Adversaire (2000)
Sortie : 31 janvier 2000. Récit
livre de Emmanuel Carrère
StanDC a mis 8/10.
Annotation :
Emmanuel Carrère considère l’écriture journalistique comme égale à l'écriture d'un roman de fiction. En ce sens, le livre ici présent relatant l'affaire criminelle Jean-Claude Romand, s’apparente plus à un exercice de style comparable au De sang froid de Truman Capote. D'autant plus que, contrairement à ses ouvrages plus récents, l'auteur se livre beaucoup moins, faisant ressentir de façon subtile ses doutes et son malaise face à son sujet sur lequel il redoute de s'exprimer en son nom. Emmanuel Carrère réussit non sans difficultés à ne pas diaboliser ni tomber dans la complaisance vis à vis d'un homme (au fond "gentil" comme le dit un proche) eau cœur d'une affaire qui pourtant comprend le meurtre d'une famille qui plus est par leur propre père et fils. "J'ai pensé qu'écrire cette histoire ne pouvait être qu'un crime ou une prière". Ainsi s'achève ce livre. On ressort de cette lecture avec le sentiment d'avoir frôlé la banalité du mal comme dirait Arendt en ce sens qu'après coup, ce crime ne pouvait être que l'issue logique d'un homme enfoncé par ses mensonges, creusant sa propre tombe mais pas pour sa propre mort malgré ses "tentatives suicidaires". La question du milieu sociologique dans lequel Romand et sa femme tient une place importante dans cette affaire. Lui étant de milieu populaire voulait s'élever socialement à tout prix, sa femme Florence venant elle-même d'un milieu plus aisée, traditionaliste catho. Mais tout bascule à cause d'un banal examen raté. Pas question de revenir en arrière pour lui. Insatisfait de son milieu et de lui-même, il lui fallait s'inventer. Mais la réalité le rattrape et fait de lui l'homme ridicule, menteur et vile qu'il est réellement. Il ne reconnaîtra jamais cet autre, ce réel, il restera pour lui l'adversaire. Face à l'irrémédiable émergence de cette vérité, dos au mur, il lui fallait anéantir tous ceux qui l'aimaient et allaient le découvrir.