Lectures 2020 - liste annotée

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Terminé le 5/01.
Une très belle fin pour une belle quadrilogie. Ca m'a donné deux ou trois nœuds à la tête, j'ai eu la sensation de revivre un mix de cours sur la métaphysique / de cours de physique, mais chouette.

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Terminé le 8/01.
Un aspect m'a beaucoup déçue, et m'a empêchée de me focaliser sur autre chose : tous les personnages sont des hommes, sans aucune exception. Cela m'étonne de la part de l'auteur, sauf à y voir un choix délibéré ? malgré tout, on retrouve les charmes de son écriture, que je ne connaissais que sous le prisme "littérature jeunesse", et mélangée à celle de sa compagne.

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Terminé le 8/01.
Ca m'a fait penser à l'écriture de mirasoleou. Pas trop compris le projet, qui semblait beaucoup plus cohérent en 4e de couverture, mais deux ou trois choses chouettes.

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Terminé le 11/01.
Pas très convaincue. Belle écriture pourtant, beau projet d'écriture – relater cette expérience de communauté fouriériste au Texas, au XIXe siècle, qui fut un échec, et déployer les raisons de cet échec. Mais ça se tire d'un bout à l'autre.

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Terminé le 12/01.
Un petit thread twitter avec extraits : https://twitter.com/electre2/status/1216447877062459392
C'est très beau, comme tout ce qu'écrit Nâzim Hikmet.

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Terminé le 14/01.
J'ai lu ce livre pour faire plaisir à une proche, et donc pour sa valeur de témoignage. C'était pour moi l'exploration de deux choses : la force du témoignage, évidemment, pour rendre compte d'une expérience non-vécue (la dialyse, la transplantation d'organe) + un certain type d'écriture, dont je ne connaissais même pas l'existence, et qui constitue dans un certain milieu éditorial, qu'on devine bourgeois et très parisien, la norme en matière de nouveautés littéraires. C'est une écriture liée, élégante (parfois un peu trop), émaillée de références culturelles plus ou moins légitimes, mais plutôt plus que moins (on n'en est pas à explorer les ressorts de la pop culture). Intéressant de ce point de vue.

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Terminé le 16/01.
Je commence à beaucoup aimer ce type d'écriture dispositives (dans la composition, ça évoque Marie Calloway), où l'intelligence du texte naît vraiment de la juxtaposition savante d'éléments. Ici, Christophe Hanna interroge pendant trois ans ses proches, quelques liens faibles, quelques inconnu·es, sur leurs revenus et leur rapport à l'argent. Le livre est construit par tranche de revenus (la plus petite tranche, 200-400, s'ouvre sur Tarkos dont les droits rapportent 254 euros à sa veuve tous les mois, et la plus grande accueille un salaire de 16 000€). Les intervenant·es sont nommé·es suivant le principe prénom/nombredurevenu, ce qui donne des Christophe254 ou Olivier4000 – on reconnaîtra sans peine Cadiot, et pour qui connaît un peu ce milieu-là, la plupart des noms sont transparents (Laura1600 !). C'est donc aussi en creux, comme chez Marie Calloway d'ailleurs, le portrait d'un certain milieu poétique, de ses revues, des institutions dont il dépend, et, plus tragiquement, de la manière dont la poésie ne fait vivre presque personne.
L'intelligence du dispositif peut donc être appropriée assez subjectivement – je reste assez interloquée par la manière dont les plus hauts revenus (mettons, 4000 et plus) ont l'impression de manquer un peu (et le contraste est d'autant plus violent quand des gens comme Sylvain Courtoux vivotent dans la catégorie 200-400). Hanna ne manque pas de poser quelques questions politiques, notamment aux petits revenus, sur les inégalités salariales (qui étrangement choquent assez peu ; est-ce générationnel ?) Il y a à la fois une certaine homogénéité des discours sur l'argent (on n'a pas plus l'air de manquer quand on gagne 1000 euros que quand on gagne 3000) et en même temps une subtile variation dans les univers matériels qui entourent les enquêté·es. Je n'ai jamais lu d'enquête sociologique qui porterait sur ce champ et cette question, mais je suis presque certaine qu'elle n'ouvrirait pas tous ces instertices à la pensée.

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Terminé le 19/01.
Pas convaincue. Des points intéressants, mais dans l’ensemble un manque de culture historique qui fait que l’autrice tombe dans le piège de l’invisibilisation des réseaux très denses de créatrices d’Ancien régime. Un thread ici : https://twitter.com/electre2/status/1216479394560200709 avec des extraits. Il faut aller voir les réponses de ق Nεfεliβατα ق https://twitter.com/electre2/status/1216480079259295748, qui se connaît très bien en femmes artistes d'Ancien régime.

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Terminé le 27/01.
Les Guerillères, en plus de proposer un texte lyrique et sublime, est une réflexion en acte sur ce que serait une écriture non-masculine ; indifférenciation des personnages (ce "elles" sororal, ces litanies de prénoms féminins juxtaposés, majusculés), corps enfin total sans érotisation / distinction d'aucune de ses parties (pas plus qu'on ne distingue une femme du groupe), condamnation à brève échéance des métaphores du corps (et, surtout, du sexe). 60 ans ont passé, et Wittig a toujours autant à nous en apprendre sur le langage, et sur une écriture réellement féministe.

"Elles disent, esclave tu l'es vraiment si jamais il en fut. Ils ont fait de ce qui les différencie de toi le signe de la domination et de la possession. Elles disent, tu ne seras jamais trop nombreuse pour cracher sur le phallus, tu ne seras jamais trop déterminée pour cesser de parler leur langage, pour brûler leur monnaie d'échange leurs effigies leurs œuvres d'art leurs symboles. Elles disent, ils ont tout prévu, ta révolte ils l'ont d'avance baptisée révolte d'esclave, révolte contre nature, ils l'appellent révolte par laquelle tu veux t'approprier ce qui leur appartient, le phallus. Elles disent, je refuse désormais de parler ce langage, je refuse de marmotter après eux les mots de manque manque de pénis manque d'argent manque de signe manque de nom. Je refuse de prononcer les mots de possession et de non-possession. Elles disent, si je m'approprie le monde que ce soit pour m'en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde."

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Terminé le 30/01.

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Terminé le 5/02.

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Terminé le 9/02.

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Terminé le 9/02.

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Terminé le 10/02.

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Terminé le 18/02.

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Terminé le 21/01.

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Terminé le 22/02.
JE bouquine club de lecture du forum Jeunes Écrivains.

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Terminé le 2/03.
Livre d'un membre du forum Jeunes Écrivains.

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Terminé le 4/03.
Un texte dans lequel on trouve une phrase comme "Est-ce qu'on a déjà vu quelque chose de plus renversant que la gentillesse ?", qui cite Wittig, Eminem et le Kamasutra, qui invente de réjouissants jurons, ne peut qu'être un bon texte.
Il est un peu foutraque, écrit au fil de la plume. On croit au départ qu'on aura une partie essai, une partie témoignage, que tout ça va bien se tenir pour nous expliquer qu'en gros la sexualité non-pénétrante est de la vraie bonne sexualité et qu'on devrait se sentir autorisé·e à tout expérimenter si l'autre consent (ah oui, Martin Page a dit quelque chose de très beau au festival Effractions, il a dit que les artistes s'iels travaillent à présenter des représentations alternatives, devraient travailler à rendre le consentement excitant, car il l'est tellement, et j'ai été bouleversée parce que c'est vrai !). Donc on croit tout ça au départ mais on n'avait pas vu venir les Remerciements qui remercient la terre entière d'exister (sauf les égoïstes) et qui sont un nouveau texte dans le texte. Il y a des PS partout, beaucoup de joie aussi, et l'auteur explique que le livre est rangé comme sa maison où traînent toutes sortes de thés et d'infusions et de jouets.
Voilà je ne sais pas trop que dire, ce n'est pas un essai universitaire, c'est plutôt comme une conversation avec une personne douce dont l'âme rayonnerait et qui vous donnerait un petit peu de sa force de rayonnement pour continuer. Merci !

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Terminé le 7/03.

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Terminé le 6/03.
Un peu déçue. Le livre est construit sur une série de témoignages, classés par type d'abstinence sexuelle ; chaque partie s'ouvre sur un moment autobiographique. Il y a, au début de l'ouvrage, un très beau passage où l'autrice raconte une séance de massage chez un ostéopathe. Mais les témoignages font se diluer le cœur du livre, à force de répétitions. L'autrice écrit bien, mais trop (ce n'est pas assez synthétique à mon goût), et surtout convoque des concepts (hétéronormativité, patriarcat etc) du bout des doigts, sans jamais réellement les utiliser. C'est dommage. Il manque des choses à ce livre qui part d'une excellente idée, et dont certains passages sont malgré tout très beaux.

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Terminé le 11/03.

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Terminé le 11/03.

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Terminé le 13/03.

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Terminé le 19/03. (thèse)

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Terminé le 20/03.
Paola Tabet réunit ici plusieurs aspects de son travail d'anthropologue et les met à disposition d'un public non-spécialiste. C'est passionnant. Elle a travaillé, à partir de son propre terrain et des récits de terrains d'autres anthropologues (on croise aussi bien Malinowski et Godelier que d'autres que je ne connaissais pas, et beaucoup de femmes), à une analyse comparée de ce qu'elle appelle les échanges économico-sexuels : continuum qui va du mariage jusqu'à la prostitution, et qui dans chaque cas, établit l'échange en la défaveur des femmes de l'accès à leur sexualité / leurs capacités reproductives en échange de biens économiques (argent, protéines, etc). Dans toutes les sociétés étudiées (et aucun contre-exemple à ce jour connu), et c'en est le corollaire, les hommes se sont arrogés l'accès aux armes et outils plus évolués technologiquement, maintenant les femmes dans un état de sous-équipement qui rend leur travail répétitif, monotone et surtout plus long (parce que rendement moins fort). C'est ainsi qu'ils accèdent à du temps qui leur permet de faire politique / accéder au savoir et à la création, tandis que le travail des femmes les fatigue plus et les occupe plus longtemps. Elle relève également la manière dont beaucoup d'anthropologues hommes n'ont pas su intégrer le travail reproductif et ménager comme du travail, justement, et c'est intéressant la manière dont elle relit toute une anthropologie sexiste à l'aune de son travail et de celui des féministes matérialistes de Questions féministes avec lesquelles elle travaillait (Monique Wittig, Colette Guillaumin, Nicole-Claude Mathieu, Christine Delphy).

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Terminé le 31/03. thèse

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Terminé le 2/04. thèse

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Terminé le 7/04.
Particulièrement aimé l'alternance infernale entre deux régimes romanesques a priori antagonistes : l'accumulation descriptive telle qu'on la trouve au pire de Balzac / les péripéties invraisemblables et emboîtées les unes dans les autres du roman picaresque ou feuilleton. On est perpétuellement manipulé·e, et tout ça fonctionne comme un puzzle étrange dont on se demande toujours si on n'a pas perdu une pièce par inadvertance.

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Terminé le 11/04.
M'a été offert à Noël par rodé, et c'est de la très chouette littérature jeunesse ! c'est un récit d'enfance par épisodes (un peu à la manière des malheurs de Sophie), avec pour Sophie une Calpurnia américaine de 12 ans qui, pendant l'année 1900, reçoit l'enseignement de son grand-père féru de sciences naturelles (et de Darwin, cité en exergue de chacun des chapitres). En creux, c'est aussi un roman féministe, puisque l'enjeu de la plupart des tensions se situe dans le dressage de la petite, mal reçu par cette dernière, qui se rêve d'abord savante, puis plus précisément vétérinaire (à l'époque, on soignait les animaux "utiles", vaches, porcs et chevaux de trait, pas les petits chats persans). Bon, j'ai appris à l'occasion comment fabriquer un baromètre et un astrolabe, pas mal de choses sur les espèces de grenouilles et de petits mammifères de l'état du Texas, et le fond post-guerre de Sécession est très bien rendu. Très chouette ! se lit très bien en parallèle de l'essai de Coline Pierré consacré aux fins heureuses, où cette dernière fait un éloge appuyé (et que je partage dans son outrance !) de la littérature jeunesse. Même si j'ai plus d'une fois eu mal au ventre de compassion pour la petite Callie, condamnée à tricoter des moufles pour l'ensemble des membres de sa famille, ou ne recevant pour étrennes que la moitié de la somme reçue par ses frères.

(il est un peu agaçant de voir le choix de traduction du titre – Travis étant le frère préféré de Calpurnia –, qui est un contre-sens total devant ce qu'est ce roman, à savoir un roman d'abord et avant tout consacré à exposer les désirs contrariés d'une jeune fille en raison de son sexe)