Lectures 2021

Annotation :

« Et si nous partons du principe, il est clair, n’est-ce pas, que nous ne pouvons pas partir d’un autre principe, que dans la situation extrême qu’est un camp de concentration, et surtout en pensant à la dégradation totale du corps et de l’esprit et à la diminution quasi morbide de la capacité de jugement qui s’ensuit, en général, chaque individu est mû par sa propre survie, qui plus est, si on pense que, “monsieur l’instituteur” a eu la possibilité de doubler ses chances de survie, qu’il a rejeté cette chance multipliée par deux, ou, pour être tout à fait précis, cette chance qui s’offrait à lui en plus de la sienne et qui était en réalité la chance d’un autre ; cela montre, comment dirais-je, que l’acceptation de cette chance supplémentaire aurait anéanti sa seule chance de vivre encore éventuellement et de rester en vie ; et donc d’après cela, il y a quelque chose, et à nouveau je vous en prie, n’essayez pas de la nommer, il existe une notion très pure que n’a altérée nulle matière étrangère — notre corps, notre âme, nos bêtes féroces —, une idée qui vit sous la même forme que dans nos cerveaux, oui, une idée dont, comment dire, le caractère sacré, la sauvegarde, ou ce que vous voudrez, est la seule chance réelle de survie de “monsieur l’instituteur”, et sans cela, sa chance de survie n’en est pas une, simplement parce que sans la sauvegarde de cette notion, sans la possibilité pure et calme de l’observer, il ne veut pas, ou même il ne peut pas vivre. Oui, et à mon avis, cela ne s’explique pas, parce que ce n’est pas raisonnable, surtout par comparaison avec la rationalité palpable d’une portion de nourriture qui, dans la situation extrême qui s’appelle camp de concentration, peut permettre d’éviter la fin, pourrait le permettre, si cela ne se heurtait pas à la résistance d’une notion immatérielle qui balaie même les intérêts vitaux, et c’est, à mon avis, une preuve très importante de ce grand métabolisme des destins qu’est à proprement parler la vie, plus, beaucoup plus importante que les lieux communs et les atrocités rationnelles que n’importe quel dictateur, chancelier et autre usurpateur attitré ait jamais racontés et puisse raconter, dis-je vraisemblablement…. »

Annotation :

Manoir hanté coupé du monde au milieu des marais. Ca marche plutôt bien même si met un peu de temps à démarer.

Annotation :

Trois sœurs et leurs parents vivent sur une île, isolés d'un monde où les hommes sont devenus toxiques pour les femmes. Le début est captivant : dans une ambiance bord de piscine-couleurs délavées-virgin suicides, on découvre à travers le pdv étroit, cryptique, de deux des trois sœurs narratrices tour à tour, les rituels sadiques destinés à les protéger et les purifier. Puis par bribes, la société du continent. Mais à trop vouloir entretenir l'ambiguïté et le mystère et à s'embourber dans une intrigue assez attendue, on finit par se lasser. Au final on retient plus la description étouffante des dynamiques abusives d'une famille qui opère comme une secte qu'un propos sur les rapports entre hommes et femmes qui reste lui insaisissable.

—

"I know that without being touched I will die. I have known it for some time. It has always felt like I need more touch than the others anyway, my hands brushing over their shoulders or the tops of their heads as they shy away, because nobody is assigned to me. I am not anybody’s loved-most, have not been for some time. I have gone days, weeks, without touch and when that happens I can feel my skin thinning, I have to lay my body against grass and velvet and the corner of the sofa and rub my hands and elbows and thighs against anything until they are raw."

Annotation :

C'est surtout l'écriture ironique, féroce, de Baldwin qui tient en haleine dans cet ensemble plutôt décousu de considérations, certaines plus intéressantes que d'autres, à propos du procès d'un homme Noir pour une série de meurtres d'enfants Noirs et ce qu'il dit des rapports raciaux et économiques aux Etats-Unis.

—

« Concrètement, j'ai suggéré que le rejet de Buddy par la communauté avait été une des causes de sa mort – car cette mise au ban ne lui laissait pas d'autres choix que la mort. C'est peut-être là une exagération, mais elle a son utilité. Car s'il est certain que la communauté n'aurait pu résoudre tous ses problèmes, elle aurait pu au moins lui donner le sentiment qu'il était estimé, qu'il comptait. Et un tel sentiment aurait pu constituer la différence infinitésimale mais décisive entre le désir de vivre et le désir de mourir. Nos vies, à tous autant que nous sommes, tiennent à ce fil ténu. Il est très dangereux de vouloir l'ignorer. »

Annotation :

"And I would ask if this your palace were
Unroofed and desolate, how many flatterers
Would lick the dust in which the King lay low?"