Lectures 2021

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Ma première lecture de 2021 s'achève en février - la tehon, je sais - de la plus belle des manières. Mort à crédit est un ouvrage hostile à tout point de vue : hostile à l'égard du narrateur, alter ego de Céline, qui encaisse les coups, les trahisons et les infamies avec une insensibilité apparente qui confère au récit un caractère parfois comique ; hostile également à l'égard du lecteur qui se heurte au style cahotique et débraillé de l'écrivain ; hostile enfin l'égard du monde qu'il dépeint, obscène, inconvenant, laid, répugnant. Cependant, c'est son caractère inhospitalier et impassible qui fait de cet ouvrage le récit autobiographique le plus abouti que j'ai jamais lu. Mort à crédit prend beaucoup à l'estomac, souvent à la gorge, quelque fois au coeur et laisse inévitablement une très forte impression.

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Je ne savais pas que lire un vieil écrivain maugréer toute une soirée sur le sort pitoyable subi par ses ex-amis artistes viennois me procurerait autant de plaisir. Une lecture acerbe, drôle et jouissive.

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Loin d'être chiant ou moralisateur comme on peut le lire sur ce site plein d'avis éclairés, Le Consentement fait avec une sincérité touchante le bilan de la relation entre son autrice et le "svelte" "magnétique" "cultivé" "prédateur sexuel" "pédophile" G.M.
Vanessa Springora explique sans détour comment la superposition de ces termes peut plonger enfants, adolescents et adultes dans une spirale qui est aujourd'hui épouvantable à lire.

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Avec Yoga, Emmanuel Carrère propose un récit autobiographique plus ou moins décousu de plusieurs années et épisodes de sa vie récente en filigrane d'un projet de livre sur le yoga. S'enchaînent retraite spirituelle, attentats de Charlie Hebdo, dépression(s), hospitalisation et voyages racontés avec une certaine volonté de détachement de soi et de regard neutre sur sa personne et ses états d'âme, exécutant ainsi le projet initial du livre : en faire un manifeste du yoga.

"L'Irak étant tout de même l'archétype de ce que Donald Trump appelle un shitty country, un pays de merde. [...] L'été arrive, nous prenons nos quartiers dans cette belle île de Patmos..." : après un passage d'une cinquantaine de pages sur sa violente dépression, son hospitalisation et ses envies suicidaires, Manu oublie sans transition toute notion d'empathie, de remise en question et d'objectivation des états d'âme lorsqu'il s'agit de parler de quoi que ce soit d'autre que lui-même. Qu'il soit question de l'Irak, de femmes, de sexe ou même de lui-même, ce livre me donne l'impression de voir ce qu'Emmanuel Carrère ne parvient jamais vraiment à être : Nanni Moretti. Là où le réalisateur italien, en montrant dans ses films ses contradictions et ses névroses dans toute leur absurdité, leur ridicule et leur absolu (souligner absolu), réussit, Emmanuel Carrère échoue et ne se contente que de les exhiber et de compatir avec lui-même.

Si l'exercice de style est probant et souligne le talent d'écrivain de l'auteur, il est à mon sens raté dans les grandes largeurs sur tous les autres plans.

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Ce livre m'a fait l'impression de lire le synopsis d'un film de série Z pouvant passer à 18h55 sur NRJ12 en 2011. Ecrit par un enfant.

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Je ne savais pas trop dans quoi je m'engageais en ouvrant Lolita : allais-je avoir affaire à un roman Gabriel Matzneff-like devant être cancel dans les plus brefs délais ou à une oeuvre condamnant la pédophilie avec vigueur et fermeté ? La réponse est, fort heureusement, ni l'un ni l'autre. Le roman de Nabokov se distingue avant tout par son absence totale de morale : le point de vue adopté, celui d'un pédophile - bien que le mot soit rarement employé, il est bien présent dans l'oeuvre, et même dans la bouche et les pensées du coupable - est totalement embrassé sans être rigide. Humbert Humbert n'est pas un "gentil" ou un "méchant", c'est un pédophile traversé par les les questionnements moraux et les remords que lui inspirent ses actes (ou, le plus souvent, ses pensées) mais également par les sentiments et les émotions : la peur, le dégoût, l'excitation, et surtout l'amour.
Les scènes érotiques dérangent, le personnage de Lolita nous met en difficulté, les sentiments d'Humbert Humbert nous touchent ; cela ne fait pas du récit de Nabokov un exercice de glamourisation des relations pédophiles, cela en fait simplement un excellent roman.

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Une première moitié vraiment prenante et émouvante qui m'a fait comprendre pourquoi tous les boomers ne jurent que par ce bouquin ; la deuxième partie, bien que réussie, tourne un peu trop à l'exercice littéraire d'écriture d'invention dont le sujet serait "inventez une dystopie" pour totalement me conquérir

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Pas aussi bon que La Tache ou Portnoy, j'assimile ce livre dans la bibliothèque Philip Roth à ce qu'est La fête de l'insignifiance dans la bibliothèque Kundera

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Excellent de bout en bout ; la réflexion d'Anne Clerval sur la gentrification parisienne, se basant sur des éléments historiques, statistiques, socio-économiques et sociologiques ne laisse aucun aspect de ce phénomène ultra-complexe de côté.

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Pas le livre de l'année mais me reconnaître dans les émotions, les pensées et les contradictions de Leïla Slimani me donne envie d'en lire plus d'elle ; une lecture qui ne sera donc pas vaine

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Je sais pas quoi dire en fait, même dans un folio à 2 euros, en deux nouvelles de cent et quinze pages qui semblent parties pour être totalement oubliables, Mishima arrive à me bousculer. Son écriture limpide et les thèmes faussement simples qu'elle aborde me touchent profondément

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Difficile à noter, pas le livre/recueil le mieux écrit, le plus argumenté ni le plus approfondi que j'ai été amené à lire. En revanche, les idées pensées par l'autrice et les exemples qui les illustrent sont d'une telle force révolutionnaire - intellectuellement mais aussi matériellement - que leur lecture ne peut qu'être indélébilement marquante.

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Jeune : "Pensez-vous que les femmes sont inférieures aux hommes ?"
Malraux : "Je pense que les femmes vivent dans des civilisations masculines, bâties par des hommes, qui les desservent et les asservissent"
Moi : "WTF Malraux est woke ??"

Jeune : "Que pensez-vous de l'impact de Kennedy sur le Tiers Monde ?"
Malraux : dit des conneries de boomer qui n'y connait rien
Moi : "Ah bah voilà je m'attendais plus à ça... 5/10."

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Le style d'écriture très (trop ?) classique m'a vraiment fait du mal dans le premier tiers du roman, au point de me faire jeter le livre à la corbeille et de me jurer de ne plus y revenir. Mais le mystère entourant l'escapade du grand Meaulnes m'a poussé à y revenir, pour une jolie surprise : la vraie force de l'oeuvre réside pour moi dans la capacité à retranscrire le sérieux des enfants. Alain Fournier l'a bien compris, l'enfance et l'adolescence se caractérisent par leur manque de recul sur le monde, les émotions, les tissus sociaux qui les entourent ; Le Grand Meaulnes traite avec justesse et tendresse de l'importance - et de l'influence sur l'avenir - que peuvent avoir des évènements banals durant l'enfance. Je suis content d'y être revenu.

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Très difficile d'analyser et de critiquer ce livre ; pour tout dire, cela fait plus de 24h que j'ai terminé sa lecture et je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre, aussi floue qu'elle soit, c'est qu'il "se passe quelque chose" dans ce roman. Après des premières pages très classiques dans leur introduction de la narration et des personnages, le groupe de 4/5 amis du lycée qui nous est décrit entre dans une dynamique très inattendue et franchement subversive (que je ne dévoilerai pas). Cependant cette profondeur et cette subversion ne viennent ni des "backgrounds" des personnages qui sont somme toute assez conventionnels, ni de l'élément perturbateur incarné par le personnage de l'acteur qui n'apporte finalement qu'un peu d'électricité au roman. Je ne saurai donc dire d'où provient ce qui m'a sincèrement affecté dans ce roman, ce qui en fait à mes yeux un ouvrage intéressant.

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Je me répète à chaque livre de Mishima mais la simplicité et la clarté avec lesquelles cet auteur exprime des sentiments complexes et profond m'impressionne. Confession d'un masque frappe par la justesse avec laquelle il exprime des problématiques d'adolescent et de jeune homme - qui se trouve être homosexuel, mais ce qui n'est pas selon moi le propos central du livre - comme la découverte de la sexualité, le fantasme, le devoir, la maladie, l'amitié et l'amour. Publié en 1949 alors que Mishima n'a que 24 ans (âge que j'ai eu hier pour la petite anecdote !) cet ouvrage ébranle par son degré de clairvoyance dans l'introspection. Une lecture que je recommande véritablement à tout le monde

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Une idée originale sur un thème cher à Mishima (le suicide et plus généralement le don de sa vie) qui donne lieu à des péripéties intéressantes sur un ton de roman d'espionnage légèrement comique. Une lecture qui diffère beaucoup des autres Mishima que j'ai pu lire, plus posés et profonds. Parfait pour l'été.

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Le Diable et son gang débarquent à Moscou pour faire la fête, être trop cools et martyriser la population (notamment les contemporains littéraires de Boulgakov dont le nombre n'a d'égal que les humiliations qu'ils semblent avoir fait subir à l'auteur). Ils en profitent également pour sauver Marguerite - la meuf du "Maître" - et son tcheum en la changeant en sorcière et en l'invitant à la teuf du siècle, et ce après 500 pages.

En parallèle, Ponce Pilate régit la Judée entre deux maux de tête et organise la crucifixion de Jésus en plus d'être l'un des personnages les plus marquants de la littérature moderne sans qu'il soit possible d'expliquer pourquoi. Peut-être est-ce dû à son adorable chien.

C'est là tout le paradoxe du livre, qui semble avoir tous les atouts d'un pavé chiant comme pas possible : un intitulé trompeur puisque les personnages les plus intéressants sont de loin le Diable et Ponce Pilate ; 300 premières pages composées de namedropping interminable (oui je te parle Alexandrov Alexandrovich dit "Vassilï le Rouge") et de calembourgs moqueurs sur le monde littéraire moscovite du début du XXe siècle ; des passages entiers où le Maître (que l'on comprend être Boulgakov) se lamente d'être un génie incompris parce qu'il a écrit un livre sur le christianisme et gneugneugneu, etc.

Pourtant, Le maître est marguerite me hante inlassablement.

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histoire cool et style d'écriture "original" qui force tout de même un peu trop sur le désordre qu'il cherche à provoquer. L'absence de mise en forme du texte (retour à la ligne, paragraphes, alinéas absents) associée à une narration mélangeant souvenirs et action présente sur fond d'atmosphère wannabe-kafkaïenne finit par lasser et ajouter une confusion inutile au récit. Ce dernier gagnerait à se concentrer davantage sur ce qui fait sa force, à savoir le développement du personnage de Jean-Lino et le déroulement de ses péripéties.

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Plutôt que de chausser mes plumes et de régurgiter une critique, je relaterai à propos de cet ouvrage une conversation eue avec mon père lorsqu'il le lut après moi.
Père : "Il était dedans Sartre hein ? Il était vraiment à fond dedans."
Moi : "De quoi ?"
Père : "Ben il y croyait à fond quoi !"
Moi : "Mais de quoi ?"
Père : "Ben la révolution communiste"

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Je n'ai pas tout aimé, loin de là - notamment les 100 premières pages où j'ai vraiment cru MOURIR d'ennui + tous les chapitres arrivant à intervalles réguliers pour nous donner des éléments d'un contexte que nous avons parfaitement saisi car nous sommes en train de LIRE LE LIVRE OH STEINBECK TU NOUS PRENDS POUR DES DEBILES OU QUOI - mais ce que j'ai aimé, je l'ai aimé très très très intensément. J'ai dû pleurer au moins 10 fois pendant la lecture (ce qui ne m'arrive jamais je tiens à le préciser) tant les personnages et leurs dynamiques familiales extraordinairement crédibles. Rien à dire de plus juste go le lire les ploucs

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Kafka plane au-dessus du littérature game, il a débloqué tous ses chakras et 110% de son potentiel cérébral ; il est L'Ecrivain Ultime

Je suis son humble serviteur...

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cette nouvelle mode des livres en mode "PREQUEL ; THE ENFANCE OF THE SOCIOLOGUE" type retour à reims ou comme nous existons n'est pas pour me déplaire

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Quelques années après la lecture des livres 1 et 2, 1Q84 s'achève ici pour moi. La lecture des premiers tomes (du premier notamment) était fluide et prometteuse - bonne lecture d'été - mais la fin est laborieuse et décevante. Le récit aurait gagné à être - au choix - raccourci, plus évasif ou plus approfondi dans les thématiques et les intrigues abordées.
Je ne sais si les défauts littéraires de ce tome 3 étaient aussi présents dans les tomes précédents, toujours est-il que le style prolixe de Murakami dessert à mon sens l'univers à la fois onirique et très matériellement perceptible qu'il dépeint, et qui est selon moi la vraie réussite du roman.

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Pas grand-chose à dire lol si ce n'est que le fait que l'auteure soit une femme est étonnant tant le personnage principal est caricatural et fait passer Sex and the City pour une série à la pointe du féminisme et du progressisme

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Première nouvelle trois femmes en mode Musil ronronnant, pas mal, 7-8/10 tranquille c'est marrant...

Mais avec Noces Robert rappelle qui est le patron du littérature game autrichien de la première moitié du XXe siècle : grosse grosse claque en légende

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Dans Jojo's bizarre adventure quand ils déterrent des humains à 1000m de profondeur ça donne une histoire plus intéressante et marrante franchement (et moins raciste aussi)

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La hype qu'a pu avoir ce récit à une époque est compréhensible - un peu en mode les 400 coups au cinéma - tant certains passages de dialogues impossibles entre l'adolescent et les adultes, notamment au début et à la fin du roman, sont touchants de réalisme. Malheureusement, l'histoire se perd en développements et péripéties plus ou moins superflues qui continuent à plonger le narrateur dans une dépression de plus en plus profonde ; bien que je comprenne la démarche, j'ai compris qu'il arrivait pas à baiser ou à se faire servir de l'alcool pas besoin que ça recommence trente fois.

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Failli lâcher le livre en plein milieu tant certains passages du personnage de Bruno devenaient écoeurants, mais la fin douce-amère du roman et les traits d'écriture astucieusement touchants si propres à Houellebecq (cf. le personnage de Michel et ses plats Monoprix gourmet) rappellent pourquoi le déchet humain qui sert d'auteur à ce récit est un des meilleurs écrivains français contemporains.

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crying and shaking and throwing up quand je me dis que ce roman est inachevé et terminé pour moi... je ne reverrai plus Ulrich, Clarisse, Agathe et Moosbrugger... vais me flinguer
J'aimerais faire une critique sérieuse de l'impressionnant pavé que constituent les 2 tomes de l'Homme sans qualités, mais les caractéristiques du roman aussi bien que sa trame narrative échappent aux descriptions usuelles. L'Homme sans qualités est long, dense, parfaitement ennuyant par moments, trop réflexif, trop abstrait, sans action ; mais jamais un roman ne m'a semblé si près du but. De même que ses personnages, Musil a entrepris une réflexion sans fin où toute situation - et pour nous, toute lecture - est une occasion de réfléchir.