Lectures [2023]
52 livres
créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 11 moisIncendies (2003)
Sortie : 2003 (France). Théâtre
livre de Wajdi Mouawad
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Relecture pour l'école. Incendies m'apparaît de plus en plus comme un excellent point entre la courbe plaisir pour les élèves et celle de l'intérêt analytique pour la construction d'un cours. Cela tient évidemment à sa fin en "touiste", qui, si elle n'en est pas l'intérêt principal demeure un bon levier dans le plaisir que peuvent en tirer de jeunes lecteurs et lectrices. Mais derrière cela, il y a tout un jeu sur les voix, les échos, la mise en scène qui peut se révéler particulièrement stimulant à étudier. C'est une pièce qui ne me procure moins de plaisir en elle même que dans celui qu'elle procure à d'autres : je l'aime donc par procuration.
Œdipe n'est pas coupable (2021)
Sortie : 2021 (France). Essai
livre de Pierre Bayard
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
On parle beaucoup de "Comment parler des livres que l'on a pas lus" qui m'avait laissé circonspect mais cet essai sous la forme d'une enquête me semble bien plus intéressant. Bayard tente de proposer une contre-enquête à partir du texte de Sophocle afin de révéler l'erreur judiciaire de la plus célèbre des tragédies : selon lui, Œdipe a été accusé à tort et le réel criminel demeure encore inconnu. Si j'étais sceptique dans les premières pages - car j'ai tendance à trouver Bayard malin dans son approche de la littérature mais souvent décevant dans son traitement - je dois avouer que je me suis laissé prendre par ce texte qui prend des tournures borgésiennes par moments (Bayard, en vacances en Grèce, évoque le complot qui pèse sur lui pour le faire taire). Il revient sur les éléments troubles de la pièce de Sophocle, ses failles ainsi que les contradictions des personnages et propose une hypothèse qui en vient presque à nous faire douter de ce que l'on sait ou croit savoir. La résolution de l'énigme n'est d'ailleurs pas gratuite et lui permet de se lancer dans une réflexion finale (chapitre "La boîte de Pandore") loin d'être dénuée d'intérêt mais dont j'éviterai de parler afin de ne pas gâcher le plaisir de l'enquête...
Son approche policière du geste critique est particulièrement savoureuse et fait de l'acte herméneutique un petit plaisir dont il serait dommage de se priver.
La Femme gelée (1981)
Sortie : 1981 (France). Récit
livre de Annie Ernaux
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Janvier.
Je suis très étonné que l'on ait tendance à classer Ernaux du côté de l'écriture blanche - pour les plus sympathiques - voire du non-style - pour les moins sympathiques. C'est une catégorisation que j'avais moi même en tête avant d'en lire, ayant lu ses propos sur le désir de ne pas faire littéraire, rayant régulièrement toute phrase qui "sonnerait" trop. Mais au contraire, en lisant la Femme gelée, j'ai eu la surprise de trouver, au lieu de la phrase lisse et nette que je m'attendais à y voir, un style bien plus coloré et rugueux. Cela tient tout d'abord dans un travail de l'oralité mais aussi dans une manière de glisser d'une idée à l'autre dans une même phrase, comme si l'on suivait dans le texte un petit flux de conscience.
Poèmes choisis
Poésie
livre de Renée Vivien
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Janvier.
Poétesse très peu éditée - il faudra se contenter de ce mélange de la collection Points qui manque un peu de cohérence mais a le mérite d'exister - alors même que sa place dans la poésie du début du siècle est loin d'être infime. Si sa poésie ne verse pas tant dans les expérimentations fin de siècle d'un Mallarmé, on y retrouve une certain sens du symbolisme (l'influence Baudelairienne est évidente). Vivien développe tout un panthéon personnel (les violettes, Sapho, Ophélia, l'eau) et s'amuse à leurs nombreuses variations.
Mais malgré son surnom de "Sapho 1900" c'est à Corbière qu'elle m'a étrangement fait penser, il y a dans son désespoir "violet" quelque chose de "jaune", moins rigolard mais non moins mordant. A creuser...
Sous d'autres formes nous reviendrons (2022)
Sortie : avril 2022. Poésie
livre de Claro
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Un texte poétique sous forme de réflexion sur la mort, à travers l'exemple des vanités, le lithopédion de Sens ou encore la Momie de Karl Freund - ce que Claro englobe dans le concept de "disparances". Le texte, lui aussi, se fait peu à peu vanité, assemblages de "bandelettes" textuelles - le terme est lui - autour du vide, s'enroulant autour de citations diverses. Le tout avec un style poisseux et lourd (dans le bon sens du terme) qui tend à se faire corps et n'est pas sans rappeler Artaud par moment (cité à plusieurs reprises). C'est quelque chose noir assez savoureux.
La Riposte de Molière (2022)
Sortie : janvier 2022. Essai
livre de Paul Audi
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Dans cet essai d'une centaine de pages, Paul Audi revient sur l'ouverture de Dom Juan et particulièrement sur cet "étrange éloge du tabac" que propose Sganarelle et dont on ne sait trop quoi faire dans l'économie de la pièce. Un peu à la façon de Bayard, il propose un retour (je dirais une "enquête" si ce n'était pas devenu un cliché de comparatistes) sur l'histoire herméneutique de ces quelques lignes qui ont fait couler beaucoup d'encre - et suer bien des critiques - pour en livrer enfin une autre lecture qui nous apparaît comme l'évidence même : c'est tout le principe des thèses lorsqu'elles sont introduites comme un élément de résolution final. Mais tout de même, on en vient à se demander comment cette interprétation a pu passer sous les radars tant elle est frappante de luminosité (la référence à Aristote particulièrement).
Le Roi Lear (1606)
(traduction Jean-Michel Déprats)
King Lear
Sortie : 1606 (France). Théâtre
livre de William Shakespeare
Mr_Chouette a mis 9/10.
Annotation :
Janvier.
C'est la valse terrible des fous. Tout se fracture et se renverse : les enfants font du tort aux parents, les épouses prennent l'ascendant sur les maris, l'esclave frappe son maître, le fou devient plus sage que le roi et c'est dans l'orage le plus profond que tout semble briller le plus.
Même si la mise en scène d'Ostermeier a l'air foirée (selon mes informateurs), j'ai hâte de réentendre ce texte magistral.
Mémoires d'Hadrien (1951)
Sortie : 1951 (France). Roman
livre de Marguerite Yourcenar
Mr_Chouette a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Février.
Quatrième lecture. Toujours aussi envoutant. J'ai particulièrement (re)goûté la couleur étrange de "Saeculum Aureum" qui détonne avec les autres parties. Il s'agit d'une forme de parenthèse (dorée) qui touche à la fable et à la poésie. La brève scène de la chasse au lion qui se termine en une vanité me reste bizarrement en tête et me fascine toujours autant. Il faudra étudier la place de la mystique dans Mémoires d'Hadrien.
Autre question : Yourcenar fait-elle preuve d'ironie - ou de distance au moins - vis à vis des propos d'Hadrien ou les épouse-t-elle tous ? J'ai toujours du mal à me positionner parce qu'elle a une tendance certaine à s'effacer mais certains passages sonnent si hypocrites pour un lecteur contemporain... La noirceur dont elle parle dans les entretiens demeure finalement assez discrète, le personnage se trouvant toujours une excuse ou évoquant l'occasion d'un apprentissage. Ce qui me plait le plus, c'est de lire en Mémoires d'Hadrien une œuvre de propagande et je trouve peu d'articles à ce sujet - sans doute car cela tient plus à une question de réception.
Oncle Vania (1897)
(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)
Dyadya Vanya
Sortie : 1994 (France). Théâtre
livre de Anton Tchékhov
Mr_Chouette a mis 9/10.
Annotation :
Février.
Non pas une lecture mais la mise en scène de Vania à l'Odéon.
J'avais très envie d'en toucher deux mots tant la mise en scène peut modifier la perception d'une pièce que l'on aime. Tchékhov est mon dramaturge préféré, Vania surement l'un des textes qui m'avait le plus touché (toujours derrière la Cerisaie) et Galin Stoev a réussi l'exploit de me faire détester ce texte durant 2h30. J'écris détester car en sortant de la pièce je ne comprenais plus pourquoi j'avais un si bon souvenir de Tchékhov tant ce que j'avais entendu me semblait pauvre.
La traduction Ferrere/Stoev est particulièrement mauvaise. Elle cherche l'oralité - pourquoi pas - mais plonge dans quelque chose de particulièrement lourd, comme si l'on s'adressait à un public collégien que l'on estime trop bête pour comprendre. La mise en scène est une superposition de mauvaises idées. Elle cherche l'actualisation - c'est fréquent et cela permet de dépoussiérer - avec une telle force que tout en devient ridicule. C'est à croire que plusieurs pièces coexistent devant nous, plusieurs directions mais dont aucune n'est exploré véritablement. Le seul intérêt d'une pareille pièce, c'est de m'avoir permis de mieux comprendre l'ennui des personnages piégé dans cette maison de campagne.
Les Saisons (1965)
Sortie : 1965 (France). Roman
livre de Maurice Pons
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Février.
Je comprends assez bien le statut de "livre-culte" des Saisons tant à chaque page nous nous demandons dans quelle flaque boueuse Maurice Pons va encore nous faire glisser. C'est un livre où tout - ou presque - n'est que fange, pourriture et suppuration. Le personnage semble s'enfoncer lentement, et nous avec, dans une vision cauchemardesque, délaissant peu à peu des parties de son corps, comme nous de la santé mentale. Et pourtant, demeure malgré tout une sorte de rage esthétique permanente (que l'on retrouve dans certains passages comme celui de l'orteil blessé) comme si le roman refusait de totalement se laisser engloutir par l'horreur environnante.
C'est donc un roman très noir mais traversé par quelques élans désespérés. Roman qui s'essouffle un peu à mon goût dans la deuxième partie mais qui n'en demeure pas moins un véritable ovni poisseux et pourtant délectable.
Poèmes
Sortie : 2018 (France). Poésie
livre de Fiodor Tiouttchev
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Février.
1984 (1949)
(traduction d'Amélie Audiberti)
Nineteen Eighty-Four
Sortie : 1 juillet 1950 (France). Roman, Science-fiction
livre de George Orwell
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Février.
Relecture pour les bébés de seconde.
Je n'avais pas relu ce texte depuis de lycée (collège?) et bien qu'il sature désormais tout discours politique (souvent de bas étage), je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un plaisir certain en redécouvrant ce texte. C'est surement car malgré tout ce que l'on a pu dire ou faire dire à 1984, le livre demeure d'une grande force. Particulièrement en ce qui concerne la malléabilité de la vérité et de sa désignation par le régime à travers la novlangue, la réécriture du passé mais plus encore : la double pensée. Je trouve que c'est là la grande trouvaille d'Orwell et j'en avais presque oublié l'existence.
L'Éducation géographique (2022)
Sortie : 12 janvier 2022. Poésie
livre de Pierre Vinclair
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Mars.
C'est d'abord cette très belle couverture de chez Flammarion ainsi que ce titre étrange pour un livre du rayon poésie qui m'ont attiré.
Pierre Vinclair y parcours le labyrinthe de la mémoire à travers l'évocation de lieux divers et de voyages mais également par les lectures nombreuses, le tout soutenu par une réflexion constante sur la poésie et l'existence du poème. L'Education géographique n'est que le premier tome d'une tétralogie de 100 poèmes où Vinclair s'amuse à varier les formes poétiques de façon acrobatique. On y circule parfois difficilement mais cet entrechoc permanent des formes et des tons permet de ne jamais dériver totalement (ou plutôt si?).
Je garde un souvenir particulièrement ému de "A Nantes", "Everyman's poetry" mais surtout de l'excellent "Olds à Penang".
L'Île au trésor (1883)
(traduction André Bay)
Treasure Island
Sortie : 1885 (France). Roman
livre de Robert Louis Stevenson
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Mars.
Je le confesse, je n'avais jamais lu L'Île au trésor. J'ai pourtant le souvenir de jolies éditions illustrées que mes parents m'avaient offertes pour m'appâter mais je ne m'y suis jamais prendre alors même que c'est le roman d'enfance par excellence.
Je ne connaissais donc rien de cette histoire en l'ouvrant (dans une récente éditions illustrée, à croire que c'est la seule façon dont on peut lire ce texte) si ce n'est le nom de Jong John Silver qui n'évoquait chez moi qu'un vague cliché de pirate croisé dans quelques bandes dessinées.
Mais si cliché il y a - Long John a une jambe de bois, un perroquet, une pipe toujours fumante en bouche, convoite un trésor perdu - ou plutôt si modèle on retrouve, la figure de Long John est encore plus savoureuse que ce que j'imaginais tant le pirate n'hésite pas à susciter la pitié, à se soumettre à l'ordre britannique incarné par le docteur dans l'unique but de sauver sa peau. John est un faible, un lâche, un opportuniste et ne se sauve que par son jeu d'acteur permanent. Il est le seul pirate qui parvienne à se sauver, dans une pirouette finale, échappant à l'ordre étatique (le héros de l'histoire). Car, comme cent ans plus tôt avec Robinson Crusoé, le roman est traversé par un discours moral et politique qui nous dépeint les pirates comme de véritables barbares ne méritant que la civilisation de force ou la corde. Mais ce qui sauve de cette lourdeur morale c'est la fascination et la sympathie dont Stevenson fait preuve à l'égard de Long John, repoussoir à bourgeois et pourtant véritable héro de cette aventure.
Fragments d'un discours amoureux (1977)
Sortie : 1977 (France). Essai
livre de Roland Barthes
Mr_Chouette a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Mars.
La voyeuse interdite
Sortie : 1 mars 1991 (France). Roman
livre de Nina Bouraoui
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Mars.
La Voyeuse interdite est un livre du dedans. La protagoniste ne cesse d'y évoquer son enfermement dans cette petite maison comme dans les traditions, mais bien plus encore son "dedans", son ventre, son sexe, son sang. Le point de vue interne lui-même traduit une vision du monde du dedans où le réel et l'illusion se confondent donnant lieu à une écriture parfois surréaliste, souvent animée et toujours déroutante. En ce sens, il était assez amusant de lire Bouraoui en même temps que Vazquez, chez laquelle on retrouve un travail similaire du "dedans". C'est ce style qui fait tout le sel de la Voyeuse interdite, livre qui est certes d'une violence que l'on trouve parfois caricatural mais qui très paradoxalement ne sombre jamais dans le pathos ou le cliché.
Le Livre du large et du long (2023)
Sortie : 10 mars 2023. Roman, Poésie
livre de Laura Vazquez
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Avril.
Je disais plus haut que La Voyeuse interdite était un livre du "dedans" et bien Le Livre du large et du long me paraît comme un beau livre du dehors. Pensée, après écriture, comme une épopée, on y suit une voix, la narratrice, tentant de comprendre le monde et les choses. A la manière d'un Lucrèce - que Vazquez présente comme une influence notable - cette voix se fait regard tentant de saisir de "long" en "large" (du microscopique au macroscopique) ce qui se pose sous ses yeux. On a une écriture bien plus fragmentaire que dans La Semaine perpétuelle (qui était un roman) mais un même désir de comprendre et d'expérimenter le monde. Laura Vazquez a expliqué que ce texte s'était écrit comme "caché d'elle même" (on retrouve cet "en dehors") lorsque, sans y penser elle prenait des notes sur son téléphone. De là, une structure plus éclatée (on est très proche de son travail poétique publié dans Vous êtes de moins en moins réels) dans laquelle on entre et l'on sort au grès des pages. La narratrice est une voix mais elle est d'abord un millier d'yeux se posant sans distinction de sujet, partout à la fois, habitée par une frénésie d'expérimentation.
Mais s'il y avait quelque chose de très jouissif dans le travail de variation de la Semaine, celui-ci se transforme en répétition dans Le Livre du large et du long, les mimiques d'écriture deviennent criantes et la forme éclatée crée autant de failles desquelles par lesquelles on fuite hors du texte. Et c'est ce travail d'équilibre qui me semble faire défaut ici.
Un été avec Rimbaud (2021)
Sortie : 5 mai 2021. Essai, Littérature & linguistique
livre de Sylvain Tesson
Mr_Chouette a mis 4/10.
Annotation :
Avril.
La vulgarisation a de formidable que l'on puisse y tenir un propos réducteur et superficiel sans se voir d'emblée disqualifier. "Je ne suis pas spécialiste mais cela ne fait rien car c'est de la vulgarisation". Si Compagnon savait se plier à l'exercice avec intelligence, Tesson lui s'y vautre. Il a un sens de la formule, il le sait mais il n'a que cela. Et nous voici embarqués dans une énumération de poncifs sur le génie (notion qui n'est jamais interrogée), de mythifications romantiques, d'approximations (des confusions entre les Cahiers et Une saison, des erreurs sur l'appellation des vers...). Car Tesson semble s'en prendre à certains mythes pour en recréer d'autres. C'est ce qui différencie sans doute un écrivain d'un critique un tant soit peu sérieux. Et je passe sur sa condescendances ridicule. Tout n'est pas qu'affaire de formulations élégantes. Pire encore, en se moquant de la "crétinerie de l'interprétation" (particulièrement sur la Commune, c'est intéressant de le remarquer), il feint d'oublier qu'il est lui même en train de proposer une lecture - politique - de Rimbaud, celle ou le génie inexplicable frappe la terre des hommes. Tesson me fait penser à ces journalistes jetant la pierre à ceux qu'ils qualifient d'idéologues, oubliant par là même que leur "neutralité" revendiquée n'est pas moins chargée d'idéologie.
Le Grand Jeu (1928)
Sortie : 1928 (France). Poésie
livre de Benjamin Péret
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Avril.
J'entretiens un rapport très étrange au surréalisme en poésie. J'ai une envie folle de l'apprécier mais la plupart de mes expériences ont été des douches froides : Eluard me résiste - à l'exception de quelques textes -, Breton m'inspire peu de choses et seul Césaire (qui n'est pas le surréaliste le plus revendiqué) me plaît et encore un peu moins dans les "Armes miraculeuses". C'est finalement l'idée du surréalisme qui semble m'attirer plus que les textes qui en découlent...
Mais j'avais eu le plaisir de croiser la route d'un recueil de Benjamin Péret - justement à la maison d'André Breton de Saint Cirq Lapopie - intitulé "Je ne mange pas de ce pain là" et j'avais été charmé par ses provocations et sa simplicité. "Le Grand jeu" m'apparaissait donc comme une étape nécessaire. Et si le début de ma lecture m'a replongé dans les affres de mon incompréhension, j'ai progressivement pris un grand plaisir à lire ses poèmes, et ce par le rire. Parcequ'il y a chez Péret un sens constant du "jeu" et ses associations poétiques versent moins dans l'expérimentations de l'écriture automatique - qu'il évitera je crois - que dans un constant plaisir de l'étrange. Cela peut vous sembler la même chose mais les poèmes de Péret suggère tout particulièrement le sourire et confèrent un plaisir étrange dans leur lecture. Il est un surréaliste sympathique.
Sur le style de Flaubert (1920)
Sortie : novembre 2014 (France). Essai
livre de Marcel Proust
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Avril.
L'Éducation sentimentale (1869)
Sortie : 1869 (France). Roman
livre de Gustave Flaubert
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Mai.
Le Témoin jusqu'au bout (2022)
Une lecture de Victor Klemperer
Sortie : mars 2022. Essai
livre de Georges Didi-Huberman
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Mai.
Une mémoire pour l'oubli (1987)
Sortie : septembre 2007 (France). Roman, Poésie, Récit
livre de Mahmoud Darwich
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Mai.
Cahier de Douai (1870)
Sortie : 1870 (France). Poésie
livre de Arthur Rimbaud
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juin.
Un Rimbaud sans doute adapté aux yeux des lycéens car pas encore le voyant déstabilisant qu'il sera dans "Une saison en enfer" ou "Illuminations". Et l'on voit à quel point le mythe de la comète est une illusion faite pour les benêts comme Sylvain Tesson tant l'ouvrage transpire les références et influences diverses - tantôt parnassiennes, tantôt hugoliennes et évidemment baudelairiennes. Mais la fraicheur de ce Rimbaud n'est pas synonyme de naïveté et même dans les poèmes les plus adolescents on sent quelque chose d'une grande force. On retrouve certains textes un peu trop éculés ("Le Dormeur du Val", "Roman") et d'autres que l'on avait négligé ("L'Eclatante Victoire de Serrenbrück"). Et puis il reste tout de même "Sensation" qui, aussi étudié qu'il puisse être, demeure d'une force et d'une simplicité inégalée.
Le Père Goriot (1835)
Sortie : 1835 (France). Roman
livre de Honoré de Balzac
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juin.
Changer : méthode (2021)
Sortie : 16 septembre 2021. Roman
livre de Édouard Louis
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Juin.
Je réalise que j'ai attribué la même note à tous les textes d'Edouard Louis, or Changer : méthode me paraît son texte le plus nécessaire des trois ou du moins il semble jouer le rôle de la pierre finale qui manquait à l'édifice. Il y a en effet dans ce texte quelque chose qui semble annoncer la fin d'un cycle (à voir), c'est du moins l'impression que donne la forme de nostalgie qui traverse les dernières pages de ce quatrième texte autobiographique. Comme je l'avais lu dans un article d'En Attendant Nadeau, Edouard Louis suscite toujours une forme d'agacement du lectorat et celui-ci tire souvent sa cause dans un mépris de la plainte, mais il est vrai aussi que l'auteur ne fait rien pour l'atténuer, bien au contraire il en joue et le module.
"Changer : méthode", comme l'était déjà le premier texte d'Edouard Louis, est une histoire de métamorphoses - le pluriel est important. On y retrouve ce que l'on a déjà lu ailleurs : travail sur le corps, sur la voix, système de "mentors" initiant à de nouvelles sphères, effort et désespoirs successifs. Le livre est d'ailleurs rythmé par ce jeu de rencontres et d'abandons ou plutôt de fuites successives de l'auteur. Mais le réel paradoxe c'est qu'on y retrouve une forme de culte de l'effort - effort pour s'arracher à un milieu - vis à vis duquel l'auteur semble prendre assez peu de recul. On a l'impression de lire un Martin Eden contemporain mais cent ans plus tard. Je retiendrai cela dit les dernières pages particulièrement frappantes car soudain plus complexe que l'ensemble de l'œuvre : "J'ai détesté mon enfance, et mon enfance me manque".
Chagrin d'école (2007)
Sortie : 2007 (France). Essai
livre de Daniel Pennac
Mr_Chouette a mis 5/10.
Annotation :
Juin.
Daniel Pennac a très probablement été un excellent professeur et j'adorerai échanger avec lui à propos du métier ou de littérature mais cette douceur et cette bonté dont il fait preuve dans ses textes n'en fait pas un bon écrivain pour autant. Car ce qu'il manque à son texte c'est sans doute de la pensée. C'est très bienveillant et marqué par une expérience qui dépasse les clichés, on a envie de se ranger à son avis et pourtant c'est d'une étonnante fadeur. Il y a quelque chose du mythe dans son image du "cancre" et quelque chose de très fantasmé dans sa conception de l'enseignement. Pourtant il s'efforce d'anticiper les reproches (combien de formules en "on me dira...", "certains m'objecteraient que...") mais ses considérations n'en demeurent pas moins soit d'une grande candeur, soit de parfaites évidences annoncées avec la voix du vieux sage.
Cela dit, il existe un temps pour tout et je garde d'excellents souvenir de "Comme un roman", son essai sur la lecture. Peut-être ma bouderie s'explique-t-elle par ce fait simple : Pennac écrit pour les élèves et non pour moi.
Intérieur nuit (2016)
Lire les Ames fortes de Jean Giono
Sortie : 2016 (France). Essai
livre de Denis Labouret
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Juin.
Un essai de qualité sur un des romans les plus complexes et les plus modernes de Giono. La note n'a pas de réelle valeur car le travail de recherche est de qualité. Mais j'ai l'impression que Labouret ne fait qu'effleurer le sujet - vaste, je le concède - des "Ames fortes". Cela s'explique sans doute par le fait que la collection produit des textes destinés aux agrégatives et agrégatives et que l'objectif est avant tout de déblayer le mille-feuille romanesque que constitue cet ouvrage. Et rien que pour cela, c'est du beau boulot.
Moralités légendaires (1887)
Sortie : 1887 (France). Essai, Recueil de nouvelles
livre de Jules Laforgue
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Juin.
La Vie devant soi (1975)
Sortie : 14 septembre 1975 (France). Roman
livre de Romain Gary / Émile Ajar
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Juillet.