Lectures 2023

On continue la lecture d'Illusions Perdues - commencée en 2022 - pour débuter 2023

Liste de

54 livres

créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 2 mois
Illusions perdues
8.1

Illusions perdues (1839)

Sortie : 1839 (France). Roman

livre de Honoré de Balzac

ElFamosoKhey a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Mon petit, en littérature, chaque idée a son envers et son endroit ; et personne ne peut prendre sur lui d’affirmer quel est l’envers. Tout est bilatéral dans le domaine de la pensée. Les idées sont binaires. Janus est le mythe de la critique et le symbole du génie. Il n’y a que Dieu de triangulaire ! Ce qui met Molière et Corneille hors ligne, n’est-ce pas la faculté de faire dire oui à Alceste et non à Philinte, à Octave et à Cinna. Rousseau, dans la Nouvelle-Héloïse, a écrit une lettre pour et une lettre contre le duel, oserais-tu prendre sur toi de déterminer sa véritable opinion ? Qui de nous pourrait prononcer entre Clarisse et Lovelace, entre Hector et Achille ? Quel est le héros d’Homère ? quelle fut l’intention de Richardson ? La critique doit contempler les œuvres sous tous leurs aspects. »

« - Si la Presse n’existait point, faudrait-il ne pas l’inventer ; mais la voilà, nous en vivons.
- Vous en mourrez, dit le diplomate. Ne voyez-vous pas que la supériorité des masses, en supposant que vous les éclairiez, rendra la grandeur de l’individu plus difficile ; qu’en semant le raisonnement au cœur des basses classes, vous récolterez la révolte, et que vous en serez les premières victimes. Que casse-t-on à Paris quand il y a une émeute ?
- Les réverbères, dit Nathan ; mais nous sommes trop modestes pour avoir des craintes, nous ne serons que fêlés.
- Vous êtes un peuple trop spirituel pour permettre à un gouvernement de se développer, dit le ministre. Sans cela vous recommenceriez avec vos plumes la conquête de l’Europe que votre épée n’a pas su garder.
- Les journaux sont un mal, dit Claude Vignon. On pouvait utiliser ce mal, mais le gouvernement veut le combattre. Une lutte s’ensuivra. Qui succombera ? voilà la question.
- Le gouvernement, dit Blondet, je me tue à le crier. En France, l’esprit est plus fort que tout, et les journaux ont de plus que l’esprit de tous les hommes spirituels, l’hypocrisie de Tartufe.
- Blondet ! Blondet, dit Finot, tu vas trop loin : il y a des abonnés ici.
- Tu es propriétaire d’un de ces entrepôts de venin, tu dois avoir peur ; mais moi je me moque de toutes vos boutiques, quoique j’en vive ! »

« Aujourd’hui, chez vous, le succès est la raison suprême de toutes les actions, quelles qu’elles soient. Le fait n’est donc plus rien en lui-même, il est tout entier dans l’idée que les autres s’en forment. »

Macbeth
8

Macbeth (1606)

(traduction Jean-Michel Desprats)

Sortie : 2002 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

ElFamosoKhey a mis 9/10.

Annotation :

« MACBETH : Les peurs que l'on ressent ne sont rien auprès des terreurs que l'on imagine. »

« BANQUO : C'est étrange :
Et bien souvent, pour nous conduire à notre perte,
Les puissances des ténèbres nous disent des vérités,
Elles nous séduisent par d'honnêtes bagatelles, pour nous trahir
En des affaires plus graves. »

« MACBETH : Oh ! plein de scorpions est mon esprit, chère épouse !
[…] Reste innocente de la confidence, ma colombe,
Jusqu'à ce que tu en applaudisses l'exécution. Viens, nuit qui coud nos paupières,
Aveugle l'œil tendre du jour compatissant,
Et de ta main sanglante et invisible
Annule et déchire ce grand pacte
Qui me tient ligoté. La lumière s'épaissit, et le corbeau
Gagne de l'aile le bois ténébreux.
Les bonnes créatures du jour somnolent et s'assoupissent,
Et les noirs agents de la nuit vers leurs proies se hérissent.
Mes paroles t'étonnent ; mais reste calme,
Ce qui a commencé dans le mal s'affermit par le mal. »

« MACBETH : Demain, et puis demain, et puis demain,
Se glisse à petits pas de jour en jour,
Jusqu'à l'ultime syllabe du registre du temps,
Et tous nos hier ont éclairé pour des sots
Le chemin de la mort poussiéreuse. Éteins-toi, éteins-toi, courte flamme,
La vie n'est qu'une ombre en marche, un pauvre acteur,
Qui se pavane et se démène son heure durant sur la scène,
Et puis qu'on n'entend plus. C'est un récit
Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »

Les Nuits blanches
7.8

Les Nuits blanches (1848)

(traduction André Markowicz)

Belye notchi

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

ElFamosoKhey a mis 9/10.

Annotation :

« pourquoi ne sommes-nous pas tous comme des frères avec des frères ? Pourquoi le meilleur des hommes a-t-il toujours quelque chose à cacher à un autre et se tait-il devant lui ? Pourquoi ne pas dire franchement, tout de go, ce qu'on a dans le cœur, si on sait qu'on ne parlera pas en pure perte ? Autrement, chacun se donne des airs d'être plus farouche qu'il n'est en réalité, comme si on craignait de déflorer ses sentiments en les exprimant trop vite... »

« O mon Dieu ! une minute entière de félicité ! Mais n'est-ce pas assez pour toute une vie d'homme ?... »

Les Carnets du sous-sol
8.1

Les Carnets du sous-sol (1864)

(traduction André Markowicz)

Zapiski iz podpol'ia

Sortie : 1992 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

ElFamosoKhey a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Je veux maintenant vous raconter, messieurs, que vous le désiriez ou non, pourquoi je n'ai même pas réussi à devenir un insecte. Je vous le déclare solennellement : maintes fois déjà j'ai essayé de devenir un insecte ; mais je n'en ai pas été digne. »

« Où donc ont-ils pris, nos sages, que l'homme a besoin de je ne sais quelle volonté normale et vertueuse ? Pourquoi se sont-ils imaginé que l'homme aspire après une certaine volonté raisonnable et avantageuse ?
L'homme n'aspire qu'après une volonté indépendante, quel qu'en soit le prix et quels qu'en soient les résultats. Mais le diable sait ce que vaut cette volonté... »

« Alors, dites-vous, la science apprendra à l'homme (mais à mon avis ceci est déjà un luxe superflu) qu'il n'a jamais eu de volonté, ni de caprices, et qu'il n'est, en somme, qu'une touche de piano, une pédale d'orgue; ce qu'il accomplit, par conséquent, il l'accomplit non selon sa volonté, mais conformément aux lois de la nature. »

Le Sacré et le Profane
7.6

Le Sacré et le Profane

Sortie : 1957 (France). Essai, Culture & société

livre de Mircea Eliade

ElFamosoKhey a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Au contraire, l’expérience profane maintient l’homogénéité et donc la relativité de l’espace. Toute vraie orientation disparaît, car le « point fixe » ne jouit plus d’un statut ontologique unique : il apparaît et disparaît selon les nécessités quotidiennes. A vrai dire, il n’y a plus de « Monde » mais seulement des fragments d’un univers brisé, masse amorphe d’une infinité de « lieux » plus ou moins neutres où l’homme se meut, commandé par les obligations de toute existence intégrée dans une société industrielle. »

« Le Temps sacré est par sa nature même réversible, dans le sens qu’il est, à proprement parler, un Temps mythique primordial rendu présent. Toute fête religieuse, tout Temps liturgique, consiste dans la réactualisation d’un événement sacré qui a eu lieu dans un passé mythique, « au commencement ». Participer religieusement à une fête implique que l’on sort de la durée temporelle « ordinaire » pour réintégrer le Temps mythique réactualisé par la fête même. Le Temps sacré est par suite indéfiniment récupérable, indéfiniment répétable. D’un certain point de vue, on pourrait dire de lui qu’il ne « coule » pas, qu’il ne constitue pas une « durée » irréversible. C’est un Temps ontologique par excellence, « parménidien » : toujours égal à lui-même, il ne change ni ne s’épuise. »

« L’homme profane, qu’il le veuille ou non, conserve encore les traces du comportement de l’homme religieux, mais expurgées des significations religieuses. Quoi qu’il en fasse, il est un héritier. Il ne peut abolir définitivement son passé, puisqu’il en est lui-même le produit. Il se constitue par une série de négations et de refus, mais il continue encore à être hanté par les réalités qu’il a abjurées. Pour disposer d’un monde à lui, il a désacralisé le monde dans lequel vivaient ses ancêtres mais, pour y arriver, il a été obligé de prendre le contrepied d’un comportement qui le précédait, et ce comportement il le sent toujours sous une forme ou une autre, prêt à se réactualiser au plus profond de son être. »

Manifeste du parti communiste
7.2

Manifeste du parti communiste (1848)

Manifest der Kommunistischen Partei

Sortie : 1848 (Royaume-Uni). Essai, Politique & économie, Philosophie

livre de Karl Marx et Friedrich Engels

ElFamosoKhey a mis 5/10.

Annotation :

« Dans la mesure même où se développe la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent que tant qu'ils trouvent du travail et qui n'en trouvent que tant que leur travail augmente le capital. Ces ouvriers, obligés de se vendre par portions successives, sont une marchandise comme tout autre article du commerce et sont donc exposés de la même manière à tous les aléas de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. »

« Le capitalisme a soumis tous les hommes au règne de l'argent et a dissous tous les liens qui les unissaient. La famille elle-même n'y a pas résisté. L'homme est devenu une marchandise comme toutes les autres dont le prix est réglé par la loi de l'offre et de la demande, par la concurrence. »

La Querelle des nationalistes et des cosmopolites
7.4

La Querelle des nationalistes et des cosmopolites (1892)

Sortie : 1892 (France). Essai

livre de Maurice Barrès

ElFamosoKhey a mis 7/10.

Annotation :

« Les littératures étrangères nous donnent ces curiosités de bouche si nécessaires à des lettrés français fatigués de la table nationale trop bien servie. Vive la France ! Elle est parfaite. Mais surtout Vive l’Europe ! Elle a pour nous ce mérite d’être un peu inédite. Elle nous réveille par des poivres et des épices nouveaux. Nos maîtres français sont des épiciers dont nous avons épuisé la boutique. »

La Route
7.6

La Route (2006)

The Road

Sortie : 3 janvier 2008 (France). Roman, Science-fiction

livre de Cormac McCarthy

ElFamosoKhey a mis 9/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« Aucune liste de choses à faire. Chaque jour en lui-même providentiel. Chaque heure. Il n'y a pas de plus tard. Plus tard, c'est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre cœur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres.
Bon, chuchotait-il au petit garçon endormi. Je t'ai toi. »

« [...] ils restèrent assis là en silence les mains tendues vers les flammes. il essayait de trouver quelque chose à dire mais ne trouvait rien. Il avait éprouvé ce sentiment-là avant, au-delà de l'engourdissement et du morne désespoir. Le monde se contractant autour d'un noyau brut d’entités sécables. Le nom des choses suivant lentement ces choses d'oubli. Les couleurs. Le nom des oiseaux. Les choses à manger. Finalement, les noms des choses que l'on croyait être vraies. Plus fragile qu'il ne l'aurait pensé. Combien avait déjà disparu ? L'idiome sacré coupé de ses référents et par conséquent de sa réalité. Se repliant comme une chose qui tente de préserver la chaleur. Pour disparaître à jamais le moment venu. »

« Il avait taillé pour le petit une flûte dans une tige de jonc qu'il avait trouvé au bord de la route et il la sortit de sa veste et la lui tendit. Le petit la prit sans mot dire. Au bout d'un moment il ralentit le pas et resta en arrière et au bout d'un moment l'homme l'entendit qui jouait. Une musique informe pour les temps à venir. Ou peut-être l'ultime musique terrestre tirée des cendres des ruines. L'homme s'était retourné et le regardait. Perdu dans sa concentration. Triste et solitaire enfant-fée annonçant l'arrivée d'un spectacle ambulant dans un bourg ou un village sans savoir que les acteurs ont tous été enlevés par des loups. »

« Autrefois il y avait des truites de torrents dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d'ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l'eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leurs dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D'une chose qu'on ne pouvait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu'elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l'homme et leur murmure était de mystère. »

Le Désespéré
8

Le Désespéré (1887)

Sortie : 1887 (France). Roman

livre de Léon Bloy

ElFamosoKhey a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd'hui, un adolescent que les disciplines modernes exaspèrent et que l'abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d'aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l'infini. Il ne reste plus que l'Art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux et catacombal. Mais, quand même, c'est l'unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde. »

« Vous avez promis de revenir, criait-il à Dieu, pourquoi donc ne revenez-vous pas ?
Des centaines de millions d'hommes ont compté sur votre Parole, et sont morts dans les affres de l'incertitude. La terre est gonflée des cadavres de soixante générations d'orphelins qui vous ont attendu.
Vous qui parlez du sommeil des autres, de quel sommeil ne dormez-vous pas, puisqu'on peut vociférer dix-neuf siècles sans parvenir à vous réveiller ? »

« Notre liberté est solidaire de l'équilibre du monde et c'est là ce qu'il faut comprendre pour ne pas s'étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l'infini. S'il donne de mauvais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l'univers. »

« Mon Dieu ! Que la vie est une horrible dégoûtation ! Et combien il serait facile aux sages de ne jamais faire d'enfant ! Quelle idiote rage de se propager ! Une continence éternelle serait-elle donc plus atroce que cette invasion de supplices qui s'appelle la naissance d'un enfant de pauvre ? »

Le Joueur d'échecs
8

Le Joueur d'échecs (1943)

(traduction Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent)

Schachnovelle

Sortie : 1944 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

ElFamosoKhey a mis 6/10.

Annotation :

« Toute ma vie, les diverses espèces de monomanies, les êtres passionnés par une seule idée m'ont fasciné, car plus quelqu'un se limite, plus il s'approche en réalité de l'infini ; et ces gens-là précisément, qui semblent s'écarter du monde, se bâtissent, tels des termites, et avec leur matériau particulier, un univers en miniature, singulier et parfaitement unique. »

Les Diaboliques
7.5

Les Diaboliques (1874)

Sortie : novembre 1874. Recueil de nouvelles

livre de Jules Barbey d'Aurevilly

ElFamosoKhey a mis 8/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« Jamais, à aucune heure de la journée, les églises de province ne sont plus hantées par ceux qui les fréquentent qu’à cette heure vespérale où les travaux cessent, où la lumière agonise, et où l’âme chrétienne se prépare à la nuit, – à la nuit qui ressemble à la mort et pendant laquelle la mort peut venir. A cette heure-là, on sent vraiment très bien que la religion chrétienne est la fille des catacombes et qu’elle a toujours quelque chose en elle des mélancolies de son berceau. »

« Je suis convaincu que, pour certaines âmes, il y a le bonheur de l'imposture. Il y a une effroyable, mais enivrante félicité dans l'idée qu'on ment et qu'on trompe ; dans la pensée qu'on se sait seul soi-même, et qu'on joue à la société une comédie dont elle est la dupe, et dont on se rembourse les frais de mise en scène par toutes les voluptés du mépris. »

« — Il n’y a donc ici, mon pauvre Rançonnet, reprit Mesnil, — disons le mot… qu’une cochonnerie. Mais ce que je trouve beau, moi, et très beau, ce que je me permets d’admirer, Messieurs, quoique je ne croie pas non plus à grand-chose, c’est cette fille Tesson, comme vous l’appelez, monsieur Reniant, qui porte ce qu’elle croit son Dieu sur son cœur ; qui, de ses deux seins de vierge fait un tabernacle à ce Dieu de toute pureté ; et qui respire, et qui vit, et qui traverse tranquillement toutes les vulgarités, et tous les dangers de la vie avec cette poitrine intrépide et brûlante, surchargée d’un Dieu, tabernacle et autel à la fois, et autel qui, à chaque minute, pouvait être arrosé de son propre sang !… Toi, Rançonnet, toi, Mautravers, toi, Sélune, et moi aussi, nous avons tous eu l’Empereur sur la poitrine, puisque nous avions sa Légion d’Honneur, et cela nous a parfois donné plus de courage au feu de l’y avoir. Mais elle, ce n’est pas l’image de son Dieu qu’elle a sur la sienne ; c’en est, pour elle, la réalité. C’est le Dieu substantiel, qui se touche, qui se donne, qui se mange, et qu’elle porte, au prix de sa vie, à ceux qui ont faim de ce Dieu-là ! Eh bien, ma parole d’honneur ! je trouve cela tout simplement sublime… Je pense de cette fille comme en pensaient les prêtres, qui lui donnaient leur Dieu à porter. Je voudrais savoir ce qu’elle est devenue. Elle est peut-être morte ; peut-être vit-elle, misérable, dans quelque coin de campagne ; mais je sais bien que, fussé-je maréchal de France, si je la rencontrais, cherchât-elle son pain, les pieds nus dans la fange, je descendrais de cheval et lui ôterais respectueus

Tropismes
6.9

Tropismes (1939)

Sortie : 1939 (France). Récit

livre de Nathalie Sarraute

ElFamosoKhey a mis 3/10.

Annotation :

« Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée de soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.
Étendu dans l’herbe torride, on reste sans bouger, on épie, on attend. »

Évangile selon Matthieu
8.7

Évangile selon Matthieu

(traduction Le Maître de Sacy)

To kata Matthaion euaggelion

Sortie : 8 janvier 1976 (France). Récit

livre

ElFamosoKhey l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.
Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux les affligés, car ils seront consolés !
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. »

L'Ignorance étoilée
7.6

L'Ignorance étoilée

Sortie : 5 mars 1974 (France).

livre de Gustave Thibon

ElFamosoKhey a mis 8/10.

Annotation :

« Idolâtrie du nombre et du record. La vitesse compte plus que le chemin parcouru, le chiffre plus que les choses comptées. Aller en avion de Paris à Tokyo dans un temps record sans rien voir au cours du voyage, en auto de Lyon à Nice, l’œil fixé sur le compteur kilométrique et non sur le paysage, posséder des sommes d'argent qu'on ne convertira jamais en plaisirs ou en bienfaits, etc. On adore le signe jusqu'au point où, dépouillé de sa relation avec l'objet qu'il désigne, il ne signifie positivement plus rien. »

« L' « amour », l'argent, le travail, la gloire, etc. Autant de moyens qui, dans la mesure où nous les poursuivons comme des fins, nous empoisonnent et nous détruisent. Car tel est le terme et le châtiment de l'idolâtrie que toutes ces choses auxquelles nous demandons d'être notre fin en tant qu'épanouissement et plénitude deviennent notre fin dans l'autre sens du mot : celui de dégradation et d'anéantissement. »

« Le pessimiste, lui, sait que Dieu et la nature ne lui doivent rien. Aussi accueille-t-il, comme des dons gratuits et inespérés, les moindres faveurs de la destinée - la conscience de la fragilité de nos joies est comme une irradiation de l’éternité dans le temps - et, quand les vents sont contraires, se résigne-t-il, sans accuser les dieux d’injustice, à des maux qu’il sait inhérents à la condition humaine. Il reçoit ainsi d’autant plus qu’il exige moins – et sa vie est, dans l’ensemble, plus équilibrée et plus heureuse que celle de ces créanciers impatients de la destinée à qui, dans la mesure même où ils se sentent des droits sur elle, la destinée fait toujours faillite. »

D'un château l'autre
7.8

D'un château l'autre (1957)

Sortie : 12 juin 1957. Roman, Récit

livre de Louis-Ferdinand Céline

ElFamosoKhey a mis 9/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« oh, elle se plaignait pas, mais je voyais… elle avait plus de force… elle couchait à côté de mon lit… un moment, le matin, elle a voulu aller dehors… je voulais l’allonger sur la paille… juste après l’aube… elle voulait pas comme je l’allongeais… elle a pas voulu… elle voulait être un autre endroit… du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux… elle s’est allongée joliment… elle a commencé à râler… c’était la fin… on me l’avait dit, je le croyais pas… mais c’était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d’où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord… la chienne bien fidèle d’une façon, fidèle aux bois où elle fuguait, Korsör ; là-haut… fidèle aussi à la vie atroce… les bois de Meudon lui disait rien… elle est morte sur deux… trois petits râles… oh, très discrets… sans du tout se plaindre… ainsi dire… et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattue, finie… le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d’où elle venait, où elle avait souffert… Dieu sait !
Oh, j’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… ce qui nuit dans l’agonie des hommes c’est le tralala… l’homme est toujours quand même en scène… le plus simple… »

« la cigarette gagne sur tout !... partout !... dans les conditions vraiment implacables : la cigarette !... j’ai vu aussi bien à la rifle qu’à l’ambulance de la prison, le dernier suprême souci humain : fumer !... ce qui prouve vous me direz pas le contraire que l’homme est d’abord, avant tout : rêveur !... rêveur-né ! povoîte ! primum vivere ? pas vrai !... primum gamberger ! voilà !... le rêve à tout prix !... avant la brife, le pive et l’oigne ! »

« Il fallait que je félicite, et pas qu'un peu !... énormément !... faut pas y aller à la cuiller avec les hommes politiques... massif ! jamais trop gros, lourd... comme aux gonzesses !... les hommes politiques demeurent jeunes filles toute leur vie... plaire !... plaire !... suffrages ! vous dites pas à une demoiselle : « Que vous êtes donc gentille ! » non ! vous lui parlez comme Mariano : « Dieu que vous êtes uniqu'au mon'do' » ! le moins qu'elle tolère !... votre homme politique est pareil !... »

Évangile selon Marc
7.9

Évangile selon Marc

(traduction Le Maître de Sacy)

To kata Mârkon euaggelion

Récit

livre

ElFamosoKhey l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'un aiguille, qu'il ne l'est à un riche d'entrer au royaume de Dieu. »

Avant-propos de la Comédie Humaine
8

Avant-propos de la Comédie Humaine (1842)

Sortie : 1842 (France). Essai

livre de Honoré de Balzac

ElFamosoKhey a mis 9/10.

Annotation :

« La Société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. »

Évangile selon Luc
8.5

Évangile selon Luc

(traduction Soeur Jeanne D'Arc)

To kata Loukân euangélion

Récit

livre

ElFamosoKhey l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Vendez vos biens, et donnez-les en aumône. Faites vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, où ni voleur n'approche ni mite ne détruit. Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »

« Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division. »

« Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? »

Moby Dick
7.6

Moby Dick (1851)

(traduction Armel Guerne)

Moby-Dick; or, The Whale

Sortie : 21 mars 2011 (France). Roman

livre de Herman Melville

ElFamosoKhey a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Car ne l'oublions pas : il ressort de certains enseignements canoniques que, tandis que les joies de ce monde n'enfantent pas de descendance directe dans l'autre monde, mais sont au contraire suivies dans leur stérilité de tous les désespoirs de l'enfer, la culpabilité de la misère humaine, en revanche, ne cesse d'engendrer avec fécondité sa descendance par-delà la tombe, où le suit et se multiplie une éternelle et croissante progéniture de tristesse. Non, ne l'oublions pas : car plus on approfondit la chose, plus cette inégalité est évidente. Si les suprêmes félicités terrestres, en effet se disait encore Achab, sont toujours frappées au cœur d'une certaine petitesse et d'une certaine insignifiance, les profondes douleurs ont au contraire toujours, au fond, une signification mystique, et, chez quelques hommes, une grandeur archangélique. C'est là une évidence que les apparences mêmes ne sauraient démentir. Car à reparcourir tout l'arbre généalogique de la haute misère humaine, nous parvenons en dernier ressort à ces dieux qui n'ont point été engendrés, ces primogéniteurs, eux-mêmes sans antériorité ; ce qui fait qu'à la face de tous les soleils de la Joie, mûrisseurs de blondes moissons, et à la face de toutes les rondes lunes de douceur caressant les foins parfumés, il nous faut, nous devons, nous ne pouvons pas ne pas le reconnaître : que les dieux eux-mêmes ne sont pas toujours dans la Joie, heureux toujours et à jamais. L'ineffaçable sceau de tristesse qui marque de naissance le front humain est leur héritage direct, le signe et la signature de leur douleur. »

« Le plus vrai de tous les humains ce fut l’Homme de Douleur, et le plus vrai de tous les livres est celui de Salomon; et l’Ecclésiaste est le plus fin acier trempé de la souffrance. «Tout est vanité». TOUT. L’entêtement obstiné de ce monde n’a toujours pas saisi la sagesse du roi Salomon, non chrétien. »

« En toutes choses se cache un certain sens ; sinon rien ne vaudrait rien, et le globe terrestre tout entier ne serait qu'un énorme zéro, un chiffre et une chiffe nuls, à vendre au tombereau comme déblai - ainsi qu'on le fait des collines alentour de Boston - pour combler quelque marécage de la Voie lactée. »

Le Livre de Job
8

Le Livre de Job

ʾIyyōḇ

Poésie, Récit

livre

ElFamosoKhey a mis 9/10.

Annotation :

« Nous, nés d'hier, ne savons rien, Nos jours sur la terre ne sont qu'une ombre. »

« Considère les cieux et regarde, vois comme les nuages sont plus élevés que toi!
Si tu pèches, en quoi l'atteins-tu? Si tu multiplies tes offenses, lui fais-tu quelque mal?
Si tu es juste, que lui donnes-tu, ou que reçoit-il de ta main?
Ce sont tes semblables qu'affecte ta méchanceté, des mortels que concerne ta justice »

Au régal du management

Au régal du management (2017)

Le banquet des simulacres

Sortie : mars 2017. Essai, Philosophie

livre de Baptiste Rappin

ElFamosoKhey a mis 7/10.

Annotation :

« Le scandale de la recherche : qu'un mystère n'ait pas été converti en savoir actionnable, qu'un pan du réel reste inutile que quelque chose, quelque part, se maintienne dans son repos. »

« Le management a pour seul horizon la fonctionnalité. Loin que cette dernière soit condamnable en soi - nous aimons tous qu'un appareil s'allume quand nous pressons le bouton de marche -, peut-on toutefois l'élever au rang d'idéal politique ? Une communauté peut-elle vivre en se référant à la seule optimalité ? Peut-il en sourdre quelque sens que ce soit ? Et comment les générations se succèderaient-elles dans un monde utile et rien d'autre qu'utile ? »

« Mais que prend en main le management s'il ne manipule aucune matière ? La matière qu'il manie est subtile : il s'agit du désir des êtres humains, de leur passion d'exister, qui sont sommés d'aimer ce qu'ils font. Quoi qu'ils fassent. »

Journal d'un curé de campagne
8

Journal d'un curé de campagne (1936)

Sortie : 1936 (France). Roman

livre de Georges Bernanos

ElFamosoKhey a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Peut-être le vice est-il moins dangereux pour nous qu'une certaine fadeur ? Il y a des ramollissements du cerveau. Le ramollissement du cœur est pire. »

« Certes, l'homme est partout l'ennemi de lui-même, son secret et sournois ennemi. Le mal jeté n'importe où germe presque sûrement. Au lieu qu'il faut à la moindre semence de bien, pour ne pas être étouffée, une chance extraordinaire, un prodigieux bonheur. »

« L'enfer Madame, c'est de ne plus aimer » Plus que célèbre certes, mais comment l'oublier ?

« Le doute de soi n'est pas l'humilité, je crois même qu'il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l'orgueil, une sorte de férocité jalouse qui fait se retourner un malheureux contre lui-même, pour se dévorer. Le secret de l'enfer doit être là. »

Un cœur simple
6.8

Un cœur simple (1877)

Sortie : 1877 (France). Conte, Nouvelle

livre de Gustave Flaubert

ElFamosoKhey a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

L'Évangile selon Jean
8.9

L'Évangile selon Jean

(traduction Jean Grosjean)

To kata Iōánnēn euangélion

Récit, Art de vivre & spiritualité

livre

ElFamosoKhey l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.
Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean.
Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui:
non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde.
Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu.
Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu.
Mais quant à tous ceux qui l'ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom,
Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu sont nés.
Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu'un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité.
Jean lui rend témoignage, et s'écrie en ces termes: "Voici celui dont je disais: Celui qui vient après moi, est passé devant moi, parce qu'il était avant moi."
Et c'est de sa plénitude, que nous avons tous reçu, et grâce sur grâce;
parce que la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui l'a fait connaître. »

« Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ;
mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. »

Les Impardonnables
8.7

Les Impardonnables (1987)

Gli Imperdonabili

Sortie : 1987 (Italie). Roman

livre de Cristina Campo

ElFamosoKhey a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Un maître oriental ne dit pas autre chose, quand il affirme que le disciple doit se mettre en chemin pour aboutir, s'élancer par la force de l'esprit afin de recevoir cette illumination dont la naissance est comparable à l'éclosion soudaine du lotus ou à l'éveil du rêveur. Il ne nous est pas donné de prévoir le terme d'un rêve, nous nous levons spontanément lorsqu'il a pris fin. Les fleurs ne s'ouvriront pas si nous attendons qu'elles s'ouvrent, mais par leur propre essor elles s'épanouiront quand le temps sera mûr. L'illumination vers laquelle il se dirige, l'homme ne la rejoindra pas. Elle adviendra, souveraine, quand le temps sera mûr.
Ainsi le but chemine-t-il aux côtés du voyageur »

« Avant toute chose, la sprezzatura est en fait une façon alerte et aimable de ne pas entrer dans la violence et la bassesse d'autrui, c'est une acceptation impassible — pouvant à des yeux novices apparaître comme de la sécheresse — des situations auxquelles on ne peut rien changer et dont la sprezzatura décide paisiblement "qu'elles n'existent pas" — ce qui est une manière indéfinissable de les modifier. Toutefois, on ne saurait la transmettre ni la conserver durablement si elle ne se fonde pas, comme une entrée en religion, sur un détachement presque complet des biens de ce monde, une constante disposition à y renoncer quand on en possède, une indifférence évidente à l'égard de la mort, un profond respect pour ce qui est plus haut que soi et pour les formes impalpables, ardentes, ineffablement précieuses qui en sont ici-bas l'emblème. A commencer par la beauté, intérieure avant d'être visible, la noblesse d'âme qui en est la racine et l'humeur joyeuse.

Cela signifie, entre autres choses, l'aptitude à voler au-devant de la critique avec un élan souriant, avec la gracieuse emphase née de l'oubli de soi : un trait que nous trouvons aussi bien dans les préceptes d'éducation mystique que dans ceux de la civilité profane. »

Merveilleux passage où elle évoque les visages dans les salles d'attente et mentionne les rares, mais reconnaissables, visages de ceux qui « ont vu la beauté et ne s’en sont pas détournés. Ils ont reconnu sa perte et par mérite l’ont acquise en esprit »

En parlant de son époque (et de la nôtre aussi finalement) : « un cauchemar horriblement littéral où tout a valeur de ce qu’il paraît. »

L'Âme insurgée
7.8

L'Âme insurgée

Écrits sur le romantisme

Sortie : 1977 (France). Essai, Littérature & linguistique

livre de Armel Guerne

ElFamosoKhey a mis 8/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« C'est que pour eux, le Romantisme était vraiment une façon d'être. Un combat pour la plénitude. Une bataille désespérée contre l'abdication capitale, contre ce vide désespérant qui laisse l'homme comme une viande douée de réflexes dès qu'il oublie son âme, dès qu'il quitte ses rêves, dès qu'il cesse de reconnaître et de nourrir [...] cette moitié divine dont il est composé et qui respire au milieu des étoiles. »

« Du fond de notre opacité imbécile et désabusée, il nous faut à tout prix retrouver notre hygiène d'esprit et nous remettre au vert surnaturel des chemins de l'enfance pour aller de nouveau à l'école de la transparence. Car aussi réaliste qu'on soit, qu'on se veuille ou prétende : l'âme, elle aussi, fait partie de notre anatomie véritable et sa réalité en nous a besoin d'exercice et de champ. Le cœur aussi. L'esprit de même. Et la poésie est tout cela. Elle est cela : le chant de l'être, son sentiment et sa conscience. Le plein accord de sa musique intemporelle retrouvé, chaque fois, reconquis comme un coup de silence en sa douceur impérissable sur le tumulte incohérent et la fanfaronnade périssable des avoirs. D'un côté tout le bruit qui ne repose et retentit que sur et par le silence du vide ; et de l'autre côté, dans son humilité suprême, le silence du plein et son accord secret, conformateur, - son réconfort. »

« Nous avons tous de ces moments que lesquels convergent ou se croisent tous nos chemins, des rendez-vous avec notre âme à de certains carrefours du temps, où ils nous ont conduits et où ils nous déposent, afin que nous en sortions un autre. Mais nous restons le même et croyons nous continuer, stupidement, pour ne nous apercevoir de rien. Combien de naissances avons-nous refusées à notre vie en prétendant la garder comme nôtre, au lieu de la suivre, tout simplement ? »

« Vivre est un risque, un combat, une empoignade avec soi-même, la chasse spirituelle et captivante de la joie. On ne vit pas en se laissant : il faut se prendre, se vouloir, s'aider de n'importe quoi - et tout compte, les bons et les mauvais coups, les mensonges et les erreurs, les déceptions, les illusions, la vérité parfois, le mal, le bien, la faim, la soif, toutes les pauvretés, la mort. La mort surtout, ce sel le plus amer et le meilleur de tous. Et la Nuit qui est là pour nous apprendre la lumière, l'envers et l'endroit, et le dedans pour nous enseigner le dehors, la traversée des choses tant qu'on n'a pas rejoint, retrouvé et compris leur dignité de signes. »

La vie l'amour la mort le vide et le vent
8

La vie l'amour la mort le vide et le vent

Sortie : 1933 (France). Poésie

livre de Roger Gilbert-Lecomte

ElFamosoKhey a mis 8/10.

Annotation :

LES FRONTIÈRES DE L'AMOUR

« Entre les lèvres du baiser
La vitre de la solitude »

SACRE ET MASSACRE DE L'AMOUR
IV


« Visitation blême au désert de l'amour

Aveugle prophétesse au regard de cristal
Que les oreilles de ton cœur
Entendent rugir les lions intérieurs
Du cœur

Le grand voile de brume rouge et la rumeur
Du sang brûlé par le poison des charmes

Et les prestiges du désir
Suscitant aux détours de ta gorge nocturne
La voracité des vampires

Danse immense des gravitations nuptiales
Aux palpitations des mondes et des mers
Au rythme des soleils du cœur et des sanglots
Vers le temple perdu dans l'abîme oublié
Vers la caverne médusante qu'enfanta
L'ombre panique dans la première nuit du monde
Voici l'appel la trombe et le vol des semences
L'appel au fond de tout du centre souterrain

Danseuse unissant la nuit à l'eau-mère
Végétal unissant la terre au sang du ciel »

LA TÊTE A L'ENVERS


« Pourquoi mourir encore alors qu'on vient de naître
À la vie à la mort

Sous le rire concave du ciel
Quand la nuit ronge

Que la tête à l'envers sombre sous l'horizon
Lestée d'un poids universel à la mâchoire
Hantée d'un vide universel à la mémoire

Défoncée aux portes des tempes
Un trou criard dans l'occiput

L'imagination peuplée de rêves roses
Qui s'ébattent au marais implacable du sang et de l'eau

Les yeux crevés retournés qui se perdent
Au vertige sans fond de leurs tunnels internes

Et déjà les cils grandissent et blanchissent

Entre les tempes tendues
S'étendent sans fin des steppes de nuit
Barrées à l'horizon par la banquise

Le grand mur blanc sans issue de la nuit

Et la tête engloutie dans la mer des ravages
Meurt de dormir »

Le Miroir noir
7.8

Le Miroir noir

Sortie : 1937 (France). Poésie

livre de Roger Gilbert-Lecomte

ElFamosoKhey a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

TESTAMENT


Je viens de loin de beaucoup plus loin
Qu'on ne pourrait croire
Et les confins de nuit des déserts de la faim
Savent seuls mon histoire
Avec ses ongles avec ses dents celle qui est partout
M'a fait mal
Et surtout surtout son affreux regard de boue
M'a fait mal
Si maintenant je dors ancré
Au port de la misère
C'est que je n'ai jamais su dire assez
À la misère
Je suis tombé en bas du monde
Et sans flambeau
Sombré à fond d'oubli plein de pitiés immondes
Pour moi seul beau

Mise au point ou Casse-Dogme
7.2

Mise au point ou Casse-Dogme

Sortie : 17 septembre 2015 (France). Poésie

livre de Roger Gilbert-Lecomte

ElFamosoKhey a mis 7/10.

L'Homme pressé
7.5

L'Homme pressé (1941)

Sortie : 1941 (France). Roman

livre de Paul Morand

ElFamosoKhey a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« L'éloignement, la jalousie, les querelles, le ressentiment n'empêchent pas l'amour, affection reptilienne qui se mord la queue et se nourrit volontiers de son contraire. »

« Pierre s'étira joyeusement. Que c'était bon le matin, les idées claires, les choses remises à leur vraie place, vues dans leurs justes proportions et leurs couleurs naturelles ; le matin où elles ont la transparence du cristal tandis que le soir, le soleil les teint en jaune comme un mauvais peintre vénitien, et que la nuit est le triomphe du truquage ! Pierre avait retrouvé la saine raison et le limpide bon sens, ces vertus « bien françaises ».
Mais rien n'aveugle comme la grande clarté ; le mirage est un phénomène diurne. C'est aux heures noires de l'insomnie, aux heures pessimistes par excellence, que le cœur jette ses plus profonds coups de sonde et atteint la vérité. »

« - Une telle vitesse, c'est l'infini soupira Pierre avec admiration.
- Je trouve au contraire qu'un chiffre, n'importe lequel, même un chiffre de record, borne et étrangle l'infini, répondit le docteur. »

ElFamosoKhey

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