Lectures 2023

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Réflexions sur la figure et la vocation du prêtre. Ce court livre rapporte les joies et les difficultés rencontrées par un prêtre au quotidien. Quelques questions intéressantes (comment le prêtre doit-il accueillir une famille peu pratiquante qui demande le baptême pour son enfant ?), mais un peu trop rapides.

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Belle randonnée sur les routes de France et de l'Auvergne en particulier. Un livre très bien écrit qui nous fait partir à la rencontre de ces beaux paysages et de leurs habitants, personnalités attachantes aux vies souvent difficiles.

"Chaque soir, nous sommes les réceptacles de cœurs qui s'épanchent. Des gens nous livrent leurs secrets. Puis le matin, nous disparaissons comme si de rien n'était, en nous apercevant qu'ils ne savent rien de nous, ou seulement quelques bribes. Avec le recul, je crois que cette ignorance les arrange, que c'est elle qui leur permet de se déboutonner : demain, nous ne serons plus là. Pour nos hôtes, nous somme les confesseurs d'un soir, des êtres qui se dérobent, qui partent sans laisser d'adresse." (p.153)

"Le recours au forêts 'est pas une désertion hautaine, une fuite orgueilleuse, une dérobade ; c'est une tactique de l'esprit critique, une hygiène de la pensée, une façon de rester clairvoyant." (p.179)

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Livre à destination des adolescents qui donne quelques clefs relationnelles pour aimer en vérité. Une bonne base pour grandir soi-même dans la vie affective ou accompagner les autres. Des conseils sans doute maintes fois entendus pour certains, mais qu'il ne fait pour autant pas de mal à relire, même pour les - un peu - plus vieux.

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J'ai toujours une certaine fascination pour ce genre de récits épiques. J'aime tous ces éléments qui les composent, et que l'on retrouve ici : les paysages antiques, les personnages forts, l'héroïsme, le sens de l'honneur, les villes et les remparts, les affrontements sanglants... on est presque ici dans la mythologie, et le roman ressemble d'ailleurs à un remake de la guerre de Troie.

J'aime aussi ces noms de personnages et de lieux, qui nous font voyager par leurs sonorités : le roi Tsongor, le vieux serviteur Katabolonga, la ville de Massaba, le chef Sango Kerim, la belle Samilia, le vieux Barnak, le guerrier Rassamilagh...

Le dénouement du roman, où l'on suit le long voyage de Souba, le fils du roi Tsongor est assez poétique. Ce long cheminement du fils sur les traces de son père est aussi une quête d'identité à travers la recherche de l'héritage paternel.

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Beau plaidoyer pour une saine virilité, à l'heure où l'on parle sans cesse de masculinité toxique. Le monde a besoin d'hommes, de héros et de saints et nous-même avons besoin de les incarner.

"Le message du Christ intègre la force virile et la met au service de l'amour. C'est là son génie. Le message du Christ ne condamne pas la fougue. Il l'assume au contraire, et la glorifie même, lui donnant une finalité supérieure : la charité" (p.17)

"L'idéal démocratique suppose l'égalité de tous en dignité. Mais il suppose également que chacun mette ses talents au service du bien commun. L'esprit démocratique exige donc le dépassement de soir et l'affirmation de son excellence, dans le domaine qui est propre à chacun. Mais, par un tour de passe-passe, l'esprit démocratique en vient à désigner son contraire : le refus de tout dépassement individuel" (p.24)

"Pas plus qu'un homme, une chrétienté ne se nourrit de confiture. Le Bon Dieu n'a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, mais le sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d'ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir !" (p.56)

"Trop d'hommes s'effondrent à la moindre contrariété. Un échec sentimental, ou un jugement sévère les met K.O. Au lieu d'y voir des occasions de progresser, ils se laissent abattre. Mais l'homme assuré de son identité est à mille lieu de ces errements. Il rayonne une force paisible. L'ardeur de ses passions se joint à la douceur de celui qui n'est pas en perpétuelle quête de reconnaissance."

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Un saint qui nous est assez proche, dans l'espace et dans le temps. J'ai découvert la vie du Padre Pio grâce à ce livre, avec de nombreuses extraits des écrits du Saint ou des journaux de l'époque. Une bonne introduction à la figure du Padre Pio, mais le format reste un peu léger pour bien s'approprier la vie et la spiritualité de ce saint qui vécut dans sa chair les stigmates du Christ.

Comme disait mon aumônier chez les scouts : "Cherchons des exemples en haut et non des excuses en bas !"

"Ce qui l'affligea jusqu'au plus profond de lui-même, lui faisant connaître l'agonie du Sauveur au mont des Oliviers, ce ne fut pas tant qu'il pâtit pour l'Eglise, mais qu'il pâtit par l'Eglise, par des hommes d'Eglise, qui dans la communauté que le Christ anime de sont Esprit, rendant admirable le sacrement de salut, transposent la pesanteur de leurs misères, de leur avidité, de leurs ambitions, de leurs mesquineries et de leurs déviations."

"La paix est la simplicité de l'esprit, la sérénité de la pensée. La tranquillité de l'âme, l'assurance de l'amour. La paix est l'ordre, l'harmonie en chacun de nous : elle est une jouissance perpétuelle, qui naît du témoignage de la bonne conscience; c'est la sainte allégresse d'un cœur dans lequel règne Dieu"

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On s'intéresse de nos jours aux "dessous du génie et non au génie du génie". C'est la thématique intéressante abordée par ce roman, que j'avais envie de lire depuis que j'avais entendu Finkielkraut en parler lors d'une soirée sur Nietzsche avec Luchini.
Assez déçu par ce livre, tout est un peu rapide, les personnages peu développés, les dialogues fades. Il y a pourtant des bonnes idées et des passages intéressants sur la mémoire, la vieillesse, la littérature... Mais je ne suis pas rentré dans ce récit.

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A travers les yeux d'un enfant, on suit différents épisodes de la vie d'une petite ville albanaise au cours de la seconde guerre mondiale, sous les occupations italiennes, allemandes ou grecques.
C'est une plongée dans l'histoire albanaise que je connaissais peu. La belle écriture de Kadaré permet de découvrir l'âme de ce peuple qui transpire dans les murs et les rues de cette ville penchée, dans la géographie et l'architecture, dans chacun des personnages et surtout dans ces coutumes parfois étranges. L'occupation de la ville par les troupes étrangères semble renforcer l'attachement des habitants à leur manière de vivre, à leurs familles et aux pierres qui pavent leurs rues.
Le récit vu par les yeux d'un enfant m'a beaucoup plu. Les mots ne sont pas enfantins, mais c'est ce mode de pensée propre aux enfants qui est retranscrit, laissant une place importante au rêve et au jeu. On ressent par exemple la fascination enfantine du narrateur pour l'aérodrome et les avions qu'il guette depuis sa maison.
Dans un reportage sur la guerre civile espagnole, Kessel rapporte cette phrase d'une femme croisée dans les rues de Madrid : "Les hommes devraient bien se rappeler qu'ils ne sont pas nés d'une pierre". C'est une vérité à laquelle les habitants de cette ville albanaise semblent en partie échapper.

"C'était une ville étrange qui, tel un être préhistorique, paraissait avoir surgi brusquement dans la vallée par une nuit d'hiver pour escalader péniblement le flanc de la montagne. Tout dans cette ville était ancien et de pierre, depuis les rues et les fontaines jusqu'aux toits des grandes maisons séculaires, couverts de plaques de pierre grise, semblables à gigantesques écailles. On avait de la peine à croire que sous cette puissante carapace subsistait et se reproduisait la chair tendre de la vie.

C'était une ville penchée, peut-être la plus penchée au monde, qui avait bravé toutes les lois de l'architecture et de l'urbanisme. Le faîte d'une maison y effleurait parfois les fondations d'une autre et c'était sûrement le seul lieu au monde où, si l'on glissait sur le côté d'une rue, on risquait de se retrouver sur un toit. Et cela, les ivrognes, surtout, en faisaient l'expérience."

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Ce texte est le discours prononcé par Soljénitsyne aux étudiants d'Harvard pour leur remise de diplôme en 1978. Alors que Soljénitsyne a fuit l'URSS, il décrit avec lucidité les maux du monde occidental, qui n'apparaissent pas moins dangereux que ceux auquel l'Est est soumis.
Le discours est très court mais d'une grande justesse et d'une actualité étonnante. Soljénitsyne déplore en particulier le déclin du courage provoqué par "une vie occidentale au bien-être réglementé". Il regrette aussi qu'un humanisme issu des Lumières et coupé de son héritage chrétien proclame l'autonomie humaine par rapport à tout forme de transcendance.

"Il est un fait incontestable : à l’Ouest, affaiblissement du caractère en l’homme ; à l’Est, son affermissement. En six décennies notre peuple est passé par une école spirituelle qui laisse loin derrière elle l’expérience de l’Occident. Complexe, mortelle, une vie écrasante y a forgé des caractères plus forts, plus profonds et plus intéressants que la vie occidentale."

"Nous avons bondi de l'esprit vers la matière de manière disproportionnée. La conscience humaniste se montra notre guide, dénia à l'homme l'existence du mal à l'intérieur de lui et ne lui reconnût pas de tâche plus haute que l'acquisition du bonheur terrestre. Par delà le bien-être physique et l'accumulation des biens matériels, toutes les autres particularités, tous les autres besoins de homme, plus délicats et plus élevés, restèrent hors de l’attention des constructions étatiques et des systèmes sociaux, comme si l’homme n’avait pas de sens plus élevé à donner à la vie"

"Dans tous les pays occidentaux, on s’est définitivement libéré de l’héritage des siècles chrétiens avec leurs immenses réserves de pitié et de sacrifice, et les systèmes étatiques n’ont cessé de prendre l’aspect d’un matérialisme de plus en plus achevé. En fin de compte, l’Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l’homme, mais l’homme a vu complètement s’étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société. Durant ces dernières décennies, cet égoïsme juridique de la philosophie occidentale a été définitivement réalisé, et le monde se retrouve dans une cruelle crise spirituelle et dans une impasse politique. Et tous les succès techniques, Cosmos compris, du Progrès tant célébré n’ont pas réussi à racheter la misère morale dans laquelle est tombé le XXe siècle et qu’il eût été impossible d’imaginer."