Cover Lectures 2024
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35 livres

créée il y a 12 mois · modifiée il y a 13 jours
Chien Blanc
7.8

Chien Blanc (1970)

Sortie : 1970 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

On commence l'année avec un de mes écrivains favoris que je n'avais pourtant pas lu depuis longtemps. Bien m'en a prit de me replonger dans sa prose ! Chien blanc commence d'abord comme un hymne aux animaux, compagnon de toujours de Gary et de sa compagne Jean Seberg. Ils recueillent dans leur maison de Beverly Hills un berger allemand. Manque de peau, l'animal s'avère être un ancien chien policier hostile aux noirs. Partant de ce postulat, l'auteur se voit dans l'obligation de tirer le portrait d'une Amérique en pleine révolte et surtout sur la cause des noirs américains. C'est un Gary à la parole libre, parfois subversive, avec un humour déconcertant. Il y dénonce sans cacher son propre nihilisme le militantisme d'apparat des vedettes d'Hollywood. Il livre également ses propres réflexions sur les raisons de la colère des noirs américains, la violence des discriminations. Le sens de la formulation et les exemples et anecdotes illustrant ses propos font tout l'attrait de ce livre.

Le Moine
8

Le Moine (1931)

Sortie : 1 janvier 1966 (France). Roman

livre de Antonin Artaud et Matthew Gregory Lewis

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

De base peu client de livre gothique, je me suis attaqué à ce livre par son auteur que j'avais envie d'approfondir. Manque de peau il s'agit ici plus d'une réécriture d'un autre auteur, Lewis. Mais coup de chance, ce récit devient très vite passionnant et dans style lyrique digne des grandes épopées. Je ne sais pas ce que l'un doit à l'autre mais cette expérience de lecture m'a décontenancé. Car je ne suis pas non plus un très grand lecteur de récit d'époque, avec ces codes sociaux barbants et trop souvent stéréotypés. Ici on en abuse pas temps et l'on passe outre. Une tragédie gothique mêlant érotisme et mystique religieuse.

Austerlitz
8

Austerlitz (2001)

Sortie : 2001 (France). Roman

livre de W.G. Sebald

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une écriture dense et riche nous tend la main dans cette histoire labyrinthique, une quête d'identité. Celle du personnage principal, Austerlitz, homme érudit difficilement cernable y compris par lui-même. C'est d'ailleurs pour cela qu'il se raconte à cet inconnu, le narrateur. Le texte est accompagné de photographie. On pourrait se méfier de ce qui peut apparaître comme un artifice, le texte parlant de lui-même. Mais ces images finement choisies sont un bonus pour toucher l'authenticité de ce parcours. On y traverse l'architecture de la gare d'Anvers, la campagne galloise et bien d'autres endroits mais le livre trouve sa meilleure essence lorsqu'il commence à éclairer peu à peu le origines d'Austerlitz. Un enfant victime collatéral de la Seconde Guerre mondiale, déraciné pour échapper au pire mais on ne grandit pas sans passé.

Le voyage d'automne

Le voyage d'automne

Sortie : 2000 (France). Essai

livre de François Dufay

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un épisode méconnu d'auteurs plus ou moins oubliés qui ont pourtant fait parfois les grandes heures de la littérature française mais qui se sont largement compromis dans la collaboration. Et ce voyage en terre nazi n'en est que le symbole. François Dufay prend un malin plaisir à nous décrire de façon parfois pittoresque ce voyage avec des protagonistes aux situations parfois rocambolesques comme Marcel Jouhandeau en pleine idylle avec son portecteur ou Jacques Chardonne qui s'invente sauveur des écrivains français. On pardonnera alors la liberté de ton de l'auteur n'ayant pas toujours la rigueur méthodique d'un historien. Mais l'ouvrage reste une référence concernant le rôle et la compromission des intellectuels français pendant l'occupation.

Le Wagon à vaches
8.1

Le Wagon à vaches

Sortie : 1953 (France). Récit

livre de Georges Hyvernaud

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très bonne lecture et découverte d'un auteur d'après guerre, de juste après guerre même. Presque complétement ignoré de son vivant sauf par certains de ses pairs (Sartre, Cendrars...), Georges Hyvernaud puise son inspiration en tant que témoin et ancien prisonnier de guerre après la débâcle française durant la Seconde Guerre mondiale. Il a le don de décrire avec désillusion, sans filtre et avec drôlerie la petitesse de la société entre résistant de la dernière heure, attentiste plus soucieux de conserver leur rang et collabo se faisant tout petit. Certaines scènes sont mémorables comme ce "Comité d'érection" chargé de coordonné la mise en place d'un monument aux morts et les officiers militaires à la lutte avec leurs hommes pour instaurer les règles d'hygiène. Un portrait à vif de l'après guerre bien loin du récit national portait à l'époque. C'est peut-être d'ailleurs ce qui a desservi sa notoriété. La langue utilisée est des plus juste, entre langue populaire et prose analytique inspirée. Ce portrait social au vitriol porte un écho bien au-delà de l'immédiate après guerre, certains faux-semblants traversant bien entendu les époques.

Un privé à Babylone
7.8

Un privé à Babylone (1977)

Dreaming of Babylon : A Private Eye Novel 1942

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Richard Brautigan

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une lecture d'un grand plaisir et très drôle, une sorte de parodie d'un roman noir à la Dashiell Hammett avec un personnage paumé qui à l'en croire aurait pu finir flic ou en tout cas bon détective privé s'il n'avait pas tendance à trop rêver de Babylone. Et dans ces rêves il fantasme son personnage de détective irrésistible, un peu comme Belmondo dans Le Magnifique. C'est écrit avec les mots du narrateur, simplement, avec la tchatche de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Un livre qui se dévore malgré le sordide avec une valse des cadavres dans une morgue assez cocasse.

L'Absolue perfection du crime
6.8

L'Absolue perfection du crime

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Tanguy Viel

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Troisième livre lu de cet auteur et comme souvent, le récit s'apparenterait à un polar, une histoire mafieuse et de braquage, mais avec une écriture d'orfèvres dans le sens où chaque formule est pesées sans être un style boursouflé. Le narrateur raconte son milieu dans une "famille" où "l'oncle" à sa tête est en plein déclin et son successeur, Marin, sort tout juste de taule avec un plan infaillible, une absolue perfection du crime d'après lui. Plein de guillemets car tout ceci n'est qu'une façade, une famille de circonstance sans vraiment d'âme. Ce qui est fort dans ce roman c'est le découpage en trois partie qui élude les passages obligés et donc les longueurs. Le meilleur livre que j'ai lu de l'auteur jusqu'à présent.

Chez les anarchistes

Chez les anarchistes

Reportages, nouvelles et autres textes

Sortie : 7 avril 2021 (France). Journal & carnet, Nouvelle

livre de Jean Meckert / Jean Amila

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Un recueil de texte plutôt social réunissant des articles, reportages, nouvelles et entretien de qualité inégal. Intéressant pour ceux qui connaissent l'auteur des "Coups" mais certainement pas la meilleure porte d'entrée dans son œuvre. Certains textes ont un encrage social pertinent sur une France d'après guerre désenchanté d'autres par contre sont assez anecdotiques comme celui sur Zola.

Aux animaux la guerre
7.4

Aux animaux la guerre

Sortie : 5 mars 2014 (France). Roman

livre de Nicolas Mathieu

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Premier vrai roman de l'auteur lorrain qui encre d'ailleurs bien son récit dans son territoire natal, plus particulièrement dans des Vosges avec des usines en fin de vie, des rades paumés et un hiver infernal. Un univers pas loin de la réalité et largement favorable à l'atmosphère d'un roman noir. On retrouve le soucis du détail d'un encrage social qui fait déjà l'intérêt des ouvrages qui succéderont. Pour cela, Nicolas Mathieu est très fort et pousse même jusqu'à changer le style d'écriture quand il parle au nom d'un personnage selon son milieu, de l'ouvrier à la DRH. Ce soucis amène parfois l'auteur à chercher l'authenticité dans des détails pas toujours nécessaires. Ce qui est déconcertant c'est le prologue du roman dont j'ai du mal à voir totalement l'intérêt. Quant à la fin, elle paraît assez bâclé. C'est dommage car au niveau du rythme et de la construction des chapitres, les intrigues sont vraiment prenantes et remplissent le cahier des charges d'un bon roman noir. Pour le style, on ressent une écriture naissante qui s'améliorera dans les romans à venir.

Vairon

Vairon (2019)

Sortie : janvier 2019 (France). Roman

livre de Hélène Zimmer

StanDC a mis 5/10.

Annotation :

Loin d'être convaincu par cette lecture. J'avais pourtant été attrapé par le style fait de phrases courtes, hachées, direct, au présent. Mais je me suis parfois un peu perdu dans cette façon justement parfois trop haché et effleuré d'un destin misérable, parfois misérabiliste. Zulma débarque dans un Paris de 1909 où émerge les idéaux notamment anarchique, avec un enfant dont on retient surtout l'hygiène déplorable et l'appétit gloutonne. Il y a parfois une exagération à montrer la misère par des images sordides et crasseuses qui m'ont assez lassé puisque pas vraiment utile. Reste le portrait d'une femme qui au fur et à mesure ne voudra se soumettre à aucune main mise y compris celle de courtisane. La scène où elle rejette un riche comte qui se veut à son chevet en est une belle illustration jubilatoire.

Kudos

Kudos

Sortie : 15 octobre 2020 (France). Roman

livre de Rachel Cusk

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Commencé par la fin cette trilogie dont Kudos est le dernier et troisième tome ne semble d'aucune importance. Il m'a en tout cas donné bien envie de retrouver cette narratrice qu'on devine semblable à l'autrice. Une écrivaine qui, au grès de son voyage à l'occasion d'un salon littéraire où elle est invitée, multiplie les rencontres de son voisin en avion à des journalistes, avec ces récits de vie donnant lieu à une accumulation de portraits comme de courtes nouvelles dont seul la narratrice est le fil conducteur. Ces histoires intimes rendent comptes de la complexité de l'intime comme de l'universel, des sentiments humains comme de certains bouleversements du monde (entre autre le féminisme mais pas seulement). Rachel Cusk a l'art de raconter ainsi d'autres vies que la sienne dans une langue riche et fluide avec des récits plus ou moins captivants mais dont il reste toujours quelque chose à retenir même dans la banalité de ses existences à l'image d'un Raymond Carver avec une écriture moins familière et moins amère. C'est la rencontre d'une vraie plume qui me donne envie d'aller plus loin dans son œuvre.

De si braves garçons
7.1

De si braves garçons (1982)

Sortie : 1982 (France). Roman

livre de Patrick Modiano

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Au collège et pensionnat Valvert cohabitent élèves atypiques et professeurs tout aussi singulier et souvent paumés, des héritiers d'un milieu plus ou moins pittoresques. S'y noue des amitiés, un collectif et un vécu fort d'expérience commune mais que le temps dissipera. Mais c'est sans compter le hasard des rencontres du narrateur (qui pourrait être Modiano mais cela reste trouble). A chaque chapitre correspond le récit d'une rencontre ou d'une histoire de ce pensionnat et ce que le temps à fait de ses protagonistes. Des chapitres courts où Modiano fait preuve de tout son talent stylistique. Certains portraits sont plus intéressants que d'autres mais montre déjà les thématiques et obsessions du prix Nobel, une volonté de capter le sensible du passé, de trouver l'essence même de son histoire. Il plane un certain mystère et des noms-dits dans la plupart de ces textes à l'image de ce mystérieux Charell comme si tout l'intérêt de cette suite de rencontres de fantômes du passé se cachait dans cette zone trouble. C'est en tout cas la force de ce livre.

L'Équipage
7.8

L'Équipage (1923)

Sortie : 1923 (France). Roman

livre de Joseph Kessel

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Écrit en 1923, ce roman sur fond de romance et d'aviation militaire durant la Première guerre mondiale à fait largement écho à ceux de Saint Exupéry. Mais je garderais une préférence pour l'auteur de Vol de nuit dont le style me parle davantage. On pense aussi à Stefan Zweig dans la construction du drame à venir.

Le Livre des illusions
7.5

Le Livre des illusions (2002)

The Book of Illusions

Sortie : 20 avril 2002 (France). Roman

livre de Paul Auster

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après la disparition de l'écrivain américain, beaucoup aiment à citer la trilogie new-yorkaise comme son œuvre la plus emblématique. Et pourtant voilà bien ici pour moi le livre qui aura bien plus fini de me convaincre que Paul Auster est bien l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Bien plus convaincant par la construction de son récit et son style mesuré mais sans froideur, ce livre des illusions est un véritable conte pour adulte avec un pouvoir de captation vertigineux. Difficile de ne pas le lâcher. On y retrouve deux des passions de l'auteur, le cinéma dont il rend un magnifique hommage à travers le personnage d'Hector et la traduction littéraire avec ce fascinant projet de traduction des Mémoires d'outre-tombe. Certains pourront trouver un peu trop de drama chez ce professeur qui perd d'entrée toute sa famille dans un accident d'avion voir de mélo vers la fin du livre avec cette histoire d'amour sur le tard. Sortie de son contexte tout cela paraît effectivement un peu gros. Mais le talent des grands écrivains est aussi de pouvoir vous convaincre malgré tout, même dans ces situations et c'est le cas ici.

Léviathan
7.5

Léviathan (1992)

Leviathan

Sortie : décembre 1999 (France). Roman

livre de Paul Auster

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Dans le même registre que Le livre des illusions, Paul Auster se mue en narrateur écrivain mais pour mieux raconter l'histoire énigmatique d'un autre ami auteur fictif, Ben Sachs. On sait d'entrée que ce dernier perd la vie dans l'explosion d'une de ses propres bombes. C'est cette disparition qui donne le droit au narrateur de raconter son récit, ce qui à ramener cet ami dans un tel pétrin. Bien construit et intriguant, dommage que le dernier tiers me paraisse beaucoup moins crédible.

Memory Lane
6.9

Memory Lane (1981)

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Patrick Modiano

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Dans la même mouvance que De braves garçons mais dans un groupe plus adulte, Patrick Modiano évoque le souvenir de personnage mystérieux atypiques. L’expérience d'un collectif dans ses habitudes, ses mondanités et ses liens forts qu'on croit éternel. Comme le lien paternel entre le narrateur et Contour et paradoxalement la tentation amoureuse avec madame Contour, plus âgé et qu'importe. La vie et le temps faisant son œuvre, le groupe n'était qu'éphémère. Modiano dissèque avec la précision qu'on lui connait les instants, les soirées, les vacances collectives, les rencontres. Dommage que les illustrations de Pierre Le-Tan n'apporte pour moi pas grand chose.

Vider les lieux
5.7

Vider les lieux (2022)

Sortie : 3 mars 2022. Récit

livre de Olivier Rolin

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Etat des lieux de la bibliothèque d'Olivier Rolin, l'auteur est obligé de déménager de son appartement où il a passé la moitié de son existence à cause de son nouveau propriétaire. S'en suit alors l'émergence de souvenirs de lecture, de voyage, de rencontre qu'Olivier Rolin raconte tantôt avec tendresse, tantôt avec amertume, tantôt avec humour. C'est le genre de livre où les références pleuvent et donnent envies de gonfler sa liste d'envies de lecture. En plein covid et confinement oblige, l'écrivain enrage parfois à la limite du passéisme nostalgique d'un homme parfois dépassé par son temps. Le style est d'entrée soutenu avec des formulations imagées bienvenus mais passe parfois par des phrasés plus brut. On regrettera l'abondance de l'utilisation de parenthèse dans de longue phrase qui m'ont quelques fois un peu perdu. La force du livre réside par contre dans le fait que malgré cela, on adhère avec plaisir à ce projet simpliste. J'ai même adhéré à la dernière partie où l'auteur fait sa tournée d'adieux dans le quartier, où il donne la parole à ses plus emblématiques voisins en retranscrivant leurs paroles, comme si il voulait emporter avec eux un peu de ce "lieux".

À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie
7.6

À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie (1990)

Sortie : février 1990. Roman

livre de Hervé Guibert

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Alors qu'il apprend sa séropositivité, l'auteur entreprend une sorte de journal qui ne sera que pas ou peu un journal de son agonie. Hervé Guibert raconte de façon explicite les difficiles aléa du traitement suivi à une époque où la recherche sur le VIH tâtonne énormément. Il y fait aussi le portrait de tout une génération sacrifiée. L'auteur a pris soin de modifier le nom des protagonistes mais on peut y desseuler notamment les derniers jours du philosophe Michel Foucault à travers le personnage de Muzil. Apparemment Guibert était un admirateur de Thomas Bernhard et y aurait trouvé l'inspiration de son style. J'avoue que ça ne m'a pas sauté aux yeux. On y retrouve en tout cas une écriture sobre sans emphase ce qui est toujours bienvenu dans un récit d'autofiction.

Mélancholia

Mélancholia

Tome 2

Melancholia II

Sortie : 28 mars 2002 (France). Roman

livre de Jon Fosse

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

On retrouve ici la sœur du peintre fou, Lars qui était au centre du premier volet. Une sœur vieillissante qui se souvient par bribes de ce frère pas comme les autres qui l'intriguera toujours. Oline se voit dépérir physiquement et mentalement. Sa mémoire comme son corps lui fait défaut à l'image de ce frère que la raison avait abandonné avant. C'est sans concession et par des scènes scatologique même que l'auteur prix Nobel parle de la déchéance de la vieillesse dans son style répétitif toujours singulier qui vous englouti parfois dans le triste sordide de la nature humaine. Âme sensible s'abstenir.

Rue Katalin
7.9

Rue Katalin (1968)

Katalin utca

Sortie : octobre 2006 (France). Roman

livre de Magda Szabo

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Deuxième livre lu de l'autrice hongroise Magda Szabo après La Porte. Un récit emprunt de mysticisme, presque de réalisme magique, pour évoquer le passé douloureux d'un pays confronté aux horreurs de la guerre, du totalitarisme et des divisions. Il n'a pourtant pas toujours été comme ça à l'image de la rue Katalin qu'Henriette vient visiter après sa mort. Il ne s'agit pas de fantôme ni d'être venu hanter les vivants. On ne saura jamais vraiment sous quelle forme la jeune fille tué reviendra accompagné ses proches qui ne seront jamais plus les mêmes et que l'histoire de leur pays confrontera à l'histoire de leur famille. On se perd parfois au cours du récit dans les personnages mais l'écriture de Magda Szabo n'en reste pas moins éclairante de lucidité sur la fatalité d'un passé apaisé qui ne reviendra plus ou ne sera jamais plus le même. Elle offre au passage le portrait d'un couple romanesque mais pas sans romantisme entre Iren et Balint.

Inigo, portrait
6.6

Inigo, portrait

Sortie : 19 janvier 2012 (France). Roman

livre de François Sureau

StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Portrait habité d'un grand lyrisme d'Ignace de Loyola alias Inigo, père fondateur des jésuites. Je n'ai que peu d'inclinaison personnelle pour les pères fondateurs de l'Eglise et j'ai pourtant été captivé par ce portrait et c'est en cela que l'on reconnaît un bon écrivain. C'est le deuxième ouvrage que je lis de François Sureau, récemment élu académicien à juste titre vu son érudition. Il partage ici ça fascination pour un homme dépassant son destin chevaleresque pour créer son propre chemin de croix si je puis dire. Passionnant avec une postface où l'auteur se livre sur la démarche de se portrait qui se concentre sur la conversion d'Inigo.

Dix-sept ans
6.6

Dix-sept ans

Sortie : 7 janvier 2015 (France). Récit

livre de Colombe Schneck

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un court récit d'un avortement post loi Veil de l'autrice qui se veut clairement un héritage voir plus un hommage au livre d'Annie Ernaux. Si ce n'est qu'ici il n'y a pas de notion de déclassement, pas de clandestinité. Il n'en reste pas moins que Colombe Schneck rajoute sa pierre à l'édifice sur la question de l'avortement en littérature comme un geste qui n'est jamais banal même dans un milieu et un contexte plus favorisé. La dernière partie et surtout le dernier chapitre où elle parle directement à l'enfant qui n'est pas est la plus intéressante.

Le Monde selon Garp
7.8

Le Monde selon Garp (1978)

The World According to Garp

Sortie : 1 mars 1980 (France). Roman

livre de John Irving

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Autant le dire tout de suite, ce livre, l'une des œuvres les plus emblématiques de la carrière de l'écrivain américain, m'a laissé par moment perplexe. Par ses divagations et ses choix de trajectoire pour ses personnages mais aussi par la restitution des romans du fameux Garp, Irving cherche et trouve l'originalité et une forme d'authenticité mais pas sans longueur. Il y a parfois même une forme de frustration à la lecture de ces destins brisé au détour d'une certaine légèreté. Il y a de l'humour mêlé à la tragédie souvent. Une chose est sûre John Irving n'est pas là pour donner aux lecteurs se qu'il attend. Et c'est tout à l'image de son personnage principal, sorte d'alterego, parfois touchant, drôle, souvent antipathique. On retrouve les thèmes chers à l'auteur: la sexualité, le féminisme, le genre avec aussi une place importante donné à la violence sexiste et politique qui gangrène alors l'Amérique. Ce qui est fort c'est le portrait acerbe d'une Amérique dans ses banlieues, ses universités ou encore son monde associatif avec des personnages hauts en couleurs comme Roberta, la mère de Garp Jenny Fields ou encore Ellen James et ses navrantes ellen-jamsiennes. Une œuvre ambitieuse qui oscille entre splendide romanesque mais parfois aussi divagations sans grand intérêt.

Tours et détours de la vilaine fille
7.5

Tours et détours de la vilaine fille (2006)

Travesuras de la niña mala

Sortie : 12 octobre 2006 (France). Roman

livre de Mario Vargas Llosa

StanDC a mis 5/10.

Annotation :

C'était mon premier livre lu de Mario Vargas Llosa et peut être le dernier, l'avenir nous le dira. Ce n'est certainement pas celui qui m'aura convaincu du talent de cet écrivain pourtant reconnu du prix Nobel de littérature. Il est maintes fois questions de "cucuteries" de la part du pauvre Ricardo envers la "vilaine fille" mais toute cette histoire d'amour toxique en est bien une. Et cela même malgré des passages de violences sexuelles qui laissent parfois pensé à une sorte de vengeance ou de compensation de l'auteur vis à vis de tout les déboires sentimentaux que fait subir cette petite chilienne au pauvre Ricardo, l'amoureux aux rêves modestes. Le style à la première personne est souvent assez naïf. On est pris par ce récit où l'on passe de la colère face au comportement des personnages principaux et la passion de suivre leurs sentiments tumultueux parfois fleurs-bleues. L'auteur décrit aussi les évènements historiques sans grandes inspirations et le portrait d'un Paris au bord de la caricature. Une critique un peu dur mais parce que je m'attendais à beaucoup mieux. Et pour le coup, le contraste est saisissant entre le pauvre saint de Ricardo et la "vilaine fille" qui se met toute seule dans le pétrin. Globalement les personnages féminins ne sont pas vraiment à la fête. La fin quant à elle est bien téléphonée.

Archipels
7.4

Archipels (2024)

Sortie : 19 août 2024. Roman

livre de Hélène Gaudy

StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Première lecture de cette autrice qui ne sera surement pas la dernière. J'ai été complétement conquis par son style et par son partie pris, émouvant mais sans pathos, poétique mais réaliste. Plus qu'un simple hommage au père, c'est un portrait sensible d'un homme et de ce et ceux qui l'entourent. Hélène Gaudy tisse le profil de son père à travers ses objets, une collection encombrante de tout et de rien, pas pour du placement pécuniaire mais pour sauver ce qui mérite de l'être. Comme un jeu de piste, le lecteur vadrouille dans cet atelier éclairé aussi des poèmes, correspondances et autres écrits déposé ici et là qui laisse place aux souvenirs et introspections. Un poème par jour, la régularité de son père donne du grain à moudre à sa fille qui n'en abuse pas mais nous révèle aussi un véritable poète du quotidien mais à l'esprit toujours ailleurs qu'au présent. Une certaine pudeur prend le dessus lorsque l'écrivaine arrive aux correspondances entre ses parents. Ce père parle peu, aime la solitude. Il a apprit à sa fille à regarder. Les paysages notamment que l'on ne regarde pas assez, plus intéressant que lui à son goût. A l'issue de ses recherches intimes, plus de question que de réponse. Et c'est mieux ainsi, que l'énigme perdure mais que l'écrit soit éternel. Laisser une trace lorsque tout s'efface même les îles, les archipels.

La Vie matérielle
7.7

La Vie matérielle (1987)

Sortie : 1 juin 1987. Récit

livre de Marguerite Duras

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

L'amant m'avait laissé au final assez perplexe quant à mon intérêt pour l’œuvre de Marguerite Duras. Ce recueil de texte, récit de tout et de rien, pourrait bien me convaincre de me plonger davantage dans son travail. Issu d'entretien, l'écrivaine reconnue se confit sur sa vision notamment de l'amour et de la littérature, sur son œuvre. On peut ne pas être d'accord mais on prend plaisir à lire son point de vue singulier. Elle prend aussi en main quelques notions de féminisme. Elle se montre aussi très lucide et franche sur son alcoolisme. Les textes font quelques pages ou même quelques lignes. Un livre agréable, comme une conversation avec quelques détours poétiques et théoriques que l'on aurait avec l'autrice. C'est peut être la seul ligne directrice relative de ce livre qui se veut libre dans sa forme, pas de début, pas de fin, pas de structure linéaire.

Remonter la Marne
7.9

Remonter la Marne

Sortie : 13 février 2013 (France).

livre de Jean-Paul Kauffmann

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

Quel plaisir de suivre le périple du journaliste et essayiste Jean-Paul Kauffmann. On chemine à ses cotés tout simplement au milieu de cette "France de l'intérieur" souvent délaissé. Avec une écriture d'un style remarquable sans grandiloquence pourtant fourni d'une grande érudition il partage ses notes et pensées riche en histoire, géographie. On y retrouve sa passion pour le cigare et la période napoléonienne mais pas que, la Première Guerre mondiale notamment n'est pas en reste. Il y a aussi un portrait presque sociologique au détour de portrait et de rencontre non sans humour mais qui dit beaucoup d'un territoire au passé riche voir glorieux mais qui se sent abandonné.

Moderato cantabile
6.6

Moderato cantabile (1958)

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Marguerite Duras

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Nouvelle lecture de Marguerite Duras qui commence à être une véritable révélation pour moi. Dans un style épuré et délicatement sobre elle relate la rencontre d'Anne Desbaresdes et Chauvin dans le café où ils ont été tout deux témoins de ce que l'on pourrait appeler un crime passionnel. Ils s'interrogent tous deux sur ce qui a conduit à ce drame amoureux. Et on pourrait vite voir dans la rencontre des deux personnages une répétition de l'histoire mais ce n'est pas vers ce simple parallèle que nous emmène l'autrice. Car en effet c'est une relation amoureuse qui née entre Anne fille bourgeoise et Chauvin l'ouvrier mais ce ne seront que les mots qui les uniront et conduiront à leur chute.

Écrire
7.1

Écrire (1993)

Sortie : septembre 1993. Essai, Autobiographie & mémoires

livre de Marguerite Duras

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

En peu de mot l'écrivaine décrit à merveille la difficulté voir la douleur d'écrire et la solitude nécessaire. Comme souvent chez Duras, le thème de la maison est important. La suite de ce court ouvrage est consacré à quelques textes, parfois très bons comme Le nombre pur et d'autres plus décevant comme Roma.

Dans le café de la jeunesse perdue
6.8

Dans le café de la jeunesse perdue (2007)

Sortie : 2007 (France). Roman

livre de Patrick Modiano

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Un beau livre de Modiano fait de presque rien ou plutôt des ombres et hasard de la vie où l'on croise le profil énigmatique de Louki. On aurait aimé rester plus longuement dans ce bar de nuit avec ses habitués dans le premier chapitre mais l'auteur nous invite à chaque chapitre à connaître d'autres regards, d'autres visages d'un quartier ayant connu ou croyant connaître celle dont passé et présent nous échappe. Modiano c'est aussi l'art d'écrire l'inconnu pour qu'il en reste quelque chose.

StanDC

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