Les bons maux

Des extraits qui me parlent.
(bon, il y en a bien sûr beaucoup plus, mais je ne les ai pas toujours notés - hélas-.)

Liste de

42 livres

créée il y a plus de 11 ans · modifiée il y a plus de 6 ans
Boys, Boys, Boys
6

Boys, Boys, Boys (2005)

Sortie : 2005 (France). Roman

livre de Joy Sorman

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"Quand il m'a quittée pour une autre vous étiez toutes là pour me dire combien il ne me méritait pas, quand j'ai échoué à mes examens vous étiez toutes là pour me dire qu'un concours c'est aléatoire, quand j'ai négligé de m'inscrire sur les listes électorales vous étiez toutes là pour me dire qu'il n'y avait plus de différence entre la droite et la gauche, quand j'ai eu ma période chanson française vous étiez toutes là pour pleurer avec moi au karaoké sur des tubes de France Gall, quand j'ai porté des jupes sur des pantalons vous étiez toutes là pour me dire que ça affinait ma silhouette. Vous n'avez jamais voulu me faire de la peine, vous m'avez protégée parce que c'est ça le boulot des copines. Maintenant je veux qu'on me pète la gueule."

"Et toi t'es quoi ? Ni l'une ni l'autre, mais si tu veux vraiment une catégorie on dira garçon manqué, pas au sens où je serais un garçon raté du fait des hasards de la génétique, mais plutôt que j'ai manqué le garçon comme on manque son bus et qu'on attend le prochain, ou qu'on court après."

"Où prendre sa place ? Entre le cliché originel de la femme-objet saturée de maquillage, de minijupe et d'allumage (retour de l'injure à l'envoyeur), l'anti qui ne sait faire ni la cuisine ni les enfants, qui crache au sol et qui vous emmerde au prix d'une grosse rancoeur sans avenir, et la femme libérée comme dans la chanson. Où trouver sa place ? A moins d'être dans la confusion, l'écart, le déplacement perpétuel, ni masculin, ni féminin, ni salope, ni castratrice, ni je sais faire le pot-au-feu ni je ne sais pas faire le pot-au-feu. Ce n'est pas de la perte d'identité, c'est du féminisme artisanal, au jour le jour, à la main."

Aurélien
8.2

Aurélien (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Louis Aragon

cemma a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Et leur roman, le roman d’Aurélien et de Bérénice était dominé par cette contradiction dont leur première entrevue avait porté le signe : la dissemblance entre la Bérénice qu’il voyait et la Bérénice que d’autres pouvaient voir, le contraste entre cette enfant spontanée, gaie, innocente et l’enfer qu’elle portait en elle, la dissonance de Bérénice et de son ombre. Peut-être était-ce là ce qui expliquait ses deux visages, cette nuit et ce jour qui paraissaient deux femmes différentes. Cette petite fille qui s’amusait d’un rien, cette femme qui ne se contentait de rien.
Car Bérénice avait le goût de l’absolu."

Les Nuits fauves
6.3

Les Nuits fauves (1989)

Sortie : 1993 (France). Roman

livre de Cyril Collard

cemma a mis 5/10.

Annotation :

"Je suis fait de morceaux de moi-même éparpillés puis recollés ensemble n'importe comment, parce qu'il faut bien avoir l'apparence d'un corps. Je ne suis qu'un amas de cellules terrorisées."

"J'ai tellement envie de t'entendre que je vais souvent appeler... Ne serait-ce que pour oublier... Voilà, c'est con... T'as vu comment tu me rends ?... C'est ça... C'est à cause de ton indifférence que j'arrive pas à me maîtriser... T'as pas envie de t'intéresser plus à moi, de faire des choses avec moi... La seule chose dont t'aies envie c'est de me baiser, et encore, quand ton désir est là, parce que ton désir il faut l'attendre, alors moi je vais pas passer ma vie à attendre.. Moi je te désire tous les jours... Mais toi t'es tellement dans ta petite tête, t'as tellement envie de faire le contraire de ce que tu penses que ça peut pas aller et puis tu seras toujours malheureux parce que je suppose que je suis pas la seule, tu dois faire ce plan-là aussi bien à des mecs qu'à des filles, c'est pas normal... Moi non plus je ne suis pas tout à fait normale parce que je sais pas me contrôler, me restreindre..."

Les Jolis Garçons
6.2

Les Jolis Garçons (2005)

Sortie : 2005 (France). Roman

livre de Delphine de Vigan

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"Je suis toujours passée à côté des hommes. Je les aimés trop tôt, trop vite, ou trop tard. [...] Ce sont les hommes qui m’ont quittée. Les hommes m’ont quittée parce que j’en demandais trop, ou pas assez. Parce que je ne savais pas dissimuler le trouble, ni la fragilité, ou parce qu’au contraire je me tenais trop loin d’eux. Les hommes m’ont quittée parce que j’avais peur de les perdre ou parce que je m’en foutais. Les hommes ne m’ont jamais laissé le temps."

"Non je ne joue pas, Ethan, je suis dans l’instant, dans l’inconscience de l’instant. Incapable de me projeter quelques heures plus tard, incapable d’imaginer l’épaisseur du vide ni l’intensité du manque. Je n’ai jamais su me protéger, ça doit être une case qui me manque, dans l’hémisphère Nord du cerveau, ou un problème de connexion, il faut que je m’en occupe. En attendant, j’avance à découvert et je sais sourire en toutes circonstances."

"Mais de nature j’étais curieuse.
Pour une raison que j’ignorais, j’avais séduit Milan Mikaev. Il était possible qu’il me plaise, ou pas du tout. L’hypothèse me paraissait plausible sans s’imposer. [...] Je n’étais ni dans l’attente ni dans le désir, j’étais dans l’avant, quand rien n’est encore joué. J’aime ce moment où les mots sont rares, qui ont été prononcés, où le visage de l’autre échappe à la mémoire, où tout semble possible et peut-être rien du tout.
De ce peut-être naît parfois le vertige, lorsqu’on ne se méfie plus."

"La vie est douce qui se charge pourtant de nos illusions. J’avais dû, en d’autres temps, rendre mon âme aux évidences. Mais on ne peut pas renoncer à tout. J’avais vu beaucoup de films et lu trop de livres. Au-delà des mots, quelque chose parfois nous propulse vers la solitude de l’autre, vers son désespoir, son impuissance ou sa colère, cela même qui ne se partage pas et que l’on croit pourtant reconnaître. Dans cet élan obscur et aveugle, je m’étais souvent laissé faire."

"Combien de fois faut-il rejouer la fable, pour être capable de s’en défaire ? Sommes-nous condamnés à ça, reproduire inlassablement la même illusion, le même désenchantement ?"

Antigone
7.4

Antigone (1944)

Sortie : 4 février 1944. Théâtre

livre de Jean Anouilh

cemma a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Oui, j'aime Hémon. J'aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi.
Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s'il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu'il sache pourquoi, s'il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s'il doit appendre à dire « oui », lui aussi, alors je n'aime plus Hémon."

"Vous me dégoûtez tous, avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir."

Un soir de décembre
6.5

Un soir de décembre (2005)

Sortie : 2005 (France). Roman

livre de Delphine de Vigan

cemma a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Je suis immobile. Il m’arrive de penser que je suis l’immobilité même. Je conjugue le verbe attendre, j’en épuise les sens, sur tous les modes, sur tous les tons.
J'attends le bus, j'attends mon heure, j'attends que tu viennes, j’attends mon tour, attends-moi, attends que je t’y reprenne, j’attends que jeunesse se passe, j’attends de pied ferme, j’attends le bon moment, tout vient à point à qui sait attendre, le train n’attendra pas, j’attends qu’il revienne, je l’attends comme le messie, ça attendra demain, qu’attends-tu de moi, j’attendrai le jour et la nuit, j’attendrai toujours, je n’attends pas après toi, je n’attends pas d’enfant, j’attends qu’il m’appelle, j’attends qu’il me parle , en attendant mieux, je ne m’y attendais pas, surtout ne m’attends pas. Je suis une spectatrice. A l’intérieur comme à l’extérieur, de près ou de loin, été comme hiver, dans le silence ou dans le bruit, je regarde les autres vivre."

Comme un roman
7.3

Comme un roman (1992)

Sortie : février 1992. Essai

livre de Daniel Pennac

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"Le temps de lire est toujours du temps volé. (Tout comme le temps d'écrire, d'ailleurs, ou le temps d'aimer.)
Volé à quoi ?
Disons, au devoir de vivre.
C'est sans doute la raison pour laquelle le métro -symbole rassis dudit devoir- se trouve être la plus grande bibliothèque du monde.
Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre.
Si on devait envisager l'amour du point de vue de notre emploi du temps, qui s'y risquerait ? Qui a le temps d'être amoureux ? A-t-on déjà vu, pourtant, un amoureux ne pas prendre le temps d'aimer ?
Je n'ai jamais eu le temps de lire, mais rien, jamais, n'a pu m'empêcher de finir un roman que j'aimais.
La lecture ne relève pas de l'organisation du temps social, elle est, comme l'amour, une manière d'être.
La question n'est pas de savoir si j'ai le temps de lire ou pas (temps que personne, d'ailleurs, ne me donnera), mais si je m'offre ou non le bonheur d'être lecteur."

La Maladie de Sachs
7.7

La Maladie de Sachs

Sortie : 31 décembre 1998 (France). Roman

livre de Martin Winckler

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"Et puis il y a les peurs irrationnelles, les peurs au jour le jour, les peurs que rien ne calme parce que la vie est comme ça, on vit on souffre on pleure, on voit ses enfants pleurer, on voit ses enfants souffrir, on voit ses parents vieillir tomber ne plus se relever parce qu'ils n'en ont plus envie, on se dit qu'un de ces jours (non on ne se le dit pas, on a trop peur d'y penser même si on y pense malgré tout sans trop le laisser voir) ce sera son tour à soi et qu'ils ne seront plus là pour nous aider - les enfants, d'abord, il ne faut rien en attendre, ils s'en vont ils ont leur vie et puis vous savez comment c'est, Docteur, les enfants ça ne pense qu'à soi, on a beau les prévenir qu'ils s'en mordront les doigts plus tard, on a fait la même chose à leur âge."

La Coureuse
6.2

La Coureuse

Sortie : 20 septembre 2012 (France). Roman

livre de Maïa Mazaurette

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"Je le bouffe du regard. Souvent les femmes censurent le côté organique du désir : on est censées se maintenir au-dessus de ça, au dessus du corps de l'autre. Juger un partenaire potentiel à son physique, oh là là, quelle vulgarité.

Comme on est bien dressées, on évite de mater. Mais je veux être vulgaire, moi. Très."

« Dans ces conditions, une part de moi voudrait acheter une ferme dans la montagne et vivre enfin comme un ours, musclée, poilue et libre. Une autre part admire les filles qui arrivent à remplir correctement leur devoir de beauté, et qui le font avec légèreté et grâce, qui y trouvent du sens – oui, parfois je me dis que les championnes du recourbe-cils ont tout compris, que ce sont elles, les nanas intelligentes. Je me dis qu'il est beaucoup plus intéressant d'être ravissante, de ravir les autres, que de vouloir sauver le monde ou travailler - plus intéressant d'un point de vue financier, plus intéressant d'un point de vue humain. Je suis persuadée que leur vie est plus drôle que la mienne. »

Un corps parfait
6.3

Un corps parfait

Sortie : mai 2007 (France). Roman

livre de Eve Ensler

cemma a mis 6/10.

Annotation :

« J’ai cartographié cette haine de moi, je l’ai détaillée, j’ai essayé d’en découvrir la source ; ici, contrairement aux femmes des Monologues du vagin, je suis ma propre victime, mon propre bourreau.
Bien sûr, les outils de mon autovictimisation étaient à portée de main. Le schéma d’un corps parfait m’a été inculqué dès la naissance. Mais quelles que soient les influences et les pressions culturelles, mon souci du gras, mon recours constant aux régimes, au sport et à la prise de tête ne tiennent qu’à moi. C’est moi qui choisis de lire ces magazines. C’est moi qui investis à fonds perdus dans cet idéal. C’est moi qui reste persuadée que les filles blondes et minces sont les meilleures. Mais au fond, ce qui est bien plus effrayant que tout ce narcissisme, c’est ce zèle à l’automutilation qui se propage et contamine le monde entier.
[…]
Ma pièce est une prière, une tentative d’analyse des mécanismes de notre enfermement pour qu’enfin nous nous libérions et puissions passer davantage de temps à nous occuper du monde qu’à le fuir ; pour que nous puissions laisser la douleur du monde nous ronger plutôt que de laisser la consommation nous ronger afin de ne pas avoir à penser à cette douleur et cette souffrance.
Cette pièce traduit mon espoir, mon désir, que nous refusions toutes un jour d’être des poupées Barbie, de perdre de nos différences, quelles qu’elles soient : celle d’être une femme voluptueuse enveloppée dans un sari de soie, au visage parcouru de rides de caractères, doté d’un nez singulier, d’un teint olive ou d’une indomptable chevelure bouclée.
Je descends du tapis de course capitaliste.
Je vais inspirer un grand coup et trouver le moyen de survivre sans être mince ou parfaite. Je vous invite à me rejoindre, à arrêter d’essayer d’être quoi que ce soit, qui que ce soit en dehors de vous-même. [...]
Dites aux faiseurs d’images et aux vendeurs de magazines et aux chirurgiens esthétiques que vous n’avez pas peur. Que ce qui vous effraie c’est la mort de l’imagination, de l’originalité, de la métaphore, de la passion. Et enfin soyez téméraires, AIMEZ VOTRE CORPS, ARRÊTEZ D’ESSAYER DE LE REPARER. Car il n’a jamais été cassé. »

Avec les garçons
7.2

Avec les garçons (2009)

Sortie : janvier 2009. Roman

livre de Brigitte Giraud et Fabio Viscogliosi

cemma a mis 8/10.

Annotation :

"Tout se bouscule dans mon esprit. Tout prend des proportions inquiétantes. Je voudrais que la vie soit simple et je ne trouve pas le chemin de l'évidence. Je ne sais pas ce qui se passe en moi vraiment, mais je suis heureuse et malheureuse à la fois. Je veux une chose et son contraire. Je veux être l'unique mais je n'aime pas cette idée. Je veux que le garçon passe son bras autour de mon épaule et j'enlève le bras. Je veux qu'il me regarde et je ne supporte pas ses yeux posés sur moi. Je veux qu'il soit plus fort que moi mais je veux être la seule à décider. Je veux qu'il n'aime que moi mais je ne veux pas qu'il m'aime de cette façon-là."

Seule Venise
7.3

Seule Venise

Sortie : 2004 (France). Roman

livre de Claudie Gallay

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"Je ne sais pas gérer le désespoir, le mien, encore moins celui des autres. Je n'ai jamais su.
Et puis l'histoire qui revient. Toujours la même histoire. Le même désaccord.
Je détourne la tête. Dehors, les toits, le ciel. Un temps sombre, chargé de nuages.
- Ca va s'arranger... je dis, et je ne sais pas si je parle du temps. Ou d'elle. De sa vie.
Elle ne le sait pas non plus.
Mais c'est tout ce que je trouve à dire à ce moment-là. Ca va s'arranger, alors que ça ne s'arrangera pas.
Elle attend que je lui dise cette chose-là, ça ne s'arrangera pas, cette vérité, que ça ne s'arrangera jamais, jamais plus, jamais plus comme avant. Et qu'il n'y a rien à faire contre ça.
Je prends une tranche de pain, je la recouvre de confiture. Impossible de mordre dedans. Je la repose.
Il faudrait arrêter de mentir. Aux gens, aux vieux, aux enfants.
Quand Trevor est parti, j'aurais dû lui dire je ne crève pas pour toi mais c'est ma jeunesse qui crève. Quelque chose que je porte en moi et que j'aimais et qui s'en va.
Je ne lui ai rien dit.
Au fond du salon, la porte s'ouvre, Carla baisse la tête.
- Ne fais pas ça, je dis.
Mais ça ne suffit pas.
Je veux me lever. Partir.
Elle dit reste.
D'une voix, venue du ventre. Valentino s'avance. Je sens la tension entre eux. Palpable. Je la subis. Ca me rappelle trop les silences avec Trevor à la fin quand on ne s'engueulait même plus.
Qu'on s'ennuyait.
Au restaurant, on n'osait plus se regarder. On regardait par la fenêtre ou alors on regardait les autres. Ailleurs. On tournait notre fourchette entre nos doigts. On avait hâte de finir, hâte de payer. Hâte de partir. Et pourtant on ne partait pas. On s'accrochait. Moi surtout."

"Je vous oublie.
A ce moment oui, vous n'êtes rien encore. Juste ce devenir que je porte.
Une histoire possible.
Vous êtes cela.
Seulement cela."

Le Livre pour enfants
6.7

Le Livre pour enfants (2008)

Sortie : avril 2008. Roman

livre de Christophe Honoré

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"[...] et je ne sais plus quoi répondre, plutôt si, j'ai envie de répondre que c'est par désespoir, que prétendre à l'inédit est une manière absurde de ne rien faire, que précisément nous, savons depuis toujours, que rien ne peut advenir, que sans talent, sans révolte, et tant aimés, nous sommes promis secrètement par nos parents à faire moins bien qu'eux, sauf si, par miracle, nous nous réinventons."

Mes nuits sont plus belles que vos jours
6.1

Mes nuits sont plus belles que vos jours

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Raphaële Billetdoux

cemma a mis 5/10.

Annotation :

"Et quand elle serait vieille encore, la marque de tous ces gestes que sur son corps il avait faits, un matin d'été - le matin où il avait voulu d'elle -, lui en cuirait encore comme autant de gifles inexpliquées. Ainsi peut-être courait-on d'homme en homme jusqu'à ce que l'un d'eux, en pleine course, vous arrête. D'autres avaient fait, d'autres feraient après lui les mêmes gestes... Mais qu'il ait eu le droit d'ouvrir les boutons de sa robe, mais qu'il l'ait vue nue et toute suppliante, mais qu'il ait découvert sa mouillure et qu'il y ait trempé les doigts, mais qu'il l'ait entendue crier et pleurer, mais qu'il l'ait connue cernée, défaite et sale, que soient entrées par la pupille de ses yeux toutes ces images d'elle et que maintenant, il puisse s'en aller et les emporter, que maintenant il puisse éprouver du dégoût peut-être au souvenir de ses rougeurs, de ses soupirs et de son excitation de femme, tout cela pour la première fois, à travers l'irréductible honte qui grandissait en elle, lui paraissait être quelque chose qu'elle ne pourrait plus, de sa vie, ni surmonter, ni dépasser."

Dans l'or du temps
6.4

Dans l'or du temps

Sortie : février 2008 (France). Roman

livre de Claudie Gallay

cemma a mis 6/10.

Annotation :

« […] il faudrait toujours hurler son désir. On ne le fait pas. On désire en retenue et voyez-vous, un jour, il n’y a plus de désir et on s’étonne.
Elle parlait et elle regardait le chat. Elle ne le caressait plus. Du regard seulement.
- J’aurais aimé travailler avec les fous. Vivre avec eux dans l’un de ces endroits où il y a tellement de vies et des vies si particulières que les nôtres par comparaison paraissent sans importance.
- Les fous vous fascinent ?
- Ne dites pas les fous !
- Vous le dîtes bien.
- Moi, je peux… Mais vous non, ce mot, dans votre bouche… »

« Je pensais à Otto.
A ces destins croisés. Ces violences qui, sous couvert d’indifférence, brisent la quiétude des hommes. Tous ces rêves que l’on fait. Qui nous portent et parfois nous tuent. Et s’ils ne nous tuent pas, ils nous amenuisent. Comme autant de déceptions. D’amours déçues. »

La Note sensible
7.8

La Note sensible (2002)

Sortie : 6 mai 2004 (France). Roman

livre de Valentine Goby

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"Tu es le demi ton. Tu es l’entre-deux, la note suspendue, l’équilibre fragile. Tu es le vacillement qui contient la chute, tu es le fa dièse qui frôle le sol, un presque sol ; tu es la défaillance retenue d’extrême justesse, tu es le bord de l’abîme. Tu es ce qui pourrait être et qui n’est pas, tu es un possible. Tu es cette note en mouvement obligé vers une autre, qui voudrait se confondre avec elle et ne se confond pas. Tu es l’incertitude. Tu es la note sensible."

J'avais douze ans...
7.4

J'avais douze ans... (1990)

Sortie : 1990 (France). Biographie

livre de Nathalie Schweighoffer

Annotation :

"Merci d'avoir fait silence en m'écoutant crier"

Si même les arbres meurent
7.9

Si même les arbres meurent

Sortie : septembre 2000 (France).

livre de Jeanne Benameur

cemma a mis 8/10.

Annotation :

"Si même les arbres meurent, alors, à qui se fier ?"

(tout le reste du livre est beau)

Cette nuit-là

Cette nuit-là

Sortie : 2004 (France). Roman

livre de Isabelle Minière

cemma a mis 8/10.

Annotation :

Extraits à venir.

Les Jolies Choses
6.8

Les Jolies Choses (1998)

Sortie : 1998 (France). Roman

livre de Virginie Despentes

cemma a mis 8/10.

Annotation :

Extraits à venir.

L'homme qui ne parlait pas

L'homme qui ne parlait pas

Sortie : 30 janvier 2003 (France). Roman

livre

cemma a mis 8/10.

Annotation :

Extraits à venir.

Le garçon qui aimait les bébés
6.9

Le garçon qui aimait les bébés (2003)

Sortie : mars 2003. Roman, Jeunesse

livre de Rachel Hausfater

cemma a mis 8/10.

Annotation :

"J'entendais les gens parler de moi : "Il ne l'a pas vue, tant mieux." Mais c'était tant pis, tant pire ! "Il oubliera vite." Mais comment oublier ce qu'on n'a pas vécu ? Personne n'a songé à me consoler. "Il est trop petit pour avoir de la peine". Ma peine pourtant était si grande, plus grande que moi, trop grande pour moi.
Le berceau resté vide a disparu, mais je le voyais encore, je l'inventais plein. Je voulais sentir la grosse tête ronde de ma petite soeur peser sur mon épaule. Je voulais tenir bien fort son corps à la fois compact et léger, tout frémissant et chaud. Je voulais respirer son lait, être réveillé par ses cris. Je voulais qu'elle envahisse ma vie. Mais c'est le vide qui m'a envahi.
Vivre sans, sans avoir jamais vécu avec...
Qu'allais-je faire de tous nos jeux, toutes mes caresses, tous nos secrets ? C'est si dur pour un frère de n'être le frère de personne !
Des semaines noires ont passé, des mois gris, des années beiges. Maman a gardé son air lointain, papa n'a plus jamais cessé de râler. Chacun s'est installé dans son chagrin, sans partager.
Tout seul j'ai pleuré ma petite soeur manquée. Et qui me manque, tant.
J'ai grandi mais pas elle, jamais elle. Elle est restée bébé, mon bébé perdu."

Les Déferlantes
7.2

Les Déferlantes

Sortie : 2008 (France). Roman

livre de Claudie Gallay

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller, je voulais retrouver les larmes, la douleur, je voulais continuer à geindre. Je préfèrais ça. J'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque, un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et ce n'était pas mieux.
C'était le vide."

Un dernier verre avant la guerre
7.7

Un dernier verre avant la guerre (1994)

A Drink Before The War

Sortie : 6 janvier 1999 (France). Roman

livre de Dennis Lehane

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"C'est dur de fermer la porte à l'espérance quand on aime quelqu'un."

Les Chaussures italiennes
7.4

Les Chaussures italiennes (2006)

Italienska skor

Sortie : 8 octobre 2009 (France). Roman

livre de Henning Mankell

cemma a mis 6/10.

Annotation :

"- Des promesses, a-t-elle dit, on en reçoit tant. On s'en fait à soi-même. Les autres nous en font. On a les politiciens qui nous parlent d'une vie meilleure pour les vieux, d'un hôpital où personne n'aura plus d'escarres ; on a les banquiers qui nous promettent des intérêts plus élevés, les produits qui nous promettent qu'on va perdre du poids, les crèmes qui nous promettent une vieillesse avec moins de rides. Vivre, au fait, ce n'est jamais qu'avancer dans son petit bateau au milieu d'un flot de promesses variées à l'infini. Quelles sont celles dont on se souvient ? On oublie celles qu'on voudrait se rappeler et on se souvient de celles qu'on préférerait oublier pour toujours. Les promesses trahies sont comme des ombres qui dansent autour de toi au crépuscule. Plus je vieillis, mieux je les vois. La plus belle promesse de ma vie, c'est celle que tu m'as faite quand tu m'as dit que tu m'emmènerais jusqu'à ce lac dans la forêt. Alors je veux le voir de mes yeux et rêver que je m'y baigne avant qu'il ne soit trop tard."

"Je ne crois pas en Dieu. Mais il faut pouvoir en créer un, quand c'est nécessaire."

Je ne suis pas amoureuse

Je ne suis pas amoureuse

Sortie : 13 avril 2003 (France).

livre

cemma a mis 5/10.

Annotation :

"Amoureuse : il y a "amour", et il y a "heureuse". J’ai eu l’amour, est-ce que j’ai été heureuse ? Les premières heures de la séduction offrent tout ça.
Jusqu’à ce que le désir s’émousse, souvent, plus vite qu’on ne croit.
Mais avant il y a tout ça : cette attente impatiente de l’autre, cette envie de le revoir, de le toucher, de connaître les moindres traits de son visage tout en se surprenant, à chaque fois en le revoyant, de les avoir oubliés.
Il y a ce désir de confronter son corps, son désir au sien. Celui d’accrocher la moindre de ses attentions. Celui de rendre l’âme à chaque instant.
Il y a tout ça mais il y a aussi autre chose. Le sentiment d’avoir trouvé la partie de soi qui manquait. la certitude de pouvoir mourir pour cette part de soi-même si présente et si volatile. La fait de pouvoir tuer aussi pour cet autre qui est soi. Le fait de ne jamais avoir peur parce qu’il est là. La terrible et ravissante sensation que, s’il venait à partir, le monde s’écroulerait...
Non, je ne suis plus amoureuse de Matthieu.
Non, le monde ne s’est pas écroulé parce qu’il a préféré partir."

"Libre de me consacrer à l'écriture.
Libre de me consacrer au récit de ma seule expérience.
Libre de coucher avec qui je veux.
Libre d'aller et venir avec qui je veux.
Libre de dire et de penser ce que je veux.
Libre de dépenser et d'acheter ce que je veux.
Libre d'être dans la sensualité, le désir, le regard de moi-même.
Libre d'être déchaînée, cinglante, méchante, violente, câline, douce, érotique, sexuelle, vénéneuse, capricieuse, versatile, cinglée, libre même d'être conne...
Libre d'être moi-même sans autre miroir que celui que j'ai envie de mettre sous mes yeux.
Libre de me regarder dans la glace et de me trouver belle.
Libre de me regarder dans la glace et de me trouver laide.
Libre d'écouter mes disques à tue-tête.
Libre d'essayer toute ma garde-robe, des nuits entières.
Libre de danser toute nue.
Libre de courir.
Libre de faire le grand écart.
Libre de me branler.
Libre d'être tout à moi et à moi seule."

Ils s'en allaient faire des enfants ailleurs

Ils s'en allaient faire des enfants ailleurs

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Marie-Ange Guillaume

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"Et aujourd'hui, si je compte mes amants sur mes doigts, il me manque une bonne douzaine de mains. Pourtant je n'ai jamais collectionné. Pour collectionner, il faut un brin d'optimisme, il faut croire aux vertus de l'accumulation et du rangement. Je voulais seulement l'amour comme au ciné, cadré à mort, une fois qu'on a balancé les chutes à la poubelle. Je n'ai vécu que des chutes, avec entrain : on ne sait pas à l'avance qu'on s'est levé le matin pour aller tourner une chute. J'avais la foi, celle qui fait les miracles et attire les mouches. Il m'arrive d'être belle, mais pas tous les jours et sûrement pas à ce point-là. Non, ça venait de l'intérieur : j'attendais d'être sauvée, je croyais que l'amour était fait pour ça, j'attirais les hommes. Je pensais que l'amour était obligatoire et qu'il était la clé de tout. C'est peut-être vrai mais je ne sais pas ce qu'elle ouvre."

Le Chœur des femmes
8

Le Chœur des femmes (2009)

Le Choeur des femmes

Sortie : 27 août 2009 (France). Roman

livre de Martin Winckler

cemma a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Oui, je sais, je sais que je rêve tout éveillée. Je sais que je ne sais pas qui est ce "Nous" qui "exige". Je sais que c'est prendre ses désirs pour des réalités, je sais que c'est un voeu pieux et je sais que c'est pas demain la veille. Je sais que les femmes plient encore sous le genou et la queue des hommes et qu'avant qu'elles ne plient plus sous le poids odieux des médecins, il y aura encore longtemps des médecins hommes et femmes, car ce n'est pas une question de sexe, c'est une question de pouvoir, qui continueront à leur fourrer leurs doigts, leurs instruments, leurs appareils dans le sexe sans se demander ce que ça leur fait, sans se poser la question de savoir ce qu'il y a derrière, ce que ça veut dire pour elles, sans jamais mesurer - et je pèse le poids de mes mots - combien cela fait ressembler les médecins à des bourreaux.
Je sais que mes mots ne valent que ce qu'ils valent - mais justement, ce sont les miens
Alors ces mots, je vous les balance
avec ma rage au bout des doigts
Et cette rage me fait du bien."

"C'est fou ce que ça peut être difficile d'écrire à quelqu'un.
Quelqu'un qu'on a cru disparu complètement de sa vie.
A qui on pensait ne jamais plus adresser le moindre regard, le moindre mot.
A qui on essayait, de toutes ses forces, de ne plus penser.
Comme si pareille chose était possible.
Comme si on pouvait décider, comme ça, d'un seul coup, de ne plus penser à quelqu'un qui a compté au point d'occuper toutes les pensées pendant... longtemps.
J'ai envie de lui écrire, mais je ne sais pas quoi lui dire.
Je ne sais pas comment renouer."

Le Monde de Charlie
7.9

Le Monde de Charlie (1999)

The Perks of Being a Wallflower

Sortie : avril 2008 (France). Roman, Jeunesse

livre de Stephen Chbosky

cemma a mis 7/10.

Annotation :

"Tout sauf avoir envie de pleurer. Parce que j'ai promis à tante Helen. Et parce que j'ai pas envie de me remettre à penser, comme j'ai fait cette semaine. Il faut plus que je pense. Plus jamais.
Je ne sais pas si ça t'est déjà arrivé de te sentir comme ça. De vouloir dormir pendant mille ans. Ou juste de pas vouloir exister. Ou juste de pas te rendre compte que tu existes. Ou un truc comme ça. Je crois que c'est très morbide comme idée, mais quand je suis comme ça, c'est ce que je veux. C'est pour ça que j'essaye de pas penser. Je veux juste que ça s'arrête de tourner. Si ça empire, il va peut-être falloir que je retourne voir le médecin. Ca va déjà très mal."

Sans bord, sans bout du monde

Sans bord, sans bout du monde (1995)

Sortie : 1995. Poésie

livre de Hélène Dorion

Annotation :

"Aurons-nous le temps
De tout dire et d’arrêter d’être effrayés
Par nos tendresses, nos chutes communes ?"

cemma

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