Les films - 2018
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110 films
créee il y a presque 7 ans · modifiée il y a presque 6 ansLa Vie est un roman (1983)
1 h 55 min. Sortie : 20 avril 1983. Comédie dramatique
Film de Alain Resnais
Behuliphruen a mis 4/10.
Annotation :
J'ai l'impression que pendant ces années 80, Resnais faisait quand même un peu n'importe quoi... Je m'attendais à ce genre de décors au goût... étrange, à la volonté de distanciation, mais le côté très arbitraire du déroulement de l'intrigue, de la caractérisation des personnages (tous plutôt antipathiques), de la mise en scène (les passages chantés, bon...), rend le film assez pénible à regarder. Si ces choix étaient au service d'une réflexion pertinente et originale, passe encore, mais je n'ai pas trouvé le propos du film très audible. Le segment contemporain est plus accessible, il aborde les questions de transmission, d'éducation, d'éveil, sans, toutefois, qu'une idée générale se dégage de ce salmigondis. Les séquences 1900 et médiévale (oui, oui) sont d'un intérêt encore plus discutable... Le film marque toutefois les débuts de Sabine Azéma, qui y est excellente, comme souvent !
François Morellet : Le peintre de l'art systématique (1999)
52 min. Sortie : 1999 (France).
Film de Camille Guichard
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Le documentaire laisse un peu sur sa faim. Si l'on n'y apprend pas une foule de choses sur la vie et l'oeuvre de Morellet, son intérêt majeur réside dans l'entretien avec l'artiste et dans l'exploration de ses lieux de création. Je retiendrai l'humour et le mélange de désinvolture et de rigueur, qui caractérise autant Morellet que son oeuvre. Certains aspects auraient pu être davantage creusés, mais les processus de création, les questions de l'absence de subjectivité et du statut d'artiste "amateur" sont intéressants, et m'ont rendu Morellet encore plus attachant.
Grass (2018)
Pulipdeul
1 h 06 min. Sortie : 19 décembre 2018 (France). Drame
Film de Hong Sang-Soo
Behuliphruen a mis 9/10.
Annotation :
Voilà de quoi démentir ceux qui reprocheraient à HSS de faire toujours le même film. Il y a dans Grass des choses que je n'avais jamais vu chez Hong Sang-soo - et, tout simplement, nulle part ailleurs : ainsi le traitement ahurissant de la musique, non dépourvu d'ironie, ou encore cette conversation cadrée en trois-quarts dos, d'une grande intensité.
Le film est resserré, épuré, sombre aussi, sans trace du ton badin que l'on croise parfois chez les personnages de HSS. Le résultat est vraiment stupéfiant, et demeure assez énigmatique. Le noir et blanc sied particulièrement bien à ce récit à la fois douloureux et étrangement serein par son minimalisme, son économie, sa sécheresse. Et j'ai eu l'impression qu'il s'agissait d'un film encore plus personnel, encore plus intime et nécessaire, encore plus mystérieux, que les précédents films du cinéaste. Encore plus beau.
Si le passage du temps est un thème récurrent dans les films du Coréen, il est ici au centre d'un dispositif narratif éclaté et ludique, comme d'habitude, mais surtout bouleversant et assez désespéré. Dans ce café noyé de musique classique, sous le regard de l'écrivain (Kim Min-Hee, magnifique), les conversations arrosées prennent un tour tragique. On ne sait plus bien ce qui est réel, ce qui est rêvé, ce qui est un souvenir ou une projection nés de l'esprit de Kim Min-Hee. Alors que, pour les personnages, le poids du passé est écrasant, que l'avenir devient soudain incertain, la narratrice-spectatrice enjoint les acteurs de ce petit théâtre (il est souvent question de jouer la comédie) à guetter des choses minuscules, à croire dans le présent. Ces jeunes pousses, sur lesquelles s'ouvre et se ferme le film, sont-elles, alors, à lire comme des signes d'espoir ?
Maya (2018)
1 h 45 min. Sortie : 19 décembre 2018. Drame, Romance
Film de Mia Hansen-Løve
Behuliphruen a mis 5/10.
Annotation :
Légère déception pour ce film d'une réalisatrice dont j'aime par ailleurs beaucoup la filmographie. Paradoxalement, c'est en s'attaquant à un sujet plus "lourd" que les drames intimes, apparemment banals et pourtant bouleversants, qu'elle avait traités jusque là, que Mia Hansen-Love a le moins de choses à dire. Il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent, hormis une romance délicate, qui se mêle joliment au récit de reconstruction de cet ex-otage. Si le pathos est une fois encore admirablement évité, le film ne m'a pas beaucoup ému et son traitement de la résilience et du retour à la vie n'est ni très fin ni très original. Peut-être y a-t-il également un petit problème d'incarnation : la prestation de Roman Kolinka est sérieuse mais un peu fade. Même la lumière et la B.O., qui ne déçoivent habituellement jamais chez MHL, sont en-deçà.
L'Inconnu du Nord-Express (1951)
Strangers on a Train
1 h 41 min. Sortie : 9 janvier 1952 (France). Film noir
Film de Alfred Hitchcock
Behuliphruen a mis 7/10.
Leto (2018)
2 h 06 min. Sortie : 5 décembre 2018 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Kirill Serebrennikov
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
Si je demeure perplexe devant les effets un peu ringards qui accompagnent les scènes de comédie musicale, j'ai été tout de même séduit par ce biopic qui ne tombe pas dans les facilités du genre. Au fond, ces scènes de réalité alternative, dont la mise en scène appuyée est gênante au début, sont un moyen très efficace d'exprimer, sans recourir au dialogue, toute la frustration de cette jeunesse au regard rivé sur l'Occident. Ce rapport ambigu au rock, musique de l'ennemi pour les uns, soupape de sécurité pour les autorités, modèle indépassable pour Mike et Viktor, est creusé de manière très juste. Avec sa forme ample et lyrique, il me semble ainsi bien plus convaincant que le récent Cold War, dont les thématiques ne sont pas très éloignées. Les deux heures sont passées à toute allure, grâce à l'allant et à l'énergie de ce film, porté par une excellente troupe d'acteurs (mention spéciale au couple principal).
Le Beau Mariage (1982)
1 h 37 min. Sortie : 19 mai 1982 (France). Comédie, Drame, Romance
Film de Éric Rohmer
Behuliphruen a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Quel bonheur de retrouver Rohmer ! Peut-être pas son film le plus accompli, mais ce conte, le deuxième des Comédies et Proverbes, est à la fois l'un des plus drôles et des plus cruels. Il s'agit réellement d'une comédie, avec des passages très drôles (mon coup de coeur est adressé à Dussolier, et à cette irrésistible dernière scène).
Le personnage de Béatrice Romand est souvent agaçant, mais, si elle ne fond pas en larmes comme Marie Rivière, elle cache mal une angoisse profonde sur son avenir et ses rêves de promotion sociale. L'intrigue est au fond simplissime, mais le dénouement cruel, pour cette entêtée qui cherchait à faire plier l'amour sous les lois rigoureuses de sa raison. Le face à face final rend à la perfection le fossé qui peut soudain se creuser avec l'autre, et cette douloureuse sensation de dégrisement, quand nos constructions fantasmées s'effondrent d'un coup...
Tout est pardonné (2007)
1 h 45 min. Sortie : 26 septembre 2007 (France). Drame
Film de Mia Hansen-Løve
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Difficile de ne pas lire ce premier film à la lumière rétrospective des suivants. Mia Hansen-Love, avec déjà beaucoup de maîtrise et une infinie délicatesse (elle réalise le film à l'âge de 26 ans !), pose quelques jalons des opus à venir : le récit d'un échec, le personnage paternel absent, aux prises avec une profonde difficulté d'être, et, bien sûr, le passage du temps. Il y a peut-être quelque chose d'un peu monotone dans ce premier film, de très légèrement fade, mais cet art de l'épure et de l'ellipse est déjà bel et bien présent.
Meurtre d'un bookmaker chinois (1976)
The Killing of a Chinese Bookie
2 h 15 min. Sortie : 15 février 1976 (États-Unis). Drame
Film de John Cassavetes
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
Une deuxième vision conforterait sûrement la sympathie grandissante que j'éprouve pour ce film, assez déroutant au premier abord. Pas tant par la mise en scène : même si Cassavetes ne filme comme personne, j'ai pu déjà en faire l'expérience avec Opening Night. En revanche, il s'applique ici à déjouer les schémas du film noir, avec une certaine désinvolture. Nouer et dénouer l'intrigue n'est le plus important, et ce "bookmaker chinois" n'est au fond pas bien intéressant.
En revanche, Cosmo Vitelli est de toutes les scènes. Le film est plutôt le portrait de cet homme seul et traqué, flambeur et fragile, meneur de troupe et artisan du spectacle - comme Cassavetes ? Ben Gazzara est formidable : Cassavetes aurait-il un don pour sublimer ses acteurs ? En tout cas, j'aime beaucoup la façon dont sa caméra capte, tantôt en plans fixes tantôt en gros plans papillonnants, les inflexions, les poses, les nuances de jeu de l'acteur.
La Nuit du chasseur (1955)
The Night of the Hunter
1 h 32 min. Sortie : 11 mai 1956 (France). Drame, Thriller, Film noir
Film de Charles Laughton
Behuliphruen a mis 8/10.
Annotation :
Je poursuis ma phase "classiques" avec cette nouvelle découverte, que j'ai abordée très naïvement, tant ma connaissance de l'histoire du cinéma américain est limitée. Et, effectivement, difficile de ne pas rester ébahi devant la beauté plastique du film, devant sa mise en scène hyper maîtrisée à coups de cadrages parfaits, d'ombres franches et d'éclairages expressionnistes. Des points communs avec L'Aurore, donc, que je viens de découvrir également, jusque dans le motif narratif de la barque et de l'étendue d'eau comme frontière à franchir, espace de libération. La poésie de certaines séquences est frappante : Pearl qui chante pendant la traversée, les enfants assis parmi les fleurs, M. Powell à l'horizon sur son cheval, comme dans un théâtre d'ombres...
Outre sa maîtrise, la mise en scène est ainsi très imaginative, presque ludique (les séquences aériennes et aquatiques, la fermeture à l'iris, les plans géométriques et les plans fluides, qui captent les reflets de la lune sur les flots...). Plutôt qu'une leçon de cinéma, c'est un manuel entier ! Il faut alors accepter l'atmosphère qui, en relevant moins du film noir (la tension est tout de même bien présente, jusqu'au moment cathartique) que du conte, met ainsi entre parenthèse toute vérité psychologique. Il n'en est pas moins vrai que ce récit optimiste insiste sur la ténacité de ces enfants, leur capacité à surmonter le poids écrasant de l'héritage paternel.
Borsalino (1970)
2 h 06 min. Sortie : 20 mai 1970. Policier, Drame, Gangster
Film de Jacques Deray
Behuliphruen a mis 5/10.
Annotation :
Comme on pouvait s'y attendre, le film repose largement sur son duo principal, au point que tout le monde s'efface devant eux, autant le réalisateur que le reste de la distribution... Ce qui a quand même rapidement ses limites : on se demande parfois si on ne se trouve pas face à une parodie de films de gangsters, avec ces scènes de bagarres mal chorégraphiées, ce machisme ambiant, ces morts surjouées et une sorte d'insouciance assez peu crédible.
D'un autre côté, c'est justement cette fantaisie, cette légèreté, servies par la lumière de Marseille et la musique de Claude Bolling, qui donnent un certain charme à cette chronique du grand banditisme marseillais, un rien naïve. Et Belmondo, décidément, est, dans le registre, trois coudées au-dessus de son acolyte.
Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen (2018)
53 min. Sortie : 28 novembre 2018. Fantastique
Moyen-métrage d'animation de Ray Harryhausen
Behuliphruen a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ils sont effectivement merveilleux, ces contes, précurseurs de la "stop motion" (ou, comme le dit joliment le générique, de "l'animation tridimensionnelle"). J'avoue que je ne connaissais pas Ray Harryhausen, légende des effets spéciaux, dont la technique est impressionnante : il y a des mouvements de caméra assez incroyables à réaliser en stop motion (j'imagine), un sens du détail, un art de la composition des scènes et des paysages, et une pincée d'humour qui relève ces jolis contes pour enfants, malgré un scénario souvent gentillet. Mention spéciale au Lièvre et à la Tortue !
Le Goût du saké (1962)
Sanma no aji
1 h 53 min. Sortie : 6 décembre 1978 (France). Drame
Film de Yasujirō Ozu
Behuliphruen a mis 8/10.
Annotation :
Premier Ozu à mon actif, et je crois déjà que je vais aimer ce cinéaste ! Pour sa mise en scène minimaliste et rigoureuse, aux plans soigneusement cadrés, souvent quadrillés par le jeu des horizontales et des verticales - dans l'appartement, au bureau, au bar, au restaurant. Lieux identiques, pour mettre en images de subtiles variations sur le vieillissement, les souvenirs, la famille, les relations conjugales, les rapports enfants-parents et hommes-femmes.
Car s'il est question de petites déchirures intimes, le film pose aussi un regard sur le Japon du début des années 1960 - rapport à la défaite de 1945, poids des traditions familiales, société qui se modernise, émancipation féminine. C'est remarquable, d'ailleurs, comme ce dernier sujet parvient à s'adresser à notre sensibilité contemporaine, éclipsant même, avant de très belles scènes finales, la question du vieillissement, qui est pourtant le thème principal de cet ultime film d'Ozu.
L'Aurore (1927)
Sunrise: A Song of Two Humans
1 h 34 min. Sortie : 11 octobre 1928 (France). Drame, Romance, Muet
Film de Friedrich Wilhelm Murnau
Behuliphruen a mis 8/10.
Annotation :
Le génie de la mise en scène est tel que le film ne tient à peu près que sur lui - l'intrigue étant somme toute plutôt simple. Le film tire d'ailleurs sa force de ce schématisme à forte teneur symbolique, en jouant avec des archétypes, comme dans un conte : l'île, lieu clos du bonheur simple et conjugal, soudain perverti par l'irruption de la tentatrice, le lac, frontière à franchir, la ville, terrifiante, mais aussi lieu de la réconciliation.
Ce n'est peut-être pas extraordinairement subtil, mais je ne crois pas qu'il y ait un seul plan manqué. Les scènes inoubliables se succèdent, avec une intensité dramatique que la tendresse de certaines séquences et le comique de certaines situations viennent parfois apaiser. Je ne pensais pas être vraiment saisi par ce film, en dépit de son statut de chef d'oeuvre accordé à l'unanimité - je ne suis pas sûr, toutefois, que son souvenir grandisse beaucoup en moi.
Jour de fête (1949)
1 h 16 min. Sortie : 4 mai 1949. Comédie
Film de Jacques Tati
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Entre 6 et 7, mais je suis un peu décontenancé par cette impression d'avoir vu deux films en un : celui qui s'organise autour de l'installation de la fête foraine, et celui qui tourne autour de la tournée "à l'américaine" du facteur. Le deuxième me semble bien plus réussi que le premier, qui m'a encore fait éprouver cette difficulté que je ressens avec Tati (que j'aime bien par ailleurs) : la question du rythme. J'ai souvent eu l'impression d'être à contretemps par rapport au rythme du gag, et ce n'est jamais très plaisant...
Deuxième partie plus séduisante, qui trouve son allure, remplie de gags visuels et sonores d'autant plus efficaces qu'ils sont faits avec si peu de moyens : le manège, la bicyclette qui roule toute seule... Et jamais gratuits, dans une France à l'aube d'une modernisation qui réduira les distances, qui remplacera l'homme au profit de la machine. En 1949, c'est étonnant de voir cette clairvoyance sur les enjeux de la modernité, qui sont toujours préoccupants aujourd'hui.
Koyaanisqatsi (1983)
1 h 26 min. Sortie : 24 août 1983 (France). Expérimental
Documentaire de Godfrey Reggio
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
L'homogénéité entre la forme et le fond est, il est vrai, quelque peu ambivalente : dénoncer l'accélération et la technologisation du monde en multipliant les images accélérées a quelque chose d'un peu ironique. Mais au fond, le film évite par là toute univoque, en permettant de s'émerveiller de la beauté des courbes des échangeurs autoroutiers, de la similitude entre une ville vue d'avion et une carte magnétique. La modernité effraye et subjugue : c'est ce sublime que, malgré quelques faiblesses formelles (ça ne marche pas toujours, les accélérations...), Godfrey Reggio (aidé par Philip Glass bien sûr) parvient à capter.
Heureux comme Lazzaro (2018)
Lazzaro Felice
2 h 07 min. Sortie : 7 novembre 2018 (France). Drame, Fantastique
Film de Alice Rohrwacher
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Il est difficile à un film à ce point scindé en deux de ne pas paraître inégal... J'aime beaucoup la première partie : ce monde de l'Inviolata sans ancrage temporel, le grain de l'image, les plans superbes sur la campagne de l'Ombrie et du Latium, la simplicité apostolique de Lazzaro, l'atmosphère à la fois mystérieuse et terrienne. Tout ce qui fait la singularité de ce cinéma s'évente malheureusement dans une seconde partie néo-réaliste qui me semble sans grande originalité dans son traitement de la ville et de l'exclusion. Les scènes de retrouvailles sont un peu laborieuses et font perdre de vue le personnage de Lazzaro, pourtant passionnant, mais qui me paraît au final traité plutôt superficiellement. J'excepte toutefois la dernière scène, où la parabole sur la bonté inadaptée, sur le saint dévoré par le loup, saisit avec force.
En liberté ! (2018)
1 h 48 min. Sortie : 31 octobre 2018. Comédie, Policier
Film de Pierre Salvadori
Behuliphruen a mis 5/10.
Annotation :
Tout cela m'a souvent paru forcé, un peu tiré par les cheveux. Le running gag avec Vincent Elbaz, mise en image du regard fluctuant d'Adèle Haenel sur son mari policier mort en opération, est la meilleure trouvaille du film. Adèle Haenel est encore une fois très bien, attachante, trouvant la corde juste entre le rire et l'émotion, alors que les autres personnage sont souvent assez pénibles, qu'ils soient versatiles ou inconséquents.
Pour le reste, je ne vois pas trop où cela veut aller, ce n'est pas une franche comédie, ni une parodie absurde de comédie policière, ni une comédie sentimentale... Il y a un peu de tout cela dedans, et ça n'est pas toujours digeste, à mon avis. Je trouve le poids du scénario lourd, les scènes souvent longues avant d'arriver au gag, dont l'effet est considérablement amoindri par le chemin parfois laborieux qui y conduit. On sourit assez souvent (et même de plus en plus), mais l'ennui y a aussi sa part.
High Life (2018)
1 h 53 min. Sortie : 7 novembre 2018. Aventure, Drame, Science-fiction
Film de Claire Denis
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Alors que je me suis parfois ennuyé devant l'écran, le film vieillit bien en moi. Film assez sec, en dépit de la panoplie complète de sécrétions corporelles qui y sont montrées, High Life propose une forme de radicalité qu'il faut accepter (les effets visuels de studio, les décors un peu bricolés) mais qui me semble vraiment audacieuse, même s'il y a peut-être des ratés (la fuck-box ?). Claire Denis y aborde beaucoup de thèmes, de la paternité à la PMA, de la sexualité à la solitude, de manière assez flottante et mutique, sans message préconstruit. Il en résulte une intensité, une économie rares : dans la relation entre Pattinson et sa fille, dans l'atmosphère du vaisseau spatial, littéralement hors du temps. S'il m'a un peu perdu vers le milieu, le film donne donc beaucoup à rêver, grâce également à l’éclatement de la narration, à sa beauté formelle, et à sa musique (superbe chanson de générique).
Le Grand Bal (2018)
1 h 29 min. Sortie : 31 octobre 2018.
Documentaire de Laetitia Carton
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
Très chouette documentaire !
The House That Jack Built (2018)
2 h 35 min. Sortie : 17 octobre 2018 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Lars von Trier
Behuliphruen a mis 4/10.
Annotation :
En fait c'est surtout une note due à la perplexité, car je ne sais pas trop quoi en penser... Les critiques laudatives viennent visiblement surtout de spectateurs déjà au fait de l'oeuvre de Lars von Trier, qui voient dans le dernier opus du maître un autoportrait aussi passionnant que contradictoire. Or, THTJB est mon premier Lars von Trier, et je dois avouer y avoir vu à peu près ce à quoi je m'attendais, et qui a tendance à d'emblée m'ennuyer : c'est violent, malsain, provocateur. (Ma nature sensible m'a fait détourner le regard plus d'une fois...)
ll y a bien sûr un questionnement sur la "pourriture noble" (autant dans son sens œnologique qu'esthétique !) : l'art doit-il se nourrir de l'abject, pour le transfigurer ? Bon. Le problème est peut-être que Lars von Trier se pose la question sans chercher à y répondre : formellement, il se contente pendant longtemps d'alterner les séquences de meurtre et les discours sur images d'archives. L'épilogue révèle tout de même un certain brio dans la mise en scène, qui donne parfois dans le pompiérisme, mais n'est jamais dépourvu d'humour - tout comme l'ensemble du film, d'ailleurs. Ce qui le sauve. Avec Matt Dillon, impressionnant.
Alice de l'autre côté du miroir (2016)
Alice Through the Looking Glass
1 h 53 min. Sortie : 1 juin 2016 (France). Aventure, Fantasy
Film de James Bobin
Behuliphruen a mis 2/10.
Annotation :
Ce film n'a strictement rien à voir avec le texte original. A ce niveau, c'est presque scandaleux... Encore, s'il restait quelque chose de l'inquiétante étrangeté du roman, s'il cherchait à dépeindre le rêve et l'enfance, mais rien de tel ! Les effets numériques à la pelle sont assaisonnés d'une morale à deux sous sur l'importance de la famille, tandis que le scénario, anémique, ressemble davantage à un synopsis de jeu vidéo. Cette Alice jeune adulte, self-made-woman, courageuse, conciliant esprit d'entreprise et amour filial, est ridicule. Tout autant que le jeu maniéré des acteurs...
Récits d'Ellis Island (1980)
1 h 56 min. Sortie : 25 novembre 1980. Société
Documentaire de Robert Bober et Georges Perec
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
La première partie surtout, très émouvante, sans doute l'un des moments de son oeuvre où Perec aborde le plus frontalement la question de sa judéité. De très beaux passages sur Ellis Island comme non-lieu, de l'histoire de ces émigrants comme récit familial potentiel et non-advenu, de ses rapports problématiques à l'identité juive. Beaucoup, donc, de manques, de trous, de cassures - on est chez Perec. Je vais maintenant me pencher sur le livre !
Mustang (2015)
1 h 34 min. Sortie : 17 juin 2015 (France). Drame
Film de Deniz Gamze Ergüven
Behuliphruen a mis 7/10.
Annotation :
On est assurément dans le registre du conte, de la fable, avec ces cinq sœurs qui, tour à tour, optent pour une issue différente ; avec cette figure repoussoir de l'oncle et, en contrepoint, celle de Yassim, l'aide inespérée ; avec cette espèce de château-fort d'où l'on s'échappe à l'aide de cordes bricolées... C'est une sorte de Barbe Bleue, mais s'il est la métaphore de quelque chose, c'est bien d'une situation tragiquement contemporaine. Certes, au-delà des corps alanguis dans la lumière veloutée des vacances d'été, il n'y a pas énormément d'idées de mise en scène, et le scénario ne s'encombre pas toujours de vraisemblance, mais le film, condensé, tendu jusque dans ses moments vides, réussit à émouvoir et à révolter, grâce aussi à une profonde empathie vis-à-vis de ses personnages. Les actrices sont formidables.
Le Magnifique (1973)
1 h 33 min. Sortie : 23 novembre 1973. Action, Comédie, Romance
Film de Philippe de Broca
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Ça partait très bien, en forme de film d'espionnage parodique, rythmé et souvent irrésistible. Bon, quand on embraye sur la mise en abîme, c'est amusant au début, puis vite répétitif (les transpositions des personnages réels dans la fiction) et parfois laborieux dans les gags. Mais comment résister à Belmondo, à son jeu plein d'autodérision et d'intelligence - et puis, bon, Jacqueline Bisset...
Cold War (2018)
Zimna Wojna
1 h 28 min. Sortie : 24 octobre 2018 (France). Drame
Film de Paweł Pawlikowski
Behuliphruen a mis 5/10.
Annotation :
Le début met brillamment en scène la récupération politique d'une identité culturelle, celle de la Pologne traditionnelle. Ces enjeux sont vite évacués par la rencontre entre le mutisme charismatique de Wiktor et la beauté fougueuse de Zula - rencontre très joliment mise en scène, dans un beau noir et blanc. Dommage que tout cela s'épuise... Pawlikowski se contente ensuite de mettre en images une trame scénaristique de plus en plus invraisemblable (les allers-retours inopinés à travers le rideau de fer, des dialogues peu inspirés, une libération de prison surprise...) jusqu'à une fin qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Sans parler des clichés de l'artiste en mansarde, émigré à Paris... Cet effilochement du fil narratif, qui ne cesse de s'assécher et de se trouer à force d'ellipses, ne peut plus émouvoir, et je me suis progressivement détaché de cette romance souvent plus plate que passionnée.
Les Lieux d'une fugue
41 min.
Documentaire de Georges Perec
Behuliphruen a mis 8/10.
Annotation :
Très beau film sur la remémoration, la reconstitution d'un souvenir (une fugue), par la réexploration des lieux qui en furent le théâtre. Le thème de l'absence, de la brisure est, une fois de plus, au cœur de cet itinéraire fragmenté de la mémoire. Il y a quelque chose de Resnais, là-dedans... Les lieux et les objets servent de balises dans ce surprenant avatar du grand projet autobiographique de Perec, oblique et multiforme - multimédia aussi, donc.
Au hasard Balthazar (1966)
1 h 35 min. Sortie : 25 mai 1966. Drame
Film de Robert Bresson
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Je crois que c'est presque une question de paresse de ma part, de ne pas faire tout à fait l'effort d'aller à la rencontre de ce film, assez fermé, mutique. Il y aurait sûrement, derrière cette âpreté, des clefs à rechercher et des serrures à ouvrir, mais j'ai eu beaucoup de mal à engager la réflexion sur la violence, l'innocence, la justice, le pardon, à laquelle Bresson semble nous inviter. La mise en scène est admirable, et parfois vraiment sublime : les mains, les yeux de l'âne, les cadrages, Schubert... Mais demeure une certaine rigidité, une opacité, une noirceur un peu décourageantes - là où je m'attendais, je ne sais trop pourquoi, à davantage de poésie, de vie, de lumière.
L'une chante, l'autre pas (1977)
2 h. Sortie : 9 mars 1977 (France). Drame
Film de Agnès Varda
Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
C'est étonnant comme ce film dégage une impression d'aisance... On se dit, à la sortie, que ce serait presque simple de faire du cinéma. On y entre de plain-pied, on s'y sent parfaitement bien : c'est passionnant, intelligent, mais toujours très fluide, malgré la multitude de sujets abordés. L'itinéraire croisé de ces deux femmes, sur plus de dix ans, illustre en premier lieu, bien sûr, la condition féminine - mais parle en fait de la manière de conduire et de choisir sa vie, du cher et difficile exercice de la liberté. Le film se veut militant, il est daté, bien sûr, en ce qu'il témoigne de la réalité d'une époque, mais c'est ce qui fait sa valeur - outre sa forme d'une virtuosité telle qu'on ne la remarque pas, et ses deux magnifiques actrices.
Climax (2018)
1 h 35 min. Sortie : 19 septembre 2018. Drame, Thriller
Film de Gaspar Noé
Behuliphruen a mis 4/10.
Annotation :
Le gros problème du film est, à mon sens, qu'il rate justement son "climax", son acmé - alors que c'était plutôt bien parti. Les entretiens face caméra, puis la scène de danse en plan-séquence (qui restera tout de même l'un des moments les plus forts de cette année au cinéma) étaient prometteurs, annonçant aussi bien d'intrigantes pistes narratives qu'une volonté de capter l'énergie de ce groupe et de ces corps. Et puis tout s'effondre... La prétention du montage (pourquoi ce générique saucissonné, monté à l’envers ?) et de la mise en scène dissimule mal l'incapacité à faire vivre cette "expérience extraordinaire" - qui provoque surtout l'ennui. Ennui face à un rythme répétitif et monotone, à une absence d'enjeu dramatique, de subtilité de jeu ou de mise en scène (oui, bon, la caméra à l'envers, d'accord...).
Eu égard à l'ambition expérimentale, j'ai été à vrai dire plus marqué par cet échec formel que par la vacuité du propos. Pourtant, on sent poindre un sous-texte politique : il est question de la France (oui oui), de la place de Dieu et de la religion, d’un sentiment d’appartenance ou de rejet. La troupe de danseurs comme métaphore de la communauté nationale ? Le thème de l'enfant sacrifié, de l'innocent rejeté, de l'avortement offrent à cette idée un prolongement plus intéressant. Hélas, le traitement de la seconde partie du film ne permet pas à ces quelques pistes (certes douteuses) de se concrétiser, en préférant s’enfoncer dans l’inanité ou le ridicule de poncifs faciles : il y aura du sexe, du sang, de l’urine et de la drogue. Et tout cela étant prévisible et ennuyeux, on ne peut pas même parler de provocation…