Cover Les films - 2024
Liste de

74 films

créée il y a 11 mois · modifiée il y a 1 jour
Les Rendez-vous d'Anna
7.5

Les Rendez-vous d'Anna (1978)

2 h 08 min. Sortie : 8 novembre 1978. Drame

Film de Chantal Akerman

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Inutile de le cacher, ça fait un peu peur, au début : ces plans fixes, cette froideur. Et puis arrive, tout à trac, la confession de l'instituteur délaissé, qui saisit littéralement, au milieu d'un paysage poignant. C'est un vrai beau film de paysages : paysages ferroviaires, paysages de nuit, sur cet axe Essen-Paris qui, parcouru en train, réveille de sombres démons. J'ai souvent pensé, durant la projection, à Sebald, que je lis en ce moment, pour l'errance, les chambres d'hôtel ouvertes sur la nuit, les gares, la Belgique, le sort de l'Allemagne, la cicatrice qu'a laissée l'expérience de la destruction. Tout cela est bien sûr loin d'épuiser le film, et ne dit rien du visage d'Aurore Clément, de ses silences, de ses sourires et de ses inflexions. De la difficulté d'établir un contact sincère avec les êtres, du désir de fuite, de la frustration sexuelle, un moment distraite par l'expérience homosexuelle, dont la confession à sa mère, dans la chambre d'hôtel, toutes lumières éteintes, est l'un des nombreux moments bouleversants du film. Il faut impérativement que je continue à découvrir Chantal Akerman !

Maine Océan
7.4

Maine Océan (1986)

2 h 11 min. Sortie : 16 avril 1986. Comédie

Film de Jacques Rozier

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

[revu]

Les Graines du figuier sauvage
7.6

Les Graines du figuier sauvage (2024)

Daneh Anjeer Moghadas

2 h 46 min. Sortie : 18 septembre 2024 (France). Drame

Film de Mohammad Rasoulof

Behuliphruen a mis 5/10.

Annotation :

Le propos est naturellement inattaquable et la démarche de Rasoulof des plus salutaires ; le résultat ne m'a hélas pas vraiment convaincu. La dimension allégorique du film (rejouer au sein d'une famille, comme dans une réduction à l'état chimiquement pur, les mécanismes patriarcaux, la logique paranoïaque du régime des mollahs et la peur qui régit tous les comportements) y est pour beaucoup : je n'ai pas trop de sympathie pour les films dont les personnages sont trop souvent réduits au rang de marionnettes, au service d'un scénario cadenassé. Celui-ci, d'ailleurs, tend à se styliser à l'extrême, peut-être jusqu'à la caricature.
Si le film, en effet, gagne indéniablement en tension dans son très surprenant dernier tiers - après deux segments de drame familial en huis clos assez conventionnel - en flirtant avec le thriller, voire le film horrifique, c'est aussi hélas le moment où il se ferme, se fige dans un registre allégorique assez lourd, se coupant d'une réalité sociale qui, jusqu'à lors, par le biais des archives amateur, réactivait régulièrement la force du propos.

Adieu Philippine
7.3

Adieu Philippine (1962)

1 h 46 min. Sortie : 25 septembre 1963. Drame

Film de Jacques Rozier

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

[Revu]
Rétrospective Rozier, j'en profite ! (Je suis à deux doigts de mettre 9 à Adieu Philippine)

Les Naufragés de l'île de la Tortue
6.9

Les Naufragés de l'île de la Tortue (1976)

2 h 20 min. Sortie : 6 octobre 1976. Comédie

Film de Jacques Rozier

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

[Revu]

Du côté d'Orouët
7.7

Du côté d'Orouët (1971)

2 h 30 min. Sortie : 27 septembre 1973. Comédie dramatique

Film de Jacques Rozier

Behuliphruen a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

[Revu]

El Profesor
6.1

El Profesor (2023)

Puan

1 h 51 min. Sortie : 3 juillet 2024 (France). Comédie, Drame

Film de Benjamín Naishtat et Maria Alché

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Malgré son caractère un peu inégal, dû à l'enchaînement de sketches fermés à l'iris, le film trouve son unité dans le ton juste qu'il parvient à maintenir, entre la farce potache et la fable cynique. Cela tient beaucoup au personnage de Marcelo, très bien dessiné et forcément attachant, à la peinture à peine forcée des luttes d'ego au sein du microcosme universitaire, qui interrogent finement la question de la transmission, de la fidélité au legs d'un maître à penser dont il s'agit de trouver le successeur.
Mais au-delà de la réjouissante comédie universitaire, le plus intéressant est la dimension politique du film. Que peut un "professionnel de la philosophie" dans le monde contemporain ? Où est sa juste place ? Fonctionnaire donnant à l'université, année après année, les mêmes cours sur Hobbes et Rousseau ? Lorsque l'Etat, failli à cause des aberrantes politiques économiques que l'Argentine, décidément, subit à l'envi, cesse de le payer, comment continuer ? En se vendant aux caprices d'une vieille femme richissime, contraint de jouer au directeur de conscience, quitte à tomber dans le ridicule le plus achevé ? En assurant des ateliers philo dans les quartiers défavorisés de la capitale ? En prônant la désobéissance ? En se retirant dans les montagnes andines, auprès d'une communauté autogérée ? Lors de la belle séquence finale, le film opte pour un dénouement doux-amer, qui, pour Marcelo, esquisse la possibilité d'une réconciliation tout à la fois avec lui-même, avec son maître et avec le monde.

L'Ami de mon amie
7.3

L'Ami de mon amie (1987)

1 h 43 min. Sortie : 26 août 1987. Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Behuliphruen a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

[revu]

Les Rendez-vous de Paris
6.8

Les Rendez-vous de Paris (1995)

1 h 38 min. Sortie : 22 mars 1995 (France). Comédie romantique, Sketches

Film de Éric Rohmer

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

[revu]

Le Roman de Jim
6.8

Le Roman de Jim (2024)

1 h 41 min. Sortie : 14 août 2024. Comédie dramatique

Film de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Y étant allé sans connaître ni le cinéma des Larrieu, ni le roman de Pierric Bailly, j'ai été agréablement surpris : le film déjoue les pièges du mélo, avec sa construction resserrée et elliptique, sa mise en scène stylisée, l'allure si singulière de ses personnages. Incarnés par des comédiens au jeu très "campé", parfois même un peu monolithique, ils jouent chacun une note qui s'harmonise avec le reste d'une composition où chaque personnage a ses raisons. Et pourtant une part de leur comportement demeure mystérieux, échappe à l'explication : la trame se troue de dissonances, se déchire même avec l'absence de Jim. J'ai été très sensible, je crois, à ce mélange d'obstination et de laisser-aller, de colère et de fatalisme qui caractérise le personnage d'Aymeric, que la "gentillesse" têtue, sombre parfois, de Karim Leklou, sa gravité rentrée, expriment de très belle manière. Et puis ce regard légèrement décalé, a priori loin de tout naturalisme, s'ancre aussi dans des paysages précis, magnifiquement rendus à l'écran, et scrute un parcours personnel, celui d'Aymeric, qui est celui d'un travailleur d'aujourd'hui, précaire, oscillant entre la montagne et la grande ville, qui tente de bâtir sa vie, de la reconstruire, inlassablement, malgré les arythmies de l'existence et les plaies mal refermées de la mémoire, qu'un rien suffit à rouvrir.

La Prisonnière de Bordeaux
6

La Prisonnière de Bordeaux (2024)

1 h 48 min. Sortie : 28 août 2024. Drame

Film de Patricia Mazuy

Behuliphruen a mis 4/10.

Annotation :

Le baroque de la scène d'ouverture et le flash-forward qui s'ensuit sont séduisants, tout comme l'idée de la captivité renversée : celle de ces femmes épouses de détenus, prisonnières des trahisons commises par leur mari. Et pourtant, le scénario multiplie lourdeurs, incohérences et faiblesses, entremêlant sans convaincre le genre du portrait de femme, l'argument sociologique (qui rappelle forcément La Cérémonie) et le thriller (assez expédié). Il serait de rigueur de louer le jeu des deux actrices, s'il ne contribuait pas à l'ennui de ce film dispensable : Huppert est on ne peut plus huppertienne, tandis que le personnage d'Hafsia Herzi se révèle beaucoup moins intéressant que dans le récent Borgo, par exemple. Le scénario ne cherche jamais à déplacer ses personnages, pantins au service d'une diatribe qui se veut chabrolienne, mais fait un peu l'effet d'un pétard mouillé.

Septembre sans attendre
6.5

Septembre sans attendre (2024)

Volveréis

1 h 54 min. Sortie : 28 août 2024 (France). Comédie, Drame

Film de Jonás Trueba

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

L'Amour à la mer
7.5

L'Amour à la mer (1966)

1 h 17 min. Sortie : mai 1966. Drame, Romance

Film de Guy Gilles

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Le Feu follet
7.5

Le Feu follet (1963)

1 h 44 min. Sortie : 15 octobre 1963. Drame

Film de Louis Malle

Behuliphruen a mis 7/10.

Le jardin qui bascule
6.2

Le jardin qui bascule (1975)

1 h 20 min. Sortie : 14 mai 1975 (France). Comédie dramatique

Film de Guy Gilles

Behuliphruen a mis 5/10.

Val Abraham
7.9

Val Abraham (1993)

Vale Abraão

3 h 23 min. Sortie : 1 septembre 1993 (France). Drame

Film de Manoel de Oliveira

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Ce n'est qu'un au revoir
7

Ce n'est qu'un au revoir (2024)

1 h 06 min. Sortie : 2 avril 2025. Société

Documentaire de Guillaume Brac

Behuliphruen a mis 6/10.

In Water
7.1

In Water (2023)

Mulaneseo

1 h 01 min. Sortie : 26 juin 2024 (France). Drame

Film de Hong Sang-Soo

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Curieusement, tandis que les livraisons de HSS s'avèrent, d'année en année, de plus en plus ténues, ses partis-pris esthétiques se font de plus en plus tranchés. Ici, le choix du floutage me semble réussi, puisqu'il est curieusement absent du souvenir que je garde du film... Comme si l'effet l'emportait sur le dispositif : impression d'un effacement progressif (comme le blanc qui semblait dévorer peu à peu l'écran dans Hotel by the River), du drôle de fatalisme triste et lumineux qui empreint les films récents de HSS, d'où sexe et soju sont désormais bannis, et qui préfèrent explorer, non sans amertume, l'impuissance d'aimer et celle de filmer.

Nomad
6.6

Nomad (1982)

Lie huo qing chun

1 h 33 min. Sortie : 19 juin 2024 (France). Drame, Romance, Thriller

Film de Patrick Tam Kar-Ming

Behuliphruen a mis 5/10.

Annotation :

Rarement vu film aussi déconcertant, touchant à tous les genres et dont chaque scène vient prendre la précédente à contrepied... Du coup, l'impression est forcément mitigée : alors que le projet de Patrick Tam peine à prendre forme, l'émotion du spectateur échoue à se cristalliser. Les moments de comédie adolescente sont finalement les plus attachants, et certaines jolies scènes révèlent un art très sûr du montage et du jeu quasi chorégraphique avec l'espace (dans le bus, par exemple). L'arrière-plan géopolitique (le film appartient à la Nouvelle Vague hongkongaise) et les enjeux narratifs de la deuxième moitié m'ont totalement échappé, mais ce quatuor amoureux et indolent fait souffler un vent de liberté déjà un peu amer (les corps très présents, l'érotisme latent, un désir inassouvi d'Occident). Reste que le finale abrupt et sanglant laisse un peu perplexe...

Profession : reporter
7.5

Profession : reporter (1975)

Professione : reporter

2 h 06 min. Sortie : 18 juin 1975 (France). Thriller, Road movie, Comédie dramatique

Film de Michelangelo Antonioni

Behuliphruen a mis 10/10.

Annotation :

Y a des choses comme ça… Des miracles, des secousses que seuls les films savent produire. J'ai erré un peu hagard à la sortie du cinéma, et je ne repense pas à l'extraordinaire séquence finale sans que ma gorge ne se serre. Par où commencer ? Déjà, j'aime les films de lieux, les films d'architecte : ici les plans hachés du désert, puis l'église allemande, Gaudi à Barcelone, les villages acérés, blancs, de la Castille, jusqu'à l'hôtel La Gloria. L'amour, la fuite, la solitude partagée, Maria Schneider, l'impossibilité de poser un regard neuf sur le monde, le vertige d'une sincérité toujours hors d'atteinte, l'insoutenabilité du spectacle du réel. Je ne disserterai pas sur le cinéma d'Antonioni, dont je ne connaissais que Blow-Up, mais je suis frappé par l'opacité de ces deux personnages en quête, dans une détresse existentielle qui, ici, s'achève avec une déchirante amertume, dans la chambre grillagée, dans la poussière, face à l'arène. Comment ne pas être déchiré par le drame de Jack Nicholson, dont la fuite impossible, perdue d'avance, l'impossibilité d'échapper à soi-même, m'a rappelé ce bouleversant poème d'un autre solitaire égaré (quoique n'ayant presque jamais quitté son petit appartement alexandrin), Constantin Cavafy :

Tu dis : « J’irai dans d'autres pays, sur d'autres mers
une autre ville se trouvera meilleure que celle-ci.
Chacun de mes efforts est, ici, condamné d'avance
et - tel un mort – mon cœur y est enterré.
Jusqu’à quand mon esprit sera-t-il dans ce marasme ?
Où que je jette mes yeux, où que je regarde
je ne vois ici que de sombres ruines de ma vie
que tant d’années j’ai passé à détruire, à gâcher.

Tu ne trouveras pas de nouveaux pays ni de mers nouvelles.
La ville te suivra. Tu tourneras dans les mêmes rues
et dans les mêmes les quartiers tu vieilliras
et dans ces mêmes maisons tu blanchiras.
Tu arriveras toujours dans cette ville. Pour l'ailleurs - n'espère pas -
pas de navire pour toi, pas de route.
En gâchant ta vie dans ce petit coin, ici,
c'est sur la terre entière que tu l'as gâchée.

Spectateurs !
5.7

Spectateurs ! (2024)

1 h 28 min. Sortie : 15 janvier 2025. Drame

Film de Arnaud Desplechin

Behuliphruen a mis 2/10.

Annotation :

C'est drôle, ce titre, avec son "s" final et son point d'exclamation, pour un film aussi nombriliste et si peu enlevé. C'est même précisément là que se situe l'échec de Desplechin : dans l'articulation de sa matière autobiographique avec le pluriel du titre, l'autobiopic avec, sinon l'ambition d'un discours sociologique, à tout le moins une exploration collective de l'expérience de spectateur. Desplechin se révèle très maladroit avec cette forme "essai" qu'il revendique, mais qui sert surtout de justification commode à un montage, fait de bric et de broc, de scènes documentaires sans enjeu (et même franchement mauvaises : cette série d'entretiens face caméra avec un panel de spectateurs est impossible !) et de pastilles fictionnelles difficilement regardables, pâles évocations de scènes déjà vues ailleurs dans sa filmographie (une ou deux sont réussies, et parviennent à laisser filtrer un peu de l'émotion enfantine devant le cinéma, et notamment devant le cinéma vu à la télévision). Que ne s'est-il pas abandonné pleinement à un souffle romanesque assumé ! Surtout qu'il a déjà su insérer, de manière très convaincante, des éléments documentaires dans une matière fictionnelle (la médecine légale dans "La Sentinelle", le commissariat central de Roubaix dans "Roubaix, une lumière"), sans tomber dans l'égotisme vain et pédant dont déborde hélas ce navrant "Spectateurs !".

Vas-tu renoncer ?
5.9

Vas-tu renoncer ? (2021)

1 h 12 min. Sortie : 12 juin 2024 (France). Comédie, Drame

Film de Pascale Bodet

Behuliphruen a mis 7/10.

Quand passent les cigognes
8.2

Quand passent les cigognes (1957)

Letyat zhuravli

1 h 35 min. Sortie : 11 juin 1958 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Mikhail Kalatozov

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

[Revu : -1]
Que je n'eusse pas conservé de souvenir très net du film indiquait déjà que mon 8 était certainement un peu gonflé. En effet, en dépit de son sujet, de son extraordinaire force plastique, qui envoûte dès le premier plan, et du charisme inoubliable de son héroïne (sans oublier le ton critique à l'égard du régime, en pleine déstalinisation), le film échoue bizarrement à s'inscrire en moi. Le revers du formalisme, qui peine à capter l'émotion directement à la source ? Ou bien de la simplicité presque convenue de l'intrigue ? Le drame intime devrait être poignant, et pourtant ce sont ces scènes, notamment celles de la longue séquence dans l'hôpital militaire en Sibérie, qui sont les plus sèches, tandis que les deux scènes de foule, au départ et au retour du front, sont assurément des chefs d'œuvre de mise en scène et d'émotion.

Love Lies Bleeding
6.6

Love Lies Bleeding (2024)

1 h 44 min. Sortie : 12 juin 2024 (France). Drame, Romance, Thriller

Film de Rose Glass

Behuliphruen a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

La Petite Vadrouille
5.7

La Petite Vadrouille (2024)

1 h 36 min. Sortie : 5 juin 2024. Comédie

Film de Bruno Podalydès

Behuliphruen a mis 6/10.

Fainéant.e.s
6.6

Fainéant.e.s (2024)

1 h 43 min. Sortie : 29 mai 2024. Comédie

Film de Karim Dridi

Behuliphruen a mis 6/10.

La Graine et le Mulet
7.1

La Graine et le Mulet (2007)

2 h 31 min. Sortie : 12 décembre 2007 (France). Drame

Film de Abdellatif Kechiche

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Si la radicalité de Mektoub My Love m'avait davantage transporté, le film atteint un très bel et précieux équilibre entre la forme très écrite de la fable - le montage de la fin, la réelle tension du scénario, qui va crescendo - et l'art de Kechiche de filmer la parole, les corps, la vie, les acteurs. Ce serait presque avant tout l'histoire de deux corps, l'un vieux et l'autre jeune, l'un mutique et l'autre volubile, l'un qui ploie sous le joug et l'autre qui le secoue (autre manière d'interpréter le titre ?), et qui tous deux se sacrifient pour un rêve que l'on sait perdu d'avance face au poids de la fatalité - sacrifices aussi dérisoires que sublimes. Et tout autour d'eux, de cette tragédie, se déploie le théâtre de la vie, grotesque et déchirant. Plus beau film sur la Méditerranée ?

L'Homme aux mille visages
6.8

L'Homme aux mille visages (2023)

1 h 30 min. Sortie : 17 avril 2024. Portrait, Société

Documentaire de Sonia Kronlund

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Très plaisant à suivre : c'est construit, monté, raconté avec beaucoup de finesse par Sonia Kronlund qui, d'emblée, fait de cette histoire une affaire personnelle. Et qui place le spectateur dans une position délicieusement incertaine : l'empathie avec les victimes de cet imposteur, qui est le parti affirmé de plus en plus nettement par Kronlund, doit lutter avec une fascination pour le virtuose (et épuisant) exercice d'équilibriste auquel il s'est livré pendant des années. Plus encore que le mensonge, c'est la poursuite de quatre ou cinq vies parallèles, avec autant de femmes différentes, à travers autant de pays différents, qui laisse pantois. Il y a ici quelque chose d'un mécanisme d'emprunts circulaires : notre homme est le débiteur de ces femmes chez qui il emprunte, au sens premier, du crédit - qu'il rembourse ensuite après s'être endetté auprès d'une autre femme qui réside à 1, 1000 ou 10000 km de là. On comprend aisément que son charme naturel suffise à rembourser en un instant les intérêts des prêts ainsi consentis (ou plutôt extorqués), tandis que son art assez ahurissant de la compréhension de ses interlocuteurs et de la conformation à leurs attentes garantit sans peine sa solvabilité.

Et, après avoir entendu ces femmes, avoir visionné photos et vidéos de ce personnage insaisissable, c'est réellement une émotion que de se trouver face à lui, à son sourire dévastateur, à son étrange vacuité et à une solitude qu'on imagine terrifiante. Le film se conclut alors avec un morceau de bravoure qui retourne contre lui les armes du mensonge. En le faisant courir, plus que nécessaire, pour les besoins d'un reportage parfaitement fictif, Kronlund désamorce son charme opaque, brise ses défenses, révèle la vulnérabilité d'un corps qui, enfin mis à l'épreuve, ressemble à celui d'un gibier apeuré qui a soudain perdu tout contrôle.

Le Deuxième Acte
6.1

Le Deuxième Acte (2024)

1 h 20 min. Sortie : 14 mai 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Behuliphruen a mis 7/10.

Les Chiens enragés
7

Les Chiens enragés (1974)

Cani arrabbiati

1 h 36 min. Sortie : 26 mai 2022 (France). Thriller, Policier, Road movie

Film de Mario Bava et Lamberto Bava

Behuliphruen a mis 3/10.

Annotation :

Soirée Mario Bava qui ne fut pas, donc, des plus agréables... Ce ne doit pas être ma tasse de thé. D'abord le gothique soporifique et prévisible du Masque du démon (film qui, semble-t-il, ne présente pas d'autre intérêt que d'être un jalon dans l'histoire du genre), puis ces Chiens enragés, dont la radicalité formelle est certes plus intéressante (film en temps réel et quasi huis clos automobile), mais je garde une antipathie farouche pour les films dont l'ambition première est de mettre leurs spectateurs mal à l'aise. L'objectif est ici largement atteint, le pessimisme cynique de Bava n'offrant de surcroît aucune rédemption à ses personnages.

Behuliphruen

Liste de

Liste vue 109 fois

4