Les films dont parle Éric Zemmour
Z ne se prétend pas cinéphile ; il a un regard politique plutôt qu'esthétique et se sert de ces films pour illustrer l'ambiance d'une époque, son idéologie dominante ou ses problèmes politiques.
16 films
créée il y a environ 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ansLe Désordre et la Nuit (1958)
1 h 33 min. Sortie : 14 mai 1958. Policier
Film de Gilles Grangier
Sivoj a mis 8/10.
Annotation :
Mentionné dans Zemmour & Naulleau
Vice (2018)
2 h 12 min. Sortie : 13 février 2019 (France). Biopic, Comédie, Drame
Film de Adam McKay
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans Zemmour & Naulleau
Vincent, François, Paul et les autres... (1974)
1 h 58 min. Sortie : 20 octobre 1974. Drame
Film de Claude Sautet
Annotation :
Mentionné dans Zemmour & Naulleau : « C'était la France de Claude Sautet qui a disparu. »
La Belle Époque (2019)
1 h 55 min. Sortie : 6 novembre 2019 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Nicolas Bedos
Annotation :
Mentionné dans Zemmour & Naulleau : « Ce type qui se sent coupable d'être nostalgique »
BAC Nord (2020)
1 h 44 min. Sortie : 18 août 2021. Policier, Thriller
Film de Cédric Jimenez
Sivoj a mis 7/10.
Annotation :
Mentionné dans Face à l'info et dans ses meetings : « On voit bien le fonctionnement de ces enclaves étrangères ».
Les Valseuses (1974)
1 h 57 min. Sortie : 20 mars 1974. Comédie dramatique, Road movie
Film de Bertrand Blier
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans Face à l'info : « Ce film représente bien l'idéologie de cette époque et son triptyque "déconstruction, dérision, destruction". »
Calmos (1976)
1 h 47 min. Sortie : 11 février 1976. Comédie
Film de Bertrand Blier
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Il fut pour moi le marquis de Queffélec, rebelle breton pris au piège des manœuvres machiavéliennes de l’abbé Dubois, joué par Jean Rochefort dans Que la fête commence… Le représentant truculent et paillard des Galettes de Pont-Aven. Le héros misogyne et gargantuesque qui sonnait la révolte des mâles dans Calmos. Jean-Pierre Marielle incarnait à mes yeux d’adolescent le quinquagénaire qui refuse de devenir adulte, un condensé de Gaulois râleur et lyrique, d’amoureux transi des femmes, mais aussi de la bouffe, du vin, de la langue de Molière et de Rostand, des grandes tirades, grandes déclarations, grandes déclamations. Un mâle français. Dans une de ces dernières interviews, il déclarait : « Travailler avec des cons, c’est la plaie. Je tâche de le faire le moins souvent possible. Je vais vous dire, ça a commencé très jeune : quand ça va pas, je me tire et quand on me fait chier, je tire ! Je ne suis pas un acteur de tombola. »
Les acteurs sont comme le reste des hommes : ils meurent après que leur emploi a disparu. »
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? (2014)
1 h 37 min. Sortie : 16 avril 2014 (France). Comédie
Film de Philippe de Chauveron
Sivoj a mis 2/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Le film tient ses promesses. On rit et on regarde autour de soi si les autres rient aussi, pour être sûr qu’on est autorisé à rire. Le juif est brocardé par l’Arabe qui est moqué par le Noir qui est tancé par le Chinois. Les contre-pieds sont habiles : le juif n’est pas un subtil esprit talmudiste ni un spéculateur cousu d’or, mais un porc mal élevé qui met les pieds sur la table et mange des sandwichs immondes au cinéma. L’Arabe n’est pas une racaille à capuche mais un avocat avisé ; le Chinois n’est pas un champion de sports martiaux mais un banquier et le paternel africain ne veut pas que son fils se mésallie avec une famille blanche. On a envie de dire comme dans la vieille chanson d’avant-guerre : « Et tout ça, ça fait d’excellents Français. » Eh bien, justement, non. Le film donne raison à la fameuse thèse de la philosophe Simone Weil sur l’enracinement. Chacun des gendres est enraciné, mais dans sa culture d’origine. Cela ne les empêche pas d’avoir du recul sur celle-ci, de la traiter avec humour, et même avec ironie. Mais elle est un fait, une réalité intangible. Aucun n’a osé le grand saut de l’assimilation : le transfert d’identité, de racines, par la culture et l’histoire de France. « Nos ancêtres les Gaulois », le slogan le plus antiraciste qui soit, est devenu proscrit, pire : méprisé. Ce qui était banal il y a cinquante ans est désormais une rareté. Aucun des protagonistes ne se revendique ni ne s’imagine en Français. La culture, l’histoire, la civilisation françaises leur sont étrangères. Le mode de vie à la française est pour eux un acquis naturel, dont ils ne mesurent guère la fragilité, et qu’ils confondent volontiers avec l’american way of life.
[...]
Le seul prétendant français de souche est un pauvre garçon binoclard et hébété, avec un nom à particule et un discours incompréhensible, grotesque incarnation d’une « fin de race » débile qui doit s’incliner et se soumettre à la vitalité virile arrivée d’ailleurs.
[...]
C’est le génie et le rôle historique du cinéma contemporain : enterrer la civilisation française et européenne sans fleurs ni couronnes ; entériner le « grand remplacement » dans la joie et la bonne humeur. »
Le Corniaud (1965)
1 h 51 min. Sortie : 24 mars 1965 (France). Comédie, Policier, Road movie
Film de Gérard Oury
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Le diable politique est dans les détails. Le Corniaud raconte une lutte des classes entre un magnat qui se révélera mafieux et un ouvrier naïf qui se révélera moins couillon qu’il en a l’air. Le film s’ouvre sur un hilarant numéro de mépris de classe lorsque le choc entre les deux voitures désagrège la petite auto du prolétaire et qu’aux lamentations larmoyantes de Bourvil (« Mais qu’est-ce que je vais devenir maintenant ? »), l’arrogant de Funès, sortant de sa limousine à peine éraflée, rétorque un superbe : « Un piéton ! » Mais la fin du film sonne la revanche du petit contre le gros, du prolo contre le richard, de l’honnête homme contre le mafieux : le film d’Oury est l’antithèse des films des années 1930, où la défaite du Front populaire se reflétait à l’écran dans des personnages d’ouvriers à la Gabin, perdants magnifiques mais désespérés. Nous sommes dans les années 1960 désormais, le temps des Trente Glorieuses et de la Sécurité sociale et du plein-emploi : les ouvriers accèdent lentement à la classe moyenne et au confort matériel inauguré par l’Amérique et vanté par la publicité. La « moyennisation » de la société française semble alors l’issue pacifique de l’ancienne lutte des classes. »
La Grande Vadrouille (1966)
2 h 12 min. Sortie : 8 décembre 1966 (France). Comédie, Guerre
Film de Gérard Oury
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Oury continue de revisiter notre histoire l’année suivante avec La Grande Vadrouille. L’Occupation, la Résistance, la Libération. Les Français sont des antihéros héroïques, les soldats allemands sont des occupants inquiétants mais corrects ; tout le monde est tourné en dérision, mais personne – ni Français ni Allemand – n’est ridicule. Une fois encore, Bourvil et de Funès incarnent une « cascade de mépris » à la française, mais ils restent soudés face à l’ennemi, comme une parabole de l’alliance gaullo-communiste, née dans les maquis et qui domine alors le monde politique et culturel. Nous sommes quelques années à peine après le traité d’amitié franco-allemand de 1963 et la rencontre de Gaulle-Adenauer dans la cathédrale de Reims. Le film pourrait être résumé par la célèbre adresse du Général aux Allemands : « Nous avions le devoir de nous combattre, nous avons désormais la liberté de nous aimer. » Bientôt viendra le temps des films d’autodérision où les soldats français seront lamentables (Mais où est donc passée la 7e compagnie ?) et les résistants grotesques (Papy fait de la résistance). La génération du baby-boom, qui n’a pas connu la guerre, prend les manettes du cinéma français pour en faire une machine redoutable au service de la haine de soi. Gérard Oury, lui, né en 1919 d’un père juif russe immigré du nom de Tannenbaum, a vécu de près les affres de cette période, les peurs et les souffrances, les ambiguïtés du régime vichyste et les solidarités inédites, comme le grand Raimu qui le prit sous son aile pour lui permettre, malgré les lois antijuives, de travailler à Marseille. C’est peut-être pour cette raison que son regard sur cette période est moins manichéen et moins francophobe. »
Les Aventures de Rabbi Jacob (1973)
1 h 40 min. Sortie : 18 octobre 1973 (France). Comédie
Film de Gérard Oury
Sivoj a mis 6/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Oury s’attellera à cette « question juive », quelques années plus tard, dans Rabbi Jacob. Le Paris des années 1970 et le conflit israélo-arabe plantent le décor. Mais de Funès est toujours là, incarnation inégalable d’une bourgeoisie pompidolienne frénétique, qui se jette dans l’agitation de la modernité pour mieux oublier et faire oublier ses turpitudes et ses archaïsmes. De Funès révèle ses a priori et ses préjugés ancestraux, sa bêtise aussi à l’égard de ce mystérieux nom juif. Le film est cependant avant tout une ode à l’assimilation à la française : le célèbre « Salomon, vous êtes juif ? » constate l’invisibilité du juif dans la société française, sa « francisation », avait dit le général de Gaulle dans d’autres circonstances. Là aussi, le film d’Oury est un point d’inflexion : la guerre des Six Jours de 1967, puis celle de Kippour d’octobre 1973 (le film sort d’ailleurs en pleine guerre, et certains l’accusent d’être antipalestinien) ont marqué un réveil identitaire, à la fois spirituel et national, parmi les juifs français, qui corrodera leur travail séculaire d’assimilation. Et bientôt viendront, sur le modèle américain, les films qui mettront en exergue les identités religieuses, raciales ou ethniques, au lieu de les dissoudre dans un bain national commun. »
Indigènes (2006)
2 h 08 min. Sortie : 27 septembre 2006. Drame, Guerre
Film de Rachid Bouchareb
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« L’acteur vedette, Jamel Debbouze, se répandait alors devant la myriade de micros tendus avec complaisance pour définir le « pitch » de l’œuvre, selon l’expression médiatique consacrée : « C’est l’histoire de tirailleurs qui se sont battus pour la mère patrie mais qui, le jour de la victoire, n’ont pas eu le droit de défiler sur les Champs-Élysées parce qu’ils étaient arabes ou noirs. »
Autant de mots, autant de mensonges. Les « troupes coloniales » ont défilé sur les Champs-Élysées avec le reste de l’armée française le 11 novembre 1944, le 8 mai 1945, et le 14 juillet 1945. Tous les témoignages recueillis depuis lors auprès d’elles attestent que l’accueil de la population française fut chaleureux ; les historiens notent même que l’attitude ouverte et fraternelle des Français de métropole tranchait avec les rapports plus corsetés et empreints d’un mélange de méfiance atavique et de cordialité un brin condescendante qu’ils connaissaient souvent avec les pieds-noirs. Les tirailleurs qu’évoque Debbouze étaient pour la plupart sénégalais et plus généralement africains ; or, il n’y a pas de Noirs dans le film, que des Maghrébins. Les troupes coloniales étaient aussi composées d’Européens, surtout des pieds-noirs, chrétiens ou juifs, et leur taux de mortalité fut supérieur à celui de leurs collègues arabo-africains.
[...]
Le metteur en scène, Rachid Bouchareb, jouait son rôle avec un entrain qui faisait plaisir à voir : « C’est nous qui avons libéré Marseille, Toulon, Monte Cassino, la Corse… Les premières balles, c’est nous qui les avons prises, c’est nous qui étions en première ligne. »
Tout était historiquement faux, mais politiquement vrai. « Nous marchons sur les empreintes de nos ancêtres… C’est l’histoire de ma famille. Je suis un enfant de la France. Je fais partie de son histoire. » C’est l’histoire de France qui aurait dû faire partie de lui. C’est Napoléon qui aurait dû être son grand-père, et Jeanne d’Arc son aïeule. C’est ainsi qu’étaient devenus français des générations d’immigrés depuis un siècle. En mettant ses pas dans ceux de ses ancêtres, Rachid Bouchareb ne s’appropriait pas l’histoire de France pour devenir français ; il imposait son histoire aux Français. Il n’avait pas une attitude d’immigré mais de colonisateur, à l’instar des pieds-noirs qui disaient – non sans raison d’ailleurs – que leurs ancêtres avaient fait l’Algérie. »
Un prophète (2009)
2 h 35 min. Sortie : 26 août 2009. Drame, Policier, Gangster
Film de Jacques Audiard
Sivoj a mis 8/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Son film conte cette fois l’ascension d’un petit voyou, Malik, entré en prison pour des broutilles, et qui, au contact de la pègre corse qui en fait son homme de main, en sortira caïd d’une nouvelle mafia arabo-musulmane. L’histoire est à la fois le récit d’une initiation, d’une formation et d’une succession. Quand Malik entre en prison, le parrain est corse : Niels Arestrup règne, cheveux blancs et barbichette, accent guttural, tête marmoréenne d’empereur romain, des colères froides, un regard glaçant. Quand il sort, Malik est devenu parrain à la place du parrain, calife à la place du calife ; la pègre musulmane a supplanté son homologue corse par le nombre et la violence. Audiard aurait pu mettre en ouverture de son film la phrase d’Engels que j’aime tant : « À partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité. » Un Prophète est le film d’un grand remplacement.
Chacun va répétant que la prison est criminogène, une école du crime, on y entre petit voyou, on en sort grand criminel. On vous avait prévenus, plastronnent les belles âmes. Et la phrase de Victor Hugo est resservie à foison : « Une école qui ouvre, une prison qui ferme. »
[...]
J’ai l’impression gênante d’être le seul à dire ce que je vois et à voir ce que je vois. Cette lente et inexorable submersion démographique où peu à peu les voyous corses, qui tenaient le haut du pavé depuis des décennies, doivent plier le genou devant la force du nombre. Jadis, les utopistes élisaient des îles désertes ou des pays imaginaires pour incarner leurs prophéties. Désormais, la prison est le lieu idéal de la fable moraliste. On peut y montrer une guerre de clans, d’ethnies, de races, de civilisations, sans être traité d’infâme raciste. On peut constater que les Arabo-musulmans constituent désormais une énorme majorité dans les prisons françaises sans déclencher les cris d’orfraie des belles âmes indignées. »
Intouchables (2011)
1 h 52 min. Sortie : 2 novembre 2011. Biopic, Comédie dramatique
Film de Olivier Nakache et Eric Toledano
Sivoj a mis 5/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« La parabole était évidente : l’Europe riche, mais paralysée, physiquement et moralement, trouvera son salut si elle s’abandonne aux mains de l’Afrique. Le véritable sens du film est dans cette régénération de la race décadente par la race dynamique. La stérile par la prolifique, le bourgeois à la santé débile par l’énergie vitale du nouveau prolétaire, le passé par l’avenir. Intouchables exalte « l’homme nouveau » des temps modernes.
On se souvient que l’ouvrier stakhanoviste aux muscles épais était l’avenir du monde, comme le soldat allemand aux yeux clairs était la fierté de sa race.
On se souvient que l’impérialisme anglais, au temps glorieux de la reine Victoria, aimait aussi à mettre en scène la virilité conquérante de l’homme blanc qui portait sans faillir son fardeau. Le Blanc est devenu le fardeau de l’homme noir. »
L'Homme qui aimait les femmes (1977)
2 h. Sortie : 27 avril 1977. Comédie dramatique
Film de François Truffaut
Sivoj a mis 8/10.
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« La nouvelle m’avait surpris à une terrasse de café alors que je sirotais au soleil une orange pressée, admirant les jolies jambes dénudées des femmes qui arpentaient les trottoirs parisiens, me prenant un instant pour Charles Denner dans L’homme qui aimait les femmes, film que je n’avais cessé de voir et revoir lorsque j’étais adolescent dans les années 1970. Les hommes et les femmes, la séduction et l’amour, la question était de circonstance au moment où j’apprenais la mort de Simone Veil. »
Les Misérables (2019)
1 h 44 min. Sortie : 20 novembre 2019. Drame
Film de Ladj Ly
Annotation :
Mentionné dans son livre La France n'a pas dit son dernier mot :
« Je regarde un film après avoir lu les commentaires dithyrambiques des médias et j’ai l’impression de ne pas avoir vu la même œuvre. Les Misérables est encensé à juste titre par la critique pour son réalisme cru et son rythme endiablé. Mais le commentaire politique s’invite aussitôt dans le regard cinématographique. Ce ne sont que déplorations, lamentations, exhortations, le tout enrobé dans une novlangue qui exalte l’énergie des « quartiers populaires » au moment même où le film montre sans fard une banlieue justement vidée de ses classes populaires d’origine française ou européenne.
[...]
Ce film ridiculise tous les discours sur la République et l’intégration. À la fin, le regard impitoyable du gamin annonce l’inexpiable guerre civile qui vient. Qui est déjà là. À aucun moment on ne songe que c’est une affaire de moyens financiers, de crédits, d’urbanisme, d’immeubles rénovés. C’est pourtant ce que tout le monde a dit, des médias unanimes au président de la République lui-même. Dans cette stricte logique bien-pensante, ce film aurait dû être interdit, en tout cas dénigré ou ostracisé. Je me demande comment il aurait été accueilli si le metteur en scène ne s’était pas appelé Ladj Ly. »