Les meilleurs films des années 2020
31 films
créée il y a 11 mois · modifiée il y a 9 moisLicorice Pizza (2021)
2 h 13 min. Sortie : 5 janvier 2022 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Paul Thomas Anderson
Arthur Debussy a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Après un Phantom Thread froid comme la mort, Anderson nous livre cette merveille pleine de vie. Un film très attachant, à l'image de son duo d'acteurs principaux. On rit beaucoup devant ce long métrage à la fois léger et profond, insouciant comme peut l'être l'adolescence ou comme l'était la Californie dans les années 70.
On peut presque établir une filiation avec Lubitsch par ces personnages qui ont tous leurs petits défauts ou leurs petites manies, mais qui en cela paraissent vraiment humains. On sent une immense tendresse d'Anderson pour chacun de ses personnages, des principaux aux figurants.
Gros coup de cœur pour ce film, ça faisait longtemps que je rêvais d'être de nouveau emballé par un long métrage d'Anderson, et là je le suis complètement. Un vrai plaisir que ce Licorice Pizza, qui sort l'hiver mais qui est printanier et solaire, plein de promesses tenues.
Perfect Days (2023)
2 h 03 min. Sortie : 29 novembre 2023 (France). Drame
Film de Wim Wenders
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Encore un film qui relève davantage du 7,5/10, au premier abord, par sa modestie apparente. Mais la maîtrise totale de Wenders en fait un grand film de plus à mettre à son actif, et Wim m'incite à la générosité par la sienne. D'une grande subtilité, porté quasi exclusivement par le formidable Kōji Yakusho, qui a amplement mérité son prix à Cannes, Perfect Days est un film vraiment magnifique. Simple et beau comme l'est la vie.
L'hommage à Ozu est évident, mais on retrouve beaucoup de Wim Wenders dans ce film, notamment par sa bande son très anglo saxonne et très rock, qui confère un aspect presque road movie à ce long métrage, alors qu'il ne se déroule qu'à Tokyo... Même si le héros use beaucoup de sa camionnette pour traverser la ville (nombreux sont les plans à tomber par terre...).
Si le pitch vous fait peur, sachez que Wim Wenders m'a passionné du début à la fin, 2h durant, avec cette histoire toute simple d'homme qui nettoie consciencieusement les toilettes tokyoïtes. Bien entendu, cette trame n'est qu'un prétexte, et par sa virtuosité Wim Wenders la transforme en une méditation profonde sur (le sens de) la vie. Respect total pour cet immense cinéaste et cet acteur génial, qui font de ce film une pure merveille.
Les Filles d'Olfa (2023)
1 h 47 min. Sortie : 5 juillet 2023. Société
Documentaire de Kaouther Ben Hania
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Énorme chef-d’œuvre. Oui, chef-d’œuvre. Le mot n'est clairement pas usurpé. Un film bouleversant, une énorme claque. Kaouther Ben Hania est à la fois une très grande cinéaste et une très grande scénariste. Le dispositif qu'elle a monté est d'une grande intelligence et en même temps très troublant.
Il permet de raconter l'indicible, cette histoire extrêmement douloureuse, d'Olfa et de ses quatre filles. Je ne peux que saluer Olfa et ses deux plus jeunes filles, qui jouent leur propre rôle et crèvent l'écran. Mais je ne peux que m'incliner également devant Kaouther Ben Hania, qui livre un film d'une grande finesse et d'une grande subtilité, ainsi que d'une profondeur et d'une richesse incommensurables.
Il y aurait tellement à dire sur les nombreux sujets qu'elle brasse avec talent... Car elle met le doigt là où ça fait mal. Ce film est tellement riche sur le fond... Je salue également le courage de la cinéaste, qui a réalisé un film sans concession. Toujours pudique, mais très critique, car très réaliste, sur la condition de la femme en Tunisie. Et le courage d'Olfa et de ses deux filles, qui se battent contre le djihadisme, à visage découvert...
Total respect pour ce film et son équipe. Je ne peux que vous inciter à le voir. Pour moi, à ce jour et de loin, c'est le meilleur film de 2023... et le plus marquant.
Le Garçon et le Héron (2023)
Kimitachi wa dô ikiru ka
2 h 04 min. Sortie : 1 novembre 2023 (France). Animation, Aventure, Drame
Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki
Arthur Debussy a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Probablement l'un des films les moins aimables et les plus complexes de Miyazaki, passablement hermétique. Un film qui en désarçonnera sans doute beaucoup. Et qui comporte, il est vrai, certains défauts, notamment un manque de maîtrise et de liant dans la narration.
Mais je lis souvent que le jeune héros manque de personnalité et qu'on ne s'y attache guère... Pas d'accord, moi je trouve que c'est un très bon héros miyazakien, pour une fois qu'il s'agit d'un garçon d'ailleurs ! Je m'y suis complètement attaché. Quant à l'autre jeune héroïne féminine, les rares fois où elle apparaît, elle a une telle présence, que non, décidément, je ne peux pas décemment affirmer que ces deux personnages sont ratés, au contraire. Même si, bien sûr, j'aurais aimé qu'ils soient encore plus développés.
Ce film m'a vraiment surpris, car Miyazaki va là où on ne l'attend pas. Graphiquement, il ose de nouvelles techniques, ce qui étonne quand on connaît le canon ghiblien si strict et si familier habituellement.
Et sur le fond, tout est tellement riche et complexe, que je me retrouve comme lorsque j'avais découvert Le Voyage de Chihiro, le premier film de Miyazaki (et Ghibli) que j'aie vu en entier : impressionné, avec le sentiment de ne pas avoir tout compris... Même si on ne va pas se mentir, Chihiro m'a immédiatement mis une énorme claque et j'ai passé un moment magique. Là, mon sentiment est plus mitigé, mais il faut dire que nous sommes face à une œuvre d'une exceptionnelle gravité, où la mort est omniprésente, ce qui offre moins l'occasion de se réjouir...
Conclusion : je pense que là encore, un second visionnage s'impose prochainement, pour tenter de mieux appréhender ce film si particulier.
Killers of the Flower Moon (2023)
3 h 26 min. Sortie : 18 octobre 2023 (France). Drame, Policier, Thriller
Film de Martin Scorsese
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Voilà que j'ajoute ce film à mon top des meilleurs Scorsese... et il arrive directement tout en haut ! Mais je n'en suis qu'à moitié surpris. Je dois dire que je ne suis pas vraiment un fan de Marty, donc mon avis n'est pas forcément représentatif, même si j'admire un certain nombre de ses films. En effet, je trouve que le bougre a une filmographie inégale. Mais pour une fois, voilà un de ses films qui allie virtuosité esthétique et profondeur du fond, en se basant sur un récit terrible. Qui, sans beaucoup extrapoler, est également le récit de la fondation des Etats-Unis.
Il fallait donc bien 3h30 pour déployer ce récit... Et Scorsese ne perd pas une seconde. C'est là la marque des grands réalisateurs - et je m'incline. Sur un film d'une telle durée, il n'y a pas un plan de trop. Chaque image, chaque parole, chaque silence est nécessaire pour ancrer cette fresque aux multiples niveaux de lecture, qui vient se placer sans sourciller face à des monuments tels que Naissance d'une Nation de Griffith, rien que ça (à noter que je ne l'ai pas vu, mais tout le monde le connaît de réputation).
La réalisation est d'une grande efficacité, osant certaines séquences originales. Mais l'autre grand atout de ce film, c'est surtout ses acteurs, et notamment le trio de tête : Leonardo DiCaprio (exceptionnel), Robert De Niro (en très grande forme), et la révélation de ce film, la charismatique Lily Gladstone.
Après son semi échec de The Irishman, Scorsese était attendu au tournant. Encore un très long métrage, allait-il réussir à retrouver les sommets de sa filmographie ? La réponse est clairement oui, he did it.
Je ne peux que vous inciter à aller voir ce long métrage. Attention, c'est un film d'une facture très classique. C'est d'ailleurs un classique instantané, un film intemporel et déjà clé dans sa filmographie, une œuvre dont on parlera encore longtemps. Mais plus que par sa forme, c'est par son fond qu'il éblouit, avec ce scénario machiavélique... qui n'est autre que le reflet d'un réel crime de masse, le génocide amérindien...
Green Border (2023)
Zielona granica
2 h 27 min. Sortie : 7 février 2024 (France). Drame
Film de Agnieszka Holland
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un film indispensable. Beau et bon film, terrible et poignant, qui documente la façon dont la Biélorussie, téléguidée par Poutine, utilise les migrants pour exercer un chantage et une pression sur la Pologne, et ainsi sur l'Union Européenne.
Réaliste et équilibré, ce film ne montre pas que le point de vue des migrants, mais aussi celui des gardes-frontière polonais et d'activistes locaux. Une façon de montrer que ce drame touche tout le monde, des militaires aux civils.
Agnès Holland a tout mon respect. Après avoir exercé son métier sous le joug communiste et en avoir dénoncé les crimes contre l'humanité, voilà qu'elle est trainée dans la boue par le parti d'extrême-droite Droit et Justice (PiS) en Pologne, qui a mené une campagne extrêmement violente et dégradante contre la cinéaste et son équipe. On voit qu'elle a touché un point sensible, en dénonçant les incohérences et l'inhumanité de la politique migratoire de la Pologne et de l'Union Européenne...
Fermer les yeux (2023)
Cerrar los ojos
2 h 49 min. Sortie : 16 août 2023 (France). Drame
Film de Victor Erice
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Premier visionnage : 7/10
Magnifique film. Imparfait, mais vivant, gorgé d'émotion, d'une grande beauté et d'une grande poésie. Je ne pensais pas, un jour, voir un film d'Erice à sa sortie au cinéma... Je mesure ma chance. Notre chance. Ce cinéaste s'est fait rare. Son film porte sans doute le souvenir de ces projets qui n'ont pas vu le jour, Erice sachant mieux que personne ce qu'est le silence... Une chose bien difficile pour un artiste qui a tant de choses à exprimer. Ce film est donc un magnifique cadeau qu'il nous fait. Je n'ai pas tout saisi et j'ai parfois été un peu déçu, mais je suis certain que je le regarderai de nouveau avec un grand plaisir, et que j'y découvrirai sans doute de nouvelles choses. Merci Monsieur Erice.
Second visionnage : 8/10
Revu en salle et +1, c'était obligé. Le seul autre film que j'ai vu 2 fois en salles, c'était Parasite. Fermer les yeux soutient largement la comparaison, je le trouve même meilleur. Scandaleux qu'il ait été évincé de la compétition cannoise (Erice était fou de rage)... Sans avoir vu le film de Triet, dont j'ai plein de bons échos, je pense que le long métrage d'Erice était un concurrent sérieux pour la Palme...
Fermer les yeux m'a fait une très grande impression. Il est imparfait certes. Mais d'une beauté... Avec un sens du rythme inouï : le montage est parfait, chaque plan semble vivre de lui-même, et l'on prend beaucoup de plaisir à chaque seconde qui s'égrène. Il y a quelques longueurs dans le troisième quart du film, mais le final est sublime. Je pense qu'on peut parler de chef-d’œuvre, un de plus pour Erice, cinéaste rare mais précieux.
Les Feuilles mortes (2023)
Kuolleet lehdet
1 h 21 min. Sortie : 20 septembre 2023 (France). Comédie, Drame, Romance
Film de Aki Kaurismäki
Arthur Debussy a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Ce sera donc un 8/10. A vrai dire j'hésitais avec un 7 (7,5 pour être précis), car Les Feuilles Mortes m'a donné l'impression d'être un film très simple. Trop simple ? Peut-être... Ou peut-être pas. J'ai très envie de le revoir en salles, et j'anticipe, car je suis certain que de toutes les façons, j'aurais fini par mettre un 8. Soit pour moi la note des chefs-d’œuvre, même les "petits" chefs-d’œuvre comme celui-ci.
Car la simplicité apparentes des Feuilles Mortes est très trompeuse. Comme le disait je ne sais plus qui, ce film ne dure que 1h21 (ce qui nous laisse un peu sur notre faim)... Mais il a fallu 43 ans de carrière à Aki Kaurismäki pour en arriver là.
Dans ce film, chaque image fait mouche. Chaque plan est savamment construit. Avec une beauté simple, discrète. Mais réelle. Avec un côté artificiel... et en même temps vivant, concret. Aki Kaurismäki, c'est un peu le poète du réel, une sorte d'héritier du réalisme poétique de Prévert et Carné, mais à sa façon... D'ailleurs, il n'est pas anodin que la célèbre chanson de Prévert donne son titre à ce magnifique long métrage.
Chaque plan, chaque geste, chaque chanson vient sublimer ce film. Mais le summum, ce sont les corps et les visages de nos deux héros principaux. Un regard, une attitude... et puis un sourire... viennent chavirer notre cœur.
Pour moi, il s'agit d'un classique instantané. Un film qu'on aura un très grand plaisir à revoir dans 5, 10, 50 ans. Pour nous qui connaissions déjà Aki Kaurismäki (un tout petit peu pour ma part), nous nous sentons peut-être trop en terrain connu. Et puis, cette sublime bande-annonce (une des meilleures que j'aie vues ces 10 dernières années) dévoilait sans doute trop du film, le desservant ainsi. Mais je pense sincèrement qu'il s'agit une fois de plus d'un "grand petit film" pour Aki Kaurismäki : un film modeste en apparence, mais d'une très grande générosité et d'une très grande maîtrise, qui durera...
Les Bonnes Étoiles (2022)
Beulokeo
2 h 09 min. Sortie : 7 décembre 2022 (France). Comédie dramatique
Film de Hirokazu Kore-eda
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Superbe film, poétique, sensible, drôle, touchant... Une petite merveille portée par d'excellents acteurs, dont le génial Song Kang-Ho, qui méritait son prix à Cannes.
Un film multiple : en cela il a un côté très coréen, mais c'est aussi le propre des longs métrages de Kore-Eda. C'est aussi bien un drame social qu'une comédie décalée, mais jamais dans l'excès, toujours dans la nuance, avec un côté doux-amer très japonais.
On y rit de bon cœur, on verse des larmes, et surtout on s'attache à ces personnages cabossés et imparfaits, tellement humains. Humaniste, le mot est lâché. Un qualificatif qui caractérise le cinéma de Kore-Eda. Du beau, et même du très beau cinéma, comme on aimerait en voir plus souvent.
Drunk (2020)
Druk
1 h 55 min. Sortie : 14 octobre 2020 (France). Comédie dramatique
Film de Thomas Vinterberg
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Un film brillant, puissant et ambigu. Une vraie réussite pour un Thomas Vintergberg qui revient enfin à du vrai et bon cinéma.
Decision to Leave (2022)
Heeojil Gyeolsim
2 h 18 min. Sortie : 29 juin 2022. Thriller, Drame, Romance
Film de Park Chan-Wook
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Une belle réussite : un film ambitieux, à la réalisation somptueuse, porté par des acteurs habités. Une histoire d'amour vénéneuse brillamment mise en images, avec des plans surprenants sur le moment, et qui restent longtemps en mémoire une fois le long métrage fini... Clairement un des meilleurs films de Park Chan-wook, vétéran du cinéma coréen qui n'a pas perdu la main, bien au contraire.
La Chimère (2023)
La Chimera
2 h 13 min. Sortie : 6 décembre 2023 (France). Comédie dramatique
Film de Alice Rohrwacher
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Une belle réussite pour Alice Rohrwacher, après un Heureux comme Lazzaro qui m'avait profondément déçu. Ici, la cinéaste italienne livre un film abouti, avec une certaine épaisseur, convoquant l'histoire de l'Italie, les mythes antiques ou la société de sur-consommation depuis les années 1980.
Mais il est avant tout question de mystère et de poésie, de chimères que tout le monde poursuit à sa façon. Celle d'Arthur est son aimée, qu'il a perdue et qu'il tente de retrouver. Mais peut-être est-il lui-même un homme d'autrefois, un mythe à lui tout seul.
Toutes ces figures actuelles et passées nous emportent dans leur sillage, à travers une rêverie poétique, nous amenant également à réfléchir sur notre monde contemporain. Si La Chimère comporte tout de même quelques faiblesses, c'est un film réussi, assez fascinant...
L’Arbre aux papillons d’or (2023)
Bên trong vỏ kén vàng
2 h 58 min. Sortie : 20 septembre 2023 (France). Drame
Film de Pham Thien An
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Pham Thien An, jeune cinéaste de 34 ans, signe avec ce premier long métrage une œuvre ample et très maîtrisée. Si ce film évoque de grands cinéastes (Tarkovski, Dreyer, Béla Tarr, Weerasethakul, Tsai Ming-Liang...), dont il confirme s'être influencé, le réalisateur vietnamien a réussi à se créer sa propre identité cinématographique.
Avec une magnifique photographie et de très beaux cadrages, Pham Thien An use de longs plans séquences et joue avec le temps qui passe, pour mieux hypnotiser le spectateur et l'immerger dans ce récit tantôt réaliste tantôt mystique.
La forme est sublime, le fond est très dense. Dommage qu'il ploie parfois sous l'ambition du cinéaste, mais vu son jeune âge, c'est bien normal et il a tout son temps pour parfaire l'écriture de ses films.
Dans l'ensemble, L'Arbre aux papillons d'or est un beau film, impressionnant, dont les images et l'ambiance sont marquantes... Une belle découverte !
Anatomie d'une chute (2023)
2 h 30 min. Sortie : 23 août 2023. Drame, Policier, Thriller
Film de Justine Triet
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Un film brillant, qui mérite sa belle renommée et sa moisson de récompenses. Du cinéma français comme celui-ci, j'en redemande. Anatomie d'une chute bénéficie avant tout d'un scénario remarquable, machiavélique dans sa construction et passionnant sur le fond. Il interroge la place de l'homme et de la femme dans le couple aujourd'hui de façon intelligente.
Il repose aussi beaucoup sur les épaules de Sandra Hüller, l'une des actrices les plus talentueuses de notre époque. Son interprétation est bluffante : elle sait être tantôt glaçante tantôt émouvante... Chapeau également au jeune Milo Machado-Graner, véritable révélation de ce film. Et bravo à Swann Arlaud, que je vois pour la première fois à l'écran et qui est très convaincant.
La mise en scène de Justine Triet n'est pas exceptionnelle, mais elle est solide et sert complètement le propos, sans jamais le trahir. Voilà de la belle ouvrage. Ce n'est pas mon film préféré de 2023, mais c'est tout de même un coup de cœur. Une belle réussite. Et croisons les doigts pour les Oscars !
Yannick (2023)
1 h 07 min. Sortie : 2 août 2023. Comédie
Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ça fait longtemps que je me suis tenu à l'écart de la hype qui entoure Quentin Dupieux. A vrai dire, depuis son premier long métrage, Steak, qui m'avait laissé sur le carreau. J'ai suivi de loin son succès, qui m'a toujours paru assez démesuré.
Mais Yannick m'a semblé différent, en n'en connaissant que le pitch. Un film plus tout à fait dans l'absurde gratuit et assez vain que je semblais déceler dans ses précédents opus. Un film avec une bonne idée de départ, et des thématiques un minimum intéressantes.
Je n'ai pas été déçu. C'est un film très drôle, bien sûr, mais intelligent et qui développe bien son idée initiale... Même si on aurait préféré un film un peu plus long, tellement on passait du bon temps. Mais au moins, Dupieux nous livre un film d'à peu près une heure qui est maîtrisé... et qui est dense.
Il traite rien moins que de l'art, par exemple du rapport entre auteurs, acteurs et spectateurs. Mais aussi de l'état de l'art aujourd'hui, par le prisme du théâtre. Avec un ancrage social fort, à travers ce personnage de Yannick, à la fois génialement horripilant et très attachant, interprété avec beaucoup de talent par Raphaël Quenard. Le reste du casting, notamment Pio Marmaï et Blanche Gardin, est excellent.
C'est vraiment un bon film, qui me fera peut-être me pencher un jour sur le reste de la filmographie de Quentin Dupieux. En attendant, j'ai hâte de découvrir son Daaaaaali !
La Zone d’intérêt (2023)
The Zone of Interest
1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre
Film de Jonathan Glazer
Arthur Debussy a mis 7/10.
Annotation :
Je savais que ce film serait éprouvant, mais je ne pensais pas qu'il me mettrait autant mal à l'aise... Il m'a fallu 24h pour arriver à le digérer un minimum.
Jonathan Glazer réussit son pari de filmer la Shoah, en en montrant toute l'horreur, avant tout par la suggestion (exercice difficile que je salue), tout en forçant le spectateur à s'interroger sur la banalité du mal.
C'est un film difficile, peu aimable, mais néanmoins nécessaire. Il permet de réveiller nos contemporains sur la tendance qu'a l'être humain à détourner le regard de l'horreur qui nous entoure, pour mieux se plonger dans un confort délétère.
Rien qu'en relançant le débat sur la Shoah et comment en faire mémoire, The Zone of Interest est salutaire. Mais de surcroît, il est brillamment réalisé et marque durablement le spectateur... Espérons que ce soit à vie, que l'on oublie jamais ce drame absolu et qu'on empêche de nouveaux génocides. Hélas, l'actualité ne me rend pas confiant...
Don't Look Up - Déni cosmique (2021)
Don't Look Up
2 h 18 min. Sortie : 24 décembre 2021. Comédie dramatique, Science-fiction
Film de Adam McKay
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Excellent ! Tragique et drôle à la fois... Terriblement réaliste et sarcastique... Porté par d'excellents interprètes, un film qui vient nous mettre une baffe, à raison. Puisse ce film nous inciter à agir.
Boîte noire (2021)
2 h 09 min. Sortie : 8 septembre 2021. Drame, Thriller
Film de Yann Gozlan
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Reste un peu (2022)
1 h 33 min. Sortie : 16 novembre 2022. Comédie
Film de Gad Elmaleh
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Je n'étais pas spécialement fan de Gad, mais je commence à l'être... Un beau film, simple, drôle, touchant. L'itinéraire de Gad questionne, aussi bien son entourage, que nous autres, spectateurs. Rares sont les artistes à oser parler de religion, et à le faire avec justesse. Or Gad arrive à faire les deux, et rien que pour ça, je respecte sa démarche. Je suis curieux de voir la suite de son chemin spirituel... comme beaucoup désormais, j'imagine :-).
Revoir Paris (2022)
1 h 43 min. Sortie : 7 septembre 2022. Drame
Film de Alice Winocour
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Magnifique film, simple, sobre et très touchant. Alice Winocour réussit l'exploit de raconter l'inracontable et de montrer l'immontrable : les attentats du 13 novembre 2015. Elle le fait avec justesse et pudeur, en mettant en avant des personnages pour lesquels on éprouve beaucoup d'empathie, tant ils sont bien écrits. Ce film comporte toutefois certaines maladresses : une réalisation qui manque de force, un rythme parfois distendu, une musique pas toujours bien employée... Voilà pourquoi je ne lui attribue qu'un 6, mais j'ai longuement hésité avec un 7 tellement, sans être un grand film, c'est un bon et beau film.
La Nature (2020)
1 h 03 min. Sortie : 23 février 2022. Nature, Écologie
Documentaire de Artavazd Pelechian
Arthur Debussy a mis 6/10.
Annotation :
Un véritable cri du cœur. Sur 63 minutes, environ 10 magnifient notre Terre, au son de musiques classiques envoûtantes. Le reste, c'est 53 minutes d'apocalypse. La Terre qui se rebelle face à l'être humain. On assiste ainsi à des cataclysmes en cascade, à tout un panel de catastrophes naturelles extrêmement impressionnantes.
Puis, pendant un moment, on voit des hommes, des femmes et leurs constructions emportés par le tumulte des éléments déchaînés. 53 minutes très pessimistes, où Pelechian montre comment la nature se rappelle à l'ordre de nous autres, pauvres humains, fragiles et dérisoires face à la majesté et la puissance des forces naturelles. Contrairement à d'autres films de Pelechian, solaires et pleins d'espoirs, ici il nous offre un film dur et sombre. De toute évidence, il fustige l'activité humaine qui dérègle la nature, lui dont une partie de l'œuvre dénonce une innovation technique parfois destructrice.
Je ne peux que saluer le cri d'alarme de Pelechian. Pour autant, je trouve que ce genre de film terrifie et résigne plus qu'il ne pousse à l'action, comme s'il n'y avait aucune solution et que nous courrions à notre perte, irrémédiablement. Dommage... Pelechian se fait le témoin de notre monde qui part à la dérive, c'est déjà beaucoup. Mais en ces temps de catastrophisme omniprésent, j'attendais davantage...
Le Livre des solutions (2023)
1 h 42 min. Sortie : 13 septembre 2023. Comédie, Drame
Film de Michel Gondry
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Alors oui le personnage principal est complètement toxique et détestable (très bien joué par Pierre Niney d'ailleurs). Oui il est complètement barré... voire complètement fou... Oui Michel Gondry est critique avec lui-même, mais parfois assez complaisant. Oui la bande annonce dévoile les principaux gags (mais il y en a d'autres !)...
Et pourtant j'ai plutôt bien aimé ce film. Ce personnage principal souvent complètement con (il n'y a pas d'autre mot)... et parfois génial. Ces nombreuses trouvailles de mise en scène et ces idées loufoques poétiques. Ces personnages attachants : le héros (malgré lui), bien sûr la tante adorable Denise, Charlotte, le bras-droit indispensable, bien interprétée par Blanche Gardin, même si son personnage est peu exploité, et puis ces autres personnages qui jouent les souffre-douleur malheureux de ce réalisateur tyrannique... Et puis il y a un certain nombre de répliques et de séquences qui risquent de devenir cultes.
Il y a des choses que j'ai moins aimé, comme cette romance complètement bizarre et neuneu (typique de Gondry si j'en crois le reste de sa filmographie). Ce côté un peu répétitif à la longue. Ce rythme un peu erratique. Un puis le côté complètement barré qui parfois va un peu loin (notamment quand le héros pète des câbles).
Mais dans l'ensemble ça paraît assez réaliste sur l'égo (auto)destructeur de certains artistes (heureusement qu'ils ne sont pas tous comme ça...). Gondry n'hésite pas à dépeindre son héros comme un connard : au moins il n'y a pas d'ambiguïté sur ce point. Et le tout est quand même original, dans le ton, les idées. Ce film a une certaine fraîcheur car son scénario ne suit pas les poncifs habituels... Et il y a de très bons acteurs (sauf l'amoureuse), Pierre Niney en tête, je suis obligé de me répéter tellement il est génial dans ce film. Donc au total, oui j'ai plutôt bien aimé ce film. Même si je comprends aussi ceux qui n'ont pas adhéré...
The Pale Blue Eye (2022)
2 h 08 min. Sortie : 6 janvier 2023 (France). Policier, Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Scott Cooper
Arthur Debussy a mis 6/10.
Annotation :
Je n'attendais pas grand chose de ce long métrage, au vu des critiques, mais il me faisait de l’œil. Finalement il s'avère être un film honnête, avec un casting intéressant (surtout Bale et Melling en fait, les autres acteurs étant quasiment transparents) et une ambiance plutôt bien construite, avec un côté hivernal et inquiétant qui lorgne du côté du gothique (mais très soft). On s'attache aux deux personnages principaux et j'avoue m'être pris au jeu, personnellement je ne me suis pas ennuyé malgré les 2h10 que dure ce film.
Après je ne connais Edgar Poe que de réputation, donc je ne sais pas dans quelle mesure ce film et le roman dont il est issu bafouent le célèbre auteur américain et son œuvre. Le personnage de Poe dans le film peut agacer, je le conçois, pour ma part il m'a amusé, avec un côté ambivalent intéressant. Dommage que le reste des autres personnages ait si peu de consistance. Outre Bale, il n'y a que le personnage joué par Lucy Boynton qui sorte du lot.
Là où je suis plus circonspect, c'est sur le dénouement du long métrage. Au bout d'1h40 on semble tenir une fin tout à fait convenable. Et par deux fois je vérifie : non, en fait il reste une bonne trentaine de minutes. Que va-t-il se passer alors ? Eh bien un bon vieux twist un peu tordu qui tombe comme un cheveu dans la soupe... Les réalisateurs actuels aiment bien jouer au petit malin, sauf qu'une fois de plus on écope d'un twist pas très finaud, même s'il ouvre à certaines réflexions qui auraient mérité un meilleur traitement. Une fin assez indigeste, qui se clôt avec une petite point d'émotion, bienvenue, mais qui peine au total à nous émouvoir autant que le réalisateur l'a sans doute souhaité, à grand renfort d'effets bien lourds.
The Pale Blue Eye est donc comme la plupart de ces films Netflix (sauf à de très rares exceptions) qui promettent beaucoup mais qui se dégonflent telle une baudruche. Il possède de réelles qualités, mais il semble que la subtilité affichée de Scott Cooper ait des limites (comme dans Hostiles en fait), l'empêchant de jouer dans la cour des grands...
Ténor (2022)
1 h 40 min. Sortie : 4 mai 2022. Comédie
Film de Claude Zidi Jr.
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ça fait toujours mauvais genre d'annoncer aimer des films comme celui-ci, d'où certains avis timorés et un peu ridicules que j'ai lu ici et là...
J'ai trouvé pour ma part que c'est un vrai bon film, avec un bon scénario, de très bons acteurs, convaincants (dont MB14, bluffant à tous points de vue : il a appris le chant lyrique pour ce film, excusez du peu, et il chante bien le bougre !)... Esthétiquement c'est du bon boulot aussi : la photographie est belle et la réalisation très réussie. Il y a de belles images, une narration fluide et un excellent sens du rythme.
Bien sûr Claude Zidi Jr ne cherche pas à réaliser du Kubrick ou du Tarkovski, mais il a au moins le mérite de livrer un film impeccable... et très chargé en émotion !
Les personnages étant bien écrits, on s'attache rapidement à eux, et la fin est vraiment prenante. Bien sûr, c'est plutôt un feel good movie, peut-être un peu trop bienveillant envers ses personnages et les spectateurs. Mais bordel ça fait du bien !
Car par dessus tout, le ton et l'ensemble du film m'ont paru toujours justes, sans excès. Cette histoire de transfuge de classe, c'est à la fois presque une histoire de conte... et en même temps la réalité de beaucoup de personnes issues de ces fameuses banlieues ou "quartiers" (ou d'autres territoires défavorisés), et qui ont eu une belle trajectoire à force de talent et de travail.
Bref, je regrette que ce film n'ait pas fait beaucoup d'entrées apparemment, car il me semble réussi, intéressant et vraiment touchant.
En corps (2022)
1 h 57 min. Sortie : 30 mars 2022. Comédie dramatique
Film de Cédric Klapisch
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Les films sur la danse sont rares, et encore plus ceux qui sont réussis. Or « En corps » constitue pour moi une belle réussite : celle d'un long métrage grand public, qui ne trahit pas pour autant son sujet.
Bien sûr, il y a des maladresses, un jeu des acteurs parfois inégal, des raccourcis scénaristiques... Mais le film se tient et déroule son fil avec un certain brio. Opposer danse classique et contemporaine est un peu facile, mais ce qui en est dit me semble juste.
Surtout, c'est un bel hommage à la danse sous toutes ses formes. Et puis on peut saluer la naissance d'une actrice talentueuse en la personne de Marion Barbeau... qui est également une excellente danseuse ! Bref, sans être un grand film, « En corps » est un bon film tout à fait honorable et bienvenu.
Le Tigre et le Président (2022)
1 h 38 min. Sortie : 7 septembre 2022. Biopic, Comédie, Historique
Film de Jean-Marc Peyrefitte
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un film brillant, profondément original, dont la bande-annonce ne rend pas justice. Tout sauf une énième comédie franchouillarde et balourde, ce long métrage m'a marqué par sa sensibilité et le sens visuel du regretté Jean-Marc Peyrefitte, qui nous offre là plusieurs séquences visuellement géniales. Ce film ne paie pas de mine, mais je ne peux que vous inciter à lui laisser une chance.
Bonne Mère (2021)
1 h 36 min. Sortie : 21 juillet 2021. Drame
Film de Hafsia Herzi
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Très beau film, avant tout un film de personnages et d'acteurs. Avec au premier rang la formidable Halima Benhamed, qui interprète l'héroïne principale, Nora, cette bonne mère dont le qualificatif n'est pas usurpé. Elle porte le film sur ses épaules, chacun des plans où elle apparaît rayonnant de sa bonté. C'est un magnifique personnage, solaire, complètement altruiste, qui vient en aide à tellement de gens... Mais qui a aussi ses galères, notamment certains de ses enfants qui font un peu n'importe quoi.
On sent qu'Hafsia Herzi aime ses acteurs et ses personnages, elle leur offre des scènes où ils peuvent s'exprimer pleinement. Léger bémol tout de même, on sent le côté improvisé de certaines séquences, et Hafsia Herzi se laisse parfois un peu trop emporter par elles, aux dépens du rythme du film et du scénario, dont on peine parfois à voir où il nous mène.
Malgré tout c'est un film accompli, un portrait multiple de Marseille et de ses habitants, les présentant sans artifices, avec leurs qualités et leurs défauts. A noter aussi un bon emploi de la musique, judicieusement utilisée par Hafsia Herzi tout au long du film. Je salue enfin sa capacité à nous émouvoir, avec plusieurs scènes où il est difficile de retenir ses larmes, sans que rien ne soit jamais trop appuyé.
En somme, un film encore légèrement maladroit, mais plein d'atouts, qui donne envie de voir les prochains longs métrages de la jeune cinéaste !
Le Dernier Duel (2021)
The Last Duel
2 h 32 min. Sortie : 13 octobre 2021 (France). Drame, Historique
Film de Ridley Scott
Arthur Debussy a mis 6/10.
Annotation :
Sans doute le meilleur film de Ridley Scott depuis des années, lui qui était quasiment en état de mort cérébrale artistique.... Il comporte tout de même pas mal de défauts, tout d'abord une longueur excessive et éreintante : on l'a connu plus pertinent et plus... doué. Ce film est tout de même assez laborieux... Ensuite, l'esthétique est d'une laideur assez repoussante, avec cette photographie bleuâtre, copie de celle de Kingdom of Heaven mais encore plus outrée, ces batailles ultra réalistes et ultra violentes façon jeu vidéo racoleur, ces coupes de cheveux ridicules, cette CGI qui ressemble à de la bouillie visuelle (heureusement utilisée de façon relativement modérée...).
Deux éléments viennent toutefois contrebalancer ces défauts et apporter un peu d'audace dans le cinéma ronronnant de Scott. En premier lieu, le scénario façon Rashômon bien sûr. Entendons-nous, ce film est ô combien moins subtil et ambigu que le film de Kurosawa, il est clairement 10 crans en-dessous à tous points de vue. Mais malgré tout, il y a une vraie part d’ambiguïté dans ce film, notamment dans les personnages, leurs intentions et les situations, ce qui fait qu'on n'est pas dans un banal blockbuster, mais dans un long métrage rugueux et qui questionne le spectateur sur plusieurs aspects intéressants.
En second lieu, la façon dont Scott dépeint la condition de la femme est bien vue. Le parallèle avec l'ère actuelle, post #metoo, est évident, mais je le trouve pertinent, car il n'est pas non plus tant appuyé que cela et s'intègre bien dans le scénario du film. Je dirais même qu'il est au cœur du long métrage, le personnage de Marguerite de Thibouville étant un très beau personnage, très réussi, qui montre combien le statut de la femme était peu enviable au Moyen-Âge... et encore aujourd'hui.
Pour finir, je salue les acteurs, notamment Jodie Comer, que je ne connaissais pas et qui est bluffante, mais aussi bien sûr Matt Damon et Adam Driver, tous deux excellents avec leurs personnages troubles, à la fois attachants et détestables. Ben Affleck en fait peut-être un peu trop, mais n'est pas déméritant. Au total, donc, je dois dire que ce film qui me rebutait a priori m'a positivement surpris. Il ne fait pas partie des films de Scott que je préfère, mais je le trouve plutôt réussi et m'incite à me pencher de nouveau sur son cinéma... sans trop me faire d'illusions non plus.
L'Événement (2021)
1 h 40 min. Sortie : 24 novembre 2021. Drame
Film de Audrey Diwan
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un film fort, sur le sujet de l'avortement, tiré d'un livre autobiographique d'Annie Ernaux. Ce long métrage a gagné le Lion d'Or à Venise, et on comprend pourquoi. Sur le fond et la forme, ce n'est clairement pas un grand film, mais c'est un film solide. Esthétiquement, il fait un peu trop artificiel et sert avant tout son propos, même si de temps en temps on sent un regard de cinéaste. Quant au scénario, il n'approfondit pas ses personnages, c'est avant tout un film à thèse pourrait-on dire, qui décrit les affres et l'hypocrisie qui entourent l'interruption de grossesse dans les années 1960.
Mais sa grande force, c'est le traitement de ce sujet. Un traitement à la fois très réaliste, mais pudique, avec un côté très immersif. Impossible de ne pas ressentir de l'empathie pour l'héroïne, et pour un homme, de mieux comprendre les enjeux liés à ce sujet, et le progrès qui a été fait en France, notamment par l'action courageuse de Simone Veil, depuis ces années qui paraissent bien sombres en la matière... Et si les personnages sont un peu schématiques, leur écriture sonne juste, le point de vue adopté par la réalisatrice étant le plus neutre possible, s'abstenant de les juger et s'en tenant aux faits.
Un sujet fort, un traitement adéquat, voilà sans doute ce qui a conquis le jury de la Mostra de Venise. De mon côté, je dois dire que j'ai été également touché et convaincu. C'est un film qui comporte encore quelques maladresses, mais qui dispose de grandes et belles qualités.
Presque (2022)
1 h 31 min. Sortie : 26 janvier 2022. Comédie dramatique
Film de Bernard Campan et Alexandre Jollien
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un beau film, porté par un Bernard Campan impeccable et un Alexandre Jollien particulièrement attachant. C'est un long métrage touchant, qui aborde le handicap avec le ton juste, avec pudeur et sans commisération malvenue. Si Alexandre Jollien joue les éléments perturbateurs avec humour et autodérision, il nous pousse aussi à réfléchir à beaucoup de choses, à nous-mêmes d'abord, mais aussi aux autres, nos proches et les inconnus qu'on croise, à la vie, à l'amour, à la maladie, à la mort...
Le long métrage avait le potentiel d'aller encore plus loin et laisse un peu sur sa faim, mais le résultat est là : on passe un excellent moment en compagnie de ces deux amis... dans la vraie vie ! Un moment à part, avec des éclats de rire, quelques larmes et de vraies questions, qu'on garde dans un coin de sa tête une fois que le film est fini. En cela, c'est une belle réussite, je salue donc le talentueux duo qui en est à l'origine.