Libé à Cannes en 2015

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Ambigu et bruyant, le film d’ouverture sur un jeune ado délinquant multiplie les clichés pour imposer un discours normatif.

"Même le bon public de gauche risque de trouver à force qu’on est bien gentil de consacrer tant d’énergie à un type qui met une telle ardeur répétitive à rester irrécupérable et à multiplier les rechutes hors la loi. Car le film fige les êtres, les classes sociales, les rôles et les individus dans leurs tropismes, leurs habitus. Consciemment ou non, la Tête haute est porté par une vision très traditionnelle du monde, quelque chose de foncièrement sarkozyste, hantée par cette exaspération implicite devant l’ingratitude des lascars qui alternent visiblement, et non sans rouerie, postures victimaires et comportements délictueux."

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/13/tete-haute-bas-reliefs_1309028

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Trente ans après le dernier volet, Tom Hardy reprend la saga post-apocalyptique dans un scénario simpliste mais qui prend toute sa force dans des montées de vitesse assez spectaculaires.

Le principal défaut du film tient dans ce manque d’émotion, dans ce refus de se confronter à des sentiments amoureux ou amicaux, humains en somme. La pédale du frein n’est jamais actionnée, la sensualité réprouvée, alors même que l’orfèvrerie technologique déployée par les 150 millions de dollars de budget lui offrirait un cadre intéressant.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/mad-max-fury-road-partie-de-jantes-en-l-air_1309466

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Dans «l’Ombre des femmes», son 25e long métrage, Philippe Garrel sublime Clotilde Courau en femme trompée, qui le lui rend bien.

Ainsi que le suggère son titre plein de délicatesse, l’Ombre des femmes est un film qui s’écrit par l’envers et le creux, pas avare même de quasi-twists qui trompent jusque la voix off (celle de son fils Louis), l’un des plus retors de Philippe Garrel, sous les dehors trompeurs d’un récit limpide, filant droit, à vitesse éclair.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/a-l-ombre-des-jeunes-femmes-en-pleurs_1309607

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Gracieuse exploration des liens familiaux par le Japonais Kore-Eda.

Le mélo larmoyant relayé par piano et violon est à la fois contredit par l’élan vital de ses jeunes comédiennes (exquises Aruka Ayase et Suzu Hirose) et tempéré par des décrochages, heurts et autres séquences d’abandon alcoolisé entre frangines.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/une-demi-soeur-plus-tard_1309601

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Les libertaires d’Elie Wajman sont dépeints trop sagement dans un film élégant.

Le film reste étrangement sage en dépit de son sujet, figé dans une apesanteur bleutée et hivernale qui convient bien à la figure mélancolique d’Elisée Mayer (le toujours fascinant Swann Arlaud).

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/anarchistes-ni-dieu-ni-maitrise_1309513

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Dans son «Conte des contes», le cinéaste italien multiplie les esthétiques sans vraiment parvenir à renouveler le genre.

Tout est ici d’un rococo assumé. Pourquoi pas. Mais Garrone ne peut s’empêcher de lisser son image, de lui apposer une platitude qui dévitalise toutes les envolées baroques que le film promet.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/garrone-nous-prend-pour-des-contes_1309512

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Naomi Kawase dépeint avec délicatesse la rencontre culinaire d’un vendeur de crêpes et d’une ancienne lépreuse.

Avec toute la poésie et la simplicité de ses dialogues et sentiments, la réalisatrice ne fait que montrer au Japon contemporain les traces encore vivantes, même si déformées ou amputées, de ses traumatismes.

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Un teen-movie trop hésitant et déjà vu du Canadien Andrew Cividino.

Andrew Cividino, jeune cinéaste canadien, ne s’épargne aucun des poncifs du récit d’initiation mille fois rabâché, sans s’accorder sur un ton pour imposer une patte encore trop hésitante, crispée entre caméra à l’épaule, effets d’accélération et finale convenu qui débordait du cadre dès les quinze premières minutes.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/14/a-pas-de-geant-endormi_1309574

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Retour à froid sur un crime conjugal par le discret cinéaste roumain Radu Muntean.

Déployé selon le même principe à combustion lente, ce polar placide tourné cette fois en plans fixes renvoie le crime au hors-champ et suit sans effusions la ronde de ce quidam mutique interprété par Teodor Corban, s’acheminant tranquillement vers son paroxysme.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/15/temoin-gene-a-l-etage-du-dessous_1310110

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L’écrivain israélien revu par la native de Jérusalem Natalie Portman, dans un pensum littéraire académique.

Cette reconstitution costumée dans un sépia délavé de carte postale jaunie (effet d’époque garanti) verse rapidement dans un académisme embarrassant, lesté de ralentis, voix off et violons intempestifs.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/15/un-mauvais-sort-fait-a-amos-oz_1310257

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Le premier long métrage du Hongrois László Nemes, annoncé comme le film choc de la compétition, pose problème tant par son style que par ses intentions.

Le Fils de Saul est porté par une ambition et une virtuosité qui ne peuvent manquer de saisir le spectateur d’une sorte de tétanie craintive pendant toute la projection mais dont on est quand même bien obligé d’interroger les principes et la finalité.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/15/auschwitz-camera-embarquee_1310249

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Santiago Mitre filme l’obstination d’une jeune femme à mener sa vie en accord avec ses idéaux, et à ses risques et périls.

A la clé, une manière très sûre et sensible de déployer et parcourir les enjeux de son drame sans jamais s’improviser juge des affaires sociales.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/15/paulina-cry-for-me-argentina_1310195

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«L’homme irrationnel» ou le portrait absurde d’un prof aux instincts criminels.

Le film n’est qu’une succession de conversations (à table, au café, dans un jardin…) où, franchement, il est difficile de s’accrocher à quoi que ce soit tant ces gens ont l’air d’avoir des préoccupations qui ne tiennent pas debout.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/15/woody-allen-retour-de-flemme_1310244

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Le film de Gus Van Sant, hué lors des deux projections de presse, dégouline de partout.

L’errance d’un matheux américain dans une forêt nippone où locaux et touristes viennent se perdre pour mettre fin à leurs jours, entre péripéties éculées, scansion de flash-back ni faits ni à faire et mysticisme neuneu.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/the-sea-of-trees-une-mer-d-ennui_1310960

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Après son prix du jury en 2011, Maïwenn présente une histoire d’amour où la fureur le dispute à l’esbroufe.

Les engueulades fleurissent, les larmes coulent, un os manque même de se briser en plein cadre. Et alors même que le film ne laisse à ses comédiens que des moments de fureur, il ne nous emporte jamais sur son sujet, sur le terrain du délitement d’un couple.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/le-bal-des-hysteriques_1311219

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Nanni Moretti fait pleurer la Croisette dans un film sans pathos qui détourne les logiques du mélo.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/mia-madre-haute-mere_1311268

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Parcours contemplatif et polyglotte dans la jungle.

Les images splendides signées du directeur photo David Gallego rendent la troublante expérience de cette immersion amazonienne particulièrement mémorable.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/el-abrazo-de-la-serpiente-amazone-interdite_1311226

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Le confinement des espaces et les scènes de ménage de ce gynécée sous cloche parfois trop anecdotiques asphyxient et dévitalisent peu à peu ce Vénus Beauté gazaoui, et l’on se dit qu’il y avait là sans doute davantage matière à un court ou moyen métrage.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/gaza-vu-du-salon_1311224

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Le sixième long métrage de Todd Haynes magnifie la rencontre de deux New-Yorkaises, à l’hiver 1952, empreinte de contradictions sentimentales.

Le film tout entier accorde l’envoûtement de ses formes à la palpitation de ce qui nous y emplit de sa déflagration lente, la cristallisation d’un cœur simple.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/carol-le-coup-de-fougue_1311256

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Plus que dans la relative discrétion de sa mise en scène, la cinéaste s’affirme dans l’écriture de ce scénario mûri durant deux ans, et pour lequel elle dit s’être inspirée de ses souvenirs d’enfance. Les déboires administratifs de Nahid l’inscrivent sous le patronage virtuose d’Asghar Farhadi et d’Une séparation.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/dans-la-surface-d-une-separation_1311222

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Fantasmes et doutes militaires en terres afghanes.

La divagation se nourrit d’une déterritorialisation rare dans la jeune fiction française et témoigne d’une réelle ambition plastique.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/17/branle-haut-de-combat_1311220

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Palme d’or en 2010, Weerasethakul revient à Cannes avec une œuvre ancrée dans ses souvenirs d’enfance.

Pendant 2 heures, le temps s’arrête. Dans la salle, des gens s’endorment et ressemblent aux gisants sur l’écran. Le cinéma, quand il est grand, suppose la croyance et conduit à une forme d’extase sans révélation. Car le film est aussi une expérience mortifiante qui permet d’apprécier tout ce que, délivré de son intelligence et de ses optiques, l’on ne sait ni voir ni comprendre.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/cemetery-of-splendour-reves-paralleles_1311905

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Vent à la fois frais et un peu vicié sur la classe dirigeante, avec Philippe Katerine en président incertain.

Ce que ce déboulonnage excentrique des codes de la com politique a de séduisant est contredit par un enlisement progressif, à mesure que le film enterre, littéralement, ses personnages dans un bunker. Forgeard peine à s’installer dans un rythme à la hauteur de son format de long et à tenir les promesses ô combien alléchantes de cette opération d’enfumage.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/la-politique-ca-sent-le-gaz-de-france_1311909

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Drame sur fond de processus actuels d’aliénation au travail, avec un Vincent Lindon crédible.

Le film est à l’os, et décrit clairement la façon dont l’époque a entièrement assimilé les procédures d’autosurveillance et d’aliénation volontaire fabriquées par le libéralisme décontracté.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/le-salaire-de-l-impair_1311901

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Kiyoshi Kurosawa dépeint le voyage onirique entre une femme et son défunt mari.

Jamais surtout les apparitions désignées comme spectrales dans ses films ne s’y étaient présentées sous un jour si calme et apaisé, et l’inquiétude consubstantielle à l’art du cinéaste n’était parue si gazeuse, impalpable évanescence en suspension, qu’en ce conte qui prend la forme d’une quête insoluble aux pas mesurés, fleurie de la douce aura de ses deux principaux acteurs.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/vers-l-autre-rive-et-au-dela_1311902

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Premier film d’un esthète colombien surdoué.

Ces lignes ténues de tension et de faiblesse s’enroulent lentement les unes aux autres dans un récit que le jeune cinéaste ordonne en une suite de tableaux superbement composés, où s’étale une expressivité graphique très affirmée.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/acevedo-sort-de-l-ombre_1311896

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Jeremy Saulnier livre une groupe de musiciens aux mains de skinheads ploucs et sanguinaires.

On est ici dans un slasher updaté par le filtre d’un cinéma américain indé très actuel, par un humour qui joue d’un décalage assez hipster (sachant qu’ils vont mourir, les punks confessent leur amour de Madonna ou Simon & Garfunkel) ou par une approche réussie de la veulerie humaine.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/green-room-huis-clos-punk_1311899

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Le réalisateur d’«Oslo, 31 août» réunit Isabelle Huppert et Jesse Eisenberg dans un drame familial trop académique.

Ce scénario générationnel, bâti tout en flash-back et séquences oniriques, tente d’établir la jonction entre humeur européenne et drama américaine, même si l’éclatement des points de vue alloués aux trois personnages se solde finalement par un décrochage du spectateur dans ces méandres.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/18/joachim-trier-sans-declic_1311900

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Thriller sud-coréen propre mais peu haletant.

Hong Won-chan apporte à son thriller une touche sociale sur la dureté de la vie en entreprise en Corée du Sud. Mais du suspense, il n’y a pas.

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Un premier film qui louche sur la Nouvelle Vague avec humilité.

Les Deux Amis a quelque chose de très plaisant. Une grâce habite les échanges entre les deux garçons, Macaigne campant un beau numéro de dépressif et Garrel installant confortablement son élégance détachée, vivifiés par la grâce de Farahani.

http://next.liberation.fr/cinema/2015/05/19/louis-garrel-entre-amis_1312546