Liliana Cavani

Annotation :

Ce qui est absolument certain, c’est que des films comme celui-ci ne pourraient plus être faits aujourd’hui : plusieurs séquences y sont d’une violence inouïe, et il y a même une très gênante scène, dont on imagine les fondements racistes, où des militaires marocains vont violer des enfants, qu’ils préfèrent aux putes napolitaines.

L’ensemble est tout de même plutôt convaincant, très cru, et s’il manque parfois de douceur et de subtilité, ce n’est sans pour autant céder au cynisme facile ou vulgaire : il y a toute une construction de violence et de montée dans l’excès qui sert l’amertume du propos, le dégoût des grosses bottes américaines et l’amusement blessé dont est parcouru le personnage de Malaparte-Mastroianni à la vue de cette jeunesse militaire inconsciente en terre napolitaine (ce qui signifie beaucoup). L’escalade de brutalité trouve son apothéose dans un final quasi baroque, marqué par l’éruption du Vésuve, où Cavani parvient à trouver la mesure parfaite du spectaculaire de fin du monde et de l’observation distanciée, en mêlant le tragique (viol et foules en panique) au burlesque (foi outrée mais récompensée, ironie fataliste, romanesque vicié). C’est un film rare, qui appartient totalement à son époque, et Cavani y démontrait un certain cran.