Cover Lire pour mieux vivre . 2021
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87 livres

créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a environ 1 mois
Les Chansons de Bilitis
7.8

Les Chansons de Bilitis (1894)

Sortie : décembre 1894. Poésie, Érotisme

livre de Pierre Louÿs

the-w-anderer a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

D'une volupté et d'une chaleur incomparables. La langueur a rarement été aussi joliment transcrite. A lire, encore et encore...

Deux de mes poèmes préférés (même si j'ai largement annoté le livre...)

LA CHEVELURE

Il m’a dit : « Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine.

« Je les caressais, et c’étaient les miens ; et nous étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine.

« Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres étaient confondus, que je devenais toi-même ou que tu entrais en moi comme mon songe. »

Quand il eut achevé, il mit doucement ses mains sur mes épaules, et il me regarda d’un regard si tendre, que je baissai les yeux avec un frisson.

-

LE PASSÉ QUI SURVIT

Je laisserai le lit comme elle l’a laissé, défait et rompu, les draps mêlés, afin que la forme de son corps reste empreinte à côté du mien.

Jusqu’à demain je n’irai pas au bain, je ne porterai pas de vêtements et je ne peignerai pas mes cheveux, de peur d’effacer les caresses.

Ce matin, je ne mangerai pas, ni ce soir, et sur mes lèvres je ne mettrai ni rouge ni poudre, afin que son baiser demeure.

Je laisserai les volets clos et je n’ouvrirai pas la porte, de peur que le souvenir resté ne s’en aille avec le vent.

Mémoire d'une dame de cour dans la cité interdite
6.8

Mémoire d'une dame de cour dans la cité interdite

Sortie : 1993 (France). Roman

livre de Jin Yi

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

Il s'agit d'un récit de vie et il fourmille donc d'informations sur la dynastie Qing, le peuple mandchou et le fonctionnement dans la Cité Interdite. Il intéressera uniquement les passionnés et amateurs d'histoire.
Le gynécée de la Cité Interdite… Cet univers féminin, terriblement scripté, oppressant mais si beau, chaque information est délectable, loufoque et si exotique. Un délice d'arpenter les souvenirs de cette dame de cour, dont l'existence aura été si pénible. Cependant la fin est abrupte.

Il va également falloir que je me penche d'avantage sur la Mandchourie. Mais de toute façon la civilisation chinoise est passionnante, comment ne pas l'aimer et comment ne pas vouloir l'étudier?

Un passage merveilleux qui est dans la préface et qui n'a cessé de me plaire depuis sa découverte et qui bien sûr se déroule durant Tang, ma dynastie fétiche:

Vers 780, une jeune dame de cour écrivit ce petit poème: "Depuis que j'entre dans le palais profond, je ne vois plus aucun printemps. J'écris sur la feuille un petit poème, et je l'envoie à mon futur amant." Elle le confia au ruisseau qui traversait le palais [...]. Un jeune lettré, au hasard d'une promenade le long du ruisseau, découvrit le poème. Ses paroles l'émurent tant qu'il attendit tous les jours à côté du cours d'eau [...]. Enfin, quelques jours plus tard, un autre poème de la mystérieuse inconnue glissa vers lui : "La feuille sort de la Cité Interdite avec mon écriture, qui comprendra et répondra à mes sentiments solitaires? Je me plains car je suis moins libre que cette feuille qui flotte et cherche son printemps en chantant." Le fidèle lettré conserva précieusement les poèmes. A cette même époque, et pour la première fois dans l'histoire de la Chine antique, l'empereur reconnut que trop de femmes papillonnaient autour de lui, et laissa partir trois mille dames de cour! C'est ainsi que l'heureux élu et sa poétesse purent se rejoindre et vivre ensemble.

Mercure
6.7

Mercure (1998)

Sortie : 15 septembre 1998. Roman

livre de Amélie Nothomb

the-w-anderer a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Histoires fantastiques du temps jadis
6.9

Histoires fantastiques du temps jadis (2015)

Histoires fantastiques du temps jadis

Sortie : 5 janvier 2015. Conte

livre de Anonyme, Dominique Lavigne-Kurihara et Collectif

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

Pour appréhender correctement un pays et comprendre ses productions il est très important de connaître les récits fondateurs, légendes, contes et classiques de la littérature. C’est pourquoi je cherche toujours à étendre mes connaissances concernant le folklore japonais. Ce livre est très bien en ce sens. Même s' il se destine à un public déjà connaisseur, je le recommande pour ses histoires inédites, notamment concernant les serpents.
A lire à voix haute, le soir bien entendu.

Et comme dirait le conteur:
“Ainsi dit-on qu’il a été rapporté “

La vie est un songe
7.7

La vie est un songe (1635)

(traduction Céline Zins)

La vida es sueño

Sortie : 25 novembre 1982 (France). Théâtre

livre de Pedro Calderón de la Barca

the-w-anderer a mis 9/10.

Annotation :

L'intrigue en miroir est extrêmement réussie. L'histoire aborde le déterminisme de façon ingénieuse, croisant le fatalisme au libre arbitre constamment.

Selon moi les personnages sont vraiment le point fort de cette pièce. Ils sont tous haut en couleurs et profondément humains.
Clairon est mon préféré, absurde et cynique. Il est le valet de Rosaure.
Cette dernière est également excellente, à la fois jeune femme amoureuse et chevaleresse. Elle cherche vengeance et réparation, n'hésitant pas pour cela à se travestir et à voyager. Démarche plutôt moderne pour une pièce du 17e.
Les dialogues sont bons, il y a énormément de citations à tirer du texte. Mais je décide de vous partager ce passage entre l'héroïne et son père:

"Clothalde: Songe que c'est un acte de désespoir.
Rosaure: Un acte d'honneur.
Clothalde: Un acte insensé.
Rosaure: Un acte de vaillance.
Clothalde: Du délire.
Rosaure: De la rage, de la fureur.
Clothalde: En somme, aucun moyen ne s'offre à ta passion aveugle?
Rosaure: Non.
Clothalde: Qui t'aidera?
Rosaure: Moi. "

Ce dialogue est compensé d'anaphores, une de mes figures de style préférées. La pièce insiste beaucoup sur les effets de répétition car ils servent son propos.

Cependant, je n'ai pas été totalement convaincue par la fin, pour la simple et bonne raison que cette ordure d’Astolphe s'en sort à bon compte. (Et c’est beaucoup trop une “happy end” pour me convaincre)

Excellente pièce que j'aimerai voir un jour au théâtre. En tout cas, je relierai avec plaisir Calderón.

Le Parfum
7.8

Le Parfum (1985)

Histoire d'un meurtrier

Das Parfum, die Geschichte eines Mörders

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Patrick Süskind

the-w-anderer a mis 4/10.

Annotation :

Bordel, ce livre j'avais envie de l'aimer. Je pensais rencontrer un récit fascinant qui me tiendrait en haleine, mais non. Suivre les aventures de ce sociopathe a été d'un réel ennui.

Déjà je déteste le style, pourtant j'adore les énumérations, mais là c'était indigeste. Critiquer le style d'un auteur est bien entendu très subjectif, ici je n'y trouve pas ce que je recherche et malgré la foison de descriptions liées aux odeurs je suis restée complètement stoïque.

Je ne trouve pas spécialement l'histoire crue, ni provocante. Et j'ai lutté durant les deux tiers pour ne pas décrocher. A partir de la troisième partie je trouvais le tout déjà plus intéressant, la fin est particulièrement cynique, pourquoi pas, j'ai même plutôt aimé, mais cela ne rattrape pas le reste. Je tiens à dire que la phase dans la montagne a été, pour moi, un supplice.

Sincèrement je pense que toutes les personnes qui n'ont pas apprécié (sur SC en tout cas) ont un point commun: on en attendait trop. Et attendre trop d'une œuvre ce n'est jamais positif.

Le Meurtre d'O-Tsuya
6.8

Le Meurtre d'O-Tsuya (1915)

Sortie : 13 mai 2005 (France). Nouvelle

livre de Junichirō Tanizaki

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

Relecture
Intéressant dans la mesure où la nouvelle est extrêmement cinématographique et se lit avec aisance. Le récit est moralisateur et apporte une vision de la femme complexe.

O-Tsuya et Shinsuke fuient ensemble afin de vivre leur amour.

La femme est ici diabolique et manipulatrice (comme dans énormément d’œuvres japonaises) imposant une image étonnante de fausse-ingénue jouant de ses charmes afin de s’amuser et d’arriver à ses fins. Le jeune homme, lui, commence sa descente aux enfers à cause de l’amour qu’il porte envers cette O-Tsuya.

Le cadre de fonds est unique, il aborde le monde du crime.
Le récit demande néanmoins des clefs de lecture (non présentes dans la version Folio) afin de bien comprendre le cadre. Il faut connaître Edo et la vie dans la capitale. Je pense sincèrement que sans ces dernières on a du mal à se représenter les événements avec justesse.

Si vous aimez les vieux films japonais c’est à lire. D’ailleurs c’est curieux que cette histoire n'ait jamais été adaptée.

Antéchrista
6.2

Antéchrista (2003)

Sortie : 20 août 2003. Roman

livre de Amélie Nothomb

the-w-anderer a mis 5/10.

Annotation :

Ce Nothomb m’intéressait à cause de sa trame principale: l’amitié toxique chez les jeunes filles. (Sans parler de sa superbe couverture dans ma version de Poche, un tableau de Jan Toorop)

Au final ma lecture a été assez moyenne, le récit n’est pas très palpitant et je trouve le style mauvais, Nothomb réemploi constamment le même vocabulaire (le pire étant “auteur de mes jours” qui revient constamment et qui casse le rythme) j’ai été habituée à mieux, donc je suis moi même très surprise de ma critique.
Le tout est assez invraisemblable et manque de consistance, quelques phrases ont malgré tout de l’impact, comme dans chacun de ses livres, en voici quelques unes:

“J’avais de l’amitié une vision sublime: si elle n’était pas Oreste et Pylade, Achille et Patrocle, Montaigne et La Boétie, parce que c'était lui, parce que c'était moi, alors je n'en voulais pas. Si elle laissait place à la moindre bassesse, à la moindre rivalité, à l'ombre, je la repoussais du pied.”

“Je rêvais d'être intégrée, ne fût-ce que pour m'offrir le luxe de me désintégrer ensuite.”

“Malgré mon désir, je n'avais jamais vécu les amitiés grandioses des fillettes de dix ans; au lycée, je n'avais jamais retenu l'attention passionnées d'un professeur. Je n'avais jamais vu s'allumer pour moi, dans l'œil d'autrui, la flamme qui seule console de vivre.”

Antéchrista est loin d’être excellent. Si vous aimez ce thème, le film "Respire" est mieux, qui lui même est basé sur un livre.

Corps et biens
7.6

Corps et biens (1930)

Sortie : 1930 (France). Poésie

livre de Robert Desnos

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

La rencontre avec le poète est parfois un exercice difficile, on aime rarement se plonger dans des sensibilités qui ne sont pas les nôtres, surtout en poésie. Malheureusement Desnos et moi avons trop peu de points communs pour que je puisse me perdre à corps perdu dans ses vers. La première partie m’a par exemple complètement laissé de marbre…

Un de mes préférés (comme beaucoup de monde, notez que j’aime également “De la rose de marbre à la rose de fer” et “Chant du ciel”)

J’ai tant rêvé de toi

“J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.”

Le Maître de Santiago
7.1

Le Maître de Santiago (1948)

Sortie : 1948 (France). Théâtre

livre de Henry de Montherlant

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

Montherlant fait preuve d’une intelligence rare et parle ouvertement du problème colonial. Il est très surprenant qu’en 47, un dramaturge aborde la question de façon si frontale. Le récit se déroule des années après la reconquête de Grenade, anciennement peuplée par les musulmans. On comprend donc aisément ce choix.

“Nous perdrons les Indes. Les colonies sont faites pour être perdues. Elles naissent avec la croix de mort au front.”

Cela permet également à Montherlant de parler de la foi chrétienne, des codes de la chevalerie et des vertus chevaleresques.
Don Alvaro, le personnage principal, est un vieil homme orgueilleux, animé par une piété chrétienne, cherchant par tous les moyens la grâce.
Sa fille, elle, représente une autre forme, certainement plus réaliste de la bonne croyante, là où elle est bonté, il est égoïsme. Don Bernal agit, lui, comme opposé et propose une dynamique intéressante par son caractère plus terrestre.

“Les valeurs nobles, à la fin, sont toujours vaincues.”

Les dialogues sont très bien choisis, malins et intrigants:
“Tant de choses ne valent pas d'être dites. Et tant de gens ne valent pas que les autres choses leur soient dites. Cela fait beaucoup de silence.”

La pièce est intéressante, mais finalement assez complexe à la lecture, on préfèrera sans doute la voir jouée.

Lettre d'une inconnue
8.1

Lettre d'une inconnue (1922)

(traduction Alzir Hella)

Brief einer Unbekannten

Sortie : 1927 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

the-w-anderer a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

En Livre audio : https://www.youtube.com/watch?v=PE0hU7d7z2c
(Première expérience avec un livre audio d’ailleurs)

Selon moi la longueur est parfaite, tout est dit tout en laissant assez de marge au lecteur pour se construire son point de vue. Voilà une nouvelle réussie (ce qui est malheureusement dur à trouver, l’air de rien). Malgré tout, j’aimerai le lire pour lui accorder plus de crédit.
Zweig me semble être un homme de goût qui partage une vision assez symétrique à la mienne, je confirmerai rapidement la chose car je pense pouvoir puiser dans son écriture.

Voici donc la longue lettre d’une femme maladivement amoureuse, éconduite et désespérée. Mais ici, il faut surtout noter que ce sont les mots de jeunes femmes qui ont eu le cœur piétiné, qu’on y évoque la grâce de leurs idylles inassouvies, l’effroi que leurs sentiments passionnés ont provoqué. Et soulignons par-dessus tout l’éclair de génie de la part d’un auteur qui a si bien sondé le cœur des femmes.

Incontournable surtout si on aime les bad ending. (comme moi)

Et comment ne pas finir sur un extrait…
« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. »

La Citadelle des ombres 1 - L'Assassin royal, intégrale 1
8.3

La Citadelle des ombres 1 - L'Assassin royal, intégrale 1

Sortie : mars 2000 (France). Roman

livre de Robin Hobb (Megan Lindholm)

the-w-anderer a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lecture de la partie 3 (Correspond au tome 3 : La nef du crépuscule)

En ce mois de février je referme ce pavé de 1100p.
Commencé il y a plus de six mois, j’ai traîné ma lecture pour maintes raisons. Ayant adoré la nouvelle "Le prince bâtard” et le tome 1, je me retenais de lire le tome 2, que certes j’ai dévoré mais qui ne m’avait pas entièrement convaincue (malgré l'apparition d’Oeil-de-Nuit qui est charmant). Le tome 3 me semblait alors assez antipathique, après la lecture des premiers chapitres je n’avais franchement pas envie d’y retourner.
(Je crois que les batailles navales c’est pas trop mon truc, ce qui promet pour Les aventuriers de la mer… Moi je préfère les intrigues de cours, l’élaboration de plan et les descriptions de Hobb...)
Mais finalement j’ai lu plus des 3/4 en moins d’une semaine, tellement j’étais prise par les événements. La fin de ce tome 3 est vraiment “page turner''. Et je tiens à dire que j’aime particulièrement les nuances de gris qui teintent les personnages principaux. (Hormis Royal qui est juste un connard égocentrique).

Ce qui est extraordinaire avec cet univers, c’est la place qui l’occupe après la lecture. On veut constamment y retourner et voyager. Qualité indispensable à un long cycle de fantasy évidemment.

Burrich est certainement mon personnage favori (Vérité fût mon premier coup de cœur, mais je le trouve assez fade dans la longueur)

Fitz quant à lui est un excellent personnage principal. Ce héros introverti, déchiré entre loyauté et convictions. Malmené par une enfance et une adolescence proscrite, par le pouvoir, l’amour et le sort de sa nation. Excessivement bien écrit, surtout quand on repense à ses déboires mélancoliques et ses erreurs dépeintes avec justesse par la plume de Hobb.

(suite en commentaire)

Les Défenseurs d'Ulthuan
6.4

Les Défenseurs d'Ulthuan

Defenders of Ulthuan

Sortie : 4 avril 2008 (France). Roman, Fantasy

livre de Graham McNeill

the-w-anderer a mis 5/10.

Annotation :

Dans un premier temps j’étais très heureuse de retrouver l’univers Warhammer car ma classe préférée est celle des hauts elfes. Et c’est justement sur les terres d’Ulthuan que se déroule cette duologie.

Mais vite arrive un premier problème:

Les personnages sont tous mauvais et clichés, c’est un véritable festival:
Les deux frères amoureux d’une même fille, un est corrompu, le second est un connard froid et arrogant. La fille en question est complètement quelconque. On a aussi le droit à la hippie et à son père cinglé. Au gentil sergent apprécié de toute l’armée et à son némésis bourgeois. Et je ne vous parle même pas de la maître d’armes parfaite et frigide...

Pour moi il y a également un sérieux problème de sexisme, qu’il soit féminin ou masculin. On a le droit à des réflexions de la part des hauts elfes du type:

“Oh mais c’est un homme il ne peut pas comprendre”
“C’est bien un truc de fille”

Pardon? On parle de personnages à la durée de vie quasi infinie, avec des intérêts poussés concernant les arts et la civilisation. Ce genre de dialogue est invraisemblable et complètement incohérent.

Il y a aussi un côté profondément ridicule et manichéen (ok on est dans Warhammer mais justement pour qu’une histoire autours des elfes soit intéressante, il est important de faire quelque chose de gris). Je vous passe les superlatifs concernant les méchants druchiis, le champ lexical tout autour est tellement ridicule que je ne savais pas si je devais rire ou pleurer durant ma lecture. Il n'empêche que j’ai préféré les passages sur ces derniers, au moins il n’était pas question de sentir les fleurs sur le chemin toutes les trois pages.

Le livre se lit rapidement mais on y croise énormément de coquilles.
(Notez également la carte qui n’indique même pas certains endroits clés de l’histoire...)

Si vous n'êtes pas fan de la licence, aucun intérêt mais ça peut éventuellement être intéressant si vous faites du jdr dans l’univers à cause des nombreuses descriptions.

On verra si je suis toujours aussi salée concernant le T2

La fille du fleuve

La fille du fleuve

Sortie : octobre 2006 (France). Roman, Recueil de nouvelles

livre de Nguyen Quang Thieu

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

"La fille du fleuve" est un recueil de nouvelles de plusieurs auteurs vietnamiens. Il est donc compliqué de lui attribuer une note finale, l’appréciation variant d’une plume et d’un sujet à l’autre.
Mais ce recueil permet d’obtenir un spectre assez large et dynamique sur la culture vietnamienne pre-2000 où les ravages de la guerre et de la colonisation ont laissé de lourdes séquelles.

Ma nouvelle préférée est la première, qui donne son nom au livre.
La fille du fleuve est d’une certaine façon une revisite de la petite sirène.
L’histoire d’un amour impossible entre une jeune fille vivant sur sa barque, rêvant de la berge et de son homologue masculin, fils de la terre. Ils vivent leur idylle dans un parterre de fleurs de moutardes, illuminé par la lune.

Quelques autres nouvelles présentent de l’intérêt, notamment “La plume ensanglantée" récit historique, s’inscrivant dans le passé du pays et “Le jour où l’ours a mangé la lune” nouvelle prenant place après la guerre du Viêt Nam. D’autres sont intéressantes, présentant le quotidien de protagonistes blasés, désabusés.

La lecture n’est pas indispensable mais se révèle être intéressante d’un point de vue sociologique.

Spring Essence: The Poetry of Hô Xuân Huong

Spring Essence: The Poetry of Hô Xuân Huong

Poésie

livre de Hô-Xuân-Huong

the-w-anderer a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La plume exquise de la poétesse Hồ Xuân Hương mettait en lumière de façon étonnante et profondément moderne l'asservissement des femmes vietnamiennes durant le 18e siècle.

Entre les lignes et grâce à la phonétique de la langue, elle transmettait son dégout du mariage, ses idées politiques et religieuses.
Mais Hồ Xuân Hương c'est aussi une femme qui ose parler de sexualité et ce dans une société où le sujet est tabou, encore plus quand on est une femme.
D'une justesse incroyable, sa poésie est tantôt touchante, tantôt révélatrice, tantôt envoutante et tantôt mélancolique. Il est indispensable de relire les vers à plusieurs reprises, afin de comprendre les double sens mais aussi d'apprécier les satires.

Je ne peux que vous recommander cet ouvrage, déjà car notre point de vue sur la littérature vietnamienne est catastrophique malgré le lien qui a uni nos deux nations. Mais aussi car Hồ Xuân Hương est une personnalité qu'il faut découvrir, pour son intelligence, sa complexité et l'apport certain qu'elle a fait à l'art vietnamien.

Notez également la présence de ce poème rédigé par le traducteur américain John Balaban en hommage à sa muse. Preuve qu'encore aujourd'hui à l'autre bout du monde, elle n'est pas oubliée et ça c'est beau.

"Under the American sky, still dreaming.
The riverhead runs on, cloudy feelings float away.
Over the years, a clever voice echoes.
On the river, an old moon recalls Xuân Hương"

Infinitude

Infinitude (1992)

Poèmes

Sortie : 29 mai 1992. Poésie

livre de Ghislaine du Teilleul

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

La première chose qui frappe dans la poésie de Ghislaine du Teilleul, selon moi, c'est son imagerie, qui rappelle d'avantage celle de la poésie d'Extrême-Orient que celle de la France. La nature y est narratrice, les saisons souveraines et le tout est baigné d'un sentiment de nostalgie.

La poétesse embellie le Grand-Est, ses Vosges, ses mirabelliers, collines et forêts. Mais aussi ses cours d'eaux, superbement dépeins via quelques vers.

Il est intéressant de souligner également les poèmes traitant de la maternité. Choses au final plutôt rare, car les enfants (et la mère) sont rarement des sujets principaux dans l'art poétique, on préfère les amoureux, les vieux sages ou les désespérés.

La langue est fleurie, illustratrice de moments forts et beaux. Embellisseuse de sentiments passés et exaltés. Une longue fresque qui revient fouiller et déterrer de vieux souvenirs, d'un temps passé et qui font rêver.
Un beau voyage en somme.

Qui est le plus grand ?
7.1

Qui est le plus grand ? (1895)

Takekurabe (たけくらべ)

Sortie : 1895. Roman

livre de Ichiyô Higuchi

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

Quand on commence à chercher des femmes importantes dans la sphère artistique du Japon du 19e on se heurte rapidement à une réalité. Peu de femmes ont eu le luxe d’écrire et encore plus de se faire traduire. Je n’évoquerai même pas les productions de l’ère Edo, qui si elles existent, ne sont jamais arrivées chez nous. Cependant Meiji a apporté une vague d’artistes, traduites principalement en anglais (“The Modern Murasaki – Writing by Women of Meiji Japan” et “Women Writers of Meiji and Taisho Japan: Their Lives, Works and Critical Reception” pour les références). La seule autrice qui a réussi à se faire connaître en France reste Ichiyô Higuchi. Jeune femme qui décède d’une tuberculose foudroyante à l’âge de 24 ans. De ce fait sa production reste limitée mais suffisamment conséquente et impactante pour que son nom soit arrivé jusqu'à nous.

Via “Qui est le plus grand?”, Ichiyô Higuchi nous offre un point de vue complet et authentique sur la vie de quartier de Tokyo où l’occidentalisation se met peu à peu en marche mais où l’esprit japonais demeure. Les personnages (dont la situation est souvent précaire) vivent au rythme de Yoshiwara qui se trouve juste à côté. Le quartier des plaisirs est démystifié et humanisé.

Le récit tourne uniquement autour des enfants vivant dans cette zone. On appréciera leurs écueils et sentiments gauches.
Il est assez impressionnant de constater que l’histoire se penche de façon assez complexe sur les premières menstruations et l’impact qu’elles ont dans cette société.

Je recommande aux connaisseurs et aux amateurs du Japon. Les clefs de lecture sont assez ardues et c’est avant tout une histoire sociologique.

La Saison de l'ombre
7

La Saison de l'ombre (2013)

Sortie : 2 septembre 2013 (France). Roman

livre de Léonora Miano

the-w-anderer a mis 5/10.

Annotation :

Lu dans le cadre du club de lecture de @madameirmalit sur IG (vidéo récapitulative dans ses IGTV)

Premier point horrible: il m'a crée une panne de lecture. Fait qui joue forcément en sa défaveur puisque inévitablement j'associe les deux.
Bref.

Si l'idée de base de "La saison de l'ombre" est intéressante et me permettait à titre personnel d'obtenir des connaissances ethnologiques sur l'Afrique subsaharienne, la réalité est tout autre. Je ne suis à aucun moment rentrée dans le roman (que j'ai emprunté bien heureusement). Les sujets abordés restent puissants: arrivée des colons, pratiques dans les tribus…

Le style est à l'opposé complet de ce que je recherche et apprécie dans la littérature, je le trouve carrément hautain à certain moment. Les phrases sont courtes et cassent bien trop souvent l'action. Je ne m'étendrai pas sur la construction des dialogues qui sont simplement rédigés en italique, sans tiret. Cela n'apporte rien au récit et met en déroute le lecteur.

Deux points positifs néanmoins: La mythologie et la maternité.

L'Entrave
6.9

L'Entrave (1913)

Sortie : 1913 (France). Roman

livre de Colette

the-w-anderer a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Grande première avec l’autrice de talent.

Premier point non négligeable: le style est excellent.

En effet, la plume de Colette est charmante, vive et pointilleuse. C’est la première fois que je trouve une écriture aussi juste en matière de psychologie féminine. Les émotions sont fortes et vraies, ce qui me fait penser que l’autrice se base avant tout sur ses propres expériences. Une véracité ressort donc des lignes, ce qui participe à la beauté des images créées.
J’ai paraphé de nombreux endroits, principalement ceux qui ont fait résonner des choses en moi.

La complexité du sentiment amoureux a toute sa place dans le récit. Mais le texte prend ses racines avant tout dans la solitude et la mélancolie. Sujets maîtrisés par Colette, mais dont la construction laisse à désirer, un sentiment d’inachevé en ressort. La nouvelle a des airs de journaux intimes gribouillés.

“L’entrave” n’est donc pas excellent mais Colette l’est.

Poupées de Chine
7.2

Poupées de Chine

Sortie : 7 mai 2014 (France). Roman

livre de Lisa See

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

L'histoire débute dans les années 30 à San Francisco dans le China Town où trois jeunes femmes se rencontrent au détour d'un cabaret.

Les trois héroïnes se partagent le point de vue durant l'entièreté du récit, ce qui fait de "Poupées de Chine" un roman polyphonique. Malgré tout Grâce, la première qui apparaît dans l'histoire, reste la pivot central du trio, mais également de la narration. On peut regretter les niveaux et tics de langage qui ne sont, selon moi, pas assez marqués.

Le principal sujet de ce roman est l'amitié, thème récurrent chez Lisa See, qui l'aborde toujours avec véracité. Si certaines fictions aiment romancer les relations humaines et les décomplexifier, ici ce n’est pas le cas.
Au contraire l'autrice met en avant beaucoup d’aspects différents de cette dernière: le côté fusionnel, les promesses, la déception, la vengeance, la toxicité, les quiproquos, la jalousie, le changement, la communication…

Poupées de Chine est également un roman qui parle du racisme et des stéréotypes xénophobes liés à ce dernier.

D’autres sujets sont abordés: la poursuite de ses rêves, la reconstruction, la société patriarcale sino-américaine (et japonaise), les violences physiques et psychologiques, les traumatismes de guerre, l’homosexualité… Autant d’idées et de points de vue différents qui en font un roman très complet et accessible à tous.

Je tiens à souligner comme toujours, les recherches effectuées. Lisa See excelle en la matière et prouve dans son roman le soin qu’elle apporte aux détails afin de créer une œuvre historiquement cohérente. L'autrice possède en plus de cela un talent inné pour faire voyager son lecteur à travers les mœurs chinoises.

Un beau roman, peut-être trop court mais qui se lit sans difficulté.

La Symphonie pastorale
6.9

La Symphonie pastorale (1919)

Sortie : 1919 (France). Roman

livre de André Gide

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

Si “La symphonie pastorale” n’est pas une nouvelle que je trouve exceptionnelle et indispensable, j’y est tout de même décelé un certain génie, notamment dans ses thématiques.

Le récit est écrit sous forme de cahiers, par le narrateur, un pasteur. Ce dernier retrace sa descente aux enfers où piété et amour se sont doucement confondus.

Gertrude, le personnage féminin principal, est intéressante notamment car elle combine malice et naïveté mais également la position de l’aveugle. La cécité est un sujet complexe, peu exploité, en occident. Ce dernier permet de mettre en avant les sens et de réexploiter la sensibilité de l’humain sous un angle différent.
Le passage où elle décrit la nature par exemple m’a émue.

Le texte de Gide me semble cependant trop court, j’aurais apprécié un développement plus approfondi.
Malgré cela, la nouvelle donne étrangement envie d’écrire. Bien que je n’ai pas trouvé le style particulièrement marquant.

Hâte de poursuivre ma découverte de l'œuvre de Gide.

Épouses et Concubines
7.9

Épouses et Concubines

妻妾成群

Sortie : 1990 (France). Roman

livre de Su Tong

the-w-anderer a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je m’étais fixé comme objectif en 2021 de découvrir l'œuvre de Tong Su. Et c’est donc avec “Epouses et Concubines” que je débute mon périple.

Il s’agit d’un livre d’ambiance qui entraîne le lecteur dans un tourbillon oppressant. On y suit Songlian, jeune femme fraichement mariée à un homme ayant déjà trois épouses. Elle découvre alors les plaisirs et supplices de sa condition de concubine. Mais surtout un énorme fossé de solitude.

L’écriture de Tong Su est à la fois minimaliste et délicate. On entre via ses descriptions courtes mais concises dans cet univers clos où les apparences occupent une place prépondérante.
Le style de l’auteur laisse beaucoup de sous-entendus planés (à l’instar du roman “Soie” de Baricco en moins froid). Les scènes de sexe sont également bien écrites, ce qui est vraiment soulignable.

Mystères et doutes planent dans les guerres intestines de cette résidence. L’héroïne porte avec brio ce récit amer, tentant de vivre (voir survivre) dans cette atmosphère étouffante.

Le film que j’ai visionné il y a quelques années a cependant énormément parasité ma vision des évènements (mais j’aimerai le revoir prochainement). Les OST sont brillants.

A lire d’une traite, en buvant un thé ou du baijiu (plutôt du baiju!).

Capitale de la douleur
7.7

Capitale de la douleur (1926)

suivi de L'Amour la poésie

Sortie : 1926 (France). Poésie

livre de Paul Éluard

the-w-anderer a mis 8/10.

Annotation :

Le surréalisme est, dans les beaux-arts, un mouvement artistique avec lequel je n’ai aucune affinité. J’ignore mon rapport avec ce dernier dans le roman mais ayant lu “Corps et biens” en février, j’avais déjà un avis concernant la poésie.

Si effectivement la partie “Capitale de la douleur” m’a complètement laissé de marbre, malgré quelques jolies tournures, “L’amour la poésie” est plus à mon goût. J’y ai décelé beaucoup de choses et en particulier ce passage, absolument poignant, qui m'aura arraché des larmes. Une très jolie rencontre.

"Défense de savoir

I
Ma présence n’est pas ici.
Je suis habillé de moi-même.
Il n’y a pas de planète qui tienne
La clarté existe sans moi.

Née de ma main sur mes yeux
Et me détournant de ma voie
L’ombre m’empêche de marcher
Sur ma couronne d’univers,
Dans le grand miroir habitable,
Miroir brisé, mouvant, inverse
Où l’habitude et la surprise
Créent l’ennui à tour de rôle.

II
L’aventure est pendue au cou de son rival
L’amour dont le regard se retrouve ou s’égare
Sur les places des yeux désertes ou peuplées.

Toutes les aventures de la face humaine,
Cris sans échos, signes de mort, temps hors mémoire,
Tant de beaux visages, si beaux
Que les larmes les cachent,
Tant d’yeux aussi sûrs de leur nuit
Que des amants mourant ensemble,
Tant de baisers sous roche et tant d’eau sans nuages,
Apparitions surgies d’absences éternelles,
Tout était digne d’être aimé,
Les trésors sont des murs et leur ombre est aveugle
Et l’amour est au monde pour l’oubli du monde."

L'Île des esclaves
6.6

L'Île des esclaves (1725)

Sortie : 1725 (France). Théâtre

livre de Marivaux

the-w-anderer a mis 5/10.

Annotation :

Cette pièce est sans aucun doute beaucoup trop courte et est difficile à apprécier pour cette même raison. Néanmoins le caractère sulfureux et cynique de Marivaux me plait.

J’espère trouver dans son œuvre une pièce plus complète.

Les Dames de Kimoto
7.7

Les Dames de Kimoto (1959)

Kinokawa

Sortie : mars 1998 (France). Roman

livre de Sawako Ariyoshi

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

(Lu dans le cadre d'une lecture commune avec @madameirmalit)

Emballée par l'idée de voyager durant Meiji, Taisho et Showa en compagnie de femmes japonaises, l'idée de lire "Les dames de Kimoto" me rendait plutôt enthousiaste.

Si le concept semble plutôt basique et l'est, la dualité conservatisme/progressisme du Japon du début du XXe est plutôt bien retranscrite. L'idée de la yamato nadeshiko est également abordée.
Pour un lecteur n'ayant que peu de connaissances historiques, le texte permettra d'éclaircir certains paradoxes japonais. La vraie force du récit étant donc son accessibilité.

Ce roman souffre néanmoins de plusieurs soucis, tous liés au même défaut:
Les sauts temporels.

Si vous pensiez que GoT était le king dans la matière, que nenni. "Les dames de Kimoto" excelle en la matière. Sur 300p nous enchaînons mariages, deuils, changements sociaux, d'époques et autres péripéties sans aucun temps mort.

En résulte un nouveau problème: l'implication émotionnelle. Cette dernière est évidemment pauvre, voire inexistante. Si la mentalité nippone est déjà compliquée à aborder pour un lectorat occidentale, ici le manque d'approfondissements et de détails sur les agissements n'aident pas. On se retrouve donc avec une liste longue comme le bras, de personnages, certes existants, mais très souvent juste nommés et dont les actes sont cités, mais jamais expliqués.

Plutôt fade selon moi, vous l'aurez compris.

La Fausse Suivante
6.9

La Fausse Suivante

Sortie : 1724 (France). Essai, Théâtre

livre de Marivaux

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

"La fausse suivante" est une pièce qui m'intéressait particulièrement. Le pitch de base me parlait: travestissement, intrigue, revanche amoureuse...

Mais la sauce n'a pas pris, une fois de plus. La dramaturgie de Marivaux est à la fois brillante à cause de son cynisme prépondérant, mais également assommante. Les ficelles scénaristiques sont loin d'être invisibles et l'ennuie gagne rapidement.

Encore une fois, il me semble que voir la pièce jouée (voir réinterprétée dans d'autres formats: cinéma, série...) serait plus intéressant.

Dispensable.

Visages fardés
6.9

Visages fardés

livre de Su Tong

the-w-anderer a mis 7/10.

Annotation :

Visages fardés se compose de deux nouvelles: "Visages fardés" qui donne son nom au recueil et de "La Vie des femmes". Les deux ayant pour thématique le destin de femmes dans la Chine communiste de Mao.

Si "Visages fardés" s'attarde sur la reconversion professionnelle de deux amies prostituées et de leurs amours respectifs, "La vie des femmes" est une courte saga familiale, retraçant le parcours de trois femmes. Assez aisément, on y trouve des similarités et la redondance de thématiques chères à Tong Su. Les héroïnes sont tiraillées dans cette Chine prônant une prétendue égalité des sexes. L'envers du décors, beaucoup moins glorieux, combine une forme de prédestination, de précarité et de misère psychologique.

A titre personnel j'ai préféré la première nouvelle.

L'écriture cinématographique de l'auteur enrichit avec brillo sa vision contemporaine de la société chinoise.
Critique, acerbe, mais toujours juste, Tong Su brille dans sa mise en lumière perçante de la condition féminine.

Itinéraire d'enfance
7.5

Itinéraire d'enfance

Sortie : 2007 (France). Roman

livre de Thu Huong Duong

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

C'est un rendez-vous manqué. Si ma folie vietnamienne est loin d'être terminée je peine à débusquer des œuvres marquantes et emprunte de cette douce folie que j'aime tant. "Itinéraires d'enfance" est un roman bucolique, une véritable ode à l'enfance et aux aventures qui forment les adultes de demain.

Si le récit n'est pas fondamentalement mauvais, il est plutôt oubliable. J'imagine qu'il peut apporter des informations culturelles, mais rien que je ne connaisse déjà, malheureusement. Dommage, dommage.

Je recommanderai plutôt cette lecture à un jeune public ,car la langue est simple et l'histoire accessible.

Malgré cet avis mitigé, j'aimerai lire "Terre des oublis" de la même autrice, qui saura sans doute mieux me convaincre et que j'ai dans ma PAL.

Caresser le velours
7.8

Caresser le velours (1998)

Tipping the Velvet

Sortie : 2001 (France). Roman

livre de Sarah Waters

the-w-anderer a mis 9/10.

Annotation :

Un réel plaisir, à la fois acidulé et coloré pourtant loin d'être exempt de défaut!

La logique voudrait que je lui préfère "Du bout des doigts", dont mon film préféré tire son origine. Mais dès les premiers chapitres j'ai senti un émoi beaucoup plus large me traverser, certainement dû à sa protagoniste que je trouve très touchante.

Nancy est une jeune écaillère d'huîtres, fraîchement amourachée d'une artiste de music-hall travestie. Pucelle et rêveuse, elle touche le bonheur pour mieux connaître la chute. S'ensuit une longue ballade à travers l'horreur londonienne.

Cette plongée dans la psyché lesbienne, décrit avec sensibilité l'exil et le deuil amoureux. Le récit est empathique et on s'attache réellement à cette ex fleur bleue dont les pétales ont été arrachés.

Ce livre sera sans aucun doute trop érotique pour certains lecteurs. Si dans "Du bout des doigts" les scènes charnels sont existantes, mais jamais dans l'excès, ici les sens font loi et l'autrice décrit avec soin la sexualité de ses personnages.
(Mon passage favori est l'arc de Diana. Réel huis clos nauséabond, luxurieux, profondément saphique et sadien. Difficile d'y résister.)

On peut noter que Sarah Waters joue intelligemment avec les symboles, si le nom du livre est déjà en lui-même plutôt équivoque, l'image des huîtres l'est également. Quelques jolies comparaisons se glissent ici et là, laissant derrière elles, songeries et beauté.

Il manque peut-être une sous intrigue plus élaborée, qui aurait garnis davantage cette aventure, mais il n'empêche que, même sans cela, le roman reste charmant et se lit extrêmement bien.

Un grand oui, en étant averti, bien entendu.

Femmes slaves

Femmes slaves

Dix nouvelles

Sortie : 25 janvier 2013 (France). Recueil de nouvelles

livre de Leopold von Sacher-Masoch

the-w-anderer a mis 6/10.

Annotation :

Le récit de Masoch est sans saveur. « La Vénus à la fourrure » m’avait déjà laissé plutôt perplexe, ici mon constat est identique.

Assez convenu, l’auteur préfère dépeindre ses fantasmes plutôt que d’intriguer son lectorat. Je ne retiens de ce recueil qu’une nouvelle, sorte de réécriture de « Roméo et Juliette » version slave.

Si on a tendance à mettre en parallèle le travail de Masoch et de Sade (car ils ont tous les deux laissés leurs noms dans le dictionnaire), c’est avec une vive conviction que je clame ici préférer Sade, dont le style bien plus viscérale, bien plus romanesque et quelque part bien plus tangible me plait davantage.

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