Lire pour mieux vivre . 2024

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Ouvrage bilingue, chose finalement rare dans le paysage du roman étranger. Ma nouvelle préférée est celle de Kan Kikuchi que je découvrais via ce texte.

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La fin est excellente, petite longueur sur le milieu. J'ai beaucoup d'affection pour Pär Lagerkvist. J'aimerai bien lire La Sibylle ou/et Contes Cruels plus tard dans l'année.

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C'est l'année du dragon, donc.
"Dans l'antiquité un certain Monsieur Ye vénérait tellement les dragons qu'il en avait fait représenter partout chez lui. Ému de sa dévotion, un dragon décida un jour de lui apparaitre en vrai pour l'en récompenser ; mais au lieu d'en être content, le dévot en fut terrorisé. Cet incident donna lieu à un proverbe, "c'est l'amour de Monsieur Ye pour les dragons", ce qui signifie que l'on préfère l'image à la réalité." ♡

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Très confus et fin abrupte.

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"On peut être bouddhiste sans le savoir et il est inutile de partir chercher en Inde ou en Chine si l'on ne sait pas trouver partout la beauté du monde, dont la prise de conscience est un chemin pour purifier son cœur."

Merci.

Excellent ouvrage pour comprendre les principes fondamentaux de l'art chinois (et par extension ceux des pays avoisinant) par le prisme de la religion/croyance.

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La nouvelle de Katai Tayama m'a cloué au sol. Auteur nippon inconnu dont la vie est un roman (il apprend à lire au fond d'une libraire à 9 ans).
La nouvelle "Ki-lin" de Tanizaki était intéressante et m'a évoqué "La complainte de la sirène".
Assez perplexe concernant Ranpo et Kafû, drôle de choix de textes en plus d'être très peu abordables.

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C'est simple, j'ai pleuré tout le long. Cet homme partage un peu trop mon sentiment du Japon et mes vagues à l'âme. Comme un reflet brisé ramassé durant la lecture.
Puis-je espérer un jour écrire aussi bien.

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J'adore boire, pire, j'aime l'art de bien boire. Le thé n'est qu'un des nombreux ponts qui me lie à cette passion.
Je découvre les charmes discrets de la voie du thé, car comme toutes activités similaires elle demande un certain savoir en plus de cultiver une attitude. J'aime cette fausse spontanéité chinoise, bien plus que le sadô japonais.

Ci-dessous un plan de table pour bien déguster :
https://ibb.co/LZmhp4t

(Je suis à la recherche d'une belle théière Yixing...)

Ouvrage de qualité, dictionnaire ludique pour bien cerner la discipline

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Immense incompréhension.

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Ce court essai se résume à son incipit : "Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie ne soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux."

Fin 2022, début 2023 je soulevais ce problème de croyance dans ma vie et dans celle des gens qui m'entourent. Le nihilisme est un fléau. A vous de trouver la porte de sortie. Croire est d'une importance capitale, j'en parle souvent avec mes amies. Se laisser guider par le hasard, par les petites joies, le fugace et remplir son organe du bel éphémère lorsqu'il apparait. On se dit souvent "Tu laves mon âme et remplit mon cœur d’émoi". C'est si vrai et si nécessaire, le monde est trop dur sinon. Il faut se consoler auprès de nos âmes sœurs.

“En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l'apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n'atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d'un souffle de vent dans la cime d'un arbre, je me dépêche de m'emparer de ma victime.”

Plus que triste, je trouve ça beau et nimbé d’espoir. C’est les larmes d’un enfant perdu, on a terriblement envie de lui tendre la main, de lui dire que tout ira bien et que la vie est si douce parfois.

"Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots
que puisse imaginer mon cerveau. Étant donné que je cherche à m'assurer que ma vie n'est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l'offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature - je ne désire que ce que je n'aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde."

Et j'épingle ici un extrait du poème Le cœur riant de Charles Bukowski pour dissiper les ombres !
"be on the watch.
there are ways out.
there is a light somewhere.
it may not be much light but
it beats the darkness.
be on the watch.
the gods will offer you chances.
know them.
take them.
you can’t beat death but
you can beat death in life, sometimes.
and the more often you learn to do it,
the more light there will be."

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Lu d’une traite, état boulimique. Mon Cioran préféré, sans l’ombre d’un doute.

“Je ne me pardonne pas d’être né. C’est comme si, en m’insinuant dans ce monde, j’avais profané un mystère, trahi quelque engagement de taille, commis une faute d’une gravité sans nom.”

“Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m’oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l’équilibre du monde.”

“Je sentis, en cet après - midi de mon enfance, qu’un événement très grave venait de se produire. Ce fut mon premier éveil, le premier indice, le signe avant - coureur de la conscience. Jusqu’alors je n’avais été qu’un être . À partir de ce moment, j’étais plus et moins que cela. Chaque moi commence par une fêlure et une révélation.”

“Le même sentiment d’inappartenance, de jeu inutile, où que j’aille : je feins de m’intéresser à ce qui ne m’importe guère, je me trémousse par automatisme ou par charité sans jamais être dans le coup, sans jamais être quelque part. Ce qui m’attire est ailleurs, et cet ailleurs je ne sais ce qu’il est.”

“Distribuer des coups dont aucun ne porte, attaquer tout le monde sans que personne s’en aperçoive, lancer des flèches dont on est seul à recevoir le poison !”

“Règle d’or : laisser une image incomplète de soi…”

“Je rêve d’un confesseur idéal, à qui tout dire, tout avouer, je rêve d’un saint blasé.”

+ Les passages à propos de l’art et de l’écriture sont sublimes.

Il est vraiment indispensable de régler ce problème fondamental de naissance. Offrez-vous le luxe de vivre. C’est un mal nécessaire. Tant de colère, de saleté, un manteau nauséabond qui fait de nous des êtres transparents. Et pourtant… si beaux en dessous, des petites lumières pâles, les yeux toujours vers le haut, vers le rêve !
Je conclus ceci avec la ferme conviction que ce n'est pas un inconvénient d'être né. Et c’est sans aucun doute la plus belle chose à dire.

Annotation :

Je repense sans cesse à sa nouvelle où une jeune fille se fait disséquer (texte qui m'avait donné la nausée). Alors je cherche de nouveau cette bizarrerie chez l'auteur.

Ici on cumule la campagne, le secret et l'enfance. Trio gagnant ! C'était vraiment bien pour son format.

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Je suis obnubilée par le contraste entre lumière et ombre, surtout chez les individus. De ces tempéraments solaires et nocturnes...

"Comme la lune en passant devant le soleil l’obscurcit, ma pensée en passant devant la vôtre l’éclipsera, mon âme portera sur la vôtre une ombre dont elle ne guérira pas et que le temps lui - même ne pourra pas effacer. De même que le croissant noir aveugle et ne se peut contempler sans dommages, quiconque assistera en ces pages à l’éclipse de la beauté en sera à jamais assombri, quiconque contemplera en ces phrases la face maudite de la beauté en sera à jamais affecté."

"N’ayant pas droit à la lumière je me noircirai davantage, je détournerai sur moi les ténèbres, afin, mon âme ayant bu toute l’ombre, que la beauté en soit lavée et qu’elle resplendisse davantage : je sais que ses marbres seront plus éclatants, ses jardins plus parfumés si je demeure loin d’elle, car la laideur n’est que la beauté profanée… "

"Je serai la Nuit qui par contraste met en valeur ses roses de lumière, et qui fait chanter ses couleurs si pures qu’elles échappent pour toujours à la mort, et sans quoi elle ne serait pas… Ne pouvant vivre pour l’unique chose qui vaille la peine d’être vécue — pour la Beauté — , je mourrai donc pour elle pour que ma vie, arrachée à la mort au prix de ma vie elle - même, de l’unique façon qui m’est permise, lui soit pourtant dédiée…"

De grâce plus de lumière, pour que mon obscur s'étende !
A lire, d'urgence.
(et puis j'adore l'histoire derrière le texte.)

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Très intéressée par le symbolisme derrière la flore, beaucoup moins par les multiples grottes.
Très pointu, je me suis sentie stupide à de nombreux moments.

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Dans la lignée de ce que je souhaite offrir à la littérature, très bon pour un premier roman, peut-être un peu long.

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“Devenir poète après avoir été poème, quelle déchéance ! Écrire pour dire que je ne devrais pas écrire, quel exploit !”

A coupler avec Sombre printemps pour une pathétique psychanalyse. Nymphette exquise aux yeux tristes et à la jupe courte. Boudeuse, mais toujours amoureuse. Un de ces textes échos ou reflets, loin d’être agréable. Traces d'eyeliner et odeurs de rouges à lèvres périmés.

“Qu’avais-je à faire du sang raidi des hommes ? J’étais déjà une reine quand ils me proposaient de faire de moi une princesse. J’étais plus jalousée qu’une favorite mais plus seule que la vérité. Entrèrent un jour dans ma chambre en se tenant par la main deux angelots rieurs missionnés par leur mère : « Toi, t’es une putain ! »”

“À chaque fillette était donné le pouvoir de détruire l’Univers. Comment n’en eût - elle pas abusé ? Qu’un tyran tombe sous son charme, c’était l’assurance de voir la tête du Baptiste sur un plateau. Au même instant, sur tout le globe, des millions d’adolescentes jouissaient du même triomphe cruel – mais j’étais seule à le penser !”

“Dans la bibliothèque aux suspensions de cuivre rouge, je dépliai le billet : « Vous a-t-on déjà dit que vous étiez ravissante ? » Les filles sont des poèmes lus par des imbéciles. Mon génie sonna mes yeux noirs. [...] Il rêvait d’un flirt, avec le bas de ma jupe je balayais les étoiles. Je savais lire entre les mots : « Vous êtes ravissante… » voulait dire : « Je reprendrais bien un peu de confiture de jeune fille… »”

“Aucun rapport entre la poésie et ces grognements d’ours que je repoussais avec des mains d’enfant trahi. J’étais ce bois de réglisse qu’un reître mâchonnait sous un porche glacial. Forçant vainement mes cuisses avec son genou il me traita d’allumeuse. Mes larmes gelèrent sur mes joues. Rentrée chez moi, je consultai le dictionnaire : « Allumeuse : celle qui éclaire, qui donne de la lumière. » La petite sœur des prophètes…”

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Très répétitif, "lys, anges, roses, lilas" en boucle.
Difficile à avaler après ses deux autres excellents ouvrages.

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Je suis dévastée d’être une troubadour et non une chevaleresse. Que voulez-vous, on ne se refait pas.

J'achève ici mes lectures de janvier et pour empiéter sur février, voici l’amour. Malgré cela je ne supporte plus Kelen, qui répète en boucle la même chose dans tous ses essais. L'intérêt réside dans les extraits cités. Cueillette ci-dessous :

"Redoutable comme des bataillons, s’avance la bien-aimée. Étincelante, nue et tranchante comme une épée. Et pourtant si tôt ployée devant l’amour. Grandiose et cruel, aussi, le bien-aimé qui vient frapper à la porte puis disparaît, qui échappe à tout embrassement et ne cesse de poursuivre son aimée. Dans la rencontre d’amour, chacun est à la fois le chasseur et la proie."

"Le premier des troubadours, avoue dans un poème en apparence énigmatique : « J’ai une amie je ne sais qui, car je ne l’ai jamais vue. […] ? Je ne l’ai vue et je l’aime fort… » Cinq siècles plus tard, John Donne reprend le chant : « Deux ou trois fois t’avais-je aimée, sans connaître ta face ou ton nom. » Car celui que j’aime, je l’ai cherché, espéré, invoqué, avant de le rencontrer ; mais surtout, je l’ai aimé, Dieu que je l’ai aimé avant de le connaître !"

"Le chevalier, l’amant courtois sont toujours à la fois humbles et orgueilleux. J’en reviens toujours à ce vers magnifique de Charles d’Orléans, en sa Ballade XLII : « Très humblement, de toute ma puissance. »"

"Au lieu de satisfaire ses désirs, il est infiniment plus délicieux de se maintenir dans le désir. L’amour est infaisable, il ne se concrétise pas comme on parlerait d’une affaire que l’on conclut. Il s’accroît de demeurer soif, soif immense de l’autre. « Il est si doux d’attendre… », murmure Ondine au chevalier dans la pièce de Giraudoux. « Nous nous rappellerons cette heure-là, plus tard… C’est l’heure où vous ne m’avez pas embrassée… » Je ne suis pas votre femme, je suis votre attente » : ainsi pourrait dire à l’aimé celle qui aime."

"Toute poétique est une érotique, et réciproquement. Il s’agit toujours d’entremêler les souffles et les salives, les chants et les mots. Il s’agit toujours d’enlacer le ciel avec les mots, avec le corps aimé. Ibn Arabī énonçait : « La relation qui régit certaines lettres est de l’ordre du désir et de la passion amoureuse. » Bien plus tard, André Breton affirmera, au nom de tous les surréalistes : « Les mots ont fini de jouer. Les mots font l’amour. »"

Annotation :

Nauséabond, on a rien trouvé de mieux que de détester les hommes pour revendiquer un féminisme bancal (ici pro-sexe, ce qui est incompréhensible, comment tu peux défendre à la fois les femmes et l’industrie du X. Ancienne actrice porno elle définit cette expérience comme “anecdotique”, ce qui en dit long sur la chose).
Texte culpabilisant pour les hommes, pour celles qui OSENT encore les aimer, vomi unilatéral et nombriliste.
La note globale d’un tel ouvrage me fait peur, nos sociétés modernes sont vraiment viciées jusqu’à l’os.

“Les couples de longue durée le savent, personne ou presque ne baise réellement deux fois par semaine. Ou si ça arrive, expliquez-moi comment les gens trouvent le temps et l’envie.”

Par amour, envie, désir, principe de vivre à deux et de renouveler sa sexualité.

“Et tous ces mecs de gauche qui baisent comme des mecs de droite, sans jamais politiser l’intime, sans jamais dénoncer la consommation des corps, sans penser l’égalité au lit, qui laissent leurs convictions à la porte de la chambre à coucher” -_-

“Je suis féministe parce que je suis mal baisée. Et si toutes les mal baisées de la terre s’unissaient, elles créeraient le mouvement politique le plus puissant de tous les temps, et le monde imploserait.” -_-

“On ne devrait même plus leur parler, me dit en soupirant Elsa, stripteaseuse dans un gentlemen’s club. « Ils méritent tout juste qu’on prenne leur thune et qu’on les dégage.”
SUPER

“Et moi, j’en suis à me demander si la nature profonde des hommes n’est pas d’être des pervers narcissiques, à des degrés divers”

“Je les ferais marcher des kilomètres dans les couloirs du métro Châtelet avec des chaussures trop hautes [...], je les obligerais à se lever une heure plus tôt pour nettoyer leur visage à l’eau micellaire,appliquer un sérum, mettre de la crème, [...] ça n’en finira jamais cette comédie. Non, on ne fait pas cela « pour soi », on ne le fait pas pour ses amies non plus”

Par respect pour autrui peut-être ? Base de l’esthétisme ? Envie d'être jolie pour soi ?

“C’est la raison pour laquelle ils manifestent une haine viscérale à l’égard des lesbiennes et agressent les femmes qui portent un voile : elles affichent leur indisponibilité. Et ça leur est insupportable”

"Voilà maintenant que les hommes réclament eux aussi des soins du corps. Je me demande s’ils en sont vraiment capables, de se laisser masser, de se laisser porter par une expérience purement sensorielle, sans y investir leur sexualité.”

au secours

Annotation :

On a rarement aussi bien parlé de Dante et du lien entre philosophie et poésie. Superbe plaidoyer, peut-être un peu technique pour les plus jeunes.

"La poésie s’accompagne toujours de plaisir : tous les esprits sur lesquels elle descend s’ouvrent pour recevoir la sagesse qui est mêlée au ravissement qu’elle procure. Dans l’enfance du monde, ni les poètes eux-mêmes ni leur auditoire n’avaient pleinement conscience de l’excellence de la poésie : car elle agit d’une façon divine et que l’on ne perçoit pas au-delà et au-dessus de la conscience ; et c’est aux générations à venir qu’il revient de contempler et de mesurer la puissance de la cause et de l’effet et toute la force et toute la splendeur de leur union."

"il serait vain d’expliquer comment la douceur et l’élévation d'esprit qui vont de pair avec ces émotions sacrées peuvent rendre les hommes plus aimables, plus généreux et sages, et les arracher aux vapeur sourdes du monde petit du moi."

"Le grand secret de la morale est l’amour, ce mouvement qui fait que nous sortons de notre propre nature puis que nous nous identifions avec le beau qui existe dans une pensée, une action ou une personnalité qui ne soient pas nôtres. Un homme pour être très bon, doit imaginer avec intensité et de façon ample ;il doit se mettre à la place d ’un autre et de beaucoup d ’autres ; les peines et les plaisirs de son espèce doivent devenir siens. Le grand instrument du bien moral est l’imagination ; et la poésie règne sur l’effet en agissant sur la cause."

"Que serait la vertu, l’amour, le patriotisme, l’amitié, que serait le spectacle de ce bel univers où nous vivons, que seraient nos consolations en ce monde — et nos aspirations outre-tombe —, si la poésie ne s’élevait pour rapporter la lumière et le feu de ces régions éternelles où la faculté calculatrice aux ailes de hibou n'ose jamais s’élancer ?"

"Les poètes sont les hiérophantes d’une inspiration non appréhendée, les miroirs des ombres gigantesques que les temps futurs projettent sur le présent, les mots qui expriment ce qu’ils ne com prennent pas, les trompettes qui sonnent la bataille, mais ignorent ce qu’elles inspirent, l’influence qui n’est pas ébranlée, mais qui ébranle. Les poètes sont les législateurs non reconnus du monde."

Annotation :

"Alas! Alas!
Were limbs, and breath, and being intertwined
Thus treacherously? Lost, lost, for ever lost,
In the wide pathless desert of dim sleep,
That beautiful shape! Does the dark gate of death
Conduct to thy mysterious paradise,
O Sleep? Does the bright arch of rainbow clouds,
And pendent mountains seen in the calm lake,
Lead only to a black and watery depth,
While death's blue vault, with loathliest vapours hung,
Where every shade which the foul grave exhales
Hides its dead eye from the detested day,
Conducts, O Sleep, to thy delightful realms?1
This doubt with sudden tide flowed on his heart,
The insatiate hope which it awakened, stung
His brain even like despair"

Le chemin du poète.

Annotation :

Les propos sur la laque sont sublimes. Et quel plaisir de voir apparaître le nom de la maison Sumiya (même si je préfère Wachigaiya), lieu à visiter absolument si on aime l'histoire.

Annotation :

Pointu mais passionnant, acheté pour compléter de futurs articles pour mon Atelier d'écriture autour de la parfumerie...

Annotation :

Encore 7 à lire.

J'aime les idées et concepts moins le trip sous champignons. (Nothomb et ses drogues de hippies ahah au secours)

Annotation :

Offert par une amie qui l'a réédité avec des préfaces inédites : https://editions-verlaine.fr/catalogue/reeditions/monsieur-venus/

Style franchement discutable, proche du premier roman. Actions décousues, narration trouble.
Vrai souci d'implication de ma part. Ne vaut pas sa réputation.
Lisez Mademoiselle de Maupin, c'est 1000x mieux.

Annotation :

Quelques fulgurances, loin d'être inoubliable mais très beau par moment. Il me tarde de lire ses correspondances croisées avec Louys et R.Vivien.

*

"Trouver à qui donner le plus beau de soi-même — Ou pour qui l’inventer —

Vivre : se frayer un chemin à travers son propre infini. … Peu en ont les moyens — ou la manière. Vivre, n’est-ce pas favoriser des hasards, les susciter, ou les décourager ? Troubler les hasards par une destinée ?

La vie est le meilleur des dramaturges et des metteurs en scène ; ses dénouements sont imprévisibles, ses tragédies finissent en comédies, ses comédiens se passionnent ou deviennent tragiques, échappent au dénouement prévu, mais ne ratent jamais leur fin. Être son bon public.

Donnez ce que vous avez, mais avec ce que vous êtes ; tout don doit être personnel et stimuler l’échange.

Pensée : fille claire-obscure, première-née de l’éveil, libérée du rêve sur le seuil des habitudes, instant translucide qui se fait jour contre le jour.

Un livre est une indiscrétion ou une proie.

L’ombre de l’écrivain est une tache d’encre.

Ce sensuel spiritualisé pour qui le plaisir des sens n’est qu’un point de départ vers l’extase.

Mon sentiment, surgi de votre indifférence. Votre mystère éveille notre imagination, et notre imagination vivifie notre cœur.

Mes flèches m’ont surtout blessée moi-même

Madame, vous ai-je cependant bien fait traverser la vie, vous ai-je assez discrètement accompagnée, ai-je bien choisi la place de vos pieds dans les chemins difficiles, délaissé à temps votre indifférence ? Sans paraître vous quitter, suis-je revenu au bon moment d’une liaison éventée ou d’une solitude qui commençait à vous sembler vraie ?

C’est en cultivant le jardin d’autrui que sont écloses mes plus belles fleurs."

Annotation :

Je suis partagée entre le rire et l'embarras face à ce dédale cynique. Mais voici tout de même ce qui m'a fait glousser :

Au catéchisme, si le jeune vicaire vous demande ce que c'est que la luxure, ne lui répondez pas en rigolant, «Nous le savons mieux que vous!»

Ne mettez pas la main sur le pantalon de votre voisin pour voir si le ballet le fait bander.

Ne grimpez pas sur les socles des statues antiques pour vous servir de leurs organes virils. Il ne faut pas toucher aux objets exposés; ni avec la main, ni avec le cul.

Ne racontez à personne que mademoiselle votre sœur met son traversin entre ses cuisses, se frotte contre lui, et l'appelle Gaston.

Ne dites pas: «Elle jouit comme une jument qui pisse.» Dites: «C'est une exaltée.»

Ne dites pas: «Je l'ai vue baiser par les deux trous.» Dites: «C'est une éclectique.»

Ne dites pas: «Il bande comme un cheval.» Dites: «C'est un jeune homme accompli.»

Annotation :

Décidément ce livre et moi...
Commencé 4 fois, oublié 4 fois. Et maintenant que je l'ai lu j'oublie de l'ajouter ici.
Pas foncièrement mauvais, mais me laisse un grand sentiment de vide.

Annotation :

Le trope du jeune garçon balloté par les intrigues courtoises est un de mes procédés narratifs préférés. Dans la veine du film "Le messager" de Joseph Losey, que j'avais adoré.
Le passage à cheval est très bon.

Annotation :

Contente de retrouver du bon Tong Su, auteur assez inégal dans l'ensemble.
Ma préférée du recueil est "L'épouvantail", horreur juvénile comme j'aime qui mérite un bon 9.5/10.
Difficile de parler du tout, il n'y a aucun fil conducteur entre les nouvelles.
(La couverture de l'éditeur me laisse pantoise.... De l'ukiyo-e pour un livre chinois. NC)