Cover Littérature |  Compilation de réflexions

Littérature | Compilation de réflexions

Pêle-mêle de pensées cueillies ça et là, au fil des lectures.

Couverture : Vermeer

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6 livres

créée il y a plus d’un an · modifiée il y a 9 jours
Discours de la servitude volontaire
7.9

Discours de la servitude volontaire (1576)

Sortie : 1576 (France). Essai, Philosophie

livre de Étienne de La Boétie

Arlésienne a mis 8/10.

Annotation :

« C’est cela que certainement le tyran n’est jamais aimé ni n’aime. L’amitié, c’est un nom sacré, c’est une chose sainte ; elle ne se se met jamais qu’entre gens de bien, et ne se prend que par une mutuelle estime ; elle s’entretient non tant par bienfaits que par la bonne vie. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la connaissance qu’il a de son intégrité : les répondants qu’il en a, c’est son bon naturel, la foi et la constance. Il n’y peut avoir d’amitié là où est la cruauté, là où est la déloyauté, là où est l’injustice ; et entre les méchants, quand ils s’assemblent, c’est un complot, non pas une compagnie ; ils ne s’entraiment pas, mais ils s’entrecraignent ; ils ne sont pas amis, mais ils sont complices. »

Maximes
7.5

Maximes (1665)

Sortie : 1665 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de François de la Rochefoucauld

Arlésienne a mis 8/10.

Annotation :

S'il y a un amour pur et exempt du mélange de nos autres passions, c'est celui qui est caché au fond du coeur, et que nous ignorons nous-mêmes.

Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres, qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes.

Il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux, s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour.

Une des choses qui fait que l'on trouve si peu de gens qui paraissent raisonnables et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit, dans leurs yeux et dans leur esprit, un égarement pour ce qu'on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire, au lieu de considérer que c'est un mauvais moyen de plaire aux autres, ou de les persuader, que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections qu'on puisse avoir dans la conversation.

La marque d'un mérite extraordinaire est de voir que ceux qui l'envient le plus sont contraints de le louer.

Poteaux d'angle
8.1

Poteaux d'angle (1971)

Sortie : 1971 (France). Poésie

livre de Henri Michaux

Arlésienne a mis 9/10.

Annotation :

Garde intacte ta faiblesse. Ne cherche pas à acquérir des forces, de celles surtout qui ne sont pas pour toi, qui ne te sont pas destinées, dont la nature te préservait, te préparant à autre chose.

Non, non, pas acquérir. Voyager pour t'appauvrir. Voilà ce dont tu as besoin.

Va jusqu'au bout de tes erreurs, au moins de quelques-unes, de façon à en bien pouvoir observer le type. Sinon, t'arrêtant à mi-chemin, tu iras toujours aveuglément reprenant le même genre d'erreurs, de bout en bout de ta vie, ce que certains appelleront ta "destinée". L'ennemi, qui est ta structure, force-le à se découvrir. Si tu n'as pas pu gauchir ta destinée, tu n'auras été qu'un appartement loué.

Celui qui n'a pas été détesté, il lui manquera toujours quelque chose, infirmité courante chez les ecclésiastiques, les pasteurs et hommes de cette espèce, lesquels font souvent songer à des veaux. Les anticorps manquent.

Faute de soleil, sache mûrir dans la glace.

Quoi qu'il t'arrive, ne te laisse jamais aller - faute suprême - à te croire maître, même pas un maître à mal penser. Il te reste beaucoup à faire, énormément, presque tout. La mort cueillera un fruit encore vert.

Tu peux être tranquille. Il reste du limpide en toi. En une seule vie tu n'as pas pu tout souiller.

Avec tes défauts, pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place?

Tactique du diable
8.4

Tactique du diable (1942)

Lettres d'un vétéran de la tentation à un novice

The Screwtape Letters

Sortie : 1943 (France). Roman

livre de C. S. Lewis

Arlésienne a mis 8/10.

Annotation :

En effet, le chemin le plus sûr pour l'enfer est celui qui y mène progressivement. C'est la pente douce, bien feutrée, sans virages trop brusques, sans bornes kilométriques ni poteaux indicateurs.

C'ets aussi pour cette raison que la majorité des vices prennent racine dans le futur. La gratitude se tourne vers le passé et l'amour vers le présent. Mais la peur, l'avarice, l'ambition et la concupiscence regardent en avant.

Plus ton protégé sera donc exigeant vis-à-vis de la vie, plus souvent il se sentira frustré et, de ce fait, sera de mauvais humeur.

Les hommes ou les nations qui rêvent d'un réveil religieux pour améliorer la société feraient tout aussi bien d'imaginer de se servir de l'escalier du ciel comme raccourci pour aller chez le pharmacien tout à côté.

Cette aversion pour "toujours les mêmes choses" est une des passions les plus utiles que nous ayons produites dans le coeur humain.

Les modes en matière d'opinion servent à distraire les hommes des dangers réels qu'ils courent. Nous orientons les cris d'indignation de chaque génération contre les vices qui la menacent le moins et la poussons à donnner son approbation à la vertu la plus proche du vice que nous aimerions voir se répandre. Notre tactique est de les faire courir tous avec des extincteurs en cas d'inondation et de les entasser tous du côté du bateau qui est déjà en train de sombrer. Nous nous arrangeons pour que ce soit à la mode chez eux d'exposer les dangers de l'enthousiasme au moment même où ils sont tous en train de devenir mondains et tièdes. Un siècle plus tard, quand nous serons en voie de les abreuver de romantisme byronien, de les enivrer d'émotivité, nous soulèverons un tollé général contre les prérils d'un excès d'intellectualisme. A une époque de cruauté, nous cherchons à mettre en garde contre le sentimentalisme, en période de mollesse et de laisser-aller à nous attaquer aux convenances, en temps de laxisme à stigmatiser le puritanisme [...]

La Joie d'apprendre
6.5

La Joie d'apprendre

Sortie : 2018 (France). Essai

livre de Élisée Reclus et Pierre Kropotkine

Arlésienne a mis 5/10.

Annotation :

Les jeunes s'imaginent volontiers que les choses peuvent changer rapidement, par de brusques révolutions. Non, les transformations se font avec lenteur, et, pas conséquent, il faut y travailler avec d'autant plus de conscience, de patience et de dévouement. Dans la hâte d'une révolution immédiate, on s'expose par réaction à désespérer, quand on constate l'empire des préjugés absurdes et l'action des passions mauvaises. Mais l'anarchiste conscient ne désespère point : il voit el développement des lois de l'histoire et les changements graduels de la société, et s'il ne peut agir sur l'ensemble du monde que d'une manière infinitésimale, du moins peut-il agir sur soi-même, travailler à se dégager personnellement de toutes idées préconçues ou imposées, et grouper peu à peu autour de soi des amis vivant et agissant de la même façon. C'est de proche en proche, par petites sociétés aimantes et intelligentes que se constituera la grande société fraternelle.

Les Caractères
7.1

Les Caractères (1688)

Sortie : 1688 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de Jean de La Bruyère

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

De bien des gens il n'y a que le nom qui vale quelque chose. Quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien ; de loin ils imposent.

Combien d'hommes admirables, et qui avaient de très beaux génies, sont morts sans qu'on en ait parlé ! Combien vivent encore dont on ne parle point, et dont on ne parlera jamais !

N'envions point à une sorte de gens leurs grandes richesses ; ils les ont à titre onéreux, et qui ne nous accomoderait point : ils ont mis leur repos, leur santé, leur honneur et leur conscience pour les avoir ; cela est trop cher, et il n'y a rien à gagner à un tel marché.

Il y a des misères sur la terre qui saisissent le coeur ; il manque à quelques-uns jusqu'aux aliments ; ils redoutent l'hiver, ils appréhendent de vivre. L'on mange ailleurs des fruits précoces ; l'on force la terre et les saisons pour fournir à sa délicatesse ; de simples bourgeois, seulement à cause qu'ils étaient riches, ont eu l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. Tienne qui voudra conrte de si grandes extrémités : je ne veux être, si je le puis, ni malheureux, ni heureux ; je me jette et me réfugie dans la médiocrité.

C'est une politique sûre et ancienne dans les républiques que d'y laisser le peuple s'endormir dans les fêtes, dans les spectacles, dans le luxe, dans le faste, dans les plaisirs, dans la vanité et la mollesse ; le laisser se remplir du vide et savourer la bagatelle : quelles grandes démarches ne fait-on pas au despotique par cette indulgence !

Il y a des maux effroyables et d'horribles malheurs où l'on n'ose penser, et dont la seule vue fait frémir : s'il arrive que l'on y tombe, l'on se trouve des ressources que l'on ne se connaissant point, l'on se raidit contre son infortune, et l'on fait mieux qu'on ne l'espérait.

Les haines sont si longues et si opiniâtrées, que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c'est la réconciliation.

Arlésienne

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