Littérature identitaire des provinces de France
"La patrie, sans boniment nationaliste, est seulement l'espace que l'individu contemple à l'horizon en montant au sommet d'une colline."
Nicolás Gómez Dávila
57 livres
créée il y a 7 mois · modifiée il y a 7 joursL'Astrée (1627)
Sortie : 1627 (France). Roman
livre de Honoré d'Urfé
Annotation :
Forez
"Auprès de l’ancienne ville de Lyon, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez, qui en sa petitesse contient ce qu’il y a de plus rare au reste des Gaules… Plusieurs ruisseaux en divers lieux vont baignant la plaine de leurs claires ondes, mais l’un des plus beaux est Lignon, qui vagabond en son cours, aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervières et de Chalmazel jusqu'à Feurs où Loire le recevant, et lui faisant perdre son nom propre, l’emporte pour tribut à l’Océan."
Le Grand Meaulnes (1913)
Sortie : 1913 (France). Roman
livre de Alain-Fournier
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Berry/Sologne
"Sur la place de l’église, le soir, nous allions rôder, rien que pour voir sa lampe derrière le rideau rouge de la voiture. Pleins d’angoisse et de fièvre, nous restions là, sans oser approcher de l’humble bicoque, qui nous paraissait être le mystérieux passage et l’antichambre du Pays dont nous avions perdu le chemin."
Gaspard des montagnes (1922)
Sortie : 1922 (France). Roman
livre de Henri Pourrat
Corpsetbiens l'a mis en envie.
Annotation :
Livradois/Forez
"Elles n'ont rien de trop gai, les forêts qui s'en vont sur ces plateaux, du côté de la Chaise-Dieu. Des sapins, des sapins, des sapins, jamais une âme. Les chemins sablonneux s'enfoncent de salle obscure en salle obscure, parmi la mousse et la fougère, sous ces grandes rames balançantes. Les grappes du sureau rouge tirent l'œil, ou bien quelque pied de digitale pourprée. Il y a des endroits où le soleil semble n'avoir point percé depuis des mondes d'années : c'est sombre, c'est noir, c'est la mort. Une forêt comme celle de la complainte de sainte Geneviève de Brabant, où des ermites peuvent vivre solitaires et qu'on imagine pleine de loups, de renards, de blaireaux. A dix pas, sait-on ce qui se ce cache derrière ces fûts gercés des arbres où la résine met des traînées de suif ? Tout remue, mais remue à peine. Tout est silence, mais un silence traversé de vingt bruits menus. Une belette qui se sauve, un souffle de vent dans la feuille des houx, une fontaine qui s'égoutte derrière la roche. Et lorsque le sentier monte en tournant sous le couvert, à travers les masses de pierres détachées, dans le désordre des sapins penchés sur leurs nœuds de racines, on croirait aller vers des cavernes de faux monnayeurs et de brigands. Pas une âme, et pourtant il semble que quelqu'un soit tapi par là en embuscade. Il faut avoir l'esprit bien fort pour ne pas se laisser gagner par la peur.
Or, ceux qui sont nés dans ces cantons les préfèrent aux plus beaux endroits de la terre."
Les Filles du feu (1854)
Sortie : 1854 (France). Roman, Recueil de nouvelles
livre de Gérard de Nerval
Annotation :
Picardie (Valois)
"Je me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d’ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d’ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d’un français si naturellement pur que l’on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France."
Journal d'un curé de campagne (1936)
Sortie : 1936 (France). Roman
livre de Georges Bernanos
Corpsetbiens l'a mis en envie.
Annotation :
Haut-pays d'Artois
"Au haut de la côte, qu’il pleuve ou vente, je m’assois sur un tronc de peuplier oublié là on ne sait pourquoi depuis des hivers et qui commence à pourrir…
Dans ce pays de bois et de pâturages coupés de haies vives, plantés de pommiers, je ne trouverais pas un autre observatoire d’où le village m’apparaisse ainsi tout entier comme ramassé dans le creux de ma main… Que c’est petit un village !… Je ne puis oublier qu’il est là depuis des siècles, son ancienneté me fait peur. Bien avant que ne soit bâtie, au XVe siècle, la petite église où je ne suis tout de même qu’un passant, il endurait ici patiemment le chaud et le froid, la pluie, le vent, le soleil, tantôt prospère, tantôt misérable, accroché à ce lambeau de sol dont il pompait les sucs et auquel il rendait ses morts. Que son expérience de la vie doit être secrète, profonde !"
Les Tapisseries (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Charles Péguy
Annotation :
Beauce/Orléanais
"Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe,
Veuillez vous rappeler, reine de la promesse,
Le long cheminement que nous faisons en Beauce."
Augustin ou Le Maître est là (1933)
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de Joseph Malègue
Corpsetbiens l'a mis en envie.
Annotation :
Auvergne (Cantal)
"Et tout d’un coup, Papa dit : « Ah ! voilà les gorges !… » Ou peut-être, il dit : « C’est la grande forêt. » Augustin ne se rappelle plus les termes précis qui annoncent et déclenchent à la fois la venue d’un nouveau monde.
Tel un instrument pénétrant, épieu ou bêche, dont seul le manche blanc émergerait de la terre, la route est entrée tout entière, de biais et d’un seul coup, dans l’opacité des bois. Les pâturages s’arrêtent comme au pied d’un rempart."
Les Regrets (1558)
Sortie : 1558 (France). Poésie
livre de Joachim Du Bellay
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Anjou/Val de Loire
"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine."
Œuvres complètes, tome I
Sortie : 14 octobre 1993 (France). Poésie
livre de Pierre De Ronsard
Annotation :
Vendômois/Touraine
"Contre les bûcherons de la forêt de Gastine
Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses ?"
Pantagruel (1532)
Sortie : 1532 (France). Roman, Humour
livre de François Rabelais
Annotation :
Touraine
"Dea, mon amy, dist Pantagruel, ne sçavez vous parler Françoys ?
Si faictz tres bien, Seigneur, respondit le compaignon ; Dieu mercy, c'est ma langue naturelle et maternelle, car je suis né et ay esté nourry jeune au jardin de France, c'est Touraine."
La Bête du Vaccarès (1926)
La Bèstio dóu Vacarés
Sortie : 1926. Roman
livre de Joseph d'Arbaud
Corpsetbiens le lit actuellement.
Annotation :
Camargue
"J'ai gardé tout le jour en préservant les vignes,
Je suis las. La noire nuit descend sur la mer.
En sifflant mon bétail, je sens le goût amer du vent d'ouest qui a chanté tout le jour sur mes lèvres.
Tellement m'a terrassé le lourd soleil, qu'à midi, étendu, je dormais près d'une salicorne;
quelques temps qu'envoie Dieu, je ne suis, dans la grande plaine, qu'une plante de chair qui boit le sel.
Puisqu'un jour de plus a passé sur ma tête, je vais parquer mes taureaux. Garde-moi pour demain, la santé de mon corps, ô mon Dieu , et le pain
Et le vin pur qui fait chanter le cœur en fête.
Préserve le bétail de l'averse froide et de la neige, donne-nous de l'herbe pour soutenir les bêtes faibles, de l'eau pour abreuver les juments et les vaches, et que le travail jamais ne me soit lourd.
Puis, mon Dieu, envoie-moi la passion du bétail qui attache le gardeur de bêtes à son troupeau;
préserve-moi toujours de la fièvre et du mal qui pousse les gens des mas vers les villes mauvaises.
Je vois les cornes de la lune entre les pins;
les taureaux rassasiés s'échelonnent le long de la sente, et moi, dés souper, je dormirais dans la paille, car l'aube, en cette saison, blanchit de bon matin."
Vert paradis
Sortie : 17 novembre 2012 (France). Roman
livre de Max Rouquette
Annotation :
Languedoc/arrière-pays montpelliérain
"Nous allions encore sur un pâturage où l’on étendait la lessive sur les pierres d’une muraillette ou sur les buissons de prunelliers qui étincelaient de la blancheur des draps. Du pâturage on voyait, bleues et limpides, les Cévennes d’où venait le souffle vigoureux et frais du vent de terre. Les Cévennes étaient la muraille bleue qui cachait tout un pays inconnu, entrevu dans les paroles des bergers qui partaient en transhumance, l'été, et dans l'allure étrange et grave des vendangeurs qui en descendaient en septembre avec des pantalons de velours, de grands chapeaux noirs, et qui traînaient dans leur sillage un parfum mêlé de fourrage, de lait et de grand vent.
Contes de chasse, d'affût au loup, noms sauvages, tout donnait à ce pays je ne sais quel reflet de légende. De l'enfant c'est la patrie, le pays qu'il n'a jamais vu."
Territoire du prédateur
Poésie
livre de Pierre Torreilles
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Languedoc (Camargue, Gard, Hérault)
Mireille/Mirèio (1859)
Poème provençal/Pouèmo prouvençau
Sortie : 1859 (France). Poésie
livre de Frédéric Mistral
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
La Crau (Provence)
"Je chante une jeune fille de Provence.
Dans les amours de sa jeunesse,
à travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
humble écolier du grand Homère,
je veux la suivre. Comme c'était
seulement une fille de la glèbe,
en dehors de la Crau, il s'en est peu parlé."
Quatre Nuits de Provence (1930)
Sortie : 1930 (France). Biographie, Roman
livre de Charles Maurras
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Provence (Martigues)
"De ma Noël de 1873 à celle du bel an de Dieu 1929, comme disent nos Almanachs, il a bien dû couler quelque chose comme vingt mille de ces grandes nuits du Midi que Racine trouvait plus belles que les jours de Paris ! En raison de mon temps d’expatriation volontaire, à peine en aurai-je connu un faible tiers.
Si je les ai quittées, me quittèrent-elles jamais ? Leur splendeur générale ni leur feu singulier n’aura cessé de se déployer sur ma vie."
Le Hussard sur le toit (1951)
Sortie : 17 novembre 1951 (France). Roman
livre de Jean Giono
Corpsetbiens a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Provence : Basses/Hautes-Alpes (pays de Manosque)
"L'Italie était là derrière. Il était au comble du bonheur."
La Gloire de mon père (1957)
Souvenirs d'enfance, tome 1
Sortie : 1957 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Marcel Pagnol
Annotation :
Provence
"Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l’Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l’Huveaune. La tour est un peu plus large que haute : mais comme elle sort du rocher à six cents mètres d’altitude, elle monte très haut dans le ciel de Provence, et parfois un nuage blanc du mois de juillet vient s’y reposer un moment. Ce n’est donc pas une montagne, mais ce n’est plus une colline : c’est Garlaban."
Le Mas Théotime (1945)
Sortie : 1945 (France). Roman
livre de Henri Bosco
Annotation :
Provence (principalement Lubéron)
"Depuis dix ans j'habite le mas Théotime. Je le tiens d'un grand-oncle qui portait ce nom. Comme il est situé en pleine campagne, la chaleur l'enveloppe et, du moment que juillet monte, on n'y peut respirer avec plaisir qu'aux premières heures du jour ou bien la nuit. Encore faut-il qu'il passe un peu de brise. Alors on peut se tenir près de la source, sous le buis, car c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille."
Fureur et Mystère (1948)
Sortie : 1948 (France). Poésie
livre de René Char
Annotation :
Provence (Vaucluse)
"Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux,
De l’ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau.
Rivière au coeur jamais détruit dans ce monde fou de prison,
Garde-nous violent et ami des abeilles de l’horizon."
Canzoniere (1374)
Rerum vulgarium fragmenta
Sortie : 1374 (Italie). Poésie
livre de Pétrarque
Corpsetbiens a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Provence (Avignon/Vaucluse)
"Je me suis isolé dans ce Vaucluse,
Abri de mes soupirs, avec Amour,
M’abandonnant à mes rêveries lentes.
Je n’y vois pas de femme, mais des sources
Et des pierres, l’image de ce jour
Dont je me souviens, quoi que je regarde."
Un prêtre marié (1864)
Sortie : 1864 (France). Roman
livre de Jules Barbey d'Aurevilly
Corpsetbiens a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Normandie
"(...) ce pays, fermé si longtemps à l'esprit nouveau et qui avait encore l'arôme des mœurs anciennes, comme le linge serré dans les armoires de ses ménagères garde la senteur des prairies où il a séché (...)"
Une vie (1883)
Sortie : 1883 (France). Roman
livre de Guy de Maupassant
Annotation :
Normandie (Côte d'albâtre, Seine Maritime)
"Mais, brusquement, en tournant un mur, elle aperçut la mer, d’un bleu opaque et lisse, s’étendant à perte de vue. Ils s’arrêtèrent, en face de la plage, à regarder.
Des voiles, blanches comme des ailes d’oiseaux, passaient au large. À droite comme à gauche, la falaise énorme se dressait. Une sorte de cap arrêtait le regard d’un côté, tandis que, de l’autre, la ligne des côtes se prolongeait indéfiniment jusqu’à n’être plus qu’un trait insaisissable."
À la recherche du temps perdu (1927)
Sortie : 1927 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Annotation :
Beauce/Perche (Combray) et Basse-Normandie (Balbec)
"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau."
Expédition nocturne autour de ma chambre (1825)
Sortie : 1825. Récit
livre de Xavier De Maistre
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Duché de Savoie, comprenant le Piémont/val d'Aoste
"Avant de rentrer dans ma chambre, je jetai un coup d’œil sur la ville et la campagne sombre de Turin, que j’allais quitter peut-être pour toujours, et je leur adressai mes derniers adieux. Jamais la nuit ne m’avait paru si belle ; jamais le spectacle que j’avais sous les yeux ne m’avait intéressé si vivement. Après avoir salué la montagne et le temple de Supergue, je pris congé des tours, des clochers, de tous les objets connus que je n’aurais jamais cru pouvoir regretter avec tant de force, et de l’air et du ciel, et du fleuve dont le sourd murmure semblait répondre a mes adieux. Oh ! si je savais peindre le sentiment tendre et cruel à la fois, qui remplissait mon cœur, et tous les souvenirs de la belle moitié de ma vie écoulée, qui se pressaient autour de moi, comme des farfadets, pour me retenir à Turin ! Mais, hélas ! les souvenirs du bonheur passé sont les rides de l’âme !"
Les Rêveries du promeneur solitaire (1778)
Sortie : 1778 (France). Autobiographie & mémoires, Philosophie
livre de Jean-Jacques Rousseau
Corpsetbiens l'a mis en envie.
Annotation :
Savoie de Chambéry à Genève
"Une maison isolée au penchant d'un vallon fut notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein..."
La Colline inspirée (1913)
Sortie : 1913 (France). Roman
livre de Maurice Barrès
Annotation :
Lorraine
"Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. L’étroite prairie de Lourdes, entre un rocher et son gave rapide ; la plage mélancolique d’où les Saintes-Maries nous orientent vers la Sainte-Baume ; l’abrupt rocher de la Sainte-Victoire tout baigné d’horreur dantesque, quand on l’aborde par le vallon aux terres sanglantes ; l’héroïque Vézelay, en Bourgogne ; le Puy-de-Dôme ; les grottes des Eyzies, où l’on révère les premières traces de l’humanité ; la lande de Carnac, qui parmi les bruyères et les ajoncs dresse ses pierres inexpliquées ; la forêt de Brocéliande, pleine de rumeur et de feux follets, où Merlin par les jours d’orage gémit encore dans sa fontaine ; Alise-Sainte-Reine et le mont Auxois, promontoire sous une pluie presque constante, autel où les Gaulois moururent aux pieds de leurs dieux ; le mont Saint-Michel, qui surgit comme un miracle des sables mouvants ; la noire forêt des Ardennes, tout inquiétude et mystère, d’où le génie tira, du milieu des bêtes et des fées, ses fictions les plus aériennes ; Domremy enfin, qui porte encore sur sa colline son Bois Chenu, ses trois fontaines, sa chapelle de Bermont, et près de l’église la maison de Jeanne. Ce sont les temples du plein air. Ici nous éprouvons, soudain, le besoin de briser de chétives entraves pour nous épanouir à plus de lumière. Une émotion nous soulève ; notre énergie se déploie toute, et sur deux ailes de prière et de poésie s’élance à de grandes affirmations."
Lais (1170)
(traduction Laurence Harf-Lancner)
Sortie : 1 février 1990 (France). Récit
livre de Marie de France
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Bretagne
"Meinte merveille avum veüe
ki en Bretaigne est avenue."
Les Amours jaunes (1873)
Sortie : 1873. Poésie
livre de Tristan Corbière
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Bretagne (Finistère)
"Ho je vous sens encor
Landes jaunes d’Armor
Je sens mon rosaire à mes doigts
Et le Christ en os sur le bois
À toi je baye encor
Ô ciel défunt d’Armor"
Le Sang noir (1935)
Sortie : 1935 (France). Roman
livre de Louis Guilloux
Corpsetbiens l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Bretagne (Pays de Saint-Brieuc)