Livres 2020
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Grandir et devenir poète au Liban - Etel Adnan = 8
Poutine d'Arabie - Roland Lombardi = 2
Liste de 8 livres
créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a presque 4 ans
Discours de la servitude volontaire (1576)
Sortie : 1576 (France). Essai, Philosophie
livre de Étienne de La Boétie
Manu-D a mis 3/10 et a écrit une critique.
« Il faut s'adapter » (2019)
Sur un nouvel impératif politique
Sortie : 24 janvier 2019. Essai, Philosophie
livre de Barbara Stiegler
Manu-D a mis 8/10.
Annotation :
C'est très dense et très riche, je n'aurais probablement jamais acheté ce livre si j'avais su le parcours du combattant que ça constitue de vouloir le lire sérieusement, et pas le survoler.
Je ne sais même pas trop quoi en dire tant les thèmes sont variés et complexes. La limite du livre est très clairement que ces débats entre penseurs du libéralisme, on peine à savoir quelle en a été la portée concrète. Ce sont des intellectuels qui discutent et s'opposent. Difficile de déterminer l'influence véritable de ces visions sur la construction du néolibéralisme (des néolibéralismes) actuel.
L'immense mérite du livre est quand même à mon sens de démontrer que le néolibéralisme est le fruit d'une pensée extrêmement large et extrêmement puissante, et qu'il s'agit non seulement d'une doctrine économique, comme chacun sait, mais peut-être encore plus d'une doctrine politique et même biologique. On pourrait dire anthropologique.
Et plus je me suis convaincu de ça, plus j'ai pensé à cette tendance des néolibéraux à qualifier d'"idéologie" tout ce qui sort de leurs schémas de pensée. Je ne sais pas si on peut légitimement qualifier le libéralisme ou le néolibéralisme d'idéologie, mais il s'agit au minimum d'une vision du monde bien précise, bien particulière, qui ne se contente pas d'obéir au bon sens, au "pragmatisme" ou au principe de réalité dont se prévalent les pouvoirs néolibéraux à tout bout de champ.
Et cette vision du monde néolibérale n'est pas non plus aussi naturelle et aussi évidente que ses défenseurs veulent le faire croire. Elle a précisément pour but de transformer l'espèce humaine, de l'adapter (d'où le titre du livre) au nouvel environnement dont le capitalisme a accouché lorsque la société industrielle est apparue.
Tout le monde doit s'adapter à cette nouvelle donne et respecter la marche de l'Histoire, qui sera donc néolibérale ou ne sera pas. Tous les domaines du vivant et du politique doivent s'imprégner de cette injonction à l'adaptation : même le système éducatif, dont on pourrait penser dans une démocratie qu'il vise à former des citoyens éclairés, se plie à cette doctrine vampirisante. Eduquer doit consister à permettre l'employabilité des gens. Chaque individu interchangeable est chargé de mettre sa force de travail, son énergie au service de l'économie et du libre marché. Il n'y a pas de place ici pour les désirs des gens, sinon pour ceux des experts qui gouvernent et détiennent le capital.
Et c'est là sûrement l'une des grandes impos
Sympathie pour le diable
Sortie : janvier 2001 (France). Roman
livre de Paul M. Marchand
Manu-D a mis 4/10.
La Confusion des sentiments (1927)
Verwirrung der Gefühle
Sortie : 1929 (France). Roman
livre de Stefan Zweig
Manu-D a mis 9/10.
Annotation :
A tous ceux qui ont l'esprit trop étriqué pour concevoir que l'amour dépasse nos orientations sexuelles strictes, et qui se croient à l'abri d'éprouver un sentiment amoureux hétérodoxe un jour, il faut faire lire ce livre. Précisément parce qu'il se tient loin de tout militantisme ou même de toute volonté de convaincre de quoi que ce soit.
Cette confusion des sentiments qui est l'objet de la nouvelle est justement décrite avec tant de justesse, les personnages construits avec tant de précision que je me suis senti très investi dans le récit, et c'est le signe évident d'une oeuvre réussie. La relation de pouvoir, le désir de plaire, la figure du maître, la perversité, la sensibilité des uns aux personnalités des autres, tout est construit brillamment et déroulé avec un grand sens du rythme. Chez ceux qui se sont essayés même modestement à l'écriture, sentir une telle finesse dans un livre inspire vraiment le respect.
Le parcours de l'écrivain aussi. Et au regard de la finesse et de l'empathie auxquelles il incite tout le long du livre, je perçois son suicide, en 1942, après des années de victoires du nazisme et du fascisme dans le monde, comme un ultime refus face aux grossièretés haineuses qui gangrenaient l'Europe à l'époque. Il y a un siècle, peut-être plus encore qu'aujourd'hui, c'était un geste de courage que de donner cette place aux sentiments et à la vérité du cœur, face aux brutalités du monde viril
Les Blancs, les Juifs et nous (2016)
Vers une politique de l'amour révolutionnaire
Sortie : 15 mars 2016. Essai
livre de Houria Bouteldja
Manu-D a mis 3/10.
Annotation :
Plein de pistes intéressantes que Bouteldjia ne prolonge pas, parce que ce livre n'est pas à proprement parler un essai et manque cruellement de rigueur. D'ailleurs les passages les plus percutants et stimulants sont... les nombreuses citations (d'Aimé Césaire notamment). Le reste, c'est-à-dire ce qui relève de sa pensée à elle, est très confus. Souvent je n'ai pas compris où elle voulait en venir, et le style n'aide pas.
L'usage du mot "Blanc" est un peu aléatoire. Je n'ai rien contre l'idée d'employer le terme, parce que s'il n'a aucune pertinence biologique, son existence sociale est avérée. Mais à trop vouloir faire passer la cause indigène par-delà toutes les autres, elle oublie trop souvent que le Blanc n'est absolument pas un groupe social homogène, c'est un ensemble beaucoup trop vaste pour qu'on puisse en traiter ainsi.
A quelques exceptions près, Bouteldjia néglige les clivages intra-Occident et renvoie quasiment dos à dos le prolétariat blanc, le capital et les gouvernements.
C'est le noeud du problème : elle présente le colonialisme (ou pour être plus consensuel, l'opposition Nord/Sud) comme un substitut à la lutte des classes, comme le coeur de la lutte. Or il me semble qu'être de gauche, c'est d'abord penser que le premier de tous les clivages, l'enjeu qui structure en premier lieu les sociétés, il est économique. En France (et ailleurs), je crois qu'il vaut mieux aujourd'hui être un CSP+ arabe qu'un ouvrier blanc.
Pourtant, encore une fois, il y avait des arguments à développer, et notamment celui-ci, qu'on n'a pas l'habitude d'entendre et qui aurait pu me bousculer : le clivage prolétaires/bourgeois s'est structuré à l'intérieur du système occidental et en opposition aux peuples colonisés. En d'autres termes, c'est quand l'Homme blanc est allé soumettre les Non-Blancs que les revendications des prolos ont pu trouver un espace pour s'exprimer. Les démocraties occidentales se seraient non seulement construites malgré la colonisation, mais peut-être même grâce à elle.
Là, il y a à creuser.
Ce genre de raisonnements, qu'on y souscrive ou non, vaut beaucoup plus que ces petites provocations ineptes dont Bouteldjia est si friande. Elle jouit de voir Ahmadinejad prétendre devant l'ONU qu'il n'y a pas d'homosexuels en Iran - non pas par homophobie revendiquée, mais parce que cela met à mal l'Occident et son logiciel, et que les Blancs s'en trouvent heurtés. C'est nul, c'est s'interdire tout esprit de nuance et ça incite à se ranger derrière les
Ce que la vie signifie pour moi
Sortie : mai 2006 (France). Théâtre
livre de Jack London
Manu-D a mis 6/10.
Annotation :
Relativement anodin quand on connaît Martin Eden et sa très large dimension autobiographique. Mais un regard intéressant sur les mondes ouvrier et mondain
Jonas ou l'artiste au travail (1957)
suivi de : La pierre qui pousse
Sortie : 2 janvier 2003 (France). Recueil de nouvelles
livre de Albert Camus
Manu-D a mis 6/10.
Annotation :
Une très bonne première nouvelle sur la vie d'artiste, le confort, le succès critique, l'inspiration, le travail, tout en finesse et construite autour d'un personnage intrigant. La seconde m'a laissé de marbre dès son entame hyper descriptive, et complètement ratée à mon sens. Une énigme
Dix questions sur l'anarchisme (2020)
Sortie : 16 janvier 2020. Philosophie, Politique & économie
livre de Guillaume Davranche
Manu-D a mis 8/10.
Annotation :
Le livre remplit parfaitement l’ambition qu’il poursuivait, à savoir présenter en quelques points succincts les principes élémentaires de l’anarchisme. Il a le mérite d’éviter de faire la chronologie du mouvement, qui était pas très intéressante à faire ici, et donc de traiter de l’anarchisme thème par thème. De mon côté, j’en doutais pas, mais il permettrait à beaucoup de gens, même très à gauche, de faire une lecture moins caricaturale des aspirations anarchistes, bien loin de l’idéalisme béat ou du nihilisme total auxquels on le renvoie si souvent.
Forcément, c’est une tentative qui a les défauts de ses qualités : comme elle entre dans le vif du sujet, on a souvent envie d’en savoir beaucoup plus sur les diverses visions qui traversent l’anarchisme et on aimerait poser des questions sur certains sujets totalement mis de côté. Existe-t-il un courant militariste et comment une initiative anarchiste d’ampleur pourrait-elle se passer des armes face aux offensives des puissances adverses ? Que deviennent la justice et le droit dans une société sans Etat ? Abandonne-t-on absolument l’idée de l’incarcération (et si la réponse est non, cela n’implique-t-il pas l’instauration d’une police ?) ? Le renoncement à la société capitaliste matérialiste et consumériste actuelle ne suppose-t-il pas nécessairement de consentir à baisser son niveau de vie, et à quel degré ? Comment importe-t-on ce qu’on a besoin d’importer ? Et sur une question plus stratégique, j’aurais aimé savoir ce que pèse aujourd’hui l’anarchisme parmi les militants et sympathisants de gauche. Un deuxième volume serait pas de trop