Livres - 2022

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De la SF à la Black Mirror (le style de SF qui m'attire le moins) qui essaie vainement de prendre des bouts de cyperpunk mais c'est très superficiel et ça ne fait même pas passer le temps entre deux pavés...
J'avais bien aimé sa petite nouvelle de fantasy urbaine (?) de la ménagerie de papier, dommage qu'il ne tente pas de creuser ce sillon

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[Soyons honnête, aussi culte soit-il, Dune est loin d'être dénué de défauts. Entre une écriture qui ne fait pas vraiment merveille, des scènes d'action peu claires et un récit qui a des moments de mou, il y a quelques raisons d'être rebuté.
Mais on retrouve ce qu'on aimait déjà dans les adaptations, d'abord cette mythologie saisissante qu'on dirait issue d'un croisement entre tragédie grecque et épopée arabe à la Lawrence d'Arabie (improbable a priori, terriblement crédible à l'arrivée), avec un surcroît de richesse et de complexité. Tout en déployant un décor grandiose, Herbert livre un récit qui sait toujours rester au plus proche de l'humain, des pensées de chacun de ses protagonistes : l'alternance entre le parlé et le pensé dans les dialogues, quoiqu'un peu simpliste comme procédé, est très efficace de ce point de vue. Et si l'action est parfois brouillonne, les dialogues sont d'une rare intensité.

Finalement, le seul point un peu gênant c'est que même si on a ne serait-ce qu'un très vague souvenir du film de Lynch comme c'est mon cas, la surprise n'est guère au rendez-vous. Les tomes suivants seront peut-être plus satisfaisants de ce point de vue...]

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Moins "démonstratif", plus analytique et finalement plus aimable que Loin de moi qui m'avait agacé par la prétention à prouver des théories ne pouvant au mieux que s'illustrer. De fines analyses qui font autant appel à des philosophes classiques que des écrivains, et même à de la BD avec Hergé (si si!) : c'est presque autant de la critique littéraire que de la philo...

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Petit roman inachevé qui m'a paru une porte d'entrée idéale à cet auteur estimé et éventuellement intimidant (parfois comparé à Proust, rien que ça...). Chassé-croisé entre Italie et Angleterre et entre citadins et propriétaires terriens, dialogues subtils ou incisifs mais toujours compréhensibles. Chez Forster il semble que c'est par la rencontre que chacun puisse aller de l'avant.

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Introduction à quelques philosophes réputés ardus. Donne envie de les lire, même Sartre (oui c'est fou), c'est donc plutôt réussi...

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Pas fait exprès mais lu au moment de l'invasion de l'Ukraine, ce qui était... particulier.

La quatrième de couv' semble le présenter comme un néo-Kafka, ce qui me semble un peu faux. Y a quelque chose de bien plus mélancolique. Kourkov maintient les implications politiques en arrière-plan, il n'y a que dans les vingt dernières pages qu'on retrouve l'aspect policier, et encore, sur un mode plus humoristique qu'autre chose...

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Au bout du livre se trouve un chapitre presque beau, étonnant après l'étalage de cynisme ayant précédé. Houellebecq romantique comme le disent certains? peut-être... au fond tout le monde a sans doute un peu raison sur Michou, de ses détracteurs à ses laudateurs. Ce n'est pas une position de Normand, c'est assez logique en fait : il capte l'air du temps comme une éponge, et vu que l'époque est celle du bordel, ce faisant il donne prise à tous les points de vue, qu'ils soient réactionnaires, marxistes, progressistes, etc...

Bon après, avant d'arriver à ce dernier chapitre, il faut quand même en passer par une litanie de propos débectants... Houellebecq sait parfois être drôle et touchant mais c'est pas ce qui reste le plus en mémoire. Et si la réflexion sur la réussite sociale paraît intéressante au début, au fur et à mesure elle apparaît de plus en plus comme un moyen de donner bonne conscience à un sale type. Car oui dans certains chapitres il est vrmt ignoble.

J'ai moins à dire sur le style, que je craignais beaucoup. C'est un style clinique, et non blanc comme on le lit souvent (ou alors c'est du *mauvais* style blanc...), assurément pas grand mais ça m'a pas si choqué, moins que le contenu en tout cas

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https://tempspresents.com/2016/07/05/guenon-trois-fois-non
Le deuxième et même le premier point n'est pas très difficile à voir tant le bouquin suinte d'un l'élitisme maladif (ce qui est plus étonnant c'est qu'une pensée fondamentalement inégalitaire puisse attirer des gens de gauche, à rapprocher du cas Heidegger peut-être). Le troisième est vraiment le plus intéressant : je sentais confusément la prétention (imbuvable) à fonder une connaissance sans respecter de critère scientifique, mais je n'arrivais pas bien à mettre les mots dessus. Et la suite met bien les points sur les i quant aux soit-disant connaissances de Guénon dont ses sectateurs nous rebattent les oreilles.
Vraiment un superbe démontage de l'arnaque guénonienne...

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Axiomatique est un peu loin dans mes souvenirs mais ce recueil m'a paru moins percutant. Alors c'est bon (parce que les concepts sont bons...) et ça met probablement une mine à à peu près toute la SF contemporaine (je dis probablement parce que j'en avais plus lu depuis un moment), mais Egan déroule parfois des récits... sans la moindre inflexion. Même si je comprends que c'est sans doute le genre anticipation qui veut ça il faut avouer que c'est un peu... usant, voire démotivant.
La nouvelle éponyme m'a laissé perplexe, j'ai plus trouvé mon compte dans celle des Tapis de Wang (dans l'esprit c'est du Solaris à la sauce hard science) et les dernières (Singleton est excellente et même drôle).

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Acheté après une expo, avec toutes mes envies de lecture pour l'année j'ai préféré prendre un ouvrage court. Celui-ci fait à peine plus d'une centaine de pages, donc c'était parfait...

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A l'ombre de Tolstoï et de Dostoïevski (voire de Pouchkine et de Gogol...), Tourguéniev attend tranquillement son heure... Elle finira bien par sonner, lorsque les lecteurs fatigués des grands auteurs voudront bien se saisir d'un modeste volume d'à peine 300 pages...
Les veinards y trouveront autant de trésors que dans les pavés de Léon et Fédor.

Pères et fils, c'est un tableau vivant de toute une époque, une œuvre riche, tendre et subtile, où l'art du portrait est à son sommet, écrite dans un style vif et alerte à faire pâlir d'envie nos plus grands écrivains. Un must.

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Le début est délicieux de cynisme désabusé : la façon dont le narrateur portraiture sa bande de potes de lycée en sales gosses est drôlatique à souhait. Du genre qu'un Houllebecq aurait rêvé d'écrire.
La suite est plus intimiste, presque proustienne, ce qui est un peu casse-gueule, mais dans le genre, Barnes s'en sort pas mal, et même mieux que des auteurs plus estimés (Kundera pour ne pas le nommer, par exemple...)...

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Amour, dîners mondains, sexe et voyage de bourgeois new yorkais. Ça aurait tout pour agacer, mais Salter fait ça comme personne...

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Il m'a manqué quelque chose pour vraiment apprécier ce qui est peut-être le roman le plus estimé de Kawabata. Comme Kyoto, il est moins dans l'ineffable qu'ancré le quotidien familial dans ce qu'il peut avoir de dysfonctionnel : le fils qui néglige sa femme au profit de sa maîtresse, la fille qui retourne chez ses parents après un mariage ayant mal tourné et au milieu le grand-père essayant de maintenir la cohésion mais qui ne peut s'empêcher de préférer sa belle-fille...
Des dialogues plein de sous-entendus (enfin peut-être pas tant que ça, on est pas si sûr au bout d'un moment) et de beaux moments, mais en suspens...

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Tout portrait plaisant ne peut être peint que de profil disait Rousseau, et bien Dazai semble s'ingénier à le faire mentir avec cette galerie d'autoportraits un peu ridicules voire grotesques... C'est assez plaisant, ou plutôt amusant au début, mais passé les 3/4 premières nouvelles, on commence à percevoir les limites de l'exercice : quand elles ne sont pas tout simplement trop longues, ces historiettes ont un côté too much qui laisse incrédule, celle du chien en étant le meilleur exemple. Et si les dernières sont intéressantes pour leur contexte historique, il faut composer avec le côté pleureuse de Dazai qui est supportable car le bonhomme est sans complaisance vis-à-vis de lui même mais fatigant à la longue..

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Ah un illuminé. Il a l'air sympa (il ne fait pas la morale ni ne prend des airs de connard pédant) mais je comprends pas tout quesquidit. Comme ça semble une lecture assez généreuse de Nietzsche et des mystiques chrétiens, j'y laisse le bénéfice du doute...

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Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais Sartre est passionnant. Ou disons plutôt (car l'affirmation précédente est assez choquante j'en conviens ^^) qu'il peut l'être. C'était tout sauf une lecture détente mais j'ai beaucoup apprécié cette vision phénoménologique de l'imaginaire, d'autant que si la première moitié est un peu difficile avec toutes ses références aux théories psychologiques existantes, la suite s'assimile bien. La thèse de Sartre est claire et on voit même comment elle s'articule avec l'existentialisme dans la conclusion. Je ne vais pas me jeter sur la Nausée ou l'Etre et le Néant (le Sartre existentialiste m'attire beaucoup moins à vrai dire), mais c'est une lecture que je ne regrette pas. Comme quoi il est parfois bon de surmonter ses préjugés...

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Premier bouquin où je cale cette année. Ça me semblait pourtant être le bon moment pour me lancer dans ce volume pas si épais qui trainait dans ma bibliothèque depuis plus d'un an. Après l'Amérique gentiment absurde de Shepard, j'étais plutôt partant pour me plonger dans celle plus violente de McCarthy. Malheureusement celui-ci a un style assez imbuvable, fait de phrases juxtaposées par de simples "et" ce qui est peut-être acceptable en anglais mais assez moche en français. Les dialogues sont également délivrés quasiment sans aucune indication de qui parle, ce qui est vite pénible. Bref, ça manque cruellement de liant.
Je me disais qu'une fois le périple des deux gus commencé la forme serait moins pénible, mais elle a quand même une conséquence qui au fond est assez logique : le manque d'intérêt pour les protagonistes...
(Arrêté vers la page 150)

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Une farce satirique dans laquelle Gary se moque grassement des milieux anarchistes. Le trait est un peu épais (mais quoi de plus étonnant pour une farce?), mais c'est drôle... et plutôt bien envoyé.

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Histoire de vieille dame encore. Un Marai moins fort que les Braises ou le Premier amour, la faute à un ressort de l'intrigue (à base de lettres...) assez cliché et exploité jusqu'à la corde par Agatha Christie et d'autres auteurs du temps jadis. Il y a tout de même un agréable côté Tchekhovien, en plus dynamique, et en tout juste 150 pages Marai arrive à portraiturer chaque personnage assez finement

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Un essai sur la pensée philosophique assez mal connue de Gödel, tout-à-fait à rebours de son époque et plus encore de la notre : platonicien, leibnizien, l'homme croyait aux anges et aux démons... On pourrait en rire, mais quand on se rend compte des raccords avec son fameux théorème, on est moins sûr de son fait.
Le sujet est aride, mais la plume de Cassou-Noguès est agréable... Reste qu'à partir de la mi-longueur il y a beaucoup de répétitions et des digressions pas forcément nécessaires (le chapitre consacré à Emil Post ne m'a pas semblé apporter grand chose). Le dernier chapitre arrive à temps pour détendre le lecteur par une fiction de SF (si si...).

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Récit de déraciné dans lequel Conrad a mis pas mal de lui-même mais qui s'avère assez universel... j'imagine que beaucoup d'émigrés ont pu s'y reconnaître...