Livres 2024

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(T117) Petit recueil trouvé en boîte à livres. La meilleur étant sans doute la dernière au titre éponyme. Foutraques, avec de nombreux rebondissements souvent inutiles, pour enfoncer des clous moralisateurs de loyauté à la famille la plupart du temps. Me fait penser un peu au roman gothique anglais que je n'aime pas non.

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(283) C'est toujours un plaisir de retrouver Bolaño et je me retiens de ne pas dévorer toute son oeuvre d'un coup. Peu d'auteurs savent réussir à la fois les romans fleuves et les nouvelles percutantes, sans trop de surprise, il fait partie de ce club fermé. On trouve dans ces nouvelles un peu de Carver, dans des situations qui paraissent banales mais à la bordure de l'implosion, du fantastique, et beaucoup d'humour!

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(A) Si j'ai beaucoup aimé les premières nouvelles, fantastiques, créatives, et plus anciennes. J'ai été beaucoup moins emballée par la suite, notamment la longue histoire de Thunderman. C'est dommage de finir l'ouvrage avec ces histoires récentes, beaucoup moins inspirées et vaguement politisées, qui semblent être écrites sur commande. J'ai été fascinée par la toute première, une geisha à usage de sorciers qui assiste à une histoire d'amour toxique sans pouvoir intervenir, et les suivantes, bien que plus légères, très drôles sur la création du monde, l'apocalypse, ou le piège d'un faux medium où l'on reconnait bien la patte du sorcier.

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(E396) Je m'attendais à lire un nouveau livre sur la guerre d'Espagne, mais pas du tout. Celle-ci, reste, comme le monde, au dehors de la grande maison. Le paradis inhabité, qui fascine et broie l'enfant inattendue, surnuméraire, qui s'invente une vie dans les jupons des domestiques. C'est triste et touchant, et beaucoup moins ennuyeux qu'on ne pourrait l'imaginer vu le sujet.

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(T538) J'aime beaucoup le travail de Monsieur Thiellement, découvert avec sa série Infernet sur Youtube. J'ai tout de suite été attirée par la 4e de couverture qui mentionne certaines de mes marottes (Lynch, les Beatles, l'affaire Grégory...). On retrouve son humour pince-sans-rire, sa culture foisonnante et ses points de vue originaux, empreints de spiritualité (gnostique). Je trouve toujours qu'il pousse ses analyses trop loin, qu'il est beaucoup trop symboliste pour quelqu'un comme moi, qui ai tendance à penser qu'il faut prendre certaines choses, comme les films de Lynch, comme ils sont, sans vouloir leur donner absolument du sens. Mais je ne peux pas lui en vouloir car il a au moins le mérite d'avoir une pensée qui ne ressemble à aucune autre. J'ai été juste un peu déçue de retrouver certains chapitres que j'avais déjà vus traités dans ses vidéos, mais c'était intéressant de les voir également illustrés par des images sur internet.

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(629) Je dois remercier Elouan pour cette proposition, je croyais pas qu'un livre de cette époque puisse me plaire autant. Sterne est incroyablement moderne et préfigure le nouveau roman en s'affranchissant de la plupart des règles du récit, de la typographie... Puits d'érudition, il se sert pourtant de cette culture foisonnante pour créer des débats idiots et régler quelques comptes. Le livre, qui se veut une autobiographie du personnage de Tristram Shandy, n'est qu'une digression sans fin, il met pas moins de 300 pages à arriver au fait de sa naissance. A-t-il inspiré l'auteur de la Mezzanine? Il a également un humour truculent et étonnement salace pour l'époque et sa fonction! Là également l'absurde des situations peut faire penser aux films des Monthy Python, ses concitoyens que j'aime beaucoup. Il m'a été difficile de lire des longs passages car je trouve le style d'époque un peu lourd, mais je suis complètement subjuguée par cet OLNI!

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(A) Cette lecture, ou devrais-je dire cette écoute, fut intense et difficile. Neige a choisi de lire elle-même son roman, ce qui ajoute encore de la force au récit. Sans colère et sans concessions elle raconte l'horreur des actes, mais aussi l'horreur du dire, de tout perdre encore une fois. Consciente des limites du témoignage, elle n'attend rien de son livre, et avoue ne pas aimer ce type d'exercice, c'est comme si le traumatisme enfoui s'écrivait lui même contre son gré. Les scènes sont entrecoupées de références diverses, de réflexions sur la justice, la littérature, les relations humaines. On y trouve pourtant aucune réponse, l'introspection a ses limites, et si Hannah Arendt a déjà essayé d'expliquer l'origine du mal social, ce drame intime si commun nous est encore bien étranger... Enfin pas si étranger à 10% de la population.

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(T117) Le seul intérêt du livre étant sûrement la préface et la postface qui permettent de connaître la vie de l'intriguant Pessoa et son attachement à son pays natal, bien qu'il ait cessé d'utiliser sa langue maternelle pour l'écriture. Le contenu n'est qu'un traité touristique dépassé, composé de longues listes rébarbatives de noms sans doute prestigieux, de prix et d'horaires de lieux historiques à visiter.

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(A) C'est finalement la même histoire que le loup des steppes, un personnage qui se tient en surplomb de l'humanité, méprisant leurs bassesses, qui entreprend un voyage initiatique pour apprendre à être un homme, une femme l'y aidera. Cette fable me semble moins intéressante, je suis pas très sensible au côté orientaliste, et je trouve que les personnages manquent paradoxalement de moelle. La mort de l'égo est la seule voie enviable, et pour celle-ci il faut passer par toutes les émotions, et souvent les pêchés bien humains.

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(T121) Cette courte pièce, où tous les personnages sont féminins, est profondément cruelle et montre bien que les femmes sont capables de se passer des hommes pour resserrer l'étau patriarcal les unes sur les autres.

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(A) Pennac tourne un petit peu en rond avec sa famille Malaussène, mais sait garder vivant le charme de cette saga. D'autant plus que je l'ai écouté lu par l'auteur lui-même. J'avoue être un peu agacée par cette image d'Epinal d'un multiculturalisme idéal, où chacun apporte sa pièce à l'édifice, mais il faut dire que l'époque a changé. J'ai beaucoup apprécié la création du genre littéraire néo-libéral, extrêmement bien vu et prophétique. Et le rythme du livre est agréable, dynamisé par de nombreuses péripéties.

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(T184) Etrange livre où on retrouve la noirceur de la littérature de cette époque. La fatalitas poursuit Blondy Niles, prête à planter ses griffes dans sa peau. Dans les ruelles sombres, entre boxeurs et prostituées, il croise la lie et le meilleur de l'humain. Il se perd même dans la demeure de la fascinante Mrs Boxx dont l'influence sur lui est quasiment du domaine du fantastique. Un style fluide et percutant, je continuerai à chercher à me procurer les livres de cet auteur.

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(A) Bien que j'aime l'absurde, je n'ai pas été si emballée par cet Ubu roi. Je trouve le tout un peu puéril et vain. Je lui préfère la créativité de Vian ou Ionesco.

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(207) Ce petit thriller est vraiment long à se mettre en place, et comme d'habitude je ne trouve pas les personnages très crédibles. J'ai du mal avec la sensibilité japonaise, donc je trouve les caractères puérils ou hystériques.

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(222) J'ai un plaisir coupable, les podcast de crime. Je connais donc déjà très bien l'affaire Romand. Je suis toujours troublée par les ressemblances avec l'infâme De Ligonnes, un catholique ambitieux, qui rêve d'une vie de gloire et d'argent, dont un prêt à leur maîtresse fait dérailler la vie. M. Romand n'est pas un génie manipulateur, on voit bien comme il a été lui même bouffé par son engrenage avec des mensonges bancals, à croire qu'il n'existait pas assez pour que quiconque prenne la peine de vérifier ses élucubrations, il a donc décidé de se faire exister, c'est ce qui est au centre de cette tragédie, et qui explique l’impossibilité d'un suicide salutaire pour son entourage. Je dois dire que je n'ai pas trouvé le style de Carrère très brillant sur ce coup, répétant parfois fièrement des tournures un peu lourdes. Ce livre est à réserver aux gens intéressés par le fait divers, il n'apporte pas la grande analyse psychologique qu'on pourrait attendre.

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(T284) J'aime d'habitude assez Riel, mais celui-là était plutôt en dessous des autres, assez fourre-tout, les historiettes ne se valent pas. Et ce que je préfère, la culture des inuits, y est quasiment absente. J'ai aussi été assez mal à l'aise de l'image des femmes donnée dans ce livre, extrêmement objectifiées, notamment dans le jeune âge de l'auteur. Je n'ai pas souvenir que ça ait été le cas dans les autres.

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(267) Malgré l'absurde apparent de ce fort qui maintient une emprise surnaturelle sur ses soldats, c'est sûrement le récit le plus réaliste que j'aie lu de Buzzati. C'est un livre sur le temps, qui pèse de tout son poids sur nous, sans qu'on ne sente son pouvoir. C'est l'illustration de la fameuse fable de la grenouille, qui se laissera mourir dans une eau qu'on chauffe petit à petit. La routine et la peur de l'inconnu sont les meilleurs gardiens de prison qui existent. Bercés par l'espoir d'une gloire promise et pourtant tellement improbable, les soldats semblent pétrifiés entre les murs de la citadelle, aux portes d'un désert stérile. Je craignais qu'étant donné le thème de l'immobilisme, le livre soit ennuyeux, pas du tout, il y a de nombreuses péripéties inattendues, et le temps passe aussi vite pour nous que pour le lieutenant Drogo.

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(252) Un Thompson mineur, même si les personnages sont truculents et les péripéties nombreuses, il manque ces losers magnifiques qui sont sa marque de fabrique. Ceci dit, le traitement du couple est plutôt novateur dans un genre littéraire où la femme est cantonnée à des rôles bien précis, la demoiselle en détresse ou la femme fatale. Carol a une vie intérieure, elle tremble, aime, complote et est happée un peu malgré elle dans cette cavale haletante.

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(548) Curieux roman-fleuve, ou devrais-je dire, roman séisme sur la ville de Mexico, aka Df, aka... Ordonné alphabétiquement par thèmes, le narrateur tente de se frayer un chemin dans sa mémoire, happée comme par un trou noir par le mystérieux Martin Mantra. Inspiré par la beat generation, il se réapproprie la technique du cut-up et on retrouve une Joan Vollmer fumant clope sur clope dans le Mictlan. Juan Rulfo est aussi convoqué, nommément, et par le choix d'un narrateur spectral. J'ai été flattée d'avoir lu les différents auteurs cités dans le roman, mais ce n'est pas si étonnant, car ce sont des classiques pour qui aime le nouveau roman. J'ai presque été déçue de ne pas être plus perdue dans la narration, je crois que je me suis trop habituée aux livres déconstruits.

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(A) Long roman syndicaliste pour certains, il me semble pourtant que, pour une fois, le livre se place du point de vue des oppresseurs. Sans prendre parti, mais pour montrer la diversité des personnages, parfois à cette place par pur hasard. Nous avons affaire, au début, à des durs à cuire caricaturaux, mais petit à petit, en prenant la place du narrateur, ils gagnent en profondeur et deviennent touchants. La gestion de l'affaire familiale n'est finalement qu'un fil rouge sur lequel sont tricotées les relations interpersonnelles douloureuses, où chacun essaie d’échapper à la fatalitas qui les emporte, tout comme le courant incorruptible de la rivière contre lequel ils luttent inlassablement, s'épuisant à faire des digues, plutôt que de déménager.

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(A) Toujours aussi hermétique à la littérature ou devrais-je dire la culture japonaise. Ce livre contemplatif renferme un trésor de petites traditions charmantes et sophistiquées. Toutefois, le personnage principal n'existe plus derrière tout ce paraître soigneusement étudié, pas de personnalité mais un vide immense, qui lui permet, au moins de pouvoir faire son travail en se glissant dans la tête de ses clients, lui demandant d'écrire pour eux. Il n'y a qu'un seul moment où j'ai trouvé que l'histoire avait un intérêt en développant un peu le passé de notre écrivaine publique. J'aimerais trouver un juste milieu entre une société individualiste d'écrits autobiographiques bouffis d'égo et ce monde où il faut absolument rentrer dans des cases en se rendant le plus transparent possible.

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(352) J'avais été extrêmement émue lors de ma découverte de Xiran, il doit y avoir 15 ans de ça, avec ses Funérailles célestes, et ça a été une bonne surprise de la retrouver dans les cartons de la braderie fnac, de plus, je suis très intéressée par la Chine, si opaque qu'il est dur de comprendre ce pays. Ici, elle se fait porte-paroles des femmes de son pays, qu'elle interviewait dans son émission "Mots sur la brise nocturne". Elle fait face à des récits déchirants, dans un pays meurtri par son histoire politique, et tout cela en devant contourner la lourde censure du parti, omniprésent. J'ai été abasourdie par la naïveté de Xinran, qui découvre à l'âge adulte l'homosexualité, et l'existence des sugar babies sur les campus de son pays. Je ne sais pas si il s'agit d'un procédé narratif, mais certaines histoires m'ont paru tirées par les cheveux, avec des coïncidences improbables, des rencontres qui tombent à point nommé dans un pays pourtant immense... J'avoue que ça m'a fait douter de la véracité de ces écrits et m'a sortie un peu du livre. Cependant, je lui laisse le bénéfice du doute, et j'ai trouvé la lecture très intéressante, ne serait-ce que pour cette plongée au cœur de cette obscure contrée.

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(277) C'est mon fils qui a d'abord lu ce livre, pour le lycée, je lui ai donc piqué car j'aime la poésie en prose, et j'étais curieuse de voir comment était traité le sujet. J'ai moi aussi une formation en hypokhâgne, et je dois dire que j'ai été très touchée par la personnalité du regretté auteur. Jamais, malgré la différence d'éducation il ne porte de regard condescendant sur ses camarades, au mieux, il s'agace de comportements peu civils, ce sont plutôt les chefs qui prennent pour leur grade. Les envolées lyriques sont ponctuées d'humour, et de références, toujours bienvenues et pertinentes. Ponthus fait un exercice d'équilibriste, tiraillé entre le gouffre du cynisme et la recherche de la beauté dans un quotidien aliénant.

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(460) Polar médiocre, acheté chez mon fournisseur de bande-dessinées parce que j'avais oublié mon livre en cours. Incohérences, personnages trop lisses, enquête peu intéressante.

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(A) J'ai eu envie de lire ceci après avoir vu cette vidéo qui parle notamment de l'irm fonctionnelle et l'IG nobel de cette année sur son utilisation effective sur un saumon mort. [ici : https://www.youtube.com/watch?v=4UQWKpJx9mw&si=iWWTF_2rtY79ytpS] L'auteur fait le travail salutaire de détricoter chaque simplification neuroscientifique, extrêmement à la mode dans les médias. Et leurs implications, notamment politiques. Moi-même j'avais été séduite par les discours sur le striatum et la dopamine notamment. C'est toujours difficile pour quelqu'un qui se veut rationnel de se rendre compte que l'argument de l'"étude scientifique" est insuffisant et parfois spécieux. Dommage de n'avoir pas parlé de la pression des chercheurs à avoir des résultats "choc", faisant disparaitre le sens de la nuance pour faciliter financement et publications. Comme c'est un sujet qui m'intéresse énormément je n'ai finalement pas appris grand chose passée la critique de la simplification neuroscientifique. Toutefois ce petit livre est salutaire et j'encourage chacun à le lire pour son hygiène intellectuelle.

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(190) J'adore Saer et j'étais contente de recevoir ce roman pour la St Nicolas (meilleure fête possible, où l'on reçoit des livres et des gourmandises). Dans ce demi polar, non sans rappeler Italo Calvino, par sa créativité narrative, s'entremêlent deux enquêtes, dont on comprend difficilement le lien. D'un côté, un thriller plutôt classique, d'un tueur de vieilles dames dans un cadre parisien, qui obsède un policier chevronné au passé douloureux, ce pan de l'histoire est presque cinématographique dans son traitement. De l'autre, plus habituel chez Saer, un groupe d'amis venant d'Amérique latine, cherche à établir la paternité d'un manuscrit mystérieux, dont l'intrigue constitue en elle même un troisième récit dans le récit embryonnaire. Le mélange, au début hétérogène, finit par s'émulsionner dans un livre savoureux qui se lit d'une traite.

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(A) Dans ma démarche personnelle d'étude de l'inceste, ce livre s'imposait forcément, car il a été à l'origine d'un éveil des consciences publiques sur le sujet, sans doute parce qu'il concernait des figures publiques. Neige Sinno, disait assez justement, en citant cet ouvrage, que la meilleure place pour éveiller les consciences était celle de témoin direct, le tabou de l'inceste est si fort que les mots de la victime sont trop directs et mettent mal à l'aise les lecteurs. Ici le récit commence par une autobiographie plutôt classique, dans une famille aisée et intellectuelle, mais rapidement les rôles de chacun vont s'inverser, la mère, idéalisée, libre et brillante, va peu à peu descendre de son piédestal et laisser la place aux figures méprisées au départ, (père, grand-père...). On retrouve le mécanisme d'emprise, qui fait que la parole de la victime est tue, même par Camille elle-même, qui ne trouve rien à redire à ce que l'on utilise son frère jumeau dans ce cadre, tant elle a été élevée dans un contexte hypersexualisé. Je trouve intéressant de s'immerger dans ce moment où, sous prétexte d'un climat libertaire, la gauche intellectuelle encourageait les relations sexuelles avec des mineurs sans que personne ne s'émeuve. On voit au fur et à mesure apparaitre les vrais visages de cette Familia Grande, si radieuse pour l'extérieur, quand il s'agit d'assumer les conséquences de leur mode de vie "libéré". Les suicides s'accumulent et les portes se ferment, plus parlants que la langue de bois de cette clique politisée.