Livres de 2020

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*Je n'ai lu que la nouvelle qui donne son nom à l'ensemble du recueil.*

Toujours ce sentiment si bien induit par London de l'implacabilité de la nature et de son éternité. On irait jusqu'à attraper des engelures au fur et à mesure de la lecture !

Court, dense, fort, sans détour. Une nouvelle trop petite sans doute pour insuffler le souffle habituel de London, mais néanmoins, on se sent dès la première page concerné par les "ennuis" de ce trappeur imprudent.

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On retrouve dans ce livre le Luchini qu'on connaît. Du moins pour ceux qui savent lire entre les lignes et ne voient pas en lui qu'un exalté égocentrique de plateaux tv.

Le comédien fait un tour d'horizon de ses passions, de ses humeurs et de ses penchants. Avec un certain style, on sent l'influence de Céline dans ses phrases. Courtes, accrocheuses et ponctuées du fameux "ça" célinien.
S'il se livre peu, préférant remplir l'espace en citant ses idoles, sa qualité de passeur de culture éclate plus que jamais. Certaines anecdotes sur Barthes ou Dumont sont franchement drôles, son analyse de Philippe Muray juste et posée. Il donne d'ailleurs au coeur du livre le poème: " Tombeau pour une touriste innocente" de l'écrivain. Rien de moins que le poème le plus important à mon sens du 21ème siècle...

Un livre souple et lumineux.

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Dans la préface de mon édition de Lord Jim, Marc Porée se demande d'où provient cette fascination profonde mais insondable que nous avons pour les livres de Joseph Conrad ?

La lecture de Lord Jim accentue cette interrogation... Volontairement complexe dans la narration, souvent nébuleux et jouant sur différentes temporalités, nous sommes sans cesse perturbé dans notre lecture. Cela nuit un peu je dois dire. Qui parle ? Où ? Quand ?

Mais le revers de cette perdition, c'est de donner au livre un cachet fou. Comme si un vieux matelot ressortait devant nous un grimoire à l'écriture éparse et nous contait l'histoire d'une vielle connaissance. En mélangeant ses souvenirs.

Le personnage de Lord Jim d'ailleurs est comme en retrait de cette histoire, toujours raconté, senti, décrit, de loin. Une sensation véritablement étrange s'en ressent...

Un livre définitivement difficile d'accès mais pas inintéressant. Même si je suis déjà habitué à la prose de Conrad, celui-ci m'aura bien déstabilisé.

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Pris par l'émulation médiatique, sans vraiment rien en attendre, je me suis dit pourquoi pas ne pas me lancer dans la lecture de ce livre... L'auteur m'ayant été plutôt sympathique lors de son passage à La Grande Librairie d'ailleurs...

Le récit est assez fort, parfois poignant, sans trop en faire non plus. Je regrette néanmoins le fait qu'elle n'approfondisse pas assez certains personnages ou moments clés de sa vie.

Je vais essayer de détailler cela.

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Splendide du début à la fin. Même si en tant que fan d'aviation, la partie "pilote" m'a davantage encore enchanté. Le rapport à la mère, à cette impuissance qu'il confesse, malgré certaines touches de vanité, s'avère bouleversant. Cette promesse est d'autant plus puissante, qu'il ne cède pas à un lyrisme débordant dans les dernières pages. On sent chez lui - et c'est en cela que le livre est véritablement touchant - une volonté de prouver quelque chose. Au monde, à sa mère, mais surtout à lui-même.

Une écriture fine et agréable, avec quelques montées sublimes. Un grand livre.

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À rebours" fait partie de ses œuvres qui possèdent les défauts de leurs qualités.

Il est radical et jusqu'au-boutisme dans sa démarche. Plutôt que de raconter une histoire, il reconstitue un monde, auto-centré, élitiste, éminemment cultivé, depuis l'intérieur d'une maison en bordure de Paris. Cette introspection savante où le héros, des Esseintes, nous décrit son amour de la peinture et de la littérature par le prisme d'œuvres choisies et son penchant pour l'alcool par exemple - ce qui donne pour moi d'ailleurs le meilleur passage du livre où il imagine dans sa bouche des symphonies différentes selon les saveurs des liqueurs - agit comme une montagne russe littéraire: On passe de passages délicieux à lire, vertigineux, de superbes envolées impitoyables à des descriptions plates, longues et ennuyeuses.

Un livre contre son temps, témoin du fameux esprit "décadent", exigeant sur ses amours comme sur la finesse de son style. Et quand l'auteur délaisse un peu l'exiguïté de son salon pour laisser planer son esprit, comme libéré de ses ressentiments, cela donne de formidables moments de bravoure littéraire.

Je recommande évident.

"À rebours" est un livre important, finalement assez court, et qui préfigure déjà le roman moderne à venir.

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L'apparition d'un personnage à mi-parcours donne au livre presque deux parties. La première: initiatique, aventureuse et sans répit, s'avère la meilleure.

Loup Larsen, l'antagoniste pour le héros, le véritable tour de force de ce roman d'ailleurs, est un pur morceau de bravoure nietzschéenne: Fouillé, profond, d'une avidité sans comme mesure, suprêmement intelligent et diaboliquement retors, il truste aisément les premières places des plus beaux caractères entrevus chez Jack London.

La seconde partie du livre n'est pas inintéressante, je dirais juste moins bringuebalée par la houle terrible du Pacifique, plus paisible dans son sillage. Malgré un coté toujours impitoyable dans le déroulement d'événements tous plus tragiques les uns que les autre sur le pont de ce bateau ou dans l'obscurité dangereuse de ses cales...

Le Loup des mers demeure néanmoins très fort et condensé pendant sa traversée.
Jack London reste au-dessus de la mêlée pour raconter des hommes soit recroquevillés par les conditions extrêmes, soit élancés vers une soif de puissance insatiable.

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Court et percutant. J'aime ce genre de biographie du déclin imaginée. De la vraie littérature.

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Un peu déçu je dois dire... Ça commence très bien, je retrouve le Saint-Ex' de "Terre des hommes" et puis l'énergie se dissout totalement... Et je déteste dire cela mais j'ai trouvé l'écriture très emphatique, lourde.

Les considérations sont mal amenées, fatigantes à lire alors même que le livre est ultra court. Peut-être suis-je passé à coté mais hormis un bon début et quelques fulgurances, ce vol m'a semblé bien étrange...

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Difficile d'y apposer une note car s'il est évidemment un grand livre - comment pourrais-je d'ailleurs prétendre le contraire - je m'y suis passablement ennuyé...

Je l'ai trouvé assez inégal en fait. La première partie est inoubliable, arriver à "matérialiser" pour ainsi dire nos plus insaisissables pensées ou sentiments est fabuleux à découvrir. Le cœur du livre lui, les atermoiements amoureux de Swann, je n'ai jamais réussi à m'y intéresser. C'est long, redondant, mais ce style finalement plus fluide que je ne l'imaginais s'avère constamment agréable à lire, comme un flot parfois trop pacifique mais heureusement souvent secoué par un aphorisme ou un superbe développement.

La fin, comme le début, relève le niveau pour moi. Je pense qu'en définitive je préfère quand le narrateur prend du recul avec ses personnages, qu'il délaisse un peu leur psyché pour s'aventurer à décrire les alentours, les paysages.

Vais-je continuer ? Aucune idée... Pas dans l'immédiat en tout cas.

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La pudeur dont il fait preuve en interview, on la retrouve dans ce beau témoignage d'une vie passée sous l'ombre des voiles. Éric Tabarly n'est pas homme de confession ou d'épanchements. Il livre ici ses plus belles courses de manière méthodique, froide, mais pas dénuée d'intérêt ni de charme. Il raconte comment il a toujours dû "se débrouiller" pour financer ses projets, la constructions des différents Pen Duick, former un équipage optimal pour ces longues traversées en mer, ect... La liberté d'une vie se paye au forceps. Il l'a toujours compris et assumé. Rares sont ces hommes.

Avec d'autres on aimerait qu'ils fendent l'armure. Pas avec Tabarly. On prend ce qu'il dit et on rêve, avec lui, au-dessus des vagues et sous les embruns, de ce monde éternel.

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Convaincu par le projet mais je trouve son application parfois étrange. Le but de ce livre, assumé dès l'entame, est de participer à la campagne de l'UNESCO contre le racisme en 1952. Objectif certes louable, mais j'ai eu l'impression que cette volonté, en prenant le pas sur le déroulement de sa réflexion parfois, amenait Lévi-Strauss a de drôles d'arguments pour appuyer son discours. Lorsqu'il énumère certaines prouesses techniques ou artistiques de cultures non-occidentales, ne ferait-il pas paradoxalement ce qu'il reproche ? À savoir établir comme une hiérarchisation, un "listing" de compétences comparées qui n'a finalement peu de sens ?

Car il décrit parfaitement cette limite que nous avons lorsque nous étudions les autres cultures: nous ne les appréhendons qu'avec notre propre grille de lecture, nos codes, notre principes élevés en repères essentiels, un système de pensée inopérant car nos propres critères ne peuvent "fonctionner" avec une culture qui elle, a érigé d'autres fondamentaux structurants. Ceci est éminemment intéressant, et fort juste à mon sens, mais j'ai eu cette sensation dérangeante de deux discours antinomiques à l'intérieur d'une réflexion poussée et encore une fois, convaincante.

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L'idée est géniale... La réalisation moins. C'est pourtant honorablement écrit, avec même quelques fulgurances, mais l'auteur peine à rendre son histoire intéressante. Pierre Assouline glisse comme sur la carapace de Rudyard Kipling, et ne pouvant percer son mystère, ressasse des situations et des discussions, au final bien vaines...

Néanmoins quelques développements sur la situation d'entre d'entre les deux guerres nous réveillent de notre torpeur, des belles lignes sur la filiation, une fin certes facile mais franchement émouvante.

Un livre qui tient tout juste sa promesse, de justesse...

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Le livre est inégal, chahuté, cabossé. Mais entre deux escapades foireuses, de sacrées fulgurances de style. Pas le coup de coeur que j'attendais, mais une intéressante ballade mid-tempo sur les routes ricaines, lascive et presque trop désinvolte finalement pour m'emporter totalement.

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Malgré le toujours très joli style de Tillinac, je ne suis pas arrivé à m'intéresser à son enfance, certes bien coloriée, mais dénuée à mon sens d'un intérêt particulier. On dit que le style fait tout pourtant... Mais hormis quelques bribes joliment dévoilées, certains moments déterrés plus touchants que d'autres, je me suis un peu ennuyé.

Néanmoins, repose en paix Denis. La France perd un grand écrivain

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Pas l'immense coup de cœur espéré en ce qui me concerne, mais un très beau livre néanmoins. Julien Graq raconte la "Drôle de guerre" dans ce qu'elle a de plus absurde finalement. Ils sont là, regroupés, préparés, en attente... De quoi au juste ?

Il dresse un portrait très organique de ce temps suspendu au milieu de la forêt. Ce blockhaus on le voit, ces Ardennes et son odeur on l'a renifle, ce paysage esquissé - peut-être parce que je le connais bien aussi, je dois l'admettre - nous le percevons sans peine. Si ce coté charnel de l'environnement s'avère être très agréable à lire, et à être ressenti surtout, je trouve que le final tombe à plat. l'accélération ne prend pas. Dommage...

Gracq retranscrit mieux la suspension que le feu sans doute.

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Du Tesson pur jus.

Avec tout ce que cela comporte comme génie et facilités, humour et gravité. Mais passionnant, toujours. Il roule même à contre-courant de certaines idées reçues sur lui et étonne dans le choix de sa narration "historique", constant parallèle baroque mais instruit entre ce voyage pittoresque et la funeste retraite.

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Me voilà bien embêté. Comme toujours lorsqu'au terme d'un classique, on peine à comprendre l'engouement, presque la "légende" en ce qui concerne ce livre...

Je ne suis jamais rentré dedans. Certaines aphorismes séduisent pourtant, et parfois je pénétrais dans la psyché des personnages, mais le sentiment général procuré par la lecture fut celui de la circonspection totale. Le mélange de philosophie, d'histoire et de politique, avec en toile de fond ce chassé-croisé amoureux désincarné au possible, alors même que le projet est je pense tout autre, celui de rendre compte d'un tiraillement intérieur, m'a perdu de la première à la dernière page.

Et qui plus est, je ne trouve pas cela formidablement écrit pour tout dire...
Pas ma came, tout bêtement. Enfin je suppose.