Livres lus en 2024
35 livres
créée il y a 7 mois · modifiée il y a 3 moisBonjour tristesse (1954)
Sortie : 15 mars 1954. Roman
livre de Françoise Sagan
luludelalune a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Lecture rapide, accessible, 150 pages environs. Rapide, efficace, j'ai beaucoup aimé, on se met à la place de la narratrice. La dureté de l'adolescence. Pas de "simplicité" d'écriture, mais vraiment l'efficacité, aller à l'essentiel. Et la cruauté, la manipulation de l'ado, vraiment un classique à lire. J'ai adoré. Elle a écrit le bouquin a 18 piges, en 6 semaines. Juste ça... Ça veut tout dire, quel talent !!!!!
"Je t'aime jusqu'à la mort" (2023)
Correspondance avec Jean Desbordes (1925 - 1938)
Sortie : 11 octobre 2023. Correspondance
livre de Jean Cocteau
luludelalune a mis 7/10.
Annotation :
Bon je m'attendais uniquement à une correspondance. Yavait beaucoup de commentaires historiques sur la relation. J'ai adoré l'histoire entre Jean Desbordes et Jean Cocteau, me replonger dans leur entourage de l'époque, l'addiction à l'opium, etc... Je trouve la coïncidence des dates et lieus de rencontre fascinantes, et je découvre surtout Jean Desbordes. On se rend bien compte des mecs de l'époque... Abusé comment ils dépendent des femmes ahahah
J'ai toujours admiré les dessins de Cocteau et je suis ravie de découvrir la personne derrière ceux ci... Je découvre avec les lettres d'amour, l'histoire de la résistance de la rue de la pompe et l'organisation de la résistance polonaise. EN fait c'est ça aussi la déception et la révélation de ce livre : je voulais lire une correspondance de love et je me suis retrouvé à lire la vie d'un écrivain (raté ?) qui devient un bête de résistant qui se fait putain de torturé par la Gestapo.
J'aime l'idée que ce soit les femmes de son entourage qui se soit battu pour lui, pour le faire reconnaître.
Est ce que je recommande le livre pour autant ? Je ne sais pas... il n'est pas ouaw... les lettres d'amour sont belles, et je pense qu'il pourrait plaire à des amoureux de l'Histoire ou de la Littérature.
Le Rire (1900)
Essai sur la signification du comique
Sortie : 1900 (France). Essai, Philosophie
livre de Henri Bergson
luludelalune a mis 7/10 et le lit actuellement.
Annotation :
Bon c'était sympa la partie un, la deux ça traîne... Un peu long, mais académique et quand même simple pour un livre de philo. On comprend la pensée de l'auteur etc... Mais le rire n'est pas vu dans son intégralité. Il est vu comme "rappel social" (ça j'ai kiffé vraiment, j'y aurai pas pensé moi-même) et comme "mécanique" mais il manque le rire qui t'émancipe, qui te permet de dépasser un truc, qui te permet de transgresser, transcender... Et j'avais plus besoin de ça que de rire comme une règle, une norme qui pousse à "ne pas dépasser les normes sociales" et te remettre dans le rang quoi....
Ceci n'est pas un fait divers (2023)
Sortie : 5 janvier 2023. Roman
livre de Philippe Besson
luludelalune a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
À Thiron-Gardais, je tombe sur une petite boutique mi brocante mi bio écolo zéro déchet et la dame (qui parle trop, ça se voyait elle était seule, et elle me faisait de la peine) me conseille ce livre. Je crois que j'ai vaguement entendu parler de l'auteur sur Tiktok. Je le prends juste pck voilà, la madame est mimi, sans trop de motivation. ET OMG c'est un vrai coup de coeur !
Une centaine de page qui se dévorent, pour faire sortir du fait divers le féminicide. J'ai vraiment apprécié, notamment le fait d'avoir le point de vue du grand frère qui s'est échappé de la famille depuis plusieurs années et qui se demande comment "ça a pu en arriver là", comment a-t-il fait pour ne rien voir venir. On se replonge avec lui dans l'histoire de ses parents pour comprendre que ce n'était pas lié au hasard, qu'il n'a surement pas voulu voir les choses. J'apprécie également les pages sur sa culpabilité d'avoir fui, d'avoir laissé sa soeur, les pages sur l'institution policière, le chantage affectif du père, l'impact du féminicide sur les personnages. Je l'ai trouvé très réaliste. Facile d'accès, rapide, simple, tout ce dont j'avais besoin après Bergson.
La petite mariée
Sortie : 6 mai 2004 (France). Recueil de nouvelles
livre de Rabindranath Tagore
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
C'était poétique. D'un autre temps (début 20e). Deux nouvelles qui se lisent très vite, je pense qu'elles font chacune une cinquantaine de pages. J'ai préféré "Nuage et Soleil" car autour de la littérature. "La petite mariée"... Ça fait un peu dépassé quand même, comment être une "bonne femme au foyer" quoi. Mais c'est un univers à part entière, qui nous fait voyager en Inde, et ça, c'est beau ! Une belle parenthèse, mais pour moi ça reste une parenthèse quoi.
Paname Underground (2017)
Sortie : 19 octobre 2017. Récit
livre de Johann Zarca
luludelalune a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Conseillé par Marwan. Basé. Livre prenant, 250p. Vraiment un plaisir de découvrir le Paris que j'aime version underground, à travers des personnages du monde de la nuit, de l'ombre qu'on ne met jamais en avant. Tout est loufoque, mi réel mi imaginé.
J'ai adoré retrouver un langage parlé, de celui que les autres là, les vieux de 50 piges coincés vont pas comprendre. J'ai aimé me dire que c'était mon langage à moi, de celui qui est décrié, qui est de "la street" et avec lequel on ne fait pas de littérature. J'aime me dire que ce livre ne sera pas accessible (même si j'ai tord i know, au moins ça en découragera certains d'y prêter attention) à ceux qui rendent la littérature inaccessible. Au delà de la langue, le scénario est stylé, nous tient en haleine, chépère, et nous fait découvrir des trucs basés genre le MMA à Aubervilliers, ou les saunas chelou de Pigalle. Bref des trucs auxquels ne s'intéressent pas les gens de la littérature quoi, trop dans les bas fonds pour eux. Vraiment basé pour les potes qui veulent découvrir Paris.
Les Nuits blanches (1848)
(traduction André Markowicz)
Belye notchi
Sortie : 1956 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
luludelalune a mis 6/10.
Annotation :
1er Dostoïevski pour moi. Je l'ai choisi pck rapide à lire (une centaine de page), pas sûr que cela ait été un bon critère... Bon alors, 1ère partie : le point de vue du mec, 2e partie le point de vue de la go. J'ai pas vraiment kiffé la partie 1 vraiment longue, le mec est ultra perché, si on transposait ça aujourd'hui je dirai que ce serait un geek incel qui projette des trucs de fou sur la première meuf a qui il adresse la parole. Mais il est vrai que l'état d'esprit, la solitude du mec involontairement célibataire y est décrit à la perfection. Bon voilà... Je sais pas trop quoi dire sans sploiler...
Ca se lit très bien, très vite, ya un univers, certains disent que c'est une histoire d'amour... bon... jsuis pas trop d'accord. Je vois pas comment on peut lire ce truc et dire "c'est une histoire d'amour" non, c'est l'histoire d'un mec qui projette bcp de choses sur une meuf qui projette bcp de choses sur un autre gars oui.
J'ai pas trop apprécié... Mais par contre, j'ai beaucoup aimé l'univers, un peu genre comme si il y avait de la brume, dans une ville avec des maisons aux murs gris... Un peu genre ambiance Hitchcock en noir et blanc, Jane Eyre, mystérieuse et tout. Ce qui me pousse à aller vers l'univers de Dostoïevski avec d'autres livres !
À propos d'amour (1999)
All About Love: New Visions
Sortie : 7 octobre 2022 (France). Essai
livre de bell hooks
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
J'aime pas de fou la mise en page de cette édition.... Donc je pensais galérer à lire mais en vrai l'écriture est super fluide. Pareil je m'attendais à un truc un peu académique, finalement pas tant que ça. Ça facilite la lecture et en même temps.... Moi ça m'a fait douter du sérieux de l'ouvrage... Ça faisait très livre de dev personnel alors que je m'attendais vraiment à de la philo quoi... Pour moi Bell Hooks ce serait du très srx genre prof universitaire quoi !
Finalement je m'y suis faite. J'ai beaucoup aimé le message porté par Bell Hooks et je crois que j'y ai trouvé ce dont j'avais besoin dans ma vie personnelle sans jamais m'être vraiment dit que j'en avais besoin : savoir ce qu'est l'amour. Avoir une définition de l'amour.
J'ai beaucoup apprécié l'analyse sur les familles dysfonctionnelles, la recherche de solution individuelle sans exclure le problème systémique du patriarcat. J'ai vraiment aimé l'orga des idées, les différents chapitre et thématique : la place de la mort, de la violence, du mensonge, la spiritualité....
Son livre m'a semblé limpide "couler de source", comme si "c'était ça". C'est aussi très bien organisé. Ça traîne un peu à la fin mais comme on a compris l'idée principale on peut lire en diagonale sans souci.
Ça m'a donné une bonne grille de lecture sur le monde qui m'entoure, ça m'a permis de mettre des mots sur des maux. Un livre que je recommande autour de moi, à ceux qui ont vécu des violences, des relations malsaines sans comprendre pourquoi, qui cherche à "aimer", qui ont pu être blessé ou qui sont dans les cercles de relations toxiques là... On est tous un peu passé par là où on a tous un.e pote qui reproduit le schéma et qui en sort pas.
Une fois le truc "livre mi philo mi dev perso" dépassé, c'est certainement une de mes révélation de l'année.
Clair de femme (1977)
Sortie : 1977 (France). Roman
livre de Romain Gary / Émile Ajar
luludelalune a mis 10/10.
Annotation :
Mon premier livre de Romain Gary.
Incroyable. J'ai adoré. Il se lit très vite (on est tenu en haleine) et il est court (autour des 150pages je crois).
Je crois que j'aurai pu corner toutes les pages et surligner chaque phrase. Tellement se suffisent à elles mêmes. Vraiment tellement de mots sur l'amour. Je suis tomber amoureuse littéralement. J'ai beaucoup pleuré. Je lirai et relirai ce livre.
Il y a en arrière fond ce cabaret, ces soirées mondaines, ce Paris (best city, qui a sa place ici et me ravie de l'avoir en toile de fond) dans lequel on noie sa solitude et son désespoir.... Il y a tout en un roman de mois de 200 pages !!!! La rencontre, l'amour d'une vie, la mort, les femmes, les hommes, la vie, l'alcool (et Paris ahahah). Tout. Bref ça m'a boulversé, j'ai adoré, je relirai. Une claque. Un des meilleurs roman d'amour.
Un don (2008)
A Mercy
Sortie : 16 avril 2009 (France). Roman
livre de Toni Morrison
luludelalune a mis 7/10.
Annotation :
Alors, euh j'ai pris ce livre là dans ma pile, juste pour me faire déculpabiliser de livre que des livres de 100 pages en ce moment ahahahah.
Depuis que j'ai entendu une interview de cette autrice en 2012, je suis fascinée par son univers. Mais j'étais trop jeune pour comprendre quoi que ce soit à ses livres. J'ai laissé de côté. Puis j'ai lu "Beloved", l'univers m'a fasciné, j'ai adoré. C'est le même univers ici, l'Amérique esclavagiste, mais aussi celle des indiens massacrés et des exploités (de toutes couleurs).
C'est fascinant. Un arrière plan fou, aliénant. On entend toutes les voix de chaque personnage, sans trop comprendre qui parle au début, ce qui rend le truc vraiment réel, vraisemblable. Il a aussi un bon moment de suspens, on se demande ce que va devenir Laurens, la mort, l'amour... On est tenu en haleine mine de rien, dans cette ferme paumée. Et on est emmené dans les plantations de tabac, sur les chemins, sur un bateau, sur la traversée vers l'Amérique.
A chaque fois j'adore, entendre ces voix, oubliées, aliénées folles, comme des témoignages que l'Amérique souhaite effacer. C'est comme si le job de Toni Morrison s'était qu'on ne les oublie jamais, de faire parvenir jusqu'à nous toutes ces existantes, transmettre leur mémoire, leurs croyances, leur façon de percevoir le monde, de le lire...
Frère d'âme (2018)
Sortie : 16 août 2018. Roman
livre de David Diop
luludelalune a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Petit livre, 150p ( Désolée mais quand t'as une vie busy ça devient trop un critère, je vois qu'il est très récurent pour moi cette année).
je crois, une lecture de deux heures, mais frappante. Foudroyante. Elle me rappelle le Ferdinand sur les champs de bataille, l'écriture me rappelle Céline, et Amadou Hampaté Bâ aussi. J'ai adoré. Ca dit tout. Les métaphores sont incroyables, spirituelles. J'ai aimé la mélodie, l'écriture donc, mais aussi le sujet. J'ai aimé le thème de la folie et aussi le fait que David Diop rappelle celui de la sauvagerie. On leur demande d'être sauvages sur le champs de bataille, et j'ai aimé que le personnage voit dans les yeux des autres ce qu'ils projettent sur lui. Ça me rappelle "rester barbare" de Louisa Yousfi. Vraiment cette espèce de double discours qui enferme les hommes racisés et ici les tirailleurs sénégalais.
J'ai aussi apprécié toute la partie "à l'arrière", avec le dessin, sur sa vie plus jeune, très poétique.
Je recommande fort.
PS : j'ai lu que les gens critiquaient le style "oral" en mode "c'est mal fait". Moi j'avais la voix d'Alfa qui me racontait l'histoire durant toute la lecture.
Et autre astuce : toujours se fier au prix lycéens, ils ont toujours bon gout. Quand ils choisissent un livre, c'est pas comme nous "entre plein d'autres livres", c'est en concurrence avec les potes, les jeux vidéos, les RS... donc ton livre doit être sacrément intéressant pour faire concu à tout ça.
Triste tigre (2023)
Sortie : 17 août 2023 (France). Autobiographie & mémoires, Récit
livre de Neige Sinno
luludelalune a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Cout de chance : 3e chez Emmaüs OMG.
TW : inceste.
Les gens disent : difficile à lire car violent. Moi je trouve qu'il se dévore pour ça. Ok oui violent les scènes décrites mais tellement violent le silence aussi.
Rare sont ceux qui te parle sans détournement et de façon explicite dès la première page. Là... En ce moment, j'ai besoin qu'on en parle vraiment sans détour. Et c'est ce que fait l'autrice. Elle met les pieds dedans. Merci pour ça quoi. Et c'est tomber exactement au bon moment dans ma vie. J'avais besoin de ça.
Et puis j'ai adoré parce qu'il traverse tout, il est traversant et verse un peu de lumière sur tout, toutes "les phases", les émotions, les questions. J'adore la façon dont c'est écrit, à la fois construit et lacunaire. C'est ultra fluide, compréhensible, simple. Alors oui on passe par mille émotions, mais alléluia on en parle !!!!
L'autrice permet un rapport à la littérature que j'ai adoré, en commentant des romans qui l'ont marqué sur le sujet : alors oui "Lolita", mais aussi "L'adversaire", elle parle du podcast incroyable de Charlotte Bukowski. Mais elle fait une analyse des oeuvres, des lecteurs aussi.... Comme j'aimerai qu'on parle de la littérature à tout le monde en fait. Et elle déchiffre tout ça, avec son regard à elle, maman de 40 ans, écrivaine mais aussi ado, enfant.... Je le trouve d'une intelligence ce bouquin.... Il m'a donné envie de connaître l'autrice, et d'aller lire ce qu'elle écrit elle, au-delà de ce qu'elle a vécu.
En fait il a y a vraiment un parcours des oeuvres en même temps qu'un parcours de construction, de reconstitution du procès aussi... Bref. Je l'ai dévoré parce que j'avais comme elle, besoin de comprendre.
PS : voilà il confirme ma thèse : prix Goncourt lycéen 2023, trop basés les lycéens.
La Violence des riches
Chronique d'une immense casse sociale
Sortie : 12 septembre 2013 (France). Essai
livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
Bon je l'ai traîné un an, pourtant pas un pavé mais quand même conséquent, 250p je crois (j'ai commencé en Mars 2023 et depuis il était sur la table de nuit).... C'est un livre que j'ai pourtant trouvé génial pour comprendre la violence symbolique (à travers le paysage, le corps, l'entreprise, les différents présidents...).
J'ai adoré les anecdotes (après voilà, c'est peut être ça qui m'a retardé le fait que ce soit beaucoup beaucoup de fait bout à bout pour appuyer leur propos), connaître les meilleurs amis de F. Hollande pour comprendre que non, son ennemi number 1 n'est pas la finance ; savoir que les journalistes sont exonérés d'impôts jusqu'à 7k de salaire / mois, que les élus politiques et les hauts fonctionnaires peuvent devenir avocat sans passer l'examen,... Tout est compréhensible, simple d'accès et donne de bonnes clés de lecture, et d'arguments pour comprendre la violence des riches !
Le texte est entrecoupé d'articles qu'ils ont écrits, ça fait des "histoires" en plus, des faits qui viennent renforcer le propos mais à la fin, je ne prenais plus la peine de les lire, j'avais l'idée et des exemples en tête pas besoin d'un énième truc...
Bref je comprends l'empilement de faits qui viennent prouver les dires scientifiquement et je comprends leur nécessité, au début j'ai kiffé, j'ai fait une boulimie à la fin j'avais plus faim, je cherchais les idées en lisant en diagonale les faits.
Caligula (1944)
Sortie : 1944 (France). Théâtre
livre de Albert Camus
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
100 pages, pièce de théâtre : autant dire que la lecture a été rapide ! L'écriture aide à se niveau là : pas de fioriture, incisive, direct à l'essentiel, épuré pour que ne reste que les idées principales, les concepts.
Je l'ai lu avec en tête le concept d'absurde de Camus, et je trouve que cela rend la lecture d'autant plus intéressante. Je trouve que chaque personnage incarne une vision, une philosophie de la vie, une critique de la société et en cela, ça nous pousse à la réflexion sur la condition humaine. Ajoutons le contexte particulier de l'écriture (pendant 2nd guerre mondiale donc ya des bails d'interprétation en +, j'épilogue pas je suis pas renseignée). Je pense que je recommanderai le livre en ce sens. Pour quelqu'un qui serait à la recherche de réflexion sans devoir lire 300p de bouquin de philo à s'arracher les cheveux. Mais qui souhaite quand même lire une page et réfléchir, faire une pause pour assimiler et reprendre sa lecture (c'est vraiment comme ça que je l'ai lu entre deux chantiers, Ikéa et LM, dans la voiture et je reprenais la route en réfléchissant. Du coup ce livre est associé à la poussière.).
J'ai aimé voir la transformation de ce personnage, qui paraissait "raisonnable" devenir, après un deuil, autre chose. Comment il reçoit un fait inévitable, et ce qu'il en fait, comment il se transforme à cause de l'absurdité du monde et de l'existence. Pour moi, il joue à l'absurde, le devient lui-même et on a tellement tous ressenti ça un jour, ce sentiment universel que "ça n'a pas de sens" et on a tous essayé de ne pas y faire face en jouant à l'absurde... Il détruit tout dans une espèce de quête de liberté absurde elle aussi car impossible de décrocher la lune (j'adore l'image de la lune comme absolu).
C'est une lecture que j'aurai aimé faire plus tôt, je suis sûre que l'étudier au lycée par exemple m'aurait aidé à faire face à l'absurdité du monde. Caligula est une arme supplémentaire pour y faire face.
En bons pères de famille (2023)
Sortie : 6 septembre 2023. Essai, Culture & société
livre de Rose Lamy
luludelalune a mis 6/10.
Annotation :
J'adore la trouvaille de Rose Lamy : son concept du bons pères de famille. Son livre contribue notamment à sortir de l'image de l'homme "autre" ultra violent, celui qui tue, viole à l'angle de la rue et est à part, à la marge de la société, celui qu'il faut qu'on condamne par la prison, ce monstre à enfermé. Elle remet l'église au milieu du village : 91% des viols sont commis par un proche, 1 enfant sur 10 l'inceste, et les violences intra familiales (sur la femme et/ou les enfants) OMG : c'est une intervention des flics toutes les 1m30 en France. Vous imaginez ? Si en plus on ajoute tout ceux qui n'appellent pas les flics ?
Adèle Haenel : "Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères."
Bref, un bon livre, ultra lisible, efficace pour défaire ce mythe du monstre et se rendre compte que ces violences sont celles des bons pères de famille puisque nous sommes dans une société patriarcale.
Je recommande surtout pour des "débutants" "débutantes" par encore trop sensibilisé.e.s au féminisme. Perso, je suis restée un peu sur ma fin, car j'ai aujourd'hui besoin de plus de concepts, d'aller plus en profondeur, et j'ai déjà assimilé tout ce qui est dit dans le livre. Après c'est un bon récap !
Ah et j'aime l'utilisation du décryptage médiatique, des titres des journaux, l'analyse du texte pure. Je ne pense pas que je rachèterai (pour moi) un de ces livres, mais par contre je continuerai de suivre son compte insta fort.
C'est un beau jour pour mourir (1994)
L'Amérique de Custer contre les Indiens des Plaines, 1865-1890
Killing Custer: The Battle of Little Bighorn and the Fate of the Plains Indians
Sortie : 2000 (France). Essai
livre de James Welch
luludelalune a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Lecture pour le bookclub des fines canailles de @Wissam_Xelka sur Twitch.
300 pages. Je ne connaissais ni James Welch ni la fameuse bataille de Custer (apparement connue aux USA). Ah et je connaissais rien aux Indiens d'Amérique.
J'ai adoré ma lecture, un livre mi-historique, mi-récit qui permet de comprendre le point de vue des Indiens contrairement à tous les autres bouquins / films qui semblent prendre le parti des Blancs. J'ai été plongé pendant une semaine sur 30 ans d'histoire qui me permettent de comprendre plein d'enjeux autour de la colonisation de l'Ouest qui me paraissait lointaine. C'est bien documenté.
L'écriture de l'auteur c'est ce qui fait le charme du livre, et qui fait qu'on traverse avec lui les plaines de l'Ouest, qu'on est dans un village indien ou chez ses parents. Mais c'est aussi ce qui demande de suivre tant les allers retours temporels sont nombreux. Et en même temps... Lui qui est descendant Blackfeet nous parle du rapport au temps des Indiens, si différent de celui des Blancs....
Il garde un ton humoristique mais rend hommage à chaque mort, sait décrire les monstruosité commises par chaque camp, fait appel à des films Western, des livres, propose mille regard pour comprendre une bataille qui a été si simplifié. Bref il donne du relief et personnellement, l'envie de s'intéresser aux cultures des Sioux, des Lakota, des Cheyennes... Et de lire d'autres de ses livres !
C'est bizarre mais j'ai trouvé l'écriture à la fois juste et bien justifier en terme historique et tout autant poétique dans le récit. Le titre veut tout dire. Choisir ce titre pour 30 ans de guerre contre la colonisation. Bref très juste. J'ai adoré.
L'impasse de Bab-Essaha
Sortie : 4 juin 2015 (France). Roman
livre de Sahar Khalifa
luludelalune a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Une histoire de femmes ultra basées, de soeurorité, sur fond de colonisation israélienne.
J'ai eu du mal à rentrer dedans (les 30 premières pages). J'avais du mal avec la narration, et le chapitre 1er, une morte, je comprenais pas de quoi on parlait, le rapport avec la suite.
Passé mon apriori, j'ai été incroyablement captivé. J'ai adoré la langue, l'attention portée aux odeurs pour poser les décors, et j'ai adoré cette "enquête scientifique" sur l'impact de l'Intifada (1987-93 et le livre paraît en 1997) sur la vie des femmes. Au début je me suis dit "ah beau procédé pour faire parler de façon indirecte un personnage et le faire se dévoiler....", un peu gros mais bonne idée. Et puis non en fait, c'est bien plus que ça ! ça se transforme, d'évènements en évènements... Je veux rien spoil mais que de GIRL BOSS, de la go ultra croyante, à celle qui se prostitue, à celle qui fait des études pour s'en sortir....
Juste c'est sur des femmes et ça m'a beaucoup plus, qu'elles essaient d'exister par elles-mêmes, qu'elles soient de vrais perso de 1er plan, qu'elles luttent... Vraiment basé. Girl boss.
PS : ça se lit tout seul. 168 pages.
L'Ordre du discours (1971)
Sortie : décembre 1989 (France). Essai, Philosophie
livre de Michel Foucault
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
ok on va pas se mytho... Foucault c'est basé de fou, et ça se lit bien. Genre on comprend et c'est des sujets passionnants (prison, sexualité, folie....) mais je n'arrive jamais à finir ses bouquins de plus de 500 pages là... Alors quand j'ai vu parmi les piles du libraire de Sète ce truc tout mimi, je me suis dit "ok lulu 80 pages, c'est pour toi, le premier de Foucault que tu vas finir". Promis après je finis les autres mdr
Alors après qu'est ce que j'en ai pensé ? C'est sûr que le sujet "discours" me passionne moins que le sujet "sexualité" ou autre... Mais c'était quand même stylé pck il étudie on va dire ce qui "contraint" / censure le discours quoi :
Je copie ce qu'il dit comme ça tout le monde comprend de quoi ça parle : "dans toute société la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour rôle d'en conjurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser l'événement aléatoire, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité."
Voilà ça c'est genre p.1, ou début de son discours quoi, et tout le bouquin il explique tous les procédés, et il fait ça vraiment en accompagnant le lecteur en disant "le 1er truc, le 2e..." donc ça part pas dans tous les sens, c'est bien structuré ! Je trouve que ça permet très très bien de comprendre comment lui va par la suite produire du discours, et la méthode philosophique qu'il va employer (ça c'est la 2e partie de son disoucrs on va dire = comment produire du discours bien quoi, comment lui va bosser au Collège de France).
J'ai bien aimé, franchement c'était simple pour de la philo, et vraiment j'adore l'idée qu'il dévoile comment il voit les choses quoi, et le travail qu'il va accomplir dans le futur.
PS : son hommage à Jean Hyppolite (c qui ce gars ?) à la fin m'a émue de fou !!!
La Promesse de l'aube (1960)
Sortie : 26 avril 1973 (France). Autobiographie & mémoires, Roman
livre de Romain Gary / Émile Ajar
luludelalune a mis 9/10.
Annotation :
Un grand classique. 380 pages.
J'appréhendais le côté histoire de love entre le fils et la mère... ça me donnait moyennement envie et finalement, la régalade.
De l'humour, de la mémoire, des larmes. Des bouts de vie, des écrins précieux, des passages délicieux : la langue du chat sur la figure, l'odeur du bois, le nez, le voisin dont on porte le nom jusqu'au Général, les psychanalystes, tout quoi. Les anecdotes s'enchainent avec fluidité, il y a des répétitions mais en bonne dose pour ne pas perdre le fil (j'ai aimé ces répétitions omg), par contre un peu plus de longueurs sur la fin.
J'ai adoré, un livre touchant de fou malade avec une bonne dose de distance, entre narration et com' de l'auteur. J'ai beaucoup aimé sa façon de parler de son courage, sa virilité, sa féminité. Et la fin m'a beaucoup émue.
Le Maître a de plus en plus d'humour (1999)
Shifu, ni yue lai yue youmo
Sortie : avril 2006 (France). Roman
livre de Mo Yan
luludelalune a mis 6/10.
Annotation :
Sympa mais sans plus. Moins de 100 pages, une heure de lecture.
Ça met 50 pages à démarrer et puis ça devient un peu intéressant. Intéressant pour capter un peu la société chinoise (question du travail, de l'ouvrier, de la retraite, de l'argent....) mais sans ouah quoi. Je ne recommande pas spécialement.
Le Malentendu (1944)
Sortie : 1944 (France). Théâtre
livre de Albert Camus
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
Une centaine de page. Une écriture nette, incisive. J'ai adoré. On est encore dans ce genre de pièce dark, torturée, sur la condition humaine, sur ce à quoi on aspire,... J'avoue que ça fait très scénario de Tragédie, genre famille maudite frappée par le Destin inévitable. On est dans l'idéal, on est dans l'absurde, mais avec ce langage du 20e siècle que j'adore.
C'est cru, ça fait réfléchir, c'est vif, et ça laisse une entaille profonde. J'ai adoré, presque encore plus que Caligula qui est plus dans les idées, plus de texte de lyrisme.....
L'Imposture des mots (2002)
Sortie : 3 janvier 2002. Roman
livre de Yasmina Khadra
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
Je connais de loin Yasmina Khadra et son histoire, j'ai lu "Ce que le jour doit à la nuit" et puis c'est tout. Je cherche ses bouquins mais d'occas, ils se font rares. Je suis tombé sur celui-ci sans me douter qu'il parlait de lui, de l'écrivain et qu'il n'était pas tant un roman. Ce qui fait que j'ai eu du mal à rentrer dedans et à comprendre où me situer au début. Et puis je me suis laissée porter.
J'ai adoré retrouvé la plume de l'auteur, des phrases qui me laissent sans voix, qui portent ma réflexion.
La question de la dualité écrivain / militaire ; la volonté de suivre son "rêve d'enfant", la rencontre avec Nietzsche et Zaratoustra, ont fini par me convaincre. Les dialogues avec les personnages comme s'ils étaient réels m'ont bcp rappelé "La fête de l'insignifiance".
J'ai bcp aimé mais je ne recommande pas à tout le monde.
En finir avec Eddy Bellegueule (2014)
Sortie : 2 janvier 2014. Roman
livre de Édouard Louis
luludelalune a mis 9/10.
Annotation :
J'avais déjà lu "Combats et métamorphose d'une femme", je savais a peu près où je m'étais les pieds. Je connais de loin le personnage médiatique "Edouard Louis" et je ne savais pas vraiment si jamais envie d'approfondir, le truc transfuge de classe.
Après quelques mois, j'ai lu la première page. J'ai du me dire "tiens bon" et ça m'a aspiré. J'y ai retrouvé tellement de chose que j'ai connu, indirectement ou non, avec ma famille ou celle que décrivent mes amis : l'homophobie, le racisme, le harcèlement...
Bon perso, même si il y a écrit "Roman" en gros sur la couverture, j'ai lu une autobiographie avec tellement d'empathie... Les propos retranscrits en italique pour laisser entendre la vraie voix, des vrais gens, avec leur vrai langage m'ont bcp aidé à retrouver ce réalisme, à entendre des proches me parler, avec ce phrasé, cet accent aussi.
C'est le genre de bouquin que je recommanderai à un pote qui me dit qu'il n'arrive pas à lire un bouquin, à rester dedans, que c'est long, c'est chiant la littérature. Là, si t'as passé la première page, t'as la tête sous l'eau avec le narrateur, et tu lis pour essayer de reprendre ton souffle, pour pas mourir noyer, tu continues jusqu'à ce que ça calme. Après je dis pas que les gens vont finir le bouquin ou quoi, mais au moins, ça te prend aux tripes, t'as envie de hurler, pas de t'endormir.
Et je trouve que bah au delà de l'histoire autobio, ya un truc dans l'écriture qui fait que c'est fluide, qu'il y a des images, que c'est violent aussi (le narrateur est violent, il prend le pouvoir et l'ascendant par les mots, mépris de classe you know, mais voilà, t'en passe par là je pense avant d'écrire "Combats d'une femme", pour moi ça fait parti du processus. Et puis enfin merde, enfin il peut prendre le pouvoir ! Et puis il est aussi violent avec lui même... C'est si cru). Bref c'est tout ça qui fait que c'est carrément de la littérature, aussi complexe que la littérature.
Syngué Sabour (2008)
Pierre de patience
Sortie : 25 août 2008. Roman
livre de Atiq Rahimi
luludelalune a mis 7/10.
Annotation :
Tout petit livre. 137 pages. Lecture d'une journée. Une bonne entrée en matière à ceux qui ont du mal à aller chercher d'autres décors en littérature que la France, pour créer un peu d'empathie avec des personnages d'autre pays.
J'ai aimé ce récit au rythme des respirations, avec ses retours à la lignes et ses prières. Je trouve que ça nous plonge justement dans un univers, une atmosphère. J'attendais qu'une chose : qu'elle raconte, qu'elle commence à parler, j'avoue avoir trouvé le plantage de décors un peu long.
Si je devais "vendre" ce livre à quelqu'un ? J'annoncerai que c'est la voix d'une femme, son histoire, sa vie sur fond de conflit en Afghanistan. Je dirai que le sujet est lourd, mais l'écriture légère. Que ce n'est pas de l'action. Je dirai que c'est court, facile et accessible.
Je ne sais pas quoi en dire, y'a un truc qui fait que "aaarf"..... Je suis partagée d'un côté par le conte, la fable, l'abnégation de cette femme face à la violence qu'elle subit, qui passe sur elle comme ... on dirait qu'elle est hermétique quoi.. Cette résilience folle non choisie parce qu'elle n'a pas le choix pour survivre. Et puis ses révélations, qui sont autant de résistance finalement, qu'elle garde pour elle pour survivre. Et je trouve ça très intéressement dépeint.
Et de l'autre, y a un truc qui me gêne dans le fait que ce soit un mec qui ait écrit, qu'il y ait tous ces moments où elle se touche, de façon hyper... sur un coup de tête un peu comme un cheveux sur la soupe. Et en même temps je trouve ça hyper bien d'écrit dans l'ambivalence de l'être humain qui a vécu de la violence : ex le désir ressenti pour la personne qui nous a violé. Et c'est décrit de façon très naturelle, sans gravité. Je trouve qu'il y a donc une justesse d'écriture, avec cette plume si légère, pour décrire des choses d'une violence inouïe.
Sula
Sortie : juin 1992 (France). Roman
livre de Toni Morrison
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
192 pages - Je commence à bien saisir l'univers de Toni Morrison.
J'adore être plongé dans le systèmes de pensées de ses personnages. Et là, on a vraiment ça. J'adore voir les dynamiques sociales à l'oeuvre et l'impact de l'histoire sur leur parcours : qu'est ce que la marginalisation, comment elle est acceptée, comment sont vus les hommes noirs / blancs, les femmes noires.... Et ici on arrive à comprendre tout ça, avec une extrême violence complètement normalisée par les personnages.
Ce livre-ci m'a plus touché que "Un don" car on suit vraiment l'amitié entre deux femmes, une qui se mari et l'autre qui part voyager. Et ça... J'ai adoré car ça façonne chez elle deux visions du monde, et surtout, on accède à la vision du monde de Sula. Toute une réflexion sur le mariage, la condition des femmes, la possession - la jalousie, la rumeur, l'acceptation... Mais aussi l'absurdité du monde et de sa condition sociale.
Meursault, contre-enquête (2013)
Sortie : 7 mai 2014 (France). Roman
livre de Kamel Daoud
luludelalune a mis 7/10.
Annotation :
Je connaissais l'ouvrage avant de l'ouvrir (j'ai triché, j'ai vu une pièce à son sujet). Je n'ai pas eu le plaisir de la découverte du sujet donc.
J'adore le parti pris de l'oeuvre. 25 fois "l'arabe" est mentionné dans "L'Etranger" et jamais aucun nom. Le mec est condamné mais par pour avoir assassiné quelqu'un. Alors j'aime l'idée de reprendre ce personnage, et d'entendre "l'autre côté de l'histoire".
J'ai beaucoup aimé la langue de l'auteur, Ça claque, c'est brut, répétitif, j'avais vraiment l'impression d'être au bar avec le gars, j'avais la voix dans ma tête, comme si quelqu'un me parlait, me faisait une confidence. Parfois je me suis agacée des répétitions, j'étais en mode "Bon vas-y accouche, tu radotes" comme je peux me le dire avec ma grand mère...
J'ai aimé que l'histoire et l'Histoire se confonde, sur fond d'Indépendance. Et puis j'ai relu Camus à travers Daoud. En fait, c'est pas un simple rejet de Camus, j'ai aimé sa métaphore des maisons vacantes pour expliquer qu'il s'approprie une langue, mais aussi une oeuvre. Et du coup s'en est aussi le prolongement : sur l'absurdité de la vie, ce qu'elle est...
Alors par contre.... Ya tout un truc du perso en mode athée, contre la religion et tout, et je suis passée un peu à côté parce que je ne me souvenais pas de la place de la religion dans "L'Etranger"...
Les Matins de Jénine
Sortie : février 2009 (France). Roman
livre de Susan Abulhawa
luludelalune a mis 8/10.
Annotation :
430p. Ecriture fluide, légère, assez poétique.
On vient de bombarder Rafah quand je commence le livre. Quand je le referme, les JT plaident le "droit à l'erreur". Je n'arrive pas à regarder ces images.
C'est là où le livre intervient. Ce roman, permet de retracer l'ensemble du conflit depuis la colonisation irlandaise, sur quatre générations. Le livre permet lui, de faire face aux images, au conflit, tout en avançant à son rythme. C'est un mélange de mise à distance (parce qu'on a pas les images) tout en acceptant de vivre le conflit dans l'intimité, l'individualité. Ce n'est pas du tout le même rapport... On y voit aussi les moments de répit, et surtout on y voit le point de vu de l'autre, la poésie des matins au levé du soleil...
Ce roman questionne aussi le rapport au traumatisme, à la mémoire. Comment fait-on quand on grandit dans un camp ? Comment fait-on pour survivre quand tout est KO autour de soi ? Comment accepte t-on le mutisme de ses proches ?
Un livre essentiel pour comprendre le conflit, comprendre la colonisation et son horreur. Aucun doute après ça, que la Palestine est bien une terre colonisée. Bonne approche pour ceux qui comme moi ont du mal à se lancer dans un livre d'histoire.
Les Mains sales (1948)
Sortie : 1948 (France). Théâtre
livre de Jean-Paul Sartre
luludelalune a mis 9/10.
Annotation :
250p Théâtre situation, on doit prendre la décision d'agir avec Hugo entre Allemagne fasciste et URSS. Lu car pose le problème de l'engagement politique, au même titre que Les Justes de Camus. De nombreuses fois j'ai entendu Houria Bouteldja, militante, parler de se salir les mains. Grâce à ce livre j'ai compris. Sublime passage :
“Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment ?”
Un livre pour réfléchir. Sartre y questionne aussi sa propre posture, celui de l'intellectuel bourgeois, et nous invite à nous questionner sur notre amour des hommes et celui encore plus fort de nos principes et nos valeurs.
On retrouve aussi la question du garçon de café, du jeu, de la comédie, de la mauvaise fois. Hugo est un autre garçon de café : il joue à ressembler à quelque chose, à prendre des airs d'aventurier, emprisonné dans sa condition il n'épouse pas sa liberté durant toute la pièce.... Bref la pièce questionne bien ce truc de l'existence, de l'engagement politique, du pouvoir des actes, des mots, pour soi, en soi et pour le collectif.
Ça se lit vite, bien, c'est intéressant et pas prise de tête dans l'écriture. Fluide. Tout n'est pas à sous ligné, mais interrogation morale et politique +++
La Ronde de nuit (1969)
Sortie : 1969 (France). Roman
livre de Patrick Modiano
luludelalune a mis 6/10.
Annotation :
150p.
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Au début j'ai tenu car je trouvais le style intéressant, cinématographique, j'avais l'impression comme pour Romain Gary, de me trouver à une soirée mondaine, pour de vrai. De vivre l'interrogatoire. Ya un effet de style : tous ces personnages, la musique qui casse le rythme, c'est étouffant. Et puis ça m'a perdu. Vraiment, j'ai eu beaucoup de mal, trop de nom, je comprenais plus qui était qui, c'était long, il a fait que d'énumérer des lieus de Paris, des allers retours passé - présent...... J'ai lu en diagonale sans grand interêt.J'ai vraiment eu troooop de mal. Heureusement ya une critique sur SC qui m'a aidé à comprendre où je mettais les pieds.
Arrivée à la page 104 (sur 150) et j'ai l'impression que le livre commençait enfin...
J'ai continué en diagonale off course. J'ai bien aimé ces 50 dernières pages (en diagonale). J'ai apprécié le style de l'auteur mais pas la narration. Je valide les phrases courtes, les majuscules, l'argot, ça rend le perso humain. Mais pas le monologue de prise de tête avec les sauts dans l'espace et le temps dupère. Je me suis fait chier et du coup j'ai pas profité du style...
Par contre, je trouve le questionnement, encore une fois sur l'individu, sa place dans la lutte : traitre, résistant, espion... Intéressant (comme Les mains Sales, lu juste avant 100x plus digeste). Comment échapper aux traitres et aux résistants (qui ont l'air vraiment pas cool et en carton) ? La place de la famille à mettre à l'abri...
Pour résumer le personnage : il a "suivi le mouvement, voilà tout", ce sont ses mots.
Oui mon Commandant !
Sortie : 26 septembre 2001 (France). Roman
livre de Amadou Hampâté Bâ
luludelalune a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
500 pages. (c'est le tome 2 de sa vie, ya le 1, j'ai commencé à l'envers).
Conseillé en 2017 par un prof en prépa alors qu'on bossait sur la colonisation. Je l'ai commencé en 2021 ou 2022 je crois... Et oups je l'ai laissé dans un coin avant de le reprendre cette année. Pourtant... Quel livre !!!!! J'ai l'impression de grandir en le lisant !
J'ai un rapport aux histoires très occidentalisé, lié à l'écrit. Je me souviens peu des contes de mon enfance. Et je ne pense pas vraiment savoir raconter des histoires.
Là, le travail sur les traditions orales, la transmission qu'il y a dans le livre etc ça m'a fasciné. Comment faire pour préserver ce qui se transmet à l'oral ? J'ai appris l'existence des griots ! J'ai découvert d'autres façons de penser, d'envisager la famille, l'accueil, le travail, les conflits, le respect, le mariage, la dignité...
Je trouve que ça amène bien la réflexion aussi sur l'identité, le territoire, l'héritage. Qui on est, de quoi on est fait, qu'est ce qui nous construit ? Je pense que c'est ce livre parmi d'autres, qui m'a donné envie de connaître mon histoire, de ma région et qui m'a poussé à acheter des bouquins sur le sujet.
Ça donne également un bon aperçu de ce qu'est la vie sous colonisation française.
Tout le long du livre j'entendais l'auteur me raconter son récit, à mes yeux, à mes oreilles, et par sa façon si particulière de raconter, de conter, il était vivant. Avec moi ! J'entendais sa voix, les rires, les pauses, son calme.... Vraiment un livre qui permet de voir la littérature autrement ! Et que d'aventures ! Je recommande très fortement ! Un héritage !!