Livres préférés
J'ai horreur de développer, d'expliquer, de commenter, d'appuyer, j'ai horreur de tout ce qui rappelle le philosophe, donc le professeur. La philosophie : une pensée étalée (comme on dit d'une bouse qu'elle s'étale, s'étend). Je n'aime que la pensée ramassée, foudroyée dans une formule.
Cioran ...
12 livres
créée il y a plus de 7 ans · modifiée il y a environ 2 ansOeuvres
Sortie : 12 mai 1995 (France). Essai
livre de Emil-Michel Cioran
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Petite préférence : Syllogismes de l'amertume
https://www.sonuma.be/archive/entretien-litteraire-du-04041973
Œuvres
Tome 2
Sortie : 2009 (France). Essai, Philosophie
livre de Friedrich Nietzsche
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Petite préférence : Le Voyageur et son ombre
Et je leur ai ordonné de renverser leurs vieilles chaires, et, partout où se trouvait cette vieille présomption, je leur ai ordonné de rire de leurs grands maîtres de la vertu, de leurs saints, de leurs poètes et de leurs sauveurs du monde.
Je leur ai ordonné de rire de leurs sages austères et je les mettais en garde contre les noirs épouvantails plantés sur l’arbre de la vie.
Je me suis assis au bord de leur grande allée de cercueils, avec les charognes et même avec les vautours et j’ai ri de tout leur passé et de la splendeur effritée de ce passé qui tombe en ruines.
En vérité, pareil aux pénitenciers et aux fous, j’ai anathématisé ce qu’ils ont de grand et de petit, la petitesse de ce qu’ils ont de meilleur, la petitesse de ce qu’ils ont de pire, voilà ce dont je riais.
Mon sage désir jaillissait de moi avec des cris et des rires ; comme une sagesse sauvage vraiment il est né sur les montagnes ! mon grand désir aux ailes bruissantes.
Et souvent il m’a emporté bien loin, au delà des monts, vers les hauteurs, au milieu du rire : alors il m’arrivait de voler en frémissant comme une flèche, à travers des extases ivres de soleil :
Au delà, dans les lointains avenirs que nul rêve n’a vus, dans les midis plus chauds que jamais imagier n’en rêva : là-bas où les dieux dansants ont honte de tous les vêtements : afin que je parle en paraboles, que je balbutie et que je boite comme les poètes ; et, en vérité, j’ai honte d’être obligé d’être encore poète !
Où tout devenir me semblait danses et malices divines, où le monde déchaîné et effréné se réfugiait vers lui-même : comme une éternelle fuite de soi et une éternelle recherche de soi chez des dieux nombreux, comme une bienheureuse contradiction de soi, une répétition et un retour vers soi-même des dieux nombreux :
Où tout temps me semblait une bienheureuse moquerie des instants, où la nécessité était la liberté même qui se jouait avec bonheur de l’aiguillon de la liberté...
Annales (110)
Ab excessu diui Augusti
Sortie : 0110 (Empire romain). Culture & société
livre de Tacite
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Major e longinquo reverentia
La Guerre du Péloponnèse
(traduction Denis Roussel)
Historía toû Peloponnêsiakoû Polémou
Histoire
livre de Thucydide
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Il faut choisir, se reposer ou être libre.
Vies parallèles (120)
(traduction Anne-Marie Ozanam)
Sortie : 9 janvier 2002 (France). Biographie
livre de Plutarque
Boris Villar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
ALEXANDRE
Il se flatta que Diogène, qui était alors à Corinthe, lui rendrait aussi sa visite; mais, voyant que ce philosophe faisait peu de cas de lui et qu'il se tenait tranquillement dans son faubourg, il alla lui-même le voir. Diogène était couché au soleil ; et lorsqu'il vit venir à lui une foule si nombreuse, il se souleva un peu, et fixa ses regards sur Alexandre. Ce prince, après l'avoir salué, lui demanda s'il avait besoin de quelque chose : « Oui , lui répondit Diogène; ôte-toi un peu de mon soleil. » Alexandre, frappé de cette réponse et du mépris que Diogène lui témoignait, admira sa grandeur d'âme; et, comme ses officiers, en s'en retournant, se moquaient de Diogène : «Pour moi, leur dit ce prince, si je n'étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène. »
Oeuvres complètes (2011)
Sortie : 12 mai 2011. Vie pratique
livre de Charles Baudelaire
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Petite préférence : Le Spleen de Paris
On ne doit jamais juger les gens d’après leur fréquentation, Judas, par exemple, avait des amis irréprochables.
Les Démons (1871)
(traduction André Markowicz)
Bésy
Sortie : 1995 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
Boris Villar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Et moi je déclare, reprit avec une véhémence extraordinaire Stépan Trophimovitch, — je déclare que Shakespeare et Raphaël sont au-dessus de l’affranchissement des paysans, au-dessus de la nationalité, au-dessus du socialisme, au-dessus de la jeune génération, au-dessus de la chimie, presque au-dessus du genre humain, car ils sont le fruit de toute l’humanité et peut-être le plus haut qu’elle puisse produire ! Par eux la beauté a été réalisée dans sa forme supérieure, et sans elle peut-être ne consentirais-je pas à vivre… Ô mon Dieu ! s’écria-t-il en frappant ses mains l’une contre l’autre, — ce que je dis ici, je l’ai dit à Pétersbourg exactement dans les mêmes termes il y a dix ans ; alors comme aujourd’hui ils ne m’ont pas compris, ils m’ont conspué et réduit au silence ; hommes bornés, que vous faut-il pour comprendre ? savez-vous que l’humanité peut se passer de l’Angleterre, qu’elle peut se passer de l’Allemagne, qu’elle peut, trop facilement, hélas ! se passer de la Russie, qu’à la rigueur elle n’ a besoin ni de science ni de pain, mais que seule la beauté lui est indispensable, car sans la beauté il n’y aurait rien à faire dans le monde ! Tout le secret, toute l’histoire est là ! La science même ne subsisterait pas une minute sans la beauté, — savez-vous cela, vous qui riez ? — elle se transformerait en une routine servile, elle deviendrait incapable d’inventer un clou !…
Les Caractères (1688)
Sortie : 1688 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie
livre de Jean de La Bruyère
Boris Villar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Il y a de certaines choses dont la médiocrité est insupportable : la poésie, la musique, la peinture, le discours public.
Quel supplice que celui d’entendre déclamer pompeusement un froid discours ou prononcer de médiocres vers avec toute l’emphase d’un mauvais poète !
Il y a beaucoup plus de vivacité que de goût parmi les hommes, ou, pour mieux dire, il y a peu d’hommes dont l’esprit soit accompagné d’un goût sûr et d’une critique judicieuse.
Quand une lecture vous élève l’esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier.
Un esprit médiocre croit écrire divinement ; un bon esprit croit écrire raisonnablement.
Maximes (1665)
Sortie : 1665 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie
livre de François de la Rochefoucauld
Boris Villar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
On parle peu quand la vanité ne fait pas parler.
Iliade
(traduction Mario Meunier)
Ἰλιάς
Sortie : 1943 (France). Mythes & épopée
livre de Homère
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
Hélas ! De tous les êtres qui respirent et rampent sur la terre, l'homme est sans doute le plus infortuné.
Le Monde comme volonté et comme représentation (1819)
Die Welt als Wille und Vorstellung
Sortie : 1885 (France). Essai, Philosophie
livre de Arthur Schopenhauer
Boris Villar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Des sphères brillantes en nombre infini, dans l'espace illimité, une douzaine environ de sphère plus petites et éclairées, qui se meuvent autour de chacune d'elles, chaudes à l'intérieur, mais froides et solidifiées à la surface, des êtres vivants et intelligents sortis de l’espèce de moisissure qui les enduit : voilà la vérité empirique, voilà le monde.
L'Éthique (1677)
(traduction Roland Caillois)
Ethica Ordine Geometrico Demonstrata
Sortie : 1954 (France). Essai, Philosophie
livre de Baruch Spinoza
Boris Villar a mis 10/10.
Annotation :
PARTIE III - PROPOSITION LII
Tout objet que nous avons déjà vu avec d’autres objets, ou en qui nous n’imaginons rien qui ne soit commun à plusieurs, nous ne le contemplerons pas aussi longtemps que celui en qui nous imaginons quelque chose de singulier.
Démonstration : En même temps que nous nous représentons un objet que nous avons déjà vu avec d’autres objets, nous nous rappelons ceux-ci (par la Propos. 18, partie 2, et son Schol.), et de cette façon, de la contemplation du premier objet nous allons aussitôt à celle des autres. Il en est de même d’un objet en qui nous n’imaginons rien qui ne soit commun à plusieurs. Car, par hypothèse, nous n’apercevons rien en lui que nous n’ayons déjà vu dans les autres. Au contraire, quand on suppose que nous imaginons en un certain objet quelque chose que nous n’avons point vu auparavant, c’est comme si l’on disait que l’âme, tant qu’elle contemple cet objet, n’a en elle-même aucun autre objet qui la puisse faire aller de la contemplation du premier à une autre contemplation ; et en conséquence, elle est déterminée à contempler ce premier objet d’une manière exclusive. Donc, tout objet, etc. C. Q. F. D.
Scholie : Cette affection de l’âme, savoir, la représentation d’une chose singulière, en tant qu’elle est dans l’âme, à l’exclusion de toute autre représentation, se nomme admiration ; quand elle est excitée en nous par un objet que nous redoutons, on la nomme consternation ; parce qu’alors cette affection attache notre âme avec une telle force qu’elle est incapable de penser à d’autres objets, qui cependant pourraient la délivrer du mal qu’elle craint. Quand l’objet de notre admiration c’est la prudence de quelque personne, ou son industrie, ou choses semblables, on donne à ce sentiment le nom de vénération, parce qu’il nous détermine à considérer la personne que nous admirons comme très supérieure à nous. D’autres fois il prend le nom d’horreur, si c’est la colère ou la haine d’un homme qui excite notre admiration. Enfin, quand il nous arrive d’admirer la prudence ou l’industrie d’une personne aimée, l’amour alors s’en augmente (par la Propos. 12, partie 3) ; et cet amour, accompagné d’admiration ou de vénération, nous l’appelons dévotion.