Lu en 2025

Annotation :

L'intuition devant le film était la bonne : le livre est nettement plus intéressant que son adaptation car il travaille beaucoup plus l'aspect social "bourdieusien" qui est au cœur même de son titre. Chronique désenchantée et passionnante d'une jeunesse dans une petite ville de l'Est de la France, allant de l'insouciance de la jeune adolescence à la fin des rêves des jeunes adultes.
La reconstitution des années 1990 est très réussie, les personnages plutôt bien écrits et travaillés, le style à la fois travaillé et en phase avec ses personnages, les interactions cohérentes (plus que dans le film). Il y a quelques longueurs, quelques personnages moins intéressants que les autres, quelques passages nostalgiques un peu forcés dans la description des années 90 et une certaine redondance (notamment dans les scènes de sexe)

Annotation :

Un livre qui se suit sans déplaisir, plutôt bien écrit et avec des personnages assez attachants. C'est un peu plus limité sur le propos, ressemblant surtout à un guide de conduite du bon petit chrétien faisant le bien autour de lui. Ce n'est pas un problème en soi mais ici, ça conduit inévitablement à rendre les personnages un peu trop lisses malgré leurs caractéristiques individuelles.

Annotation :

Découvert après avoir vu le film de Serebrennikov que j'ai beaucoup aimé, le livre de Carrère est un parfait complément et une œuvre sans doute encore plus aboutie à propos de ce personnage aussi fascinant que repoussant sur bien des aspects. On sent la volonté de proposer un portrait nuancé et exhaustif d'une figure complexe, et Carrère s'en sort plutôt bien sur ce terrain là ; assez en tout cas pour donner envie de tenter la lecture d'un ouvrage de Limonov.
Mais en réalité, le livre est surtout passionnant dans un domaine peu exploré par Serebrennikov après lui, à savoir dans la place de Limonov dans la grande Histoire russe : deuxième moitié de la vie de l'URSS (exil, retour) jusqu'à sa chute et tout le bordel qui s'en est suivi en Russie (non sans un détour dans les balkans ou par la prison), son rapport à la politique, aux autres écrivains russes, à sa propre œuvre, etc. C'est très proprement écrit, sans fioriture, en allant à l'essentiel.

Annotation :

Sixième volume des Rougon-Macquart, Son Excellence Eugène Rougon s'intéresse aux arcanes du pouvoir impérial à travers l'ascension politique de son personnage pincipal. Au final, ce livre confirme ma théorie qui consiste à penser, après six tomes, que les RM situés à Paris sont plus chiants que les autres.
Le sentiment est mitigé à la fin de la lecture parce que je dois avouer m'être plutôt ennuyé tout en ayant trouvé la description de ce monde passionnante et particulièrement minutieuse. Le plus frappant, c'est bien sûr le parallèle évident qu'on peut dresser entre l'exercice du pouvoir aujourd'hui et celui décrit dans ce livre, à tel point qu'on a parfois l'impression de pouvoir mettre le nom de certains de nos politiques sur les personnages.
Au final, c'est une plongée intéressante dans un monde de parvenus, d'ambitieux, de hyènes, chacun étant prêt à écraser l'autre pour récupérer quelques miettes de pouvoir et d'autorité.

Annotation :

Emily Brontë peint dans les Hauts de Hurlevent le portrait d'un microcosme de la campagne anglaise assez déroutant pour l'époque : sombre, violent, loin des conventions, cruel, ironique, complètement désarçonné par l'arrivée d'un personnage extérieur (Heathcliff). Sur le forme, c'est un livre à plusieurs narrateurs qui se succèdent : on a principalement le regard extérieur de Lockwood qui arrive dans cet environnement après la bataille, et la servante qui lui raconte l'histoire en témoin privilégié. J'ai eu un peu de mal à m'accrocher au début à cause du grand nombre de personnages et des nombreuses ellipses, mais une fois pris dans le récit, j'ai trouvé ça réussi et agréable à suivre.