Luigi Zampa
18 films
créée il y a presque 8 ans · modifiée il y a 12 moisLes Années difficiles (1948)
Anni difficili
1 h 53 min. Sortie : 17 avril 1951 (France). Comédie dramatique
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 8/10.
Annotation :
Peu de temps après la chute du Duce, Zampa réalisait une fresque passionnante qui, par bonheur, nous épargne la pesanteur des principaux représentants du courant néo-réaliste. Le cinéaste a beau brosser le portrait d'un père de famille obligé de feindre son adhésion morale au fascisme pour conserver un semblant d'existence sociale, il ne sombre pas pour autant dans un pathos excessif. Le récit est très riche, multiplie les personnages sans perdre le spectateur. Un film honnête, drôle même par moments, lucide la plupart du temps. Autre qualité à mettre au crédit de Zampa: la Sicile est pour une fois montrée comme autre chose qu'un pays pétri d'archaïsmes.
Tocsin (1949)
Campane a martello
1 h 49 min. Sortie : 16 septembre 1949 (Italie). Comédie dramatique
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 6/10.
Annotation :
Évitant soigneusement la sensiblerie et le misérabilisme, Zampa livre une oeuvre qui navigue assez justement entre la comédie, le néo-réalisme light et la satire. Ce n'est pas toujours passionnant mais les personnages sont assez bien esquissés, quoique parfois caricaturaux, et le charme de Gina Lollobrigida opère toujours. La musique composée par Nino Rota (je pense surtout au générique du début) possède déjà cette teinte folklorique qui n'est pas sans rappeler certaines variations du Parrain. Intéressant.
Cœurs sans frontières (1950)
Cuori senza frontiere
1 h 24 min. Sortie : 26 septembre 1950 (Italie). Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Malgré une conclusion soulignée trop lourdement, le film est plutôt fin. Peu importe l'intrigue amoureuse entre Raf et Gina, l'intérêt est ailleurs : Zampa traite de l'immédiate après-guerre et de l'établissement du rideau de fer (et d'une frontière coupant en deux un village). Une période ubuesque durant laquelle la paix est presque aussi conne que sa devancière. Dans toute cette absurdité, surnage le naturel des enfants (excellents) qui, bien qu'imitant le monde des adultes, conservent malgré tout leur humanité. Quelques clairs-obscurs sont très jolis.
Pour l'amour du ciel (1951)
E piu facile che un camello
1 h 21 min. Sortie : 14 février 1951 (France). Drame, Fantastique
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 4/10.
Annotation :
Une fable un peu ratée. Les personnages n'ont guère de consistance et Gabin, qu'on a rarement vu aussi peu inspiré, ne peu pas faire grand chose pour provoquer un quelconque intérêt de la part du spectateur. Carette interprète certes un bonhomme insupportable mais il est mauvais comme un cochon. Les instants comiques sont trop épisodiques et souvent un peu foirés (l'origine jeansonesque probablement). On préfèrera le cinéaste dans le registre néo-réaliste ou la comédie, cette co-production franco-italienne s'avérant être une déception.
Les Coupables (1952)
Processo alla città
1 h 43 min. Sortie : 11 mai 1955 (France). Policier, Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 8/10.
Annotation :
Une dénonciation particulièrement efficace et courageuse de la mafia napolitaine orchestrée par un Zampa inspiré. La mise en scène, par son attention aux petites gens mais aussi et surtout à ce qui gangrène leur quotidien, se fait à l'écran le parfait du scénario de Francesco Rosi. Davantage que les méfaits de la camorra, c'est le système parallèle et les notions de justice et d'honneur qui intéressent les auteurs. Quelques séquences sont très réussies (l'ouverture avec les mômes qui découvrent le cadavre sur la plage et la reconstitution du banquet) et les deux acteurs principaux sont excellents.
La Belle Romaine (1954)
La romana
1 h 48 min. Sortie : 25 mai 1955 (France). Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Dans l'Italie fasciste, l'histoire d'une femme pauvre qui sombre dans la prostitution. Superbement incarnée par Gina Lollobrigida, cette belle Romaine victime de ses charmes, de sa naïveté et de l'intransigeance de sa mère, est confrontée au contexte politique de l'époque, aux bas-fonds et aux mirages d'une vie meilleure. Zampa filme de manière très appliquée, presque trop, cette adaptation de Moravia. Le sentimentalisme nuit un peu à l'ensemble mais il n'en reste pas moins que La romana est un beau film dans lequel la société mussolinienne est étudiée avec intelligence.
L'Art de se débrouiller (1954)
L'arte di arrangiarsi
1 h 25 min. Sortie : 29 décembre 1954 (Italie). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
La comédie italienne telle qu'elle explosera lors de la décennie suivante est encore en gestation mais Zampa prend le pouls d'une Italie toujours victime de ses démons avec une aisance certaine. Le tableau est forcément un peu caricatural mais son sujet (un homme, par opportunisme, n'hésite pas à changer d'opinion politique dès que le vent tourne) est avant tout un formidable véhicule pour ce génie qu'est Alberto Sordi. Bon film.
Voleur et voleuse (1958)
Ladro lui, ladra lei
1 h 40 min. Sortie : 14 mars 1958 (Italie). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Sur la difficulté de s'élever d'une condition sociale modeste, a fortiori lorsqu'on est une femme, Zampa signe une jolie fable. Jolie mais pour tout dire assez peu surprenante tant les scénaristes ont misé l'essentiel de leur argument sur le génie comique d'Alberto Sordi. Ses péripéties et son abattage fonctionnent à merveille, le rôle d'escroc à la petite semaine lui allant évidemment comme un gant. Ladro lui, ladra lei offre aussi un beau moment: lorsque Sylvia Koscina, enfin argentée, passe en wagon-lit devant son quartier, sa famille et ses amis.
L'Agent (1960)
Il vigile
1 h 44 min. Sortie : 10 juin 1964 (France). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 8/10.
Annotation :
Satire jubilatoire du petit monde bureaucratique où un médiocre peut gravir les échelons à force d'obséquiosité et de veulerie. C'est évidemment un rôle en or pour Alberto Sordi qui trouve là encore le moyen de déclencher tour à tour l'hilarité, le mépris et la compassion avec un génie qui n'appartient qu'à lui. Très bon.
Les Années rugissantes (1962)
Gli anni ruggenti
1 h 46 min. Sortie : 21 avril 1962 (Italie). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 8/10.
Annotation :
L'ironie du titre traduit presque à elle seule l'intelligence des auteurs (dont Ettore Scola, pas encore passé à la réalisation). Situant l'action dans les Pouilles sous l'ère triomphante du fascisme, ils chargent délicieusement les compromissions d'une bourgeoisie locale aussi opportuniste qu'ignare. Le quiproquo qui sert de moteur à l'intrigue met en évidence le talent de Nino Manfredi, excellent en candide romain apolitique. C'est à peine si la fin, lorsque la supercherie est découverte, amoindrie l'excellence du film. Ici, la pertinence de Zampa, dans la manière qu'il a de peindre une société gangrénée par la médiocrité de ses élites, demeure aujourd'hui encore beaucoup plus évidente que n'importe quel film de, au hasard, Claude Chabrol.
Question d'honneur (1966)
Una questione d'onore
1 h 50 min. Sortie : 18 août 1967 (France). Comédie dramatique
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 8/10.
Annotation :
Les mœurs sardes vues par Zampa. Plus que le pittoresque de certaines séquences (dont certaines franchement marrantes et bien senties) c'est surtout la soumission des individus aux traditions et aux archaïsmes qui intéresse le cinéaste. Ainsi l'écriture est d'une richesse et d'une acuité bien plus importantes que l'argument de départ le suggérait. Nul besoin de dire que Tognazzi campe un ahuri parfaitement crédible. Un des meilleurs Zampa.
Le Gynéco de la mutuelle (1968)
Il medico della mutua
1 h 38 min. Sortie : 24 octobre 1968 (Italie). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Une comédie italienne de bonne facture qui est une charge aussi outrancière que savoureuse contre le milieu médical. On regrettera cependant une narration par trop laborieuse, ce qui amoindri quelque peu l'intérêt du film. Sordi est grand, comme à son habitude.
Contestation générale (1970)
Contestazione generale
2 h 11 min. Sortie : 14 mars 1970 (Italie). Comédie, Sketches
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Film à sketches un peu poussif sur le climat révolutionnaire post-68. Le premier, intitulé "La bomba" permet à Gassman de cabotiner un maximum en publicitaire d'avant-garde mais n'est pas franchement drôle. Le second, plus mordant, avec le duo Manfredi/Michel Simon, possède quelques gags au ras des pâquerettes et est un peu trop long, mais il y a une opposition de générations assez intéressante. Le troisième est sans intérêt (durant à peine quelques minutes on se demande s'il n'a pas été amputé). Le dernier, "Le prêtre", est en revanche excellent. Le fait qu'il soit le seul à ne pas attaquer frontalement la contestation du titre joue sans doute pour beaucoup. Sordi y est admirable d'humanité en prêtre confronté aux tourments du cœur. La scène finale chez l’évêque est bouleversante.
Bello onesto emigrato Australia sposerebbe compaesana illibata (1971)
1 h 53 min. Sortie : 22 décembre 1971 (Italie). Comédie
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Derrière ce titre à rallonge (qu'on traduirait par Bel et honnête émigré en Australie cherche compatriote bien sous tous rapports) se cache un joli film. Le dépaysement et le mal du pays sont ici parfaitement rendus, Zampa jouant savamment sur la condition sociale de ses deux personnages principaux, Sordi l'ouvrier économisant chaque sou et Cardinale la prostituée tentant d'échapper à son maquereau. Le rythme pâtit cependant d'une narration se relâchant un peu par endroits.
Les Grands Patrons (1973)
Bisturi, la mafia bianca
1 h 43 min. Sortie : 16 octobre 1974 (France). Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Le pendant sérieux du satirique Medico della mutua. Cinq ans après, Zampa a délaissé la comédie pour un registre beaucoup plus dramatique sans pour autant atténuer la charge à l'encontre du milieu médical et, plus largement, la corruption des classes dirigeantes. La prestation très convaincante d'un Gabriele Ferzetti aussi odieux professionnellement que bon père de famille aimant et la peinture des personnages secondaires confèrent à ce film une dimension politique féroce mais à la caricature modérée. La parcimonieuse utilisation du thème efficace de Riz Ortolani renforce ce sentiment. Réussi.
Les Maîtres (1975)
Gente di rispetto
1 h 53 min. Sortie : 30 octobre 1975 (Italie). Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Les mœurs siciliennes sont au cœur de ce film efficace quoiqu'un peu frustrant tant le matériau initial laissait potentiellement augurer un chef-d'oeuvre. Gente di rispetto est un film labyrinthique au possible, à l'image des nombreuses ruelles de la ville de Ragusa, secret comme la loi du silence qui y sévit, tour à tour bercé de lumière ou inondé par des trombes d'eau. Le visage lumineux de Jennifer O'Neill laisse entrevoir un temps l'espoir de rompre les archaïsmes, en vain. Ce que filme Zampa, au-delà de la tradition, c'est l’implacabilité des rapports humains et l'impossibilité d'une Italie à se défaire de son passé fasciste. La mise en scène n'est pas toujours à la hauteur mais le propos est d'une pertinence indéniable.
Qui sera tué demain ? (1977)
Il mostro
1 h 36 min. Sortie : 1 octobre 1977 (Italie). Thriller, Comédie, Drame
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 7/10.
Annotation :
Investissant le giallo tout en se tenant à distance raisonnable des codes du genre, Zampa s'attaque cette fois au monde des médias (comme Viol en première page de Bellocchio), au sensationnalisme et à l'argent. Le ton profondément pessimiste de ses films précédents est encore à l'oeuvre, et à travers le personnage incarné par Johnny Dorelli, c'est toute l'Italie qui en prend pour son grade. Un film emballé avec métier, qui mériterait, comme son auteur, une urgente redécouverte.
Les Monstresses (1979)
Letti selvaggi
1 h 46 min. Sortie : 16 mars 1979 (Italie). Comédie, Sketches
Film de Luigi Zampa
FLK a mis 6/10.
Annotation :
Le dernier film de Zampa comporte plusieurs sketchs censés nous montrer l'état de la société italienne par le prisme féminin. Loin d'avoir l'audace, la méchanceté et l'irrévérence de ses aînés masculins, "Les monstresses" semble surtout être un véhicule pour ses actrices, souvent en petite tenue. Les deux sketchs avec Laura Antonelli (belle à se damner) sont les plus drôles, le reste étant très inégal. Si ça ne brille pas par l'intelligence, la crainte d'un film bassement vulgaire est cependant dissipée.