Mélomanie moyennement obsessionnelle — 2024

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►Janvier◄

Impossible de ne pas percevoir "Doggystyle" comme la suite logique de "The Chronic", album sur lequel Snoop interagissait déjà pas mal avec Dr. Dre pour contribuer à la définition de plusieurs genres, G-Funk, West Coast Hip Hop et Gangsta Rap. Le format est un peu lassant, avec ces très nombreux préludes d'un peu moins d'une minute à la moitié des chansons qui cassent le rythme général (mais qui créent un style aussi, j'entends bien, même si ça ne m'intéresse pas du tout personnellement). Certains morceaux débordent d'un groove Funk incroyables, comme notamment G'z And Hustlas, le milieu de l'album est bien garni en titres sérieux et sombres (le diptyque Murder Was The Case / Serial Killa), et même s'il faut encaisser toute la litanie du Hip Hop gangsta avec son égo trip permanent et son sexisme ordinaire, "Doggystyle" reste un temps fort et fondateur d'un genre.

Murder Was The Case https://www.youtube.com/watch?v=oGFVySHbeqA
G'z And Hustlas https://www.youtube.com/watch?v=Xh2VZwwZOuQ
Serial Killa https://www.youtube.com/watch?v=MElq9s-Hj1A

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La chute est impressionnante. Trop long, trop de morceaux, plus de G-Funk délire avec sa production aux petits oignons... Dr. Dre n'est plus là et ça se sent quand même beaucoup. Très peu de plaisir pour le coup.

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Pas du tout accroché aux penchants R&B qui envahissent l'espace, en tous cas cet album n'a plus rien à voir (ou presque) avec le G-Funk malgré la tentative. C'est très répétitif dans les textes, la plupart des featurings sont nazes, et le retour de Dre sur une piste ne change franchement rien à l'inertie de l'ensemble.

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L'idée de l'album n'est pas mauvaise, mais il y a une certaine insistance de trop dans la généralisation du concept rendant "Le Fil" un peu trop monomaniaque pour moi. Camille s'amuse beaucoup avec sa voix, à grand renfort de boucles et de percussions voisées, des onomatopées, des bruitages très variées, c'est très audacieux comme parti pris, mais je crois que je pourrais me contenter d'un ou deux morceaux. Certains expérimentations sont par contre vraiment ratées et désagréables, comme par exemple les intonations forcées R&B ou reggae et la voix de fillette.

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Toujours aussi inventif, fourmillant de trouvailles qui sont le résultat soit d'expérimentations sonores soit de mixage étudié. La petite particularité est probablement à chercher du côté du thème gospel qui revient de manière récurrente sur l'album. Mais tout cela est toujours aussi éloigné de mes intérêts, le côté boîte à rythme de luxe prenant le dessus assez rapidement.

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Même tonneau. Camille part dans des délires qui me sont vraiment étrangers, genre sur Les Loups elle va se percher très très loin... Quelques petits sursauts d'intérêt, au détour de morceaux comme Je ne mâche pas mes mots, mais rien de plus.

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Je n'aurais jamais pensé retrouver John Dwyer dans un projet pareil... Le mix est quand même très ambitieux, en 6 morceaux le groupe très hétéroclite brasse des genres diamétralement opposés en passant par le Jazz Fusion, le Rock psychédélique et le Krautrock. On dirait plus le résultat d'un jam improvisé entre musiciens talentueux qu'autre chose (une sorte de "improvisational supergroup"). Ça part trop en vrille à mon goût pour me passionner, le shoot de passages abstraits est trop violent manifestement, mais il faut reconnaître une certaine osmose improbable entre les expérimentations jazzy et les parties plus psych du bœuf. Le premier morceau The Gate donne le ton en fait, alternant sur 10 minutes entre séquences évoquant du Miles Davis fin de cycle et séquences sonnant comme des hommages à Can avec ses percussions hypnotiques.

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Même projet, mêmes membres, juste un nom de groupe différent — tchao Bent Arcana et bonjour la liste exhaustive des musiciens. Vraiment pas le genre d'album qu'on peut facilement insérer dans une case tellement ça jongle entre des rythmes de percus hypnotiques sur lesquels le groupe part en live (type City Maggot, avec cette batterie répétitive Krautrock caractéristique plus Can que jamais et quelques bouts d'Electro dedans) et des sessions beaucoup plus orientées Jazz Fusion (le très calme morceau concluant l'album, On Your Way Now, comme bloqué sur une boucle au saxophone). Largement insaisissable, et cette sensation est très agréable, un poil plus structuré que "Bent Arcana", à défaut de permettre une appréciation frontale et univoque.

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[ Étienne ]

Dernier des quatre albums que le quintet bigarré à produit en 2021, issus d'enregistrements de Jam et édités par la suite probablement. Je reste très souvent hypnotisé par le jeu à la batterie de Ryan Sawyer, tellement Krautrock, et autour duquel tous les autres instruments peuvent se greffer et divaguer... Décidément ce groupe aura créé une musique que je n'avais jamais entendue ailleurs, ça ne me plaît pas invariablement et puissamment, mais c'est tellement original que ça ne peut qu'emporter l'adhésion sur certains passages — disons les moins free, ceux sur lesquels l'improvisation est aussi agréable pour eux que pour moi quoi. Gong Splat est sans doute le morceau que je préfère mais Yuggoth Travel Agency est pas mal aussi.

Gong Splat https://www.youtube.com/watch?v=r9WpKrh7GHI

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[ Lilange ]

Un registre que je ne connais pas du tout, avec une multitude d'influences d'origines, africaines et moyen-orientales (pas de Yémen a priori, pas plus que de Blues). Sans surprise, devant une telle hétérogénéité (dans les styles, les ambiances, les chants), parfois au sein d'un même morceau (Trape La Verite par exemple, presque scindé en deux), je n'accroche pas à tout mais il y a quelques morceaux qui offrent un super compromis entre chamboulement des références et confort d'écoute.

Jat Mahibathi https://www.youtube.com/watch?v=655T5LTG3qo

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Le style est radicalement différent sur cet album, un truc auquel je n'adhère pas du tout, une sorte de World arabique très désagréable à l'oreille.

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Triple ration de Fuzz dans cet énième formation qui compte l'inarrêtable et boulimique Ty Segall dans ses rangs. Que ce soit la pochette, les membres, les descriptifs, tout pointe vers du un cocktail de Heavy Psych et de Garage Rock, et sur cette base-là, on ne peut pas être pas déçu. L'intro donne l'impression qu'on s'embarque dans un voyage proche du Stoner, mais dès la deuxième piste, l'album est lancé. Un album un peu sur des rails, homogène, mais qui malgré tout fait très bien ce qu'il s'est fixé comme mission. Petit coup de cœur pour le diptyque What's In My Head? / Hazemaze en milieu de disque, avec un gros concentré d'énergie brute et psychédélique héritée du son 60s / 70s. Pas forcément très original dans la sphère du Garage Revival, mais le trio Ty Segall (à la batterie pour l'occasion, pourquoi pas, en plus du chant), Charles Moothart (guitare), et Chad Ubovich (basse) donne l'impression de tellement prendre son pied, tout passe avec un facilité déconcertante.

What's In My Head? https://www.youtube.com/watch?v=JeOrBXEhOSA
Hazemaze https://www.youtube.com/watch?v=G7gcqQ7M1hs

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Cette fois-ci je me suis un peu noyé dans le torrent de fuzz, c'est un peu trop d'un coup. Trop de morceaux similaires, trop long, trop homogène, trop répétitif. Le registre du Heavy Psych contient par nature un potentiel hypnotisant (surtout avec long tunnel instrumentaux qui le rapprochent du Stoner) qui peut soit mettre en transe soit mettre dans un état léthargique... Deuxième option pour moi cette fois-ci.

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Probablement l'album de Fuzz qui ressemble le plus à un album de Ty Segall. Mais après l'orgie du précédent "II", difficile de ne pas être rassasié outre-mesure en termes de Heavy Psych personnellement, malgré l'effort de concision et de production sur cet album-là.

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Exceptionnellement je commence par m'arrêter sur cet album, postérieur à "Misora" (qui est bien meilleur), tant l'écoute s'est avéré pénible. Sachiko Kanenobu a visiblement exploré des horizons extrêmement différents 30 ans plus tard, avec des sonorités hispaniques, des passages chantés en anglais, des sessions Pop... L'assemblage est vraiment très disgracieux, au point qu'il rend impossible de s'intéresser au reste.

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Une vertu du film de Wim Wenders "Perfect Days", c'est qu'au milieu de la litanie des trucs déjà entendus et ré-entendus 150 fois, il y avait le morceau Aoi Akana de Sachiko Kanenobu. Petite perle oubliée de Folk japonaise, comme si une Meiko Kaji avait trop écouté Joni Mitchell (même si on n'est pas du tout dans le registre du Enka ici). Les années 70 au Japon reviennent par cet écho léger et apaisant.

Aoi Sakana https://www.youtube.com/watch?v=WOXRJwa6Hk8
Toki Ni Makasete https://www.youtube.com/watch?v=pjHJyT1vcAE

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Cet album est une petite énigme, je l'ai écouté régulièrement pendant une semaine sans trop savoir pourquoi. Quand je m'attarde sur chaque morceau individuellement, j'entends de la Folk / Indie un peu Rock tout à fait anodine à mes oreilles, mais quand je le prends avec plus de recul, je le trouve attachant et l'ambiance qui s'en dégage (tous les textes ne sont pas passionnants mais certains le sont) me donne envie d'y retourner.

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[ Étienne ]

Mêmes ingrédients, même recette, et donc à peu près le même résultat. Je dois concéder une petite lassitude vis-à-vis de la formule employée, même si parfois la voix un peu nasillarde de Wheeldon me fait penser à un Bob Dylan britannique, qui rend les écoutes assez répétitives — le propre des zones un peu éloignées du confort et des penchants naturels.

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[ Robin ]

Un album de Coldwave et Synthpop vraiment très étonnant, qui part régulièrement dans des délires à base de cuivres injectés dans une base Post-Punk. Ambiance 80s garantie avec des grosses notes de synthé disséminées un peu partout, que ce soit dans le morceau instrumental Thriller basant tout sur l'ambiance un peu chtarbée ou dans le morceau éponyme suivant Polaroïd/Roman/Photo, dont le côté suranné est amplifié par les dictions et les timbres des deux voix. De la Synthpop qui s'essaie à quelques tentatives un peu expérimentales, avec seulement quelques échecs (2-3 titres inécoutables pour moi), et en prime une reprise "She Brings The Rain" de Can, le seul morceau à peu près normal sur l'album "Soundtracks" transformé ici en quelque chose de brumeux et hypnotisant à la limite du dissonant.

Thriller https://www.youtube.com/watch?v=yvxyf8YjSZs
Polaroïd/Roman/Photo https://www.youtube.com/watch?v=Jhiw6JKQc70
She Brings The Rain https://www.youtube.com/watch?v=jcT4Y3BtqSs
Mots https://www.youtube.com/watch?v=kVmbS1b5pvQ

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Album assez indescriptible, protéiforme, qui n'a absolument rien à voir avec ce que je connaissais de Thierry Müller... Rien d'inoubliable.

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Très conceptuel dans sa démarche, avec un morceau = une actrice selon ce qu'elles inspirent à Thierry Müller. Dans les résultats, c'est beaucoup moins expérimental, proche d'un Trip Hop instrumental avec des dialogues des artistes correspondantes insérées par-ci par-là.

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Du Voodoo Rhythm pur jus, c'est-à-dire un one-man band suisse légèrement énervé qui essaie de produire quelque chose d'un peu nouveau dans le registre du Garage Punk. C'est très minimaliste, un peu répétitif, mais fidèle à l'esprit du label, avec beaucoup de do it yourself dans les instruments et dans le mixage. Un peu limité, un peu facile, mais pas déplaisant.

With The Idiots https://www.youtube.com/watch?v=l6bX8dPx-p8
Hot Shit From Switzerland https://www.youtube.com/watch?v=As6_E8N2G7Y

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Même chose 13 ans plus tard. Je ne sais pas si c'est que j'y ai pris goût, mais je trouve que le côté Synth Punk s'est exacerbé, s'est affirmé, pour atteindre un niveau de minimalisme électronique tout en synthé et en percussions assez sympa. Bonne pioche Voodoo Rhythm.

Everyday Can Get You Down https://www.youtube.com/watch?v=kuTyts7yPsw
Whatever https://youtu.be/NnDOh3tuzmE

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►Février◄

Un album qui m'a eu à l'usure, peu accroché au début mais qui a su développer une attirance au fil des semaines. Comme un croisement entre Protomartyr et le premier album des Strokes, "Is This It", à mi-chemin entre Post-Punk (un peu) et Indie Rock (surtout). Un petit côté indifférent structure les 30 minutes, rien de majeur là-dedans mais j'ai beaucoup adhéré au chant un peu blême allié à la basse / batterie qui domine le tout.

Blanck Curtain https://www.youtube.com/watch?v=bzKnyI4pJ8E
Gossamer https://www.youtube.com/watch?v=gUMWWiB3-ZU
Fulton Park https://www.youtube.com/watch?v=03C0wlQA37c

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Très gros classique de MBP (Música popular brasileira) qui me laisse globalement plutôt insensible. En l'absence de prise sur les textes, je n'en retire qu'un arrière-goût de musique Pop brésilienne des années 70. Le voyage est intéressant, pas désagréable, mais il est étrange de passer à travers un album jouissant d'une telle renommée sans éprouver plus que cette timide indifférence.

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Toujours pas une grande fascination pour cette MPB brésilienne, mais en revanche cet album de Lô Borges en solo m'a davantage interpelé avec ses accents très psychédéliques par moments, des sonorités très marquées par la décennie 70s. Je trouve ça en tous cas plus original que le giga classique "Clube da Esquina", plus agréable à écouter, à défaut de tomber en extase devant.

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J'ai ici aussi du mal à accrocher, mais avant tout en raison des genres explorés, c'est très disparate et pas instinctivement assimilable à de la MBP à titre personnel. Il y a du Jazz typé Fusion, des accents psychédéliques, un peu de Folk à la sauce brésilienne... Un album difficile à cerner, jusque dans sa construction, comme si c'était encore en cours de mixage. Le disque sort en 1973 au beau milieu de l'épisode dictatorial au Brésil, et on peut donc voir dans cet avant-gardisme une tentative d'échapper à la censure du régime. Quoi qu'il en soit un peu trop expérimental pour moi, un style qui ne me touche pas beaucoup, même si on sent une créativité bouillonnante.

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[ Sher Woo ]

East Coast Hip-Hop dans la veine du Wu-Tang Clan, un album d'ailleurs sorti un an avant "Enter the Wu-Tang (36 Chambers)". Le flow, les samples, beaucoup de choses en commun, même si Das EFX est sans doute plus conventionnel vu d'aujourd'hui. Quelques morceaux plus funky que d'autres, j'aime beaucoup le début et la fin de l'album ainsi que les quelques expérimentations qui cassent la monotonie du style.

Mic Checka https://www.youtube.com/watch?v=BXSBk_ebq-A

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Un album très plat et beaucoup moins inspiré que le précédent, il me semble, déroulant un programme qui sonne comme bien trop homogène du début à la fin. J'ai pas retrouvé le flow si plaisant de "Dead Serious", comme si précisément Das EFX était devenu trop sérieux sur "Straight Up Sewaside".

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Dernière composition pour un film (signé Kore-eda) de la part de Ryuichi Sakamoto, qui prend fatalement une dimension un peu plus tristounette que d'habitude... Un accompagnement convenu mais très acceptable.