Mémentos littéraires, 2016
Pour pas complètement perdre la mémoire.
63 livres
créée il y a plus de 8 ans · modifiée il y a presque 8 ansMes illusions donnent sur la cour
Sortie : août 2009 (France). Roman
livre de Sacha Sperling
Aitwale a mis 2/10.
Annotation :
Ou comment transformer la complexité d'une époque charnière en un ensemble de vulgarités dérivées des vrais problèmes psycho-sociaux (qui sont parfois ailleurs très bien traités).
L'Adversaire (2000)
Sortie : 31 janvier 2000. Récit
livre de Emmanuel Carrère
Aitwale a mis 8/10.
Annotation :
Frontière entre fiction et réalité (les noms changent, les actes restent), regard de l'écrivain sur les choses (un mélange audacieux entre subjectivité et objectivité, comme une psychologie purement inductive mais qui s'apparente bien au style du roman).
(tenter d'expliquer l'inexplicable ce n'est pas excuser l'inexcusable)
La Fin de l'homme rouge (2013)
ou le Temps du désenchantement
Vremâ sekond hènd (Konec krasnogo čeloveka)
Sortie : septembre 2013 (France). Récit
livre de Svetlana Alexievitch
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Polyphonie brute. Travail du romancier comme réceptacle.
La réalité dépasse parfois la fiction dans le domaine de la fiction : le suicide d'une mère, le vol d'une fille, pour quelques mètres carrés. La nostalgie d'un idéal, confrontation culturelle.
Pouvoir symbolique de la transcendance d'un Empire idéologique sur le quidam.
Ce qu'il advint du sauvage blanc (2012)
Sortie : 12 janvier 2012. Roman
livre de François Garde
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Jeu de registre, entre épistolaire et narration, la différence étant parfois peu perceptible.
Travail historico-anthropologique : lolz racisme, mais tout de même constructions culturelles. En somme, réflexion sur l'autre.
D'autres vies que la mienne (2009)
Sortie : mars 2009. Récit
livre de Emmanuel Carrère
Aitwale a mis 8/10.
Annotation :
De l'art de passer d'un porno amateur aux profondeurs de l'émotion humaine en deux pages. De l'art aussi, propre à Carrère, de partir de soi pour en tirer un universel toujours biaisé mais jamais faux. C'est d'autant plus pertinent qu'il traite du processus de création du récit dans sa narration, de son rapport biographique d'écrivain à l'étranger : la prise de notes ou non, le lien avec l'Adversaire, etc...
"Je pense tout de même que je me serais interdit, dans la fiction, un tire-larmes aussi éhonté" : rapport réalité/fiction toujours approfondi.
Le deuil et ses ressorts morbides ou sociétaux (une certaine gêne bourgeoise) est clairement explicité. Lucidité parapsychologique.
Toujours aspect essayiste, notamment monde judiciaire du surendettement. Affaire Cartier.
Terminus radieux (2014)
Sortie : 31 août 2014 (France). Roman
livre de Antoine Volodine
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Une noble science-fiction, où se mêle politique et prose chamanique. Vanité de la fin de l'histoire, absurdité de la violence.
La plume de Volodine est vraiment magnifique.
Connaissance exceptionnelle du monde et de l'esprit soviétique qui lui permet par anticipation de créer un univers singulier et cohérent, malgré les nombreux jeux de l'absurde qui transcendent nos valeurs.
Destruction de la frontière fictionnelle par le biais du personnage de Solovieï. Image du théâtre, apostrophe au lecteur.
Néanmoins : BIEN TROP LONG. Surtout que le livre se refuse aux procédés simple du suspens sf.
Je m'en vais (1999)
Sortie : 7 septembre 1999. Roman
livre de Jean Echenoz
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Le narrateur est extrêmement cynique ("et les Etats-Unis car les Etats-Unis" au sujet des revendications de l'Arctique). L'homme a disparu, comme dans 14.
Prédominance du repère chronologique rythmant les chapitres, puisque pas de récit linéaire : aspect chaotique. Le lecteur est ainsi malmené.
Gros travail sur le style, entre descriptions denses, intrusions narratives et autres figures servant l'ironie. Cynisme constant permet un nouveau regard sur événements quotidiens, quasi nihilisme.
En tout cas, le personnage tient carrément de Meursault. Et puis ça baigne dans une atmosphère de policier, au moins pour la seconde partie, assez intéressante.
Twist banal, fin intrigante.
Limonov (2011)
Sortie : 8 septembre 2011. Roman
livre de Emmanuel Carrère
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Carrère fait du Carrère. Toujours dans cette analyse personnelle mais pas si biaisée que ça, ici d'Ed Limonov.
Il a tendance à vouloir s'imposer comme héros, ici un peu plus, Emmanuel.
Par contre, pertinence (comme leitmotiv contemporain) du regard sur communisme. Piatakov, et article Beria (ancien chef du NKVD)/Bering : "Un vrai bolchevik, si le parti l'exige, est prêt à croire que le noir et blanc et le blanc noir".
En effet, Martin Malia : "le socialisme intégral n'est pas une attaque contre des abus spécifiques du capitalisme mais contre le monde réel, tentative [...] qui réussit à créer un monde surréel défini par ce paradoxe : inefficacité et violence y sont présentées comme le souverain bien". Zamatine, Chalamov, Soljenitsyne peuvent autant en témoigner que Alevievitch et Volodine.
C'était sympa, intéressant et ça se lit vite, c'est fluide Carrère.
Bon par contre, la réflexion sur l'histoire contemporaine annoncées sur la quatrième, ça vole pas haut. Nique le capitalisme, la morale est assez relative, les choses sont malheureusement compliquées, lolilol.
D'après une histoire vraie (2015)
Sortie : 26 août 2015. Roman
livre de Delphine de Vigan
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
voir critique
Le Quatrième Mur (2013)
Sortie : 21 août 2013. Roman
livre de Sorj Chalandon
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Honnête et bien pensant. Simple. Parcours normal : en grandissant il se modère...
J'attends de voir jusqu'où le théâtre est important. Jusque là on a juste des lieux communs à la "toute rhétorique est un rôle". Lecture d'Antigone, toujours modernisé.
"Créon qui fait le sale travail pour que force fasse la loi" --> Lecture inter-religieuse concordante.
Le style est assez emphatique. Parfois maladroit, surtout au début. Parfois justesse appréciable. Sensationnalisme.
En tout cas la seconde partie est bien plus adéquate.
La Déchéance d'un homme (1948)
Ningen Shikkaku
Sortie : 1962 (France). Roman
livre de Osamu Dazai
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
[dégoût jap pour leur culture ancestrale du au modèle anglo-saxon envahissant]
D'ailleurs, dégoût envahissant. Gradation puissante, dès l'épisode des photos. Portraits mentaux, frontière externe/interne.
Extrême dandy défonctionnalisant entre Gautier et Des Esseintes. Exemple de la sensation de faim. Même égoïsme radical, même regard analytique.
Du coup, de mon simple point de vue occidental, ça cède souvent à la facilité.
La Société de consommation (1970)
Sortie : 1970 (France). Essai
livre de Jean Baudrillard
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
ironie redoutable pour arguments un peu vieillis (mais extrêmement actuels pour la plupart) et souvent répétés.
Synthèse très accessible.
Envoyée spéciale (2016)
Sortie : 7 janvier 2016 (France). Roman
livre de Jean Echenoz
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Narration toujours aussi tordue, lecteur mené. Multiplication des repères spatiaux.
Au point qu'à certains moments ça fasse Je m'en vais bis. Mais peut-être qu'on va dépasser ce sentiment de doublon avec l'ouverture sur une nouvelle dimension, dans la lignée directe du Echenoz commun.
Les hommes sont toujours aussi cyniquement détestables et les femmes réifiées.
Bon. Voilà quoi, c'est très très très classique pour un Echenoz. Toujours détournement de policier aux multiples personnages dotés du don d'ubiquité.
Noces (1938)
Sortie : 1938 (France). Essai
livre de Albert Camus
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
"Nous ne cherchons pas l'amère philosophie qu'on demande à la grandeur." "C'est le grand libertinage de la nature et de la mer qui m'accapare tout entier."
Expérience sensorielle descriptive, intellectualisée sans ornement par des digressions. Aspiration à la simplicité d'abord quasi stoïcienne puis rapidement teinté d'humanisme (Djémila et la mort).
Apologie de la satiété.
Grosse préférence pour le Désert, sorte de fresque d'un humanisme incarné dit "pur", quasi anticlérical. Ancrage dans le présent.
La Nouvelle Héloïse (1761)
Sortie : 1761 (France). Roman, Récit
livre de Jean-Jacques Rousseau
Aitwale a mis 5/10.
Annotation :
Apanage de l'honnêteté. ça suinte l'artificialité tellement les lettres analytiques deviennent des dissections de chaque parcelle de pensée romantique.
Après l'érotisme rousseauiste passe par une sorte de frustration expiatoire assez gênante, mais bon, respectable hein.
Sans cesse lieu commun de l'amour qui déborde ses rigueurs, grmbl.
Je préfère ses peines à l'amour. Hé bon dieu il s'arrête pas, on ne peut plus le stopper.
En finir avec Eddy Bellegueule (2014)
Sortie : 2 janvier 2014. Roman
livre de Édouard Louis
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Un livre (que je sens) plein de tendresse, d'une forme de tendresse qui relève d'une nostalgie sans épanchement aucun. Le tout dans un cadre social peu approprié pour un Normalien qui se dit efféminé. Sexualité et milieu social.
Sorte d'ascension sociale contemporaine.
Sinon, bah, c'est toujours bien, mais ça s'envole jamais.
Ravel (2006)
Sortie : janvier 2006. Roman
livre de Jean Echenoz
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
J'ai lu le livre comme une fiction sinon c'était trop troublant sous la plume d'Echenoz.
Au début c'est chiant, c'juste des digressions sans motif. Après c'mieux, quand Ravel se sent mal.
Les Armoires vides (1974)
Sortie : 1974 (France). Roman
livre de Annie Ernaux
Aitwale a mis 8/10.
Annotation :
Toujours la sociologie de milieu, dont E. Louis a du s'inspirer. Mais avec un style bien plus atypique.
D'ailleurs, le style permet de montrer l'atypie de l'individu, le travail d'empathie y est du coup hyper naturel. C'est vraiment très cool.
Le Fusil de chasse (1949)
Ryoju
Sortie : 1963 (France). Recueil de nouvelles
livre de Yasushi Inoué
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Trois ruptures différentes qui mènent à l'isolation. L'amour contractuel.
C'est simple, c'est joli, c'est jamais transcendant. Les jeux d'egos sont intéressants, trois pdv épistolaires.
Loin d'eux
Sortie : 1999 (France). Récit
livre de Laurent Mauvignier
Aitwale a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Roman sur le silence. Plutôt sur l'absence de paroles.
Trouble dans le genre (1990)
Le féminisme et la subversion de l'identité
Gender Trouble : Feminism and the Subversion of Identity
Sortie : octobre 2006 (France). Essai, Culture & société
livre de Judith Butler
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Subversion anti-binaire, et non pas diamétralisme.
Contes zen
Conte
livre de Henri Brunel
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Divertissant : dans le meilleur comme dans le pire.
Avril brisé (1978)
Prilli i thyer
Sortie : 1978 (France). Roman
livre de Ismaïl Kadaré
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
La partie ethnologique du Plateau est intéressante mais rapidement redondante, puis résumé par le médecin en quelques lignes à la fin.
L'aspect relationnel est par contre passionnant. L'écrivain plutôt raté, à la fausse recherche d'inspiration, est volontairement peu touchant, à coup de métaphores tartinées. Mais la finesse de ses craintes quant à Diane vaut le détour, le style est beau.
La quasi-conclusion sur le rôle de l'écrivain est aussi ambiguë. Le rapport à la tradition que doit avoir l'écrivain (anti-double de Kadaré ?) est très étrange.
Dans les forêts de Sibérie (2011)
Sortie : septembre 2011. Correspondance, Journal & carnet, Essai
livre de Sylvain Tesson
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Un livre excellent, entre réflexions intéressantes et descriptions esthétiques ou pratiques de la vie de l'ermite.
Néanmoins, une certaine auto-satisfaction dans sa culture bourgeoise et un goût un peu prononcé pour la formule, qui réussit pas toujours.
Les Années (2008)
Sortie : février 2008. Roman
livre de Annie Ernaux
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Jusque là, c'est exactement Les Armoires Vides, mais avec un exercice de style en plus.
Cette redondance est dommageable parce que le bouquin est intéressant sinon. On traverse les décennies de manière inductive.
Le Livre du rire et de l'oubli (1978)
Kniha smíchu a zapomnění
Sortie : 1979 (France). Roman
livre de Milan Kundera
Aitwale a mis 6/10.
Annotation :
Jusque là, deux thèmes sont centraux pour Milan :
- l'histoire de son pays qui lui tient à coeur (et qui est plus intéressante dans L'Ignorance),
- le cul. Beaucoup beaucoup de cul. Et souvent pas simplement intellectualisé mais hyper intellectualisé.
Tout ça dans une narration assez agaçante, faussement détachée.
Les digressions et les liens tissés par Kundera fonctionnent parfois, d'autres fois moins, ce qui donne un résultat assez hétérogène.
Très nul : Les lettres perdues 1, Maman, Les anges 1.
Pas mal : Les anges 2, La frontière (tous deux ont des passages géniaux gâchés par la suite).
Excellent : Les lettres perdues 2, Litost.
Donc note mitigée, j'aurais aimé mettre plus mais impossible d'oublier le début du bouquin.
Traité du désespoir (1849)
Sortie : 25 mai 1988 (France). Essai, Philosophie
livre de Søren Kierkegaard
Aitwale a mis 7/10.
Annotation :
Etrange synthèse entre libre-arbitre et prise de conscience du déterminisme du moi.
Un livre où l'on apprend ce que l'on savait déjà sur les autres et soi (le désespoir est la catégorie majeure de l'esprit humain), mais Kierkegaard a tellement soif de nous le redire avec hargne que ça en devient beau.
Aspect moraliste (nik la quête de l'argent et du social) et pascalien (vive Dieu mais pas tout seul) de sa démarche. On dirait quand même un grand ado.
Finalement, sa philosophie est vivifiante, elle force (Ou bien... Ou bien...) à choisir entre la foi (ou l'avenir, si on a envie de sortir de l'horizon religieux) ou se résoudre en pleine connaissance de cause au désespoir.
2084 (2015)
La Fin du monde
Sortie : 20 août 2015 (France). Roman
livre de Boualem Sansal
Aitwale a mis 4/10.
Annotation :
Quatrième de couverture : "Au fil d’un récit débridé, [Boualem Sansal] s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties." Il se permet ainsi de bêtement reproduire les procédés dystopiques bien connus en les adaptant à une islamophobie grossière : le port du voile y est notamment fortement opposé à un scientisme de la vérité. Du coup Sansal c'est un peu "l'ami arabe" de l'occidental qui défend ses valeurs républicaines morales et son islamophobie légal.
+ Aucune empathie pour le personnage d'Ati. Narrateur extradiégétique trop analytique.