Mes incomparables
Films, mais surtout documentaires et courts métrages dont j'ai voulu garder trace ici, mais qui ne peuvent que trop difficilement être mis en regard du reste de ma collection.
4 films
créée il y a environ 2 mois · modifiée il y a 18 joursOndes et silence (2014)
Quiet Zone
15 min. Sortie : 2015 (Canada).
Court-métrage de Karl Lemieux et David Bryant
Annotation :
Court métrage plastique avec fort travail sur la chimie de la pellicule, produit par deux amis réguliers de GY!BE – Karl Lemieux fournit les pellicules qui accompagnent leurs concerts depuis une grosse dizaine d'années.
Retour à la raison (2023)
Return to Reason
1 h 10 min. Sortie : 13 novembre 2024. Muet
Film de Man Ray
Annotation :
Compilation de quatre courts métrages surréalistes de Man Ray (1923 - 1929), et notamment des adaptations de poèmes. Musique d'accompagnement semi improvisée de Sqürl.
On le verrait bien tourner en continu dans un recoin d'une expo. Certaines séquences qui font penser aux projections de Karl Lemieux sur fond de musique de GY!BE (notamment dans "Retour à la raison" ou dans les séquences de route du "Château de Dé") ; la composition sonore se fait plus illustrative à ces moments-là.
Braguino (2017)
50 min. Sortie : 1 novembre 2017. Nature, Société
Documentaire de Clément Cogitore
Annotation :
Moyen métrage documentaire sur une minuscule communauté autarcique de Sibérie.
« Braguino » perturbe, laisse un goût amer, en cela qu’il fait passer au second plan le déferlement de choses ahurissantes qu’il présente à nos yeux en moins d’une heure, derrière un questionnement sur la valeur de notre regard et sur le positionnement de celui du documentariste. Après une présentation forcément en extase de cet environnement incomparable, la beauté/absurdité intrinsèque des gestes accomplis importe bien davantage que toute volonté de construire un récit contextualisé et décortiquable par le·la spectateur·ice. La construction filmique d’une tension débordant de chaque arrière-plan et d’un malaise qui se lit dans chaque regard caméra passe avant la lecture d’un terrain – peut-être seulement compris a posteriori, derrière un poste de montage ? Il faut dénoncer des manipulations ouvertement trompeuses, quand par exemple on garde hors champ le piège emprisonnant l’ours terrifiant qui va être abattu (scène surréaliste inoubliable), et appuyées par une composition sonore drone oppressante.
Ne tranchant jamais entre voyeurisme (et, en se documentant un peu sur les conditions de tournage qui n’aurait duré qu’une poignée de jours, on peut forcer le trait en comparant la démarche extractiviste de Cogitore au débarquement de ces braconniers héliportés) et immersion engagée. Il y a comme un air de « strip-tease », à la limite de la parodie, où l’on ne sait jamais de qui l’on rit.
Découvrir ce documentaire source plus d’un an après avoir assisté à sa mise en scène par Anne-Cécile Vandalem rend tout de même flagrant l’abyme qui sépare ce documentaire risqué de son re-racontage lissé et dramatisé.
Notre corps (2022)
2 h 49 min. Sortie : 4 octobre 2023. Société
Documentaire de Claire Simon
Verv20 l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Regard posé sur la rencontre entre les corps féminins et le corps médical, au service gynécologique de l'hôpital Tenon. La gamme des situations explorées est large, et on ne saisit que sur le tard son programme, à savoir celui de tracer une ligne des premiers examens gynécologiques de l'adolescence jusqu'aux soins palliatifs. Heureusement, le documentaire de Claire Simon ne se contente pas d'un catalogue de vignettes symboliques. Chaque histoire évoquée peut compter sur un temps relativement long, le respect et la douceur de la documentariste pour ne pas torturer les fils de vie évoqués, les préservant avec leur charge forcément émouvante, pour souvent nous exposer parfois à être profondément bouleversé·es.
La caméra de Claire Simon me fait penser à celle de Wiseman, attentive – avec une certaine distance sociologique – aux conditions de la prise de la parole et à ce qui se trame dans le filigrane du récit de soi, mais certainement plus littéraire, portraitiste, en cela qu'elle nous rapproche plus intimement des personnes sur lesquelles elle pose son regard.