Mes Lectures 2023
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Mes Lectures 2018 ...
12 livres
créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 12 moisDanse macabre (1978)
Night Shift
Sortie : 1980 (France). Recueil de nouvelles, Fantastique
livre de Stephen King / Richard Bachman
-Alive- a mis 8/10.
Annotation :
J’ouvre mon année avec Stephen King que je n’avais pas lu depuis un bon moment. Depuis 2018 exactement avec Simetierre que j’avais trouvé tellement nul qu’il m’a fallu tout ce temps pour retourner vers King. Par sécurité, j’ai donc choisi de me diriger vers un recueil de nouvelles, et j’ai bien fait. Voilà longtemps que je lorgne deux recueils bien précis : Danse Macabre et Brumes. Et j’ai trouvé ici exactement ce que je cherchais. Le plaisir de naviguer entre des textes variés, malgré leur inégalité. Il faut dire aussi que j’aime profondément le format court. Que ce soit à travers des nouvelles, des séries d’anthologie, des films à segments, ou des compilations indés comme il en existe dans le jeu vidéo, je suis friand de ce format. Et vu que le plus gros défaut de King est souvent de s’étaler en longueurs, les nouvelles lui siéent bien, elles lui obligent à aller à l’essentiel. Alors soyons clair : King n’est pas un grand écrivain. Il n’a pas de hautes ambitions littéraires, et s’il lui arrive d’avoir des fulgurances, elles sont toujours comprimées dans un modèle convenu. Sa littérature est une littérature à récit. Elle convient bien au cinéma, qui y pille des tas d’idées. C’est le cas pour les nouvelles de ce recueil, qui sont quasiment toutes bonnes si on n’y cherche pas autre chose que des histoires sympas. Il y a à boire et à manger. De la horror SF, du post apo, des récits réalistes, du récit épistolaire, et même deux récits très humains et touchants sans aucune épouvante. Il ya une poignée d’histoires que j’ai moins aimées, mais très peu finalement : Petits soldats, La Pastorale, L’homme qui aimait les fleurs sont probablement les plus osefs.….Mais le reste c’était cool.
538 pages
Histoire de ta bêtise (2019)
Sortie : 23 janvier 2019 (France). Essai
livre de François Bégaudeau
-Alive- a mis 9/10.
Annotation :
Bégaudeau je l’ai beaucoup écouté à travers les plateaux télé, mais aussi à travers les différentes interviews qu’il donne ici et là, trouvables sur internet parfois dans des contextes improbables. Bref, j’ai eu le temps de me familiariser avec sa pensée avant de franchir le pas de la lecture. Je savais que je trouverai avec Histoire de ta bêtise un approfondissement de tout ce que j’ai déjà entendu chez lui, et c’est le cas. Le livre va plus loin que ses interventions orales. Il mène loin son exercice de sape et de critique. Il le mène sur tous les champs : politiques évidemment, médiatiques, esthétiques, et lexicaux. C’est probablement mes passages préférés. Ceux où il reprend des termes comme “populisme”, “déclinisme”, “faire barrage”, “réac”, et les interroge au regard du réel, qu’il les réinvestit pour nous montrer combien les médias les ont vidé de sens, en ont fait des prêt-à-penser vides de pensée.
Les seuls passages où je trouve son analyse moins convaincante, c’est lorsqu’il décrypte les goûts cinéphiles et musicaux du bourgeois. C’est un peu facile de sélectionner Vanessa Paradis, Biolay ou Charlotte Gainsbourg comme parangons du “goût bourgeois” pour étayer son idée que le bourgeois aime l'art éthéré et inoffensif. Moi je pense que les bourges écoutent de tout, y compris du rock bien rêche et du rap, et que les goûts musicaux c’est vraiment le sujet sur lequel je ne me risquerais pas à dresser des portraits de l’être-bourgeois. Bégaudeau lui a osé le faire, et je n'ai pas trouvé ça très pertinent. Mais bon, c'est pas très grave, c’est le seul passage du livre un peu plus faible. Le reste en revanche, c'est solide.
223 pages en poche
V13 (2022)
Chronique judiciaire
Sortie : 25 août 2022. Articles & chroniques
livre de Emmanuel Carrère
-Alive- a mis 7/10.
Annotation :
On peut au moins reconnaître une chose à Carrère, c’est qu’il est toujours sur les bons coups et qu’il sait choisir les sujets qui font sens au regard de ses thématiques habituelles. On le sait à l’aise lorsqu’il s’agit de chroniquer des crimes hors normes qui cristallisent des questions morales passionnantes, c’était le cas avec Jean Claude Romand mais aussi avec Limonov qui lui permettaient de se pencher sur la guerre en ex-Yougoslavie. Rien d’étonnant alors à le voir assister au procès du 13 novembre 2015. On devine avant même de lire le livre que ce sujet télescope des tas de choses : l’horreur effroyable des actes, les questions autour du djihadisme, mais aussi des questions plus terre à terre sur l’appareil judiciaire dont il avait déjà démontré sa capacité à les vulgariser dans D’autres vies que la mienne. Bref ! une fois de plus Carrère a trouvé un sujet qui lui sied bien. V13 sait être un livre passionnant parfois, qui adopte une position très juste sur le procès, avec toute l’humilité un peu naïve dont Carrère sait faire preuve pour être à hauteur du lecteur. Mais c’est aussi là la limite du livre. Il ne prend pas de hauteur intellectuelle sur le sujet, n’en fait pas un grand objet littéraire. Je ne retrouve pas ici le génie de Limonov ou de l’Adversaire. Pourtant on a le droit un peu à tout : des témoignages durs, des embryons de réflexion sur des décisions et paradoxes judiciaires, des portraits d’accusés intéressants. Mais ce que je trouve dommage par exemple c’est que Carrère n’a de cesse de nous répéter que ce procès était une traversée. Un procès monstre, long, riche, total, parfois ennuyeux. Toutefois, nous le dire ne suffit pas à nous le faire ressentir. Pour les besoins de sa chronique, Carrère choisit un format découpé par petits chapitres très efficaces. Peut être qu’un grand écrivain plus audacieux que Carrère aurait choisi maladivement de plonger le lecteur dans un format éprouvant, dense, fou. Les auteurs qui éclatent les formats, ça existe (Tolstoï, Pynchon, Proust) et à mon sens ce procès V13 aurait pu aboutir à un livre d’un autre acabit que ces petites chroniques vite lues. Un livre aussi fou que l'était le procès. Un récit qui pèse et qui parasite le lecteur, voilà une chose qui m’aurait davantage animé.
Reste que ça reste un livre sympa à lire si on est fan du bonhomme et si on veut survoler une dernière fois le sujet des attentats.
363 pages
Propriété privée (2019)
Sortie : 5 septembre 2019. Roman
livre de Julia Deck
-Alive- a mis 5/10.
Annotation :
Souvent aimanté par les éditions de minuit dès que j’entre en librairie ou en bibliothèque, il fallait bien qu’un jour je tente un livre de Julia Deck. C’est tombé sur ce Propriété Privé qui, une fois de plus, me confirme l’idée de plus en plus négative que je me fais à l’encontre des auteurs de cette maison. Ouais je suis un type bizarre. Je suis à la fois très attiré par Minuit, je nourris l’espoir de tomber sur des écrivains excellents, mais la vérité c’est que plus j’en lis, plus je m’en détache (sauf toi Echenoz, je t’aimerai toujours). Avec ce livre de Deck, je retrouve encore une écriture un peu “blanche” un peu sarcastique, mais pas trop. Et ENCORE une parodie de polar. Je n’en peux plus de ces parodies de polar ! À croire que pour être édité chez Minuit, il faut absolument n’écrire que ça. Pour la faire courte, disons que Propriété Privée est une sorte de Desperate Housewives version française. On y suit un couple qui vient d’emménager dans un éco quartier pavillonnaire en périphérie parisienne et qui va vite connaître des emmerdements. Le cadre c’est donc celui d’un voisinage avec son lot de personnages nouveaux-bourgeois biens sous tous rapports, mais en fait perclus de défauts et de secrets. Le livre s’ouvre sur une critique acide de la vie en lotissement : tout le monde se juge, tout le monde fait semblant, chacun simule la gentillesse. Seul le couple que l’on suit fait tâche dans le tableau. Ils sont une anomalie, sorte de caricatures du parisien individualiste, ils sont immédiatement rebutés par cette nouvelle vie. Tout cela donne l’occasion de faire jouer un sarcasme assez marrant et bien dosé, mais rien d’extraordinaire non plus pour me séduire vraiment. J’attendais alors que le roman m’emmène dans quelque chose de neuf. C’est raté. Une fois ce cadre installé, l’intrigue qui se construit est policière, mais parodie oblige, une intrigue faible et qui sert davantage de support pour dresser le portrait critique que Deck veut faire de la vie de lotissement. Donc comme je l’ai dit, c’est vraiment du Desperate Housewives repensé dans un cadre français. Rien de bien grandiose selon moi. C’est fort dommage. Je tenterai quand même un autre Deck un jour. Je n’ai peut être pas pris le meilleur, qui sait ?
174 pages
L'Éternel Mari (1870)
Вечный муж (Vetchny mouj)
Sortie : 1870 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Roman étonnant dans lequel j’ai retrouvé ce qui me plait tant chez Dostoïevski : une intrigue aux virages étonnants et des personnages complexes, mais attachants dans leur complexité. L'histoire prend mille et une directions, si bien qu’on ne comprend pas de suite où elle veut nous emmener et c’est d’ailleurs très bien comme ça. On est baladé de scène en scène, bousculé de telle sorte qu’on redéfinit sans cesse le regard qu’on porte sur l’ensemble des personnages au fil des situations tour à tour dramatiques et cocasses, voire les deux en même temps ; cf : la scène des jeunes filles à marier et de leurs jeux cruels envers Pavel Pavlovitch. Excellent personnage du reste. Dosto est toujours aussi bon pour faire incarner une forme de complexité morale dans des types qui sont pourtant des losers complets. Ce Pavlovitch est un minable, à côté de ses pompes, plein de failles, et pourtant par moment on se prend à l’aimer. En fin de compte, ce que nous raconte Dosto, c’est une sorte de confrontation qui met du temps à dire son nom. Deux hommes qui auraient milles choses à se dire, qui ne savent jamais s’ils doivent s’embrasser ou s’étriper et qui vont passer par des tas de phases bien étranges avant de se comprendre pleinement.
260 pages, collection Babel, trad Markowitcz
Comment s'occuper un dimanche d'élection (2022)
Sortie : 11 mars 2022. Essai, Politique & économie
livre de François Bégaudeau
-Alive- a mis 8/10.
Annotation :
Encore une petite réussite de la part de Bégaudeau, dont je commence doucement à devenir fanboy (fanboy c’est le stade au-dessus de fan, c’est fan mais avec un côté polisson. Je serais prêt à inviter Begaudeau à dormir chez moi, et plus si affinités). Bref, trêve de connerie.
Ce livre est sorti discrètement. Si Histoire de ta Bêtise avait fait beaucoup de bruit, les autres livres beaucoup moins en revanche. Bégaudeau n’a été invité sur les plateaux qu’un temps, qui est très vite passé. Ce livre-ci s’inscrit finalement dans la même continuité. Depuis Histoire de ta bêtise, Bégaudeau semble écrire des livres en prolongement de sa pensée, ou en réponse à ce qu’on lui opposait. Il a souvent eu à faire à des gens qui ne comprenaient pas son abstentionnisme. Ici il leur répond. Et sa réponse est brillante une fois de plus. Elle est une manière pour lui de fouiller les fondements du système politique et électoral, une manière d’opposer la politique et le politique. C’est une pensée qui prend de la hauteur et qu’on a aussitôt envie de partager. Bégaudeau fait cet effet là chez moi.
110 pages
Faillir être flingué (2013)
Sortie : 21 août 2013. Roman
livre de Céline Minard
-Alive- a mis 7/10.
Annotation :
Céline Minard, autre nom actuel que je souhaitais découvrir depuis un moment. J’entendais beaucoup de bien d’elle, sans savoir à quoi m’attendre. Avec ce livre-ci, je découvre un roman très éloigné de ce qu’on peut attendre d’une fiction française. C’est un pur western qui, dans son style, dans sa façon de composer les personnages, et aussi de structurer un récit choral, renvoie à la littérature américaine. Minard s’empare des codes du western et aboutit pourtant à un roman apaisé porté par énormément de nature writing. C’est l’histoire de plusieurs personnages qui fuient chacun leur passé, sortent de leur quotidien tumultueux pour se rendre là où ils pourront rebâtir une nouvelle vie. C’est donc un roman très calme mais écrit avec talent. Une lecture intéressante.
Boniments (2023)
Sortie : 13 janvier 2023. Essai
livre de François Bégaudeau
-Alive- a mis 7/10.
Annotation :
Begaudeau prend des termes et expressions de la langue des communicants, des marchands, des journalistes et des politiques, bref la langue du capitalisme et les détricote. Il excelle à cet exercice. Certaines entrées tapent fort. Par exemple : libéralisme, femmes puissantes, croissance, ou encore territoires. À leur lecture, on en sort plus éclairé, avec des outils de pensée vraiment solides. D’autres entrées en revanche sont pour lui l’occasion de réflexions moins tangibles, et qui mènent vers des conclusions moins fortes. Ce qu’il dit des Tik Tok des des trottinettes par exemple, m’est un peu passé au-dessus. Ceci dit ça reste un livre fort agréable. Pas un must-have de Begaudeau en tout cas, ça c’est certain.
1950-1953 - Nouvelles, tome 1
Sortie : 2003 (France). Recueil de nouvelles
livre de Richard Matheson
-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Je n’avais lu que Je suis une légende de Matheson, dont je garde un très bon souvenir, et ce fût un vrai plaisir pour moi de revenir vers lui avec ses nouvelles. Surtout avec un recueil d’une telle qualité. Pour moi c’est une masterclass de littérature fantastique. Matheson déborde de petites idées très simples en apparence, mais auxquelles il sait donner des tournures insolites. On comprend vraiment pourquoi il est adulé par des mecs comme King ou K-Dick. Car en fait, tout est déjà dans sa littérature : ce gout pour la bizarrerie anodine qui se transforme en gouffre existentiel, ces anomalies qui viennent tout à coup perturber le quotidien, mais aussi cette façon d’amener du fantastique dérangeant dans des cadres SF (ce qui a forcément inspiré Dick). Et franchement, chaque histoire est excellente. Rien d’étonnant non plus alors à voir qu’une partie de ces récits ont été adapté dans la Quatrième Dimension. On a là un vivier tellement bon que les scénaristes n’avaient qu’à piocher ce qu’ils avaient sous la main. En comparaison avec le recueil de King que j’ai lu en ce début d’année, c’est un cran au-dessus. Matheson était plein d’inventivité. Bien plus que King. Et je lirai sans hésitation les deux autres tomes de ces recueils.
464 pages
L'Huile sur le feu (1954)
Sortie : 1954 (France). Roman
livre de Hervé Bazin
-Alive- a mis 8/10.
Annotation :
« Nous connaissons tous ici le sens de ce bruit de fond très différent des crépitantes fureurs des débuts d’incendie. De toute part monte cette rumeur puissante, continue, qui tient du ronflement d’hélice, du grondement de la marée et qui est typique des grands sinistres parvenus à ce qui est en quelque sorte leur âge mûr et campés sur une sérieuse réserve de combustible. Les flammes l’emportent maintenant sur la fumée et, plus sûr d’elles-mêmes, plus chaudes, deviennent à leur base presque transparentes. »
Grâce à la boite à livre que j’avais près de chez moi, j’ai constitué tout un rayonnage d’anciens livres qui éveillent ma curiosité. Ce Bazin en faisait partie. Pour moi c’est le moyen d’aller vers des auteurs moins connus, souvent oubliés des gros éditeurs qui préfèrent davantage miser sur les nouveautés et les grands noms indémodables. Et souvent ça ne loupe pas, je tombe sur des bons livres. C’est le cas ici. L’huile sur le feu raconte l’histoire d’une petite bourgade dans laquelle sévit un pyromane qui mène la vie dure aux habitants. Du moins ça c’est le sujet de surface, car le roman parle surtout d’un couple d’après-guerre qui ne s’aime plus. Bertrand Colu est un homme défiguré que sa femme ne regarde plus, qu’elle ne supporte plus même. On va alors observer la destruction cruelle de leur couple à travers les yeux de leur fille Céline. Le titre fait référence aux deux intrigues qui se jouent l’une dans l’autre et vont fatalement finir par se rejoindre. Bazin écrit superbement, bien que de manière très classique. Il insère toujours un peu de malice et d’urgence dans son texte, de sorte que le roman se dévore tout seul. On entre dans la ruralité d’après guerre et ce dont nous parle Bazin c’est justement de ça : de cette époque très étrange d’après-guerre qui comptait dans ses villages des personnages atteints, victimes de l’horreur, et qui sont elles-mêmes criminels à retardement.
243 pages
Les Enfants endormis (2022)
Sortie : 25 août 2022. Roman
livre de Anthony Passeron
-Alive- a mis 6/10.
Annotation :
Franchement, je reste un peu froid face au succès de ce livre. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là. Je l’ai lu avec intérêt et j’ai su être touché aux moments les plus touchants. C’est juste que je commence à doucement me lasser de « récits familiaux » et autres « témoignages d’une époque ». Après avoir lu De Vigan, Springora, ou Lydie Salvaire, je n’arrive plus à trouver dans ce type de livre une littérature qui me surprenne. Il faut qu’il y ait un style, une approche qui me plaise. Ici je ne vois rien de singulier qui ferait de Anthony Passeron un auteur vers lequel revenir. Il raconte son passé familial. Celui d’un oncle héroïnomane victime du sida dans les années 80. Et ce sujet c’est peut-être LE truc le plus intéressant du livre. Pour une fois, c’est bien de voir ce qu’a été le sida dans le monde rural, et non pas seulement du côté parisien, gay et associatif. On va dans l’arrière-pays niçois et on apprend comment a été vécue l’hécatombe foudroyante du sida dans des familles paysannes dépassées par leur époque. Anthony Passeron a bien deviné qu’avec l’histoire de sa famille, il tenait un sujet fort et pourtant universel. Reste qu’il n’en fait pas grand-chose. Il choisit d’embrasser plus de cinquante ans de vie et par conséquent prend sur son récit une certaine distance qui l’empêche d’approcher trop prêt des personnages. Il ne fait pas ce que Carrère ose faire : imaginer ce qui peut se passer dans la tête des personnages, capturer des petits moments très proches des gens, raconter ces récits vrais comme on raconterait une fiction. Ici, Anthony Passeron reste dans un témoignage familial très classique. Il survole les évènements mais n’essaie jamais de brosser un roman à partir d’eux. Tout s’enchaine très vite dans un style froid et respectueux qui, fatalement, comprime le roman dans une approche très sage. S’il sait parfois être didactique et touchant, il n’est jamais plus que ça. Puis désolé mais j’ai vraiment trop pensé au livre de Salvayre (Pas Pleurer). Passeron lui emprunte sa structure : une mise en parallèle de la petite et de la grande histoire. C’est exactement le même procédé ici. Salvayre alternait entre le récit de sa famille durant la guerre d’Espagne et celui de Bernanos découvrant les exactions fascistes. Passeron, lui, alterne entre le récit de sa famille et celui des scientifiques luttant contre le sida. Tout cela fait que j’ai l’impression d’avoir déjà lu ce livre.
273 pages
Trois hommes dans un bateau (1889)
(sans oublier le chien)
Three Men in a Boat (To Say Nothing of the Dog)
Sortie : 1889 (Royaume-Uni).
livre de Jerome K. Jerome
-Alive- a mis 7/10.
Annotation :
J’ai mis un temps infiniment long à le lire, non pas à cause de lui, mais juste parce que je ne trouve plus le temps de lire. À mon avis l’année 2024 va être pauvre en culture. Mais bref, peu importe. Chaque petit moment que je m’octroyais avec ce « trois hommes dans un bateau » était fort plaisant. C’est un livre très drôle, dont l’humour couillon se construit sur l’art de l’épisode absurde et de l’anecdotes farfelue. Malheureusement, c’est aussi ce qui fait sa limite. Le récit présente toujours le même schéma : les personnages descendent la Tamise et au fil de leurs petites mésaventures se racontent des anecdotes plus loufoques les unes que les autres. À chaque chapitre, ils traversent un coin du fleuve, nous racontent une anecdote, vivent une petite péripétie ou non, et c’est tout. Rien ne se met vraiment en place. Tout le livre s’enchaine sur ce schéma là jusqu’à la fin. J’aurais peut-être préféré être surpris par le récit, ce qui n’est guère le cas. Mais ça reste une lecture sympathique.