Mes Lectures 2025
1 livre
créée il y a 17 jours · modifiée il y a 17 joursDes Algériens à Lyon
de la Grande guerre au Front populaire
Sortie : 3 mai 2000 (France).
livre de Gilbert Meynier et Geneviève Massard-Guilbaud
MewN a mis 8/10.
Annotation :
« Mais on peut penser que si l’émigration fut pour les Algériens, essentiellement une nécessité, elle fut aussi, paradoxalement, un moyen d’affirmer leur dignité, une lutte pour imposer leur droit au mouvement et leur droit au travail là où il s’en trouvait qui soit rentable pour eux, c’est-à-dire en métropole. L’attachement à une terre, fût-elle, comme ici, celle des ancêtres, est la définition même du servage. Rompre cet attachement en émigrant, malgré tous les stratagèmes des colons pour les retenir, c’était briser cette servitude, affirmer son appartenance au monde des hommes libres. Ceci à une époque où le Code de l’Indigénat faisait de ces Français qu’étaient les Algériens des hommes inférieurs en droit. Cette dimension symbolique a été trop oubliée, peut-être parce qu’elle contrarie la vision misérabiliste qu’on a souvent donné de l’immigration. Elle paraît pourtant susceptible, tout autant qu’une pénurie de main-d’œuvre due surtout à l’indécence des salaires proposés, d’expliquer l’acharnement des colons à freiner par tous les moyens un mouvement dont ils se refusaient à voir le caractère inéluctable. » - p.109
« Il faut insister, enfin, sur un élément saisissant, la répétition, avec un siècle de décalage, de phénomènes caractéristiques de la formation de la classe ouvrière française et même, plus généralement, de la formation de la population urbaine, au XIXe siècle. […] Le renouveau des mobilités et des garnis sordides entraine d’ailleurs la renaissance des peurs du XIXe siècle. Vagabondage, désordre, foyers de contagion morbide et politique à la fois ; obsessions hygiéniste et policière de l’enquête, de la mesure, du contrôle : tous les fantasmes afférents aux classes laborieuses et supposés dangereuses étaient de retour, en plein XXe siècle… » - p.337-338
« En ces temps de tensions où les ligues occupaient la pavé, l’Administration, profitant de leur inexpérience en matière syndicale et de leur misère, contribua à situer les Algériens du côté des briseurs de grève et des casseurs de tarifs. Ce n’était sans doute pas le chemin le plus court vers l’intégration et cela créerait un lourd passif. » - p.379