* Mes "toiles" et étoiles 2024

Annotation :

Les méchants semblent de plus en plus être au pouvoir sur terre en ce début 2024 !
Bref exorcisme : ouvrir cette liste avec un must de méchante, selon Alexandre Dumas.
D'autant qu'Eva Green se donne corps (sexy) et âme (maléfique) à son personnage.
Mais comment dire, sans être trop... méchant ! Sans même ferrailler sur les évidentes libertés (incongruités ?) d'adaptation du grand classique de la littérature de cape et d'épée, très vite, le film perd vite cette vertu "cardinale" : la clarté de récit. Ce que viennent renforcer, entre autres, les apparitions en fait trop frustrantes de Milady/Eva.
Reste l'esprit d'évocation historique (décors naturels, costumes, petits détails du quotidien du XVIIe siècle) aussi ambitieux que luxueux.
Oui, du cinéma d'aventure, d'action, qualité France !
Plus que dans le premier opus, les trois mousquetaires, (V. Cassel, R. Duris et P. Marmaï), font preuve d'une laborieuse (gas)connivence !
Bref, notule de cape et d'épais regrets !

Annotation :

Âme d'enfant - hélas ! - éteinte ? Film étincelle : "Wonka" !
Âme d'enfant - ouf ! - préservée ? Film cellophane : "Wonka" !
Donc, axé sur cette gourmandise unique, magique, le Chocolat, voilà un film... pépite !
Magie est bien le maître mot. D'autant plus que, très astucieusement, sont appelés tour
à tour à la rescousse les magies triomphantes de "Mary Poppins", "Hugo Cabret", pour ne citer que ces deux-là...
Réalisation, interprétations, rythme, décors, passages chantés... Tout est bien maîtrisé/ciblé. Bref, carré ! Spectacle familial du genre très fondant !
Comparaison incontournable : quelque chose à envier à "Charly et la chocolaterie" ? Pour moi, rien de significatif à noter sur les tablettes !
Pour un remake français, nom d'acteur tout désigné (mais hélas trop vieux) : Lanvin !

Annotation :

Super bien léchée !
Qui pense extrait cru/cul de "Mémoires de Brigitte Lahaie" doit passer son chemin !
Non ! De ce film, la principale qualité, c'est son image super bien léchée, dans la beauté naturaliste, bucolique, aquatique (scènes de Seine)... Bref, le beau 7e Art à la française.
Toujours côté qualité : faire (re)découvrir l'univers de création et de vie d'un peintre dont on gomme trop injustement la place picturale.
Ce qui se déploie au rythme fantasque, chaotique, de l'évolution amoureuse avec Marthe : modèle au hasard ; puis muse que ça amuse ; puis amante tel un aimant ; puis épouse allant jusqu'à accepter le ménage à trois avec la jeune Renée...
Vincent Macaigne et Cécile De France sont si intimement et subtilement immergés dans leurs personnages à multiples facettes que ceux-ci s'imposent parmi leurs meilleurs rôles !
La scène de dispute entre Marthe et Misia Godebska (A. Grinberg, plutôt crispante), quel tableau, tant sous l'angle féminin que sociétal !
Bref, pour user d'un vocable démodé, aller voir ce film, c'est... bonnard !

Annotation :

Alors c'est Lui... Le dernier en date des films-pépites du cinéma français. Palme d'or 2023, Golden globe (souvent pré-Oscars) 2024, probables Césars 2024... Etc. Quand même !
Moi ? Rude début ! Musique à fond et crispante. Ecrivaine cabotinant/flirtant en interview impossible...
Ouf ! Très vite, place à l'intrigue scotchante : coupable ou pas ? Meurtre ou suicide ?
Et alors, les miracles de 7e Art s'enchaînent, s'enrichissent les uns les autres ! C'est simple : il me faut remonter très loin dans mes extases antérieures pour trouver une mise en scène et une interprétation se hissant à un tel niveau de complicités, d'excellence, de vérités !
Accumulation de séquences d'anthologie telle celle de la dispute conjugale, film de procès (les Américains ne pouvaient qu'adorer) faisant plus vrai qu'un docu d'"Envoyé spécial" !
Télescopage de thèmes puissants traités de façon aussi fouillée que maîtrisée !
Ma chute de notule : Sandra Hüller atteint le rêve de toute actrice, l'état de grâce !

Annotation :

Un vieux monsieur se souvient... De moments bien balisés pour tout un chacun(e) ?
Oh que non !
Lui, c'est du dispositif qu'il a impulsé et qui l'a amené, alors que l'Allemagne nazie se fait les crocs sanguinaires et envahisseurs sur la région tchécoslovaque des Sudètes, de sauver 669 enfants juifs transférés par train jusqu'en Angleterre !
Etonnement : comment cette histoire pour l'Histoire, forte, poignante, exemplaire, n'est-elle connue et adaptée au cinéma que quelques 80 ans après ?
Toute an allers-retours dans le temps et l'espace, la réalisation est très académique, lente, parfois guimauve, mais la force de témoignage et l'humanité irradiante dans les diverses interprétations force autant l'émotion que l'admiration !
Et comment ne pas faire le parallèle avec les enfants ukrainiens que le régime poutinien a kidnappés et transférés pour les russifier à marche forcée et à grande échelle ! Poursuites devant la Cour pénale internationale (C.P.I.) à la clé...
"Une vie" s'inscrit contre toute velléité mortifère !

Annotation :

Notule à venir...

Annotation :

Deux femmes que tout sépare et qui, d'un coup, ne se quittent plus !
Grosse différence d'âges, de statuts sociaux et même d'origines culturelles...
Mais gros point commun : leur mari/compagnon sont incarcérés dans la même prison !
La curiosité cinéphilique se laisse facilement menotter à ce préambule scénaristique, Plus le face à face inédit et même baroque entre deux actrices aussi à l'opposé l'une de l'autre.
Sauf que pour incarner des compagnes de détenus, elles donnent l'impression de rester enfermées dans leurs zones de confort de jeu éprouvé (plus Huppert que Herzi). Que ce soit dans les situations de cohabitation comme celles d'affrontement. L'intensité filmique y perd ainsi beaucoup de sa puissance potentielle.
Dommage car le sujet, ancré à Bordeaux ou ailleurs, méritait sans doute une préparation plus tanique !

Annotation :

Fond et forme... Les deux totems pour tout mode d'expression, le 7e Art spécialement.
Là, repensés, chamboulés et au final réinventés... Sacrée prouesse, M. Jacques Audiard. !
Un film ? Bien plus ! 2 h 10 d'une expérience de Cinéma unique, mémorable !
Thriller ? Comédie musicale ? Drame social ? Oubliez les étiquettes habituelles, dépassées dans un collage images/sons (B.O. d'enfer !) magistralement orchestré, maitrisé, électrisé.
Bon, l'histoire... Audiardesque ! Axée autour d'un caïd de la drogue é-cartel-é (!) entre sa "machance" (contraction de macho et puissance !) et son désir de changer de sexe/vie ! Sur moi, cela a totalement... opéré ! Bien que la mouvance transgenre ne soit pas mon genre !
Mais Audiard, même en s'obligeant à tourner dans une langue étrangère, l'Espagnol, y met une telle grâce ! Dont des séquences chorégraphiées à rendre jaloux le fameux duo twisteur de "Pulp fiction" ! Mais cela ne serait pas aussi phénoménal sans les actrices, tout autant en état de grâce !
Comme tout cinéaste, sans doute le débutant Audiard avait-il ses châteaux en Espagne... "Emilia Pérez" l'installe dans un donjon doré !

Annotation :

Négationnistes, révisionnistes, complotistes à la française, prenez ce film en pleine figure !
Oui, NOTRE mémoire collective en bleu-blanc-rouge est à jamais enchaînée à un passé colonial (qui se nuance) et esclavagiste (forcément monstrueux) ! C'est do-cu-men-té !!!!
Et le 1er mérite de ce film : agir comme une page d'histoire, à hauteur de personnages auxquels s'identifier, dans un enchaînement de situations ô combien symptomatiques.
Transposition, chez un planteur de l'île Maurice du milieu du XVIIIe siècle, de l'éprouvante promesse de Churchill à ses compatriotes en guerre : de la sueur (rude coupe de la canne à sucre), du sang (punitions supplices) et des larmes (suppliques contre mur d'inhumanité) !
Pour sacrifier (!) aux codes cinématographiques, c'est de plus un film de traque haletant, au coeur d'une jungle filmée de façon organique, avec Camille Cottin en méchante hallucinée par le mysticisme catholique qui dose remarquablement son jeu entre blancs de dialogues et noirceur !
Le titre prend tout son sens, tragiquement, héroïquement, avec les ultimes images...
Quand au central duo père-fille - interprètes à fleur de peau... meurtrie, niée, exploitée - c'est dans ma mémoire cinéphilique qu'il provoque une réaction en chaîne(s) !

Annotation :

L'héroïne (d'après une histoire vraie), à la destinée formidable, de mannequin adorable à reporter de guerre confrontée à l'abominable, est admirable, mémorable...
Kate Winslet est visiblement très impliquée (aussi co-productrice) dans ce projet ambitieux tant sur le plan cinématographique que sur celui de la "montée en puissance" du féminisme.
Et malgré ce...
La réalisation surtout, mais aussi pas moments l'interprétation vedette, laisse un sentiment mitigé (pas vraiment déçu mais pas vraiment conquis...), frustré (manque de souffle narratif), bref d'inachevé.
Dommage car l'appareil photo avec négatifs 6 x 6 de Lee Miller a tout pour être le moteur d'un déclic inoxydable en terme de choc de spectateur !

Annotation :

Sacré Clint ! (familiarité de fan depuis... pfff !). Non seulement il livre, à 94 ans bien sonnés un énième opus cinématographico-testamentaire. Mais en prime (clin d'oeil au pistolero mutique !), contrairement à ce qu'on peut lire, il met la barre d'impact sur le spectateur très haut : jouer dans la même cour (d'assises !) que l'un des films phare du 7e Art, "12 hommes en colère" ! Brassage de notions piliers pour la Démocratie : Justice, Culpabilité, Innocence, Loi, Subjectivité du témoignage et du déterminisme humain, etc.
Et donc...
Chapeau, Mister Eastwood ! Non seulement cette phénoménale figure hollywoodienne n'a rien perdu de sa maîtrise classique, fluide, de la narration captivante de bout en bout, tout comme de sa direction d'acteur gage de délicatesse et de spontanéité (de 1re prise !). Mais il rivalise avec une habileté et une tension novatrices (réquisitoire et plaidoirie en flashs alternés, taraudant cas de conscience du juré, etc.) avec le chef-d'oeuvre (1957) de Sidney Lumet.
Ce faisant, à nouveau, Eastwood interroge crûment l'appareil judiciaire américain. D'autant que le président tout juste réélu... est un justiciable déjà lourdement condamné ! Et avait plusieurs rendez-vous à venir devant des juges, notamment pour l'appel à prendre d'assaut (broutille de langage !) le Capitole, symbole suprême de la démocratie US.
Face à "çà", dire qu'il y en a (y compris sur Sens Critique) qui s'obstinent, envers Eastwood, dans le méprisable procès d'intention ! Té, je vais m'aérer l'esprit en "Gran Torino" !

Annotation :

D'emblée, le dire... Que dis-je, le "claironner" ! "En fanfare" ? Courez-y !
Bienvenue chez les Ch'tis... Mais pour les particularités (traditions, déclin économique, comportements...), du Nord, le cap narratif est bien plus authentique, réaliste, touchant, que chez Danny Boon.
Film autant sur la force vitale de la Musique - 3e "personnage" central - que sur les liens complexes de fratrie, surtout quand le hasard s'en mêle et s'emmêle, mais sans le moindre couac de mise en situation ! La bande son est au diapason de l'ambition de dépasser tous les clivages, de Verdi à Aznavour, jusqu'à un Bolero final et lacrymal !
C'est peu dire que le duo formé par Benjamin Lavernhe (sa préparation à incarner un chef d'orchestre majeur a été puissamment orchestrée, à l'évidence) et Pierre Lottin, qui s'inscrit un peu plus plus en fanfare dans les acteurs à multi-partitions de jeu, est pour beaucoup dans les atouts d'humanité qui crèvent l'écran !
Pas un chef-d'oeuvre au sens cinéphilico-intello, mais une oeuvre formi, formidable de son propre chef !