Mission : Impossible — Classement annoté

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Avec un scénario extrêmement bien ficelé, quoiqu'un peu difficile à suivre par moments – tous ces doubles jeux finissent par prêter à confusion –, et une mise en scène terriblement efficace, Mission Impossible arrive à conjuguer remarquablement cinéma de divertissement et cinéma d'auteur. Car il n'y avait pas meilleur cinéaste que Brian De Palma pour porter un tel scénario à l'écran. On y retrouve des thématiques propres à son cinéma, certes, mais c'est bel et bien son style qui élève Mission Impossible au-delà d'un film d'action-espionnage lambda. En particulier le découpage, les choix de cadrages (l’utilisation de plans débullés ou subjectifs notamment) et l'utilisation du format scope sont, à l'image du casse de Prague en début de film, ou encore mieux celui de Langley, utilisés avec une grande pertinence et montrent tout le talent de metteur en scène de Brian De Palma. Peu de réalisateurs arrivent à aussi bien lier sens, lisibilité, inventivité et esthétique dans leurs œuvres, mais lui y arrive admirablement.

Là où Mission Impossible pèche davantage, c'est dans son scénario. Entre des retournements de situation incessants et pas forcément toujours utiles au film, des invraisemblance ahurissantes et des révélations assez décevantes comparés aux promesses faîtes au début, heureusement que la réalisation classieuse de De Palma est présente pour faire un peu « cache misère » (la belle chose étant qu'on ne se rend compte de cela qu'à l'arrivée du générique) car le récit en lui-même tient difficilement la route. Après, Mission Impossible n'est pas plus idiot qu'un autre film dans le genre, juste un peu plus fastidieux : complexe et incompréhensible sont deux choses bien différentes. Autrement, on peut regretter des effets-spéciaux ayant mal vieillis ainsi qu'une distribution, certes passable dans l'ensemble, mais bien trop inégale tout de même. Le pire étant, à mon grand regret, Jean Reno qui livre une performance parodique d'un américain alors qu'il aurait été bien meilleur s'il n'avait pas été réduit à cette mauvaise imitation. Mais le principal reste que, pendant deux heures, on ne s'ennuie pas une seule seconde, on est toujours sous-tension ou émerveillé par ce magnifique spectacle.

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Il est assez décevant de voir, avec le temps, que la saga Mission Impossible perd de plus en plus son but premier : faire venir des réalisateurs de divers horizons afin de créer une saga de films dont chaque épisode serait unique mais cohérent avec les autres. Avec ce Protocole fantôme, les Mission Impossible deviennent définitivement une série de films d'action consensuels, à la pointe de la modernité. Dommage que la série perde peu à peu son identité. À la recette classique d'un film Mission Impossible est ajouté l'humour, sans qu'il soit forcément très utile et efficace, mais au moins il n'est pas trop invasif. Puis, il est difficile de résister à des touches d'humour lorsqu'elles viennent de Simon Pegg. Il est juste dommage qu'aujourd'hui blockbuster rime avec humour gaguesque grand public – quoique pour certains films de ces dernières années, la comédie est une qualité, j'en conviens. Je regrette également le scénario devenu bien trop prévisible, les ficelles étant vraiment voyantes cette fois, le méchant qui manque clairement de charisme (puis, franchement, un méchant russe qui veut faire péter le monde à l'arme nucléaire et déclencher une troisième Guerre Mondiale…) et la perte du côté espionnage, du moins beaucoup de sa complexité – accessoirement le fait que Ving Rhames ne fasse qu'un caméo dans cet épisode, aussi, mais là c'est tout à fait subjectif. Reste cela dit une qualité indéniable et pas des moindres : les scènes d'action. Elles arrivent à être impressionnantes sans être pour autant exagérées, probablement parce que Tom Cruise réalise lui-même ses cascades et ça se voit, et surtout se ressent. Cependant, cet aspect manque peut-être un peu de mise en valeur par la mise en scène et le film ne profite pas autant qu'il le pourrait de cette qualité – contrairement aux John Wick et les cascades de Keanu Reeves, par exemple. En conclusion, un divertissement moderne encore plus spectaculaire que les précédents épisodes mais qui manque cruellement de personnalité.

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Mission Impossible 3 est une sorte d'équilibre entre les deux premiers épisodes : plus simple et plus direct que le premier mais aussi plus rangé et plus timide que le deuxième. La grande qualité de la réalisation de J. J. Abrams reste la nervosité qu'il insuffle à son œuvre : on est constamment dans l'urgence et ce dès le début grâce à cette introduction in media res qui pose très bien l'ambiance à venir. La réalisation reste tout à fait acceptable pour un film du genre, bien qu'on puisse regretter l'utilisation massive de la shaky cam lors des séquence d'action. Les scènes d’infiltration sont cela dit très bonnes, en particulier celle du Vatican qui bénéficie d'un dynamisme presque inédit au sein de la saga Mission Impossible. Les acteurs sont, dans ce film-ci, particulièrement bons. Notamment Tom Cruise qui livre sa meilleur performance en tant que Ethan Hunt jusqu'ici. Et il faut bien évidemment mentionner l'incroyable interprétation de Philip Seymour Hoffman qui permet à son personnage d'être, grâce à sa froideur et son flegme, l'un des meilleurs méchants de l'histoire du cinéma (rien que ça). On peut néanmoins regretter que ce Mission Impossible 3 soit bien moins mémorable que les deux autres : Abrams réalisant son film davantage dans une logique de faiseur que d'auteur – contrairement à Brian De Palma et John Woo. Mais le spectacle, au scénario simpliste et aux scènes d'action impressionnantes, reste cela dit au rendez-vous.

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À première vue, Mission Impossible 2 possède tout du nanar de luxe : des ralentis à foison, des one-liners aussi stupides que jouissives, des scènes de fusillades en veux-tu en voilà, un scénario de film d'action-espionnage cliché, des explosions à la moindre étincelle, un méchant digne d'un (mauvais) James Bond, des personnages qui expliquent ce qui se passe, au moment même où ça se passe, une romance superficielle et bien plus encore. Et, à n'en pas douter, ce film est ridicule, kitsch au possible, incohérent à beaucoup de niveaux ; quand bien même il soit très divertissant. Mais Mission Impossible 2 est en réalité construit en opposition au premier film : là où le scénario était incompréhensible, il est dorénavant ultra-simplifié, pour ne pas dire simpliste. Ce deuxième épisode reprend également les meilleurs éléments du film de De Palma, à l'image de cette nouvelle scène d’infiltration, et va même au-delà de ce que faisait son prédécesseur – lorsque le plan du casse est évoqué, cette fois-ci, par le vilain, par exemple.

Même si Mission Impossible 2 est un nanar avéré, c'est également une œuvre cohérente avec elle-même. La patte de son réalisateur se trouve dans chaque image : des ralentis sur-esthétisés aux arts-martiaux dans les séquences de combats en passant par les pigeons, et jamais le film ne dérive de sa base. Sans aucun doute, ce deuxième Mission Impossible est un mauvais film, suranné et pas très original, mais pas un film raté puisque les intentions de réalisation de John Woo se trouvent toutes là, c'est-à-dire faire un blockbuster où le spectateur n'aurait pas besoin de penser à ce qui se passe à l'écran, mais juste de profiter du spectacle dantesque que propose le long-métrage. Ce qui fait de Mission Impossible 2 un film unique en son genre, un nanar avec un charme tout particulier : un mauvais film réussi.