Mon 68ème Festival de Cannes

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Bouleversant, souvent drôle, d'une justesse inouïe. Dans la lignée de La chambre du fils, son unique palme d'or, Moretti s'amuse non seulement à proposer une réflexion singulière sur le cinéma et ses métiers, mais se montre toujours aussi pertinent lorsqu'il s'agit de traiter du rapport avec autrui, du rapport à soi, des liens familiaux. Cette réalisatrice (Margherita Buy pourrait prétendre à un prix d'interprétation), dépassée par la vie, par cet acteur fou furieux (Turturro caricatural mais attachant), par la culpabilité qui semble la ronger face à l'état de sa mère, est un personnage assez exceptionnel que l'on a envie d'accompagner dans cette remise en question inévitable. La mise en scène n'est jamais tire-larmes et d'ailleurs pas spécialement flamboyante, mais sa sobriété est magnifiée par la finesse du propos, et les deux derniers plans sont de ceux qui restent gravés dans la mémoire.

Mon pronostic: une potentielle palme d'or ou un prix d'interprétation féminine.

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Pour être franc, l'intrigue m'est plus ou moins passée à côté par moments, mais une telle perfection esthétique est rarement atteinte au cinéma. Ahurissant de beauté. Les quelques scènes de combat, aussi furtives que magistrales, viennent casser un rythme qui repose sur la longueur et la contemplation. Hou Hsiao Hsien est attentif à chaque regard, à chaque geste, à chaque partie de ces paysages à couper le souffle, à chaque lueur, à chaque bougie, à chaque voile flottant lentement en révélant par intermittences un beau visage menaçant. On n'a pas le temps de se demander si l'on s'ennuie: paradoxalement, ce film passe incroyablement vite malgré sa lenteur évidente. Effectivement, je crois que l'on peut appeler cela un retour en beauté pour le réalisateur taïwanais.

Mon pronostic: potentielle palme d'or, ou Grand Prix, ou Prix de la mise en scène.
Résultat: prix de la mise en scène

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Un des films les plus intrigants du festival. Peut-être aussi un des meilleurs.
Hupper et Depardieu sont extraordinaires bien sûr, mais dire que le film ne repose que sur ses acteurs serait une grande erreur. C'est une grande réussite de la part de Nicloux d'avoir réussi à faire d'un scénario et d'une mise en scène aussi simples quelque chose d'aussi fort. Les retrouvailles entre Isabelle et Gérard ne sont pas l'occasion de grandes réflexions philosophiques sur la mort, le deuil, la culpabilité: ces parents blessés s'échangent des répliques souvent banales qui, par fulgurances, laissent place à des considérations plus profondes mais qui ne prennent jamais le pas sur cette difficulté à dialoguer, et sur cette quête irrationnelle qui instaure une tension et un mystère uniques en leur genre. Nicloux fait preuve d'une grande finesse et s'autorise quelques trouvailles oniriques très lynchiennes dont la sobriété est à saluer. Tout ceci fait qu'on lui pardonne volontiers une ou deux petites lourdeurs plutôt inévitables, qui ne sont rien face à la puissance émotionnelle de l'ensemble. Ce film au palmarès, voilà qui serait réjouissant.

Mon pronostic: difficile de faire des pronostics sur la présence ou non de ce film au palmarès. Le jury pourrait aussi bien le snober que lui attribuer un prix d'interprétation (féminine ou masculine), un prix du Jury ou même un Grand Prix.

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Le parti-pris du réalisateur, qui peut rebuter et qu'on a d'ailleurs du mal à cerner au début du film, finit par prendre complètement le spectateur. Nemes a l'intelligence et l'habileté de ne pas faire du spectateur un voyeur dans ce camp de la mort: la quête de Saul est la nôtre, et cet angle de caméra très serré empêche toute complaisance dans l'apitoiement. Une très grande mise en scène pour un premier film bouleversant.

Mon pronostic: potentielle Caméra d'or ou prix du jury ou prix de la mise en scène
Résultat: Grand Prix

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Dommage que le dernier quart d'heure, moins extatique, ne soit pas tout à fait à la hauteur du reste; sans cela Youth aurait été un chef-d'oeuvre absolu. Il reste tout de même une grande claque. Cette mise en scène grandiose, véritable choc esthétique, m'a fait verser des larmes qui ne sont pas venues lorsque Sorrentino, inévitablement, a fini par appuyer un peu plus le propos de son film. Les quelques fautes de goût de la fin ne suffisent pas cependant à entacher un bilan cinématographique plus que réjouissant.

Mon pronostic: potentielle palme d'or ou Grand Prix

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Queer Palm
Mon pronostic: potentiel prix de la mise en scène et prix d'interprétation féminine
Résultat: prix d'interprétation pour Rooney Mara

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Le film se présente comme un conte, et s'assume comme tel: esthétiquement extraordinaire, Tale of tales a le mérite de n'être comparable à rien d'autre qu'à soi-même. Chacun de ces contes, par sa singularité, distille quelque chose qui reste en nous et qui fait taire ceux qui, conditionnés par une approche assez barbante des films de la compétition, considèrent que ce film "manque de profondeur".

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Dans Louder than bombs, aussi juste et sobre qu'Oslo 31 août, les quelques envolées oniriques et poétiques, alliées à un humour très présent, rendent unique ce film sur le deuil.

Mon pronostic: potentiel prix du Jury

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Moins hermétique que Canine, aussi pessimiste, plus désespéré, un peu trop pesant sur la fin. La transition entre la première et la deuxième partie est d'ailleurs un peu expédiée, traduisant un changement d'approche un peu radical. Assez obscur et cérébral, The Lobster ne suscite pas l'incompréhension comme l'a fait Lynch avec Mulholland Drive (Monsieur Frémaux, la comparaison n'était pas très heureuse...), mais recèle quelques clés dont on peut -ou pas- se saisir (je lance un appel à ceux qui comprendront cette scène d'ouverture). Une belle expérience en tout cas, accompagnée d'une photographie somptueuse et d'une grande mise en scène.


Mon pronostic: potentiel prix de la mise en scène ou prix du scénario.
Résultat: prix du Jury

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Très joli film, bien sûr, dont l'influence des maîtres du cinéma japonais est évidente. Kore-eda film avec justesse les relations entres ces quatre personnages attachants, mais l'on n'est que rarement émus par cette histoire qui frôle parfois l'excès de bons sentiments.

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La fin, sublime, ne suffit pas à réhausser complètement un film trop inégal, plombé par une deuxième partie insignifiante et interminable. Jia Zhang-ke s'emmêle un peu les pinceaux dans ce film assez curieux qui aurait mérité une plus grande solidité scénaristique. Au final, on a la désagréable impression d'être passé à côté d'un potentiel grand film.

Mon pronostic: potentiel prix du scénario

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Dommage que ce final, à la limite du risible, vienne bâcler un film qui avait si bien commencé. Le message du réalisateur en devient douteux, tout comme sa démarche. Audiard est certes un excellent cinéaste, et le film en témoigne tout à fait, mais il est assez déconcertant de constater à quel point il s'éparpille dans les 20 dernières minutes de ce film, franchement maladroites. Un critique a dit: "ça commence comme du Laurent Cantet, ça finit comme du Luc Besson." Je dois dire que j'adhère.

Résultat: palme d'or

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Aussi sincère que naïf, Marguerite et Julien prouve que Valérie Donzelli est une très bonne réalisatrice qui mériterait une meilleure exploitation de son talent. Ce film est surprenant, ses quelques moments de grâce et ses anachronismes font mouche, mais il reste bien trop inégal pour convaincre et espérer voir son nom au palmarès.

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(bon j'ai un peu triché, je l'ai pas vu au festival celui-là, mais je voulais quand même le mettre dans mon top)

Concrètement, je n'aime pas ce cinéma. Le cinéma social, les Dardenne, les crasses de la vie façon documentaire... La loi du marché est éprouvant, long, il n'est pas beau, ne procure aucune émotion esthétique ou artistique, mais Brizé fait très bien ce qu'il entreprend, et Lindon est vraiment fort, avec ses micro-expressions et sa force naturelle. Un 6/10 bien trop gentil, mais objectivement ce film n'est pas mauvais.

Annotation :

Cette esthétique oscillant entre le jeu vidéo style médiéval et la pub pour le parfum Hermès finit par épuiser, tout comme le jeu -pas si mauvais mais insipide- de ses comédiens. Le décalage entre la beauté des dialogues et l'ennui qu'ils instaurent, faute à une mise en scène plutôt lourde, est plus que regrettable. Quant à la fin, plongée dans une brume orange-rouge, j'y vois une faute de goût assez terrible. Finalement, le film ne présente absolument aucun intérêt, et s'adresse plutôt aux gens qui ont lu la pièce et qui seront probablement déçus de toute façon. Moi, ça ne m'a pas donné envie de la lire: je crois que c'est là la pire réaction que le réalisateur puisse susciter.

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Douloureux constat: RIEN n'est à sauver. Un comble pour un réalisateur qui a fait notamment deux films très chers à mon coeur (Elephant et My own private Idaho). Lamentable. Une des pires choses (sans exagérer) que j'ai jamais vues. Esthétiquement, Sea of trees est bien peu intéressant, loin des exercices de style brillants auxquels GvS a pu nous habituer. Le montage est d'une faiblesse accablante, tout en flash-backs dénués de liens avec les scènes dans la forêt et qui nous parlent de la relation de Matthew avec cette femme chiante, alcoolo et cancéreuse. Tout est attendu, le film repose sur une symbolique à deux balles et un twist que l'on voyait déjà venir au bout de 20 minutes de film.
Vraiment, très, très, triste.

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Pas de coeur, pas de sensibilité, aucune approche esthétique digne de ce nom, une complaisance infinie, une absence totale de point de vue: abject. Plus stupide encore que Después de Lucia.

Résultat: prix du scénario (une aberration totale)

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Hors classement (Film d'Ouverture, hors compète).

Peut-être quelques maladresses mais ce film allie avec merveille dureté et sensibilité. Emmanuelle Bercot prouve encore une fois son talent indéniable, et on ne peut que se réjouir que ce film ait fait l'ouverture du festival.

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Hors classement (Quinzaine des réalisateurs)

Un immense Desplechin. Cet homme est un magicien; je ne peux pas croire que ce film soit un tel chef-d'oeuvre après les monuments qui ont précédé dans sa filmographie. Encore une fois, il fait de son cinéma (d'auteur, clairement) un cinéma aussi intellectuel que stimulant, bourré de références mais assez foisonnant pour réjouir un public infiniment large. L'écriture de ce film est encore une fois exceptionnelle et traduit l'amour des mots qu'a Desplechin, nous transmet cet amour. Ses personnages sont aussi caricaturaux qu'attachants: Desplechin lui-même rit gentiment de ces personnages souvent loufoques et c'est aussi ce qui fait la force de son cinéma, réussir à allier l'introspection et les contradictions des liens humains au romanesque le plus fougueux. Ecouter parler Desplechin est déjà fascinant, regarder ses films est un délice absolu.

Prix SACD (Quinzaine des réalisateurs)

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Hors classement (séance spéciale)

Le film commence bien, puis laisse place à un condensé des pires frasques "pipoles" d'Amy, délaissant la musique et révélant la stupidité et l'ignorance de ce réalisateur. Une offense aux fans.

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Hors classement (Cannes Classics)

Mizoguchi, pour mieux finir ses nuits.
(Sans rire, je ne pensais pas qu'un tel niveau d'ennui était possible à atteindre... Dire que l'an prochain j'étudie le cinéma japonais. Mais j'ai confiance, allez, j'ai confiance.)
A noter aussi que la restauration était très mauvaise, je pense que la qualité de la pellicule d'origine devait être catastrophique.

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Hors classement (Un certain regard)

Si l'on peine à se laisser emporter par le début du film, cet humour pince-sans-rire et ce ton délicieusement décalé finissent par faire mouche pour mener à un final à hurler de rire. (Life is life, comprendra qui verra Comoara)

Prix Un certain talent (Un certain regard)