Mon Top 1947

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Ce film du prolifique et pourtant inconnu Maurice Cloche, co-scénarisé par Jean Anouilh, épouse un rigorisme proche de celui de Bresson, parallèle d'autant plus évident que ce "Monsieur Vincent" rappelle par bien des aspects "Journal d'un curé de campagne". Ça ne dévie jamais, refusant la moindre facilité, et le jeu asséché de Pierre Fresnay est prodigieux.

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J'ai beau lui enlever un petit point (Mais on n'est pas loin du 9 malgré tout) ce "Narcisse noir" reste mon Powell - Pressburger préféré avec "Les Chaussons rouges". Tout est d'une grande finesse dans le traitement d'un sujet complexe, enveloppé dans un esthétisme d'une grande élégance.

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Ce film noir est étonnamment peu connu, réunissant pourtant à la caméra Lewis Milestone et Kirk Douglas (éclatant de jeunesse), Barbara Stanwyck et Van Heflin au casting, et réussissant surtout l'exploit de tenir la dragée haute aux piliers du genre, la filiation avec "Assurance sur la mort" étant même assez évidente.

Sens du rythme, scénario retors à souhait, personnages tous plus biscornus les uns que les autres, et pas une ligne de dialogue qui ne régale le tympan. Bref une pure régalade...

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Curieusement, bien qu'ayant vu et adoré il y a un bon moment des films tels que "Le Corbeau", "L'Assassin habite au 21", "Le Salaire de la peur" ou encore "Les Diaboliques", j'ai mis du temps à m'apercevoir que Clouzot était un pur génie et un grand malade dont on ne peut se lasser de disséquer les films.

C'est probablement fin 2017, découvrant "La Vérité", puis quelques mois plus tard "Le Mystère Picasso", que cette évidence m'a sauté aux yeux.

Metteur en scène révolutionnaire, marionnettiste d'acteurs, alchimiste fou, manipulateur fétichiste, l'homme était monstrueux, le créateur possédé, et inversement.

Ce "Quai des orfèvres" c'est la maîtrise de son art, le charisme des acteurs, les dialogues qui vous poursuivent, autant que le tralala et le charme déconcertant de Suzy Delair.

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N'étant pas un inconditionnel de Rita Hayworth, loin de là, je suis d'autant mieux placé pour dire à quel point ce qu'elle parvient à faire ici est de l'ordre du surnaturel.

Elle vampirise progressivement, aidée par la mise en scène classieuse de Charles Vidor, la caméra autant que les hommes du récit, et donc le spectateur, englouti ici par une pose aussi sensuelle que factice, là par un regard.

J'ai certes été saisi par ça, par ce pouvoir d'attraction que seul possédait cette race d'actrices, mais en réalité ce n'est pas ce que je retiendrai le plus de cette Gilda, car finalement la femme fatale disparaitra peu à peu de mes souvenirs car elle était fausse. L'autre en revanche, celle qui refuse de se montrer, la vraie donc, ne me quittera jamais, ni elle ni ses regards furtifs mais déchirants. Les regards d'une femme amoureuse...

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Je ne serai pas mesquin au point d'établir une comparaison entre Christopher Nolan et David Lean, le temps s'en chargera et je n'ai pas des masses de doutes sur celui que l'Histoire retiendra, je n'irai pas non plus sur le terrain du cinéma d'hier vs celui d'aujourd'hui car de grands films continuent à se faire, de vrais grands réalisateurs sont encore en activité et naitront demain.

Et puis après tout il suffit d'avoir des yeux pour constater à quel point ici tout est élégance et grâce, à quel point chaque plan, chaque cadre est une œuvre picturale en soi, à quel point la photographie souligne le fond, avec ses multiples nuances.

(David Lean signera plus tard parmi les plus grandes fresques du septième art, pensées pour réunir le public le plus large possible, preuve qu'industrie du cinéma et art ne sont pas, ou peut-être n'étaient pas, incompatibles.)
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Ah ben tiens je n'avais donc toujours pas noté ce "Tempestaire", assurément l'un des plus beaux Epstein. 22 minutes époustouflantes.

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L'adaptation des "Fiançailles de Monsieur Hire" de Simenon par Patrice Leconte n'était pas scandaleuse mais là forcément quand on compare ça fait mal.

Car comment dire les choses gentiment, entre Michel Simon et Michel Blanc il n'y a de commun que le prénom, et forcément quand un très grand metteur en scène s'oppose à un qui sait (parfois) faire ça donne un KO assez précoce.

Duvivier, quel monstre quand même !

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Il n'y aurait eu que le récit, l'interprétation, je n'aurais pas été si généreux dans ma note, mais il y a une chose qui fait une énorme différence : l'élégance de la mise en scène, le travail d'une précision dingue sur chaque plan. A ce niveau c'est du très grand Mankiewicz, visuellement ça caresse la rétine comme "L'Aventure de Mme Muir".

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Un de mes Marx Brothers préférés, car contrairement à d'autres il ne m'a en rien laissé l'impression d'une succession de sketchs qui peineraient à former un film en tant que tel. Le récit est fluide et endiablé, les frangins sont déchainés, le rire va crescendo, et notre plaisir avec.

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A chaque fois que je découvre un Jacques Becker je suis épaté par la modernité de sa réalisation mais aussi par sa faculté à se balader avec talent d'un genre à l'autre.

C'est donc avec grand plaisir que je l'ai retrouvé ici dans le registre de la légèreté, bien éloigné de la noirceur qui chez lui m'est plus familière. Mais attention ce n'est pas une œuvre facile, rectiligne, la douceur, le rire désamorcent en permanence des instants qui laissent à penser que le drame n'est pas loin, que le récit va basculer. Maîtriser jusqu'au bout un tel équilibre fragile c'est fort, très fort.

Il y avait du Duvivier chez Becker et je peux vous assurer que dans ma bouche ce n'est pas un petit compliment.

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Décidément Henri Decoin était un réalisateur plus que surprenant. Aussi sombre et vénéneux que "La Vérité sur Bébé Donge" ce "Non coupable" est incroyable d'inventivité formelle et scénaristique, offrant à Michel Simon un rôle à sa (dé)mesure.

Avec cette fin merveilleuse de cruauté, qui dénie au monstre la possibilité d'être reconnu jusqu'au bout, jusque dans son crime.

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A chaque fois que je suis déçu par un film d'un réalisateur que j'affectionne j'essaie de redonner une chance à celui-ci le plus vite possible, et c'est ce que j'ai fait avec Alberto Lattuada dont j'avais moyennement goûté la "Mandragore" il y a quelques jours.

Et nous voilà totalement réconciliés grâce à ce film furieusement italien, avec son néoréalisme tendance Vittorio de Sica où la descente aux enfers sociale est double, à la fois sociale et judiciaire. Un vrai méchant, une femme vénale, un homme honnête, un môme aux godasses trouées, n'en jetez plus, tout y est et ça fonctionne à merveille.

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William Wyler se baladait de genre en genre, souvent avec réussite, mais quelque chose semblait particulièrement l'intéresser : la psychologie de ses personnages. Et ici il prend son temps pour la creuser en profondeur, pour analyser ce qu'on appelle aujourd'hui le stress post-traumatique et toutes ses répercussions.

La force de ce mélodrame est d'éviter la simplification, de donner autant de poids aux regards qu'aux mots, de montrer que blessure physique et psychique se confondent et gangrènent tout à proximité, que certains trouveront la paix, quand d'autres seront dans l'impossibilité de guérir leurs plaies béantes.

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Virevoltant, drôle, intelligent, élégant, fantastique, délirant, romantique, malin, séduisant......................

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Un film taillé sur mesure pour Louis Jouvet qui comme à son habitude se dédouble et cabotine à souhait. Il y aura donc deux camps : ceux qui aiment cet acteur si singulier prendront forcément du plaisir, les autres devront passer leur chemin.

Ah oui j'oubliais : il y a Suzy Delair, et donc du bonheur en plus.

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"Voyage à travers le cinéma français" la suite, et Henri Decoin la suite. Avec ce "Café du Cadran" qui cache bien son jeu, la légèreté apparente cachant bien la tragédie qui couve.

La mise en scène elle aussi cache bien son jeu, car si elle est classique à 99% on voit surgir par instants des fulgurances d'une absolue modernité.

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1947. Moins complexe et abouti que ce que Sir Alfred nous livrera plus tard, mais solide, noir et vénéneux à souhait. Et puis il y a l'élégance de Gregory Peck et la froideur troublante d'Ann Todd.

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Un Raoul Walsh aussi enthousiasmant que méconnu, qui mêle avec bonheur western où la trahison est à chaque coin de rue et romance quasi vaudevillesque. Le ton amusé est étonnant, les personnages jamais là où on les attend, le genre de rareté qui fait un bien fou.

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J'ai remarqué un truc depuis que je me fais des westerns en perfusion, il y a souvent une grande corrélation entre mon goût plus ou moins prononcé pour un film et le charisme de l'acteur (et de l'actrice quand le scénario veut bien lui accorder une place plus importante qu'à un pot de fleurs) principal, beaucoup plus que dans les autres genres où je suis principalement accroché par la mise en scène.

Et là, même si la caméra de John Ford est mon amie, j'ai été particulièrement sensible au jeu d'Henry Fonda, le mec semblant être né pour porter des bottes et un chapeau. Chez lui, contrairement à beaucoup de ses congénères, il n'y a aucun surjeu, ça m'avait déjà particulièrement marqué dans "Le Retour de Frank James", ce qui me donne immédiatement envie de le suivre dans ses (més)aventures.

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D'apparence ce n'est pas le film le plus singulier de René Clair, et pourtant le propos qui se cache derrière ce vaudeville est sacrément osé pour l'époque. Et puis il y a cette composition "étrange" de Maurice Chevalier qui semble parfois jouer totalement à côté, mais je ne saurais expliquer pourquoi, c'est ce qui finit par donner beaucoup de charme à ce "Silence est d'or", œuvre délicieuse qui mériterait d'être bien moins confidentielle.

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Un film italien assez méconnu et surprenant, un genre de polar noir mélodramatique qui ose la grandiloquence sans jamais se vautrer dans le ridicule. Cerise sur le gâteau, Anna Magnani dans l'un de ses premiers rôles.

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Il est passionnant d'enchaîner "To Be or Not to Be" et cette "Folle ingénue" tant ils ont de points communs "Lubitschiens" : vaudeville, romance, nazisme, et surtout le rythme, la mécanique, et ces dialogues qui pétillent, qui renferment en permanence des sous-entendus, en disant long sur la finesse de l'entreprise. Suggérer des choses plutôt que les asséner est un art...

Jennifer Jones est parfaite, et que dire de Charles Boyer. Allez, tout ça m'a donné envie de le retrouver très vite, alors je vous laisse pour aller l'admirer chez un autre génie trop méconnu, Marcel L'Herbier.

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Je connaissais peu le cinéma de Douglas Sirk, ou gardait assez peu de souvenirs de certains films vus très jeunes, alors j'y suis retourné, avec gourmandise et une boîte de Kleenex toujours à portée de main.

En commençant par ce film noir, assez peu connu dans sa filmographie. Alors clairement on sent Sirk pas toujours à l'aise avec le genre mais le maîtrisant, ce qui donne un récit classique mais tendu, porté par une mise en scène d'une grande efficacité.

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Malgré l'élégance de la mise en scène de Hawks je dois bien avouer que le versant film noir me palpite assez peu. Mais il y a cette romance plus qu'étrange, entre deux glaçons interprétés magistralement par Humphrey Bogart et Lauren Bacall, qui traverse ces 109 minutes de manière plus que troublante. Et ça suffit largement à mon bonheur.

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C'est du film noir carré, archi-classique, avec sa dose de rebondissements un brin lourdingues et lassants. Et puis il y a selon moi le manque de charisme de John Garfield. Mais on s'en fout un peu car il y a surtout la sublime Lana Turner et cette toute fin réellement bouleversante.