Mon Top 1948

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"La Rivière rouge" est clairement l'un des tout premiers westerns que je conseillerais à quelqu'un qui comme moi se dit quelque peu réfractaire au genre. Car ici il y a tout : un récit épique déployé par un immense conteur, des personnages à la psychologie complexe avec en tête un père et un fils, une histoire de rivalité portée par un duo plus que charismatique, John Wayne et Montgomery Clift. Et enfin il y a la leçon de mise en scène de Hawks qui alterne avec une maestria jamais démentie scènes spectaculaires et plus intimes.

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Oh la régalade, parce qu'ici c'est Guitry à son meilleur, endossant le(s) costume(s) de Talleyrand avec une gourmandise folle, faisant jaillir les bons mots au rythme d'une mitraillette au milieu d'intrigues politico-historiques et vaudevillesques. Et puis c'est aussi l'occasion d'avoir la confirmation que Guitry était un immense acteur qui ici, et il faut le signaler parce que ce n'est pas toujours le cas, n'est pas chiche en terme de réalisation, sa caméra virevoltant au milieu de décors somptueux.

A signaler que Sacha Guitry sera mis à l’honneur lors du prochain Festival de La Rochelle et que ce "Diable boiteux" fera partie d'un premier cycle de sept films que Les Acacias ressortira à l'automne.

(J'ai été surpris de constater à quel point le cinéma de Guitry restait encore relativement peu vu, mais à la sortie de la projection beaucoup de spectateurs, tombés sous le charme, se juraient de rattraper leur retard.)

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Attention il ne faut surtout pas être allergique au jeu de Louis Jouvet pour apprécier ce film car ici il cabotine sévère, disons que Jouvet fait du Jouvet.

La grande force de ces "Amoureux sont seuls au monde" ne se trouve pas forcément dans la mise en scène de Decoin, élégante mais finalement assez sage, mais dans les dialogues écrits par Henri Jeanson, qui caressent les cages à miel, à base de jeux de mots à faire pâlir d'envie Laurent Ruquier et de doubles sens délicieux.

C'est du mélo certes, même si j'y ai surtout vu un genre rare, le vaudeville dramatique.

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Loin d'être mon Max Ophüls préféré "Lettre d'une inconnue" est cependant une belle adaptation de la nouvelle de Zweig, un mélo qui assume son statut de mélo, une œuvre à la mise en scène follement élégante. Mon gros bémol : l'interprétation de Joan Fontaine et Louis Jourdan qui est je crois ce qui m'a empêché d'être réellement emporté et ému.

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Dernier détour par le western pour ce soir. Enfin western ce n'est pas si simple et c'est certainement la raison pour laquelle cette "Vallée de la peur" m'a tant plu.

Même s'il n'atteint pas la perfection de celui-ci on pense très souvent à "La Nuit du chasseur", qui sortira 8 ans plus tard, et pas seulement en raison de la présence de Robert Mitchum. Toujours à la lisière du film noir et du fantastique, cette œuvre s'apparente à un conte pour enfants psychanalytique, à un cauchemar éveillé où les ombres hantent chaque plan, où le croque-mitaine semble se cacher dans chaque interstice de pellicule. Inquiétant, très inquiétant...

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Quel plaisir de suivre ce polar noir où tout le monde poursuit tout le monde, où les fumiers sont de vrais fumiers, et où cerise sur le gâteau, l'humour anglais fait merveille.

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Yves n'était probablement pas le plus doué des frères Allégret mais il fut celui qui épousa Simone Signoret, et la fit tourner dans deux de ses plus grandes réussites : "Manèges" et ce "Dédée d'Anvers". Et c'est d'ailleurs sur les épaules encore frêles de cette jeune actrice que repose en grande partie le film. On est en terrain connu, entre "Hôtel du Nord" et "Remorques", dans ces romances qui finissent dans les larmes ou comme des tragédies grecques.

Ah oui ici il y a aussi Bernard Blier, qui est bien entendu génial.

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J'ai enfin pu mettre la main sur ce documentaire, Prix Louis Delluc en 1947, dont j'avais vu des images dans le "Level Five" de Chris Marker il y a bien longtemps.

Le titre est un peu mensonger puisque ces scènes de la vie parisienne rares et précieuses racontent une période allant de 1900 à 1914. Le montage est vif, haletant et fait alterner des archives publiques ou privées, extraits de reportages, films d'actualité.

Pour comprendre le présent il faut connaître le passé...

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Une œuvre de jeunesse qui prouve qu'en 1948 Bergman était déjà Bergman, avec ce cinéma à la fois psychologisant et flamboyant, torturé et sans concession, mais surtout stimulant à chaque instant.

A noter ce face caméra de Bengt Eklund comme Harriet Andersson 5 ans plus tard dans "Monika"...

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Alors ça aussi j'ai bien accroché alors que sur le papier c'était loin d'être gagné tant je craignais le western pur archi-codé. Alors il l'est, les scènes de bataille, un peu ma hantise, sont bien là mais finalement pas envahissantes et superbement capturées par Ford. Et puis il y a le casting très très haut de gamme.

Et surtout le petit plus qui fait la différence : un récit secondaire feutré, intime, qui permet des respirations bienvenues.

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Je n'étais pas convaincu d'avance par la rencontre entre Raoul Walsh et Errol Flynn, et pourtant ce western m'a emballé, ce portrait d'un arriviste, d'un homme prêt à tout rattrapé par ses actes s'avérant passionnant car complexe. L'entame est plutôt enjouée, légère et progressivement le ton se fait plus grave. Et le plaisir du spectateur plus grand...

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Je suis rarement emballé par ces grandes comédies musicales US mais là j'ai pris mon pied. ¨Parce que c'est très drôle, parce que Judy Garland et Gene Kelly sont survoltés, parce que la romance est aussi pétillante que les numéros chantés. Est-ce que la présence de Mankiewicz au scénario expliquerait en partie cette adhésion ? Pas impossible.

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Dane Clark manque sacrément d'épaisseur, la chute de cette histoire de rédemption est pour le moins simpliste et expédiée, ce qui n'empêche pas ce "Dans la tête d'un (fils de) tueur" de capter l'attention. Et ce pour une raison très simple : le talent de metteur en scène de Frank Borzage, dont on perçoit ici le cousinage artistique avec Fritz Lang, dans cette façon de créer l'angoisse par un placement de caméra, par une ombre.

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Si le scénario de cette série B est parfois un peu chaotique, si on sent le film soutenu par la police de Los Angeles comme d'autres l'étaient par l'armée américaine, la réalisation est redoutablement efficace, et même dans certaines séquences - Je pense en particulier à la traque souterraine - virtuose.

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Pietro Germi est loin d'être un inconnu et pourtant si j'en crois le site ses films sont globalement peu vus. Et pourtant il en a fait de belles choses avant et après "Divorce à l'italienne". Et dès son deuxième essai il montrait de vrais qualités, de l'originalité. Car sous le vernis polar noir à l'américaine se cache une sacrée réflexion sur l'argent qui commence à faire des ravages au sein de cette "Jeunesse perdue". Pourtant écrit, entre autres par Germi lui-même mais aussi par Mario Monicelli et Antonio Pietrangeli au cœur du mouvement néoraliste, le scénario a la particularité de s'éloigner de l'aspect documentaire et de s'intéresser à la bourgeoisie, "obligée" de tuer pour connaitre le frisson.

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Moins de rythme et de rires qu'à l'habitude, un peu moins d'esprit aussi, car ici évoquant son père Sacha Guitry se fait nostalgique. C'est un film déstabilisant mais attachant, une déclaration d'amour au métier de comédien, un encouragement à faire de sa vie un jeu (de rôles).

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C'est un peu kitsch, ça navigue entre les genres, western, romance et comédie musicale, mais sous son innocence de façade ce "petit" film délivre un message féministe surprenant, et le trio Loretta Young - William Holden - Robert Mitchum fait des étincelles.

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Il m'aura fallu uniquement trois films, dont ce court, pour tomber amoureux du cinéma d'Arne Sucksdorff. Court qui résume parfaitement ce qui fera ensuite son cinéma, puisqu'il officie ici en tant que documentariste animalier, visiblement fasciné par la nature qu'il glorifie sans omettre sa part d'ombre, sa cruauté. Et c'est ainsi que tout doucement il glisse vers la fiction...

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Difficile de ne pas juger un tel objet en tenant compte de son importance dans l'histoire du cinéma et de l'Histoire tout court puisqu'il fut réalisé par une rescapée polonaise du camp d'Auschwitz et tourné dès 1947 dans ces mêmes lieux. La première partie est très impressionnante, documentée tel un témoignage de la vie au camp, la seconde et son aspect bien plus fictionnel m'a moins convaincu. Mais inutile de dire que quoi qu'on pense de cette "Dernière Étape" en terme de pur cinéma c'est le genre de film qu'il est important de voir et de transmettre.

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Malgré mes difficultés relationnelles avec Van Heflin, d'ailleurs plutôt moins mauvais que d'habitude, je suis parvenu à me laisser absorber par ce film noir qui a quand même tendance à se tirer en longueur en dépit de sa courte durée.