mystique(s) de l'anéantissement

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Tu demandes : "Comment l'homme peut-il coopérer avec Dieu, s'il s'est dépris de lui-même et de toute activité ? Denys n'a-t-il pas dit : Celui qui parle le mieux de Dieu, c'est celui qui, à cause de la plénitude de la richesse intérieure, peut se taire à son sujet. Car alors, image, opération, louange, gratitude, ou autre action possible, tout cela s'évanouit."
Réponse : une oeuvre lui reste en tout justice et propriété - l'anéantissment de lui-même. Mais il ne réussira jamais à s'anéantir ou à se faire suffisamment petit que Dieu Lui-même ne doive terminer cela en lui ; sinon ce sera imparfait. Car l'humilité n'est vraiment parfaite que si Dieu humilie l'homme par l'homme. C'est par cela seulement que l'homme reçoit satisfaction, et la vertu aussi ; pas avant.
Question : "Comment Dieu anéantirait-il l'homme par lui-même . Il semblerait plutôt que l'anéantissement de l'homme soit une élévation à Dieu ? N'est-il pas dit dans l'Evangile : "Celui qui s'abaisse sera élevé ?"
Réponse : Oui et non. Il doit s'abaisser lui-même, et c'est précisément ce qu'il ne peut faire complètement, à moins que Dieu ne le fasse. Et il sera élevé ! Non pas que cet abaissement soit une chose et l'élévation une autre ; au contraire, le plus haut point de l'élévation se trouve au plus profond de l'abaissement. Car plus l'abîme se creuse, plus haute, plus démesurée est l'élévation ou la hauteur ; plus le puit est profond, plus il va haut : hauteur et profondeur ne font qu'un ! C'est pourquoi, plus quelqu'un peut s'abaisser, plus il est élevé. Aussi Notre-Seigneur a-t-il dit : "Celui qui veut être le plus grand, qu'il devienne le plus petit parmi vous." Qui veut être l'un doit aussi devenir l'autre. Cet être, on ne l'obtient que par ce devenir. Celui qui devient le plus petit est en vérité le plus grand ; mais celui qui est devenu le plus petit est maintenant le plus grand de tous. Et ainsi se vérifie et s'accomplit la parole de l'Evangéliste : "Celui qui s'abaissera sera élevé." Car tout notre être ne tient à rien d'autre qu'à un devenir-rien.

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https://www.youtube.com/watch?v=GMEsszfBYMo

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En procédant par élimination Shankara montre que tout ce que nous percevons est erroné, déformé par notre "soi" (atman), qui projette ce que nous croyons être la réalité du monde. Mais ce "soi" n'existe pas, il est une illusion, car étant seulement le reflet du Brahman, le "soi absolu", la seule réalité existante, et ce qui constitue la véritable essence du monde qui nous entoure, mésinterprété par notre "soi". Le Brahman est personnifié dans la divinité Vishnou (et les 4 autres divinités majeurs que proposait Shankara, mais il ne parle que de Vishnou dans ce texte.) La vrai libération (moksha) pour Shankara et d'abandonner son "soi", rompre ses illusions, pour se confondre totalement avec le Brahman (par la technique de la méditation et la connaissance).


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Telles les bulles dans l’eau, les mondes naissent, se maintiennent
et se dissolvent dans le Seigneur Suprême qui est la cause matérielle
et le fondement de toutes choses.
9.
Sur l’Éternel Vishnou (qui est la pure existence et la pure conscience)
servant de base, les diverses apparences sont incrustées,
tels les bracelets et autres formes faits d’or.
10.
Tel l’espace, le Seigneur Vishnou, en venant en contact avec les
différentes conditions, apparaît comme différent en raison de leurs
différences, mais est perçu comme non différencié quand ces
conditions sont détruites

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"L'âme peut donc être définie comme une réalité autarcique, qui n'a besoin de rien d'autre qu'elle-même pour vivre et dont l'existence est entièrement indépendante de celle du corps. Elle vérifie ainsi, comme l'Un et l'Intellect, l'axiome selon lequel une réalité (ousía) véritable est cause de sa propre existence. Tel n'est pas le cas du corps, qui n'est pas une réalité intelligible et qui n'est pas cause de sa propre existence : il est produit et il a besoin pour vivre d'être animé par ce qui l'a produit. L'ensemble de ce qui est corporel (ce qu'on nomme le sensible) n'existe que du fait d'une information puis d'un gouvernement intelligibles dont l'âme est le sujet. L'âme produit le corps (elle est la réalité intelligible qui engendre la totalité du sensible), puis elle en prend soin, puisque ce dernier ne se suffit pas à lui-même. Encore faut-il préciser que l'âme ne produit ni n'informe immédiatement la matière. Refusant le recours traditionnel et médioplatonicien au paradigme artisanal du démiurge qui travaille son matériau, Plotin introduit une distance, un intermédiaire entre l'âme et la matière : ce sont les raisons, les « formules rationnelles » (lógoi) qui, issues de l'âme, s'avancent dans la matière pour l'informer. L'existence de ces « formules rationnelles » sert à rendre compte de la formation du monde sensible, mais aussi à justifier la bonté qui lui est propre. Si le monde sensible participe bien à l'intelligible, c'est parce que le premier reçoit du second une rationalité providentielle, qui l'ordonne et le parfait. Cette raison n'est pas corporelle et immanente à la nature, comme le soutenaient les stoïciens, mais elle est la détermination que l'âme du monde impose à la matière pour lui donner forme de corps ; non pas en la travaillant, comme un artisan forge son matériau, mais en l'instruisant, comme un pédagogue forme son élève. La cosmologie comme la physique plotiniennes reposent ainsi sur la triple distinction de la matière, parfaitement indéterminée, des corps formés par les raisons de l'âme et enfin de l'âme elle-même, qui est la cause du sensible dans sa totalité.e" (notice)

Annotation :

"De là, le célèbre système des trois hypostases, qui est tout entier commandé par le système astronomique qui s'impose à Plotin. Au sommet, l’Un, d’où procède l’Intelligence ; de l’Intelligence, à son tour, procède l’Ame. Chacun de ces étages de la réalité contient toutes choses (toutes choses qui se sépareront dans l’espace), mais à des degrés différents de complexité.
L ’Un comprend tout sans aucune distinction. L’Intelligence contient tous les êtres ; mais s’ils y sont distincts, ils sont solidaires, et chacun d’eux contient en puissance tous les autres. Dans l’Ame les choses tendent à se distinguer les unes des autres, jusqu’à ce qu’elles arrivent, à la limite, à se dissiper et à s’éparpiller dans le monde sensible."

"Toutes ces images impliquent l’intuition, certainement impossible à formuler en concept, d’un certain courant dynamique, d’une « vie » partie d’une source inépuisable et qui va s’affaiblissant à partir de son centre. Chaque terme inférieur tire du terme supérieur toute la puissance qu’il possède et dont il communique à son tour quelque chose. Cette puissance est une imitation affaiblie du terme supérieur ; la puissance va en se divisant et en se diluant L’Un est avant tout la « puissance de toutes choses » ; mais il n’est aucune de ces choses. Dans l’Intelligence se réalise la multiplicité des choses intelligibles, êtres véritables dont Un est la puissance ; tout au bas, le monde sensible ne contient plus que des reflets des êtres, disséminés dans l’espace et localement séparés les uns des autres. Le moteur de la procession, c’est donc une vie spirituelle qui s’épand d’une manière continue ; la conception de la réalité métaphysique vient rejoindre l’expérience intime de la vie spirituelle. La série des hypostases est moins une série de formes distinctes, discontinues, séparées les unes des autres que le mouvement continu d’expansion de la vie spirituelle. Plotin insiste beaucoup sur cette continuité. «Toutes les choses, dit-il, sont comme une vie unique qui s’étend en ligne droite ; chacun des points successifs de la ligne est différent ; mais la ligne entière est continue ; elle a des points sans cesse différent; ; mais le point antérieur ne périt pas dans celui qui le suit. » (V, 2, fin.)"

Annotation :

"Quand nous ne le voyons pas, quand la réalité de Dieu n'est
rendue sensible a aucune partie de notre âme, alors, pour aimer Dieu,
il faut vraiment se transporter hors de soi. C'est cela aimer Dieu.
Pour cela il faut avoir constamment le regard tourné vers Dieu,
sans jamais bouger. Autrement comment connaîtrions-nous la bonne
direction quand un écran opaque s'interpose entre la lumière et nous ?
Il faut être tout à fait immobile.
Rester immobile ne veut pas dire s'abstenir d'action. Il s'agit d'immobilité spirituelle, non matérielle. Mais il ne faut pas agir, ni
d'ailleurs s'abstenir d'agir, par volonté propre. Il faut faire seulement
en premier lieu ce à quoi on est contraint par une obligation stricte,
puis ce qu'on pense honnêtement nous être commandé par Dieu ; en-
fin, s'il reste un domaine indéterminé, ce à quoi une inclination natu-
relle nous pousse, a condition qu'il ne s'agisse de rien d'illégitime. Il
ne faut faire d'effort de volonté dans le domaine de l'action que pour
remplir les obligations strictes. Les actes qui procèdent de l'inclination
ne constituent évidemment pas des efforts. Quant aux actes d'obéis-
sance à Dieu, on y est passif ; quelles que soient les peines qui les ac-
compagnent, ils n'exigent pas d'effort à proprement parler, pas d'effort
actif, mais plutôt la patience, la capacité de supporter et de souffrir. La
crucifixion du Christ en est le modèle. Même si, vu du dehors, un acte
d'obéissance semble s'accompagner d'un grand déploiement d'activité,
il n'y a en réalité au-dedans de l'âme que souffrance passive.
Il y a un effort à faire qui est de loin le plus dur de tous, mais il
n'est pas du domaine de l'action. C'est de tenir le regard dirigé vers
Dieu, de le ramener quand il s'est écarté, de l'appliquer par moments
avec toute l'intensité dont on dispose. Cela est très dur parce que toute
la partie médiocre de nous-mêmes, qui est presque tout nous-mêmes,
qui est nous-mêmes, qui est ce que nous nommons notre moi, se sent
condamnée à mort par cette application du regard sur Dieu."