BD lues en 2023

Dans cette liste je répertorie toutes les bd que j'ai lu en 2023.

C'est donc un pur mémo personnel qui n'a donc aucun intérêt à être rendu public et devrait mieux figuré en liste privée. Mais que voulez vous, j'adore étaler ma vie culturelle aux yeux de tous. Puis chais pas, au cas ...

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16 BD

créée il y a plus d’un an · modifiée il y a 9 mois
Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011) - L'Arabe du futur, tome 6
8.2

Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011) - L'Arabe du futur, tome 6 (2022)

Sortie : 24 novembre 2022.

BD franco-belge de Riad Sattouf

Alfred Tordu a mis 8/10.

Annotation :

Alors que Sattouf se décide pour de bon à œuvrer dans la bande-dessiné et qu'il a la possibilité de fructifier son talent en passant par de prestigieuses écoles d'art appliqué, ce dernier va malheureusement passé par tous les pires stades de la vie de jeune adulte.

Une existence solitaire dans un appartement miteux de la banlieue parisienne, des études difficiles pour lesquelles il se sent de plus en plus à la traîne, la difficulté à se faire un nom dans le monde très fermé de la BD, ses grands-parents chéris dont il ne peut constater que la décrépitude à chacun de ses passages en Bretagne et sans oublier ses innombrables traumatismes familiaux qui ne cessent de se répercuter sur sa santé mentale depuis l'adolescence. Tout ceci fait de ce Tome 6 le plus sombre, le plus déprimant mais aussi le plus passionnant de toute la saga.

Et c'est un bien bel aboutissement pour le lecteur que de voir enfin notre son héros surmonter progressivement ses problèmes psys, tout en se construisant une carrière jonchée de réussites et en cohérence avec son parcours de vie. On regrettera néanmoins un final trop abrupt, nous laissant avec beaucoup trop de zones d'ombres sur la suite de l’histoire et qui, à mon sens, aurait clairement mérité d'être abordé.

Histoires de mes 12 ans – Les Cahiers d’Esther, tome 3
7.3

Histoires de mes 12 ans – Les Cahiers d’Esther, tome 3 (2017)

Sortie : 2 novembre 2017 (France).

BD franco-belge de Riad Sattouf

Alfred Tordu a mis 6/10.

Batman : Un long Halloween
8.3

Batman : Un long Halloween (1996)

Batman : The Long Halloween

Sortie : octobre 1996 (France).

Comics de Jeph Loeb et Tim Sale

Alfred Tordu a mis 5/10.

Annotation :

Il faut remettre Un Long Halloween dans son contexte de parution pour en saisir toute son ingéniosité. Cela devait être exaltant de suivre l'enquête sur une année entière, avec seulement un numéro par mois, publié pour chaque grande fête américaine, et nul doute que cette publication atypique aura grandement influencée la manière dont il a pu être reçu et apprécié à l'époque.

On comprend également mieux certains choix narratifs, comme ces nombreux épisodes filers, ces monologues de Batman réexpliquant sans arrêt le background des personnages ou cette obligation de mettre en valeur un méchant iconique de Batman à chaque chapitre pour appâter le lecteur, quand bien même leur présence paraît bien souvent gratuite ou superflue. J'aurais peut-être plus apprécié l'histoire en la découvrant 25 ans en arrière, mais aujourd'hui, en la lisant d'un bloc, je ne peux la voir autrement que comme un polar lambda, beaucoup trop long et fouillis pour ce qu'il a à raconter.

Reste les incroyables dessins de Tim Sale et quelques bonnes idées largement mieux développées depuis dans la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan.

Les loups-garous de Montpellier
7.4

Les loups-garous de Montpellier (2009)

Sortie : 2009 (France).

BD franco-belge de John Ame Sæterøy (Jason)

Alfred Tordu a mis 6/10.

Annotation :

Le titre et les premières planches de l'ouvrage laissent présager d'une trépidante histoire sur une confrérie de loups-garou. Mais passé les quelques pages d'exposition, l'auteur relègue son intrigue fantastique au second plan pour mieux s'intéresser au quotidien moribond d'un immigré norvégien à Montpellier, éperdument amoureux d'une voisine de palier qui ne l'aime pas.

Jason détourne ainsi l'utilisation de la Ligne Claire, style graphique cher à Hergé, d'ordinaire affilié à des aventures riche en rebondissement, afin de raconter ici une histoire beaucoup plus intimiste. Le minimalisme des graphismes et la simplicité de la mise en page sied parfaitement aux petits moments de vie à travers lesquels le dessinateur développe ses protagonistes. J'aime particulièrement sa façon de suggérer subtilement les choses, uniquement par le biais du découpage ou par la composition de ses cases.

Malheureusement, la BD est peut-être un peu trop simple et beaucoup trop courte pour réellement m'émouvoir. J'aurais également préféré que cette histoire de loups-garous soit un peu plus corrélée aux émois amoureux du héros, au lieu d'apparaître clairement comme un argument de vente mensonger pour attirer le lecteur.

Sclérose en plaques
7.2

Sclérose en plaques (2006)

Sortie : août 2006 (France).

BD (divers) de Mattt Konture

Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La première fois que j'ai découvert Mattt Konture, c'était au hasard d'un de ses concerts à Montpellier, dont le groupe d'un mes potes assurait la première partie. Le bonhomme semblait ailleurs, les yeux vitreux et le regard fatigué. Il s'était lancé dans un interminable solo improvisé en début de live, avant d'enchaîner sur ce morceau ô combien déroutant https://youtu.be/1VriiQXkfno

Je me suis alors demandé comment une telle merde avait pu se faire une place dans l'un des plus célèbres bars rock de la ville. Et puis, une recherche Google plus tard, je découvre que ce piètre musicien est en réalité une légende de la bande-dessinée underground, éditeur du célèbre Persépolis de Marjane Satrapi et sujet de nombreux reportages télé disponibles sur Youtube.

6 ans plus tard, ma lecture de Sclérose en Plaque apporte un nouvel éclairage sur le mystère Mattt Konture. Contrairement à ce que je m'étais figuré, son ébriété permanente ne serait pas seulement dû à une folie artistique doublée d'une consommation affolante de marijane. Elle est surtout le résultat d'une maladie incurable, dont il souffre depuis presque 20ans, l'obligeant à ingurgiter des quantités astronomiques de médicaments pour supporter la douleur qui le ronge au quotidien. Subitement, la figure mémèsque de l'artiste fou laisse place à celle beaucoup plus tragique du poète maudit.

La BD donne la sensation de parcourir les méandres d'un esprit sévèrement embrumé. Matt s'y raconte avec ses propres mots qu'il écrit à l'encre de chine, directement sur les cases de son gaufrier, accompagner d'illustrations pas forcément toujours en synergie avec le texte. L'auteur livre ses souvenirs et ses sentiments comme ils les lui viennent, sans s’embarrasser avec les codes d'une narration classique. Il n'est donc pas rare de le voir s'embarquer dans quelques savoureuses digressions, commenter son propre processus créatif ou citer des planches de ses précédents travaux si il les jugent pertinents avec ce dont il est entrain de parler. Mais loin de desservir le récit, la narration chaotique installe une sorte de distance drôle et salutaire avec la gravité des évènements vécus par Konture. Une démarche qui, conscientisée ou non par l'intéressé, semble être, en tout cas, représentatif de son état d'esprit.

Que l'on apprécie ou pas l’œuvre de Mattt Konture, on ne peut qu'être admiratif devant cet artiste si atypique, continuant à créer et à prendre la vie avec légèreté malgré le mal dont il souffre.

Wonder
5.7

Wonder (2016)

Sortie : 14 septembre 2016 (France).

BD (divers) de François Bégaudeau et Élodie Durand

Alfred Tordu a mis 6/10.

Annotation :

Plutôt que de nous raconter une nouvelle fois Mai 68 par le prisme des soixantehuitards ou des gaullistes, Bégeaudeau choisit de nous faire vivre ce moment historique à travers le point de vue d'une ouvrière ordinaire, pour qui ces évènements constitueront une parenthèse enchantée, lui permettant de s'ouvrir à de nouveaux horizons culturels et politiques. La mise en page illustre à merveille les sentiments exacerbées de l'héroine, notamment lorsque les cases étroites en noir & blanc du début laissent peu à peu leur place à une mise en page plus libre et colorée. Mais la BD est peut-être un peu trop simple et trop concise pour exploiter en profondeur son sujet ou nous emporter émotionnellement dans son intrigue.

Feuille de chou : Journal d'un tournage
7.1

Feuille de chou : Journal d'un tournage (2010)

Sortie : janvier 2010 (France).

BD de Mathieu Sapin

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

En plus d'avoir été réalisé sous forme de bande-dessinée, ce making of a également la particularité d'être rédigé par une personne extérieure à l'équipe du film et au monde du cinéma. D'où un point de vue plus libre et largement plus exhaustif que tous les montages du même genre, d'ordinaire très courts et ultra corporates.

Avec trois coups de crayon griffonnés généralement sir le vif et un redoutable sens de l'observation, Mathieu Sapin parvient sans mal à retranscrire l'ambiance unique d'un tournage, en passant en revu chaque étape du processus créatif, chaque corps de métier qui le compose et bien-sûr, chaque aventure plus ou moins reluisante vécue par l'équipe.

Après, même en ayant une portée artistique plus grande, cela reste avant tout le making of du film Gainsbourg Vie Héroique de Joan Sfar. Il suit le déroulé chronologique du tournage et n'est absolument pas rédigé comme une histoire à part entière. Par conséquent, il convient d'avoir bien vu le long-métrage avant d'entamer son making-of, histoire de ne pas être perdu à la lecture. Heureusement pour moi, le film est une pierre angulaire de ma cinéphilie. Je le connais par cœur et ce fut un véritable plaisir d'en découvrir les coulisses.

Asterios Polyp
8.1

Asterios Polyp (2009)

Sortie : 8 septembre 2010 (France).

Roman graphique de David Mazzucchelli

Alfred Tordu a mis 6/10.

Annotation :

Asterios Polyp narre la rédemption d'un brillant architecte, aussi intelligent qu'abjecte avec son entourage et qui, après avoir tout perdu et s'être isolé dans un environnement aux antipodes du sien, va peu à peu remettre en question son comportement hautement toxique et tenter de devenir une meilleure personne pour les autres, mais surtout pour lui-même.

Si l'histoire se révèle très classique dans son schéma narratif, l’œuvre surprend par ses partis-pris esthétiques atypiques. D'abord avec une narration non-linéaire, obligeant le lecteur à reconstituer lui-même le parcours d'Astérios, afin de comprendre ce qui a pu le poussé à s'exiler dans une si petite bourgade des États-Unis, mais ce n'est pas tout. Que ce soit dans son découpage, sa mise en page, sa colorisation ou ses brusques changements stylistiques ; rien dans cette bande-dessinée n'est jamais laissé au hasard. Tout est fait pour signifier par l'image, la philosophie du protagoniste et ses relations avec autrui.

Je salue la qualité artistique de l'ouvrage, mais avec toutes ces symboliques et ces références scientifiques, philosophiques ou culturelles parfois très pointues et disséminées textuellement ou graphiquement tout au long du récit ; je trouve personnellement l'ensemble un peu trop théorique et cérébral à mon goût, ce qui m'empêche d'être pleinement ému par ce fieffé connard pour qui je n'ai jamais réussi à ressentir la moindre empathie et dont, in fine, je me fous un peu du cheminement ou de la rédemption.

Ceux qui restent
7

Ceux qui restent (2018)

Sortie : 21 mars 2018 (France).

BD (divers) de Josep Busquet Mendoza et Alex Xöul

Alfred Tordu a mis 4/10.

Annotation :

Le postulat pourrait être une blague du Nostalgia Critic, le genre de réflexion faussement intelligente émanant de personnes cyniques qui cherchent la petite bête dans des histoires fantaisistes, invitant par nature le lecteur à la suspension d'incrédulité. De plus, la "problématique" soulevée par la BD n'a même pas lieu d'être puisque, habituellement dans ce genre d'histoires, les gamins rentrent au bercail à la fin de leur aventure, sans que les parents ne se soient jamais doutés de rien car, même si leur périple peut s'étaler plusieurs jours, dans le monde réel, il ne dure généralement pas plus d'une nuit, juste le temps d'un rêve. Et lorsque ce n'est pas le cas, c'est que l'enfant fuit un quotidien morose ou un contexte familiale éprouvant qu'il aurait forcément dû quitter un jour ou l'autre.

Mais même en admettant que ce ne soit pas le cas, pourquoi traiter la disparition des enfants cédant à l'appel de l'aventure d'une manière aussi réaliste ? Il est évident que dans le monde réel, les choses se dérouleraient exactement comme elles se déroulent ici. Et... Ensuite ? Qu'est-ce que ça apporte de nous le montrer ? Bon ceci dit, l'histoire demeure néanmoins suffisamment intrigante et bien racontée pour nous captiver de la première à la dernière page. Elle contient même quelques très bonnes idées qui, à mon sens, aurait méritées d'être davantage développée dans une bande-dessinée à part entière. Je pense notamment à la fin tragique de ce jeune enfant qui, après avoir connu un destin héroique dans un monde féerique, se retrouve inadapté à la fadeur du monde réel, au point de jamais parvenir à en faire partie. Mais en l'état, je trouve malheureusement la démarche des auteurs asse vaine et inconséquente.

Histoires de mes 13 ans - Les Cahiers d'Esther, tome 4
7.3

Histoires de mes 13 ans - Les Cahiers d'Esther, tome 4 (2019)

Sortie : 16 mai 2019 (France).

BD franco-belge de Riad Sattouf

Alfred Tordu a mis 7/10.

Patient Zéro : À l'origine du coronavirus en France
5.9

Patient Zéro : À l'origine du coronavirus en France (2021)

Sortie : 10 février 2021.

BD franco-belge de Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Renaud Saint-Cricq et Nicolas Bidet (Nicoby)

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

La démarche rappelle fortement celle de la série This England que j'avais dû arrêter en cours de route pour éviter de finir en crise de panique. Cette BD a presque réussi à me mettre dans un état similaire, mais heureusement pour moi, la représentation picturale ravive toujours moins les traumas que des images en mouvement. C'est peut-être aussi l'intérêt de narrer cette investigation en bande-dessinée plutôt qu'en objet filmique. Le dessin permet une distanciation salutaire face aux douloureux souvenirs auxquels il nous confronte.

L'enquête minutieuse des journalistes raconte avec précision l'arrivée du coronavirus en France. Mettant le doigt sur la stupeur des premiers patients sévèrement touchés par la maladie ; le calvaire de leurs proches devant gérer à la fois un décès inexplicable, une quarantaine improvisée et le harcèlement des journalistes ; l'inconséquence des dirigeants ayant grandement minimisé l'importance de la pandémie et maquiller leur impréparation par de grossiers mensonges ; le traitement médiatique contradictoire, à la fois anxiogène et rassuriste selon les "experts" invités au 20h du jour ; l'implosion du système hospitalier ; sans oublier la difficulté pour l'OMS de remonter au patient zéro dans tout ce merdier à l'ampleur démesuré.

D'un classicisme formel assumé, la BD n'en demeure pas moins très efficace dans sa narration comme dans son découpage, et s'impose comme le témoignage nécessaire d'un événement qui fera date dans notre histoire récente, tant il est représentatif de tous les dysfonctionnements du monde actuel.

Gérard - Cinq années dans les pattes de Depardieu
7.2

Gérard - Cinq années dans les pattes de Depardieu (2017)

Sortie : 17 mars 2017 (France).

BD franco-belge de Mathieu Sapin

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Autant le côté "journal de bord" allait de paire avec la démarche d'un making-of en bande-dessinée sur le film Gainsbourg, autant je trouve dommage que cette BD, qui est d'ailleurs beaucoup plus soignée graphiquement, ne se limite qu'à une compilation de souvenirs rapportés par Matthieu Sapin. L’œuvre manque d'une vraie continuité narrative, d'un point de vue plus affirmé sur Depardieu, et la relation de ce dernier avec l'auteur qui le suit comme son ombre dans toutes ses aventures, aurait mérité d'être davantage approfondie.

Il est également "étrange" que, compte tenu des accusations d'harcèlements sexuels dont fait l'objet le comédien depuis plusieurs années, il ne soit jamais fait mention de ces fameux comportements, alors même que Sapin était présent sur de nombreux tournages avec Depardieu entre 2012 et 2016, et qu'il a forcément dû être témoin de certains gestes déplacés ou répréhensibles.

Mise à part ça, l'ouvrage reste de très bonne facture et se suit sans déplaisir du début à la fin. Sapin a su croquer son sujet avec beaucoup de drôlerie, le représentant comme un vrai personnage de BD, systématiquement affublé d'une bouille de demeuré, toujours entrain de grommeler des onomatopées d'agacement tel que le ferait le Capitaine Hadock dans les albums de Tintin.

L'auteur donne également un aperçu du quotidien hors norme de la star, de son statut unique à l'international et de sa personnalité atypique, plus complexe et torturée qu'il n'y paraît. Une plongée dans la psyché d'un artiste fascinant qui, au jour d'aujourd'hui, nous éclaire indirectement sur sa position de pouvoir dans le cinéma français.

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
6.3

L'Iris blanc - Astérix, tome 40 (2023)

Sortie : 26 octobre 2023.

BD franco-belge de Fabrice Caro (Fabcaro) et Didier Conrad

Alfred Tordu a mis 6/10.

Annotation :

La présence de Fabcaro à l'écriture m'a suffisamment intrigué pour que je me décide à acheter l'album le jour de sa sortie.

Au final, son style ne transparaît pas tellement dans ce 40ème tome. Sa satire sociétale est d'ailleurs beaucoup moins pertinente que dans les autres œuvres que j'ai pu lire de lui. L'auteur choisit en effet de brocardé "le parisien moderne", avec tout ce que cette catégorisation a de réducteur puisque pour lui, "le parisien moderne" serait forcément un bobo écolo qui fait attention à sa santé, d'une extrême docilité à l'égard du pouvoir, se montrant poli avec tout le monde, positif en toute circonstance, s'extasiant sur toutes les œuvres d'arts un tant soit peu auteurisantes, méprisant les provinciaux tout en faisant mine de s'intéresser à eux et bien-sûr, ne se déplaçant jamais autrement qu'avec sa trottinette électrique.

Alors bon, ne vivant pas à Paris, je vais avoir du mal à remettre en cause la pertinence de cette représentation, mais j'ai tout de même l'impression que Fabcaro, en boomer qu'il est, projette un peu sa vision négative de la jeune génération bien policée. Faisant par la même de nos gaulois, de vrais français dont la gouaille et le régime alimentaire risqueraient d'être grand remplacés.

Enfin que l'on soit en accord ou pas avec le propos de l'album, on peut reconnaître qu'il est tout de même bien développé, avec beaucoup de drôlerie malgré quelques gags faciles (étrangement similaires à ceux de l'Empire du Milieu d'ailleurs), ainsi qu'une intrigue manquant clairement d'actions et d'enjeux.

Journal d'un journal
6.6

Journal d'un journal (2011)

Sortie : septembre 2011 (France).

BD franco-belge de Mathieu Sapin

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Après avoir raconté avec brio les coulisses du film Gainsbourg : vie héroique, Mathieu Sapin s’immisce cette fois-ci dans les locaux de Libération durant toute l'année 2011, au moment où le journal représentait encore quelque chose dans le paysage médiatique, surtout chez les lecteurs de gauche.

L'auteur met une nouvelle fois en scène sa découverte d'un milieu professionnel qui lui est inconnu, ce par le biais de petites histoires à durée variable, initialement publiées sur le blog de Libération. L'ouvrage reste très corporate mais permet néanmoins de mieux comprendre le fonctionnement d'un journal et de tous les services qui le compose, tout en mettant en lumière également en lumière le traitement médiatique des principaux sujets de l'année tel que la catastrophe à Fukusima, l'affaire DSK ou le procès Colona.

La BD devenant ainsi un témoignage précieux pour toute personne s'intéressant de près et de loin au journalisme. Rares sont en effet les œuvres à montrer aussi frontalement comment se réceptionne et se traite l'information, avant d'être partagé auprès du public.

Le Grand Vide
7.3

Le Grand Vide (2021)

Sortie : 20 août 2021.

Roman graphique de Léa Murawiec

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Dans un monde où être le centre de l'attention est devenu littéralement vital pour ses habitants, Nanel Naher, une jeune marginale au départ bien éloignée de ces considérations, va se retrouver obligée de chercher la fame pour éviter de mourir précipitamment.

Le Grand Vide dépeint un univers anxiogène qui, par son fonctionnement, fait évidemment écho à notre propre société sur-médiatisée, dans laquelle chaque individu est fortement encouragé à chercher l'attention d'autrui et à en accorder en retour sur toutes formes de réseaux sociaux (personnel, professionnel, culturel, ect...) sous peine d'être marginaliser, voire de disparaître aux yeux du monde.

De ces prémices assez saugrenues, Léa Murawiec en tire une intrigue solide, dont les enjeux, le suspens et les retournements nous maintiennent en haleine tout au long du récit, bien aidé par le dynamisme du dessin et l'inventivité stylistique permanente de la mise en page.

Batman: White Knight
7.8

Batman: White Knight (2017)

Sortie : 26 octobre 2018 (France).

Comics de Sean Murphy

Alfred Tordu a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

De loin le meilleur comics sur Batman que j’ai pu lire jusqu’à présent. C’est exactement la réactualisation du personnage que j’attendais depuis des années et que le dernier film en date avait bien été incapable d’apporter.

Non content de proposer une intrigue riche et haletante portée par de savoureux personnages non manichéens, tous admirablement développés ; White Knight s’inscrit également dans les grandes thématiques de son époque, en mettant en scène un Joker dédiabolisé, capable de fédérer la population de Gotham autour d’un discours populiste mais empreint de vérités dérangeantes sur le statut même de Batman et ses nombreuses bavures systématiquement couvertes par le pouvoir. Un état de fait renvoyant inévitablement aux défaillances actuelles du système policier, comme des politiques de maintien de l’ordre de plus en plus contestées à travers le monde.

En parfaite cohérence avec la mythologie du chevalier noir, Sean Murphy semble apporter une réponse aux questionnements précédemment soulevés par les œuvres de Christopher Nolan ou d’Alan Moore sur la nature fascisante du vigilante et l’escalade de violences qu’il peut indirectement engendré en combattant ses adversaires. Une réponse toute en nuance, soulevant également son lot de débats, mais qui a le mérite d’offrir une évolution significative à ce cher Batman qui sera peut-être encore davantage exploitée dans les suites de l’ouvrage.

Alfred Tordu

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