Nietzsche 2018-2023

Annotation :

380 pages.

Passionnant, on s'attache au personnage, on découvre ses idées principales: la volonté de puissance, le surhomme, l'éternel retour, ses penchants idéologiques tout au long de sa vie, sa méthode généalogique, etc... mais aussi ses rapports avec Richard Wagner, Cosima, Malwida, Lou Andreas-Salomé, Paul Rée, avec sa soeur Elisabeth, sa mère Franziska, et j'en passe... Excellente introduction qui donne envie d'aller plus loin.

NB: Volonté VERS LA puissance serait une traduction plus juste

Annotation :

450 pages.

Plus difficilement abordable que la bibliographie de Dorian Astor mais tout aussi captivant et enrichissant.

- I. La vérité comme régime d'interprétation

- II. La rage atomiste

Renversement de repères avec cette fameuse métaphysique d'artiste. Mais je n'ai pas l'impression que cela aille en contradiction avec sa démarche initiale.

http://journals.openedition.org/philosophique/839

- III. L'éthique de la pensée

Nietzsche reproche le moralisme des philosophes, mais également leur immoralité.

Éloge d'une philosophie du "dangereux peut-être".

Gai savoir, paragraphe 335: sur la confiance aveugle vis-à-vis du caractère moral de la conscience

"On parlera donc d'immoralité en ce que les philosophes n'ont qu'une écoute sélective de la conscience dont ils défendent volontiers l'autorité, et refusent de prêter l'oreille à ses questions quand elles se font vraiment fondamentales, c'est-à-dire qu'elles engagent la légitimité de leur rapport à leur propre pensée." Je like

"Au navires, philosophes !"

- IV. Le refus du système

Première constatation pour le moins étrange, les avis divergents de deux commentateurs reconnus: Karl Löwith qui qualifie la pensée nietzschéenne comme un "système en aphorismes", et Walter Kaufmann qui considère au contraire que sa pensée n'est pas systématique mais plutôt une "recherche des présuposés cachés"

On part chez Nietzsche sur une critique de la valorisation de la systématicité comme l'élément naturel du savoir.

"La systématicité, prétention à la saisie du tout dans sa nécessité, ne se révélerait-elle pas [...], aux antipodes de la révélation du sens de toute chose qu'elle prétend être, une forme particulièrement sournoise de simplification ?"

Le reste a été noté dans mon carnet dédié

Annotation :

110 pages.

Intéressant d'avoir son avis à lui. Ce petit bouquin confirme de plus belle ma volonté d'aller plus loin. Certains passages seront à relire impérativement selon mon avancée.

Annotation :

240 pages.

Dans ma version, superbe préface de Céline Dénat.

Quant au bouquin en lui-même, assez pompeux et verbeux, ce qui rend l'essentiel pas forcément intelligible aux premiers abords: j'ai du relire au moins 2 fois chaque chapitre, à chercher de la complexité là où il n'y en avait pas forcément. Bref, une lecture difficile.

Les pré-requis pour naviguer aisément entre les phrases sont multiples. Comprendre les bases de la philosophie kantienne (+ analogie avec Schopenhauer), avoir quelques notions sur la philosophie socratique et platonicienne. Mais surtout, il faut se renseigner sur ces trois grands auteurs grecs tragiques: Eschyle, Sophocle puis enfin Euripide qu'il considère comme étant la première cause de la mort de la tragédie. Deux trois notions sur les différentes histoires (notamment Prométhée ou Eudipe) ne font pas de mal...

> La chose en soi
Selon Kant il ne peut pas y avoir «phénomène» sans rien qui ne s'y phénoménalise. Cette essence à l'origine du phénomène, ce serait la chose en soi.

> Eschyle (-456 à -525)
Les Perses, Les Septs contre Thèbes, Les suppliantes, L'Orestie, Prométhée enchainée, Pièces perdues

Dans cette oeuvre, Nietzsche illustre de quelle manière les pulsions dyonisiaque et apollinienne sont représentées dans l'art grec tragique. Par analogie, tout en constestant l'existence d'un monde en soi, il assimile la pulsion dyonisiaque au noumène (chose en soi) et la pulsion apollinienne au phénomène. Ce qu'il faut retenir ici c'est surtout le mode relationnel entre ces deux pulsions.

Point 12: Lessing sur les prologues.
Le plus tragique de tous les tragiques grecs n'avait pas une idée si mesquine de son art; il savait qu'il était susceptible d'une perfection de beaucoup plus haute, et que servir de divertissement à une curiosité puérile était un but tout à faire médiocre auquel il ne prétendait pas. Sans s'embarrasser de scrupules, il faisait donc connaître d'avance aux spectateurs une part de l'action égale à ce que seul un dieu pouvait en connaître, espérant que l'émotion [...] naîtrait non point tant des événments à venir que de la façon dont ils allaient se produire.

Mots-clefs: origine de la tragédie, explication nietzschéenne de la tragédie, rapport à l'art, Dionysos et Apollon

Annotation :

110 pages.

Tout petit texte (20 pages) qui pourrait à mon sens constituer une excellente initiation à Nietzsche. On y voit la direction que compte prendre l'auteur dans l'ensemble de sa philosophie, et surtout de quelle manière il entend couper les racines des dogmes de son époque (à commencer par la séduisante métaphysique kantienne). Le dossier de Dorian Astor est top.

Un avant-goût de la démarche:
«Au détour de quelque coin de l'univers inondé des feux d'innombrables systèmes solaires, il y eut un jour une planète sur laquelle des animaux intelligents inventèrent la connaissance. Ce fut la minute la plus orgueilleuse et la plus mensongère de l'«histoire universelle», mais ce ne fut cependant qu'une minute. Après quelques soupirs de la nature, la planète se congela et les animaux intelligents n'eurent plus qu'à mourir.»

Sur l'homme, «La nature ne lui dissimule-t-elle pas la plupart des choses, même en ce qui concerne son propre corps, afin de le retenir prisonnier d'une conscience fière et trompeuse, à l'écart des replis de ses intestins, à l'écart du cours précipité du sang dans ses veines et du jeu complexe des vibrations de ses fibres ! Elle a jeté la clé; et malheur à la curiosité fatale qui parviendrait un jour à entrevoir par une fente ce qu'il y a à l'extérieur de cette celulle qu'est la conscience, et ce sur quoi elle est bâtie, devinant alors que l'homme repose, indifférent à son ignorance sur un fond impitoyable, avide, insatiable, accroché à ses rêves comme sur le dos d'un tigre.»

Ce sur quoi Nietzsche insiste dans cet essai, c'est d'abord le langage comme volonté de dissimulation au service d'une nécessité de dominer l'environnement (on est plein dans la manifestation de la volonté de puissance), mais aussi le x inacessible qu'il prend garde à ne pas qualifier de "Chose en soi" comme le faisait Kant, et enfin implicitement à mon sens sur la prodigieuse ingeniosité du corps en tant qu'il fait preuve d'une organisation à laquelle la conscience seule ne saurait faire preuve (car étant initialement au service du corps).

Annotation :

685 pages.

Nietzsche dans Ecce Homo

Le titre veut dire: « Là où vous autres voyez des choses idéales, moi je vois des choses humaines, hélas, bien trop humaines !... »

Puis: « Il se proclame un livre pour les esprits libres: chaque phrase y exprime une victoire [...] Il convient de prendre ici le mot "esprit libre" dans un sens, et un seul: celui d'esprit qui s'est libéré, qui a repris possession de lui-même. »

Cet ouvrage s'avère aussi signer une déclaration de guerre à l'idéalisme.

Tout comme la Naissance de la Tragédie c'est difficile à lire, mais pas de la même manière. Cette fois-ci le style est irréprochable et clair (malgré quelques passages sibyllins) et la difficulté ici réside dans les concepts abordés en eux-mêmes.

Humain, trop humain est suivi d'Opinions et sentences mêlées puis du Voyageur et son Ombre.

Dans Opinions et sentences mêlées, le style est beaucoup plus radical.

« PRÉSENCE DE TÉMOINS - On saute deux fois plus volontiers après un homme qui tombe à l'eau, s'il y a là des gens qui ne l'osent pas. »

Annotation :

Grosso modo voici les points intéressants du bouquin:
- le rapport qui subsiste entre la vie et la musique (qui serait de la même matière que la première)
- les relations avec Wagner (dont: la passion transmise pour hellénisme et les tragédies, la différence subtile de point de vues sur les pulsions dionysiaques et apolliniennes, et enfin les divergences philosophiques qui ont mené Nietzsche à se séparer de lui, considérant alors sa musique de décadente)

Annotation :

80 pages.

« Nous autres, qui avons le courage de la santé, et aussi du mépris, combien nous avons le droit de mépriser une religion qui a enseigné la mécompréhension du corps ! — qui ne veut pas se débarrasser de la superstition de l'âme ! — qui fait un "mérite" d'une alimentation insuffisante ! — qui combat dans la santé une espèce d'ennemi, de diable, de tentation ! — qui s'est persuadée que l'on pouvait promener une âme "parfaite" dans un corps cadavérique, et qui, pour cela, a eu besoin de se forger une nouvelle conception de la "perfection", celle d'un être blafard, souffreteux, fumeux et hébété, — bref; la prétendue "sainteté" — une sainteté qui n'est qu'accumulation de symptômes d'un corps appauvri, énervé, incurablement ruiné !... »

« [...] Un autre signe caractéristique du théologien est son inaptitude à la philologie. Par philologie, il faut entendre ici, dans un sens très général, l'art de bien lire, — de savoir déchiffrer des faits sans les défausser par son interprétation, sans, par exigence de comprendre à tout prix, perdre toute prudence, toute patience, toute finesse. »

Annotation :

415 pages.

Annotation :

565 pages.

Annotation :

Zarathoustra tentait de communiquer une pensée incommunicable.

Une explication de cette pensée incommunicable nous serait donnée dans le Crépuscule des idoles:

«C'est de ne plus nous estimer assez que nous communiquer. Nos vraies expériences sont tout sauf bavardes. Elles ne sauraient se communiquer, même si elles le voulaient. C'est qu'il leur manque la parole. Ce pour quoi nous trouvons des paroles, c'est que nous l'avons dépassé. Dans tout discours, il y a un soupçon de mépris. La langue, semble-t-il n'a été inventée que pour les choses médiocres, communes, communicables. Par le langage, celui qui parle se vulgaraise. Extrait d'une morale pour sourds-muets et autres philosophes.»

Annotation :

397 pages.

Annotation :

À ce qu'il paraît, un prélude à sa philosophie mature
"Prélude à une philosophie de l'avenir"

Annotation :

La suite
"Ecrit polémique" complétementaire à "Par-delà bien et mal" par retour aux racines ancestrales de la formation du type humain

Annotation :

J'hésite à les sauter ces considérations pour le moment.

En effet, il semble que ce soit plus des essais "brouillons" ayant permis à ses idées définitives de germer, notamment sur Wagner, l'art dans la société, Schopenhauer. À lire plus tard, selon motivation.

Si c'est un moyen, la passion s'estompera vite, si c'est une fin alors c'est rigolo.

Annotation :

Clément Rosset: « Schopenhauer, écrit Nietzsche, a beau accorder la primauté à la volonté et ajouter l'intelligence comme par surcroît, l'âme, telle qu'elle nous est connue aujourd'hui, ne peut plus servir d'illustration à sa thèse. Elle s'est tout imprégnée d'intelligence... Nous ne pouvons plus concevoir la joie, la douleur et le désir comme distincts de l'intellect ».