Oeuvres filmiques vues en 2022
51 films
créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a 6 moisTintin et le Lac aux requins (1972)
1 h 30 min. Sortie : 13 décembre 1972. Aventure, Animation
Long-métrage d'animation de Raymond Leblanc
Zoumion a mis 7/10.
Annotation :
Nouveau visionnage.
On commence l'année tranquillement avec un film d'animation Tintin, personnage et univers que j'apprécie tout particulièrement. C'est intéressant et audacieux de proposer une aventure originale pour le cinéma. En effet ce "Tintin et le Lac aux requins" de Raymond Leblanc ne s'appuie sur aucun album même si le tout reste bien évidemment très référencé et les clins d'oeil nombreux.
Le scénario aux relents assez pulp est pleinement inscrit dans les années 1970 et convoque l'imaginaire des films d'espionnage, notamment celui de la saga "James Bond". Le repaire de Rastapopoulos n'a ainsi rien à envier à celui de Blofeld ou d'autres méchants de la mythologie bondienne tout comme les gadgets qui parsèment le métrage.
Le côté graphique, la légèreté de l'animation et l'utilisation de l'aquarelle marquent la singularité de l’œuvre là où Hergé adoptait la technique de la ligne claire dans ses BDs, un langage graphique qui sera repris dans la fidèle série des années 1990.
On notera également l'utilisation d'un ton très burlesque et beaucoup d'humour slapstick. Voir un des Dupont gober une balle de golf ou Haddock se vautrer lamentablement en poursuivant un malfaiteur me fait toujours autant sourire.
Nos étoiles contraires (2014)
The Fault in Our Stars
2 h 05 min. Sortie : 20 août 2014 (France). Drame, Romance
Film de Josh Boone
Zoumion a mis 2/10.
Annotation :
Découverte.
Adaptation du livre éponyme, "Nos étoiles contraires" est l'histoire de deux adolescents malades d'un cancer incurable qui vont tomber amoureux. On sent donc venir un énième teen movie traitant d'amour impossible. A ceci se greffe un vague périple littéraire qui sera traité du revers de la main et c'est bien dommage car le personnage de Willem Dafoe est bien le seul qui avait du potentiel, il n'est au final qu'une caricature de l'écrivain alcoolique.
C'est Josh Boone qui est mandaté pour diriger le film et faire quelque chose de bien lisse, formaté et conformiste. J'aime pourtant sincèrement le mélodrame quand celui-ci est traité avec sincérité et justesse. Or ici on est purement dans le tire-larmes et tous les subterfuges les plus faciles sont utilisés pour faire pleurer les minettes. Le film a de plus le culot de discréditer les traitements à l'eau de rose dans son introduction pour assurer que cette histoire d'amour est quant à elle bien ancrée dans le réel. Foutage de gueule total. Il faut voir la séquence où les deux protagonistes s'embrassent dans la maison d'Anne Franck sous les applaudissements des visiteurs... J'ai rarement vu une séquence sonner aussi faux. Bref tous les clichés sont utilisés, la musique vient masquer l'absence totale de mise en scène. On est vraiment dans le pathos le plus profond.
Je ne m'attendais cela dit pas à grand chose. Il est vrai par contre qu'à titre personnel et en tant que père je suis toujours touché de voir des enfants souffrir. Et puis j'adore Laura Dern. C'est bien tout ce que je peux sauver et encore ce n'est même pas imputable au film.
Sanjuro (1962)
Tsubaki Sanjûrô
1 h 36 min. Sortie : 7 juin 1972 (France). Arts martiaux
Film de Akira Kurosawa
Zoumion a mis 8/10.
Annotation :
Découverte.
"Sanjuro" forme un diptyque avec "Yojimbo". Ce-dernier fut un grand succès ce qui incita les producteurs à créer une suite. Suite qui n'en est foncièrement pas une car il n'y a pas réellement de continuité narrative et Kurosawa change de recette. Le personnage du rônin reste le même mais l'univers et le registre dans lesquels il va évoluer sont sensiblement différents.
A la noirceur absurde du film précédent succède ici un humour plus prononcé. Le samouraï va venir en aide à une bande de jeunes guerriers naïfs et candides qui veulent retrouver leur chambellan, celui-ci ayant été kidnappé par des membres corrompus. Toshiro Mifune, toujours aussi rustre dévoile un sens de la stratégie hors pair, bien que paraissant toujours incongru au premier abord. Le film est présenté comme une gigantesque partie d'échecs où chaque camp devra se montrer plus rusé que l'autre.
Kurosawa maitrise encore davantage l'espace et la scénographie et intègre l'idée que les deux camps sont voisins, ce qui là encore n'est pas dénué d'humour. Un humour omniprésent qui est marqué par le décalage entre le personnage de Sanjuro et les autres guerriers toujours à côté de la plaque ou avec les personnages féminins pacifistes. "Le plus beau sabre est celui qui reste dans son fourreau" affirme l'une d'entre elles et le rônin fait face à sa propre ambiguïté, celle d'un homme violent qui regrette ses meurtres même si ceux-ci sont légitimés par la situation. "Sanjuro" se définit ainsi comme une relecture du thème de la violence en opposant deux samouraïs : celui de Toshiro Mifune, rusé et menteur à celui joué par Tatsuya Nakadai qui respecte le bushido et sert son maître. La conclusion est marquée par le duel, incroyable de brutalité et de rapidité. Un seul coup suffit, d'où jaillit un geyser de sang qui surprend les spectateurs. Kurosawa marque son dégoût de la violence et la partage avec le rônin. Il n'y a eu que trop de morts et le sabre doit retourner dans son fourreau.
"Sanjuro" est un excellent divertissement qui interroge de prime la responsabilité morale de son héros.
Hitchcock (2012)
1 h 38 min. Sortie : 6 février 2013 (France). Biopic, Drame
Film de Sacha Gervasi
Zoumion a mis 4/10.
Annotation :
Découverte.
Voilà un biopic bien laborieux qui ne raconte pas grand chose. Il se concentre sur le projet "Psychose", la genèse et le tournage ardu du 47ème long-métrage d'Alfred Hitchcock. Autant dire qu'il y avait matière à faire quelque chose de croustillant mais le film ne parvient pas à capter notre intérêt. On sent la volonté de mettre en lumière la face cachée du maître du suspense : le cinéaste trop méticuleux et perfectionniste, le mari difficile à vivre, la relation qu'il entretenait avec ses actrices qui virait au harcèlement et à la passion sadique ...
Mais tous ces thèmes ne sont qu'effleurés et le réalisateur préfère se concentrer sur les amourettes d'Alma Reville, Mme Hitchcock. Le film vient cependant intelligemment souligner son apport indéniable et le soutien salvateur qu'elle a pu apporter à son mari tout au long de sa carrière. Ce personnage est d'ailleurs à mon sens le plus intéressant et interprété avec une grande justesse par Helen Mirren. A contrario Anthony Hopkins se noie dans un cabotinage excessif, complétement boursouflé par un maquillage et des prothèses prépondérantes. Curieux choix de casting je trouve car l'acteur représente une sophistication dont il essaie de se détacher et qui n'était franchement pas l'apanage d'Hitchcock.
Le reste du casting n'a malheureusement pas grand chose à se mettre sous la dent, la faute à des rôles bien dispensables.
Ce n'est pas non plus la mise en scène plate et ultra conventionnelle de Sacha Gervasi qui viendra sauver les meubles, malgré une reconstitution historique soignée.
"Hitchcock" est de toute évidence loin d'être le meilleur hommage qu'on pouvait faire au maître. Mieux vaut relancer un de ses films ou se concentrer sur les nombreux documentaires et livres consacrés à l'homme et au cinéaste.
Rampage - Hors de contrôle (2018)
Rampage
1 h 47 min. Sortie : 2 mai 2018 (France). Action, Aventure
Film de Brad Peyton
Zoumion a mis 5/10.
Annotation :
Découverte.
"Rampage" est l'adaptation d'un jeu Midway assez quelconque sorti en 1986 sur borne d'arcade puis décliné par la suite sur d'autres supports. Le principe est simple : on incarne trois monstres avec lesquels il faut détruire un maximum d'immeubles tout en résistant aux militaires qui s'interposent.
Il n'en fallait pas plus pour faire germer un scénario ( kof kof ) dans l'esprit de certains. C'est Brad Peyton qui réalise le film et il retrouve Dwayne Johnson pour la troisième fois, ici dans le rôle d'un primatologue qui est presque aussi musclé que son copain gorille du film.
Comme on est au cinéma il fallait trouver un prétexte pour rendre tout ça crédible. Ainsi une expérience spatiale de mutation génétique tourne mal et des échantillons atterrissent sur Terre, contaminant les trois bestioles. Soit.
Le film a un peu le cul entre deux chaises, l'histoire d'aventure d'un côté et l'action décomplexée de l'autre. Cependant l'ensemble se suit facilement et je me suis surpris à apprécier les multiples péripéties malgré l'absence totale de prise de risques et le développement ultra manichéen. C'est bourré de second degré et les blagues foireuses de The Rock et du primate font mouche. C'est surtout lorsque le film se lâche dans son dernier tiers qu'il est le plus ludique. L'action est spectaculaire et les effets spéciaux franchement convaincants. La destruction de Chicago est de ce fait carrément jouissive.
J'ai passé un bon moment. Et Malin Åkerman en antagoniste, PDG autoritaire d'une corporation c'est l'idée du siècle ça ! Un grand oui même si c'est prendre par les sentiments, quelle beauté ! Je vais postuler pour aller bosser là-bas tiens !
Joker (2019)
2 h 02 min. Sortie : 9 octobre 2019 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Todd Phillips
Zoumion a mis 6/10.
Annotation :
Nouveau visionnage.
Dans une période où tous les films de super-héros sont formatés et se ressemblent, voila que débarque "Joker". Je dois dire que les univers étendus c'est pas trop mon truc, par conséquent un film qui se suffit à lui-même ça me plaisir !
Le choix d'octroyer la réalisation à Todd Phillips était surprenant et me rendait sceptique, n'étant pas fan de ses comédies grasses et potaches.
Le postulat met en scène Gotham City, qui n'a de fictif que son nom tant l’œuvre a vocation de s'inscrire dans une tonalité réaliste. La ville est misérable, crade. Le peuple est aux abois et inaudible dans les médias, les riches sont dans leur bulle. Bref la société est en totale décrépitude et au bord de l'implosion. L'esthétique générale nous renvoie au Nouvel Hollywood dont l'influence est revendiquée ainsi qu'à l'underground new-yorkais de Ferrara et compagnie. On a affaire à une véritable étude de caractère qui renvoie aux films typiques de cette période notamment "Taxi Driver" de Martin Scorsese tout en s'inscrivant dans un contexte contemporain en balayant nos questions sociétales telles que les disparités grandissantes entre classes pauvres et riches ainsi que le discours des politiques modernes, Thomas Wayne peut être perçu comme un croisement entre Donald Trump et Emmanuel Macron. Impossible lorsqu'on voit les émeutes de clowns de ne pas songer aux mouvements de masse qui ont frappé nos sociétés récemment.
Le métrage est clair, en abandonnant ainsi une partie de la population dans la misère, on créé toute une génération de monstruosités. Le Joker ici n'est qu'une émanation et un catalyseur de la violence de la société. Mais comme nous le disions l’œuvre est davantage une étude d'un personnage qu'un pamphlet politique. Joaquin Phoenix est très bon dans ce rôle, il est atteint d'une pathologie neuronale qui lui déclenche des crises de fou-rires infernales. La force est de le rendre tour à tour émouvant puis terriblement inquiétant. On ressent de l'empathie pour lui puis du dégout et de l'indignation.
"Joker" est donc un bon film même si je ne serais pas aussi dithyrambique que certaines critiques car il comporte des défauts notamment un gros manque de subtilité dans certaines séquences. Son succès fait néanmoins plaisir car on a une vraie proposition de cinéma et non juste un déferlement d'effets numériques. Malgré tout il souffre de la comparaison avec ses illustres modèles.
Des hommes sans loi (2012)
Lawless
1 h 55 min. Sortie : 12 septembre 2012 (France). Drame, Policier, Gangster
Film de John Hillcoat
Zoumion a mis 8/10.
Annotation :
Nouveau visionnage.
La Prohibition est une époque qui a été largement dépeinte dans le cinéma américain, ce qui a donné lieu à une multitude de chefs d’œuvre et de références.
"Des hommes sans loi" n'égalera pas ces légendes mais il n'en reste pas moins un film fort sympathique.
Son originalité provient tout d'abord de son cadre. En effet l'action ne se situe pas à Chicago ou à New-York mais dans le comté de Franklin au cœur de l’État de Virginie. Bienvenue dans la campagne profonde, là où le trafic est géré par des cul-terreux distillant eux-mêmes leur propre gnôle.
Il s'inspire librement du livre "Pour quelques gouttes d'alcool" qui est écrit par un descendant de la famille Bondurant, les protagonistes du film ayant donc réellement existé. On suit principalement le cadet Jack ( Shia LaBeouf ) jeune gringalet désireux de trouver le respect de ses aînés et qui deviendra au fur et à mesure un vrai bootlegger à l'ambition débordante.
Récit d'apprentissage donc mais aussi mélange des genres qui traite du commerce d'alcool illicite à cette période et de la violence qui en résulte. Une violence qui imprègne la mise en scène classique et sobre de John Hillcoat, celui-ci montre toute sa fascination pour les codes cinématographiques en transposant l'univers du western dans le film de gangsters et en revisitant les obsessions de la société américaine.
La mort de l'antagoniste corrompu ( Guy Pearce qui cabotine génialement ) dans cette scène de fusillade intense et jouissive et la fin de la Prohibition marquent l'entrée des Bondurant dans les États-Unis modernes. Ceux-ci abandonnent leur bestialité et deviennent des fermiers modèles qui ont fondé une famille et respectent la loi.
Le travail sur la bande son de Nick Cave est également absolument remarquable, jouant sur les musiques et sons diégétiques et extradiégétiques et illustrant les multiples changements de ton de l’œuvre.
Et puis Tom Hardy est fascinant il faut bien le dire.
The Lighthouse (2019)
1 h 49 min. Sortie : 18 décembre 2019 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur
Film de Robert Eggers
Zoumion a mis 9/10.
Annotation :
Découverte.
Grosse claque que j'ai mis du temps à digérer et qui me hante encore depuis le visionnage. "The Lighthouse" est le second film de Robert Eggers et c'est un exercice de style radical. Le parti pris esthétique marqué par un noir et blanc poisseux et l'utilisation d'un ratio 1.19:1 inhabituel inscrivent la singularité de l’œuvre. Et franchement c'est beau. Le jeu sur les lumières et l'éclairage confère un aspect expressionniste au film qui traite évidemment de la folie ( le monologue de Dafoe est dingue ). Une esthétique qui de prime rend hommage à la photographie des pionniers et au cinéma allemand des années 20 mais le traitement de la mise en scène et notamment du montage est bien plus moderne.
Eggers nous offre un huit-clos hypnotique et fantasmagorique sur le quotidien de deux gardiens de phare contraints de cohabiter dans un espace apocalyptique ou la folie s'installe progressivement. Le tout est illustré par un travail phénoménal sur la bande sonore : le bruit du vent, des sirènes, des machines qui s'entremêle avec une puissance traumatique.
De ce chaos émerge une multitude de thématiques. A la fois film d'horreur lovecraftien dans son essence la plus profonde ( car il y a pas ou peu de créatures monstrueuses en effet ), mythologie grecque revisitée où Triton, Neptune et même Priape sont évoqués dans cette quête de lumière, de vérité et de femme. La frustration et l'accaparation sexuelle, la masculinité exacerbée ou encore la figure paternelle trop oppressante. Tout ceci prend sens et se matérialise dans ce phare, un bâtiment créé spécifiquement pour les besoins du film et qui surplombe l'île. Figure phallique qui obsède les marins et qui semble être prête à jouir, se nourrissant des fluides omniprésents ( alcool, eau, urine et sperme ). Il y a là un érotisme lancinant qui se mêle à l'horreur et à la peur.
Dans "The Lighthouse" Eggers explore avec brio les tréfonds de l'âme humaine et se pose comme un vrai cinéaste formaliste que je compte suivre assidument les prochaines années.
Angel Heart - Aux portes de l'enfer (1987)
Angel Heart
1 h 53 min. Sortie : 8 avril 1987 (France). Thriller, Fantastique, Film noir
Film de Alan Parker
Zoumion a mis 7/10.
Annotation :
Découverte.
"Angel Heart" est considéré comme l'un des plus grands films d'Alan Parker, cinéaste britannique issu du monde de la publicité tel les frères Scott. C'est une adaptation du roman "Falling Angel" écrit par William Hjortsberg mais le cinéaste prend un certain nombre de libertés.
C'est un film qui a un indéniable pouvoir de fascination si on décide d'adhérer à la proposition de Parker. Bien qu'il adopte la structure d'un whodunit et qu'il se dote d'un twist final saisissant, le film reste malgré tout très prévisible car bourré d'indices quant à son dénouement. Mais l'essentiel n'est pas là car "Angel Heart" est avant tout une lente et puissante odyssée vers les enfers, à l'atmosphère oppressante et franchement glaciale et qui réinterprète notamment le mythe de Faust. C'est la chute d'un personnage aveuglé par ses propres convictions, même quand tout autour de lui annonce le mal.
Pour ce faire, Parker mêle les codes du film noir classique, genre très codifié avec ceux du cinéma fantastique et horrifique. Il imprègne son film d'un ésotérisme mystique en convoquant les rites vaudous et certaines représentations religieuses.
En plus de New-York il décide d'ancrer aussi une grosse partie de l'intrigue dans La Nouvelle-Orléans en 1955, ville où la ségrégation était encore bien présente. On suit ce détective de seconde zone des plus banals, véritable anti-héros ( Mickey Rourke juste génial ) qui va pénétrer dans cet enfer où la mort est omniprésente et frappe tous ceux qu'il côtoie. Cette vision des enfers c'est justement la ville de La Nouvelle-Orléans où l'air semble irrespirable, la chaleur brûlante et la vie anxiogène à souhait. Parker sait filmer ces environnements à merveille. Il y ajoute tout un tas de symboles ( ventilateurs, ascenseur qui semble attendre le détective, symboles sataniques...) pour créer un monde d'une noirceur totale à l'image du tout puissant antagoniste terrifiant ( De Niro en liberté totale qui cabotine délicieusement ).
La musique étouffante de Trevor Jones renforce cette atmosphère. L'idée d'utiliser les notes du jazz pour illustrer le mal est brillante.
En résumé un thriller fantastique bien prenant.
Mourir peut attendre (2021)
No Time to Die
2 h 43 min. Sortie : 6 octobre 2021 (France). Action, Aventure, Thriller
Film de Cary Joji Fukunaga
Zoumion a mis 5/10.
Annotation :
Découverte.
"Mourir peut attendre" marque la fin de l'ère Daniel Craig qui se sera tout de même étalée sur 15 ans et 5 films et surtout qui aura pour la première fois instauré une continuité scénaristique dans la saga ( on peut lier à la rigueur les films avec Sean Connery hormis "Goldfinger" qui mettent l'espion anglais en scène face au SPECTRE et à Blofeld mais ils restent indépendants ).
Le moins que l'on puisse dire c'est que cette conclusion me laisse un goût amer en bouche. Le scénario est faussement complexe et aborde des thématiques déjà vues, le vieillissement de Bond bien mieux traité dans "Skyfall", le personnage de Vesper. D'autres thèmes sont juste mal exploités, l'héritage et ce qu'on laisse et transmet. Il y a trop d’esbroufe et l'ensemble aurait gagné à être moins grandiloquent. C'était la grande force de "Casino Royale" qui jonglait à merveille entre le spectaculaire et l'intime.
Là le film veut en faire trop. J'ai un gros problème avec l'antagoniste principal interprété par Rami Malek que je trouve juste insipide. Il n'a aucune présence physique et ses motivations finales ne sont pas exploitées ( il réalise vite son objectif mais après ? ).
La partition de Hans Zimmer est anecdotique, on a l'impression que le bonhomme régurgite tout ce qu'il a déjà fait tout en pompant le travail de John Barry et de David Arnold. Les allusions à "Au service secret de sa majesté" sont lourdes et incroyablement malvenues. Autant aller se revoir cet opus qui est bien meilleur. Il en va de même du thème principal de Billie Eilish juste nul.
A contrario ce 25ème opus n'est évidemment pas dénué de qualités. Techniquement il est irréprochable, la photographie et les décors sont magnifiques même si rien n'est réellement sublimé par Cary Joji Fukunaga qui se contente de tout mettre en boîte correctement. Il y a quelques séquences qui tirent leur épingle du jeu. Je pense à l'introduction teintée de slasher ou bien le survival dans la forêt norvégienne. Et puis celle avec Ana de Armas qui irradie le film ( quel dommage que son personnage soit si peu à l'écran ). J'aime aussi beaucoup la Bond girl jouée par Seydoux mais reste déçu par le traitement de la romance qui ne procure pas autant d'émotions que son potentiel amorcé dans "Spectre" suggérait.
Le point le plus polémique est bien sûr la conclusion du métrage que je rejette à tous les niveaux, surtout l'idée mais aussi la mise en œuvre qui est bien trop forcée et improbable.
Une page se tourne pour la saga.
Sonic, le film (2020)
Sonic the Hedgehog
1 h 39 min. Sortie : 12 février 2020 (France). Action, Aventure, Comédie
Film de Jeff Fowler
Zoumion a mis 3/10.
Annotation :
Découverte.
L'adaptation vidéoludique au cinéma est un exercice qui s'est multiplié ces dernières années, jusqu’à devenir un modèle à part entière et revendiqué par les studios. Cependant il faut bien le dire le résultat est souvent bien moyen voir médiocre et ce n'est pas ce "Sonic, le film" qui inversera la tendance.
En soit l'idée est déjà farfelue et improbable tant l'univers et les codes du hérisson bleu semblent totalement ancrés dans le média jeu vidéo.
Le problème c'est que tout dans ce film a déjà été fait des milliers de fois car ce n'est rien de plus qu'un téléfilm à gros budget. Il n'y a aucune ambition artistique et les thèmes développées accumulent tous les poncifs du genre. Le buddy movie avec le sidekick humain qui d'abord réticent deviendra le meilleur ami du héros, les références complétement pétées à la pop culture ( Fortnite, Amazon...pitié quoi ) et les blagues de pets ( que serait un film de merde sans blagues de pets...). Et puis tous ces discours sur les valeurs familiales, l'amitié, l'enracinement à sa Terre. Que c'est nul ! De plus il n'y a aucune cohérence tant les séquences s'enchaînent maladroitement à grands renforts de deus ex machina et de facilités scénaristiques honteuses, les lister entièrement demanderait d'y passer la nuit.
On a aussi Jim Carrey qui est en totale roue libre, lui même n'a pas trop l'impression de savoir ce qu'il fait ici.
Bref c'est un programme complètement débile qui ne sera pas le dernier dans son genre. Preuve en est la séquence post générique qui annonce une suite qui arrivera prochainement ( car oui ce truc a bien marché au box-office...).
S'il faut sauver quelque chose ce sont les crédits finaux joliment animés et rendant hommage aux premiers "Sonic" en 2D. Et il y a vraiment beaucoup de clins d'oeil et d'easter eggs à la saga, ce qui laisse suggérer que dans l'équipe il y avait quand même quelques fans qui devaient apprécier la licence. Bon ce n'est pas vraiment une qualité tant cela relève du fanboyisme primaire mais j'essaie tant bien que mal de trouver des points positifs au film. A part ça...
Fargo (1996)
1 h 38 min. Sortie : 4 septembre 1996 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Ethan Coen et Joel Coen
Zoumion a mis 9/10.
Annotation :
Nouveau visionnage.
Les frères Coen s'attachent fréquemment à représenter des personnages terriblement ordinaires. "Fargo" est en ce sens un catalogue de signes définissant l'Amérique profonde. Ici c'est le Midwest, plus précisément le Minnesota natif des réalisateurs ainsi que le Dakota du Nord.
C'est l'histoire d'un homme qui orchestre le kidnapping de sa propre femme espérant toucher une forte rançon. Évidemment tout cela va mal tourner. Le travail sur le langage des protagonistes et leur accent, les vêtements, les lieux et différents détails participe à créer cette atmosphère de banalité extrême et quelque part d'impersonnalité. Créer un décorum de ce style est je pense bien plus subtil qu'il n'y paraît et c'est en ça que les frères Coen excellent. Le personnage principal de la policière jouée par Frances McDormand est également à rebours de tous les clichés. Enceinte jusqu'à l'os, elle est emmitouflée dans ses vêtements d'hiver et semble être complètement pataude, à l'image de sa relation de couple elle aussi complètement plate où il ne se passe pas grand chose. Elle va avoir un enfant mais on ressent tout de même une ambiguïté et beaucoup de mélancolie, à l'image de ses retrouvailles avec le personnage asiatique qui suggèrent beaucoup de choses.
Il en va de même des deux truands, surtout celui joué par Steve Buscemi, qui sont de pathétiques et vulgaires petites frappes. Ils sont paumés et ne savent pas trop ce qu'ils font dans cette affaire. On est bien loin de la figure du bandit omniscient. Quelque part cela tend à rechercher une forme de réalisme et surtout un anti-spectaculaire particulièrement bienvenu.
Le tout est emballé avec une vraie maîtrise technique et une photographie magnifique sans pyrotechnie visuelle. Le blanc de la neige et le gris du ciel se confondent volontairement pour créer presque un concept plastique, une toile blanche ou se projettent des taches de peinture rouge, un cadre vide qui se remplit avec du sang.
C'est brillant.
Miller's Crossing (1990)
1 h 50 min. Sortie : 27 février 1991 (France). Comédie dramatique, Film noir, Gangster
Film de Joel Coen et Ethan Coen
Zoumion a mis 8/10.
Annotation :
Découverte.
"Miller's Crossing" est un mystère, un film qui échappe aux conventions. A la fois pastiche du genre gangster originel tel qu'on en produisait dans les années 1930 aux États-Unis, prolongement de la vision fétichiste du film noir chez Jean Pierre Melville ou bien relecture maniériste et incarnée de tout ce fameux héritage post-moderne. A vrai dire il est un peu tout à la fois et même plus encore. Les frères Coen s'amusent à injecter des éléments hétérogènes aux codes du genre. Tous les protagonistes sont ainsi lestés d'un poids psychologique qui rend leur comportement insaisissable. Le personnage principal incarné par Gabriel Byrne est continuellement sur le fil du rasoir, coincé entre la mafia italienne, la pègre irlandaise, un arnaqueur juif ainsi qu'une femme qui l'aime autant qu'elle le déteste. Le scénario va fonctionner sur une indistinction totale des évènements, on ne sait jamais si c'est l'aléatoire ou la fine stratégie qui va dicter les péripéties. Est-ce le héros et son esprit duquel émergent des plans totalement tordus ou l'instance supérieure du récit qui vont faire progresser l'action ? Les deux frères trublions avec leurs excès habituels et leur amour du second degré et de l'humour noir incisif s'amusent à leurrer le spectateur et instaurent de perpétuelles diversions. Le tout est sublimé par la photographie très travaillée et soignée de Barry Sonnenfeld qui donne au métrage un aspect stylisé sans pour autant atteindre la pure irrationalité .
Train d'enfer (1965)
1 h 32 min. Sortie : 10 novembre 1965 (France). Policier
Film de Gilles Grangier
Zoumion a mis 4/10.
Annotation :
Découverte.
Depuis l'apparition de la saga "James Bond" avec son premier opus en 1962, la mode est au genre de l'espionnage et les spectateurs en sont friands. Beaucoup de productions bis voient le jour et l'Euro Spy prolifère. Si l'on reconnaît à juste titre que l'essentiel des fleurons du genre voyaient le jour de l'autre côté des Alpes, il y a eu en France toute une série d’œuvres bis et quelques copies de 007 en l'occurrence.
Ce "Train d'enfer" réalisé par Gilles Grangier en 1965 en fait partie. Mettant en scène Jean Marais dans le rôle d'un agent secret français, le film est une succession de poursuites et de cascades dans l'esprit pulp et BD, assez généreux et garni d'éléments qui plairont aux amateurs. Belles voitures, belles filles ( Marisa Mell juste splendide ), gadgets en tout genre, des ennemis hauts en couleurs dont un ancien nazi armé d'un rayon laser destructeur ( un rôle normal pour Howard Vernon ). L'intrigue qui présente des terroristes fomentant un complot visant un riche émir est en revanche assez soporifique et les baisses de rythme sont nombreuses surtout vers le milieu du métrage mais ce-dernier comporte malgré tout son lot de séquences intéressantes. L'ingéniosité dont fait preuve le personnage de Jean Marais et la méfiance des deux camps abreuve dans ce sens et apporte une touche d'humour. Techniquement le tout tient la route, les décors sont paradisiaques et la villa des méchants baroque à souhait, truffée bien sûr de micros.
Les cascades orchestrées par l'immense Claude Carliez mettent Jean Marais à l'honneur et sont pensées pour lui. Elles sont vraiment impressionnantes d'autant que Marais les exécute lui même. Il est pourtant âgé ici de 52 ans mais est encore rudement athlétique, lui qui affirmait pourtant ne pas faire de sport. Il a d'ailleurs failli perdre la vie dans une cascade impliquant un train. En dehors de ça l'acteur n'est pas franchement à l'aise et se ridiculise en singeant un Sean Connery alors au top, icône et fantasme mondial.
Voilà donc une petite bande d'exploitation assez quelconque, trop molle et manquant d’intérêt sur la longueur malgré quelques bonnes idées.
La Planète des singes - Les Origines (2011)
Rise of the Planet of the Apes
1 h 45 min. Sortie : 10 août 2011 (France). Action, Drame, Science-fiction
Film de Rupert Wyatt
Zoumion a mis 5/10.
Annotation :
Découverte.
Faire un reboot de la saga "La Planète des singes" n'était pas chose aisée tant elle représente un monument de la science-fiction au cinéma. D'ailleurs le principal souci du film de Rupert Wyatt c'est justement qu'on ne peut que le comparer à l’œuvre matricielle de Schaffner car il transporte cet héritage. Force est de constater que l'on perd toute la portée philosophique et la dimension politique de l'original.
Ce film renvoie également au sympathique et contestataire "La Conquête de la planète des singes" de J. Lee Thompson. L'époque n'est certes pas la même mais la comparaison est difficile et ça manque quand même ici de fond et de forme. Il faut reconnaître néanmoins que les effets spéciaux numériques créés par Weta Digital sont impressionnants bien qu'inégaux et la technique de performance capture porte ses fruits. Andy Serkis est bluffant en César. L'usage des CGI était critiqué à l'époque mais se révéla être nécessaire et le tout n'aurait pas pu être réalisé avec de vrais comédiens. Les thématiques abordées ne sont malheureusement qu'effleurées. On parle entre autre de spécisme et de l'éthique des scientifiques vis à vis de leurs expériences sur des sujets animaux. La nature destructrice de l'homme et la relation particulière qu'il entretient avec le singe qui lui renvoie un reflet inconfortable. Le film adopte dans sa deuxième partie un genre carcéral qui n'est pas déplaisant lui non plus ( relations entre les primates détenus et avec les gardiens, la loi du plus fort, l'idée de catégoriser les races de singes ). Mais tout ça n'est à mon sens pas assez approfondi et reste sommaire. A côté de ça il y a quelques moments intéressants comme une touchante relation père/fils ( John Lithgow est renversant ). Le personnage féminin joué par Freida Pinto est quant à lui d'une inutilité assez remarquable.
"La Planète des singes - Les Origines" est donc un divertissement correct mais qui perd le souffle et la portée de son aîné. La révolte des singes s'inscrit dans une simple logique de film catastrophe opposant deux espèces qui ne parvient pas à dépasser son statut introductif, comme le serait un pilote de série TV. Personnellement j'en attendais plus.
La Planète des singes - L'Affrontement (2014)
Dawn of the Planet of the Apes
2 h 10 min. Sortie : 30 juillet 2014 (France). Action, Drame, Science-fiction
Film de Matt Reeves
Zoumion a mis 6/10.
Annotation :
Découverte.
Voilà un blockbuster que je trouve très honnête dans l'ensemble, les enjeux sont plus intéressants et mieux définis que dans l'opus précédent et rendent du coup ce-dernier quelque peu inutile. Soit.
C'est Matt Reeves révélé par "Cloverfield" qui est aux commandes du projet. La première surprise concerne les effets spéciaux plus aboutis et maîtrisés. Il y a eu un progrès technique indéniable en 3 ans. Les mouvements et expressions des singes sont plus crédibles d'autant qu'ils sont tous reconnaissables du fait d'une ingénieuse caractérisation. Un soin qui n'a pas été reproduit pour la construction des personnages humains. Je cite le personnage de Gary Oldman en tête mais les humains n'ont pas de background qui vaille le coup.
Il y a de vrais idées de mise en scène tout au long du métrage. L'introduction muette est audacieuse ( bien qu'un peu gâchée par les sous-titres, la suggestion aurait été préférable ), la découverte de la cité simienne tout comme le siège du camp humain sont des moments forts. Matt Reeves en profite pour y insérer toute une symbolique plutôt intéressante, notamment sur la construction de l'Amérique à travers le conflit génocidaire qui a opposé les colons aux natifs amérindiens. De ce fait il nous propose aussi une relecture du western en travaillant les canons du genre mais en embrassant néanmoins tout un héritage issu du classicisme. Il emprunte aussi tout un décorum au jeu vidéo pour la mise en place de son côté post apocalyptique ( "Crysis 2" ou "The Last of Us" ). Il y a malgré tout quelques problèmes de rythme qui parasitent le scénario, même si aucun moment ne semble être superflu ce qui peut paraître paradoxal.
Dans tous les cas "La Planète des singes : l'affrontement" est un divertissement honorable qui vient à mon sens largement surpasser le reboot à laquelle il fait suite et une bonne partie des blockbusters estivaux.
La Planète des singes - Suprématie (2017)
War for the Planet of the Apes
2 h 20 min. Sortie : 2 août 2017 (France). Action, Aventure, Drame
Film de Matt Reeves
Zoumion a mis 7/10.
Annotation :
Découverte.
Une vraie réussite et à mon sens le meilleur opus de la trilogie qui vient clore ce nouvel arc narratif. Dans cet opus, César doit protéger les siens d'un colonel déchu et fanatique qui est décidé à éradiquer tous les singes. Un personnage qui évoque frontalement le colonel Walter E. Kurtz joué par Marlon Brando dans "Apocalypse Now" qui est une référence plus qu'assumée de ce long-métrage ( "Ape-ocalypse Now" ). Face à un adversaire aussi fou, César verra ses principes, ses valeurs et ses rêves se disloquer et comprend qu'une espèce ne survivra pas.
Là où le film précédent réinterprétait le western pour l'associer à une structure classique, "La planète des singes : Suprématie" ( drôle de titre français mais passons ) évoque davantage le film de guerre ( "La Grande Evasion", "Le Pont de la rivière Kwai"... ) et surtout le mythe biblique de Moïse et de l'exode des juifs ( on pense alors indubitablement au péplum et à "Les Dix Commandements" ). Techniquement jamais l'univers de cette trilogie n'aura paru aussi abouti. Le niveau de photoréalisme, les interactions entre personnages réels et virtuels, la retranscription d'émotions à l'image d'Andy Serkis bluffant, toujours plus intense dans son jeu et qui devient ici le centre d'intérêt de la narration. On atteint alors une finesse d'écriture inhabituelle pour ce genre de blockbusters lorsque le film resserre ses enjeux et son scénario sur César.
J'aime aussi cette économie de dialogue amorcée dans le film précédent ainsi que la noirceur lancinante du métrage, dans la représentation de la facette sombre de César ainsi que dans le personnage du colonel joué par Woody Harrelson qui sait pertinemment que l'espèce humaine est condamnée du fait du virus mais qui tente de repousser l'échéance le plus possible. On évite de ce fait une représentation trop manichéenne.
Rien de très original il est vrai et on passera outre quelques incohérences et facilités scénaristiques propres à ce genre de productions. Matt Reeves met en scène avant tout une œuvre au classicisme bien digéré et un vrai film de cinéma.
Taxi Driver (1976)
1 h 53 min. Sortie : 2 juin 1976 (France). Drame, Policier
Film de Martin Scorsese
Zoumion a mis 9/10.
Annotation :
Nouveau visionnage.
Tout a déjà été dit sur ce chef d’œuvre de Martin Scorsese qu'est "Taxi Driver", un des films les plus emblématiques du Nouvel Hollywood. Il est réalisé à partir d'un scénario traumatique et malade écrit par Paul Schrader, qui y projette toute sa haine de New-York et ses obsessions, conférant d'ailleurs à l'errance et à la folie du personnage principal Travis Bickle un fort aspect autobiographique.
Scorsese filme la ville de New-York comme personne avant lui d'une façon très organique et se donne ainsi un formidable terrain de jeu pour poser sa mise en scène. Il la définit comme une véritable entité maléfique et un personnage à part entière. Le spectateur est littéralement englouti par cette cité délabrée et vomitive dont émerge malgré tout un charme malsain que la caméra du cinéaste new-yorkais capte subtilement, bien aidé par la partition hypnotique et pesante de Bernard Hermann. Cette ville de New-York aliène Travis Bickle incarné par la fureur d'un De Niro qui signe un de ses plus grands rôles. On assiste à sa dégénérescence psychique, écœuré par le monde qui l'entoure et l'univers de la nuit dans lequel il travaille, rempli de crimes, de drogues, de prostitution et surtout de sexe. Les prostituées sont partout, à chaque coin de rue et le passe temps principal du personnage est la fréquentation de cinémas pornographiques. C'est aussi ce rôle incroyable de justesse d'une Jodie Foster encore toute jeune. Un rôle filmé tel qu'on ne pourrait d'ailleurs certainement plus se le permettre aujourd'hui.
"Taxi Driver" est en somme une œuvre folle symbole d'un cinéma furieusement libre.
A Beautiful Day (2017)
You Were Never Really Here
1 h 30 min. Sortie : 8 novembre 2017 (France). Drame, Thriller
Film de Lynne Ramsay
Zoumion a mis 8/10.
Annotation :
Découverte.
Un premier visionnage compliqué où j'ai émis beaucoup de réserves et listé pas mal de défauts. J'ai eu cependant l'impression de passer à côté du film et de le juger pour ce qu'il n'était pas, pas aidé par la promotion du film qui le situait quelque part entre "Taxi Driver" et "Drive", le "Taxi Driver" du XXIème siècle. J'ai donc rapidement enchaîné sur un nouveau visionnage. Grand bien m'en a pris !
"A Beautiful Day" ( encore un titre français aux fraises ) nous fait suivre Joaquin Phoenix dans la peau de Joe, un vétéran de guerre devenu une sorte d'exécutant qui va être mêlé à une sombre affaire de prostitution dans laquelle trempent politiciens et gens de pouvoir et dont il va sauver une jeune fille. Si le film assume et s'inscrit logiquement dans un héritage du film de Scorsese, il propose quelque chose de finalement radicalement différent en adoptant une esthétique de la fragmentation. Il est aussi une adaptation d'une petite nouvelle de Jonathan Ames "You Were Never Really Here" et transporte avec lui un héritage de série B.
Joe est un personnage mutique, fantomatique qui traîne lourdement sa grosse carcasse qui se détache difficilement de la nuit. Un être complètement torturé, hanté par ses souvenirs de guerre et d'une enfance traumatisante, et qui est sans cesse traversé par des pulsions suicidaires. Le film n'est pas aimable et ne cherche pas à séduire car le monde qu'il décrit est bien trop abject. De ce fait il est d'une noirceur dingue et évite toute esthétisation de la violence et plaisir cathartique à voir les antagonistes se faire défoncer. Tout est filmé en hors-champ, à rebours ou grâce à de belles idées de mise en scène ( les caméras de sécurité ). La violence froide est donc dans l'univers ambiant, sur le corps et dans l'âme de Joe.
La mise en scène de Lynne Ramsay épouse ce propos en brisant fréquemment la continuité narrative à l'aide de flash-back. Elle pousse sa démarche au paroxysme, utilisant par exemple souvent le gros plan pour filmer Joe même et la ville de New-York. Le spectateur a alors l'étrange sensation de perdre ses repères, à l'image de l'insistance de la réalisatrice à filmer de multiples miroirs et rétroviseurs, se reflétant parfois les uns dans les autres. On peut mentionner le même traitement accordé au mixage sonore lui aussi déstructuré.
Ce refus de la fluidité se fait vraiment à tous les niveaux.
Les rares moments de beauté proviendront du personnage de Nina qui peut encore être sauvé.
Keoma (1976)
Keoma il vendicatore
1 h 45 min. Sortie : 20 juillet 1977 (France). Western
Film de Enzo G. Castellari
Zoumion a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Découverte.
"Keoma" ou bien le requiem pour le western spaghetti. Le chant du cygne de ce qui est sûrement le genre le plus emblématique de l'histoire du cinéma bis, à cette époque dans une impasse artistique totale et noyé dans un marasme de productions plus rocambolesques les unes que les autres.
Arrive donc ce "Keoma" réalisé en 1976 par Enzo G. Castellari qui est un véritable miraculé, renouant avec le baroque et le tragique du western made in Italie tout en poussant ses éléments sémantiques à leur paroxysme. Presque chaque séquence est illustrée par une musique explicative, sorte de ballade mélancolique et de plainte à destination du héros. Une BO qui divise les aficionados mais qui m'a personnellement conquis, conférant à l’œuvre une singularité et une puissance poétique rare.
Dans un monde apocalyptique ( "Le monde n'est que pourriture" dit Keoma ), le film développe un touchant message antiraciste ( les séquences avec Woody Strode m'ont mis la larme à l’œil ) et une véritable ode à la liberté, symbolisée par la dernière phrase de Keoma teintée de désenchantement.
Le tout est parsemé de fusillades crépusculaires que ne renierait pas Peckinpah et qui sont de véritables ballets mortuaires, sublimés par l'utilisation d'un ralenti toujours justement employé et qui d'une certaine façon conclue un pacte avec le fatalisme de l’œuvre.
Franco Nero quant à lui trouve peut être son plus beau rôle, en messie qui devient Christ crucifié par ses propres frères avant de les massacrer. Il est plus charismatique que jamais et son regard bleu azur est immortalisé par la caméra. De symboles il n'en manque pas, à l'image de cette mystérieuse vieille femme qui traine une charrette et observe l'action, conférant au métrage un ton onirique et hypnotique, quasi fantastique. L'influence du film "Le Septième Sceau" d'Ingmar Bergman transpire alors à souhait.
"Keoma" est donc une œuvre qui clôt de la plus belle façon l'histoire d'un genre unique qui a marqué l'histoire du cinéma européen et mondial. Il rentre facilement dans mon top 10 du genre.
Tom & Jerry (2021)
1 h 41 min. Sortie : 19 mai 2021 (France). Animation, Aventure, Comédie
Film de Tim Story
Zoumion a mis 1/10.
Annotation :
Découverte.
"Tom et Jerry" de Hanna et Barbera est une série emblématique de l'histoire de l'animation américaine ayant connu plusieurs déclinaisons et évolutions au fil des années. Tantôt drôle, parfois un peu violent voire sombre, le style s'est affiné au fur et à mesure. Mais c'est avant tout une incessante course poursuite entre un chat et une souris qui fait du slapstick sa caractéristique première et qui s'inscrit dans la tradition du cartoon des années 1920.
Cette adaptation cinématographique de 2021 quant à elle est un naufrage absolu, indigne du matériau de base et irrespectueux des personnages originaux. Tout d'abord c'est incroyablement laid, que ça soit les prises de vues réelles qui offrent une représentation idéalisée mais stérile de New-York ou bien l'animation numérique affreuse utilisant un ersatz de 3D, une bouillie qui affaiblit totalement les personnages issus de la série et leur enlève toute consistance, rendant ainsi leurs interactions avec les humains complètement bidons. "Space Jam" c'est 1000 fois mieux à ce niveau.
Techniquement c'est hideux et c'est aussi d'une lourdeur abyssale à l'image de ce scénario qui n'a aucun sens. L'intrigue sur fond de mariage indien ferait passer une téléréalité de TF1 ou M6 pour un chef d’œuvre. Aucun protagoniste, aucune de leurs réactions ou de leur comportement ne semble un tant soit peu logique ou crédible. On est à un niveau de je-m’en-foutisme qui titille les étoiles. C'est pas la faute du casting qui a quand même de l'allure. Mais il faut voir Chloë Grace Moretz interagir avec Tom ou Jerry c'est à mourir de rire tant il y a une désynchronisation totale. C'est vraiment un crime de post-production et ça la rend même débile pour le coup.
Les gags ne fonctionnent à aucun moment. Une bonne partie est empruntée à la série mais leur utilisation est tellement mal insérée que ça en devient gênant. La série maîtrisait un sens du tempo, avait une science du rythme et un dosage précis de chaque élément qui s'enchaînait avec fluidité. Là il n'y a rien de tout ça, il faut ajouter aussi des gags d'une puérilité insoutenable qui baignent dans un découpage bordélique et une surenchère visuelle gavante censée empêcher les mioches de perdre leur attention.
Comme si tout cela ne suffisait pas, le film s'offre le plaisir de saigner nos oreilles en faisant la part belle à une sorte de RnB insupportable et totalement inapproprié.
Et par pitié arrêtez avec les clins d'oeil à "Batman" c'est plus possible.
Incassable (2000)
Unbreakable
1 h 46 min. Sortie : 27 décembre 2000 (France). Fantastique, Thriller
Film de M. Night Shyamalan
Zoumion a mis 8/10.
Annotation :
Découverte.
A l'heure où nous sommes confrontés à une vague interminable de films de super-héros, il est bon de se rappeler que certains réalisateurs ont pu s'emparer du genre pour nous proposer quelque chose de différent. C'est le cas de M. Night Shyamalan avec son "Incassable" qui s'est pleinement imprégné de toute cette culture comics/super-héros, ayant totalement maîtrisé ses enjeux et les thématiques qui en découlent.
David Dunn ressort miraculeusement indemne seul survivant d'un accident de train. Le bonhomme est coutumier du fait puisqu'il a déjà échappé à un sort funeste plusieurs fois. Il ne s'est jamais blessé et n'est jamais tombé malade. C'est pourtant un homme d'apparence normale, modeste gardien de stade universitaire en difficulté dans son couple et dont le dialogue avec son fils est délicat. Il fait la connaissance d'Elijah Price, un homme qui est son exact opposé car il est atteint d'une maladie rare qui le rend fragile à l'extrême et le contraint à passer l'essentiel de sa vie à l'hôpital ou en chaise roulante. Complètement dément, il souhaite ardemment percer le mystère de son existence et est persuadé que la clé de voûte réside en David. On a déjà un thème majeur du comics qui apparaît en filigranes, la recherche de la néménis et l'opposition entre deux extrêmes, généralement le Bien et le Mal. Un concept qui est d'ailleurs la base de nos sociétés judéo-chrétiennes et que Shyamalan revisite ici.
C'est aussi un film sur le destin, destin tragique qui force Elijah à devenir méchant, lui le fanatique prêt à tuer pour ses croyances et pour éveiller David. Ce-dernier parvient à redonner vie à son couple et à sa famille en acceptant ses facultés et en reconnaissant le super-héros qu'il est. Paradoxalement il créé un mensonge qu'il partage avec son fils et son destin le force à devenir protecteur des citoyens face à la noirceur du monde. Shyamalan traite donc aussi de l'identité et de la recherche de soi.
Le film est propulsé par une immense mise en scène, à l'image des nombreux plans-séquences qui ancrent le récit dans le réel en travaillant le temps avec fidélité. Tout semble tracé comme ce destin inéluctable. Au delà de ça, la composition des cadres est fascinante et le découpage judicieux. Chaque séquence pourrait être disséquée tant il y a à dire.
Pour le reste on trouve notamment une grande B.O signée James Newton Howard et un duo d'acteurs Bruce Willis/Samuel L. Jackson qui trouve peut être leurs meilleurs rôles.
Solo - A Star Wars Story (2018)
2 h 15 min. Sortie : 23 mai 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de Ron Howard
Zoumion a mis 3/10.
Annotation :
Découverte.
Quel est l'intérêt de faire un film centré sur Han Solo ? Le personnage était un sidekick sympathique de la trilogie originale d'accord, renforcé par le charisme d'Harrison Ford. Mais avait-on besoin de savoir autre chose sur lui qu'on ne savait pas déjà ? A nouveau on tombe dans les travers de tous ces "origins movies" qui rallongent ad nauseam des univers bien assez étendus et cette manie de vouloir tout expliquer que je déteste. Le plus gros défaut est qu'il n'y a aucune progression dramatique ni de vraie dramaturgie. Han solo est un voyou solitaire au début qui devient... un contrebandier solitaire. Pire c'est un personnage totalement interchangeable bien loin de l'anti-héros cynique mais au grand cœur de la trilogie originale et qui le démythifie totalement.
Donc le film déroule et surexplique toutes ses caractéristiques en les condensant d'une façon plus que douteuse. Sa rencontre avec Chewbacca ( pourquoi parle t'il wookie tiens ? ), Lando, le Faucon Millenium, le Kessel Run, Han shot first... Tout y est jusqu'à l'explication de son nom ( ça il faut le voir tellement c'est nanardesque ). Tout ça s'enchaîne à la vitesse de l'éclair selon un cahier des charges pour que le fanboy ne se rende pas compte qu'on ne lui raconte rien. C'est vraiment le néant.
Il y avait le potentiel de faire mieux. Le film convoque les codes du western et du film de gangsters mais c'est de la citation vaine. Cela dit l'attaque du train sur monorail représente un des rares moments intéressants et offre une gestion de l'espace bien pensée. Les syndicats du crime qui gouvernent et agissent en parallèle de l'Empire auraient pu apporter un côté politique mais rien n'est exploité.
L'idée de rébellion qui germe à la fin est sympathique mais traitée avec des personnages qu'on ne reverra plus ou alors sur une plate-forme à laquelle je ne souscrirai pas. Et puis on nous tease une suite avec un personnage qui sort de nulle part et que je croyais mort. Ah ces univers étendus... On sort alors totalement du canonique.
Sinon on peut retenir Woody Harrelson qui est toujours charismatique même si son personnage est écrit avec les pieds. C'est le cas pour le reste du casting. Mention spéciale au robot féministe et à sa relation avec Lando ou à Emilia Clarke insipide.
L'Armée des ombres (1969)
2 h 25 min. Sortie : 12 septembre 1969 (France). Drame, Guerre
Film de Jean-Pierre Melville
Zoumion a mis 9/10.
Annotation :
Découverte.
Avec "L'armée des ombres" sorti en 1969, Jean-Pierre Melville plonge sa caméra au cœur de la Résistance française et nous offre certainement un des plus beaux films sur le sujet. Il adapte le roman éponyme de Joseph Kessel qui le hantait depuis sa lecture. Le réalisateur, avec la très belle citation introductive du film, convoque ses souvenirs de guerre car il a été lui-même résistant et projette dans son œuvre ses propres thématiques : le sens de l'honneur, le respect du code moral et surtout la solitude de l'homme fidèle à ses principes. Contrairement à l'image enjolivée qu'on se faisait de la Résistance et qu'il était habituel de représenter dans les arts et ailleurs, Melville démythifie cette-dernière et la filme à hauteur d'hommes. Il n'y a pas de héros mais des hommes et des femmes ordinaires qui agissent dans l'intérêt collectif mais aussi parfois pour le leur. La Résistance est chez ce coiffeur qui donne une veste, chez cette fermière qui accueille les protagonistes, chez ce douanier complice. Elle est aussi dans le courage, la bravoure, la prise de risque des résistants face à la répression violente de la Gestapo. Mais les actes ne se font pas sans conséquences, comme lorsque Gerbier sacrifie un patriote pour couvrir sa fuite ou bien lorsqu'il faut exécuter une balance dans une séquence incroyablement dure et crédible.
La représentation historique est ainsi là pour mettre en contexte un combat presque impossible à mener, pour tous ces combattants traqués et condamnés à rester dans l'ombre. Les doutes sont mis en exergue et malgré la noblesse du combat, la nature humaine ne change pas. Les actions ne sont pas récompensées et parfois mêmes vaines et inutiles.
Melville voulait mettre en scène une "rêverie rétrospective et nostalgique" selon ses propres termes. Il en émane en effet une mélancolie lancinante et la mise en scène est froide, privilégiant des couleurs bleutées et une musique empreinte de noirceur, parfois dissonante. Melville étire le temps à l'extrême dans ses séquences, instaurant une tension permanente qui souligne aussi la claustrophobie psychique des personnages. Pour autant le film délimité chronologiquement au début et à la fin se finit là où il a commencé, sur la place de l'Arc de Triomphe et semble être sans issue, comme le combat qui est mené.
Un justicier dans la ville (1974)
Death Wish
1 h 34 min. Sortie : 18 octobre 1974 (France). Thriller, Policier
Film de Michael Winner
Zoumion a mis 7/10.
Annotation :
Découverte.
"Un justicier dans la ville" est le film matriciel du vigilante movie. Si des films comme "L'inspecteur Harry" ou "Justice sauvage" sortis plus tôt ont amorcé les thématiques de l'auto-justice, c'est bien l’œuvre de Michael Winner qui fait office de référence et de sommet du genre.
Adaptée du livre "Death Wish" de Brian Gardfield ( un écrivain transfuge de la littérature western, évidemment ), elle met en scène Charles Bronson en Paul Kersey, architecte new-yorkais sans relief et bienveillant qui va péter les plombs suite au meurtre de sa femme et au viol de sa fille. Face à l'impuissance et l'inaction de la justice, il est bien décidé à nettoyer lui même la ville de toute sa pourriture.
Le film a connu un franc succès public lors de son exploitation, on voyait des spectateurs littéralement applaudir les actions de Kersey. A contrario la critique a globalement dézingué le métrage, le qualifiant lui et ses semblables de faire la promotion de l'auto-justice et du fascisme. Il est avec le recul bien plus complexe et intéressant.
Winner ne cautionne jamais réellement les actes de son protagoniste et illustre sa folie progressive. Ainsi Kersey ne parvient jamais à se venger et ne retrouve pas les coupables. On le voit errer dans la ville dans des quartiers malfamés, exhibant son porte monnaie ou son sac de courses pour attirer des voyous et les descendre froidement. Il s'enfonce dans la violence à mesure que l'étau de l'enquête policière se resserre sur lui. Celles-ci sont cependant partagées et ne savent que faire du justicier, refusant d'en faire un martyr et surtout d'admettre que ses actions contribuent à faire baisser la criminalité.
Winner aborde alors l'état de la société américaine des années 1970 et de l'ère Nixon, symbolisée par une méfiance envers les pouvoirs publics. Il traite également de la montée de la violence dans les grandes villes, notamment New-York. Les rues ne sont plus sûres et si la police ne parvient pas à protéger les citoyens, ceux-ci doivent le faire par leurs propres moyens. Le cinéaste britannique a l'intelligence de s'emparer des codes du western pour les faire migrer dans un contexte contemporain. Il convoque aussi l'histoire de l'Amérique et sa violente conception. En opposant deux villes ( New-York et Tucson ), il oppose deux modes de pensées et conceptions politiques différentes, ce qui fera vaciller le personnage de Kersey.
Un polar qui a choqué et révulsé mais qui a mis un bon coup de pied dans la fourmilière.
Star Wars - Le Réveil de la Force (2015)
Star Wars: The Force Awakens
2 h 16 min. Sortie : 16 décembre 2015. Action, Aventure, Science-fiction
Film de J.J. Abrams
Zoumion a mis 4/10.
Annotation :
Découverte.
Après 10 ans d'attente et un matraquage médiatique impressionnant, la Force a débarqué à nouveau sur nos écrans.
Sans être un fan de la licence Star Wars, j'aime bien son univers foisonnant. Comme beaucoup j'apprécie la trilogie originelle, bien moins la prélogie même si je lui reconnais d'indéniables qualités et des fulgurances malheureusement noyées sous un amas de mauvais choix artistiques.
Le visionnage de " Le Réveil de la Force" a quant à lui été pénible. Le film pompe allégrement l'épisode 4 et le scénario n'est qu'un décalque de celui-ci, qui se paie le luxe d'être bourré de problèmes de cohérence et de scènes complètement foirées. Ça commence dès le texte introductif stupide qui part dans tous les sens. La dimension politique est ratée, on a aucune idée des forces en présence ni des enjeux. Le film n’est que citation perpétuelle et fan-service primaire. Les personnages, les planètes et environnements, la progression narrative... On va pas tout énumérer car on en aurait pour la nuit. A aucun moment on essaie d'insérer une once de nouveauté et on est vraiment face à un truc passéiste et rétrograde.
A un moment donné si c'est pour revoir l'épisode 4 bah revoyons le et puis basta. Voir Abrams se contenter de si peu est assez consternant. Sa mise en scène n'a pas d'ampleur et ne décolle jamais. Ce n'est pas l'usage d'une caméra dynamique, peut être pour s'opposer à Lucas qui filmait de manière plus posée qui changera quelque chose. Rien à faire quand il s'agit de filmer du plat, comme ce duel au sabre où il n'y a aucune chorégraphie et ou l'absence d'expérience ou d’entrainement martial des acteurs fait cruellement défaut.
Il y a quelques idées intéressantes comme le personnage de Kylo Ren enrôlé par le côté obscur et recherché par son père ou bien la retraite de Luke suite à son échec. Mais ce n'est jamais traité. Ren est écrit comme un adolescent en crise, qui se lamente devant le masque de Vador et se fait rosser par une novice du combat et Luke apparaît dans une banalité totale ( le dernier plan à l'hélicoptère c'est quoi cette horreur sérieux ? ). En parlant d'horreur que fout Max von Sydow ici ? Le pauvre s'est perdu dans l'hyperespace.
Les rares moments où l'émotion aurait pu être palpable sont désamorcés car Abrams se morfond dans la facilité et une nostalgie éprouvante.
"Star Wars 7" semble surtout avoir été fait dans un but mercantile et pour vendre des jouets, en témoigne le nouveau C-3PO affublé d'un bras rouge
Star Wars - Les Derniers Jedi (2017)
Star Wars: The Last Jedi
2 h 32 min. Sortie : 13 décembre 2017. Action, Aventure, Science-fiction
Film de Rian Johnson
Zoumion a mis 2/10.
Annotation :
Découverte.
Bon force est de reconnaître que si je n'ai pas aimé "Star Wars 7", il a une âme nostalgique qui semble être réelle et sincère, au moins pour Abrams. Le film de Johnson est quant à lui incroyablement prétentieux, égoïste et moche ( bourrer les décors et éléments de rouge ça n’a rien d'incroyable ).
Faire table rase du passé, prendre des risques en reconstruisant la légende quitte à froisser les fans. L'idée est louable mais encore une fois l'exécution est à la ramasse. Johnson accumule les mauvaises idées et se perd dans la mythologie qu’il détruit sans renouveler.
Cela crée déjà un problème de continuité puisque le réalisateur semble jeter à la poubelle tout ce qu'a voulu instaurer Abrams. Luke qui balance son sabre avec dédain, le suspense sur les parents de Rey qui n'aboutit à rien ( quid du flashback du 7 du coup )... Le pire reste le traitement infligé à Snoke qui est un gâchis absolu.
On remet en question les enseignements Jedi tout en revenant à un côté mystique de la Force qui faisait l'apanage de la trilogie originelle. On découvre alors plein de nouveaux pouvoirs mais c'est super mal amené. La seule fois où c'est crédible c'est sur le personnage de Snoke qui peut notamment connecter des êtres car on le définit comme surpuissant. Mais voir Leia voler dans l'espace ou Luke se projeter mentalement pour tromper Ren c'est ridicule.
Egratiner le personnage de Luke et rendre le récit moins manichéen pourquoi pas mais Mark Hamill est en roue libre totale, tout comme Carrie Fisher d'ailleurs. Triste hommage.
La relation Rey/Kylo Ren est pour le coup bien développée. J'aime bien l'idée de rapprocher deux personnages qui de prime semblent être bien opposés par leur rapport à la Force mais qui finalement ont des ressemblances. Ils gagnent tous deux en épaisseur et Ren devient bien badass, pas trop tôt !
Mais à côté de ça il faut se taper la relation Finn/Rose, soit potentiellement les personnages les plus chiants de la saga et une sous-intrigue nulle sur un plan qui n'aboutit à rien afin de désactiver un espèce de traceur. Il faut voir les personnages en parler ça n'a aucun sens. La séquence sur Canto Bight s'enchaine dans un bordel continu et une succession de deus ex machina. Il n'y a pas une idée de mise en scène dans cette séquence c'est le vide sidéral.
Globalement il n'y a aucune progression narrative et le film est d'une lenteur insupportable. Bref pour moi "Star Wars 8" est largement le moins bon opus de la saga, spin-off inclus.
Star Wars - L'Ascension de Skywalker (2019)
Star Wars: The Rise of Skywalker
2 h 21 min. Sortie : 18 décembre 2019 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de J.J. Abrams
Zoumion a mis 3/10.
Annotation :
Découverte.
Bon ben voilà la conclusion de cette nouvelle trilogie qui restera comme une débâcle et un camouflet total. Une trilogie faite sans réelle vision et avec un désintérêt remarquable. Quoiqu'on en dise, George Lucas aura manqué.
Faire revenir Abrams n'était sûrement pas la meilleure idée même si le bonhomme capte l'essence de la saga, le mélange entre aventure dépaysante et mythologie. Mais il passe son temps à démolir ce qui a été fait dans l'épisode 8, qui lui même démolissait le 7. Le réalisateur tente de raccrocher les wagons et de retrouver une cohérence mais ça ne marche jamais. On est encore une fois dans l'absurdité la plus totale.
Du coup les péripéties s'enchaînent à 200 km/h mais on ne prend jamais le temps de poser des enjeux ou tout simplement de filmer cet univers. C'est incohérences sur deus ex machina à gogo. On a l'impression d'être dans un parc d'attractions. Bon nombre de scènes font écho a la trilogie originelle mais avec un souffle et une portée aux antipodes de cette-dernière.
La seule réussite de cette postlogie à mon sens c'est la relation entre Rey et Kylo Ren ici poussée à son paroxysme et qui atteint un certain impact émotionnel.
Visuellement la production s'est lâchée et Abrams fait preuve de démesure et de gigantisme. La volonté de finir en apothéose est louable et à ce niveau quelques séquences font leur effet. Mais encore une fois il n'y a rien derrière. C'est du divertissement bas-de-plafond et la même soupe que Disney nous ressert depuis trop longtemps.
La Force est éteinte. Autre chose de "Star Wars" il aurait fallu faire.
Maigret (2022)
1 h 28 min. Sortie : 23 février 2022. Policier
Film de Patrice Leconte
Zoumion a mis 7/10.
Annotation :
Découverte.
La rencontre entre Depardieu, Leconte et Simenon avait tout d'une évidence et semblait être toute tracée. Cela faisait plus de 50 ans que le célèbre commissaire n'était plus apparu au cinéma en France et son retour peut paraître anachronique, empreint des vestiges d'un cinéma d'une autre époque. Pour autant cette anomalie fait du bien. Depardieu campe un Maigret tout en retenue, usé par la vie. L'acteur lui prête sa silhouette massive et sa voix meurtrie dans un rôle qui prend parfois des allures autobiographiques. Le commissaire est écrasé par le poids du temps, psychologiquement au bord du gouffre et il montre tout au long du film des signes de faiblesse. Il est essoufflé, ne mange que très peu et son médecin lui interdit même la pipe.
Le "Maigret" de Leconte est un film spectral, à l'image de cette robe de la victime tâchée de sang que l'on porte et qui semble flotter dans l'espace. C'est un film crépusculaire et sombre. Le personnage du commissaire est contrebalancé par une douceur et une attention paternelle qui se matérialisera sur cette jeune femme qui ressemble étrangement à la victime, et qui lui rappelle très certainement sa défunte fille qui aurait eu le même âge. Leconte glisse alors quelques subtiles références à Hitchcock notamment "Vertigo" dans cette recréation fétichiste d’un personnage. Une autre concerne le nom du brocanteur, Kaplan qui renvoie à "La Mort aux trousses". Cette relation sera aussi un moyen pour Leconte d'aborder l'exil des jeunes provinciales en quête de gloire et de ce rêve parisien.
Il se met alors en place une enquête atypique bien que classique dans les tenants et aboutissants. Les habitués du genre ne seront pas surpris au contraire. C'est davantage le déroulement qui diffère et qui est bien éloigné des canons du genre. Leconte capte habilement ce qui fait l'essence du personnage de Simenon. Quelqu'un que l'auteur ne considère pas comme spécialement intelligent mais qui est un pur intuitif. Pas de méthode scientifique ou procédurale, Maigret s'imprègne des personnages, de l'atmosphère et laisse le tout infuser. Pour l'anecdote c'est également comme cela que Simenon procédait.
Le film n'en devient que plus humain et les rapports entre les protagonistes plus intéressants. C'est surtout l'occasion de plonger corps et âme dans Maigret qui est bien l'intérêt principal du métrage, tel que le titre très sobre nous le prophétise. Depardieu est juste immense dans le rôle et réellement habité.
Un justicier dans la ville n° 2 (1982)
Death Wish II
1 h 28 min. Sortie : 10 mars 1982 (France). Thriller, Policier
Film de Michael Winner
Zoumion a mis 4/10.
Annotation :
Découverte.
Une suite bien moins intelligente et ambiguë que ne l'était le premier opus. On est ici dans l'archétype du film d'exploitation simpliste qui se repose sur ses lauriers. C'est une production Cannon donc rien d'étonnant.
Le film commence donc sur un postulat assez similaire au premier. Paul Kersey vit tranquillement à Los Angeles avec sa fille rescapée et sa nouvelle compagne ( Jill Ireland ) en coulant des jours heureux. Bien dommage à ce propos que le très bon dernier plan du premier volet ne soit pas exploité dans cet incipit puisque celui-ci suggérait clairement que Kersey allait continuer de jouer du flingue et défourailler de la racaille. Ce n'est pas ( pour l'instant ) le cas puisqu'on le présente bien rangé. Psychologiquement et scénaristiquement ce n'est pas cohérent et puis ça fait redite.
Mais bon il va quand même finir par se faire agresser, la bonne va se faire violer et tuer et sa fille qui est décidément née sous une mauvaise étoile se faire violer et se suicider. C'en est trop pour Kersey.
Le film est bien plus violent que son prédécesseur. Par exemple le viol de la bonne est filmé dans une crudité et une complaisance carrément malsaine, perso j'ai eu du mal. De même le traitement des exécutions est radicalement différent, à coup de punchlines. On abandonne le côté brut et frontal du premier et le résultat est parfois inconcevable ( la mort de Laurence Fishburne avec sa chaine hifi...)
On est d'ailleurs dans un pur revenge movie puisque Kersey traque exclusivement ses agresseurs. Il y a un côté cathartique là ou Kersey s'enfonçait initialement dans sa psychose. Il en résulte un manque de distanciation et le film est presque en train de cautionner cette vendetta. On ressent d'ailleurs une vraie fascination de Winner dans sa manière de filmer Bronson qui se transforme en un ange de la mort. On voit sa préparation, son rituel et sa tenue spécifique la nuit pour chasser va dans ce sens. Il est d'ailleurs la seule solution au problème de l'insécurité puisque la police ne sert à rien. Là ou elle était dépassée elle devient complice.
Reste qu'on peut éventuellement l'apprécier au second degré et savourer un plaisir coupable. Mais même comme ça c'est au final assez mou et anecdotique, il faut dire que Bronson n'était plus tout jeune à cette époque.