Cover Oliver Stone - Commentaires

Oliver Stone - Commentaires

Il y a quelque de chose de foncièrement sympathique chez Oliver Stone, qui donne envie de pardonner ses excès, ses maladresses, la lourdeur de son expression : une certaine idée du combat citoyen, ré-engagé de film en film, avec une fervente conviction. Souvent il en fait trop, mais parfois son ...

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11 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a 11 mois
Salvador
7.1

Salvador (1986)

2 h 02 min. Sortie : 21 mai 1986 (France). Drame, Guerre, Thriller

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le principe, popularisé notamment par "La Déchirure" de Joffé, était très prisé dans les années 80 : prendre deux globe-trotters (de préférence grands reporters) et les précipiter dans un coin du monde où sévissent les dérives atroces de la dictature et les horreurs de la guerre civile. Scénariste controversé de "Midnight Express", Stone a en quelque sorte pris les devants de son image jusqu’à trouver les réflexes d’une fiction de gauche à la Costa-Gavras. Face au découpage traditionnel (la politique de Reagan et son ennemi juré, œil de Moscou et de Cuba confondus), le journaliste renvoie ici à l’Amérique sa bonne conscience : la cartouche Croix Rouge, pacifiste et humanitaire, dans le feu des balles et des passions. La dénonciation est efficace, même si la forme n’est pas protégée des courants d’air du téléfilm plat.

Platoon
7.5

Platoon (1986)

2 h. Sortie : 25 mars 1987 (France). Drame, Guerre

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Du conflit le plus filmé du monde, Stone tire un exutoire rageur, halluciné, renfermé sur ce secret intime et intolérable selon lequel notre pire ennemi est nous-mêmes. Il applique ici sa conception viscérale du cinéma donnant au sujet traité la force d’un reportage brut, pris sur le vif, dont la vérité, l’épaisseur, la densité particulières tiennent à ce qu’il puise dans la douleur de sa propre expérience du Viêtnam : la boue, la fièvre, les charniers, l’horreur des corps-à-corps dans les embuscades, l’obscurité d’une jungle enténébrée par la pluie et la nuit. Brutale à la manière de Fuller, sans complaisance ni exhibitionnisme, l’œuvre agit tel un exutoire cathartique, et impose l’image implacable d’une guerre qui a transformé les hommes en bêtes fauves, mues par la peur, la sadisme et la perte des repères. Éprouvant.

Wall Street
6.9

Wall Street (1987)

2 h 06 min. Sortie : 10 février 1988 (France). Policier, Drame

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pour escalader les châteaux de la bourse, un petit courtier approche un trader grandiose qui jongle avec des millions pour le plaisir. La griserie ne durera qu’un temps. Sur un sujet aride, Stone bâtit un thriller financier éclairant par mouvements concentriques les mécanismes du système ultra-capitaliste. Héritier du cinéma américain réaliste et libéral des années cinquante, il organise la réflexion au travers d’un filmage nerveux, captivant, tenant davantage du suspense que du tract. Cette plongée fascinante dans les arcanes du dieu-dollar est une mise en accusation traversée par une colère saine et sincère, qui stigmatise avec conviction la cynique et insatiable course au profit de l’ère reaganienne, sur fond de conflit paternel et d’initiation faustienne. Le Gordon Gekko de Douglas est mémorable.
Top 10 Année 1987 :
http://lc.cx/UVy

Conversations nocturnes - Talk Radio
7

Conversations nocturnes - Talk Radio (1988)

Talk Radio

1 h 50 min. Sortie : 12 avril 1989 (France). Drame

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Lorsqu’il se focalise sur son sujet sans digression emphatique ni lyrisme ampoulé, le cinéaste est à son meilleur. Tel est le cas avec ce captivant exercice de mise en scène de la parole emballée qui, après "Wall Street", scanne l’Amérique des années 80 à travers le regard d’un rescapé des seventies. Circonscrit (à l’exception d’un flash-back plus faiblard) dans le bocal d’un studio, il donne du mouvement à un cadre en vase clos, joue avec les images comme son héros avec les mots, montre l’avilissement par les médias du commerce linguistique en communication passionnelle et agressive. Il dresse surtout le portrait équivoque d’un homme complexe, ambigu, dont l’anticonformisme ne va pas sans mauvaise foi, et dont l’effronterie, la faconde et la versatilité cynique traduisent une authentique inquiétude culturelle.

Né un 4 juillet
6.8

Né un 4 juillet (1989)

Born on the Fourth of July

2 h 25 min. Sortie : 21 février 1990 (France). Biopic, Drame, Guerre

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le traumatisme vietnamien est une nouvelle fois au centre de ce mélo costaud, contre-champ évident de "Platoon" : on n’est plus sur le champ de bataille mais du côté des blessés de guerre, vaincus délabrés du conflit rentrés le corps en compote et le cerveau méchamment désillusionné. Le cinéaste semble assumer un héritage un peu trop imposant pour lui (celui de "Voyage au bout de l’enfer"), visant la force primitive des grandes fresques américaines, plongeant sans aménité dans l’histoire de son pays et du cinéma hollywoodien. Mais si la sincérité et les intentions inattaquables du pamphlet antimilitariste ne font aucun doute, la main de l’auteur est souvent lourde pour figurer le parcours initiatique du héros, sa transformation des défaites en victoires personnelles et son accession finale au salut.

Les Doors
6.8

Les Doors (1991)

The Doors

2 h 20 min. Sortie : 30 avril 1991 (France). Biopic, Drame, Musique

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Indéniablement le réalisateur sait filmer (la foule, un groupe sur scène, récréer l’ambiance d’un concert). Il connaît également sur le bout des ongles tous les mécanismes dramatiques d’un scénario efficacement charpenté. Son principal problème, en revanche, est de trop croire en ces images-clés où la descente aux enfers psychédélique du héros, vecteur non seulement d’une génération mais d’une décennie, porterait à elle seule le mythe de la création, éculé comme les fonds de culotte d’un gamin de sixième, avec tout son attirail de romantisme dépravé, de décadence et d’obsession pour la mort. Si le style excessif et outrancier s’accorde à la fièvre tourmentée du sujet, on peut trouver ce biopic frénétique assez pénible de lourdeur explicative à force de trop coller aux clichés et aux stéréotypes.

JFK
7.5

JFK (1991)

3 h 09 min. Sortie : 29 janvier 1992 (France). Drame, Historique, Thriller

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Si l’art de Stone est ici à son apogée, il est également transcendé par un lyrisme fiévreux (quelle partition de Williams !), une extraordinaire ampleur éthique, un souffle vibrant qui lui confère les dimensions d’un réquisitoire fervent pour le droit à la vérité. Plein comme un œuf, sans cesse au bord de l’implosion, aussi haletant et excitant que le plus intense des thrillers, le film avance comme un bolide enflammé, bombarde les informations, réveille les consciences, suscite la réflexion – une réflexion orientée, marque d’un cinéaste engagé qui ne brandit jamais la bannière de l'objectivité. Trois heures durant, Stone scotche par la virtuosité enflammée de sa démonstration, dressant un portrait foisonnant des années soixante que n’aurait pas renié le James Ellroy d’"American Tabloid". Je suis un immense fan de ce film, que je connais par cœur.
Top 10 Année 1991 :
http://lc.cx/UPN

Tueurs nés
6.8

Tueurs nés (1994)

Natural Born Killers

1 h 58 min. Sortie : 21 septembre 1994 (France). Road movie, Policier, Thriller

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

En racontant la cavale sanglante puis l’évasion d’un couple d’ex-enfants martyrs, définis par leur incommensurable stupidité, le cinéaste accouche d’un hachis épuisant d’images subliminales et convulsives qui ne cesse d’agresser l’œil, de provoquer, de disjoncter jusqu’à l’overdose. Il tente en quelque sorte la synthèse entre les amphétamines (rythme et boulimie insatiable) et les hallucinogènes (surgissement permanent de visions venues du western au film de prison, des restes de "Bonnie et Clyde" à ceux des "Tueurs de la Lune de miel"). Il traite surtout sa croisade contre la décadence en déchaînant une sorte de pornographie audiovisuelle, à la stridence aussi constante qu’arbitraire, et dont l’outrance accentue la grossièreté démonstrative de la charge-bulldozer contre l’exploitation médiatique de la violence.

Nixon
6.7

Nixon (1996)

3 h 10 min. Sortie : 20 mars 1996 (France). Historique, Biopic

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’auteur multiplie jusqu’à la fantaisie les procédés formels de "JFK" et dresse un portrait kaléidoscopique, shakespearien et nuancé de l’une des figures politiques les plus controversées de l’histoire américaine. Si sa façon de raconter des histoires vraies de plus en plus fausses reste plus divertissante qu’un cours magistral, il semble perdre autant en efficacité qu’en mauvaise foi, partagé entre son dégoût pour le cynique réac qu’était Nixon et son admiration pour le côté paradoxalement incorruptible de ce loser infatigable. En résulte une fresque touffue, foisonnante, boursouflée mais non sans audace : les USA sont trop respectueux de leurs "grands hommes" pour qu’on boude celle consistant à peindre un petit-bourgeois médiocre, envieux et névrosé, qui fait payer au monde le prix de son "peu de réalité".

U-Turn, ici commence l'enfer
6.5

U-Turn, ici commence l'enfer (1997)

U-Turn

2 h 04 min. Sortie : 14 janvier 1998 (France). Thriller

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 3/10.

Annotation :

Les trous paumés de l’Amérique profonde sont autant de puits de cauchemar pour les citadins égarés, donc autant d’intarissables sources d’inspiration littéraires et cinématographiques. Entre western et polar noir, Stone charge la mule du thriller dégénéré et dépeint une communauté repliée sur elle-même, rendue monstrueuse par une déformation et une déréalisation systématiques de l’image et un parti pris de caricature grotesque des personnages. Si sa vanité est sans doute le prix de sa noirceur et de son dispositif, qui vise à décrire un processus de destruction de l’humain, il est tout aussi légitime de se sentir excessivement et gratuitement agressé par cet exercice de nihilisme poisseux, poussant les curseurs de l’hystérie formelle et du jeu de massacre cynique bien au-delà du raisonnable.

L'Enfer du dimanche
6.7

L'Enfer du dimanche (1999)

Any Given Sunday

2 h 42 min. Sortie : 12 avril 2000 (France). Drame, Sport

Film de Oliver Stone

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’enfer c’est les autres, musclors anabolisés occupant la moitié adverse du terrain : bienvenue dans l’arène sanglante du football américain. Le Stone déboulonneur des grandes institutions nationales s’attaque ici au monde féroce du sport, de ses dirigeants et de ses joueurs (des gladiateurs des temps modernes) avec une hargne boulimique qui confère une indéniable puissance de feu à l’ensemble. Si le scénario creuse le sillon bourrin d’une critique convenue et moralisatrice, le bruit et la fureur d’une mise en scène en état de furie incandescente et la virulence avec laquelle l’auteur dévoile les coulisses peu reluisantes d’un milieu gangrené par le cynisme, le fric, la pub, la drogue et la course à la gloire laissent groggy. À condition d’aimer les rouleaux compresseur, celui-ci remplit largement son office.

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