14 livres
créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a plus d’un anL'Archangélique et autres poèmes (1944)
Sortie : 1944 (France). Poésie
livre de Georges Bataille
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
Je bois dans ta déchirure
et j'étale tes jambes nues
je les ouvre comme un livre
où je lis ce qui me tue
L'Ombilic des limbes (1925)
suivi de Le Pèse-nerfs et autres textes
Sortie : 23 juillet 1925. Poésie
livre de Antonin Artaud
Dix-Its a mis 8/10.
Annotation :
"Sous cette croûte d’os et de peau, qui est ma tête, il y a une constance d’angoisses, non comme un point moral, comme les ratiocinations d’une nature imbécilement pointilleuse, ou habitée d’un levain d’inquiétudes dans le sens de sa hauteur, mais comme une (décantation)
à l’intérieur,
comme la dépossession de ma substance vitale,
comme la perte physique et essentielle
(je veux dire perte du côté de l’essence)
d’un sens."
"Un grand froid, une atroce abstinence, les limbes d'un cauchemar d'os et de muscles, avec le sentiment des fonctions stomacales qui claquent comme un drapeau dans les phosphorescences de l'orage. Images larvaires qui se poussent comme avec le doigt et ne sont en relations avec aucune matière.
......Je suis homme par mes mains et mes pieds, mon ventre, mon coeur de viande, mon estomac dont les noeuds me rejoignent à la putréfaction de la vie.
......On me parle de mots, mais il ne s'agit pas de mots, il s'agit de la durée de l'esprit. Cette écorce de mots qui tombe, il ne faut pas s'imaginer que l'âme n'y soit pas impliquée. A côté de l'esprit il y a la vie, il y a l'être humain dans le cercle duquel cet esprit tourne, relié avec lui par une multitude de fils..."
"Pour exister il suffit de se laisser aller à être,
mais pour vivre,
il faut être quelqu’un,
pour être quelqu’un,
il faut avoir un os,
ne pas avoir peur de montrer l’os,
et de perdre la viande en passant.
L’homme a toujours mieux aimé la viande
que la terre des os.
C’est qu’il n’y avait que de la terre et du bois d’os,
et il lui a fallu gagner sa viande,
il n’y avait que du fer et du feu
et pas de merde,
et l’homme a eu peur de perdre la merde
ou plutôt il a désiré la merde
et, pour cela, sacrifié le sang.
Pour avoir de la merde,
c’est-à-dire de la viande,
là où il n’y avait que du sang
et de la ferraille d’ossements
et où il n’y avait pas à gagner d’être
mais où il n’y avait qu’à perdre la vie."
----------------------> (Pour en finir avec le jugement de Dieu)
Poèmes
Sortie : 1963 (France). Poésie
livre de Emily Brontë
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
Je viendrai quand tu connaîtras la pire angoisse,
Allongé, seul, dans la chambre assombrie,
La folle joie de la journée évanouie
Et l’heureux sourire banni
Des ténèbres glacées du soir.
Je viendrai quand le vrai sentiment de ton coeur
Régnera pleinement, sans rien pour le gauchir,
Et que mon influence, se glissant en toi,
Aggravant la désolation, gelant la joie,
Emportera ton âme.
Ecoute : voici l’heure, voici
Pour toi le moment redoutable;
Ne sens-tu pas déferler sur ton âme
Un flot d’étranges sensations,
Signes avant-coureurs d’un plus rude pouvoir,
Hérauts de mon avènement?
Fêtes galantes / Romances sans paroles (1863)
précédé de Poèmes saturniens
Sortie : 1863 (France). Poésie
livre de Paul Verlaine
Dix-Its a mis 8/10.
Annotation :
Un vieux faune de terre cuite
Rit au centre des boulingrins,
Présageant sans doute une suite
Mauvaise à ces instants sereins
Qui m'ont conduit et t'ont conduite,
Mélancoliques pèlerins,
Jusqu'à cette heure dont la fuite
Tournoie au son des tambourins.
Les Campagnes hallucinées · Les Villes tentaculaires (1893)
Sortie : 1893 (France). Poésie
livre de Emile Verhaeren
Dix-Its a mis 10/10.
Annotation :
Brisez-leur pattes et vertèbres,
Chassez les rats, les rats.
Et puis versez du froment noir,
Le soir,
Dans les ténèbres.
Jadis, lorsque mon coeur cassa,
Une femme le ramassa
Pour le donner aux rats.
- Brisez-leur pattes et vertèbres.
Souvent je les ai vus dans l'âtre,
Taches d'encre parmi le plâtre,
Qui grignotaient ma mort.
- Brisez-leur pattes et vertèbres.
L'un d'eux, je l'ai senti
Grimper sur moi la nuit,
Et mordre encor le fond du trou
Que fit, dans ma poitrine,
L'arrachement de mon coeur fou.
- Brisez-leur pattes et vertèbres.
Ma tête à moi les vents y passent,
Les vents qui passent sous la porte,
Et les rats noirs de haut en bas
Peuplent ma tête morte.
- Brisez-leur pattes et vertèbres.
Car personne ne sait plus rien.
Et qu'importent le mal, le bien,
Les rats, les rats sont là, par tas,
Dites, verserez-vous, ce soir,
Le froment noir,
A pleines mains, dans les ténèbres ?
Poésies · Une saison en enfer · Illuminations (1873)
Sortie : 7 mars 1973 (France). Poésie
livre de Arthur Rimbaud
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
Le sang païen revient ! L'Esprit est proche, pourquoi Christ ne m'aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté. Hélas ! l'Évangile a passé ! l'Évangile ! l'Évangile.
J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité.
Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, — comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux.
Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'œil furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé.
Maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la grève.
Les Poètes du Chat Noir (1996)
Sortie : juin 1996 (France). Poésie, Conte
livre de Collectif et André Velter
Dix-Its a mis 8/10.
Annotation :
L’anus profond de Dieu s’ouvre sur le Néant,
Et, noir, s’épanouit sous la garde d’un ange.
Assis au bord des cieux qui chantent sa louage,
Dieu fait l’homme, excrément de son ventre géant.
Pleins d’espoir, nous roulons vers le sphincter béant
Notre bol primitif de lumière et de fange ;
Et, las de triturer l’indigeste mélange,
Le Créateur pensif nous pousse en maugréant.
Un être naît : salut ! Et l’homme fend l’espace
Dans la rapidité d’une chute qui passe :
Corps déjà disparu sitôt qu’il apparaît.
C’est la Vie : on s’y jette, éperdu, puis on tombe ;
Et l’Orgue intestinal souffle un adieu distrait
Sur ce vase de nuit qu’on appelle la tombe.
Edmond Haraucourt
Les Fleurs du mal (1857)
Sortie : 25 juin 1857. Poésie
livre de Charles Baudelaire
Dix-Its a mis 8/10.
Annotation :
Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde,
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
Poésies complètes (1461)
Sortie : 1461 (France). Poésie
livre de François Villon
Dix-Its a mis 7/10.
Annotation :
Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Chault comme feu et tremble dent a dent,
En mon pays suis en terre loingtaine,
Lez ung brasier frisonne tout ardent,
Nu comme ung ver, vestu en president,
Je riz en pleurs et attens sans espoir,
Confort reprens en triste desespoir,
Je m'esjoys et n'ay plasir aucun,
Puissant je suis sans force et sans pouoir,
Bien recueully, debouté de chascun.
Le Mariage du Ciel et de l'Enfer (1793)
(version bilingue - Traduction Jacques Darras)
Sortie : 1793 (France). Poésie
livre de William Blake
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
Tandis que je marchais parmi les flammes de l’Enfer, et faisais mes délices du ravissement du génie, que les Anges considèrent comme tourment et folie, je recueillis quelques-uns de leurs Proverbes ; car de même que les dictons en usage chez un peuple portent la marque du caractère de celui-ci, j’ai pensé que les Proverbes de l’Enfer manifestent la nature de la Sagesse Infernale, mieux qu’aucune description d’édifices ou de vêtements.
Quand je revins chez moi, sur l’abîme de mes cinq sens, là où un plateau surplombe abruptement le présent monde, je vis un puissant Démon enveloppé de nuages noirs, planant au-dessus des parois du roc : avec de corrodantes flammes il écrivit la sentence suivante, à présent perçue par les cerveaux des hommes et lue par eux sur la terre :
Borné par tes cinq sens, ne comprends-tu donc pas
Que le moindre oiseau qui fend l’air
Est un immense monde de délices ?
Poèmes barbares (1862)
Sortie : 1862. Poésie
livre de Leconte De Lisle
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
Un monde mort, immense écume de la mer,
Gouffre d’ombre stérile et de lueurs spectrales,
Jets de pics convulsifs étirés en spirales
Qui vont éperdument dans le brouillard amer.
Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer
Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales,
Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles
Qu’un vent sinistre arrache à son clairon de fer.
Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces,
Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races,
Congelés dans leur rêve et leur lividité ;
Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques,
Çà et là, balançant leurs cous épileptiques,
Ivres et monstrueux, bavent de volupté.
La vie l'amour la mort le vide et le vent
Sortie : 1933 (France). Poésie
livre de Roger Gilbert-Lecomte
Dix-Its a mis 9/10.
Annotation :
"J'ai refermé sur moi la porte étroite et lourde
J'avais sur mon cœur marqué d'un fer rigide
La trace éphémère de nos derniers soupirs,
J'ai regardé le ciel.
Les divinités sourdes
Ont fermé leur épouvantable et lent cortège
Pour s'asseoir et pour dire
«Cessez un instant de pleurer!
Battez-vous
La guerre c'est ce métal qui coule et redore
Sur les fonts baptismaux d'une auréole nouvelle
Les trop fidèles espoirs
De vos muscles de pierres —
Nous tresserons pour vous des guirlandes de fleurs
Mais vous irez mourir au-delà des colonnes
Dans des retraits profonds
Et des vallées rougies.
Où dorment des serpents
Dont les anneaux meurtris au sépulcre des
Vôtres —
Vous marquerez l'infini
D'un doigt toujours malsain
Dressé vers l'infortune ».
Mais je me suis tourné vers eux
Pour leur cracher au visage
Sans craindre leur bave.
Adieu, les dieux."
"Je suis né comme un vieux
Je suis né comme un porc
Je suis né comme un dieu
Je suis né comme un mort
Ou ne valant pas mieux
J'ai joui comme un porc
J'ai joui comme un vieux
J'ai joui comme un mort
J'ai joui comme un dieu
Sans trouver cela mieux
J'ai souffert comme un porc
J'ai souffert comme un vieux
J'ai souffert comme un mort
J'ai souffert comme un dieu
Et je n'en suis pas mieux
Je mourrai comme un vieux
Je mourrai comme un porc
Je mourrai comme un dieu
Je mourrai comme un mort
Et ce sera tant mieux"
Crépuscule et déclin
suivi de Sébastien en rêve et autres poèmes
Sortie : 15 octobre 1990 (France). Poésie
livre de Georg Trakl
Dix-Its a mis 10/10.
Annotation :
Délirium
"La neige noire, celle qui s’écoule des toits ;
Un doigt rouge plonge dans ton front
Dans la chambre nue coulent au fond des névés bleus,
ils sont les miroirs défunts des amants.
En morceaux lourds éclate la tête et cherche le sens
des ombres dans le miroir des névés bleus.
Au sourire glacial d’une jeune fille morte.
Dans des parfums d’œillets pleure le vent du soir"