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Cover Passages Littéraires

Passages Littéraires

Ce que j'aime retenir des bouquins, ou ce qui me percute.
Liste totalement subjective.
Mais c'est normal, vu que c'est moi qui l'ai faite..

Liste de

19 livres

créée il y a presque 11 ans · modifiée il y a plus de 8 ans
Le Petit Prince
7.8

Le Petit Prince (1943)

Sortie : 1943 (France). Conte, Jeunesse

livre de Antoine de Saint-Exupéry

Agathe_A_ a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

- Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie apprivoiser ?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "créer des liens.."
- Créer des liens ?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..

[...]

- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

Le Droit à la paresse
7.2

Le Droit à la paresse (1880)

Réfutation du « Droit au travail » de 1848

Sortie : 1883 (France). Essai, Politique & économie

livre de Paul Lafargue

Agathe_A_ a mis 8/10.

Annotation :

Avant-propos : "La morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d'anathème la chair du travailleur ; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve ni merci."

Citation de Cherbuliez (économiste) : "Les travailleurs eux-mêmes, en coopérant à l'accumulation des capitaux productifs, contribuent à l'évènement qui, tôt ou tard, les privera d'une partie de leur salaire."

Citation du Révérend Townshend : "Travaillez, travaillez nuit et jour ; en travaillant vous faîtes croître votre misère, et votre misère nous dispense de vous imposer le travail par la force de la loi."

Lafargue : "Travaillez, travaillez, prolétaires, pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles, travaillez, travaillez, pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables."

Les Chiens de garde
7.6

Les Chiens de garde (1932)

Sortie : 1932 (France). Essai

livre de Paul Nizan

Annotation :

Préface de Serge Halimi : "Vient un jour où les déclassés d'avance se métamorphosent en rebelles pour ne pas mourir désespérés."

"Qu'eut-il écrit sur nos intellectuels sans œuvres, ceux qui, jouant aux philosophes, se sont installés dans le champ médiatique pour monnayer le crédit consenti à l'intelligence, raffermir la puissance des puissants et éterniser l'ordre des choses ?"

Nizan, La Conspiration : "L'homme n'a jamais rien produit qui témoignât en sa faveur de des actes de colère : son rêve le plus singulier est sa principale grandeur ; renverser l'irréversible."

Sartre à propos de Nizan : "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les."

Vol au-dessus d'un nid de coucou
8.2

Vol au-dessus d'un nid de coucou (1962)

One Flew Over the Cuckoo's Nest

Sortie : 1963 (France). Roman

livre de Ken Kesey

Agathe_A_ a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

«  Je me tais depuis si longtemps que je vais tout lâcher comme un torrent furieux. Seigneur ! On dira que le gars qui raconte ça a des visions, qu'il débloque. On croira que c'est trop affreux pour que ce soit réellement arrivé, trop horrible pour être vrai. Mais, s'il vous plaît, croyez-moi ! Aujourd'hui encore, il m'est difficile de garder l'esprit clair quand j'y pense. Mais c'est la vérité. Même si ce n'est pas arrivé. »

« L'autre côté de la salle est réservé au rebut du Système : les Chroniques. Ceux-là, ce n'est pas seulement pour les mettre hors d'état de nuire qu'ils sont à l'hôpital : c'est pour les empêcher d'aller et venir librement car il jetteraient alors le discrédit sur le Système dont ils sont le produit. De l'aveu même du personnel médical, les Chroniques sont ici pour de bon. On les divise en trois catégories : les Circulants, comme moi, qui sont encore capables de se déplacer si on les nourrit, les Brouettes et les Légumes. Les Chroniques – pour la plupart – ne sont ni plus ni moins que des machines présentant des malfaçons irréparables, des vices de constitution ou des fêlures qui sont venues de ce que, pendant des années, le type s'est jeté la tête la première contre les obstacles, de sorte que, lorsque l'hôpital l'a découvert, il pourrissait sous la rouille dans quelque terrain vague.
Mais on compte aussi parmi les Chroniques des victimes d'anciennes erreurs de l'hôpital : il y a des patients qui étaient classés Aigus à leur arrivée et qui ont changé de catégorie. Ellis, par exemple, est un ex-Aigu qui a été affreusement bousillé quand il est passé à la Casserole, comme disent les moricauds pour parler de cette saloperie de machine à décerveler. A présent, Ellis est collé au mur dans l'attitude qu'il avait le jour où ils l'ont enlevé de la table : les mains ouvertes au bout de ses bras en croix, les traits figés dans une immuable expression d'horreur. Comme un trophée de chasse accroché à la cloison. »

« Harding est toujours aussi pâle mais il contrôle de nouveau ses mains qui voltigent mollement devant lui comme pour rejeter les paroles de McMurphy.
- Miss Ratched, cette femme que nous aimons, cet ange de miséricorde, si douce, si souriante - « une croqueuse de couilles » ? Voyons, mon ami ! Qu'est ce que vous racontez-là !
- Ca prend pas avec moi, le truc de la sainte mère, mon pote. Une mère ? Moi, je veux bien. Mais grosse comme une maison, la garce, et dure comme une lame.»

Les Essais
7.6

Les Essais (1595)

Sortie : 1595 (France). Essai, Philosophie

livre de Michel de Montaigne

Annotation :

De l'amitié, Livre I, chapitre XXVIII
(à propos de La Boétie)

"Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi."

"Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant; et les plaisirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte.
Nous étions à moitié de tout; il me semble que je lui dérobe sa part. J'étais déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout qu'il me semble ne plus être qu'à demi..."


Sur la Mort.
Livre I, chapitre XX "Que philosopher c'est apprendre à mourir"

"Le but de notre carrière c'est la mort, c'est l'objet nécessaire de notre visée : si elle nous effraie, comment est-il possible d'aller un pas en avant sans fièvre?"

"Si c'était ennemi qu'on se peut éviter, je conseillerai d'emprunter les armes de la couardise. Mais puisqu'il ne se peut, puisqu'il vous attrape fuyant et poltron aussi bien qu'honnête homme [...], apprenons à le soutenir de pied ferme et à le combattre."

"Il est incertain où la mort nous attende; attendons-la partout."

"La mort ne vous concerne ni mort ni vif; vif parce que vous êtes, mort parce que vous n'êtes plus."

".. Que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et encore plus de mon jardin imparfait."

Des cannibales
7

Des cannibales (1580)

Sortie : 1580 (France). Essai

livre de Michel de Montaigne

Agathe_A_ a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Parlant des "sauvages" :

"C'est une nation, dirai-je à Platon, en laquelle il n'y a aucune espèce de trafic ; nulle connaissance des lettres ; nulle science des nombres ; nul nom de magistrat ni de supériorité politique ; nul usage de services, de richesse ou de pauvreté ; nuls contrats.. [...] Les paroles mêmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l'avarice, l'envie, la détraction, le pardon, inouïes."


"Ils n'ont pu imaginer (les Anciens) une naïveté si pure et simple [...] ni n'ont pu croire que notre société se peut maintenir avec si peu d'artifice et de soudure humaine."


"Que jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveugles aux nôtres."


"La vaillance c'est la fermeté, non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l'âme."

"Les plus vaillants sont souvent les plus infortunés."

".. consiste l'honneur de la vertu à combattre, non à battre."


"Tout cela ne va pas trop mal : mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausse."

L'Ombre du vent
7.7

L'Ombre du vent (2001)

Le Cimetière des livres oubliés, tome 1

La Sombra del viento

Sortie : 2004 (France). Roman

livre de Carlos Ruiz Zafón

Agathe_A_ a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Daniel :
"Un secret vaut ce que valent les personnes qui doivent le garder."

"Si j'avais pris le temps de réfléchir un peu, j'aurais compris que ma dévotion pour Clara n'était qu'une source de souffrance. Mais je ne l'en adorais que plus, à cause de cette éternelle stupidité qui nous pousse à nous accrocher à ceux qui nous font du mal."


FERMIN :
"- L'homme, en bon simien, est un animal social, et ce qui prime en lui c'est le copinage, le népotisme, le piston et le commérage comme mesure intrinsèque de comportement éthique, argumentait-il. C'est purement biologique.
- C'est méprisable.
- Quel plouc vous faites parfois, Daniel."

"- La télévision est l'Antéchrist mon cher Daniel, et je vous dis, moi, qu'il suffira de 3 ou 4 générations pour que les gens ne sachent même plus lâcher un pet pour leur compte et que l'être humain retourne à la caverne, à la barbarie médiévale et à l'état d'imbécilité que la limace avait déjà dépassé au Pléistocène. Ce monde ne mourra pas d'une bombe atomique, comme le disent les journaux, il mourra de rire, de banalité, en transformant tout en farce et, de plus, en mauvaise farce."

"- Le destin attend toujours au coin de la rue. Comme un voyou, une pute ou un vendeur de loterie : ses trois incarnations favorites. Mais il ne vient pas vous démarcher à domicile. Il faut aller à sa rencontre."


Re-Daniel :
"Je me vis alors dans ses yeux : un garçon transparent qui croyait avoir conquis le monde en une heure et qui ne savait pas encore qu'il pouvait le perdre en une minute."


Témoignage :
"Julian m'avait affirmé un jour que l'auteur s'écrit à lui-même pour se dire des choses qu'il ne pourrait comprendre autrement. Depuis longtemps, Julian se demandait s'il avait perdu la raison. Le fou a-t-il conscience d'être fou ? Ou les fous sont-ils les autres, ceux qui s'acharnent à le convaincre de son égarement pour sauvegarder leur propre existence chimérique ?"

L'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes
7.1

L'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes (1999)

Sortie : 1999 (France). Essai, Culture & société

livre de Jean-Claude Michéa

Agathe_A_ a mis 7/10.

Annotation :

".. les présents progrès de l'ignorance, loin d'être l'effet d'un dysfonctionnement regrettable de notre société, sont devenus au contraire une condition nécessaire de sa propre expansion."


(après avoir mentionné le club fermé, le Siècle)
"Au train où vont les choses, ce dont les citoyens auront bientôt besoin pour découvrir les décisions qui sont prises en leur nom, ce n'est plus d'esprits curieux mais bel et bien d'agents secrets."


Citation de David Hume :
"Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure à mon doigt."


".. la transmission coûteuse de savoirs réels [...] tout comme l'apprentissage des comportements civiques élémentaires ou même, tout simplement, l'encouragement à la droiture et à l'honnêteté n'offrent ici aucun intérêt pour le système, et peuvent même représenter, dans certaines circonstances politiques, une menace pour sa sécurité."

La Ferme des animaux
7.8

La Ferme des animaux (1945)

(traduction Jean Queval)

Animal Farm

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de George Orwell

Agathe_A_ a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Malabar, qui maintenant pouvait méditer à loisir, exprima le sentiment général : "Si c'est le camarade Napoléon qui l'a dit, ce doit être vrai." Et, de ce moment, en plus de sa devise propre : "Je vais travailler plus dur", il prit pour maxime : "Napoléon ne se trompe jamais." "


Brille-Babil :
"Vous avez entendu dire, camarades, que nous, les cochons, dormons maintenant dans les lits de la maison ? Et pourquoi pas ? Vous n'allez tout de même pas croire à l'existence d'un règlement qui proscrive les lits ? Un lit, ce n'est jamais qu'un lieu pour dormir. L'interdiction porte sur les draps, lesquels sont d'invention humaine. [...] Vous ne voudriez pas nous ôter le sommeil réparateur, hein, camarades ? Vous ne voudriez pas que nous soyons exténués au point de ne plus faire face à la tâche ? Sans nul doute, aucun de vous ne désire le retour de Jones ?"
Les animaux le rassurèrent sur ce point et ainsi fut clos le chapitre des lits. Et nulle contestation non plus lorsque, quelques jours plus tard, il fut annoncé qu'à l'avenir les cochons se lèveraient une heure plus tard que les autres."


"Suivant du regard le versant du coteau, les yeux de Douce s'embuaient de larmes. Eut-elle été à même d'exprimer ses pensées, alors elle aurait dit : mais ce n'est pas là ce que nous avions entrevu, quand, des années plus tôt, nous avions en tête de renverser l'espèce humaine.
Ces scènes d'épouvante et ces massacres, ce n'était pas ce que nous avions appelé de nos vœux la nuit où Sage l'Ancien avait exalté en nous l'idée du soulèvement. Elle-même ce fût-elle fait une image du futur, ç'aurait été celle d'une société d'animaux libérés de la faim et du fouet : ils auraient été tous égaux, chacun aurait travaillé suivant ses capacités, le fort protégeant le faible, comme elle avait protégé de sa patte la couvée de canetons, cette nuit-là où Sage l'Ancien avait prononcé son discours.
Au lieu de quoi - elle n'aurait su dire comment c'était arrivé - des temps sont venus où personne n'ose parler franc, où partout grognent des chiens féroces, où l'on assiste à des exécutions de camarades dévorés à pleines dents après avoir avoué des crimes affreux. Il ne lui venait pas la moindre idée de révolte ou de désobéissance."

Les Enfants terribles
7.3

Les Enfants terribles (1929)

Sortie : 1929 (France). Roman

livre de Jean Cocteau

Agathe_A_ a mis 8/10.

Annotation :

"Surtout il fallait, coûte que coûte, revenir à cette réalité de l'enfance, réalité grave, héroïque, mystérieuse, que d'humbles détails alimentent et dont l'interrogatoire des grandes personnes dérange brutalement la féerie."


"Car c'était bien un chef-d’œuvre que créaient ces enfants, un chef-d’œuvre qu'ils étaient, où l'intelligence ne tenait aucune place et qui tirait sa merveille d'être sans orgueil et sans but."


"Enfin, sous le regard mouillé, fendu, sublime d’Élisabeth, il se couchait, se bordait, essayait des poses de nuques, n'hésitait pas à se relever et à rouvrir les draps, lorsque l'intérieur du lit ne répondait pas exactement à son idéal de confort.
Cet idéal une fois atteint, aucune puissance ne l'aurait délogé de sa place. Il faisait plus que se coucher, il s'embaumait ; il s'entourait de bandelettes, de nourritures, de bibelots sacrés ; il partait chez les ombres."


"Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d'un monde pluriel qui les expulse. On s'angoisse de la vitesse acquise par le cyclone où respirent ces âmes tragiques et légères. Cela débute par des enfantillages ; on y voit d'abord que des jeux."


"Les drogues procèdent par périodes et changent le décor. Ce changement de décor, ces différents stades d'un cycle de phénomènes, ne se produisent pas d'un seul coup. Le passage est insensible et provoque une zone intermédiaire de désarroi. Les choses se meuvent à contresens pour former de nouveaux dessins."

La Difficulté d'être
7.4

La Difficulté d'être (1947)

Sortie : 1947 (France). Essai

livre de Jean Cocteau

Agathe_A_ l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

Préface :
"J'en pleurerai. Pas de ma maison ni de l'avoir attendue. D'avoir dit trop de choses à dire et pas assez de celles à ne pas dire. En fin de compte tout s'arrange, sauf la difficulté d'être, qui ne s'arrange pas."

De la conversation.
"J'ai toujours eu les cheveux plantés en plusieurs sens, et les dents, et les poils de la barbe. Or les nerfs de toute l'âme doivent être plantés comme cela. C'est ce qui me rend insoluble aux personnes qui sont plantées en un seul sens et ne peuvent concevoir une touffe d'épis. C'est ce qui déroute ceux qui pourraient me débarrasser de cette lèpre mythologique. Ils ne savent par quel bout me prendre.
Ce désordre organique m'est une sauvegarde parce qu'il éloigne de moi les inattentifs. J'en tire aussi quelques avantages. Il me donne de la diversité, du contraste, une vitesse à pencher soit d'un côté, soit de l'autre, selon que tel ou tel objet me sollicite, et à me remettre d'aplomb.
Certes, il rend mon dogme obscur, ma cause difficile à défendre."

Opium
7.8

Opium (1930)

Journal d'une désintoxication

Sortie : 1930 (France). Correspondance

livre de Jean Cocteau

Agathe_A_ a mis 8/10.

Annotation :

Première page :
"Ces dessins et ces notes datent de la clinique de St-Cloud. Ils s'adressent aux fumeurs, aux malades, aux amis inconnus que les livres recrutent et qui sont la seule excuse d'écrire. [...]
Je relate une désintoxication : blessure au ralenti. [...]
Sans doute m'accusera-t-on de manquer de tenue. Je voudrais bien manquer de tenue. C'est difficile. Le manque de tenue est le signe du héros."

"Moraliser l'opiomane c'est dire à Tristan : "Tuez Iseut, vous irez beaucoup mieux !"

"L'opium ne supporte pas les adeptes impatients, les gâcheurs. Il s'en écarte, leur laisse la morphine, l'héroïne, le suicide, la mort."

"Si vous entendez dire : "X.. s'est tué en fumant de l'opium." sachez que c'est impossible, que cette mort cache autre chose."

"Le drame de l'opium n'est autre à mes yeux que le drame du confort et de l'inconfort. Le confort tue. L'inconfort crée. Je parle de l'inconfort matériel et spirituel."

"Vivre est une chute horizontale."

"A la longue, la souffrance nous donne l'éveil et signale nombre de pièges. Mais, à moins d'un refus de vivre insipide, il faut accepter certains pièges, malgré la certitude qu'ils comportent des suites funestes. La sagesse est d'être fou lorsque les circonstances en valent la peine."

"On voudrait un peu faire fumer Hugo. Rien n'a manqué à Victor Hugo sauf d'être malade. Je me trompe. Sa maladie faisait sa gloire. Il était fou. D'abord mégalomane, ensuite devenu fou."

"Dire d'un fumeur en état continuel d'euphorie qu'il se dégrade, revient à dire du marbre qu'il est détérioré par Michel-Ange, de la toile qu'elle est tâchée par Raphaël, du papier qu'il est salit par Shakespeare, du silence qu'il est rompu par Bach."

"Puisque la science ne sait pas désunir les principes curatifs et destructeurs de l'opium, il faut bien que je m'incline. Jamais je n'ai regretté plus profondément de n'avoir pas été poète et médecin, comme Apollon."

Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais
7.2

Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais (1822)

Confessions of an English Opium-Eater

Sortie : 1822 (Royaume-Uni). Autobiographie & mémoires

livre de Thomas de Quincey

Agathe_A_ a mis 8/10.

Annotation :

".. l'expansion donnée par l'opium aux sentiments les plus doux, loin d'être un accès de fièvre, ne semble qu'un retour à cet état naturel d'un cœur bon et juste, que la douleur seule a endurci en le déchirant."

".. la principale distinction consiste en ceci, que toujours le vin dérange les facultés mentales, et que l'opium (s'il est pris comme il doit l'être), loin de les altérer, y apporte l'ordre et l'harmonie."

L'Art d'avoir toujours raison
7.4

L'Art d'avoir toujours raison (1830)

(traduction Aurélia Grandin)

Eristische Dialektik

Sortie : 1864 (France). Essai, Philosophie

livre de Arthur Schopenhauer

Agathe_A_ a mis 7/10.

Annotation :

"L'intérêt de la vérité, qui doit pourtant être, dans la plupart des cas, l'unique motif de l'affirmation de la thèse probablement juste, cède désormais la partie à l'intérêt de la vanité."

".. nous sommes presque contraints, et en tout cas facilement tentés de faire preuve de déloyauté dans la controverse. De cette manière nous portons alternativement secours à la faiblesse de notre intelligence et à la perversité de notre volonté."

Les ressources de son argumentation :
"Chacun les recevra de son astuce et de sa perversité naturelle."

"Les jugements faux sont innombrables, les conclusions fausses extrêmement rares."

"Distinction et division entre la vérité objective d'une proposition et l'art de persuader de sa vérité, ou de s'assurer l'approbation d'autrui."

"Car ce qui importe ce n'est pas la vérité mais le triomphe."

"La plupart des gens pensent, avec Aristote : ce qui semble juste à beaucoup, nous disons que c'est vrai. Et il n'est pas d'opinion, si absurde qu'elle soit, dont les hommes ne s'emparent avec empressement dès qu'on a pu les persuader que cette opinion est communément reçue. L'exemple agit sur leurs pensées comme sur leurs actes. Ce sont des moutons de Panurge, qui suivent le bélier de tête, où qu'il les mène : il leur est plus facile de mourir que de penser."

"Bref : rares sont ceux qui peuvent penser, mais tous veulent avoir des opinions et que leur reste-t-il d'autre que de les emprunter toutes cuites à autrui, au lieu de se les former eux-mêmes ?"

"Le plus souvent, une once de volonté pèse plus lourd qu'un quintal d'intelligence et de convictions."

Citation de Hobbes :
"Toute volupté de l'esprit, toute bonne humeur provient de ce qu'on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même."

"Les hommes ne tiennent à rien tant qu'à se délecter de leur vanité, ni ne sont blessé par rien plus que de la voir offensée. Cette délectation de la vanité naît principalement de ce que l'on se compare avec d'autres, à tous points de vue, mais principalement celui des capacités intellectuelles."

Le Songe d'une nuit d'été
7.8

Le Songe d'une nuit d'été (1600)

(traduction Jean-Michel Déprats)

A Midsummer Night's Dream

Sortie : 27 mars 2003 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Agathe_A_ a mis 8/10.

Annotation :

Acte Ier – Scène 1

- HELENE

« L’amour peut transformer les objets les plus vils, le néant même, et leur donner de la grâce et du prix.
L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’âme ; et voilà pourquoi l’ailé Cupidon est peint aveugle ; l’âme de l’amour n’a aucune idée de jugement : des ailes, et point d’yeux, voilà l’emblème d’une précipitation inconsidérée ; et c’est parce qu’il est si souvent trompé dans son choix, qu’on dit que l’Amour est un enfant. Comme les folâtres enfants se parjurent dans leurs jeux, l’enfant amour se parjure en tous lieux. »


Acte III

- BOTTOM
(le personnage de leur pièce se tue à la fin et cela risque d'effrayer les dames)

« Écrivez-moi un prologue, et que ce prologue ait l’air de dire que nous ne ferons aucun mal avec nos épées, et que Pyrame n’est pas tué tout de bon ; pour plus grande assurance, dites-leur que moi, qui fais Pyrame, je ne suis pas Pyrame, mais Bottom le tisserand : cela les rassurera tout à fait contre la peur. »


Acte V – scène 1

- LE PROLOGUE

« Si nous déplaisons, c’est avec notre bonne volonté ; il faut que vous pensiez que nous ne venons pas pour offenser, mais par notre bonne volonté, vous montrer notre simple savoir-faire, voilà le véritable commencement de notre fin. Considérez donc que nous ne venons qu’avec dépit. Nous ne venons point comme pour vous contenter ; mais c’est notre véritable intention. Nous ne sommes pas ici pour votre plaisir ; que si vous avez regret, les acteurs sont tout prêts et par leur jeu vous saurez tout ce qu’il y a apparence que vous sachiez. »


- PYRAME

« Je vois une voix ; je veux m’approcher de la fente, pour voir si je peux entendre le visage de ma Thisbé. — Thisbé ! »

Entretiens sur la pluralité des mondes
7.1

Entretiens sur la pluralité des mondes (1686)

Sortie : 1686 (France). Essai, Philosophie

livre de Bernard de Fontenelle

Agathe_A_ a mis 7/10.

Annotation :

"Il se peut bien faire qu'en cherchant un milieu où la philosophie convînt à tout le monde, j'en ai trouvé un qui ne convienne à personne."


"Toute la philosophie n'est fondée que sur deux choses, lui dis-je, sur ce qu'on a l'esprit curieux et les yeux mauvais."

".. deviner comment toutes les planètes de l'univers devaient être arrangées, et c'est là ce que les savants appellent pour faire un système."

(à propos de Copernic)
"Je lui sais bon gré d'avoir rabattu la vanité des hommes qui s'étaient mis à la plus belle place de l'univers (géocentrisme), et j'ai du plaisir à voir présentement la Terre dans la foule des planètes."

"Nous voulons juger de tout mais nous avons toujours un mauvais point de vue." ( Nous juger nous-même --> trop proche, juger les autres --> trop loin)


Tirade sur le genre humain, ou comment les habitants potentiels de la Lune pourraient imaginer une espèce comme la nôtre :

"..qui eût des passions si folles, et des réflexions si sages ; une durée si courte et des vues si longues, tant de science sur des choses presque inutiles, et tant d'ignorance sur les plus importants ; tant d'ardeur pour la liberté, et tant d'inclination à la servitude ; une si forte envie d'être heureux et une si grande incapacité de l'être ?"


"Il faut ne donner que la moitié de son esprit aux choses de cette espèce que l'on croit, et en réserver une autre moitié libre, où le contraire puisse être admis, s'il en est besoin."

Nous avons "dans l'imagination certaines lunettes, au travers desquelles on voit tout, et qui changent fort les objets à l'égard de chaque homme. Alexandre voyait la Terre comme une belle place bien propre à y établir un grand empire. Céladon ne la voyait que comme le séjour d'Astrée. Un philosophe la voit comme une grosse planète qui va par les cieux, toute couverte de fous. Je ne crois pas que le spectacle change plus de la Terre à la Lune, qu'il fait ici d'imagination à imagination."

"Il est bon d'avoir pour les choses les plus communes et les moins considérables un goût qui les mette à profit. Si on ne voulait que des plaisirs vifs, on en aurait peu, on les attendrait longtemps et on les paierait bien."


( Bonus - Les Femmes Ne Sont Plus Des Cruches )

"Il est vrai que les idées de ce livre-ci sont moins familières à la plupart des femmes que celles de la Princesse de Clèves, mais elles n'en sont pas plus obscures, et je suis sûr qu'à une seconde lecture tout au plus, il ne leur en sera rien échappé."

Une histoire de tout ou presque
8.4

Une histoire de tout ou presque

A Short History of Nearly Everything

Sortie : août 2007 (France). Essai

livre de Bill Bryson

Agathe_A_ le lit actuellement.

Annotation :

"Bienvenue. Et félicitations. Ravi de voir que vous y êtes arrivés.
Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd'hui, que des billions d'atomes errant au hasard aient la curieuse obligeance de s'assembler de façon complexe pour vous créer. Cet arrangement est si particulier qu'il n'a jamais été tenté auparavant et n'existera qu'une seule fois."


"Il n'y a pas de lois exigeant que l'Univers se remplisse de petites particules de matière, qu'il produise la lumière.. etc. Il n'y a d'ailleurs pas besoin d'un Univers du tout. La plupart du temps, il n'y en a pas eu. [...] Il n'y avait rien, rien du tout, nulle part. Donc, nous sommes bien contents pour les atomes."


".. c'est un trait curieux de notre existence que d'être issus d'une planète qui excelle à faire naître la vie, mais est meilleure encore dans son extinction."


"Considérez que pendant 3,8 milliards d'années, soit une période plus ancienne que les montagnes, les fleuves, et les océans de la Terre, chacun de nos ancêtres des deux côtés a été assez séduisant pour trouver un partenaire, assez solide pour se reproduire, et assez béni du destin pour avoir le temps de le faire."


Bryson critique l'auteur de son premier livre scientifique illustré :

"C'était comme s'il voulait garder pour lui les trucs intéressants, en les rendant inaccessibles."

De l'éminente dignité des pauvres

De l'éminente dignité des pauvres (2015)

Sortie : 21 janvier 2015.

livre de Alain Supiot et Jacques-Bénigne Bossuet

Agathe_A_ a mis 6/10.

Annotation :

"Jésus n'a besoin de rien, et Jésus a besoin de tout ; Jésus n'a besoin de rien selon sa nécessité, mais Jésus a besoin de tout selon sa compassion."


"Abraham sentant arriver les pauvres, ne se souvient plus qu'il est maître."


"Le fardeau des pauvres, dit Saint Augustin, c'est de n'avoir pas ce qu'il faut, et le fardeau des riches, c'est d'avoir plus qu'il ne faut."


"Portez vos fardeaux les uns les autres, afin que vos charges deviennent égales."


"La couronne de notre monarque est une couronne d'épines : l'éclat qui en rejaillit, ce sont les afflictions et les souffrances."


"Donc, mes frères, ouvrez les yeux sur cette maison indigente, et soyez intelligents sur ses pauvres."

"Et si vous n'êtes pas touchés de l'extrémité où elle est réduite, je ne sais plus, mes frères, ce qui est capable de vous attendrir."

Notes sur la mélodie des choses
7.8

Notes sur la mélodie des choses (1898)

Sortie : 1955 (France). Essai, Poésie

livre de Rainer Maria Rilke

Agathe_A_ a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Que ce soit le chant d'une lampe ou bien la voix de la tempête, que ce soit le souffle du soir ou le gémissement de la mer, qui t'environne - toujours veille derrière toi une ample mélodie, tissée de mille voix, dans laquelle ton solo n'a sa place que de temps à autre. Savoir à quel moment c'est à toi d'attaquer, voilà le secret de ta solitude : tout comme l'art du vrai commerce c'est : de la hauteur des mots se laisser choir dans la mélodie une et commune."


"Sinon, s'il n'y a pas une profonde douleur pour rendre les humains également silencieux, l'un entend plus, l'autre moins, de la puissante mélodie de l'arrière-fond. Beaucoup ne l'entende plus du tout. [...] Beaucoup n'ont pas le temps de l'écouter. [...] Ils tapent sur les touches des jours et jouent toujours la même monotone note diminuée."


"Toute discorde et toute erreur viennent de ce que les hommes cherchent leur élément commun en eux, au lieu de le chercher dans les choses derrière eux, dans la lumière, dans le paysage au début et dans la mort.
Ce faisant, ils se perdent et n'y gagnent rien en échange. Ils se mélangent, faute de pouvoir s'unir. Ils se tiennent l'un à l'autre sans pourtant parvenir à assurer leurs pas, car ils sont tous deux titubants et faibles ; et à vouloir ainsi se soutenir l'un l'autre ils épuisent toute leur force, au point de ne pouvoir pas même pressentir, tournés vers le dehors, le son que fait une vague."


"La racine a beau tout ignorer des fruits, il n'empêche qu'elle les nourrit. [...]
Et nous sommes comme des fruits.
[...] Plus il y a de solitaires, plus solennelle, émouvante et puissante est leur communauté."

Agathe_A_

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