Pictures (2018)
2017 (141) : https://www.senscritique.com/liste/Pictures_2017/1556396
2016 (170) : http://www.senscritique.com/liste/Pictures_2016/1148846
2015 (142) : http://www.senscritique.com/liste/Pictures_2015/735353
2014 (132) : http://www.senscritique.com/liste/Pictures_2014/362497
96 films
créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a 11 mois8 femmes (2002)
1 h 51 min. Sortie : 6 février 2002 (France). Comédie musicale, Comédie, Policier
Film de François Ozon
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
1er janvier
Ozon s'applique sur ses cadrages, soigne l'assortiment de ses couleurs, lance des clins d’œil appuyés à l'âge d'or hollywoodien comme pour masquer l'insignifiance de son film. Le fait qu'il soit adapté d'une pièce de théâtre, son casting clinquant ne jouent pas plus en sa faveur. Reste un certain enthousiasme et une prise de risque, dans les numéros musicaux notamment, qui sauvent le film. Incroyable que ce 8 femmes ait pu perdurer si longtemps sur le devant de la scène cinéma tant il donne l'impression d'être complètement dispensable.
John McCabe (1971)
McCabe and Mrs Miller
2 h. Sortie : 19 décembre 1971 (France). Drame, Western
Film de Robert Altman
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
2 janvier
Plongée douce et cruelle dans l'envers de l'Ouest, où les héros ne sentent pas bon et où l'on construit des villes autour de bordels. Le film est habité d'une belle mélancolie, entre les paysages enneigés de British Columbia et la musique de Leonard Cohen, mais qui m'a laissé, je dois l'avouer, plus ennuyé qu'envoûté. Il y aussi ce travail assez unique d'Altman sur le son, qui m'avait déjà marqué dans M.A.S.H : il fait parler tout le monde en même temps pour mieux attirer notre attention sur une conversation en particulier, on gagne en réalisme mais c'est parfois assez pénible pour le spectateur. Je m'y habituerais peut-être avec ses films.
Suspiria (1977)
1 h 38 min. Sortie : 18 mai 1977 (France). Fantastique, Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Dario Argento
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
3 janvier
Il y a une imagerie Suspiria – qui ne se résume pas à mettre des filtres rouges et bleus partout. Argento, sans grands moyens, avec à peine un scénario, travaille avec son savoir-faire et sa passion et parvient à rendre son film attachant.
Seule sur la plage la nuit (2017)
Bamui haebyun-eoseo honja
1 h 41 min. Sortie : 10 janvier 2018 (France). Drame
Film de Hong Sang-Soo
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
14 janvier
Au cinéma.
C'est triste à dire, mais peut-être est-ce davantage un luxe qu'un plaisir à chaque fois véritablement authentique que de retrouver rituellement une à deux fois par an notre marathonien coréen préféré. C'est ce que porte à croire son dernier opus en tout cas, que j'aimais d'avance mais que je me suis finalement forcé à aimer plus il avançait. La composition de certains plans, ces zooms/dézooms dont on cherche encore à percer le mystérieux envoûtement et la présence de Kim Min-Hee auraient pourtant pu faire mon bonheur si ce n'était ce sentiment, s'exacerbant sur la durée, que finalement HSS n'avait pas grand-chose à dire et qu'il brassait possiblement de l'air, voire de la fumée pour nous assurer du contraire. À moins, évidemment, d'être profondément emballé par ces références insistantes à l'affaire extraconjugale qu'il a eue avec son actrice, glissées peu subtilement dans des jeux réflexifs assez puérils et d'une ironie dont on sent trop l'amertume. Ceci étant dit, si le fond reste plutôt pauvre, tout n'est pas à jeter, loin de là, il n'y a qu'à voir cette scène de rêve qui m'a paru d'une puissance et d'une vraisemblance que je n'ai ressenties nulle part ailleurs hormis chez Buñuel.
3 Billboards - Les Panneaux de la vengeance (2017)
Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
1 h 56 min. Sortie : 17 janvier 2018 (France). Comédie, Policier, Drame
Film de Martin McDonagh
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
18 janvier
Au cinéma.
À ranger dans la catégorie pleine à craquer de ces films qui font forte impression sur le moment en distillant leur lot de scènes choc pour laisser en fin de compte un goût amer dans la bouche dès le générique et précipiter les deux heures de sa durée dans un oubli subit et généralisé la minute qui suit. Comme si tout le travail n'avait pas été fait, comme si le réalisateur n'avait laissé aucune place à l'« après » – temps auquel j'accorde personnellement au moins autant d'importance qu'au « pendant » d'un film. Parce qu'en soi on ne passe pas un moment désagréable, tout cela s'enchaîne assez bien, on rit, les acteurs sont irréprochables. Mais en même temps on sent bien que quelque chose cloche : quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre après coup que le film était censé être une comédie ! C'est trop imprégné des codes du drame, ou alors pas assez débridé et jouissif – à la manière d'un Tarantino – pour en avoir l'allure, et le film se retrouve comme le cul entre deux chaises. Et puis surtout le film donne l'impression de vouloir dénoncer beaucoup de choses à tout-va et de manière superficielle, sans prendre les problèmes à bras-le-corps. La dernière scène, ratée et comme un aveu d'échec parce qu'elle ne parvient pas à désamorcer l'apologie de la vengeance que le film fait presque malgré lui, laisse particulièrement dans l'embarras.
National Gallery (2014)
2 h 54 min. Sortie : 8 octobre 2014 (France).
Documentaire de Frederick Wiseman
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
21 janvier
Au Louvre – parce que voir un film sur un musée dans un musée, c’est trop méta – et en présence de Frederick Wiseman – troisième fois que je le vois, décidément il est partout.
Le film d’esthète de Wiseman, où il délaisse quelque peu l'étude des rouages de l’institution pour se délasser au spectacle des maîtres anciens. On a quand même le droit à quelques réunions, il faut être raisonnable, mais pour une fois l'essentiel est ailleurs : dans le détail de ces centaines de toiles sublimées par la caméra, et surtout au fil de ces séquences, toutes passionnantes, montrant l'envers du décor que constitue la restauration des œuvres. Parce qu'évidemment le film a beaucoup à voir avec le temps, la lutte contre les ravages qu'il exerce, la nécessité de faire coexister le droit de profiter des œuvres du passé avec les préoccupations parfois plus matérielles du présent. C'est un sujet rare pour Wiseman mais qu'il traite à nouveau avec tant de cœur à l'ouvrage, comme s'il en était encore à son premier film.
Star Wars - Les Derniers Jedi (2017)
Star Wars: The Last Jedi
2 h 32 min. Sortie : 13 décembre 2017. Action, Aventure, Science-fiction
Film de Rian Johnson
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
25 janvier
Au cinéma.
Laborieux, insipide, vain. Au moins les films de la prélogie avaient une histoire qui tienne à peu près la route. Là il n'y a même pas l'ombre d'une géopolitique, c'est à peine si l'on nous présente les mobiles politiques du Premier Ordre. Sinon je ne suis pas forcément contre l'idée de culbuter les idoles dans la dérision, encore faut-il être solide derrière en étant capable de poser les bases d'une nouvelle mythologie. Rien qui vaille ici. Sans parler des aberrations désormais de rigueur : Leia dans l'espace, Yoda et toutes ces incohérences visibles même à l'œil peu attentif. Il serait peut-être temps de se faire une raison...
Pentagon Papers (2017)
The Post
1 h 56 min. Sortie : 24 janvier 2018 (France). Biopic, Drame, Historique
Film de Steven Spielberg
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
29 janvier
Au cinéma.
Spielberg est parvenu à une telle maîtrise de la grammaire cinématographique que sa mise en scène devient une leçon d'évidence. Comme si on aurait très bien pu se passer des dialogues tant les images parlent d'elles-mêmes : chaque plan, chaque mouvement de caméra a été pensé de façon à ce qu'il donne à voir, à lire les enjeux narratifs de la manière la plus intelligible qui soit. C'est un film ludique, imaginé comme un film d'action, si bien qu'on excuserait presque les spielbergeries désormais consacrées : manichéisme, musique pompière de John Williams, photographie laiteuse – auxquels il faut ajouter pour ce film en particulier deux séquences féministes à mon avis trop appuyées (la première, disant tout dans le silence, me paraissait amplement suffisante) et une fin en queue de poisson qui n'est pas de l'acabit du reste. C'est finalement bien peu de reproches à formuler pour un film dont on sait d'avance qu'il ne va pas nous surprendre, qu'il va aller dans notre sens – et qui finit par donner malgré cela l'impression d'être actuel et nécessaire, comme une piqûre de rappel.
Sabrina (1954)
1 h 53 min. Sortie : 4 février 1955 (France). Comédie, Drame, Romance
Film de Billy Wilder
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
4 février
Au cinéma.
Première heure enchanteresse et drôle (les domestiques, le stage de cuisine à Paris) qui détourne avec jubilation le conte de Cendrillon, deuxième heure beaucoup plus convenue, plus pénible avec des renversements de situation qui font mal à la tête et une relative incuriosité quant à qui va bien pouvoir prendre le large et filer le grand amour avec Sabrina. On retiendra surtout la scène où Audrey chante "La Vie en rose".
La Vie privée de Sherlock Holmes (1970)
The Private Life of Sherlock Holmes
2 h 05 min. Sortie : 23 décembre 1970 (France). Aventure, Comédie, Policier
Film de Billy Wilder
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
5 février
Au cinéma.
L'enquête la plus pétée de l'histoire des enquêtes, non ? Ce moment gênant où Sherlock admet lui-même qu'il n'a rien eu à faire, comme si à travers lui Wilder avouait au spectateur : "Bon ok, je me suis pas trop foulé". Et puis on en a marre du Loch Ness, personnellement ça ne m'a jamais fait rêver au cinéma. J'ai un peu de mal à comprendre le charme que l'on peut trouver au film, la première demi-heure est plutôt entraînante mais par la suite on s'engonce dans la brume épaisse de la lande écossaise en même temps que dans son siège desquels ni l'enquête, ni l'ambiance ne parviendront à nous sortir.
Vera Cruz (1954)
1 h 34 min. Sortie : 11 mai 1955 (France). Aventure, Western
Film de Robert Aldrich
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
10 février
Au cinéma.
Comme un fort avant-goût de spaghetti – n'était la fin, le film avait presque tous les ingrédients du genre : des gueules (le sourire carnassier de Lancaster), des dialogues grotesques, un Mexique aux paysages pittoresques sur une pellicule sale et bigarrée, des héros que semble exciter uniquement l'appât du gain. Dans une telle ambiance même les faux-raccords seraient presque attachants, et dans l'ensemble on a le droit à un divertissement léger et bien rythmé, qui offre en plus au cinéphile le plaisir de jouer au "Qui est-ce ?" et de retrouver des têtes connues, Borgnine, Elam, MacReady et bien évidemment Bronson, qui joue déjà de l'harmonica quatorze ans avant Il était une fois dans l'Ouest.
Phantom Thread (2017)
2 h 10 min. Sortie : 14 février 2018 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
16 février
Au cinéma.
Sur le plan formel il y a sans doute tout pour plaire, les acteurs, la composition des plans, les costumes, la lumière... Mais Dieu que tout cela sonne creux ! L'artiste perfectionniste et tyrannique qui se découvre une aptitude à aimer, c'est déjà assez caricatural comme ça, mais si en plus il faut attendre les derniers moments du film pour que l'on commence à entrevoir et regretter ce qu'il aurait pu être... J'étais curieux de voir les personnages évoluer mais j'ai patienté en vain, c'est finalement à l'image de la cinématographie, excessivement rigide et guindé, taiseux aussi, on n'ose dire mot de peur de trahir la vacuité du fond et on laisse le soin à la musique assourdissante de donner l'illusion de la profondeur et du mystère. Sur ce point ils sont nombreux les cinéastes qui devraient relire Bresson : "un son ne doit jamais venir au secours d'une image". Je ne sais pas, c'est peut-être un film captivant pour certains mais moi je n'y ai pas vu grand-chose, je crois que je préfère mille fois un film maladroit et imparfait mais qui a le mérite de tenter quelque chose plutôt qu'un film ultra-maîtrisé comme celui-ci, aussi "control freak" que son personnage, ne laissant aucune place au hasard, à l'inconfort, au danger, trop convaincu de dire beaucoup de choses alors qu'il se contente bien souvent d'en effleurer à peine la surface. Phantom Movie.
Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975)
3 h 21 min. Sortie : 21 janvier 1976 (France). Drame
Film de Chantal Akerman
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
18 février
À la Cinémathèque.
Il faut dire ce qui est, c’est atroce de bout en bout, comme un long cauchemar, on a l’impression qu’Akerman se fout de nous – à 25 ans en plus, quel toupet ! –, que le film est une gigantesque imposture, qu’on pourrait très bien faire la même chose chez soi, comme ça, en se posant face caméra dans sa cuisine, l’économe dans une main, une pomme de terre dans l’autre, on se dit que ça n’existe pas, que ça ne peut pas exister, une vie pareille, que c’est forcément exagéré… Et pourtant, malgré tout, malgré l’ennui et le marasme, il y a cette intuition, qui vient d’on ne sait où, que l’on est face à l’un des films les plus importants du cinéma ; pour s’en convaincre il faut se rappeler son histoire, le rôle plus que second auquel il a cantonné la femme depuis ses débuts – et puis ce film arrive sans prévenir et, comme un énorme pavé dans la mare, en montrant une femme, veuve, mère au foyer et les gestes les plus insignifiants de son quotidien pendant 3h20, vient nous révéler ce que jusque-là on avait juste sous nos yeux et que pourtant on ne voyait pas. À quoi peut bien servir un film, sinon à cette noble visée ? Même la fin, à la forte charge symbolique, alors qu’on aurait pu craindre qu’elle réduise le film à un féminisme vengeur et béat, parvient au contraire à le prolonger, à en accroître la force et la portée.
Les Beaux Gosses (2009)
1 h 30 min. Sortie : 10 juin 2009 (France). Comédie
Film de Riad Sattouf
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
27 février
Rigolo, sans doute "réaliste" à supposer que le mot veuille dire quelque chose, mais s'oublie aussi vite qu'une bluette adolescente... Le film aurait peut-être gagné à être un court-métrage dans la pure veine d'un naturalisme de BD tant on sent que Sattouf s'embarrasse avec l'idée d'un scénario, notamment dans ce final (très) peu lisible.
Ma nuit chez Maud (1969)
1 h 50 min. Sortie : 4 juin 1969. Romance
Film de Éric Rohmer
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
27 février
Comme toujours chez Rohmer les dialogues peuvent sonner faux, excessivement théoriques, mais ici je trouve difficile de lui en faire le reproche tant la cinématographie apporte quelque chose et répond au texte, tantôt le soulignant, tantôt le contrariant. Toute la partie chez Maud, si elle peut paraître relever de prime abord du verbiage vain, est d'une verve stimulante qui, appuyée par un regard, un sourire, dessine la complexité du personnage de Trintignant, laisse deviner son tourment intérieur, jusqu'à cet abandon dans une étreinte sublime au petit matin. La suite est moins forte mais c'est un film qui laisse de belles images, les œillades à une femme pendant la messe ("ne nous soumets pas à la tentation") et surtout donc ce jeu de séduction de Maud sous la couverture alors que la neige qui s'abat sur Clermont-Ferrand au-dehors empêche Jean-Louis de rentrer chez lui, un huis-clos amoureux qui fait une très belle idée de cinéma.
Black Panther (2018)
2 h 14 min. Sortie : 14 février 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de Ryan Coogler
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
2 mars
Au cinéma.
Deviendrais-je bon public ? J'ai trouvé le film plutôt vivifiant – la musique de Kendrick aidant – et, quoique d'une envergure limitée, avec le mérite d'aller au bout de ses idées. Après il faut bien entendu passer outre l'accent africain des acteurs américains, l'urbanisme de Wakanda qui dégouline d'effets spéciaux, les scènes de combat trop dans l'emprunt de films précédents, un méchant faussement intéressant... Ça fait toujours beaucoup.
La Voix solitaire de l'homme (1987)
Odinokiy golos cheloveka
1 h 27 min. Sortie : 26 août 1998 (France). Drame
Film de Alexandre Sokourov
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
7 mars
Au cinéma.
Film de fin d'études et déjà d'une ambition folle. L'influence de Tarkovski se fait beaucoup ressentir, on pense évidemment au Miroir sorti quatre ans plus tôt et avec lequel le film partage une certaine imagerie, notamment ces couleurs vertes et ocres ainsi que le recours au noir et blanc des photographies pour intégrer des souvenirs dans un montage éclaté. Mais ce n'est pas le même film pour autant, Sokourov commence déjà à prendre ses distances avec son mentor pour affirmer sa propre esthétique, on y retrouve le schéma homme-femme-nature et cette beauté au parfum édénique, Adam et Ève – ou Roméo et Juliette ? – dans la pudeur d'un ombrage ou dans la contrition d'un lit, et cette manière naissante et si singulière de travailler la lumière comme à la surface de la pellicule... Premier film oblige, il y a quelques trous d'air, on s'y perd forcément un peu à un moment (il paraît que Tarkovski lui-même avait eu besoin de deux projections pour y voir plus clair) mais en même temps c'est un film qui passe très vite et qui laisse une drôle d'impression, comme un mirage, comme si on ne pouvait affirmer avec certitude l'avoir bien vu.
Les Garçons sauvages (2017)
1 h 50 min. Sortie : 28 février 2018. Aventure, Drame, Fantastique
Film de Bertrand Mandico
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
9 mars
Au cinéma.
J'ai conscience que ma note peut paraître sévère alors que le film est plein d'intentions louables, un vrai geste de cinéma – français, qui plus est – qui proclame haut et fort sa liberté. Les premières minutes marquent, il y a incontestablement un style Mandico, sans que les nombreuses influences que l'on devinera assez facilement pendant le film (Orange Mécanique, Jodorowsky, Lynch, Méliès, Vigo, Cocteau, Verne...) viennent enlever de sa singularité, de son côté très personnel. On ne peut nier que quelque chose se dégage de cette poésie queer, les actrices sont beaux, la scène du procès qui nous les présente est sans doute la plus réussie du film, la seule fois où l'on ressent vraiment la tension à la source de leur personnage. Car c'est là qu'intervient ma principale réserve : une fois passé l'effet de sidération initial (qui dure peut-être quinze, trente minutes), le film ne propose absolument plus rien. Il montre toujours autant mais les images n'ont rien à dire, rien à signifier, et les filtres Instagram des séquences en couleur ne leur donneront pas davantage de consistance. D'ailleurs la pauvreté des dialogues, dont on a l'impression qu'ils ont un peu été écrits en dilettante, me paraît être assez symptomatique de la vacuité du fond. Ça se laisse regarder, tout au plus – ce qui ne doit jamais être un compliment pour un film – jusqu'à ce que la fin arrive, dans une platitude absolue. Même du point de vue idéologique, je ne suis pas sûr de trouver le changement de sexe et la déclaration féministe de la fin très judicieux, on se portait mieux dans la subtile indétermination du début, qui à mon sens représentait déjà en soi une forme de revendication d'autant plus forte qu'elle était implicite. Ceci étant dit, malgré tout le film reste un premier long-métrage qui mérite qu'on en parle et je suivrai le reste de la carrière de Mandico avec intérêt.
Du silence et des ombres (1962)
To Kill a Mockingbird
2 h 09 min. Sortie : 29 mai 1963 (France). Drame
Film de Robert Mulligan
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
15 mars
Moins fort que le roman parce que le personnage d'Atticus, s'il est parfaitement interprété par Gregory Peck, ne retrouve pas tout à fait la vertu et le magnétisme presque steinbeckiens qu'il pouvait exercer sur le lecteur. Le film me paraît aussi trop divisé en deux, entre l'intrigue suivant le procès et l'histoire autour de Boo Radley, sans que la jonction des deux arcs opérée à la fin soit réellement satisfaisante, et avec pour effet d'allonger inutilement l'ensemble. La sobriété et l'efficacité de la mise en scène rendent tout de même la réalisation attachante et en font une adaptation fidèle et plutôt réussie. Il est surtout toujours curieux et intéressant de découvrir l'un des films les plus chéris par les Américains eux-mêmes et ce qu'il peut révéler de leur mythologie cinéphile.
Annihilation (2018)
1 h 55 min. Sortie : 12 mars 2018 (France). Épouvante-Horreur, Drame, Science-fiction
Film de Alex Garland
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
18 mars
Ambition plutôt honorable que de faire une œuvre à la fois bon public et un peu sophistiquée, mais le film mise tout sur son esthétique et son atmosphère qui ne me sidèrent guère, entre du horrifique tiède à la Stranger Things et de pâles simulacres de la Zone de Tarkovski et de la Star Gate de 2001. Difficile dès lors d'y trouver son compte quand le reste – le "S" dans SF, le background des personnages – est si maigre. J'aurais mieux fait de voir Under the Skin.
Mektoub, My Love : Canto uno (2018)
3 h 01 min. Sortie : 21 mars 2018 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Abdellatif Kechiche
Paul_ a mis 10/10.
Annotation :
21 mars
Au cinéma.
Tant d'amour pour ce film qui est plus beau et plus vivant que la vie même, parce qu'elle y est revisitée avec le regard tendre de l'homme qui se souvient. Vivant, incarné, c'est peu dire : tous les acteurs sont sublimes, dirigés encore une fois à la perfection, donnant vie à des personnages lumineux. Amin représente l'alter-ego idéal de Kechiche et du spectateur, son point de vue est toujours d'une ambiguïté profonde, tantôt amusé, tantôt soucieux, observateur bienveillant qui ne juge jamais mais se contente simplement d'admirer, de contempler la vie comme on contemple un mystère. Quant aux femmes, Ophélie fait penser à Adèle, évidemment, elle rayonne dès la première scène avec Amin, on croirait voir une héroïne de Fellini. Et puis j'ai trouvé en Céline un personnage plus vrai que nature, elle m'a donné un troublant sentiment de déjà-vu – comme si chacun de nous avait déjà rencontré, à un moment de sa vie, une Céline. Il faut saluer le travail remarquable de Kechiche, dans la direction d'acteurs bien sûr, les dialogues (après Renoir, après Pialat, on se souviendra de lui comme celui ayant su capter le mieux le langage propre à son époque, son oralité), la mise en scène (les nombreuses scènes de groupe d'une fluidité incroyable) et le montage à l'échelle d'une séquence (les raccords des regards) ou entre deux scènes (départ en soirée-lendemain sur la plage et mise bas-boîte de nuit). C'est ce dernier montage qui transcende le simple naturalisme du film et lui donne toute sa consistance, en imprimant sur lui le sceau du rétrospectif, en le drapant du voile coloré du souvenir. En cela Mektoub est assez différent de La Vie d'Adèle, il est davantage détaché du présent et de ses péripéties parfois douloureuses, plus distant et plus réfléchi, mais avec la distance et le réfléchissement qu'ont les étoiles de la jeunesse. C'est tout simplement beau et beau simplement, ça ne plaira pas à tout le monde, c'est du Kechiche. Vivement Canto Due.
Heat (1995)
2 h 50 min. Sortie : 21 février 1996 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Michael Mann
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
24 mars
Au cinéma.
Grand divertissement vu dans des conditions exceptionnelles (en version remasterisée et surtout au Max Linder que je découvrais, 107m2 d'écran incurvé avec un son incroyable). Dans un tel écrin, rarement un film d'action m'aura fait aussi forte impression, il y a un vrai savoir-faire dans la mise en place d'une tension, certaines scènes (notamment le braquage et la fusillade qui s'ensuit dans la rue) sont d'un réalisme intense, on a vraiment la sensation d'y être. Mais encore une fois, malgré la séance forte, prenante, je crois que c'est typiquement le genre de film que l'on oublie, je le sentais déjà me fuir quelques minutes seulement après avoir quitté la salle. D'abord, j'ai une grande affection pour Mann mais il faut dire qu'il est toujours aussi maladroit avec ses histoires d'amour, et si au début je pensais trouver leur naïveté attachante, toutes les scènes de couple boursouflent inutilement l'ensemble, leur intégration chaotique dans le montage paraît rarement justifiée. Ensuite, quand on les regarde de plus près, les personnages sont finalement très peu caractérisés, sans même parler des acolytes taiseux que l'on tolère à la limite au nom du badass, la fameuse scène où les deux se retrouvent face à face dans le bar est assez symptomatique, Mann insiste trop lourdement sur leur mimétisme, les dialogues font très simplistes et sommaires, c'est le niveau zéro de la psychologie. On s'en fiche, me dira-t-on, quand on voit la qualité de la réalisation par ailleurs, mais justement je crois que pour cette même raison on est tout de même en droit de s'attendre à un peu plus, l'atmosphère "classe" qui se dégage du film ne peut pas tout excuser non plus. C'est dommage parce qu'il y a de belles idées de mise en scène qui perdent de leur force parce qu'elles finissent par être noyées au milieu de tout cela.
Ready Player One (2018)
2 h 20 min. Sortie : 28 mars 2018. Action, Aventure, Science-fiction
Film de Steven Spielberg
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
1er avril
Au cinéma.
Je crois m'être enfin fait à l'idée que les films de Spielberg, en voulant plaire à tout le monde, finissent tous par être naturellement un peu coupés en deux, des films siamois où cohabitent des aspirations différentes, parfois antagonistes – je trouve qu'il y a déjà quelque chose de génialement schizophrénique à faire deux films comme Pentagon Papers et celui-ci coup sur coup, presque en même temps. Ici il faut donc faire avec tout un tas de choses souvent gênantes destinées à nourrir les attentes du grand public : l'histoire d'amour littéralement incroyable, la méchante multinationale, la bataille finale qui tourne à la bouillie visuelle, l'intrigue en général. Mais en même temps c'est sans doute le plus beau film que j'ai pu voir sur le virtuel – je n'en ai pas vu beaucoup –, il y a une réflexion passionnante qui s'échafaude au rythme des allers-retours successifs entre l'OASIS et le monde réel. Trois scènes m'ont particulièrement marqué, la course façonnée par des effets spéciaux très réussis et qui nous fait voir l'envers du virtuel, ses coutures ; la discothèque où des gens volent sur du New Order et où la danse avec Art3mis se réverbère dans le monde réel ; le fait de rejouer (dans) Shining et de s'y attarder aussi longtemps, sans que cela fasse gratuit ou forcé. C'est peut-être cela le plus étonnant, parvenir à intégrer autant de références mais en bâtissant tout un monde sur elles, aller au-delà du simple hommage et du fan service pour considérer cette culture comme allant de soi, comme celle de l'époque dans laquelle nous vivons.
Call Me by Your Name (2018)
2 h 11 min. Sortie : 28 février 2018 (France). Drame, Romance
Film de Luca Guadagnino
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
7 avril
Au cinéma.
Tout bien réfléchi, c'est vrai que le film est finalement très timide et assez convenu du point de vue de la cinématographie. Le plan-séquence sur la place du village m'a presque rappelé qu'il était possible de faire bouger la caméra au cinéma ! Il manque une part d'ombre, un hors-champ, un espace où le spectateur puisse un peu respirer, faire son film à lui. Sinon c'est bien entendu très efficace, l'histoire touche juste parce qu'elle a forcément une portée universelle, la pudeur des scènes d'amour, les pleurs dans la voiture avec la mère ou devant les flammes de la cheminée sont des choses qui parlent à chacun de nous.
Et puis si le film peut permettre de faire découvrir Sufjan...
La Caméra de Claire (2018)
Keulleeoui Kamera
1 h 09 min. Sortie : 7 mars 2018. Comédie dramatique
Film de Hong Sang-Soo
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
8 avril
Au cinéma.
Alors là... On se dit qu'on se moque de nous, les dialogues en français comme en anglais sonnent ridicules, irréels (on m'a confirmé qu'ils l'étaient aussi en coréen), le début fait forcé, franchement peu inspiré, et pourtant ça finit par marcher, encore et toujours... Il y a vraiment une volupté singulière, incomparable à voir HSS faire naître son cinéma à partir de rien, sa façon d'infuser du mystère dans le quotidien – ce délicat flottement autour de la chronologie – et de tout faire sien, même Cannes que je pensais pourtant bien connaître mais qui ici paraîtrait presque étrangère dans ses petites ruelles et ses coins dérobés. C'est toute l'affaire du cinéma de HSS, prendre de court le spectateur mais le plus subtilement du monde, comme lors de cette séquence où il va amener le deuil du personnage de Huppert avec une douceur infinie, ce qui va lui donner rétrospectivement toute sa beauté et sa raison d'être. En tout cas je ne me déprendrai pas de cette sensation miraculeuse, comme s'il suffisait que HSS pose sa caméra n'importe où pour que "fiat lux", le cinéma soit.
Sinon Kim est toujours plus belle mais ça c'est du vu et revu.
Candelaria (2018)
1 h 27 min. Sortie : 4 avril 2018. Comédie dramatique
Film de Jhonny Hendrix
Paul_ a mis 3/10.
Annotation :
9 avril
Au cinéma.
Je ne suis plus ami avec la personne qui m'a emmené voir ça. Je ne sais pas si c'est juste très mauvais ou si c'est moi qui ne suis pas réceptif, sans doute un peu des deux, mais en tout cas il faut être prévenu : jusqu'à son dernier plan ce film est une prise d'otage, 80 minutes misérabilistes et gérontophiles qui nous font voir un couple de vieux tourner une sextape pour survivre dans un Cuba sous embargo. Il y a bien une idée, celle de faire se refléter l'état du pays dans celui de ce couple au bout du rouleau, mais elle est plombée par la posture ô combien exaspérante de légèreté et de fantaisie que le film adopte pour mieux faire passer les larmes.
Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot (2018)
1 h 53 min. Sortie : 4 avril 2018 (France). Drame, Biopic
Film de Gus Van Sant
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
12 avril
Au cinéma.
Un biopic finalement assez classique derrière ses airs faussement barrés et son montage chaotique (sic) faussement profond (mais c'est à la mode). Le schéma du film est trop binaire, les allers-retours entre l'intimité de Callahan et les réunions des AA finissent par lasser dans la deuxième heure qui tourne en rond. C'est aussi très américain, avec ce discours qui peut agacer sur la rédemption par l'art et la découverte d'une vocation. Heureusement les acteurs sont excellents : Joaquin Phoenix égal à lui-même encore une fois et Jonah Hill magnétique en gourou séropositif, avec un talent dans le drame qu'on ne lui connaissait pas.
Mes provinciales (2018)
2 h 17 min. Sortie : 18 avril 2018. Drame
Film de Jean-Paul Civeyrac
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
20 avril
Au cinéma.
J'avais peur de voir du sous-Garrel, mes craintes se sont d'abord confirmées très vite. Film antipathique au possible, invraisemblable – je me suis pris à le comparer à Mektoub, on en est loin : ces façons fausses de se rencontrer, de se dire au revoir, de coucher, de citer Novalis... Qui cite Novalis ? Pire, quelles sont les chances pour que deux personnes qui se rencontrent au hasard te sortent chacune une citation de Novalis ? On n'y croit pas une seconde, mais après tout pourquoi pas, Civeyrac a le droit d'idéaliser sa jeunesse, et à l'image de ce name-dropping systématique et complètement éhonté, on finit par en sourire (avec embarras) et en faire abstraction. Et si l'ensemble sonne faux, il y a tout de même des petits riens naturalistes, des moments de vrai qu'on ne voit pas forcément souvent au cinéma : toutes ces scènes "homme qui dort", montrer le coucher, le réveil mais aussi les marches seul, le fait de quitter prématurément les soirées, la fascination pour un ami que l'on érige en modèle... C'est d'ailleurs autour de la figure de Mathias que va s'opérer progressivement le glissement du film, qui devient touchant dès lors qu'Étienne commence à se remettre en cause, à relativiser doucement sa cinéphilie, à tempérer son idéal d'absolu. La dernière partie traduit alors très bien les illusions perdues du roman d'apprentissage, et on a le sentiment que pour Civeyrac c'est comme l'occasion d'un mea culpa, d'un rachat par le cinéma, le cinéma qui reste le sujet véritable du film.
L'Île aux chiens (2018)
Isle of Dogs
1 h 41 min. Sortie : 11 avril 2018. Aventure, Comédie, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Wes Anderson
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
28 avril
Au cinéma.
Je commence à me lasser sérieusement du cinéma de Wes Anderson, qu'il est de bon ton d'accueillir insensiblement avec un fanatisme quasi-unanime que je peine à partager. D'autant plus que son dernier film pourrait très bien se jouer sans nous que ça n'y changerait rien : tout va trop vite, le stop-motion est aussi militaire que le régime qu'il dépeint, impossible pour le spectateur comme pour l'émotion de se faire une place. Je veux bien louer à nouveau la prouesse technique, le travail incroyable derrière chaque séquence mais quand ça finit par desservir autant le film, je ne vois pas franchement l'intérêt de se donner tant de mal. Ce n'est même plus drôle en plus, il y a toute une série d'écrans qui viennent s'interposer entre le film et le spectateur et qui nuisent à l'immersion, l'épilogue dispensable, tous ces titres superflus, le choix de traduire le japonais vers l'anglais avec une interprète pesante. La beauté de certains décors est indéniable mais c'est à peine si l'œil en profite vaguement, on regarde tout ça de loin, avec une indifférence ennuyée.
Sans soleil (1983)
1 h 44 min. Sortie : 2 mars 1983. Expérimental, Société, Essai
Documentaire de Chris Marker
Paul_ a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
5 mai
Revu – à la Cinémathèque.
Je lis en ce moment un ouvrage sur la mémoire du lecteur qui lit Proust, il faudrait parler aussi de la mémoire du spectateur qui voit et revoit Sans Soleil. C'était la quatrième ou la cinquième fois que je le voyais en entier, et à chaque fois j'ai eu l'impression de voir un film différent. Il y a bien sûr les passages connus et attendus, le début, l'homme de 4001, Vertigo, mais presque tout le reste du film est comme soumis à un agencement aléatoire et incertain, certaines séquences sont familières mais on ne les retrouve pas là où on pensait, d'autres nous sont tout simplement sorties de l'esprit et c'est un plaisir de les redécouvrir. C'est qu'on oublie la richesse des images, leur nombre et la façon dont le montage les fait s'entrechoquer. Plus encore, on ne mesure pas combien le fameux « montage latéral » (images + commentaire) rend difficile le processus de mémorisation. Marker nous parle souvent de choses qui n'ont a priori rien à voir avec ce qu'il montre : par exemple, de la manie des listes de Sei Shōnagon sur un plan de fusée qui se met en orbite. C'est cet espace, cette lacune entre image et son qui donne tout son profond mystère au film et qui fait qu'il se renouvelle sans cesse, qu'il échappe à toute pétrification dans la mémoire du spectateur.