Cover Pictures (2019)

Liste de

91 films

créee il y a presque 6 ans · modifiée il y a 9 mois

Sully
6.6

Sully (2016)

1 h 36 min. Sortie : 30 novembre 2016 (France). Biopic, Drame

Film de Clint Eastwood

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

2 janvier

Un peu à la manière du Pentagon Papers de Spielberg, Sully est l'œuvre d'un réalisateur expérimenté qui paraît n'avoir jamais aussi bien maîtrisé la grammaire cinématographique. Le film respire le cinéma, chacun des plans est ainsi fait qu'il reçoit immédiatement l'assentiment de l'entendement, comme si l'action ne pouvait être mieux montrée, mieux dite, si bien qu'on s'imagine volontiers pouvoir regarder le film sans le son et être capable de tout comprendre, de tout lire tout de même. C'est cette intelligibilité du film et de sa construction qui permet le petit miracle de susciter de la tension autour d'un événement qui n'en est finalement presque pas un du point de vue dramatique, et dont on sait déjà l'issue heureuse. Le plaisir de la reconstitution devient communicatif, et si l'on est prêt à oublier un instant les bons sentiments, la célébration du héros américain (qui d'ailleurs rappellent Capra par moments) présents jusque dans la séquence de générique franchement dispensable, le film offre un joli exercice de style.

Coco
7.7

Coco (2017)

1 h 45 min. Sortie : 29 novembre 2017 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

3 janvier

Je suis de moins en moins client des films Pixar, mais il faut reconnaître que celui-ci dans l'ensemble est une réussite. J'ai d'abord trouvé la partie du début assez laide, avec ces tons oranges criards et cette animation 3D qu'on croirait tout droit sortie d'un jeu vidéo. À mes yeux le film ne démarre véritablement qu'à partir du moment où l'on pénètre dans le monde des morts : à découvrir un tel univers on se dit qu'il était temps en effet de s'emparer de cette imagerie halloweenesque, aussi festive que morbide, pour exploiter pleinement le potentiel esthétique du squelette. Il y a aussi cette idée simple et touchante de la deuxième mort à travers la perte du souvenir de l'être cher qui, sur des morceaux musicaux agréables, donne son côté attachant au film, sa force émotive.

Mission: Impossible - Protocole fantôme
6.4

Mission: Impossible - Protocole fantôme (2011)

Mission: Impossible - Ghost Protocol

2 h 12 min. Sortie : 14 décembre 2011 (France). Action, Thriller

Film de Brad Bird

Paul_ a mis 5/10.

Annotation :

10 janvier

On a envie de ressentir de l'affection pour ce film comme pour les autres de la série, mais là je ne peux pas décemment augmenter mon appréciation pour un contenu à ce point consommable séance tenante et qui s'auto-détruit aussi facilement que la cassette qui annonce les missions à Ethan. C'est dommage parce qu'il y a de vraies idées d'espionnage très jouissives, l'illusion d'optique dans le Kremlin, le double rendez-vous dans Burj Khalifa, mais elles sont à chaque fois oblitérées par le rythme effréné des scènes d'actions, depuis la toute première scène jusqu'à ce final complètement over the top à Bombay, qui achève d'ôter tout semblant de crédibilité au film. Pourtant on le sait, c'est toujours la même recette, mais on en redemande encore, jusqu'à plus soif.

Grass
6.9

Grass (2018)

Pulipdeul

1 h 06 min. Sortie : 19 décembre 2018 (France). Drame

Film de Hong Sang-Soo

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

11 janvier

Au cinéma.

J'adorerais partager l'enthousiasme de mes éclaireurs mais à vrai dire le film m'échappe, j'en ai rarement vu d'aussi volatil, d'aussi insaisissable, même chez Hong Sang-soo. C'est un objet vraiment à part, d'une extraordinaire vanité et en même temps d'une vanité extraordinaire, et c'est ce côté un peu brouillon, cet aspect d'ébauche souvent présent chez le Coréen qui fait à la fois la force et la faiblesse du film selon la manière qu'on a de le regarder. De ce dernier opus je retiendrai surtout l'usage inhabituel et insolite de la musique, omniprésente, couvrant parfois les dialogues mais malgré tout consciencieusement (trop ?) intradiégétique : revêt-elle une fonction ironique, afin de souligner l'insignifiance des rapports humains, ou est-elle là au contraire en vue de sublimer – l'épique de Wagner s'y prêterait bien – les passions des personnages ? J'aurais envie d'opter pour la première réponse tant ces personnages, assez nombreux et du coup très peu écrits, semblent uniquement réductibles à des types théâtraux : les amoureux, le désespéré, la jalouse, le séducteur... Et en même temps il y a une tendresse dans le regard d'HSS qui rend difficile une telle interprétation, d'autant plus qu'elle sied mal au minimalisme fragile du film, un film qui avance sur la pointe des pieds et qui s'excuserait presque d'exister... On l'aura compris mais comme souvent avec HSS, je reste partagé entre perplexité et fascination.

Pauline à la plage
6.7

Pauline à la plage (1983)

1 h 34 min. Sortie : 23 mars 1983. Comédie, Drame, Romance

Film de Éric Rohmer

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

12 janvier

À la Cinémathèque.

Finalement un peu miné par le même problème que le HSS (on connaît les ressemblances entre les deux cinéastes) : à part Pauline qui fait un très beau personnage, les autres protagonistes de ce marivaudage sont trop peu fouillés et donnent la sensation d'être prisonniers de leur rôle. Et puis, forcément, il y a Dombasle qui en fait des tonnes, le film comme beaucoup de Rohmer est très drôle, parfois à dessein, d'autres fois malgré lui. D'un point de vue formel il y aurait aussi beaucoup à dire sur la topographie, la caméra naviguant sans cesse entre les deux lieux que sont la plage et l'appartement, le chemin entre les deux étant lui aussi moteur de l'évolution des relations entre les personnages. Il y a enfin cette jolie lumière estivale, et aussi La Blouse roumaine de Matisse placardée dans la chambre de Pauline qui va dicter secrètement les couleurs des plans, leur composition.

Bref, tout ça pour dire que je préfère Mektoub.

La Collectionneuse
7

La Collectionneuse (1967)

1 h 29 min. Sortie : 2 mars 1967. Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

13 janvier

À la Cinémathèque.

Je crois avoir moins apprécié le film sur des critères objectifs voire attendus, c'est-à-dire en jugeant son scénario, ses personnages, que sur son ambiance, son arrière-fond formel, ces restes de cinéma qui ne suffisent normalement pas à "faire" un film mais qui sont ici assez particulièrement charmants pour qu'on ne les balaye pas d'un revers de la main en regard de la faiblesse du reste. Cette histoire de triangle amoureux centrée sur des dandys désœuvrés peut en effet inspirer bien de l'antipathie, sa construction paraît sûrement bancale, crispée dans ses atermoiements (qui crèvent les yeux à partir de l'arrivée du personnage américain), mais on ne peut enlever au film sa réussite esthétique, une sorte d'allure, de cachet qui lui sont propres. Il y a déjà cette lumière sublime une nouvelle fois signée Néstor Almendros (à qui l'on doit également la photographie des Moissons du ciel) qui nimbe à merveille cette villa perdue au milieu de la flore méditerranéenne – un cadre qui peut faire penser à celui du Mépris de Godard. Le chant des grillons sonne plus vrai que nature, on sentirait presque le soleil sur sa peau. J'ai aussi été complètement ébloui par un aspect du film auquel je prête normalement peu attention, c'est le soin qu'apporte Rohmer aux vêtements de ses personnages, l'harmonie des couleurs, la façon qu'elles ont de se marier si simplement, si évidemment avec le reste du cadre, et qui fait de chaque nouvelle tenue un émerveillement. Et puis je ne peux pas ne pas parler d'Haydée, du frisson de son nom ("H, a, y, d, e accent aigu, e"), de ses yeux qui percent derrière sa frange, de sa moue boudeuse, sa peau d'or, sa voix, et de ce sourire longtemps réprimé, qui finira par s'offrir au hasard d'un regard, jaillissant par-dessus son épaule. On peut pointer du doigt la posture du film, ses errements, mais il faut aussi relever à quel point il est habité, incarné.

La Femme de l'aviateur
7.2

La Femme de l'aviateur (1981)

1 h 46 min. Sortie : 4 mars 1981 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

16 janvier

À la Cinémathèque.

Encore une fois avec Rohmer il y a de quoi être partagé : toute la partie qui traite de la relation entre Anne et François n'est pas loin du grotesque, on peine à croire à l'excès de l'une (Marie Rivière fait très bien la drama queen) et à sa cruauté, tout autant qu'à la candeur et à la soumission de l'autre. Et pourtant il y a bien quelque chose de touchant dans la solitude de ces deux personnages, qu'elle soit voulue ou subie. Mais de toute façon le film est ailleurs, dans cette fameuse filature amoureuse aux Buttes-Chaumont, monument de cinéma naturaliste qui voit Lucie, la bien nommée, illuminer le film de son charme et de son humour. Sur ce point il faut noter toute la beauté qu'il y a dans cette idée, très rohmérienne, de faire se rencontrer des personnages qui ne se connaissent pas avant le début du film. La durée des scènes, très longues, me semble aussi remarquable en ce qu'elle donne l'impression d'aller au bout des choses, d'atteindre à l'essence des personnages.

Sleepy Hollow - La Légende du cavalier sans tête
7.1

Sleepy Hollow - La Légende du cavalier sans tête (1999)

Sleepy Hollow

1 h 45 min. Sortie : 9 février 2000 (France). Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Tim Burton

Paul_ a mis 5/10.

Annotation :

19 janvier

À défaut d'être passionnant, parce que ne sachant sur quel pied danser entre horreur et comédie, le film offre tout de même quelques jolies vignettes qui forment peut-être la quintessence du style Burton. On sent toute la richesse de l'imagerie convoquée, un mélange de mythes populaires et de références picturales qui évoquent Vermeer ou Van Eyck.

Mais ce sont les mimiques de Johnny Depp qui valent surtout le détour, ainsi que le reste du casting qui, par un prodige d'anachronisme que seul le cinéma connaît, parvient à rassembler Dumbledore, Saroumane, Vernon Dursley et Palpatine dans une même bourgade de quelques âmes perdue dans le fin fond de l'état de New York.

Haute pègre
7.8

Haute pègre (1932)

Trouble in Paradise

1 h 23 min. Sortie : 2 juin 1933 (France). Comédie romantique, Gangster

Film de Ernst Lubitsch

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

23 janvier

Au cinéma.

Moins hilarant que ce à quoi Lubitsch m'avait habitué, mais toujours aussi distingué. Venise la vénéneuse est remarquablement croquée le temps d'une ouverture, et puis les acteurs tous superbes font le reste. Et si ce manège à trois finit par m'indifférer quelque peu, on se prend facilement à ce jeu de miroir entre désir matériel et désir charnel.

Cyrano de Bergerac
7.4

Cyrano de Bergerac (1990)

2 h 17 min. Sortie : 28 mars 1990. Comédie dramatique, Historique, Romance

Film de Jean-Paul Rappeneau

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

25 janvier

J'ai quand même l'impression d'avoir comblé une lacune. Le début notamment est vraiment attachant, on sent le travail d'adaptation appliqué (même sans avoir lu la pièce), que ce soit au niveau du texte évidemment, dont l'intégration à l'écran est d'une grande fluidité, mais aussi des costumes, de la musique. C'est une rengaine, mais Depardieu est grandiose dans ce rôle de super-héros du XVIIème. Le film malgré tout souffre un peu de sa condition : si les mots de Rostand fusent, l'image ne suit que très peu.

La Mule
6.7

La Mule (2018)

The Mule

1 h 56 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Gangster, Thriller

Film de Clint Eastwood

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

26 janvier

Au cinéma.

En prenant un peu de recul, le film n'emporte pas autant mon enthousiasme que pendant la séance. J'en goûte toujours l'apaisement, cette espèce de force sereine qui se dégage du personnage, rendu forcément touchant par son interprétation, ainsi que par l'humour qui traverse le film. Le regard que porte Eastwood sur son vieillissement a quelque chose de fascinant, même si on peut effectivement le trouver complaisant. Mais c'est finalement le dispositif qui m’embarrasse le plus, avec ce thriller certes prétexte au mélodrame, mais qui pèche étrangement par une forme d'indolence (Bradley Cooper et son comparse sont bien mignons pour des agents de la DEA), sans éviter pour autant de reproduire des stéréotypes du genre par ailleurs (la triste représentation du cartel). Quitte à apprendre que la police américaine tombe de temps en temps dans le délit de faciès, et que vie familiale et activité interlope font rarement bon ménage, autant (re)vivre plutôt la fièvre Breaking Bad, ses personnages bigarrés, ses odeurs mêlées de sable et de chimie.

Green Book - Sur les routes du Sud
7.5

Green Book - Sur les routes du Sud (2018)

Green Book

2 h 10 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Biopic, Road movie

Film de Peter Farrelly

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

27 janvier

Au cinéma.

Alors même qu'il coche toutes les cases de l'académisme le plus parfait – un biopic américain sur une question de société, plein de bons sentiments et d'une musique larmoyante – le film s'en sort pourtant avec une fraîcheur étonnante. Il le doit bien sûr à son superbe duo d'acteurs, interprétant des personnages stéréotypés mais que Farrelly n'hésite pas à caricaturer, à investir d'une autodérision bienvenue. Et si les moments dialectiques, le didactisme de l'ensemble passent mieux, c'est bien grâce à cette allure décomplexée du film, qui n'est jamais guidé que par la pureté de ses intentions. En cela c'est une expérience intéressante, vivifiante parce qu'elle rappelle à l'exigence du spectateur de baisser un peu la garde, de sortir de temps en temps de schémas trop intellectuels.

Doubles Vies
4.8

Doubles Vies (2019)

1 h 47 min. Sortie : 16 janvier 2019. Comédie dramatique, Romance

Film de Olivier Assayas

Paul_ a mis 2/10.

Annotation :

29 janvier

Au cinéma.

Que c'est gênant... Incompréhensible qu'on ait pu laisser une telle immondice sortir en salles : depuis le grain de l'image complètement gratuit et repoussant dès les premières minutes, en passant par ces faux raccords par milliers (alors que d'habitude je ne les vois pas), la diction d'automate d'arguments pour/contre le numérique dans l'édition qui semblent tout droit tirés d'une dissertation sur le sujet, ces personnages de bobos parisiens tous plus détestables les uns que les autres, leurs façons de citer Lampedusa, de coucher un peu partout, de commander un verre de jus d'orange sans glace, jusqu'au coup de grâce avec cette vanne "so méta" qui voit un personnage demander au personnage que joue Juliette Binoche si elle n'aurait pas le contact de Juliette Binoche... À un moment j'ai eu la naïveté de croire qu'Assayas s'amusait peut-être à faire l'entomologiste soucieux d'étudier ses petits insectes dans un bocal, mais non, lui aussi est un insecte.

Un grand voyage vers la nuit
7.1

Un grand voyage vers la nuit (2018)

Di qiu zui hou de ye wan

2 h 18 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Film noir

Film de Bì Gàn

Paul_ a mis 5/10.

Annotation :

5 février

Au cinéma.

Bi Gan me laisse à nouveau frustré, mais cette fois je crois le devoir moins à ma perception du film qu'à ses qualités intrinsèques. Je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions de cinéma là-dedans, ni dans cette première partie qui joue trop ostensiblement la carte de l'hermétisme en singeant Wong Kar-Wai et Tarkovski, ni dans le fameux plan-séquence qui, s'il distille quelques jolis moments (justement non pas beaux), ne peut s'empêcher de rappeler régulièrement à l'esprit du spectateur la présence de son imposant dispositif. La descente en tyrolienne, le plan aérien, la bougie finale et surtout ce coup de billard qui menace de faire rater la prise nous ramènent sans cesse à la pensée du hors-champ et, ce faisant, empêchent l'immersion sensorielle recherchée. Quand on y ajoute la superficialité du fond, notamment de la réflexion sur le temps, on a davantage la sensation d'avoir vécu une attraction qu'un film.

Le Port de la drogue
7.4

Le Port de la drogue (1953)

Pickup on South Street

1 h 20 min. Sortie : 7 avril 1961 (France). Film noir

Film de Samuel Fuller

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

9 février

Par ses rigidités, la dimension très codifiée du genre, le film noir commence un peu à me lasser. Passée cette superbe séquence d'ouverture qui m'a rappelé Pickpocket, le film ne m'intéresse plus que grâce au magnétisme de Richard Widmark, et sa relation avec le personnage de Jean Peters. Mais j'en retiendrai surtout cette croustillante anecdote sur la traduction du titre en français.

Le 15h17 pour Paris
4.7

Le 15h17 pour Paris (2018)

The 15:17 to Paris

1 h 34 min. Sortie : 7 février 2018 (France). Drame, Thriller, Biopic

Film de Clint Eastwood

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

13 février

C'est en effet un film étrange, assez difforme, qu'on jurerait proche du néant par moments mais qui recèle, à bien y regarder, sa part de beauté. Il y a d'abord ce choix singulier d'engager les trois "héros" de l'attaque dans leur propre rôle, interpellant le spectateur tout au long du film : quelle confiance accorder à des acteurs qui sont appelés à rejouer fidèlement une partie de leur propre vie ? N'y a-t-il pas un écart inévitable avec le réel, des libertés prises qui échappent au réalisateur ? Surtout, quels changements la médiatisation et la célébration de leurs actes ont-elles pu produire dans l'image qu'ils ont d'eux-mêmes ? À travers le motif apparemment anodin du selfie, Eastwood montre qu'il a bien conscience de ces questions, et combien elles n'attendent pas de réponse. Au fil des trois moments que déploie son film, il entend seulement montrer toute sa tendresse pour ses personnages, si simplement humains soient-il : lors de l'enfance et la jeunesse au pays qui voient naître les premiers doutes et défis, à l'occasion d'un voyage en Europe où chaque petit rien fait la joie du touriste américain, au moment de l'acte lui-même, enfin, qu'on n'attendait presque plus et qui n'a finalement pas grand-chose d'héroïque. Bref, on peut avoir du mal avec la forme peu soignée (le faux François Hollande !), cette vision téléologique très chrétienne aussi, qui cherche à éclairer la trajectoire de chacun et ses choix de vie à la seule lumière de l'événement, mais il me paraît difficile de voir dans le film (comme le laisserait supposer hélas sa réception exagérément sévère) une glorification du héros américain.

Profils paysans - Chapitre 1 : L'Approche
7.7

Profils paysans - Chapitre 1 : L'Approche (2001)

1 h 28 min. Sortie : 9 mai 2001.

Documentaire de Raymond Depardon

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

15 février

La sensation, combien de fois ressentie déjà, que c'est bien l'un des plus beaux mystères de l'art que d'arriver, par l'entremise d'un artifice, d'un dispositif, ici d'une caméra, à rendre fascinants des moments de rien, d'attente, de silence, des échanges de banalités, les mêmes qu'on aurait trouvé tout à fait plats et insignifiants si on les avait réellement vécus. Faut-il donc s'en remettre inévitablement au cinéma, à l'art en général, pour ainsi réactualiser régulièrement la beauté de l'homme à nos yeux trop las du réel ?

Moonlight
7.1

Moonlight (2016)

1 h 50 min. Sortie : 1 février 2017 (France). Drame

Film de Barry Jenkins

Paul_ a mis 5/10.

Annotation :

23 février

Magnifique scène du restaurant, où se joue la survivance du désir dans le temps, autrement je trouve que les ellipses – notamment celle assez arbitraire marquant le passage de l'adolescence à l'âge adulte – font finalement du tort au film, disloquant trop artificiellement les moments de vie du personnage pour qu'on puisse véritablement s'émouvoir du tableau que forme l'ensemble.

Jusqu'à la garde
7.5

Jusqu'à la garde (2018)

1 h 33 min. Sortie : 7 février 2018. Drame

Film de Xavier Legrand

Paul_ a mis 4/10.

Annotation :

2 mars

J'ai toujours aussi peu de sympathie pour ces films qui se sentent obligés de te prendre à la gorge tout en t'assurant que tu vas passer un mauvais moment sous prétexte que le sujet traité est grave et urgent et comme s'il devait exclure toute autre démarche un peu plus réfléchie. Je ne remets pas du tout en cause la réussite de l'entreprise, sa réalisation acérée à l'image de ces cadrages isolés sur le petit qui font mouche, je me questionne seulement sur son intégrité, notamment par rapport au personnage du père qui n'existe finalement quasiment pas (quel est son passé ? comment expliquer son passage à l'acte ?) et à l'égard duquel l'once d'empathie qui subsistait au début du film va être sacrifiée pour l'exigence du thriller. En ce sens le film ne transcende pas le réel, il se contente d'en être une pâle copie sans l'éclairer, sans l'élucider.

Conte de printemps
6.6

Conte de printemps (1990)

1 h 48 min. Sortie : 4 avril 1990. Comédie, Drame, Romance

Film de Éric Rohmer

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

4 mars

Beau film d'appartements, de portes. J'aime la tranquillité du personnage principal, l'hystérie des autres est plus difficilement supportable. Et l'attache philosophique me paraît moins solide, plus bricolée que dans Ma nuit chez Maud par exemple.

Conte d'été
7.2

Conte d'été (1996)

1 h 53 min. Sortie : 5 juin 1996. Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

5 mars

Encore une superbe ouverture muette et ce schéma : 1 personnage puis 2 puis 4. Le décor chez Rohmer a rarement été aussi beau, l'excursion marine et musicale avec Solène bien sûr, mais aussi ces promenades de Gaspard et Margot sur la plage et les hauteurs de Dinard qui reviennent comme un leitmotiv. Les dialogues ne sont pas toujours très inspirés mais le film est drôle et finalement touchant, et il y a une rare émotion de cinéma dans les baisers d'Amanda Langlet.

Les Contrebandiers de Moonfleet
7.2

Les Contrebandiers de Moonfleet (1955)

Moonfleet

1 h 24 min. Sortie : 16 mars 1960 (France). Aventure

Film de Fritz Lang

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

7 mars

C'est rare que je dise cela d'un film, mais je trouve que celui-ci a vieilli. L'aventure est bien là, avec des couleurs sans doute plus belles en salles, seulement cette étrange ambiance alliant pesanteur gothique et insouciance des personnages me laisse une sensation de fadeur. Je crois que j'attendais aussi un peu plus de la part de Lang au niveau de la mise en scène et de l'intelligence des plans.

Captain Marvel
5.6

Captain Marvel (2019)

2 h 04 min. Sortie : 6 mars 2019 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Anna Boden et Ryan Fleck

Paul_ a mis 2/10.

Annotation :

7 mars

Au cinéma.

Complètement désabusé par ce nouveau produit industriel d'une laideur généralisée, au scénario qui se croit plus malin qu'il ne l'est (ouh les méchants qui sont en fait des gentils et vice versa), et surtout au féminisme bien tristement forcé, qui cherche à faire d'un personnage à la Mary Sue horriblement parfait et lisse, sans faille donc sans charisme, un modèle pour les jeunes filles. Les deux points qui restent vont aux aventures du jeune Samuel L. Jackson avec son chat.

A Brighter Summer Day
7.7

A Brighter Summer Day (1991)

Guling jie shaonian sha ren shijian

3 h 57 min. Sortie : 22 avril 1992 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Edward Yang

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

8 mars

Difficile d'appréhender ce film dont la longueur et l'ambition du portrait psychologique, sociologique et politique le chargent d'une complexité parfois mystérieuse. En bon amateur des éducations sentimentales j'ai d'abord été quelque peu frustré de voir Yang délaisser son personnage à la moitié pour se concentrer sur les guerres entre jeunes gangs. À ce moment-là le film peut donner l'impression de faire du surplace. Mais c'est sans compter sur la dernière partie qui en un geste inattendu va redonner une couleur romanesque, dostoïevskienne à l'œuvre et nous amener à la reconsidérer presque intégralement. Ce sont surtout certains tableaux, de nuit comme baignés de lumière, qui me marqueront.

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
5.6

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (2010)

You Will Meet a Tall Dark Stranger

1 h 38 min. Sortie : 6 octobre 2010 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Woody Allen

Paul_ a mis 5/10.

Annotation :

8 mars

J'ai conscience que prises isolément les situations sont sans doute d'une pauvreté criante mais je ne sais pas, pour une fois il m'est agréable d'imaginer Woody dirigeant inlassablement son petit monde pour son petit film annuel. La plupart des personnages sont détestables mais les acteurs les portent plutôt bien. Et à la limite je préfère ce pessimisme ambiant au cynisme bête que j'avais vu ailleurs dans ses films.

Mektoub, My Love : Canto uno
7.1

Mektoub, My Love : Canto uno (2018)

3 h 01 min. Sortie : 21 mars 2018 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Abdellatif Kechiche

Paul_ a mis 10/10.

Annotation :

9 mars

Revu.

On parle partout d'un chant dionysiaque, d'un hymne à la jeunesse et au désir, mais cela me paraît encore plus évident la deuxième fois (l'énième plutôt, je me refais le film tous les jours dans la tête), la vraie philosophie du film est plutôt stoïcienne. D'ailleurs Kechiche l'a inscrite dans le titre : "mektoub, my love" n'est autre que la traduction bilingue de l'amor fati de Nietzsche, et Amin tout au long du film ne cessera d'aimer son destin, d'accepter avec sérénité les événements de son existence. En cela sa relation avec Ophélie est exemplaire – c'est le plus beau film que j'aie vu sur l'amitié homme-femme, sur l'amour-agapè des Grecs, noble sujet s'il en est pour le cinéma – : il va progressivement fixer, ajuster le regard qu'il porte sur elle de façon à ce que son désir ne devienne pas une source de frustration, ne vienne jamais entraver l'affection pour son amie. Ainsi soit que celle-ci, humaine trop humaine, cache maladroitement sa jalousie envers Charlotte (lumineuse scène de la bergerie où Amin a l'élégance de ne pas lui donner tort tout en continuant de dissimuler ses propres sentiments), ou puisse paraître simplement vulgaire (la scène de la boîte), jamais Amin ne lui en tiendra rigueur, au contraire il ne cessera de l'admirer, parce qu'il sait trop combien la beauté est dans le regard et non dans l'objet. C'est évidemment l'enseignement qu'il aura tiré de la naissance de l'agneau, et qui consacre en même temps sa propre naissance en tant qu'artiste au moment de cette coupe immense, qui relie les deux plans principaux de la vie de l'artiste, l'espace intime de la création ici matérialisé par la bergerie et celui de la boîte de nuit, symbole du monde par excellence, qui est aussi un lieu d'observation – et où résonnent d'ailleurs à son arrivée les "sing hallelujah" comme une première et dernière célébration de la naissance, en forme d'écho discret et furtif, parce qu'il s'agit de vivre maintenant. C'est à mon avis la grande richesse du film que de proposer cette double lecture, à la fois épicurienne et stoïcienne s'il fallait schématiser grossièrement, selon qu'on se place du point de vue d'Amin ou des autres personnages.

Mort à Venise
7.2

Mort à Venise (1971)

Morte a Venezia

2 h 10 min. Sortie : 4 juin 1971 (France). Drame, Romance

Film de Luchino Visconti

Paul_ a mis 6/10.

Annotation :

11 mars

Au cinéma.

Combien d'adaptations aujourd'hui auraient opté pour une voix-off afin de rendre le monologue intérieur du roman ? Les images silencieuses de Visconti, en plus d'être magnifiques, sont louables en ce qu'elles ne cherchent pas à illustrer les mots de Mann, à leur donner un décor, mais bien à s'y substituer. Et même si cela doit passer par certaines astuces, visant à faire parler le héros (à travers des dialogues avec un ami qui, je crois, n'existe pas dans le livre) ou son passé (les flashbacks), on a là affaire à une vraie proposition de cinéma. Seulement l'histoire entre-temps n'a pas changé, et elle m'ennuie toujours un peu : linéaire, unidimensionnel, elle ne fait qu'effleurer la plupart des thèmes qu'elle convoque.

Les Éternels
6.9

Les Éternels (2018)

Jiang Hu Er Nu

2 h 15 min. Sortie : 27 février 2019 (France). Drame, Romance, Film noir

Film de Jiǎ Zhāng-Kē

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

12 mars

Au cinéma.

Le film est clairement de ceux qui gagnent en puissance après les avoir vus. Je vais être obligé de spoiler mais je reste bien sûr fasciné par la scène de violence qui a lieu après une heure de film, qu'on n'attendait presque plus, et surtout par la partie qui suit, l'errance mélancolique de Qiao à sa sortie de prison. Le reste m'égare un peu, notamment le traitement du temps et les aléas habituels liés à la pègre qui me touchent moins, mais j'aime beaucoup cette façon de découvrir les personnages par leur revers, de vivre le "fall" sans avoir vu le "rise".

L'Arche russe
6.9

L'Arche russe (2002)

Russkiy kovcheg

1 h 39 min. Sortie : 26 mars 2003 (France). Fantastique, Historique

Film de Alexandre Sokourov

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

20 mars

Au cinéma.

J'étais parti pour mettre 6 mais cette fin, la descente des escaliers puis ce virage inattendu vers la mer m'a cloué par terre, j'y ai retrouvé l'espace d'un instant la pellicule d'éther, les images haletantes et irréelles qui m'avaient tant fasciné dans Pages cachées. Le reste relève d'une prouesse technique non moins admirable, culminant avec la scène de bal – comment diable la caméra ne se cogne-t-elle pas contre la tête d'un des milliers de figurants ? – mais plan-séquence oblige, il faut se prendre au jeu du didactisme historique et de la visite guidée.

Dernier Amour
4.6

Dernier Amour (2019)

1 h 38 min. Sortie : 20 mars 2019. Drame

Film de Benoît Jacquot

Paul_ a mis 3/10.

Annotation :

27 mars

Au cinéma.

50 nuances de gris. Ridicule de la mise en scène, pauvreté absolue des dialogues et surtout histoire sans intérêt : il ne la chope même pas ?!

Paul_

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