Pièces que j'aimerais jouer
Résultat de ma petite recherche pour le cours de théâtre. J'ai demandé à ce qu'on me recommande des pièces tragiques / romantiques / féériques, qui mettent en scène ou sont écrit par des femmes.
7 livres
créée il y a environ 2 ans · modifiée il y a environ 2 ans
Trois pièces (2019)
Délivrance - Berlin mon garçon - Honneur à Notre Élue
Sortie : 2019 (France). Théâtre
livre de Marie Ndiaye
Annotation :
https://www.theatre-contemporain.net/images/upload/pdf/f-021-58988e98418fa.pdf
HONNEUR À NOTRE ÉLUE
EXTRAIT 1
Fin de la projection.
SACHS – Ça me fait encore mal au cœur de voir ça.
L’OPPOSANT – Je te l’ai montré une nouvelle fois pour te
faire comprendre que ce sera la dernière. Il est hors de
question de revivre ça dans six mois.
SACHS – Mais on n’a progressé en rien. Depuis plus
de trois ans on croupit au conseil municipal, toi et
moi comme les deux seuls rescapés mal en point du
naufrage, impuissants à peser sur quoi que ce soit,
tandis que tout ce qu’elle résout, arbitre ou décide
semble à tout le monde inspiré par une pensée toujours
juste, une réflexion toujours exacte. Elle n’est jamais
contredite, jamais critiquée. Quant à nous, on ne nous
entend pas, on nous a oubliés.
L’OPPOSANT – Nous n’avons rien à attaquer, de toute
façon. Tu sais bien que ce qu’elle propose nous paraît
systématiquement fondé à nous aussi, même si nous
ne l’avouons pas. Ce n’est pas sur ce plan que nous
pourrons batailler.
SACHS – Je me creuse la tête pour essayer de trouver
quelque chose de franchement dégueulasse à lui jeter
dans les pattes mais, voilà, je ne trouve pas.
L’OPPOSANT – C’est pourquoi il faut réfléchir
différemment. Elle devra lutter contre elle-même. Elle
devra avoir honte et renoncer. Tout doit venir d’elle seule.
Nous ne devons être que les instruments très humbles
d’un effondrement qu’elle aura provoqué, voire désiré
elle-même. Sans vraiment le désirer, bien sûr, elle aime
être ce qu’elle est, elle aime avoir réussi et contempler
sereinement tout ce qui lui appartient en se rappelant
qu’elle n’avait rien, qu’elle n’était rien. Ou si elle ne
regarde jamais par-dessus son épaule ? Comment
savoir ? Qui peut affirmer la connaître, cette femme qui a
pris le nom de son mari et dont le nom de jeune fille est
l’objet de questionnements jamais satisfaits ? Que puis-
je savoir de ce qu’elle désire ? Est-ce qu’elle me connaît ?
Est-ce qu’elle s’interroge à mon propos ?
SACHS – Avant de se marier elle s’appelait Müller. Il n’y
a aucun mystère là-dessous.
L’OPPOSANT - J’ai entendu dire qu’elle s’appelait
Goldmann.
SACHS – Pardon, tu fais erreur, c’est Müller.
L’OPPOSANT – D’autres affirment qu’elle s’appelait
Zimmermann, Schmidt ou encore Mertens. Si nous
voulions vraiment savoir, nous le pourrions, n’est-ce pas ?
Hilda
Théâtre, Culture & société, Recueil de nouvelles
livre de Marie Ndiaye
wondermaud a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.
Cendrillon (2012)
Sortie : mars 2012. Théâtre
livre de Joël Pommerat
Annotation :
https://compagnieaffable.com/2020/02/20/cendrillon-de-joel-pommerat-la-tres-jeune-fille-et-la-fee/
Une très jeune fille. Sa mère meurt. Juste avant de mourir cette femme essaye de parler à sa fille. Mais elle est très faible, et la très jeune fille n’entend pas très bien ses paroles à demi articulées. La très jeune fille, qui a beaucoup d’imagination, invente une « promesse » que sa mère lui demanderait de respecter. De toute sa vie ne jamais cesser de penser à elle, à chaque instant, sous peine de la faire mourir « pour de bon »… Ce malentendu mènera la très jeune fille à des extrémités de comportement, à se mépriser, à se dévaluer, et jusqu’à de très grandes souffrances. D’autant qu’elle devra affronter la malveillante bêtise de la nouvelle femme de son père. Heureusement une fée immortelle, mais que sa condition ennuie, va lui venir en aide…
Située à côté du lit de la très jeune fille, l’armoire se met à trembler, à basculer, et finalement se renverse. Une femme à l’allure plutôt négligée (la fée) en sort, avec difficulté.
LA TRÈS JEUNE FILLE. Oh c’est quoi qui se passe là ?! y a un problème ou quoi ?
LA FÉE. Merde de merde… J’ai failli me faire mal en plus.
LA TRÈS JEUNE FILLE. Vous foutez quoi là-dedans ?
LA FÉE. J’ai mal évalué mon coup… et je me suis endormie, j’ai l’impression ! Merde !
LA TRÈS JEUNE FILLE. Endormie dans mon armoire ? On se connaît en plus ou on se connaît pas ?
LA FÉE. Non, c’est la première fois je crois qu’on se voit.
LA TRÈS JEUNE FILLE. Alors vous déboulez comme ça dans ma chambre ?
LA FÉE, l’air très surpris. C’est ta chambre ?
LA TRÈS JEUNE FILLE. Bon… mais moi j’ai pas le temps de parler avec vous, excusez-moi !
La fée sort une cigarette et l’allume.
LA TRÈS JEUNE FILLE. Oh oh oh oh ça va la vie pour vous comme ça ?!
LA FÉE. Ça te dérange si je fume ? On ouvrira une fenêtre !
LA TRÈS JEUNE FILLE. Y a pas de fenêtre.
LA FÉE. Ah bon ? Y a pas de fenêtre ?
LA TRÈS JEUNE FILLE. Oui, c’est provisoire mais c’est comme ça. Moi ça me va en fait ! C’est moche, ça me correspond ! (La fée souffle la fumée de sa cigarette avec volupté.) Vous êtes pas trop gênée vous en fait ?
LA FÉE, montrant sa cigarette. J’arrive pas à arrêter ce truc c’est terrible, j’ai tout essayé, ça n’a pas marché !
LA TRÈS JEUNE FILLE. Bon, je vous connais pas, je vous ai jamais vue, vous fumez dans ma chambre et je suis obligée de vous écouter me raconter votre vie en plus ? Mais moi, je peux pas vous écouter, j’ai des choses importantes que
La Réunification des deux Corées
Sortie : 20 novembre 2013 (France). Théâtre
livre de Joël Pommerat
Annotation :
https://compagnieaffable.com/2017/03/26/la-reunification-des-deux-corees-de-pommerat-divorce/
La Réunification des deux Corées se compose de vingt scènes singulières qui montrent la complexité des relations amoureuses. La première scène de la pièce intitulée « divorce » a été écrite d’après un extrait de Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman. Elle se joue entre deux femmes.
–divorce–
Un lieu indéterminé. Une femme en manteau, la cinquantaine, répond à une interlocutrice invisible.
LA VOIX FEMININE. Vous êtes mariée depuis combien de temps ?
LA FEMME. Vingt ans.
LA VOIX FEMININE. Exercez-vous un travail à l’extérieur ?
LA FEMME. J’ai toujours été ce que l’on appelle « une femme à la maison ».
LA VOIX FEMININE. Vous avez combien d’enfants ?
LA FEMME. Trois. Ils sont grands. Ils ont quitté la maison.
LA VOIX FEMININE. Vous êtes donc seule.
LA FEMME. Non, j’ai mon mari.
LA VOIX FEMININE. Evidemment. Il reste toujours à la maison ?
LA FEMME. Non, il est dans l’enseignement.
LA VOIX FEMININE. Pourquoi voulez-vous divorcer ?
LA FEMME. Il n’y a pas d’amour entre nous.
LA VOIX FEMININE. Mais il y a longtemps que vous êtes mariés. Est-ce que cela a toujours été pareil ou…
LA FEMME. Toujours pareil.
LA VOIX FEMININE. Et maintenant que vos enfants ont leur vie à eux, vous voudriez partir. C’est cela ?
LA FEMME. Mon mari est quelqu’un de très bien. Je n’ai aucune reproche à lui faire. Il a été un excellent père. Nous ne nous sommes jamais disputés. Nous avons un appartement qui est bien. Nous aimons tous les deux la musique de chambre, et nous nous sommes inscrits à un groupe de musique de chambre. Nous faisons donc de la musique de chambre.
LA VOIX FEMININE. Mais tout ça paraît très bien.
LA FEMME. Très bien, oui. Mais il n’y a pas d’amour entre nous. Il n’y en a jamais eu.
LA VOIX FEMININE. Excusez ma question, mais auriez-vous rencontré quelqu’un d’autre ?
LA FEMME. Non.
LA VOIX FEMININE. Et votre mari ?
LA FEMME. A ma connaissance, non.
LA VOIX FEMININE. N’allez-vous pas vous sentir un peu seule ?
LA FEMME. Je pense que si. mais je préfère cette solitude à cette absence d’amour.
LA VOIX FEMININE. Comment se manifeste ce manque d’amour ?
LA FEMME. Il ne se manifeste pas du tout.
LA VOIX FEMININE. Avez-vous dit à votre mari que vous vouliez divorcer ?
LA FEMME. Oui, bien sûr. Il y a déjà quinze ans, je lui ai dit que je ne voulais plus vivre avec lui, puisqu’il n’y avait pas d’amour entre nous. Il a très bien compris. Il m’a deman
Ça ira (1) Fin de Louis
Sortie : 25 mai 2016 (France). Théâtre
livre de Joël Pommerat
Annotation :
http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee/pdf/ca-ira1_total.pdf
Député Cabri
Monsieur, en plus de vouloir vous acharner à travailler dans le contexte où nous sommes... vous trouvez
raisonnable de suggérer à la population qui est en effervescence une liste interminable de droits ?
Président Lamy
Monsieur, vous parlerez quand ce sera votre tour, je vous rappelle au règlement de cette assemblée.
Député Possion Laville
Monsieur, cette constitution n’a pas pour but de répondre à la situation actuelle mais à celle de demain,
après-demain et après-après-demain. Pour apaiser la révolte dans les rues, il existe un moyen très simple,
que cessent les agressions de ce nouveau gouvernement illégitime, qu’on rappelle le Premier ministre, qu’on
limoge celui qui a pris sa place et que ce nouveau gouvernement soutenu ou non par Louis XVI renvoie dans
leurs casernes ces dizaines de milliers de militaires armés pour s’en prendre à tout un peuple.
Applaudissements. Luttes pour prendre la parole à la tribune.
Président Lamy
Ce n’est pas votre tour de parler Madame Camus !
Députée Camus
Je vais être très rapide. Mesdames messieurs, je ne sais plus très bien ce que nous sommes en train de faire.
Mais par esprit de discipline et d’union, tellement nécessaire, je vais quand même poursuivre notre discussion
sur la Constitution. Je voudrais vraiment répondre à notre collègue député du Nord qui vient de s’exprimer
si généreusement. Je pense qu’il commet une grave erreur. Je vous en prie messieurs mesdames. Si nous
devions en arriver un jour à définir les droits des hommes dans cette assemblée, il faudrait surtout ne pas
entrer dans des notions aussi abstraites sur la liberté que les vôtres. (Réactions de protestation.) Les hommes
et les femmes de notre pays sont en grande partie des gens en souffrance. Est-ce que je dois vous rappeler
les ravages de la crise alimentaire actuelle par exemple ? Est-ce qu’on doit dire à des gens qui manquent de
beaucoup et qui manqueront certainement toute leur vie de beaucoup, qu’ils peuvent prétendre à tout sans
restriction ? Il faut partir de ce que l’homme est dans la pratique, pas de ce qu’il devrait être en théorie. Il
est important messieurs de ne pas emmener les hommes tout en haut d’une montagne, en leur montrant
un point de vue où tout est possible pour ensuite les obliger à redescendre, où à chaque pas ils auront des
bornes et des limites à accepter. (Réactions de protestation.) Attention aussi aux dérèglements que cela pourrait
entraîner messi
Ma chambre froide (2011)
Sortie : 7 septembre 2011. Théâtre
livre de Joël Pommerat
Annotation :
https://excerpts.numilog.com/books/9782330000219.pdf
ACTE I
VOIX DE CLAUDIE. Ça va pas être simple de retracer cette histoire
et tous ces événements mais je vais essayer quand même. Je vais
faire tout ce que je peux. Ce que j’aurais envie de dire pour débu-
ter, pour démarrer, c’est que dans la vie tout est fiction... Je sais pas
mieux dire, oui. Tout est fiction. Avec le recul c’est pas facile de s’y
retrouver dans la masse de réalités. Pour m’aider à avancer je vais
avoir recours à ma mémoire mais aussi à un carnet qu’une femme
qui s’appelle Estelle a laissé derrière elle et que j’ai gardé avec moi,
chez moi. Depuis dix ans, cette femme a disparu. Et personne n’a
plus jamais eu de ses nouvelles. Dans ce carnet, Estelle raconte
énormément de choses. Par exemple, ce qu’elle avait fait ou plutôt
ce qui lui était arrivé un jour lorsqu’elle était très jeune. Et qu’elle
aimait déjà avec passion le théâtre et les déguisements.
— 1. Estelle se déguise en sœur —
Vingt ans avant. Dans un couvent. Estelle, habillée en sœur, prie.
La sœur et la mère supérieure entrent.
LA SŒUR (à la mère supérieure). C’est elle.
LA MÈRE SUPÉRIEURE (à Estelle). Pardon, mademoiselle ?
ESTELLE. Oui ?
LA MÈRE SUPÉRIEURE. Qui êtes-vous ?
ESTELLE (très gênée, intimidée). Je suis comme vous !
