Poésie

Annotation :

"Je rentre chez moi le plus doucement possible :
Je ne regrette pas - les poèmes non-écrits !
Le bruit des roues et les amandes grillées
Me sont plus chers que tous les quatrains.

Ma tête est vide, et c'est charmant :
Le coeur - lui - est trop plein !
Mes jours sont de petites vagues
Que je regarde du port."


"Le navire ne naviguera pas toujours
Et le chant du rossignol...
J'ai si souvent voulu vivre
Et si souvent - mourir !

Fatiguée de la loterie, comme
Dans mon enfance, - je quitterai le jeu,
Heureuse de ne pas croire
Qu'il y a d'autres mondes."


"Sous la terre nous allons dormir, nous qui sur terre
Les uns les autres nous sommes empêchés de dormir."


"Je suis et je serai et j'atteindrai
Ton âme comme la mort prendra ta bouche
Pour te donner sa paix."

Annotation :

"... et il apparut alors que ni la ruse,
ni l'angoisse ne les rendait à ce point silencieux,
mais le désir d'entendre."


"Tu n’es pas encore, jeune homme, quand tu aimes,
même si la parole alors force ta bouche, - apprends
à oublier le sursaut de ton chant. Cela s'écoule.
Chanter en vérité est un autre souffle.
Un souffle autour de rien. Un vol en Dieu. Un vent."


"O vous, les tendres, pénétrez parfois
dans ce souffle, qui ne pense pas à vous,
(...)
Ne redoutez pas de souffrir ; la pesanteur,
rendez-là à la terre et à son poids ;
lourdes sont les montagnes, lourdes sont les mers.

Même les arbres qu'en votre enfance vous avez plantés
depuis longtemps sont devenus trop lourds pour que vous les portiez.
Mais les airs... mais les espaces..."


"L'allégresse sait, la nostalgie avoue,
seule, la Lamentation apprend encore ; ses mains de jeune fille
captent au long des nuits le mal ancien."


"Seul, le mort boit
à la source qu'ici nous entendons seulement"

Annotation :

"... et d'un rose éternel
vibraient mes mains, privées de fleurs."


"Pieuse comme la branche
ployée par tant de neiges
joyeuse comme un bûcher
sur des collines d'oubli,
sur des lames acérées
en blanche tunique d'orties
je t'apprendrai, mon âme,
ce pas d'adieu..."


"Tout est déjà connu, la marée prévue,
pourtant tout s'enténèbre et s'éclaire
d'un frais désespoir, d'une merveilleuse
fermeté...
La lumière entre deux pluies, sur la pointe
de fleuve qui me transperce entre corps
et âme, est une lumière de nuit
- la nuit que je ne verrai pas -
claire dans les forêts."


"... merci pour le silence,
l'abstention, la sainte
gnose de la distance,
le jeûne des yeux..."

Annotation :

"Soir de printemps -
de bougie en bougie
la flamme se transmet" (Buson)

"Rien qui m'appartienne -
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l'air" (Issa)

"Les cigales vont mourir -
mais leur cri
n'en dit rien" (Bashô)

"Aux admirateurs de lune
les nuages parfois
offrent une pause" (Bashô)

"Matin du premier jour -
dans le poêle
quelques braises de l'an passé" (Sojô)

"Un monde
qui souffre
sous un manteau de fleurs" (Issa)

Annotation :

"Pensées de nuit, retirées au pressentiment d'une expérience
que l'enfant hanté de questions traversait déjà en se taisant,
lentement j'élève vers vous ma pensée -
(...)
Que vous soyez, cela est affirmé ; qu'ici, dans cette capacité
trop restreinte,
de la nuit s'engendre en secret et vienne s'ajouter aux nuits.
Soudain : avec quel sentiment se tient l'aînée, l'infinie,
sur la soeur au-dedans de moi que j'abrite, inclinée."


"Je veux élever ma bouche jusqu'à lui,
insensible comme celui qui ne désire rien.
Et si l'ange parlait ainsi : que pressens-tu de la vie ?
il me faudrait dire alors : la vie consume

S'il trouvait en moi cette joie
qui devient éternelle en son esprit, -
et qu'il la prît, l'élevât dans ses mains,
il me faudrait dire alors : la joie est folie"


"Les astres de la nuit que j'aperçois à mon réveil
surplombent-ils seulement mon visage, celui d'aujourd'hui,
ou bien en même temps le visage tout entier de mes années,
eux, ces ponts qui reposent sur leurs piliers de lumière ?

Qui là-bas veut poursuivre sa route ? Pour qui suis-je
abîme, lit de rivière,
lui qui passe au-dessus de moi ainsi, décrivant le plus vaste des
cercles (...)"

Annotation :

L'un et l'autre

Elle portait la coupe dans sa main
- Le bas de son visage avait le même galbe -
Et sa démarche était si sûre et si légère
Que de la coupe nulle goutte ne tombait.

Sa main à lui était si sûre et si légère :
Il montait un cheval tout jeune
Et d'un seul geste, comme en se jouant,
Il l'arrêta, tout frémissant mais immobile.

Pourtant, au moment où de l'autre main
Il allait recevoir la coupe légère,
Trop lourde fût la tâche pour l'un et l'autre :

Car l'un et l'autre tremblaient si fort
Qu'aucune des deux mains ne trouva l'autre
Et que le sombre vin roula sur le sol.

Annotation :

"O monde sans abri qui vas ce dur chemin et qui t’en moques, je ne te comprends pas. J’aime la tiédeur, le confort et la quiétude.
O monde qui les méprises, tu me fais peur !"

"Risquer plus que l’on n’a
Et partir revenir s’en aller"

"On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux."

"Chacun de son côté ils s’en allèrent
Et le vent
Le vent qui les sépare
Leur permet de s’entendre"

"Tout ce qu’on voit
Tout ce qu’on croit
C’est ce qui part"