Cover Littérature | Poésie, anthologie personnelle

Littérature | Poésie, anthologie personnelle

Petite anthologie personnelle, poésies en vrac : mélancoliques, joyeuses, érotiques, réflexives ...

Couverture : Odilon Redon

Liste de

15 livres

créee il y a plus d’un an · modifiée il y a environ 1 an
Le Cœur innombrable
7.6

Le Cœur innombrable (1901)

Sortie : 1901 (France).

livre de Anna de Noailles

Arlésienne a mis 8/10.

Annotation :

"La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Etendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains.

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace.

Sentir dans son cœur vif l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre ;
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise
Laisser du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise..."

Poésies complètes
8.4

Poésies complètes

Sortie : 12 novembre 2009 (France). Poésie

livre de Emily Dickinson

Arlésienne a mis 10/10.

Annotation :

[...] The Grieved – are many – I am told –
There is the various Cause –
Death – is but one – and comes but once –
And only nails the eyes –

There's Grief of Want – and grief of Cold –
A sort they call "Despair" –
There's Banishment from native Eyes –
In sight of Native Air –

And though I may not guess the kind –
Correctly – yet to me
A piercing Comfort it affords
In passing Calvary –

To note the fashions – of the Cross –
And how they're mostly worn –
Still fascinated to presume
That Some – are like my own –

Etudes et préludes
8.3

Etudes et préludes

Cendres et poussières, Sapho

Sortie : 20 septembre 2015 (France). Poésie

livre de Renée Vivien

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

Bacchante Triste

Le jour ne perce plus de flèches arrogantes
Les bois émerveillés de la beauté des nuits,
Et c’est l’heure troublée où dansent les Bacchantes
Parmi l’accablement des rythmes alanguis.

Leurs cheveux emmêlés pleurent le sang des vignes,
Leurs pieds vifs sont légers comme l’aile des vents,
Et la rose des chairs, la souplesse des lignes
Ont peuplé la forêt de sourires mouvants.

La plus jeune a des chants qui rappellent le râle :
Sa gorge d’amoureuse est lourde de sanglots.
Elle n’est point pareille aux autres, – elle est pâle ;
Son front a l’amertume et l’orage des flots.

Le vin où le soleil des vendanges persiste
Ne lui ramène plus le génëreux oubli ;
Elle est ivre à demi, mais son ivresse est triste,
Et les feuillages noirs ceignent son front pâli.

Tout en elle est lassé des fausses allégresses.
Et le pressentiment des froids et durs matins
Vient corrompre la flamme et le miel des caresses.
Elle songe, parmi les roses des festins.

Celle-là se souvient des baisers qu’on oublie…
Elle n’apprendra pas le désir sans douleurs,
Celle qui voit toujours avec mélancolie
Au fond des soirs d’orgie agoniser les fleurs.

Les Charités d'Alcippe

Les Charités d'Alcippe (1984)

Sortie : 1 juin 2015 (France). Poésie

livre de Marguerite Yourcenar

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

Je n’ai su qu’hésiter; il fallait accourir;
Il fallait appeler; je n’ai su que me taire.
J’ai suivi trop longtemps mon chemin solitaire;
Je n’avais pas prévu que vous alliez mourir.
Je n’avais pas prévu que je verrais tarir
La source où l’on se lave et l’on se désaltère;
Je n’avais pas compris qu’il existe sur terre
Des fruits amers et doux que la mort doit mûrir.
L’amour n’est plus qu’un nom; l’être n’est plus qu’un nombre;
Sur la route au soleil j’avais cherché votre ombre;
Je heurte mes regrets aux angles d’un tombeau.
La mort moins hésitante a mieux su vous atteindre.
Si vous pensez à nous votre cœur doit nous plaindre.
Et l’on se croit aveugle à la mort d’un flambeau.

Les épaves de Charles Baudelaire
8.1

Les épaves de Charles Baudelaire (1866)

Sortie : 20 novembre 2012 (France). Roman, Poésie

livre de Charles Baudelaire

Annotation :

Les promesses d'un visage

J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés,
D'où semblent couler des ténèbres,
Tes yeux, quoique très noirs, m'inspirent des pensers
Qui ne sont pas du tout funèbres.

Tes yeux, qui sont d'accord avec tes noirs cheveux,
Avec ta crinière élastique,
Tes yeux, languissamment, me disent : " Si tu veux,
Amant de la muse plastique,

Suivre l'espoir qu'en toi nous avons excité,
Et tous les goûts que tu professes,
Tu pourras constater notre véracité
Depuis le nombril jusqu'aux fesses ;

Tu trouveras au bout de deux beaux seins bien lourds,
Deux larges médailles de bronze,
Et sous un ventre uni, doux comme du velours,
Bistré comme la peau d'un bonze,

Une riche toison qui, vraiment, est la soeur
De cette énorme chevelure,
Souple et frisée, et qui t'égale en épaisseur,
Nuit sans étoiles, Nuit obscure !

Romances sans paroles
7.8

Romances sans paroles (1874)

Sortie : 1874 (France).

livre de Paul Verlaine

Arlésienne a mis 9/10.

Annotation :

Je devine, à travers un murmure,
Le contour subtil des voix anciennes
Et dans les lueurs musiciennes,
Amour pâle, une aurore future !

Et mon âme et mon coeur en délires
Ne sont plus qu'une espèce d'oeil double
Où tremblote à travers un jour trouble
L'ariette, hélas ! de toutes lyres !

O mourir de cette mort seulette
Que s'en vont, cher amour qui t'épeures, -
Balançant jeunes et vieilles heures !
O mourir de cette escarpolette !

Gaspard de la nuit
7.5

Gaspard de la nuit (1842)

Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot

Sortie : 1842 (France). Poésie

livre de Aloysius Bertrand

Arlésienne a mis 8/10.

Annotation :

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

*

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus.

Poésie des troubadours
7.4

Poésie des troubadours (2009)

Sortie : 24 septembre 2009. Poésie

livre de Henri Gougaud

Arlésienne a mis 6/10.

Annotation :

Aube

Veille bien, guetteur du château,
Car celle qui m'est belle et bonne
Est toute mienne jusqu'à l'aube.
Le jour vient sans être invité,
Le jeu d'amour,
L'aube l'empêche, l'aube, oui, l'aube.

Veille, ami, et guette, crie, chante,
Je possède ma désirée.
Mais contre l'aube je proteste
Et contre le jour déplaisant
Qui nous effraie
bien plus que l'aube, l'aube, oui, l'aube.

Prends garde, guetteur de la tour,
Au mauvais seigneur, le jaloux
Ennuyeux beaucoup plus que l'aube.
Nous, en bas, nous parlons d'amour,
Mais grande peur
Nous vient à l'aube, l'aube, oui, l'aube.

Dame, adieu, je ne peux rester,
Malgré moi me faut vous quitter,
Mais bien grand souci me fait l'aube
Quand je la vois poindre si tôt
Nous séparer,
C'est ce que veut l'aube, oui l'aube.

Raimbaut de Vaqueiras

Fables
7.7

Fables (1694)

Sortie : 1678 (France). Poésie

livre de Jean de La Fontaine

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

Dans le cristal d’une Fontaine
Un Cerf se mirant autrefois,
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d’honneur. »
Tout en parlant de la sorte,
Un Limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les Forêts il s’emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L’arrêtant à chaque moment,
Nuit à l’office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.

Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l’Utile ;
Et le Beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.

La Quête de joie
6.3

La Quête de joie

suivi de Petite somme de poésie

Sortie : 28 juin 1967 (France). Poésie

livre de Patrice de La Tour du Pin

Arlésienne a mis 4/10.

Annotation :

Annie

Lorsque je t'embrasse endormie,
Où va mon baiser dans tes songes ?
Raconte-moi s'il se prolonge,
Si je t'apparais, mon Annie,
Quels que soient les champs où tu cours,
Et leur musique, et leur berceuse,
Comme le poursuivant d'amour
Qui veut te rendre bienheureuse ...

Les Antiquités de Rome
7

Les Antiquités de Rome (1558)

Sortie : 1558 (France). Poésie

livre de Joachim Du Bellay

Arlésienne a mis 5/10.

Annotation :

Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.

Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,

Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.

À la lumière d'hiver
6.7

À la lumière d'hiver (1983)

suivi de Pensées sous les nuages

Sortie : 1983 (France). Poésie

livre de Philippe Jaccottet

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

Si je me couche contre la terre, entendrai-je
les pleurs de celle qui est en dessous,
les pas qui traînent dans les froids couloirs
ou qui trébuchent en fuyant dans les quartiers déserts ?

J’ai dans la tête des vision de rues la nuit,
de chambres, de visages emmêlés
plus nombreux que les feuilles d’arbres en été
et eux-mêmes remplis d’images, de pensées
— c’est comme un labyrinthe de miroir
mal éclairé par des lampes falotes —,
mais aussi dans les foires d’autrefois
j’ai pensé en trouver l’issue,
moi aussi j’ai langui après des corps.
J’ai plein la tête de faux-jours, et de reflets
dans les trappes d’un fleuve ténébreux,
je me souviens des bouches inlassables sur les bords —

tout cela maintenant pour moi est sous la terre
et mon oreille collée à l’herbe l’entend,
à travers le tonnerre de sa propre peur et les coups de scie des insectes, qui gémit —
donnez lui le nom que vous voudrez, mais elle est là, c’est sûr, elle est en-dessous, obscure, et elle pleure.

Les Orientales
7.4

Les Orientales (1829)

Sortie : 1829 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Arlésienne a mis 7/10.

Annotation :

[...] Grenade a plus de merveilles
Que n'a de graines vermeilles
Le beau fruit de ses vallons ;
Grenade, la bien nommée,
Lorsque la guerre enflammée
Déroule ses pavillons,
Cent fois plus terrible éclate
Que la grenade écarlate
Sur le front des bataillons. [...]

La Légende des siècles
8.1

La Légende des siècles (1883)

Sortie : 1859 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Arlésienne a mis 4/10.

Annotation :

Homo Duplex

Un jour, le duc Berthold, neveu du comte Hugo,
Marquis du Rhin, seigneur de Fribourg en Brisgau,
Traversait en chassant la forêt de Thuringe.
Il vit sous un grand arbre un ange auprès d’un singe.
Ces deux êtres, pareils à deux lutteurs grondants,
Se regardaient l’un l’autre avec des yeux ardents ;

Le singe ouvrait sa griffe et l’ange ouvrait son aile.
Et l’ange dit : — Berthold de Zœhringen, qu’appelle
Dans la verte forêt le bruit joyeux des cors,
Tu vois ici ton âme à côté de ton corps.
Écoute : moi je suis ton esprit, lui ta bête.
Chacun de tes péchés lui fait lever la tête ;
Chaque bonne action que tu fais me grandit.
Tant que tu vis, je lutte et j’étreins ce bandit ;
À ta mort tout finit dans l’ombre ou dans l’aurore.
Car c’est moi qui t’enlève ou lui qui te dévore.

Emaux et Camées
7.4

Emaux et Camées (1852)

Sortie : 1852 (France). Poésie

livre de Théophile Gautier

Arlésienne a mis 6/10.

Annotation :

Le monde est méchant, ma petite :
Avec son sourire moqueur
Il dit qu'à ton côté palpite
Une montre en place de coeur.

- Pourtant ton sein ému s'élève
Et s'abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève
Circulant sous ta jeune chair.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tes yeux vifs sont morts
Et se meuvent dans leur orbite
A temps égaux et par ressorts.

- Pourtant une larme irisée
Tremble à tes cils, mouvant rideau,
Comme une perle de rosée
Qui n'est pas prise au verre d'eau.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tu n'as pas d'esprit,
Et que les vers qu'on te récite
Sont pour toi comme du sanscrit.

- Pourtant, sur ta bouche vermeille,
Fleur s'ouvrant et se refermant,
Le rire, intelligente abeille,
Se pose à chaque trait charmant.

C'est que tu m'aimes, ma petite,
Et que tu hais tous ces gens-là.
Quitte-moi ; - comme ils diront vite :
Quel coeur et quel esprit elle a !

Arlésienne

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